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Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans Enquête d'Esprit.
00:03 Les futurs prêtres ordonnés en ce mois de juin vont avoir fort à faire.
00:07 Ils sont de moins en moins nombreux et la France, fille aînée de l'Eglise, devient de moins en moins chrétienne.
00:13 Pourtant, si la situation est grave, elle n'est pas désespérée.
00:16 Des curés de paroisses relèvent le défi. Ils sont sur le terrain, loin des réseaux sociaux et de leur polémique.
00:22 Et ils entendent bien remettre leur Eglise au centre du village, au propre, comme au figuré.
00:27 Leur moteur, non pas un compte de résultats de chef d'entreprise, mais le bien des âmes pour transmettre l'amour de Dieu.
00:33 Et pour cela, ces pasteurs vont puiser dans les trésors de l'histoire et de la tradition de l'Eglise.
00:39 Sauront-ils rechristianiser la France, comme l'ont fait leurs prédécesseurs après la Révolution française ?
00:44 Pour en parler, bien sûr, Véronique Jacquet. Bonjour Véronique.
00:47 Bonjour Émeric, bonjour à tous.
00:49 Qui sont donc nos invités ?
00:51 Alors Anne Bernay, spécialiste de l'histoire de l'Eglise. En face de moi, toujours l'abbé Benoît de Roecq, curé de la cathédrale de Perpignan.
00:58 Et puis à mes côtés, l'abbé François de Dieu, curé de la Garenne-Colombe dans les Hauts-de-Seine.
01:03 Voilà, on vous retrouve tout de suite pour cette émission qui est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:08 Mais tout de suite, les infos et Loire Augebrune.
01:11 [Générique]
01:21 Bonjour Éloi et nous allons tout de suite dans une paroisse parisienne vandalisée à nouveau.
01:27 Bonjour Émeric, bonjour à tous.
01:29 Et effectivement, on commence ce journal avec cette église parisienne vandalisée pour la quatrième fois depuis le début de l'année.
01:36 Et ce, par le même homme. La semaine dernière, quatre statues ont été brisées.
01:41 Une plainte a été déposée pour dégradation.
01:43 Reportage à Saint-François-Xavier dans le 7e arrondissement, signé Clotilde Payet.
01:48 Dans cette chapelle latérale de l'église Saint-François-Xavier, cinq statues ont désormais disparu de leur socle.
01:55 Elles ont toutes été brisées. Des actes de vandalisme récurrents.
01:59 Le mois dernier encore, la statue de Saint-Antoine de Padoue a été violemment jetée au sol.
02:04 Un épisode qui a choqué tous les fidèles de la paroisse.
02:07 C'est très violent. C'est très violent. C'est pas simplement une destruction matérielle.
02:11 Ça touche aussi notre confiance, notre foi dans notre prière auprès de ces amis, de ces intercesseurs que sont les saints.
02:20 Le vandal a été définitivement enfermé dans un établissement psychiatrique.
02:24 C'est un Nigérian qui serait atteint de paranoïa élevé.
02:28 Il y a une grosse blessure et une grande maladie psychiatrique.
02:32 Je pense que le malin s'infiltre dans ces blessures humaines pour mettre du désordre, de la violence et de la destruction comme il l'a fait ici.
02:42 Son arrestation est un soulagement pour les paroissiens qui espèrent tourner la page de ces événements.
02:47 Christ a gagné et on est dans le camp du vainqueur de tout mal, de toute mort.
02:54 Il n'y a pas à baisser les bras, il faut tenir notre place.
03:00 C'est aussi un appel à un surcroît d'amour, de pardon et de confiance paisible dans notre mission, quels que soient les obstacles.
03:07 Vendredi, la solennité du Sacré-Cœur a été célébrée symboliquement dans la chapelle, en réparation des actes malveillants commis dans cette église.
03:16 Un lion, un prêtre a été agressé en début de semaine par une dizaine de jeunes venus récupérer un ballon de football sur le terrain de l'église Notre-Dame du Liban.
03:26 Le Père Joseph a été violemment projeté au sol avant de recevoir des insultes anti-chrétiennes.
03:32 Il a porté plainte pour violences aggravées.
03:34 Il a accepté de témoigner sur notre antenne.
03:36 Il veut tenter d'apaiser les tensions.
03:39 Ce sont des jeunes sans repères, ce sont des jeunes qui, dans la folie du moment, les émotions se sont enflammées.
03:49 Je suis un fervent croyant de vivre ensemble, en même temps, ce n'est pas pour autant qu'il faut fermer l'œil sur le manque d'éducation et qu'il ne faut pas trouver des solutions concrètes.
04:02 Il faut être pacifique tout en évitant d'être passif.
04:06 Il faut dire les choses avec tout le respect qu'on a.
04:09 Si le pape François ne peut pas se rendre aux Journées mondiales de la jeunesse, alors l'événement sera annulé.
04:15 Des inquiétudes portées par les organisateurs et renforcées par de récentes alertes concernant la santé du pontife.
04:21 Personne n'envisage la possibilité que le pape soit représenté par quelqu'un d'autre, ont-ils affirmé à la presse portugaise.
04:28 Pour rappel, les JMJ doivent se dérouler du 1er au 6 août prochain à Lisbonne.
04:33 Des insultes et des agressions contre les chrétiens par des juifs radicaux connaissent une augmentation inquiétante à Jérusalem,
04:42 suscitant même la réaction de Shlomo Amar, grand-rabbin séfarade de la vieille ville.
04:46 Le récit d'Hélène Charpy.
04:49 Injures, crachats, vandalisme contre des églises et des cimetières et même appel au meurtre.
04:56 Les actes anti-chrétiens commis par de petits groupes de juifs orthodoxes radicaux
05:01 se multiplient à Jérusalem depuis l'ascension au pouvoir de Benyamin Netanyahou.
05:06 Alors qu'aucun ministre n'a dénoncé publiquement ses agissements,
05:10 le grand-rabbin séfarade de Jérusalem, Shlomo Amar,
05:13 les a fermement condamnés dans un communiqué publié en anglais pour être compris du plus grand nombre.
05:19 "Nous sommes désolés d'apprendre auprès d'ecclésiastiques non-juifs
05:22 que des jeunes juifs dont certains prétendent craindre Dieu, persécutent,
05:25 profèrent des malédictions, des blasphèmes et plus encore dans les rues de la ville."
05:30 C'est la première fois qu'une autorité religieuse juive
05:33 élève la voix pour dénoncer les violences que subissent quotidiennement
05:37 les ecclésiastiques et les pèlerins chrétiens à Jérusalem.
05:40 L'administration du président américain Joe Biden a d'ailleurs soutenu le rabbin dans ses propos
05:46 qui qualifie les concernés d'irresponsables et irrespectueux de la Torah.
05:50 La police israélienne a quant à elle reconnu l'existence de provocations
05:54 et juge que leurs auteurs doivent être poursuivis.
05:57 Pour terminer ce journal, un mot de ce spectacle,
06:00 "L'inconnu me dévore", une lecture théâtralisée de l'œuvre de Xavier Graal,
06:04 hippie des années 60 mais surtout un chercheur de Dieu.
06:07 Le metteur en scène du spectacle, Vianney Malin,
06:10 nous plonge au cœur du testament spirituel du poète. On l'écoute.
06:14 C'est un texte incandescent, brûlant, qui ne peut pas laisser indifférent.
06:20 Donc il bouscule le croyant embourgeoisé que nous pouvons être.
06:28 Il bouscule l'incroyant qui passe à côté de la beauté de la vie.
06:34 Il bouscule le clair endormi, fonctionnaire.
06:40 C'est tout cela et cette invitation à découvrir la beauté du monde
06:49 et rentrer dans l'allégresse.
06:51 Trois représentations sont prévues à l'espace Bernanos à Paris
06:54 le 22, 23 et 24 juin prochain. Alors n'hésitez pas.
06:58 C'est la fin de votre journal.
07:00 Emeric, c'est à vous pour la suite d'Enquête d'Esprit.
07:03 Merci Eloi. En ce mois de juin,
07:06 une centaine de séminaristes vont être ordonnés et devenir prêtres en France.
07:11 Comment vont-ils exercer leur mission pour espérer rechristianiser justement
07:16 ce vieux pays chrétien ?
07:18 On en parle avec l'abbé François de Dieu. Bonjour mon père.
07:20 Bonjour Emeric. Bonjour à tous.
07:21 Merci d'être avec nous. Vous êtes prêtre du diocèse de Nanterre
07:24 et curé de la Garenne-Colombe, aussi l'auteur de Curé à durée indéterminée,
07:29 édition Arteige, où vous nous parlez de ces pasteurs,
07:33 des pasteurs et qui doivent être stables,
07:36 plaidez-vous, pour des paroisses qui bougent.
07:39 C'est votre sous-titre. Avec nous également l'abbé Benoît de Rohecq.
07:42 Bonjour mon père. Bonjour à vous.
07:44 Vous êtes le curé de la cathédrale de Perpignan depuis septembre dernier
07:47 et auparavant vous avez eu une expérience de curé dans une paroisse aux portes
07:51 de la ville de Perpignan où à la Révolution il y a eu un miracle étonnant.
07:55 Vous nous en parlerez également.
07:57 Et puis Anne Bernay est avec nous. Bonjour. Merci d'être avec nous.
08:00 Bonjour Emeric.
08:01 Vous êtes spécialiste de l'histoire de l'Église et avec vous
08:04 nous allons faire un détour justement par l'histoire,
08:07 puisque un de vos livres récents, La Simplicité et la Grâce,
08:11 chez Arteige, nous parle de l'abbé Guérin, le curé de Pontmain, en Mayenne,
08:15 où il y a eu des apparitions mariales et vous êtes la postulatrice aussi
08:18 de la cause en canonisation de l'abbé Guérin.
08:21 Un petit curé dites-vous, mais presque saint, donc vous nous en parlerez.
08:25 Alors l'actualité c'est aussi, et je voudrais qu'on commence par là,
08:29 la fête, la très grande fête catholique du Sacré-Cœur,
08:33 qui s'est déroulée il y a deux jours, qui nous parle donc du cœur du Christ
08:38 percé sur la croix par amour pour les hommes.
08:40 Les explications des lois Rochebrune et de Clotilde Payet
08:43 qui se sont rendues au Sacré-Cœur de Montmartre pour l'occasion.
08:46 Regardez.
08:47 Sur la butte de Montmartre, la basilique du Sacré-Cœur domine Paris.
08:52 L'édifice est consacré au cœur de Jésus, une dévotion qui s'inscrit
08:55 dans un contexte historique.
08:57 C'était un peu, allez, une réponse au jansenisme de l'époque.
09:01 La dévotion au Sacré-Cœur, un cœur humain, un cœur qui nous aime,
09:04 un cœur qui bat, et pas une rigueur, au contraire, un cœur qui aime.
09:08 La solennité du Sacré-Cœur a été célébrée par l'Église catholique
09:11 ce vendredi 16 juin.
09:13 Elle manifeste l'amour du cœur de Dieu pour les hommes.
09:16 Nous voulons épouser les sentiments qui sont dans son cœur
09:20 pour le témoigner à tous ceux, à tous les fidèles, à tous ceux qui rentrent,
09:23 même ceux qui ne le connaissent pas.
09:25 Jésus est venu, il dit "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
09:29 et moi je vous soulagerai car je suis doux et humble de cœur".
09:32 Alors nous avons à donner le reflet, la présence même de cette douceur,
09:36 de cette humilité du cœur du Christ dans cette dévotion au Sacré-Cœur.
09:40 La fête du Sacré-Cœur est une occasion pour tous les chrétiens
09:43 de se souvenir de la vocation de la France, comme fille aînée de l'Église.
09:47 Alors nous avons deux prêtres sur le plateau,
09:50 je vais leur demander donc de réagir à cette fête,
09:53 et puis finalement, est-ce que cet amour fou de Dieu qui s'exprime à travers ce Sacré-Cœur,
09:57 c'est un moteur pour les prêtres, pour votre action dans vos paroisses respectives, père de Roec ?
10:03 Il ne peut pas en être autrement.
10:05 C'est-à-dire que nous sommes appelés non seulement à aller à la source,
10:09 le cœur de Jésus c'est le lieu de la source de tout amour,
10:13 il suffit d'aller à Paris le Mondial en pèlerinage et on s'en rend bien compte,
10:17 et le ministère du prêtre ne peut pas être détaché de cette source-là,
10:22 la vie du chrétien ne peut pas être détachée de cette source-là,
10:26 et c'est ça ce qu'on va chercher.
10:27 Quand on veut le bien des âmes, en fait, il faut aller au cœur,
10:30 et au cœur de Dieu.
10:32 Je suis tout à fait d'accord, et moi c'est dans ce sens aussi que
10:36 en 2016 j'ai consacré ma paroisse au Sacré-Cœur de Jésus,
10:39 justement dans cette dynamique,
10:41 et je trouve aussi que par rapport au thème de notre émission,
10:45 la fête du Sacré-Cœur que nous venons de fêter est très belle,
10:47 parce que depuis 1995, le pape Saint Jean-Paul II
10:51 a souhaité que ce soit aussi la journée de prière pour la sanctification des prêtres.
10:55 Et si on veut un renouveau, il faut que les prêtres soient des pasteurs selon le cœur de Dieu,
11:00 donc vraiment ressemblant à ce cœur débordant d'amour de Christ,
11:04 et puisant cette sainteté dans le cœur de Jésus.
11:08 À la source.
11:09 Alors, Anne Bernay, faisons un détour aussi par l'histoire,
11:12 puisque au XIXe siècle, le Sacré-Cœur, la dévotion, le culte au Sacré-Cœur
11:17 a été extrêmement présent.
11:19 Est-ce qu'on peut dire que ça a été aussi un moteur du relèvement de l'Église extraordinaire
11:23 après la Révolution française, où il y avait eu tant de violence,
11:26 et est-ce qu'il y a un lien entre les deux ?
11:28 Le cœur sacré de Jésus, espoir et salut de la France,
11:31 c'est une formule qu'on emploie volontiers au XIXe siècle pour parler du Sacré-Cœur,
11:36 mais cela remonte à bien avant, dès les apparitions à Sainte-Marguerite-Marie.
11:41 Donc on est au XVIIe à ce moment-là.
11:43 On est au XVIIe à partir de 1773.
11:46 À ce moment-là, il est déjà question que la France soit consacrée au Sacré-Cœur,
11:50 car alors son roi aura victoire sur ses ennemis.
11:53 Cette consécration n'est pas faite.
11:55 La famille de France en sera la première victime,
11:59 mais les catholiques le seront également dans la foulée avec la Révolution,
12:03 et ils sont très conscients, jusque dans l'entourage royal,
12:06 je pense entre autres à Madame Élisabeth, la sœur de Louis XVI,
12:09 ils sont extrêmement conscients que cette non-consécration
12:12 est probablement l'une des causes de la victoire et du triomphe apparent
12:16 des ennemis de la foi et de l'Église.
12:19 Dans ces conditions, il est absolument nécessaire d'en revenir
12:23 à cet amour inconditionnel du Christ, ce cœur qui a tant aimé les hommes
12:27 et n'en a reçu qu'indifférence et froideur.
12:29 Mais alors justement, dans cette dimension du Sacré-Cœur,
12:32 il y a une notion de pardon, pardon des ingratitudes, vous venez de le dire.
12:36 Est-ce qu'après les violences révolutionnaires,
12:39 il y avait besoin de cette force d'amour pour rechristianiser la France ?
12:43 Il y a un immense besoin de pardon et d'expiation
12:47 dans l'Église de France du tout début du XIXe siècle.
12:50 Mais cette expiation, ce sont les catholiques qui vont l'offrir
12:53 et ne vont pas demander aux coupables de le faire à leur place.
12:55 C'est probablement ce qui est très beau, c'est que l'Église,
12:58 martyr, victime, persécutée, va porter les fautes du reste de la France
13:03 avec énormément de générosité.
13:05 À partir de ce moment-là, le pardon prend une place immense
13:09 et l'amour et la miséricorde.
13:11 Voilà, j'imagine, oui Véronique ?
13:13 Oui, d'où la construction du Sacré-Cœur sur la butte de Montmartre.
13:15 Qui n'est pas, comme on le croit trop souvent,
13:17 et comme on l'a encore répété au moment du 150e année de la Commune,
13:20 pour punir Paris de s'être insurgé et d'avoir massacré des prêtres.
13:25 Non, c'est véritablement pour racheter les fautes de la France.
13:28 Ça n'a rien à voir avec la Commune, je crois qu'il faut le rappeler encore et toujours.
13:31 Alors, en 2023, comment remettre l'Église au centre du village ?
13:37 Nous en parlons avec nos invités, juste après la pub.
13:41 Vous restez donc avec nous.
13:43 Le renouveau de la foi en France passe-t-il par les prêtres ?
13:51 On en parle aujourd'hui dans Enquête d'Esprit avec l'abbé François de Dieu.
13:55 Il est prêtre du diocèse de Nanterre, auteur de Curé à durée indéterminée chez Arteges.
13:59 Avec l'abbé Benoît de Roecq, il est curé de la cathédrale de Perpignan
14:03 et il va nous raconter dans un instant une procession qu'il a organisée
14:06 pour obtenir l'appui et qui a vraiment fédéré autour de cette initiative.
14:10 Et puis Anne Bernay pour prendre le détour de l'histoire,
14:13 auteur notamment de La Simplicité et la Grâce chez Arteges toujours
14:16 et qui parle de l'abbé Guérin qui, au XIXe siècle, a regonflé sa paroisse.
14:20 Bien sûr, Véronique Jacquier est avec nous pour cette émission,
14:23 en partenariat avec France Catholique.
14:26 Avant d'en venir à la procession des rogations que vous avez organisée à Perpignan,
14:30 un mot sur la situation générale du point de vue de la foi en France.
14:34 Parce que même si les clignotants sont quand même plutôt orange, voire rouge parfois,
14:39 il y a quand même des signes encourageants et j'aimerais avoir vos réactions.
14:42 Notamment trois ces derniers mois, plus de 1000 baptêmes d'adultes à Pâques cette année,
14:49 un jeune catholique à Annecy et Henri qui s'interpose courageusement pour éviter un drame
14:54 et puis à la Pentecôte, 16 000 jeunes pèlerins qui vont vers Chartres en quête de sacrés.
14:59 Est-ce que finalement on est là face à une jeunesse notamment qui a soif de Dieu, père de Roeck ?
15:06 Ah oui, clairement, on assiste à un phénomène très étonnant.
15:10 Autant on pouvait le voir depuis quelques années avec une jeune génération montante
15:15 qui a soif de Dieu, qui a un vrai désir de formation, le sens du sacré,
15:20 c'était une dimension verticale, le soin des âmes, une vie de prière assez bien formée.
15:28 Donc de grandes demandes, mais le plus surprenant peut-être,
15:31 c'est que depuis quelques mois on assiste, et je crois que c'est le cas un peu partout en France,
15:35 à une vague de demandes sacramentelles.
15:40 C'est votre cas, vous, à Perpignan ?
15:41 À Perpignan, on est assez surpris, mes confrères curés des paroisses voisines le sont aussi,
15:46 avec une vague de demandes de baptême de jeunes adultes, de jeunes adolescents également,
15:51 demandes de communion, de confirmation d'un public qui n'est plus de culture chrétienne.
15:58 C'est-à-dire qu'on est dans un monde, une société qu'on appelle post-chrétienne
16:02 et étonnamment, c'est là où on a le plus de demandes.
16:06 Une génération qui a été peut-être un peu ignorée,
16:10 et qui en fait est parvenue par elle-même à trouver le sens de Dieu.
16:15 Et on a simplement ça à accueillir.
16:18 François Dodieu, vous confirmez ?
16:19 Je retrouve exactement la même chose avec mes responsables de catéchuména
16:23 qui me disaient ces derniers temps qu'ils avaient une demande par semaine d'adultes
16:27 qui demandent le baptême, d'adultes en général entre 20 et 40 ans,
16:30 grosso modo, venant de différentes cultures.
16:33 Et effectivement, on a vraiment ce même élan.
16:36 Et je pensais par rapport à ces signaux orange-rouge,
16:39 parfois j'ai l'impression qu'on vit un peu la bataille de Gédéon.
16:43 Vous savez, au chapitre 7 des Juges, le peuple doit affronter Madiane,
16:48 mais ils sont trop nombreux.
16:50 Et il y en a 22 000 qui s'en vont, puis il en reste 10 000,
16:53 mais sur les 10 000, Dieu dit non, non, ils sont encore trop nombreux.
16:56 Israël pourrait se glorifier à mes dépens, et puis finalement, il reste 300.
17:00 Et c'est la victoire.
17:01 Et parfois, on a l'impression que tous ces signaux rouges qu'on voyait,
17:04 c'est Dieu, c'est Dieu qui agit.
17:06 C'est Dieu qui agit dans le cœur de tous ceux qui viennent vers nous.
17:08 Ce n'est pas notre victoire, c'est la victoire de Dieu,
17:11 et c'est celle-là qui se manifestera avec puissance.
17:13 Un peu comme le Cameroun des légionnaires, mais ça se termine mieux.
17:15 En tout cas, on peut le souhaiter.
17:17 Et effectivement, en tout cas, c'est très encourageant.
17:19 Alors justement, ça suppose aussi, vous qui êtes des pasteurs,
17:23 vous avez travaillé finalement ce terreau.
17:26 Père de Roec, racontez-nous justement, vous avez organisé au mois de mars
17:30 une procession pour demander l'appui.
17:32 On sait qu'on est dans une période de sécheresse.
17:35 Ça a fonctionné.
17:37 Mais racontez-nous comment est née cette initiative étonnante.
17:40 Est-ce que les esprits étaient mûrs pour renouer avec ces pratiques
17:43 qui pour certains peuvent paraître un peu désuètes ?
17:45 Alors, je tiens à préciser, ce n'est pas moi qui l'ai organisée,
17:49 puisque moi, j'ai accueilli une demande.
17:51 C'est la demande d'un laïc qui, constatant l'état de sécheresse
17:54 dans lequel on vivait depuis plus d'un an quand même,
17:57 dans cette région-là, donc les signes étaient inquiétants depuis longtemps,
18:01 qui est venu à la cathédrale pour invoquer Saint Goderic,
18:04 qui est depuis le Moyen-Âge connu pour être celui qu'on invoque
18:11 pour le soin de la terre, de la culture, etc.
18:14 Donc pour avoir de l'eau quand il y en a besoin,
18:16 pour ne pas en avoir quand on en a trop.
18:19 Donc il a un sens de l'équilibre, ce Saint Goderic qui est très intéressant.
18:22 Et on a des reliques de Saint Goderic, qui lui a vécu en Ariège,
18:26 dans le sud de l'Ariège, donc c'est vraiment une grande figure locale.
18:31 Donc vous avez sorti les reliques de Saint Goderic ?
18:33 Donc il est venu, lui, prier devant les reliques,
18:36 et il a dit "mais on devrait faire une procession".
18:38 J'ai dit oui, tout simplement, c'est là toute ma grande responsabilité,
18:43 c'est d'avoir accueilli cette demande et d'avoir fait en sorte
18:46 que cette procession puisse se faire.
18:49 Après le reste nous a grandement surpris, avec mon vicaire,
18:52 l'abbé Lefebvre, qui a beaucoup travaillé pour que les choses se fassent bien.
18:59 Nous avons vu les gens affluer, parce que c'est assez surprenant,
19:03 une de mes analyses, c'est que la demande qui nous était faite
19:07 n'était pas une demande de réconfort par un petit discours qui va bien,
19:12 ou en tapant sur l'épaule, comme ça on sait faire,
19:16 mais c'était vraiment une demande de foi, c'était un acte de foi,
19:20 et il y a eu plus de 1000 personnes qui sont venues s'associer à cet acte de foi
19:23 qu'on a vécu, je crois que c'était le 17 mars.
19:26 Il a plu ?
19:28 Alors moi aussi j'ai été le premier surpris, il a plu vraiment ce soir.
19:33 Une pluie était annoncée, certains l'ont tournée en dérision en disant
19:36 qu'ils avaient regardé la météo, honnêtement j'avais pas regardé la météo,
19:39 pour programmer cette procession j'avais regardé mon agenda,
19:42 je peux être coupable, je suis encore un curé agenda, c'est insupportable,
19:46 mais j'avais regardé mon agenda, j'avais trouvé cet après-midi,
19:49 je leur avais proposé ça, et ça a été bon, la pluie était annoncée,
19:54 mais pas la pluie qu'on a eu toute la nuit et qui a abreuvé la terre,
19:59 c'est-à-dire que le lendemain la terre était détrempée,
20:02 ce qu'on avait pas vu depuis des mois et des mois.
20:04 Véronique ?
20:05 Vous voyez le signe de la réponse à la procession dans l'abondance de la pluie,
20:10 pas dans la pluie simplement en elle-même,
20:12 pour un peu convaincre les esprits chagrins qui nous regardent
20:14 et qui ne seraient pas convaincus, c'est-à-dire c'est dans l'abondance,
20:17 finalement la fécondité elle est là.
20:19 C'est ça ce qu'on attend, c'est ça ce qu'on demandait,
20:22 et même pour aller un petit peu plus loin par rapport à votre réaction,
20:25 qui me semble très juste, c'est qu'on m'a tout de suite demandé
20:28 une messe d'action de grâce en disant "Saint Godéric a exaucé nos prières"
20:31 et que j'ai dit "non on va attendre parce qu'il faut que ça s'inscrive dans le temps".
20:35 Et puis c'est pas suffisant.
20:36 On a pas besoin d'une pluie, c'est pas suffisant.
20:38 On a pas besoin d'une pluie, on a besoin de la pluie nécessaire
20:41 pour que les cultures puissent porter leurs fruits.
20:43 Et donc la messe d'action de grâce c'est quand on aura récolté ce qui était planté,
20:49 ce qui avait besoin d'être arrosé,
20:51 et que là on pourra dire "Saint Godéric a fait son travail" jusqu'au bout.
20:54 Mais est-ce que vous y voyez un signe du ciel très clairement ?
20:56 Évidemment, évidemment.
20:58 Comme tous ceux qui y ont participé,
21:00 ceux qui y ont participé de façon incrédule et qui ont dit "bon on va y aller,
21:04 on va bien voir, de toute façon tout est bon à prendre"
21:07 parce qu'il y en avait qui étaient dans cette procession.
21:10 On sait jamais.
21:11 Ceux qui y allaient avec toute leur foi et qui ont dit "on va prier parce que le ciel exauce
21:15 les prières qu'on lui adresse",
21:17 en fait tout le monde a été scotché par la réponse.
21:21 Et pour être très honnête, moi le premier.
21:25 Il faut le dire. Véronique.
21:27 Vous dites qu'il y a un regain de piété populaire.
21:30 Qu'est-ce que ça veut dire cette procession et justement le fait d'être exaucé ?
21:34 Alors il faut dire que ça s'appelle, cette procession, d'érogation.
21:37 C'est une pratique très ancienne dans l'histoire de l'Église.
21:40 Non ? C'est pas ça ?
21:41 Alors non, celle-là, elle était avant l'érogation.
21:43 En termes de temps ?
21:45 C'est-à-dire ?
21:46 C'est un petit bonus qui était dans la tradition locale d'ailleurs,
21:49 dans la tradition catalane.
21:51 Quand la terre était sèche, ils sortaient Saint Godéric et ils allaient le mettre à l'eau.
21:54 Enfin voilà, il n'y avait pas de date particulière ou de période dans l'année.
21:58 Anne Bernay, cette piété populaire,
22:01 historiquement, c'est quelque chose qui a toujours porté les renouveaux de la foi ?
22:05 C'est quelque chose d'absolument essentiel.
22:08 Je crois qu'on a voulu nous inscrire dans une religion déracinée,
22:12 une religion qui n'avait plus de passé, de souvenirs, de saints, de reliques, de coutumes.
22:18 Un peu partout, en effet, quand la terre était sèche,
22:20 on allait quelquefois tremper les reliques du saint,
22:23 voir son buste dans la fontaine la plus proche pour lui rappeler qu'on avait besoin d'eau.
22:26 Alors ça peut passer pour une coutume païenne, je suis bien d'accord,
22:29 mais c'était tellement enraciné dans les mentalités que c'était une nécessité totale.
22:34 Les gens ont besoin de cela.
22:36 C'est une normalité absolue.
22:39 Il faut repasser par ce qui est la source de notre histoire, de notre foi.
22:45 Nous ne sommes pas tombés comme ça d'un seul coup dans un monde
22:48 où tout christianisme aurait disparu, où tout serait reconstruit.
22:52 Non, nous avons des racines, c'est celles-là qu'il faut commencer par arroser pour les faire refleurir.
22:57 Une réaction peut-être l'un ou l'autre ?
23:00 Alors, à ce moment-là, je vous propose de continuer ce détour par l'histoire.
23:04 On va se rendre à Ars, vous savez, le saint curé d'Ars,
23:07 qui est le patron de tous les curés de l'univers,
23:09 qui a mis dix ans malgré tout pour rechristianiser sa paroisse.
23:14 Quelles sont les clés de son action ?
23:16 Écoutez l'actuel curé d'Ars, qui lui aussi cherche à développer son sanctuaire actuellement.
23:20 Regardez.
23:21 Le curé d'Ars est arrivé dans une paroisse dont le vicaire général lui avait dit
23:26 "Il n'y a pas beaucoup d'amour de Dieu, vous en mettrez."
23:29 Et il a commencé par faire le tour des maisons, tout simplement.
23:32 Et quand les voisins l'ont vu arriver, d'abord ils ne l'ont pas vu lui,
23:38 ils ont vu la lumière dans l'église.
23:40 Donc la première chose que les gens ont découvert,
23:42 c'est que le prêtre qui venait d'arriver, qui était chaplain simplement,
23:45 le prêtre était à genoux dans l'église à 4h du matin et il priait le Seigneur.
23:50 C'était une grosse surprise.
23:51 La deuxième, c'est les visites du chaplain Jean-Marie Vianney,
23:55 dans les fermes, auprès des gens, dans les champs,
23:59 et puis la présence tous les dimanches pour la messe et aux confessionnales.
24:03 Dans un échange vigoureux face aux démons, dans une vision,
24:07 ou dans une confrontation réelle, on peut dire,
24:11 le diable lui aurait dit, s'il y en avait trois comme toi dans le monde,
24:15 l'enfer serait vide.
24:16 Alors là, je pense que vous allez pouvoir réagir,
24:19 Père François de Dieu, peut-être à commencer par vous.
24:22 D'abord, être plongé en Dieu, c'est la première chose à faire
24:25 pour un curé quand on est en charge d'âme ?
24:27 C'est essentiel. C'est essentiel.
24:30 La première mission du prêtre, du curé,
24:32 c'est vraiment de célébrer la messe pro populo.
24:35 Il doit l'accomplir dès qu'il est...
24:38 Pour son peuple.
24:39 Pour son peuple, c'est-à-dire chaque semaine,
24:41 il célèbre la messe pour son peuple.
24:43 Donc déjà, vous voyez, dans le mystère eucharistique,
24:45 c'est essentiel.
24:47 Et puis évidemment, dans sa vie de prière personnelle,
24:49 parce qu'il a charge d'âme, et donc cette charge,
24:52 ce soin des âmes qu'il doit avoir, c'est de les conduire au Christ.
24:55 Et comment les conduire au Christ si on ne va pas vers le Christ ?
24:58 Donc voilà, il faut aller vers l'aimant, en quelque sorte,
25:00 pour que les gens soient aimantés vers lui.
25:02 Vous allez nous raconter, évidemment, comment vous,
25:05 vous faites à la Garenne-Colombe, justement,
25:07 s'agissant de l'eucharistie et de la messe.
25:09 Auparavant, une autre réaction, père de Roex, sur cette phrase
25:13 qu'aurait dit le démon au curé d'Ars,
25:15 "Il en faudrait trois comme toi et l'enfer serait vide."
25:18 Qu'est-ce que vous en pensez ?
25:19 Je demande encore deux curés d'Ars.
25:21 [Rires]
25:23 Mais effectivement, je suis persuadé que la présence du prêtre,
25:26 comme le disait le saint curé d'Ars, d'ailleurs,
25:29 "Laisser une paroisse vingt ans sans prêtre,
25:31 on y adorera les bêtes."
25:33 La présence du prêtre est essentielle au cœur de la communauté chrétienne.
25:36 D'abord, comme étant un homme de prière.
25:38 Parce que prendre soin des âmes,
25:40 ce n'est pas simplement prendre soin des âmes des autres.
25:42 C'est d'abord prendre soin de son âme,
25:44 afin qu'elle soit disponible pour les autres.
25:47 Il y a cette autre citation aussi,
25:49 qui se rapproche un peu de celle qu'on vient d'entendre.
25:51 Anne Bernay, c'est un évêque africain au Concile Vatican II,
25:54 qui disait "Il faudrait cinq curés d'Ars pour rechristianiser la France."
25:57 Vous êtes d'accord avec ça ?
25:59 Je suis parfaitement d'accord, mais en y réfléchissant,
26:01 ce qui me frappe le plus, c'est que les gens de ma génération,
26:04 dans la fin des années 70,
26:06 à l'âge où certains d'entre nous auraient pu avoir la vocation
26:09 d'être attirés par quoi que ce soit,
26:11 on ne nous disait pas "il faut penser à donner des prêtres,
26:14 il faut penser à donner des religieux ou des religieuses."
26:16 On nous disait "il faut penser à donner des laïcs,
26:18 qui vont remplacer les prêtres."
26:20 Ce qui me frappe le plus, c'est que je me dis
26:22 "Aucun d'entre nous à 15-16 ans,
26:24 on était excusable à cet âge-là,
26:26 ne se disait "il y a un problème."
26:28 On s'apprêtait à être de bons laïcs,
26:30 mais nous avons complètement oublié
26:32 qu'on ne faisait rien sans prêtre."
26:34 Je suis très frappée, quelquefois je vois des dames,
26:36 qui d'ailleurs sont d'un très grand dévouement à la paroisse,
26:39 qui célèbrent entre autres des obsèques.
26:41 J'en ai vu une un jour, elle pleurait.
26:43 Je dis "Mais qu'est-ce qui vous arrive ?
26:44 Pourquoi pleurez-vous comme ça ?
26:46 C'est le méchant évêque.
26:48 Qu'est-ce qu'il vous a fait le méchant évêque ?
26:50 Il m'a empêchée de célébrer une messe d'enterrement."
26:54 Elle me dit "Mais enfin madame,
26:56 vous ne célébriez pas des messes d'enterrement."
26:59 Elle m'a dit "C'était pareil, mais il ne veut plus."
27:01 Je crois que là, on cerne exactement le fond du problème.
27:04 Nous avons oublié pendant 40 ou 50 ans
27:07 ce que devait être un prêtre.
27:09 Les laïcs ont voulu prendre la place,
27:11 parfois avec la meilleure volonté du monde,
27:13 mais un laïc n'est pas un prêtre.
27:14 Un laïc ne peut pas remplacer un prêtre.
27:15 Point final.
27:16 Une réaction peut-être, père François de Dieu ?
27:19 Amen !
27:20 Alors Anne Bernay,
27:24 parlez-nous de ce curé de Pontmain, en Mayenne,
27:28 l'abbé Michel Guérin, qui a été curé de 1836 à 1872,
27:32 qui avait demandé la paroisse la plus pauvre de son diocèse.
27:36 Comment a-t-il fait justement pour la redynamiser ?
27:40 Il a pris des moyens simples,
27:41 il a pris des moyens de pauvre,
27:42 il a pris les moyens de Dieu.
27:44 Ce qui était un fait admirable,
27:45 il est arrivé dans un village qui n'était pas Pontmain,
27:48 qui était celui d'à côté, Saint-Ellier,
27:50 qui était une paroisse fortement déchristianisée,
27:52 on est dans l'immédiate après-révolution,
27:55 dans une paroisse gagnée aux idées nouvelles,
27:57 et il s'aperçoit qu'à 5 km de Saint-Ellier,
28:01 il y a Pontmain,
28:03 qui est un village totalement abandonné,
28:05 qui n'a plus de prêtre,
28:06 dont l'église est fermée depuis 1790,
28:08 et qui, elle, est restée fondamentalement chrétienne.
28:11 Or ce sont ces gens-là qu'on a privés de prêtre,
28:13 et qui ont réclamé à corps et à cri.
28:16 Et l'abbé Guérin, pendant 6 ans,
28:18 va s'acharner à obtenir de son évêque,
28:20 qu'on lui donne cette paroisse,
28:22 totalement en déshérence, totalement oubliée.
28:24 Quand le vicer général y débarquera,
28:26 il lèvera les bras au ciel en disant
28:28 "Vous n'avez même pas la croix et la bannière,
28:29 vous voulez une paroisse,
28:30 mais c'est les tables de Bethléem chez vous."
28:32 D'ailleurs, ils seront épouvantablement blessés.
28:35 Mais malgré tout, l'évêque donnera la paroisse.
28:38 Et après, l'abbé Guérin va employer des moyens
28:40 d'une extrême simplicité.
28:41 Le recteur d'Ars disait
28:42 "Le curé d'Ars a fait le tour des paroissiens."
28:45 L'abbé Guérin en a fait exactement autant.
28:47 Sauf que sur ses maigres économies,
28:49 il a acheté des statues de la Sainte Vierge,
28:51 il est passé de maison en maison avec sa statue de la Sainte Vierge,
28:53 qu'il a offerte en la disant "Mettez-la à la place d'honneur,
28:56 c'est instituée là, reine de vos foyers, reine des cœurs."
28:59 Et à partir de ce moment-là, le renouveau a commencé.
29:02 Par la dévotion mariale,
29:03 on est passé à la dévotion eucharistique,
29:06 au retour à la messe, au retour au sacrement,
29:09 nous sommes dans une paroisse qui ne se confessait plus,
29:13 qui n'assistait plus à la messe,
29:14 qui ne communiait plus,
29:15 qui était une des plus déchristianisées malgré tout du diocèse.
29:18 Et en l'espace de quelques mois,
29:20 l'abbé Guérin va peu à peu ramener les gens à l'église,
29:23 au sacrement, à la prière,
29:25 et pas à n'importe quelle prière,
29:26 puisqu'à dix ans de là,
29:28 ses confrères des autres paroisses,
29:30 un peu jaloux d'ailleurs,
29:32 diront "Mais il y a des mœurs patriarcales à Pommain,
29:36 que s'est-il passé ?"
29:37 Alors ce qui est étonnant aussi,
29:39 c'est que cette paroisse a été ensuite gratifiée
29:42 d'apparition mariale en 1871.
29:45 Ce sont les fameuses apparitions de Pommain,
29:48 où la Vierge Marie dit "Priez, mon fils se laisse toucher".
29:52 Père Benoît de Roeck,
29:53 cette dimension mariale, là aussi,
29:55 elle est essentielle dans la vie d'une paroisse,
29:57 aujourd'hui en 2023 ?
29:58 - Ah oui, et non seulement dans la vie paroissiale,
30:00 mais dans le cœur de tous les chrétiens,
30:02 et je dirais même de tous les hommes.
30:04 C'est-à-dire, c'est très frappant
30:06 de voir à quel point la Vierge Marie
30:08 est réellement médiatrice entre les hommes et Dieu.
30:12 Beaucoup de gens qui se disent vaguement chrétiens,
30:17 voire même non chrétiens,
30:19 ont un réel attachement de cœur avec la Vierge Marie.
30:22 C'est-à-dire, reconnaissent la Vierge Marie
30:24 comme cette mère qui leur est donnée
30:26 et qui veille sur eux à chaque instant.
30:28 C'est étonnant.
30:29 - Mais là, il y a cette phrase, j'insiste là-dessus,
30:31 "Mon fils se laisse toucher",
30:32 on rejoint aussi un peu la demande à Saint Goderic,
30:34 finalement, quand on crie vers le ciel, ça répond.
30:37 - Ah, complètement, oui, oui.
30:39 C'est-à-dire que la prière,
30:43 quand elle est juste,
30:45 c'est-à-dire que ce n'est pas juste une liste de cours
30:48 ou un ensemble de demandes selon ce qui me convient
30:51 et selon les circonstances,
30:52 la prière, quand elle est juste,
30:54 c'est-à-dire quand elle est un acte de confiance en Dieu,
30:56 "Seigneur, nous vous remettons cette intention de notre cœur,
30:59 cette prière-là, on sait qu'elle sera exaucée,
31:03 pas forcément de la façon dont nous l'attendons,
31:06 pas forcément comme nous l'espérons,
31:08 pas forcément avec les moyens que nous aurions préférés,
31:10 mais comme Dieu le veut."
31:12 Et cet acte de confiance et d'abandon
31:15 est essentiel dans notre vie chrétienne
31:17 parce qu'il faut que nous demandions ce que Dieu veut.
31:20 - François Dallieu, puis Véronique.
31:22 - La Vierge Marie, en fait, elle nous rappelle l'évangile,
31:24 elle nous renvoie à l'évangile sans arrêt,
31:25 elle nous renvoie vers Jésus,
31:26 et Jésus qui nous dit "Demandez, vous recevrez."
31:28 Donc dans ce rappel que la Vierge Marie adresse à Pontmain,
31:32 "Mes prières, mes enfants, le cœur de mon fils se laisse toucher."
31:34 En fait, elle nous renvoie tout simplement
31:36 à ce que Jésus nous a dit et nous invite à vivre.
31:39 - Véronique.
31:40 - Oui, c'est-à-dire que le rayonnement d'une paroisse
31:42 comme le rayonnement d'un prêtre
31:43 passe par le décentrement total de soi.
31:46 Or, on est dans une société où l'ego prend une place considérable.
31:51 Là, c'est vraiment on se décentre et on s'en remet complètement à Dieu,
31:54 que ce soit dans une procession,
31:55 que ce soit en tant que prêtre pour faire vivre sa paroisse,
31:58 que ce soit en tant que simple paroissien, c'est ça.
32:01 - Il s'agit de conduire au Christ.
32:04 Alors parfois, on a peur d'un attachement des gens au prêtre,
32:07 comme si "Oh là là, c'est pas bon, on va être attachés."
32:09 En quoi cet attachement est-il mauvais ?
32:11 Est-ce que saint Jean n'était pas attaché à Jésus ?
32:13 Saint Pierre n'était-il pas attaché à Jésus ?
32:15 Bon, d'une certaine manière, évidemment,
32:17 il ne s'agit pas d'être attaché pour soi,
32:19 mais il s'agit de pouvoir conduire les gens vers le Christ
32:23 et il faut qu'ils grandissent.
32:25 "C'est que moi je diminue", dit saint Jean Baptiste,
32:27 mais c'est ce que vit le prêtre sans arrêt,
32:28 en essayant de laisser le Christ grandir,
32:32 mais ça passe aussi par lui.
32:35 C'est aussi par lui que les gens vont aller vers le Christ.
32:40 - Père François de Dio, c'est la raison pour laquelle
32:42 vous avez souhaité mettre l'Eucharistie,
32:44 donc la messe, au cœur de votre action
32:46 pour redynamiser votre paroi,
32:48 ou dynamiser tout court peut-être, votre paroisse.
32:50 Vous avez organisé, récemment, les jours derniers,
32:53 un congrès eucharistique à l'échelle de votre paroisse
32:55 pour réfléchir pendant une semaine sur l'importance de la messe.
32:58 Vous avez aussi remis le tabernacle au centre de l'église,
33:01 d'autres initiatives comme cela.
33:03 Votre but, c'était quoi ?
33:06 - C'est l'Eucharistie qui fait l'Église,
33:09 et l'Église qui fait l'Eucharistie.
33:11 Donc c'est vraiment le Christ qui est présent là,
33:14 dans l'Eucharistie, et c'est vers lui que nous allons.
33:16 De toute façon, l'Eucharistie, c'est le mystère central de l'Église,
33:19 un grand mystère.
33:20 Vous parliez des congrès eucharistiques,
33:21 effectivement nous avons une Française,
33:24 Émilie Tamizier, qui, vers la fin du XIXe siècle,
33:27 toujours ce grand siècle, finalement, en 1873,
33:31 qui a cette intuition de ce que vont devenir
33:33 les congrès eucharistiques.
33:34 C'était il y a 150 ans, tout juste.
33:36 Elle a été accompagnée d'abord par Saint Pierre-Julien Hémar,
33:39 ensuite par le biable Antoine Chevrier,
33:42 et puis elle propose un peu ce système-là,
33:45 qui a été déployé, que l'Église nous offre,
33:48 comme un moyen de montrer ce caractère central de l'Eucharistie,
33:52 de s'attacher ou de se pencher sur une des dimensions de l'Eucharistie,
33:57 parce que c'est tellement riche que l'on peut...
33:59 - Et là, c'était la notion de sacrifice.
34:01 - Alors cette année, nous avons choisi...
34:03 C'était la première fois que je le faisais,
34:05 mais nous avions choisi cette notion de sacrifice,
34:07 parce qu'en fait, c'est une notion qui est quand même
34:09 pas mal mise de côté, et qui pourtant,
34:11 dans les nouvelles traductions, a bien été remise en avant,
34:15 et qui est essentielle.
34:16 Qu'est-ce que ça veut dire, devenir une vivante offrande
34:18 à la louange de la gloire du Père,
34:20 comme on l'entend dans la prière eucharistique,
34:21 si on ne comprend pas cette dimension sacrificielle de la messe ?
34:23 Et donc c'est pour ça que nous avons organisé
34:25 ce congrès eucharistique paroissial,
34:27 alors c'est peut-être assez rare, paroissial,
34:29 on pense parfois aux grands congrès internationaux ou nationaux.
34:32 Alors nationaux, je note quand même qu'en France,
34:34 il n'y en a pas eu un seul depuis 1966,
34:38 alors qu'il y en a eu 18 entre 1908 et 1966.
34:41 Pas un seul congrès eucharistique national depuis 1966,
34:45 comme si l'eucharistie n'était plus au centre depuis quelques temps.
34:50 Voilà, peut-être qu'il faudrait...
34:52 - Voilà, c'était notre sujet de la semaine dernière,
34:54 mais on poursuit donc justement pour voir concrètement
34:56 comment on peut faire.
34:58 Et alors il y a notamment un élément qui revient
35:00 dans un certain nombre de paroisses en France,
35:02 c'est la question de l'orientation de l'autel,
35:04 c'est-à-dire l'orientation de la messe finalement,
35:07 soit vers le peuple, soit vers l'autel,
35:09 et donc vers l'Orient.
35:11 Ça a été longtemps tabou,
35:12 aujourd'hui effectivement on peut en parler,
35:14 le débat semble possible et de manière apaisée.
35:16 Écoutez l'avis d'un géographe, Marc Levatois,
35:18 qui est spécialiste de l'espace liturgique
35:20 et qui nous explique quel sens a justement
35:23 l'orientation de l'autel vers l'Est
35:25 dans l'histoire de l'Église.
35:27 - C'est quelque chose qui a tenu une plage majeure
35:31 dans toute l'histoire chrétienne.
35:34 Alors je dirais, c'est encore le cas aujourd'hui
35:37 dans les Églises orientales,
35:39 mais c'est quelque chose qui a disparu,
35:42 ou quasiment disparu,
35:44 dans les Églises de l'Occident latin
35:47 depuis le milieu des années 60,
35:50 au profit d'un retournement de l'autel
35:52 vers ce que l'on a appelé
35:54 la célébration face au peuple,
35:56 qui s'est imposée d'ailleurs
35:58 de façon non directement ordonnée,
36:04 puisque cela n'apparaît pas
36:06 dans les textes même du Concile Vatican II.
36:10 La question de l'orientation au sens strict,
36:13 qui a été reprise par de nombreux pères de l'Église
36:18 et par toute une explication également médiévale,
36:23 c'est quelque chose qui a parlié essentiellement
36:27 avec la symbolique de la lumière
36:30 et la symbolique du soleil levant,
36:33 et ce soleil levant qui est assimilé au Christ.
36:37 - Voilà, peut-être une réaction,
36:39 Père Benoît de Rouaix et Père François de Dieu,
36:42 sur cette question-là.
36:44 En quoi elle vous semble essentielle
36:46 et importante aujourd'hui ?
36:48 - On parlait tout à l'heure de l'élévation de l'âme.
36:52 Il y a plusieurs solutions qui ont été proposées
36:55 depuis quelques années.
36:57 Effectivement, maintenant, ça n'est plus limité
37:00 à un combat idéologique, ce qui est déjà bien.
37:03 Le cardinal Sarah, dans un de ses livres,
37:05 a évoqué la question.
37:07 Récemment, un prêtre du diocèse de Vannes,
37:09 l'abbé Jean-Baptiste Nadler,
37:11 écrit un ouvrage où il évoque cette question-là.
37:13 Et je crois qu'il y a une solution
37:15 très simple qui est celle qui est proposée
37:18 par le mycèle romain, qu'on pourrait appliquer.
37:21 C'est que la liturgie de l'Eucharistie,
37:23 tout le monde est tourné vers Dieu,
37:25 qui s'offre, le peuple s'offre,
37:27 s'unit, c'est-à-dire au sacrifice
37:30 offert à Dieu, dans le Christ,
37:33 notre unique sauveur.
37:35 Et d'une certaine manière, je dirais,
37:37 nous n'avons pas le choix.
37:39 C'est-à-dire que nous prêtres,
37:41 nous sommes à la fois les conducteurs
37:43 de la prière du peuple qui doit s'élever vers Dieu,
37:45 donc il y a une dimension physique
37:47 à cette orientation de l'autel,
37:49 et puis nous sommes portés par la prière du peuple.
37:53 C'est-à-dire notre sacerdoce n'est pas juste
37:56 une sorte de qualité qui nous est offerte personnellement.
37:59 Nous sommes ordonnés prêtres pour le service
38:02 du soin des âmes de nos fidèles.
38:04 Et donc, nous avons besoin derrière
38:07 d'avoir toute l'Église qui porte ce ministère
38:10 concentrée dans la célébration de l'Eucharistie,
38:12 où nous élevons tout ce sacrifice rédempteur
38:16 qui est le cœur battant de la vie de l'Église,
38:18 et le cœur battant du mystère de la rédemption.
38:22 Et donc, dans ce nœud-là,
38:24 dans cette espèce de force qui s'élève vers le Seigneur,
38:28 nous y saisissons le fameux admirable échange
38:33 qu'on trouve au cœur de la prière eucharistique,
38:35 ce fameux admirable échange où Dieu vient se donner aux hommes
38:38 pour que les hommes viennent plonger en Dieu.
38:40 Merci pour cette explication très claire.
38:42 Et puis, on va faire un dernier détour par l'histoire,
38:45 parce que malheureusement, cette émission,
38:47 il nous reste quelques minutes.
38:49 Véronique Jacquier, c'est l'exemple de Saint Pierre-Julien-Emmart.
38:53 On en a parlé tout à l'heure à propos des congrès eucharistiques.
38:55 Et ce qui est intéressant, c'est que grâce à cela,
38:58 il a pu toucher les milieux ouvriers de l'époque.
39:01 Oui, alors c'est très important parce qu'il a l'Eucharistie,
39:03 mais l'Eucharistie finalement donne la possibilité
39:06 d'avoir un carburant spirituel qui fait
39:09 qu'on est capable de se donner aux autres
39:11 et donc de toucher la population.
39:13 Alors juste pour resituer, Pierre-Julien-Emmart,
39:15 c'est un prêtre qui est né à la Mure, près de Grenoble, en 1811.
39:18 Il était tellement aimé de ses paroissiens d'ailleurs
39:20 qu'il a voulu rentrer chez les maristes,
39:23 donc avoir une vocation plus religieuse
39:25 et qu'il a dû quitter sa paroisse en cachette
39:27 pour ne pas que ses paroissiens le retiennent.
39:29 Bref, toujours est-il qu'ensuite, il a eu la vocation
39:31 de fonder cette congrégation du Saint-Sacrement en 1856.
39:36 C'était très, très important pour lui.
39:38 Donc adoration perpétuelle du Saint-Sacrement,
39:41 mais ça n'allait pas sans se préoccuper des autres.
39:44 Et à l'époque, évidemment, il s'agissait
39:46 de la population déchristianisée,
39:48 de la population très pauvre, très ouvrière.
39:51 Et grâce à l'Eucharistie, grâce à l'adoration perpétuelle,
39:54 grâce à l'énergie que lui-même insufflait
39:56 pour toucher cette population,
39:58 il a réussi à les faire revenir à la prière,
40:01 à l'adoration eucharistique et donc à la première communion.
40:05 C'est comme ça qu'on catéchisait les gens
40:07 quand ils étaient adultes, d'ailleurs, à l'époque,
40:09 parce qu'on communiait très peu, la communion était rare.
40:12 Il était l'un des rares à l'époque, d'ailleurs,
40:14 qui voulaient que la communion soit plus fréquente.
40:16 Et il a donc créé, à ce propos, l'œuvre de la première communion.
40:20 Merci Véronique.
40:21 Alors peut-être un dernier mot pour chacun.
40:23 Père François de Dieu, justement, cet exemple est frappant,
40:26 parce qu'il montre qu'à la fois, on peut avoir,
40:28 évidemment, le souci de l'eucharistie,
40:30 comme vous l'avez dans votre paroisse,
40:31 comme l'ont évidemment d'autres prêtres,
40:33 et en même temps, de toucher très largement.
40:36 Voilà, ce n'est pas réservé à une petite élite.
40:38 Et vous, par exemple, je donne un chiffre,
40:40 vous avez 75 enfants de chœur, ça veut dire quelque chose.
40:43 Effectivement, oui.
40:44 L'eucharistie remise au centre,
40:45 on comprend pourquoi on est là à l'Église.
40:47 On parlait tout à l'heure de cette élévation, finalement.
40:49 On comprend qu'on est là pour le Christ,
40:51 pour servir le Christ.
40:52 Les 75 enfants de chœur comprennent
40:53 qu'ils sont là pour servir le Christ,
40:55 et non pas pour rester dans l'Église,
40:57 ensuite, en quelque sorte, enfermés.
40:59 Pour nous, l'eucharistie, l'adoration tous les jours,
41:01 et tout ça, est vraiment un moteur de l'évangélisation,
41:05 le porte-à-porte, les missions de rute.
41:07 On ne pourrait pas se vivre s'il n'y avait pas
41:10 ce moment où on vient puiser dans l'eucharistie.
41:12 Il ne faut pas opposer l'action sociale
41:14 et l'action religieuse, de prière.
41:16 C'est fondamental.
41:17 Et puis même les processions,
41:18 nous avions la procession du Saint-Sacrement
41:20 dimanche dernier.
41:21 Quelqu'un qui n'est pas du tout pratiquant
41:22 me demandait "mais c'est quoi ?
41:23 Qu'est-ce qui s'est passé ?"
41:24 En fait, même la procession nous amène à parler,
41:28 et puis finalement, rayonne l'eucharistie
41:31 et centrale, et tout cela.
41:32 C'est essentiel.
41:34 On renvoie bien sûr à votre livre,
41:36 où vous décrivez notamment cette expérience
41:38 et vous plaidez aussi pour que les prêtres
41:40 puissent rester longtemps curés
41:42 de manière à pouvoir impulser une dynamique.
41:45 En fait, mon livre, c'est surtout redécouvrir
41:47 ce qu'est une paroisse,
41:48 ce qu'est un curé.
41:50 Parce qu'en fait, on parle beaucoup de la paroisse,
41:52 on parle beaucoup du curé,
41:53 mais on ne revient pas aux sources.
41:56 Une fois qu'on a compris ce qu'est une paroisse,
41:57 ce qu'est un curé,
41:58 une fois qu'on a compris que c'est l'Église en miniature,
42:00 d'où la place de l'eucharistie,
42:01 puisque l'Église est centrale dans l'Église,
42:06 et bien, une fois qu'on a compris ça,
42:08 on comprend que cette Église en miniature
42:10 a un pasteur qui se donne totalement à elle,
42:13 à l'image du Christ.
42:14 Père Benoît de Rohec, peut-être aussi un dernier mot,
42:16 puisque dans votre précédente expérience,
42:18 vous avez eu une expérience étonnante
42:19 avec l'eucharistie,
42:20 avec la redécouverte d'Hostie
42:22 qui avait été conservée pendant la Révolution
42:25 dans un sucrier qui est devenu doré,
42:28 ce qu'on appelle le miracle des Saintes Hosties,
42:30 et ça aussi, c'est très frappant,
42:31 et ça peut peut-être évangéliser le peuple
42:34 qui était dans cette paroisse ?
42:36 Tout à fait, je l'ai vécu comme un grand privilège
42:38 d'être nommé curé de cette communauté de paroisses
42:40 et d'être gardien du miracle des Saintes Hosties,
42:43 comme on l'appelle à Pézi à la Rière,
42:46 un miracle qui date quand même de la terreur,
42:48 et d'avoir eu la grâce avec mon évêque précédent
42:52 de pouvoir remettre au centre de l'église
42:55 des Saintes Hosties,
42:56 justement les Hosties du miracle
42:58 et ce fameux sucrier doré,
43:00 parce que j'y ai vu l'opportunité,
43:02 et je crois que c'est l'une de nos grandes préoccupations
43:05 à nous les prêtres,
43:07 c'est de rendre finalement aux âmes
43:10 qui nous sont confiées,
43:11 cette conscience de l'eucharistie
43:13 et la vraie ferveur des âmes,
43:15 c'est-à-dire cette espèce de force d'attachement
43:17 qui n'a pas d'explication physique, sentimentale,
43:20 qui est un attachement de l'âme,
43:22 et la manière de recevoir la communion,
43:26 la manière d'aimer Jésus dans l'eucharistie,
43:28 la manière d'aller à l'adoration,
43:30 la manière de faire des visites au Saint-Sacrement
43:32 dans la journée,
43:33 avec nos églises ouvertes s'il vous plaît,
43:34 etc., etc.,
43:36 en fait ça ne peut s'apprendre que
43:38 en comprenant la grandeur de l'héritage
43:41 qui est le nôtre,
43:42 et à travers les miracles eucharistiques,
43:45 donc celui dont j'ai pu être, par grâce,
43:48 le gardien pendant sept ans,
43:49 à travers les miracles eucharistiques,
43:51 c'est un témoignage de la grande importance,
43:54 finalement, de cet attachement de nos âmes
43:56 aux dons de Dieu.
43:58 - Anne Bernay, très rapidement, malheureusement,
43:59 parce que nous sommes très en retard,
44:00 peut-être un dernier mot,
44:01 c'est plein d'espoir ce qu'on vient d'entendre aujourd'hui ?
44:03 - C'est plein d'espoir,
44:04 mais ce qui me touche toujours énormément,
44:06 c'est que je vois très nombreux jeunes gens
44:09 qui se destinent au sacerdoce,
44:11 et je suis d'autant plus ému
44:12 que certains d'entre eux,
44:14 ils se reconnaîtront,
44:15 ils savent que je pense à eux en ce moment,
44:17 et bien, je les vois se heurter à des épreuves invraisemblables,
44:21 comme si nous avions trop de prêtres,
44:22 comme si nos évêques ou nos supérieurs
44:24 pouvaient se permettre de repousser certaines vocations,
44:27 et je me dis, mais après ce qu'ils ont subi,
44:30 ils ne seront non pas de bons prêtres,
44:31 ils seront des saints,
44:32 et c'est ça dont nous avons besoin,
44:33 trois curés d'Ars,
44:34 je dis à ces garçons,
44:36 avec ce qui n'attrape pas la grosse tête pour autant,
44:39 mais ils seront des curés d'Ars.
44:41 - Merci, merci beaucoup à tous d'être venus aujourd'hui.
44:44 Véronique, un dernier mot, donc,
44:46 pour signaler la une de France Catholique cette semaine.
44:49 - Oui, France Catholique qui fait sa une
44:51 et qui propose un dossier très très riche
44:53 sur Pascal, le philosophe,
44:55 dont nous célébrons la naissance le 19 juin,
44:58 400e anniversaire.
44:59 - Et puis la semaine prochaine, l'enquête d'esprit.
45:01 - Et bien, un très beau thème, comme toujours,
45:03 Rome et la France, la papauté et la France.
45:05 - Voilà, la France est-elle toujours la fille aînée de l'Église,
45:07 ou est-elle infidèle, comme le dit le pape François ?
45:09 On en parlera.
45:10 Merci Aurélie Loukano,
45:11 aux équipes techniques de CNews,
45:12 merci d'avoir suivi cette émission.
45:14 Et l'info continue sur CNews.
45:16 Merci à tous !

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