• il y a 6 mois
Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans "Enquête d'Esprit" sur CNews et désormais sur Europe 1 à 13h.
00:05 Pendant que certains étudiants à Sciences Po se divisent sur Israël,
00:09 d'autres ont pris la route de Chartres en ce week-end de Pentecôte, direction la cathédrale Notre-Dame,
00:15 avec pour thème de ralliement "Je veux voir Dieu".
00:18 100 km en 3 jours, un défi physique mais surtout une expérience spirituelle qui attire de plus en plus.
00:24 Environ 18 000 pèlerins annoncés cette année pour le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté,
00:29 avec une moyenne d'âge de 23 ans.
00:32 Quelles sont les clés de cette soif, une soif spirituelle bien sûr, dans la jeunesse catholique de France ?
00:37 Quels sont les enjeux pour l'avenir de l'Église ?
00:40 De tout cela, nous allons parler. Véronique Jacquet, bonjour.
00:43 Bonjour Aymeric, bonjour à tous les invités.
00:45 L'abbé Jean de Macien qui est l'aumônier général du pèlerinage de Chartres,
00:49 François Ménson et Yael Morinière qui incarnent la jeunesse de Chartres.
00:54 Voilà, et tout cela c'est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:58 Tout de suite, les informations religieuses de la semaine.
01:01 Somaïa Labidi.
01:02 Bonjour Somaïa, et on commence par parler de la Turquie,
01:17 la Turquie qui continue de transformer les églises en mosquées.
01:20 Bonjour Aymeric, bonjour à tous.
01:22 Direction l'église Saint-Sauveur, joyeux du patrimoine chrétien byzantin
01:27 qui vient d'être transformée en mosquée, comme vous venez de le dire Aymeric.
01:31 Le point sur les enjeux de la politique de ré-islamisation du pays avec Éloiroche Brune.
01:36 Cette église, trésor du patrimoine byzantin depuis le 5e siècle, est désormais une mosquée.
01:44 Cet homme brandit fièrement un drapeau turc.
01:46 Acte de conquérant, jour où l'église Saint-Sauveur-Inkhora est officiellement convertie en mosquée.
01:52 La décision a été prise par le président Erdogan
01:55 qui a suivi en direct l'inauguration la semaine dernière.
01:58 Un acte politique dénoncé par certains
02:05 comme cette membre du Conseil international des monuments et des rites.
02:09 Bien sûr, il y a un intérêt politique derrière cela.
02:16 Il n'y a pas de besoin évident d'une mosquée, il y a d'autres mosquées juste à côté.
02:22 Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, en déplacement en Turquie,
02:26 a lui aussi fait part de son mécontentement.
02:29 Il a même demandé à son hôte de revenir sur sa décision,
02:32 ce que n'a pas accepté le président Erdogan.
02:35 La mosquée, sous sa nouvelle forme, restera ouverte à la visite.
02:40 Nous sommes déterminés à nous concentrer sur un programme positif
02:44 et sur des idées concrètes et constructives à cet égard.
02:50 A l'intérieur des fresques et des mosaïques datant du XIVe siècle,
02:54 certaines d'entre elles sont maintenant recouvertes au moment de la prière.
02:58 En quatre ans, Saint-Sauveur-Une-Cora et la deuxième église d'Istanbul
03:01 a été convertie après la basilique Sainte-Sophie en juillet 2020.
03:05 L'actualité au Proche-Orient, marquée par la visite du patriarche latin de Jérusalem,
03:11 le cardinal Pizzabella aux communautés chrétiennes de Gaza.
03:14 Une première depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
03:19 Dans le reste de l'actualité, le chantier du tunnel Lyon-Turin,
03:23 sous la protection de Sainte-Barbe, les mineurs qui y travaillent
03:26 ont érigé une chapelle en son honneur.
03:28 Une tradition séculaire de la plus haute importance,
03:31 comme nous l'explique le directeur territorial du projet.
03:34 En fait, on a ce type de chapelle, c'est la Sainte-Barbe,
03:38 c'est la sainte patronne des mineurs, des ouvriers, des pompiers également.
03:42 Et sur chaque chantier de tunnel, on a une Sainte-Barbe pour protéger le chantier.
03:47 Direction Perpignan, présent où les paroissiens fêtent les 700 ans
03:51 de leur cathédrale, le programme des festivités avec ce sujet signé
03:55 Alexandre Minguez et Éloi Rochebrune.
03:58 Entre ses mains, l'abbé Christophe Lefèvre tient une étrange relique.
04:04 Un avant-bras et une main appartenant à Saint Jean Baptiste,
04:07 illustre prophète de l'évangile et saint patron de la ville de Perpignan.
04:11 Vous remarquerez qu'il s'agit non pas d'ossements,
04:14 mais bien d'un membre momifié.
04:17 Il y a encore les traces des liens qui ont ligoté Saint Jean Baptiste.
04:22 La cathédrale regorge de trésors, mais le plus précieux est sans doute le plus petit.
04:27 Trois épines de la couronne du Christ, qu'il a portées lors de sa Passion.
04:31 Elles tiennent dans ce simple reliquaire que l'on expose avec cette statue de Sainte Hélène.
04:35 Ces reliques sont conservées à la cathédrale de Perpignan depuis très longtemps,
04:38 mais en réalité, on ne sait pas exactement en quelle année elles sont arrivées.
04:41 Toujours est-il que Perpignan a l'insigne privilégié de posséder sept épines de la couronne du Christ.
04:46 Les quatre autres épines qui sont conservées à l'église Saint Mathieu sont arrivées ici en 1285.
04:51 La cathédrale est aussi riche de part ses dimensions.
04:54 La seule nef mesure 80 mètres de long et 18 mètres de large.
04:57 Les travaux ont duré 185 ans.
05:00 La première pierre du chantier est exposée aux fidèles et aux visiteurs.
05:03 Jean-Luc Antoniazzi, historien et adjoint à la mairie de Perpignan,
05:06 nous fait découvrir les inscriptions qui y figurent.
05:10 Ici vous avez la première pierre de la cathédrale de Perpignan,
05:13 posée par Rex Sanche, le roi Sanche de Majorque,
05:18 Primus Lapis, et la datée est ici 1324.
05:26 700 ans donc pour la cathédrale Saint Jean-Baptiste,
05:29 au programme de cet anniversaire, des messes, des visites guidées,
05:32 des expositions ou encore des concerts, en l'honneur d'un des joyaux de la ville de Perpignan.
05:37 Et puis on termine ce journal avec le pèlerinage du frat à Jambville, dans les Yvelines.
05:42 Plus de 11 000 collégiens y participent.
05:44 Le père Philippe Neouze, le responsable, nous explique
05:47 un des points majeurs de ce rassemblement, la confession.
05:51 Pendant toute la durée du frat, le sacrement de la réconciliation est proposé.
05:56 C'est introduit lors de la première célébration,
06:00 où on les invite à vivre ce sacrement.
06:02 Certains y sont très habitués, d'autres beaucoup moins.
06:05 D'autres ne l'ont quasiment jamais vécu.
06:08 Les prêtres sont envoyés en mission, particulièrement pour faire vivre ce sacrement.
06:15 Il y a des prêtres qui vivent tout le pèlerinage avec les jeunes ici.
06:19 Et puis il y a des prêtres d'Ile-de-France qui viennent aider à certains moments
06:24 pour avoir des confesseurs supplémentaires.
06:26 Parce que dès lors qu'on propose le sacrement,
06:30 ils sont nombreux à demander à le vivre.
06:34 Voilà ce qu'il fallait retenir de l'actualité de la semaine.
06:38 Merci Sommeil Al-Abidi. Dans Enquête d'Esprit,
06:40 aujourd'hui nous parlons du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté à Chartres.
06:44 18 000 personnes, une grande majorité de jeunes.
06:48 Et pour en parler, nous sommes avec l'abbé Jean de Massia.
06:50 Bonjour, merci d'être avec nous.
06:52 Vous êtes l'aumônier général de ce pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté
06:56 depuis deux ans maintenant, prêtre de la fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
07:00 Et donc aussi en charge de l'animation spirituelle de ce pèlerinage.
07:05 C'est une grosse machine, vous nous en parlerez.
07:07 Avec nous également François Minson, bonjour.
07:10 Bonjour Monsieur.
07:11 Merci d'être avec nous. Vous êtes étudiant à Sciences Po,
07:13 vous êtes un converti, c'est votre deuxième pèlerinage.
07:16 Et cette année justement, vous êtes chef de chapitre d'étudiants.
07:21 Ça s'appelle Saint-Benoît-Joseph-Lambre.
07:24 Et puis avec nous également Yael Morinière, bonjour.
07:26 Bonjour.
07:27 Vous êtes étudiante en droit public, doctorante.
07:30 C'est votre premier pèlerinage cette année.
07:32 Vous avez la particularité d'être...
07:34 Vous venez d'être baptisé à Pâques
07:36 et vous venez par votre famille du monde juif.
07:39 Voilà, vous nous parlerez aussi de votre témoignage de foi.
07:42 Et puis Véronique, vous nous direz aussi
07:44 comment est-ce que ce pèlerinage s'inscrit dans l'histoire longue de la France.
07:49 Tout d'abord, Monsieur l'abbé de Massia,
07:52 un mot quand même sur la fête du jour, la grande fête de la Pentecôte.
07:55 Pour les chrétiens, qu'est-ce que c'est la Pentecôte ?
07:57 L'Esprit-Saint, troisième personne de la Trinité,
07:59 qui descend sur les apôtres, qui les envoie témoigner dans le monde entier.
08:03 Ça veut dire qu'il y a une dimension intérieure à cette fête,
08:06 l'Esprit-Saint qui vient dans les âmes,
08:08 mais aussi extérieure avec la foi, pour la première fois,
08:11 qui se manifeste publiquement aux yeux de tous.
08:14 Exactement, 50 jours après Pâques,
08:17 les apôtres sont dans le cénacle, ils attendent.
08:20 Et voilà que l'Esprit-Saint, sous la forme de langue de feu,
08:22 vient et entre en eux.
08:25 Et puis, je pense qu'on peut décrire la Pentecôte
08:27 par trois changements très visibles.
08:30 Ils étaient craintifs, enfermés,
08:33 et voilà qu'ils ont le courage de parler du Christ.
08:36 Ils étaient muets et ils se mettent à parler.
08:39 Ils étaient renfermés et ils sortent.
08:41 Et je crois que ça décrit bien ce qui se passe
08:45 lorsque nous recevons l'Esprit-Saint,
08:47 qui nous pousse à témoigner de la foi, à annoncer l'Évangile.
08:51 C'est le premier serment de l'histoire du christianisme,
08:54 de Saint-Pierre. Il fait 3000 baptêmes,
08:57 il touche les cœurs.
08:59 Ce n'est pas la force de la parole, c'est la force de l'Esprit-Saint
09:02 qui a marché en eux.
09:04 Et donc, nous pèlerinons aussi à la Pentecôte
09:07 pour manifester ce témoignage public, extérieur de la foi,
09:10 cette envie d'annoncer le Christ autour de nous.
09:13 Justement, on va voir cela au cours de cette émission.
09:15 François Menson, c'est votre deuxième pèlerinage.
09:17 Est-ce que vous faites un lien, là aussi,
09:19 avec la fête de la Pentecôte, la grande fête de la Pentecôte,
09:22 et puis ce pèlerinage qui réunit quand même une certaine diversité ?
09:26 Il y a entre 30 et 40% de gens qui n'appartiennent pas
09:30 à ce qu'on appelle le monde traditionnel,
09:32 attachés, pour faire simple, à la messe en latin,
09:35 qui viennent malgré tout à ce pèlerinage.
09:38 Oui, parce que la Pentecôte, c'est aussi le moment
09:41 où se fonde l'Église. L'Esprit-Saint vient fonder l'Église.
09:44 Et là, je pense qu'on vit un vrai moment d'Église
09:47 et de diversité, on va dire des parcours des gens,
09:50 mais aussi, je pense, par la diversité des âges.
09:52 Moi, c'est ce qui m'avait beaucoup marqué l'année dernière,
09:54 voir toutes les familles, autant d'enfants.
09:56 Et surtout, quand on n'a pas grandi dedans,
09:58 je pense que c'est un choc très touchant.
10:00 Notamment, moi, ce qui m'avait bouleversé l'année dernière,
10:03 c'était les enfants à l'adoration.
10:05 Et un papa, je l'ai eu avec ses trois fils,
10:07 qui leur expliquaient, "Écoute, là, Jésus est là,
10:09 tu peux lui parler, ouvre-lui ton cœur."
10:11 La transmission de la foi, aussi,
10:14 tend le concret au pèlerinage.
10:16 Il n'y a pas que des jeunes.
10:18 - Yael Morinière, je le disais,
10:19 vous venez par votre famille du judaïsme.
10:22 La Pentecôte reprend la fête de Shavuot,
10:25 qui rappelle le don des dix commandements à Moïse.
10:28 Ce sera votre premier pèlerinage.
10:30 Comment est-ce que vous vous associez, finalement,
10:33 votre situation actuelle, en tant que nouvelle baptisée,
10:36 ce pèlerinage de Pentecôte,
10:38 et puis vos racines issues du judaïsme ?
10:40 - Alors, pour moi, il y a totalement une continuité
10:42 entre mon identité juive et ma conversion au christianisme.
10:45 Pour moi, ma conversion, c'est vraiment
10:47 le prolongement naturel de ce que j'étais.
10:49 Et je n'y vois pas du tout une contradiction,
10:51 ou une négation.
10:53 Donc, je suis très heureuse de célébrer la Pentecôte,
10:57 parce que, voilà, la Shavuot, comme vous l'avez dit,
10:59 ça fait partie...
11:01 C'est une fête très importante dans la tradition du judaïsme.
11:04 Et je marche au pèlerinage de Chartres,
11:08 en tant que juive catholique.
11:10 Et voilà, c'est important pour moi de...
11:13 de montrer, voilà, qu'il y a vraiment une continuité
11:17 pour les juifs qui acceptent cette nouvelle alliance.
11:19 - Alors, vous nous parlerez, bien sûr, au cours de cette émission,
11:21 de votre parcours jusqu'au baptême, cette année.
11:24 On va partir un peu dans l'histoire
11:27 pour comprendre les racines de ce pèlerinage vers Chartres.
11:31 En tout cas, c'est une tradition qui a été relancée
11:34 au XXe siècle,
11:36 et notamment avec l'écrivain Charles Péguy,
11:39 le récit d'Éloi Rochebrune.
11:41 - La cathédrale de Chartres a accueilli d'illustres pèlerins.
11:46 Le plus proche d'entre nous est sans doute le poète Charles Péguy.
11:49 Il accomplit le pèlerinage en juin 1912.
11:52 C'est une étape de son parcours de conversion.
11:54 144 km en 3 jours, raconté dans un fameux poème,
11:58 "Une ode à la bosse et à la Vierge Marie".
12:01 Dans les années 30, ce sont les étudiants parisiens
12:03 qui reprennent le flambeau.
12:05 Après la Seconde Guerre mondiale,
12:07 l'abbé Maxime Charles, aumônier de la Sorbonne,
12:09 emmène jusqu'à 10 000 jeunes sur les chemins de la bosse.
12:12 L'un de ses disciples, l'abbé Gitton, se souvient.
12:15 - Chaque réalité étudiantine se prolongeait
12:18 dans un chapitre à Chartres.
12:20 C'était de donner un but concret à toute l'activité d'une année
12:25 pour des formations, de prières, d'évangélisation,
12:29 et de donner un but sensible.
12:32 - Entre les années 60 et les années 80,
12:34 le pèlerinage tombe en désuétude
12:36 avec l'effondrement de la pratique religieuse.
12:38 Il faudra donc un déclic.
12:40 Ce déclic s'appelle Jean-Paul II.
12:42 En 1980, lors d'un voyage en France,
12:44 le pape polonais interpelle les catholiques français.
12:47 - Fille aînée de l'Église,
12:50 es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
12:58 - Rémy Fontaine veut répondre à cet appel.
13:01 Avec un groupe d'amis, il relance
13:03 le pèlerinage des jeunes à Chartres.
13:05 - Nous avons été aidés par un modèle qui existait à l'époque.
13:09 C'était le pèlerinage chez Sokova en Pologne,
13:12 d'où venait le pape Jean-Paul II.
13:15 Nous avons été émerveillés par une chrétienté en marche,
13:20 par un peuple très religieux, en plein pays communiste.
13:24 - Année après année, le pèlerinage prend de l'ampleur,
13:27 accueillant même des délégations du monde entier.
13:30 - Quand on voit les fruits apportés par ce pèlerinage,
13:33 on en est forcément fiers.
13:36 Le pèlerinage, c'est un vaisseau marial dans le temps
13:41 qui a ses encres dans le ciel, par la prière et par la pénitence.
13:45 Avec trois grandes voiles qui ont pour nom,
13:48 tradition, chrétienté, mission.
13:51 - Ce week-end, 18 000 personnes participent
13:54 à la 42e édition du pèlerinage.
13:57 - Abbé Jean de Massia, cet esprit des origines,
14:00 1983, le premier pèlerinage de chrétienté,
14:04 vous étiez 500 à l'époque, aujourd'hui vous êtes 18 000.
14:07 Cette comparaison avec Tchestokova, le pèlerinage polonais,
14:13 on est en plein dans les émeutes de Solidarnosc
14:16 contre le régime communiste, il y avait un esprit de résistance.
14:20 Est-ce qu'on peut faire une comparaison
14:22 avec le pèlerinage français et le pèlerinage d'aujourd'hui ?
14:25 Résistance peut-être à la déchristianisation ?
14:28 - Je crois que le mot doit être dit, il fait partie de nos origines,
14:31 résistance respectueuse mais tenace.
14:34 Je n'étais pas né en 1983, mais mon oncle Rémy Fontaine y était,
14:40 mon père aussi, et je crois que d'après ce qu'ils m'ont raconté,
14:43 ils ont lancé ce pèlerinage, merci d'avoir mis cet extrait
14:46 de Pape Jean-Paul II, ça a été vraiment le déclic, ça c'est certain.
14:49 Ils l'ont lancé pour réagir à deux crises qu'ils voyaient,
14:52 l'une dans la société, une société qui se déchristianisait,
14:56 qui refusait ses racines chrétiennes, un christianisme
14:59 qui n'arrivait plus à influencer dans la société.
15:02 Nous croyons que le Christ nous demande de baptiser les nations
15:07 et ainsi ça a donné le mot chrétienté.
15:09 Et puis l'autre crise, c'est une crise de l'Église,
15:11 une crise dans l'Église, à la suite d'une sorte de vent de révolution
15:15 qui a soufflé après la réforme liturgique,
15:17 et dans laquelle on a eu l'impression que l'Église,
15:20 ou en tout cas une partie, n'assumait plus son passé doctrinal, liturgique,
15:25 et ça a donné le mot tradition.
15:27 Tradition, une continuité dans la doctrine et dans la liturgie.
15:31 Ainsi, tradition et chrétienté sont les deux piliers du pèlerinage
15:35 et nous sommes persuadés qu'ils sont missionnaires,
15:37 nous le voyons, et ça a donné tradition, chrétienté, mission.
15:40 Voilà ce qu'est le pèlerinage de Chartres à son origine,
15:42 voilà ce qu'il est toujours, je crois, même s'il a évolué,
15:45 il a grossi, il est devenu plus important, plus divers aussi.
15:48 Mais dans les engagements de l'association en termes de chrétienté,
15:52 nous portons toujours cette idée d'exigence,
15:55 d'exigence sur la foi et d'exigence de chrétienté.
15:58 Ça c'est quelque chose de très important,
16:00 qui est d'ailleurs dans le nom même de notre pèlerinage,
16:02 Notre-Dame de Chrétienté.
16:04 Mais la chrétienté aujourd'hui, ça peut paraître une utopie,
16:07 si jamais d'ailleurs, historiquement,
16:09 elle a tenté qu'elle ait existé, effectivement, historiquement,
16:12 parce que les hommes sont ainsi depuis l'origine de l'humanité,
16:16 il y a le péché originel, donc finalement,
16:19 qu'est-ce que ça veut dire concrètement pour vous
16:22 de revendiquer la chrétienté aujourd'hui ?
16:25 Ce n'est pas une nostalgie du Moyen-Âge,
16:27 ce n'est pas une vision de chevalier en armure
16:30 et de Jeanne d'Arc qu'on voudrait reproduire aujourd'hui.
16:33 Non, la chrétienté, c'est l'idée du Christ Roi,
16:35 l'idée du Christ qui doit régner,
16:37 non seulement sur nos cœurs, à l'intérieur de nous,
16:39 mais aussi dans les sociétés,
16:41 parce que nous avons besoin de cet environnement chrétien
16:43 pour transmettre la foi, éduquer les enfants,
16:45 pour que l'âme respire, en fait.
16:47 Il n'y a pas que la foi intérieure,
16:49 elle a besoin d'un cas, d'une ambiance,
16:51 je crois que le mot est là,
16:53 d'une ambiance chrétienne pour pouvoir se développer.
16:57 Alors, nous n'allons pas rebâtir des nations catholiques,
17:00 en tout cas pas aujourd'hui,
17:02 mais il y a peut-être un minimum que nous demandons
17:04 et pour lequel nous nous battons, nous militons,
17:06 le mot militant, le combat pour le Christ,
17:08 c'est qu'au moins la loi naturelle soit respectée,
17:10 l'éducation catholique puisse être entière,
17:14 la liberté religieuse,
17:16 et que l'esprit chrétien influence à nouveau les décisions...
17:22 - Ce n'est pas uniquement du registre du domaine privé.
17:24 - Ce n'est pas uniquement du registre du domaine privé, la foi, oui.
17:27 - Alors on va demander à nos deux jeunes de réagir,
17:29 mais juste avant, une question de Véronique Jacquier.
17:32 - Oui, mais comment, qu'est-ce que vous dites justement
17:34 à ces jeunes qui sont en route vers Chartres,
17:37 sur la façon de s'investir hors du domaine privé ?
17:41 Parce qu'une fois que le pèlerinage est terminé,
17:44 qu'est-ce qu'on fait finalement de tout ce qu'on a reçu ?
17:47 - On continue le pèlerinage.
17:49 C'est-à-dire que je dirais que pendant les trois jours,
17:51 on essaye de résumer ce que doit être l'attitude d'un catholique
17:54 dans la cité, dans la société.
17:56 D'abord une conversion personnelle, c'est en étant nous-mêmes lumineux
17:59 qu'on pourra éclairer ensuite le reste du monde.
18:02 Ensuite le témoignage public. Il faut oser parler de Jésus-Christ.
18:04 Je crois que c'est ça le message aussi de la Pentecôte,
18:06 d'être capable de sortir du cénacle et de dire
18:09 "Jésus-Christ est mort et ressuscité, convertissez-vous,
18:11 croyez en l'évangile pour la rémission des péchés".
18:14 C'est le premier serment de Saint-Pierre, il faut avoir le courage de le dire.
18:17 Après c'est la grâce qui agit sur les âmes.
18:20 Mais déjà, si on avait des catholiques capables
18:23 d'être fiers de leur foi, de l'exprimer extérieurement,
18:26 non pas dans une combativité amère ou acerbée,
18:29 mais dans une joie qui rayonne autour d'eux,
18:31 je crois que les choses iraient mieux et que les gens comprendraient
18:34 que la paix du Christ, c'est quand même la meilleure des paix qui soit.
18:37 - Alors justement, François Ménson, c'est votre deuxième pèlerinage,
18:40 comment est-ce que vous vivez cette dimension à contre-courant
18:43 de cette démarche de pèlerinage vers Chartres ?
18:46 Vous qui êtes étudiant à Sciences Po, on imagine que
18:49 les valeurs que vous partagez, défendez, ne sont pas forcément
18:52 partagées justement par vos condisciples.
18:55 - Moi ce qui d'abord me parle dans ce qu'a dit l'abbé de Massia,
18:59 c'est le rapport à l'exigence et qu'on peut trouver dans l'église
19:03 des endroits où les gens assument leur foi, publiquement.
19:05 Moi ce que j'ai aimé au pèlerinage de Chartres, c'est que justement,
19:09 il y avait cette exigence, c'est vous ne l'assumerez bien
19:12 que si vous êtes saint.
19:14 Et c'est d'abord cette exigence à la sainteté et à la conversion intérieure
19:17 qui ensuite rejaillit, et c'est ça moi qui m'avait tant touché.
19:21 Et c'est ça, continuer le pèlerinage, c'est-à-dire continuer à se sanctifier
19:24 tous les jours, et comme ça au moment où il faut être témoin,
19:27 le moment où il faut être apôtre, on sait le faire, parce que justement,
19:30 on vit de cet esprit saint qu'on reçoit à la plaine de côte.
19:34 - Et je trouve ça assez touchant, parce que c'est l'inverse
19:37 de ce que je vis à Sciences Po, de jeunes qui veulent refaire le monde,
19:42 qui veulent qu'on leur dise oui à tout.
19:44 Et là vous avez, il n'y a pas 18 000 jeunes, mais il y a des milliers
19:47 de jeunes qui disent, ça me fait souvent penser à Jean VI,
19:51 vous savez, après le discours sur le pain de vie, où le Christ
19:54 se tend vers ses disciples après que tout le monde l'ait abandonné,
19:56 et il leur dit "Est-ce que vous aussi vous allez me lâcher ?"
19:59 - Abandonner, ouais.
20:00 - Et là Pierre lui dit "Mes seigneurs, où irions-nous ?
20:02 Tu as les paroles de la vie éternelle."
20:04 Et là on a des milliers de jeunes qui disent "Mais où irions-nous d'autres ?
20:08 Tu as les paroles de la vie éternelle."
20:10 Qui disent ça à l'Église.
20:11 Je pense que l'Église devrait se laisser interpeller la société,
20:14 ouais, toute la société.
20:16 - Et El Mourinière, vous reconnaissez dans cette démarche,
20:18 vous pour qui c'est le premier pèlerinage ?
20:21 - Oui, oui, moi je pense que j'ai eu la chance aussi de rencontrer
20:24 des catholiques qui étaient très fiers de leur foi,
20:26 et c'est ça qui m'a aussi convertie, c'est qu'ils ont osé en parler.
20:30 Et je suis très d'accord avec vous quand vous dites qu'il faut oser le dire
20:35 et il ne faut pas tomber dans le catholicisme des missionnaires,
20:37 quand vous parlez.
20:39 Moi quand je vois les images de Chartres, je ressens vraiment une fierté
20:42 de faire partie de cette famille chrétienne.
20:44 - Alors on va, juste après une courte pause, s'interroger sur justement
20:49 les raisons de cette soif spirituelle chez les jeunes.
20:52 Jeunes qui se dirigent donc vers Chartres au cours de ce pèlerinage
20:57 Notre-Dame de Chrétienté.
20:58 Vous restez avec nous et on reprend tout de suite après la pub.
21:01 De retour dans Enquête d'Esprit, nous parlons du pèlerinage Notre-Dame
21:05 de Chrétienté à Chartres, sur CNews et Europe 1,
21:09 et de cette soif spirituelle des jeunes en compagnie de l'abbé Jean de Massia
21:14 et les aumôniers général du pèlerinage, François Menson, étudiant,
21:17 et Yael Morinière également, qui participent à ce pèlerinage
21:21 et cette émission, vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire
21:24 France Catholique.
21:25 Alors, quelques chiffres malgré tout sur ce pèlerinage.
21:29 Une moyenne d'âge de 23 à 24 ans, on l'a dit, c'est une organisation
21:33 impressionnante, 350 prêtres religieux et séminaristes,
21:37 1000 bénévoles pendant l'année pour travailler à cette logistique
21:41 considérable, c'est donc une petite ville.
21:43 30 à 40% environ de non-habitués à la messe en latin, on en parlera,
21:49 c'est une des spécificités de ce pèlerinage et c'est aussi
21:52 cette attraction un phénomène récent.
21:55 Alors, il y a aussi, outre les chiffres, bien sûr, l'objectif qui est Chartres,
22:01 la cathédrale de Chartres et cette cathédrale, Véronique,
22:04 s'inscrit dans la longue histoire de France, elle a une place
22:07 extrêmement importante, racontez-nous.
22:10 Alors, d'abord, c'est un miracle de voir la cathédrale debout
22:13 et si belle quand on sait tout ce qu'elle a traversé.
22:16 Alors, il y a d'abord une première cathédrale détruite par les vikings
22:19 en 858, deuxième cathédrale, une cathédrale romane, un incendie
22:24 en 1194 n'épargne que la crypte et une partie de la façade occidentale
22:28 et donc la troisième cathédrale gothique que nous connaissons
22:31 aujourd'hui, qui a été construite en 25 ans, c'est un record absolu.
22:36 Elle a donc ces fameux vitraux qui signent la couleur du bleu
22:39 de Chartres, dédicace de cette cathédrale en 1260, donc 13e siècle.
22:44 Et puis en 1836, encore un incendie, il ravage la toiture
22:48 et la charpente en bois, mais heureusement, épargne tout le reste.
22:51 Et alors, une relique qui fait la singularité de Chartres,
22:54 à échapper à tous les incendies, à toutes les vicissitudes du temps,
22:58 c'est le voile de la Vierge Marie, offert par Charles Le Chauve
23:02 en 876, une relique qu'il tenait de son grand-père Charlemagne,
23:07 un voile qui est recensé à Constantinople au 5e siècle.
23:11 Par ce geste, Charles Le Chauve consacre, en fait,
23:15 dès le 9e siècle, la cathédrale, comme un grand centre de pèlerinage.
23:20 C'est évidemment ce qu'elle va devenir immédiatement,
23:22 parce que cette relique, c'est l'une des plus grandes
23:24 et des plus belles de la chrétienté.
23:25 Et donc, il y a un culte marial qui devient omniprésent.
23:29 Il faut savoir que la relique du voile de la Vierge,
23:31 qui est un tissu de soie, a été expertisée en 1927
23:35 par les Soiries de Lyon.
23:36 Il a été daté du 1er siècle de notre ère, avec une technique
23:40 de tissage qui correspond à ce qui se faisait en Palestine.
23:43 Et de nombreux visiteurs célèbres sont bien entendus venus prier
23:47 et s'incliner devant cette relique.
23:49 Saint Louis, en 1260, il assiste à la dédicace de la cathédrale.
23:53 Henri IV, qui va se faire couronner roi de France à Chartres, en 1594.
24:00 Et puis, de nombreux saints, bien entendu, sont venus à Chartres.
24:03 Vincent de Paul, François de Sales, Louis-Marie Grénion de Montfort.
24:06 On n'oublie pas les artistes, les écrivains et les poètes
24:09 jusqu'à nos jours, bien entendu.
24:11 Il y a eu le sculpteur Rodin, on a parlé de Charles Péguy,
24:14 mais il y a eu aussi l'écrivain Marcel Proust.
24:17 Et aujourd'hui, chaque année, il y a un million de visiteurs
24:20 qui viennent à Chartres.
24:21 Voilà, donc un glorieux héritage.
24:22 Merci beaucoup Véronique.
24:23 Abbé Jean de Massiat, je rappelle que vous êtes
24:25 l'aumônier général de ce pèlerinage.
24:27 Cette dimension donc mariale liée à la cathédrale de Chartres,
24:30 elle est aussi très importante au cours du pèlerinage ?
24:32 Oui, absolument.
24:33 Le nom même de l'association Notre-Dame de la Chrétienté,
24:37 Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Chartres, cette itinéraire.
24:40 Et je dirais, Marie, on pourrait en faire plus d'une émission,
24:43 peut-être que l'un des axes qui est le plus fort au pèlerinage,
24:47 c'est Marie Refuge des Pêcheurs.
24:49 Si on va à Chartres, c'est qu'on est des pêcheurs.
24:51 On n'est pas parfait, on n'est pas une élite...
24:54 On veut demander à la Vierge Marie de nous aider
24:57 dans notre combat spirituel.
24:58 Le premier, Charles Péguy, on dit qu'il est allé à Chartres
25:01 pour la guérison de son fils, il est aussi allé
25:04 pour un combat spirituel qu'il éprouvait,
25:06 pour un combat de fidélité à son épouse.
25:07 Il a demandé à la Vierge Marie de l'aider
25:09 dans son combat.
25:10 Et je crois que tous nos pèlerins, quand ils vont à Chartres,
25:12 ils prient le chapelet.
25:13 C'est la prière la plus répétée pendant tout le pèlerinage.
25:16 On dit trois rosaires par jour,
25:19 enfin le rosaire tous les jours au moins.
25:21 Et il y a cette parole, "Priez pour nous maintenant
25:24 et à l'heure de notre mort", on demande, pauvres pêcheurs,
25:26 "Priez pour nous maintenant et à l'heure de notre mort".
25:28 Voilà l'attitude du pèlerin qui fait bénédence,
25:31 et qui demande, voilà, l'attitude de l'humilité
25:33 vers la Vierge Marie qui était au pied de la croix
25:36 et qui intercède pour nous, pour notre salut.
25:38 - Yael Morinière, vous êtes une jeune pèlerin,
25:41 c'est votre premier pèlerinage.
25:42 Vous avez eu du mal à intégrer cette dimension
25:46 de la Vierge Marie dans la foi catholique
25:48 au cours de votre chemin de conversion ?
25:50 - Oui, parce que ma porte d'entrée, c'est vraiment le Christ.
25:53 Je pense que je suis en train d'accepter Marie dans ma foi,
25:57 donc ce sera un moyen de me réconcilier avec elle.
26:00 Je pense que j'ai été très tentée par l'argument protestant
26:03 de dire que c'était un peu de l'idolâtrie.
26:04 Mais finalement, en relisant le premier miracle du Christ,
26:10 je comprends que c'est grâce à sa mère qu'il le fait.
26:13 - Donc le noce de canard.
26:15 - Voilà, le noce de canard.
26:16 Et donc à partir de ce moment-là, ça m'a quand même
26:18 un petit peu réconciliée avec Marie.
26:20 Et j'espère que ce pèlerinage sera une manière
26:23 de l'accepter plus dans le cœur de ma foi.
26:26 - François Ménson, il y a une dimension,
26:28 on a parlé des chiffres tout à l'heure de ce pèlerinage,
26:31 c'est quand même très concret,
26:32 mais ça fait plus de 100 kilomètres en trois jours.
26:35 Ça veut dire qu'on marche beaucoup, c'est un effort intense,
26:38 un défi physique, peut-être un exploit sportif pour certains.
26:42 Mais en tout cas, comment est-ce que vous,
26:44 qui avez déjà fait le pèlerinage, avez vécu cette dimension
26:47 de l'effort et de sortir aussi de son confort ?
26:50 - On est quand même la religion de l'incarnation.
26:54 Et on ne peut pas être chrétien dans son canapé.
26:56 C'est ça, c'est certain.
26:58 Il y a un appel à la pénitence très claire
27:01 du Christ dans l'Évangile.
27:02 Le Fils de l'homme n'avait pas d'endroit
27:04 où reposer sa tête.
27:05 Et c'est saint Bernard qui dit
27:07 "Il n'y a rien de plus insupportable qu'un membre délicat
27:09 sous un chef couronné d'épines."
27:11 Et si le Christ nous montre cet exemple
27:14 de ce zèle qu'il a déployé avec une constance admirable,
27:18 et évidemment, il nous a appelés à faire pénitence,
27:21 en tant que chrétien, on doit obéir.
27:24 Et aussi, c'est ça la charité chrétienne,
27:27 c'est-à-dire d'accepter de souffrir,
27:29 de renoncer à certaines facilités du quotidien,
27:33 à certains conforts, pour nous, mais aussi pour les autres.
27:36 Que la pénitence est un moyen d'obtenir des grâces,
27:38 non seulement pour les vivants, mais aussi pour les morts.
27:41 Je pense à beaucoup de personnes de mon chapitre
27:43 qui vont marcher avec un défunt dans leur cœur
27:45 pour demander que cette âme du purgatoire
27:48 puisse rejoindre la béatitude céleste.
27:51 Et ça, c'est extraordinaire, c'est la communion des saints.
27:53 C'est un trésor, je pense.
27:54 Mais cette dimension de pénitence à Abbé Jean de Massia,
27:56 est-ce que c'est ça qui attire ?
27:58 Parce que finalement, quand même, on se dit
28:00 aujourd'hui c'est difficile de parler de la pénitence,
28:02 de souffrir, c'est une dimension de la foi
28:05 qu'on a plutôt tendance à rejeter.
28:07 Et en même temps, on comprend aussi
28:09 cette réaction humaine, purement humaine.
28:11 Qu'est-ce qui fait que finalement, tous ces jeunes-là,
28:14 qui ne sont pas forcément, encore une fois,
28:15 des piliers de l'Église, acceptent cette dimension ?
28:21 Expliquer le succès, c'est difficile pour nous,
28:24 et je pense que la Providence y est pour beaucoup.
28:27 Si on voulait trouver une raison,
28:29 je dirais que le mot "exigence",
28:30 et on l'a dit déjà plusieurs fois,
28:32 est vraiment significatif.
28:34 Les jeunes qui sont en soif d'une certaine exigence,
28:37 exigence de prière, exigence de pénitence, justement,
28:41 exigence d'effort, ils comprennent que le ciel
28:44 se mérite aussi, qu'ils ont besoin de sortir
28:49 de ce monde matérialiste trop confortable
28:51 qui endormit l'âme, qui l'assoupit,
28:54 qui l'empêche de penser aux réalités surnaturelles.
28:57 Et c'est vrai qu'on dit au pèlerinage,
28:58 "La sainteté rentre par les pieds",
29:00 et on les voit souffrent réellement.
29:03 Ce n'est pas une démarche de santé, le pèlerinage.
29:07 Et pourtant, il y a une joie.
29:08 Il y a une joie qui rejaillit à la fin,
29:11 qui n'est pas une joie du monde,
29:12 qui est une joie de l'effort offert au Seigneur,
29:15 parce que dans le christianisme, le sacrifice est au cœur aussi,
29:18 et que par cette pénitence, on purifie notre âme,
29:23 et on la prépare pour le ciel.
29:25 Donc oui, je pense que les jeunes viennent pour faire pénitence.
29:28 - Et El Mourinière, c'est votre premier pèlerinage,
29:30 vous confirmez ?
29:31 Ça ne vous fait pas peur, cette dimension-là ?
29:33 - Non, mais après, c'est une question de personnalité.
29:35 Je pense qu'au départ, j'ai quand même une forte appétence
29:38 pour tout ce qui est assez radical.
29:42 Et oui, je comprends vraiment la valeur de la souffrance
29:46 pour se rapprocher du Christ.
29:48 Et ça me fait penser à cette phrase de Simone Veil,
29:50 qui disait que quand elle imaginait le Christ sur la croix,
29:52 elle commettait un péché d'envie.
29:54 Donc je pense que ça dépend des personnalités de chacun.
29:58 - Véronique Jacquet ?
29:59 - Oui, il faut peut-être s'arrêter quand même sur cette dimension
30:01 de la pénitence, ce n'est pas évident pour tous ceux
30:03 qui nous écoutent et qui nous regardent.
30:05 Pourquoi faut-il souffrir, ou pourquoi faut-il se dépouiller
30:10 finalement à travers la pénitence, pour accueillir
30:13 tout ce que le Christ propose ?
30:15 - Alors c'est d'abord vraiment l'un des grands messages
30:17 de l'Évangile, qui même "suive, porte sa croix,
30:20 et qu'il me suive".
30:22 Il y a de la pénitence parce que nous sommes pécheurs.
30:26 Il faut revenir à ça, c'est-à-dire qu'on s'est attachés
30:29 de manière trop forte aux choses de cette Terre,
30:31 on s'est comme enlisés dans la matière,
30:34 et on a du mal à en sortir.
30:35 Et pour se rapprocher de Dieu, il faut s'arracher.
30:37 On le sent bien, parfois on sent des liens entre nous,
30:40 des prisons intérieures, des habitudes, des addictions.
30:42 Beaucoup de pèlerins marchent aussi pour les addictions
30:44 et pour s'en libérer.
30:46 Et on sent que pour s'en libérer, il faut faire un effort sur soi.
30:49 Il faut s'arracher, ça fait un peu mal,
30:51 mais ça redonne la vraie joie, la pénitence à ce but-là.
30:56 - Yael Morinia ?
30:58 - Oui, c'est aussi que si le Christ se déploie
31:00 dans notre faiblesse, c'est quand on sera faible
31:02 aussi physiquement, peut-être que Dieu pourra
31:06 encore plus gagner du terrain en nous,
31:08 et demeurer en nous profondément.
31:10 - Ça veut dire aussi, tout ce que vous dites là,
31:12 actuellement, que ce pèlerinage, c'est pas un club de parfaits,
31:15 François Minson.
31:17 - Ça, c'est sûr.
31:19 Mais, oui, on vient faire pénitence,
31:23 mais moi, ce que je trouve très beau aussi,
31:25 c'est qu'on a quand même un Dieu
31:27 qui ne nous laisse pas seul là-dedans.
31:29 C'est-à-dire que nous, il est juste qu'on fasse pénitence,
31:31 mais pourtant, lui, il l'a fait avant nous.
31:33 À chaque fois qu'on souffre, il est déjà là.
31:36 Et on peut aller loin, loin, loin dans la souffrance,
31:38 le Christ sera toujours là.
31:40 C'est l'importance de méditer la passion
31:43 quand on est chrétien, je pense que c'est essentiel.
31:45 - C'est dire aussi l'importance du sacrement de la confession
31:48 qui est proposé par tous les très mauvres prêtres.
31:51 - C'est évidemment de la contributé.
31:53 Vous avez cité le nombre de prêtres qui venaient,
31:55 ils ne font que confesser.
31:57 Ils ne font pas d'enseignement, ils confessent, ils confessent.
31:59 Ils donnent le sacrement de la pénitence
32:03 pour réconcilier les âmes avec Dieu.
32:05 Oui, le pèlerinage n'est pas un monde de parfaits.
32:08 On encourage les pèlerins à se confesser dès le samedi
32:10 pour se libérer, tout ça, dans les rues de Paris,
32:12 marcher le coeur libre.
32:14 On espère qu'ils arrivent à Chartres vraiment convertis.
32:16 C'est notre objectif, mais oui, nous mettons en marche
32:19 justement parce que nous sommes des pécheurs
32:21 et que nous avons besoin de ce pardon du Seigneur.
32:23 - François Minson ?
32:24 - Moi, je pense que c'est très important de dire tout ça
32:26 aux gens qui ont des a priori et qui pensent que
32:28 parce qu'on dit chrétienté, il y aurait une dimension
32:31 avant tout politique.
32:32 Je pense qu'il faut venir voir...
32:35 - La démarche, d'abord, spirituelle.
32:37 - La colonne, et ce sera évident.
32:39 En fait, c'est évident qu'on voit des files de confession
32:42 qui ne s'arrêtent pas au moment de la messe.
32:44 Les prêtres, toujours avec les toiles violettes,
32:46 qui confessent, qui confessent.
32:48 Et des jeunes, enfin, oui, c'est ça,
32:50 qui viennent d'abord prier.
32:52 C'est avant tout spirituel, mais je pense que...
32:54 Enfin, je ne demande pas aux gens de me croire sur parole.
32:56 Je leur dis "Venez et voyez".
32:58 Vous verrez qu'on est là pour devenir saint.
33:00 - Alors, il y a effectivement la beauté de la liturgie
33:02 qui attire ces jeunes de la messe,
33:05 mais il y a aussi les enseignements
33:07 qui sont prodigués tout au long de ces trois jours de pèlerinage.
33:11 Abbé Jean de Macia, vous avez choisi comme thème,
33:13 cette année, pour 2024, "Je veux voir Dieu".
33:15 "Je veux voir Dieu", c'est le cri de Sainte-Thérèse d'Avila,
33:18 enfant qui veut mourir martyr.
33:21 Voilà.
33:23 Et donc, pourquoi avoir choisi ce thème,
33:26 qui certes est une appellation enthousiasmante et interpellante,
33:31 mais qui se dirige aussi vers un horizon qui peut faire peur ?
33:35 - Tout à fait. "Je veux voir Dieu", c'est le titre, on va dire,
33:38 attirant, pour attirer le pèlerin.
33:41 Derrière, le thème qu'on va méditer,
33:44 c'est les fins dernières.
33:46 C'est ce qui se passe dans l'au-delà.
33:48 La mort, le jugement, le ciel, l'enfer.
33:51 On veut essayer... Et le purgatoire et la fin des temps.
33:54 On veut essayer de se rappeler que notre vie a un enjeu.
34:00 Je crois que c'est un message qui a été moins dit
34:03 ces dernières décennies, ça revient fort heureusement,
34:06 mais nous rappeler que nous avons une âme à sauver,
34:09 qu'il y a un enjeu de salut,
34:11 que nous sommes faits pour le ciel.
34:13 Le but principal, c'est de réveiller dans le cœur de nos pèlerins
34:16 le désir du ciel, l'envie d'aller au ciel,
34:19 ne pas trop s'installer sur la terre.
34:22 Les morts des saints ont toujours été très impressionnantes.
34:24 Sainte Thérèse d'Avila qui dit
34:26 "Il est temps de nous revoir, mon bien-aimé."
34:28 Et ça, c'est des choses qu'on voudrait réveiller
34:31 dans le cœur des pèlerins, mais aussi de leur rappeler
34:33 que c'est maintenant que ça se joue, pas après,
34:35 que nous serons jugés sur nos oeuvres, nous dit le Seigneur,
34:38 et que nous avons une liberté entre faire le bien
34:42 et être sauvés par le Seigneur,
34:45 et puis faire le mal.
34:47 Il y a ces deux chemins qu'on verra sur les tympans des cathédrales
34:50 et l'un conduit au ciel et l'autre conduit à l'enfer.
34:53 Il faut le rappeler. Je crois que c'est quelque chose
34:55 dont on parle moins aujourd'hui aussi,
34:57 mais rappeler que nous avons cette grande responsabilité
35:00 de nos actions, il y a bien sûr la grâce de Dieu
35:02 qui nous porte, mais que la vie est sérieuse.
35:07 Et il y a un au-delà que nous préparons dès maintenant
35:10 pour aller au paradis.
35:12 J'aurais rappelé cette phrase de Charles Péguy, à nouveau,
35:15 qui justement, à ce sujet, disait qu'il y avait
35:17 une amnésie de l'éternel.
35:19 Une belle formule qui dit bien Véronique Jacquet.
35:22 C'est une façon de réveiller les consciences
35:24 au moment où nous avons sur la table un projet de loi
35:27 pour permettre l'euthanasie et le suicide d'assister ?
35:31 C'est évidemment lié.
35:34 On avait choisi le thème avant, en réalité,
35:36 parce qu'en plein âge, on se prépare un an et demi à l'avance,
35:39 mais c'est vrai que les événements ont fait
35:42 que notre thème est vraiment d'actualité,
35:44 puisque vous savez, le mot "euthanasie",
35:46 en grec, veut dire "bonne mort".
35:49 Et c'est exactement l'inverse que le christianisme nous enseigne,
35:53 justement, la bonne mort dans le christianisme.
35:55 C'est la mort dans laquelle l'âme est prête
35:57 à rencontrer le Seigneur.
35:59 Et on offre cette épreuve dernière,
36:01 qui est la mort et une conséquence du péché originel
36:04 dans la foi chrétienne.
36:05 Ce n'est pas un moment facile, évidemment,
36:08 mais c'est un moment hautement spirituel, la mort.
36:10 C'est peut-être le moment le plus important de la vie,
36:13 celui dans lequel on met toute notre envie
36:17 d'aller au ciel ou de faire le bien,
36:19 et aussi dans lequel Dieu intervient le plus.
36:22 La mort est un moment providentiel,
36:24 un moment de rencontre, s'il a été préparé.
36:26 Et je crois qu'on est dans une société aujourd'hui
36:29 qui n'accepte pas la mort,
36:31 qui est dans le déni de la mort
36:32 parce qu'elle ne peut pas la contrôler.
36:34 C'est la dernière maladie, finalement,
36:35 qu'on n'arrive pas à guérir.
36:37 Et donc, soit on est dans le déni,
36:39 c'est-à-dire qu'on cache cette mort aux gens.
36:41 Autrefois, on mourait en société,
36:43 entourés de nos proches.
36:44 Maintenant, on isole cela.
36:46 Donc, soit on la cache,
36:47 soit, justement, on cherche à la contrôler.
36:50 Le déni de la mort a fait une société du meurtre,
36:54 disait un philosophe.
36:55 Et je crois que, oui,
36:56 l'euthanasie est vraiment l'opposé absolu
37:00 de ce qu'est la mort chrétienne.
37:02 La vie est un don de Dieu, la mort aussi.
37:05 La mort est le lieu du passage,
37:07 et il appartient à Dieu.
37:09 J'aimerais avoir une réaction
37:10 des deux jeunes participants à ce pèlerinage
37:12 sur ce thème, justement.
37:14 François Minson, peut-être, à commencer par vous,
37:16 puis Yael Morinière.
37:17 Sur le thème de...
37:18 "Je veux voir Dieu",
37:19 et cette question de la mort,
37:20 est-ce que c'est quelque chose
37:21 qui vous préoccupe au jour le jour
37:23 dans votre vie de croyant ?
37:24 Oui, maintenant, oui.
37:26 Au début, petit à petit,
37:29 et après, en réalité,
37:30 on comprend que c'est le cœur de tout.
37:32 Et de vivre, ça change la vie,
37:35 de vivre en vue du ciel,
37:37 de préparer son ciel ici-bas.
37:39 Et ça renverse, c'est ça, en réalité,
37:41 la conversion, c'est que ça renverse
37:43 toute la perspective,
37:44 qu'on ne pense plus aux gloires du monde,
37:47 mais aux gloires du ciel,
37:48 aux victoires du monde,
37:49 mais aux victoires du ciel.
37:50 Et notamment, ce que disait l'abbé de Massia
37:52 sur l'euthanasie,
37:53 on nous parle d'une mort dans la dignité,
37:56 mais l'esprit chrétien,
37:57 la mort dans la dignité,
37:58 est-ce que ce n'est pas celle
37:59 qui est proche du Christ ?
38:01 Aux yeux du monde,
38:02 la mort du Christ n'était pas
38:03 une mort très digne.
38:04 Mais nous, c'est cette mort-là
38:06 qu'on vient prêcher,
38:08 celle de l'amour.
38:09 Il y a le mort inné.
38:10 Oui, moi, par rapport à l'éternité
38:12 et au désir du ciel,
38:13 je dirais qu'avant mon baptême,
38:15 ce n'était pas forcément ça
38:17 qui était le cœur de ma foi.
38:18 J'étais simplement convaincue
38:20 par le fait qu'il y a un bien
38:21 et un mal objectif qui existent.
38:22 Il y a un bien et un mal objectif
38:23 qui existent en dehors de moi
38:24 et donc ça me suffisait
38:25 à avoir la foi.
38:27 Depuis le baptême,
38:28 j'ai vraiment expérimenté
38:30 que Dieu a mis un désir
38:31 d'éternité en moi
38:32 et que j'ai eu un avant-goût
38:34 de ce que va être le paradis.
38:36 J'ai eu une émotion des cieux
38:39 qui m'a vraiment donné une joie
38:41 très profonde.
38:43 Et maintenant, je comprends
38:44 que c'est le cœur de ma foi
38:45 et que ça ne peut pas être
38:46 un accessoire.
38:47 Et c'est surtout qu'avant,
38:51 quand il n'y avait pas ça,
38:52 on peut sombrer dans le désespoir.
38:54 Donc parler des fins dernières,
38:56 c'est aussi une manière
38:57 de parler du sens de la vie,
38:59 du seul sens qui existe.
39:01 C'est ça qui vous a conduit
39:03 dans votre chemin vers le baptême.
39:05 Je rappelle que vous venez
39:06 du monde du judaïsme
39:08 par votre famille.
39:09 C'est cette aspiration-là
39:11 qui vous a conduit ?
39:14 Non, je dirais que la dimension
39:15 eschatologique,
39:16 ce n'est pas forcément ça
39:17 qui m'a convertie
39:18 parce qu'avant,
39:19 je n'avais pas l'impression
39:20 que c'était la mort.
39:21 C'est quelque chose
39:22 que j'avais du mal à concevoir.
39:23 C'est plutôt la dimension morale
39:25 du christianisme.
39:27 Et quel est le meilleur modèle
39:28 à suivre, à savoir le Christ ?
39:30 Il n'y a pas de meilleur modèle
39:31 d'humilité que le Christ.
39:33 Mais maintenant,
39:34 depuis le baptême,
39:35 je ressens que j'ai un désir du ciel
39:38 et une peur de l'enfer,
39:40 une peur saine de l'enfer,
39:41 une peur pour les autres aussi,
39:42 qu'ils aillent en enfer,
39:45 que je n'avais pas avant.
39:46 Et ce n'est pas un accessoire.
39:47 C'est vraiment le cœur de la foi.
39:48 François Manson ?
39:49 La difficulté de ce sujet,
39:51 c'est qu'on a l'impression
39:52 que même l'Église, aujourd'hui,
39:54 n'est pas très conséquente
39:55 avec elle-même sur ce sujet.
39:57 On ne nous parle pas,
39:59 dans les catéchèses habituelles,
40:00 de nos âmes.
40:02 On ne nous parle pas du salut,
40:03 on ne nous parle pas du ciel.
40:04 On ne nous donne pas envie du ciel
40:05 ni même peur de l'enfer.
40:06 Il ne s'agit pas d'effrayer les gens,
40:07 mais de leur dire la réalité
40:08 de ce qu'est l'enseignement de notre foi.
40:10 C'est dans l'Évangile, c'est très clair.
40:12 Et ça, je pense que ça change tout.
40:14 Mais parfois,
40:15 ce qui m'a converti là-dessus profondément,
40:16 c'est la vie des saints.
40:18 Parce que là, quand je regarde la vie
40:19 qu'on nous demande dans l'Église, aujourd'hui,
40:21 et la vie des saints,
40:22 il n'y a rien à voir.
40:23 Donc, est-ce qu'on est schizophrène ?
40:24 Ou est-ce que, dans le fond,
40:25 à un moment, il faut choisir ?
40:27 Et quand on lit la vie des saints,
40:28 ce sont des gens qui inspirent,
40:29 ils soupirent tous les jours,
40:30 ils ne pensent qu'à ça,
40:31 qu'au ciel, qu'aux âmes,
40:32 qu'au bien, qu'à l'amour.
40:34 Et ça, c'est d'abord l'Église,
40:36 il faudrait, je pense,
40:37 qu'elle soit conséquente
40:38 avec elle-même là-dessus.
40:39 Alors l'Église,
40:41 en termes du catéchisme,
40:43 l'enseigne, l'enseigne toujours,
40:45 ce sont dans le livret de formation
40:47 qui est très important pour nous
40:49 et qu'on a fait pour que les pèlerins
40:51 puissent marcher avec,
40:53 tout vient du catéchisme de l'Église catholique.
40:55 C'est l'origine de la formation, en fait.
40:56 L'origine de la formation.
40:57 Mais l'Église catholique enseigne toujours ces vérités,
41:00 mais il est vrai qu'elles sont moins entendues,
41:02 moins répercutées.
41:04 Il y a eu une sorte de vent de rassurisme
41:06 dans les années 70,
41:08 une sorte de théologie Paul-Naref,
41:10 on ira tous au paradis.
41:12 Et ce qui fait qu'on s'est moins préoccupés de son salut.
41:16 Si le ciel n'est plus un enjeu
41:18 pour lequel il faut combattre,
41:19 finalement, la religion devient très horizontale.
41:22 Et donc, oui, c'est vrai que le thème des fins dernières,
41:24 on ne l'a pas choisi par hasard.
41:25 Il fait aussi partie de cette idée
41:27 de retrouver l'enseignement de Jésus-Christ tout entier,
41:30 et pas simplement de faire son marché
41:32 sur les choses qui nous plaisent ou qui ne nous plaisent pas.
41:33 Il est vrai que le Christ nous met en garde
41:35 contre l'enfer, nous parle du péché,
41:37 et il faut le rappeler, ça donne à la foi chrétienne
41:39 cette verticalité.
41:41 Tu parlais du salut, l'idée,
41:43 oui, quand même, le but, c'est le paradis.
41:46 On veut quand même que les gens, à la fin,
41:49 ils aient un furieux désir d'aller au ciel.
41:52 On n'est pas là pour leur faire peur uniquement.
41:55 Il y a une sainte crème de l'enfer, vous l'avez très bien dit,
41:57 mais elle nous pousse à désirer positivement le paradis
42:02 parce que c'est pour cela qu'on a été appelés.
42:05 Alors justement, ce chemin de conversion, finalement,
42:08 que vous mettez en œuvre à travers vos enseignements,
42:11 les enseignements de ce pèlerinage,
42:13 il nous reste quelques minutes, j'aimerais qu'on puisse
42:16 s'exprimer là-dessus sur ce désir de conversion
42:19 qui n'est pas limité à un pèlerinage.
42:22 Si c'est une fois par an, quelque part,
42:25 c'est beaucoup d'effort, mais il faut que ça se poursuive.
42:28 François, c'est votre deuxième pèlerinage,
42:31 est-ce que le pèlerinage c'est un en-soi
42:33 et puis une fois qu'on est rentré chez soi, c'est terminé ?
42:35 Comment ça se passe après ?
42:37 Le cœur du pèlerinage et le cœur de ce qui nous mène vers le ciel,
42:40 c'est la messe quand même.
42:42 Et ça, la messe, on peut y aller tous les jours.
42:43 Déjà tous les dimanches, c'est bien, mais il y a la messe tous les jours.
42:46 Et surtout cette messe, la messe traditionnelle,
42:48 quand on voit ces gens qui déploient autant de soucis
42:52 pour le moindre détail, pour justement être tournés vers le ciel,
42:56 parce que littéralement, on est tournés vers le ciel,
42:58 on est tournés vers la croix,
43:00 et ça, de se laisser guider par la liturgie,
43:03 de se laisser guider par la messe, par la vie des sacrements,
43:06 on peut le faire tous les jours.
43:08 Je pense que cette liturgie, en réalité, est un catéchisme vivant.
43:11 C'est merveilleux, en réalité, on se met à genoux et on se dit
43:15 "Oh mon Dieu, mais il y a nécessairement quelque chose derrière",
43:18 juste en voyant la beauté de cette liturgie.
43:21 Je pense que ça parle d'elle-même.
43:23 Yael Morinière, vous participez pour la première fois à ce pèlerinage,
43:26 c'est pour vous convertir,
43:28 vous venez de vous convertir d'une certaine manière,
43:30 parce que vous avez été baptisée à Pâques,
43:32 mais qu'est-ce que vous cherchez, finalement, à la fin ?
43:35 Je cherche surtout à me former, parce que je veux évangéliser,
43:38 et j'aimerais le faire d'une manière qui soit fructueuse.
43:44 Et après le pèlerinage, je compte faire des missions,
43:48 notamment avec Annunzio, pour aller évangéliser dans la rue.
43:52 - Depuis le baptême, je ressens... - C'est ça qui vous anime ?
43:55 Je ressens vraiment que j'ai un désir de convertir tout le monde autour de moi,
43:58 mes amis, ma famille, tout le monde,
44:00 et je veux me former à ça.
44:02 Et je sais qu'il y aura les prêtres aussi de la Fraternité Saint-Vincent de Ferrier,
44:06 et eux sont vraiment des lumières dans le monde,
44:09 et les écouter me permettra de me former encore mieux pour aller évangéliser.
44:14 Abbé Jean de Massia, tous ces jeunes que vous voyez,
44:17 vous êtes aumônier général, je le rappelle,
44:20 c'est une source de joie et c'est aussi une espérance pour l'Église tout entière ?
44:24 Oui, je le crois, c'est une espérance pour l'Église tout entière.
44:26 Après, on n'est pas prophète, et vous savez que l'Église a eu des hauts, des bas.
44:31 L'important, c'est que dans le cœur des chrétiens,
44:34 la flamme brûle encore, la flamme du Saint-Esprit.
44:37 Donc nous, ce qu'on encourage, nos pèlerins,
44:39 c'est de continuer leur pèlerinage tout au long de leur vie,
44:43 puisque la vie elle-même est un pèlerinage.
44:45 Donc à la fin, le dernier jour, on dit aux pèlerins de prendre une règle de vie.
44:50 Garde la règle, la règle te gardera, il faut structurer.
44:53 C'est-à-dire une règle de vie, en deux mots concrètement ?
44:55 Quelques principes très clairs qui nous viennent de la grande tradition de l'Église,
45:01 sur la manière dont on règle sa vie, justement, en conformité avec le Christ.
45:06 On a parlé de la messe, évidemment, la messe tous les dimanches,
45:10 l'assistance à la messe, qui est la respiration quotidienne de l'âme,
45:13 en tout cas hebdomadaire, et puis aller à la messe en semaine, c'est encore mieux.
45:16 La prière quotidienne, voilà, ce ne sont pas des choses qui jaillissent de nulle part,
45:20 ça fait grande partie de ce que l'Église nous enseigne.
45:22 Le combat spirituel, se couper des tentations de péché qui nous font tomber.
45:29 La formation intellectuelle, continuer à se former de sur sa foi,
45:35 et puis avoir une activité missionnaire.
45:37 Tous ces cinq ou six points sont dans le livret des pèlerins.
45:40 Parce que la conversion, on peut sortir avec plein d'enthousiasme du pèlerinage,
45:44 et puis ensuite le feu retombe, si je puis dire.
45:47 Un feu de paille.
45:48 La conversion, c'est difficile et c'est long, si on veut résumer quand même.
45:51 Ceux qui prendront le train le lundi à Montparnasse à 18h,
45:55 risquent d'être très surpris de voir tous ces pèlerins rentrer par la gare.
46:00 Il y a des chants religieux dans la gare, c'est très impressionnant ce témoignage.
46:05 Ce qu'on espère, c'est que ça continue toute l'année.
46:08 Justement, pour pas que ce soit un feu de paille,
46:10 prendre des mesures très concrètes, la foi ce n'est pas très compliqué,
46:13 c'est concret, des petites résolutions qu'on s'applique tous les jours,
46:16 aidées par la grâce de Dieu, par les sacrements.
46:19 Et alors on y arrive, à faire de sa vie un culte,
46:22 un culte rendu à Dieu, ce que la messe traditionnelle nous montre bien aussi.
46:26 C'est la fin de cette émission.
46:28 Merci à tous d'y avoir participé.
46:31 Merci à Aurélie Loukano, aux équipes techniques de CNews.
46:34 Véronique, un dernier mot, la lecture de France Catholique de cette semaine ?
46:38 Bien sûr, qui est consacrée au pèlerinage de Chartres.
46:40 France Catholique sur abonnement et sur france-catholique.fr.
46:43 Voilà, et puis la semaine prochaine, nous parlerons justement
46:46 comment transmettent cette foi que sont venus chercher
46:49 tous ces jeunes pèlerins à Chartres, une question cruciale bien sûr.
46:52 Et ce sera notamment avec Mgr Athanias Schneider, évêque du Kazakhstan.
46:58 Merci d'avoir suivi cette émission et très bonne journée à tous.
47:01 Merci.

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