Maman, j'ai arrêté l'avion ! - La fuite en avant ?

  • l’année dernière
« Maman, j'ai arrêté l'avion » s'intéresse ce mois-ci à un sujet qui nous concerne tous : l'eau. Celle que nous buvons, celle que nous utilisons, celle aussi que nous gaspillons.
Avec le changement climatique, l'eau est devenue un enjeu stratégique, et même politique, car l'eau ne coule plus de source : elle se fait de plus en plus rare.
Canicules, sécheresses hivernale, rivières à sec et nappes phréatiques au plus bas : l'eau est le « nouvel or bleu » que tout le monde s'arrache ; parfois violemment. Car si l'eau est un bien commun, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.
Comment continuer à produire dans une France à sec ? Quels sont les principaux leviers de sobriété ? Quelles filières soutenir en priorité ? Et quels changements opérer ? Comment s'adapter enfin à cet état de sécheresse parti pour durer ?

Pour en débattre, Daphné Roulier reçoit :
? Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
? François Gemenne, chercheur, politologue et membre du GIEC
? Florence Habets, hydroclimatologue, directrice de recherche au CNRS

"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier abordera un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités. Ensemble ils se poseront des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener. Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ?
L'émission de 52 minutes est construite autour de reportages tournés sur le terrain et d'interviews de politiques et/ou d'experts en plateau menées par Daphné Roulier avec, à ses côtés, Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques.
La militante écologiste Camille Etienne participera également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00 Amis téléspectateurs, bonsoir et merci à celles et ceux qui nous rejoignent sur LCP.
00:04 Ce mois-ci, Maman, j'ai arrêté l'avion s'intéresse à un sujet qui nous concerne tous, l'eau.
00:09 Celle que nous buvons, celle que nous utilisons, celle aussi que nous gaspillons.
00:13 Avec le changement climatique, l'eau est devenue un enjeu stratégique et même politique,
00:17 car l'eau ne coule plus de source.
00:19 Elle se fait même de plus en plus rare.
00:21 Canicule, sécheresse hivernale, rivières secs et nappes phréatiques au plus bas,
00:25 l'eau est le nouvel or bleu que tout le monde s'arrache, parfois violemment.
00:29 Car si l'eau est un bien commun, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne.
00:34 Et des derniers 2000 communes ont été privées d'eau potable en France
00:37 et le scénario pourrait bien se répéter l'été prochain en pire.
00:42 Au fait, Maman, j'ai arrêté l'avion.
00:43 *Musique*
01:04 La sécheresse dans l'Hexagone pose évidemment la question du juste partage de l'eau,
01:08 de sa gouvernance, de son stockage aussi,
01:10 et questionne par la force des choses nos modèles de production,
01:13 particulièrement ceux gourmands en eau.
01:16 Comment continuer à produire dans une France à sec ?
01:18 Quels sont les principaux leviers de sobriété ?
01:20 Quelles filières soutenir en priorité ?
01:22 Et quels changements opérer ?
01:23 Comment s'adapter enfin à cet état de sécheresse parti pour durer ?
01:27 Pour en débattre, le ministre de la Transition écologique
01:29 et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchut.
01:32 Bonsoir.
01:33 - Bonsoir.
01:34 - L'hydroclimatologue et directrice de recherche au CNRS, Florence Abetz.
01:38 Bonsoir.
01:38 - Bonsoir.
01:39 - Et le chercheur, politologue et membre du GIEC, François Géhemane.
01:43 Bonsoir.
01:44 - Bonsoir.
01:45 - Bonsoir à tous les trois et merci de venir participer à l'effort d'eau de guerre.
01:47 Avant de vous donner la parole, un état des lieux en images,
01:50 mais quelques chiffres d'abord avec notre scientifique maison, Raphaël Ittier.
01:54 - Alors l'utilisation domestique de l'eau d'abord,
01:56 qui représente un quart de la consommation totale en France,
01:59 c'est 148 litres par personne et par jour.
02:02 Le plus gros poste en matière d'eau, c'est l'agriculture,
02:05 qui avale 57 % de l'eau.
02:08 Le souci, c'est qu'à cause du réchauffement climatique,
02:11 les ressources nationales ont diminué de 14 % environ depuis la fin des années 90,
02:16 avec une disparité géographique évidemment,
02:19 et une région sud-ouest qui est particulièrement concernée.
02:22 - Alors on l'aura compris, l'eau nous est désormais comptée en France.
02:24 Comme ailleurs, on cherche des solutions pour préserver cette ressource hydrique
02:28 et la répartir au mieux selon les besoins.
02:30 Présentée comme la solution pour continuer à irriguer en temps de sécheresse,
02:34 les bassines d'eau se multiplient un peu partout dans l'Hexagone
02:36 et avec elles, les points de tension comme à Saint-De-Solines,
02:39 dans les Deux-Sèvres, où pro- et anti-bassines s'affrontent violemment.
02:42 Enjeu, 16 réserves de substitution en cours de chantier.
02:46 Le Toutopo, c'est un reportage d'Alexis Breton.
02:48 Et J'Avoir l'a dit, je vous laisse regarder et on en parle juste après.
02:52 - C'est le début du printemps.
02:59 Nous sommes avec le batelier Julien Leguet,
03:01 près de Saint-Hilaire-la-Palude, à 40 km de la Rochelle et de la côte atlantique.
03:06 Et il s'apprête à pigouiller.
03:10 - Et l'instrument que j'utilise, c'est une pigouille, c'est facile.
03:15 Il y a une espèce de double pic
03:19 et qui permet de prendre appui dans le fond,
03:22 sans déraper quand c'est sur du dur, sans trop s'enfoncer quand c'est sur du mou.
03:26 Julien navigue au cœur des 100 000 hectares du Marais-Poix-de-Vin.
03:31 La 2e plus vaste zone humide de France, après la Camargue.
03:35 Malgré la beauté et la sérénité alentour, Julien est inquiet.
03:41 - Il n'y a pas âme qui vive.
03:44 Il n'y a pas un poisson depuis 50 m que je pigouille.
03:48 J'ai pas vu un brochet, j'ai pas vu un gardon.
03:50 Il n'y a rien, rien de rien.
03:53 Là, il n'y a pas un herbier.
03:57 L'eau est morte.
04:01 - Vous faites quoi, votre entreprise ?
04:03 - Agro-industrie.
04:04 L'essentiel des produits chimiques qui se déversent dans ce Marais-Poix-de-Vin,
04:07 qui est le fond de la cuvette,
04:09 c'est essentiellement en provenance de toutes les terres agricoles alentour.
04:13 Et il y a plus de 200 molécules de pesticides différentes
04:17 qui ont été recensées dans le Marais-Poix-de-Vin.
04:19 Oiseaux, grenouilles et autres insectes disparaissent.
04:24 Et ce n'est peut-être pas le pire.
04:26 L'eau déserte ces zones humides.
04:30 - Donc là, la marque rouge qu'on voit là,
04:33 c'est le niveau qui est censé être maintenu en été.
04:37 C'est le niveau que l'Etat, avec les syndicats de marais mouillés,
04:40 qui sont les syndicats de propriétaires, s'engage à maintenir.
04:43 Et là, on est début avril, et on est déjà quasiment 10 cm en dessous.
04:47 Cette eau qui est partie, il n'est pas dit qu'il y a une nouvelle pluie
04:50 qui vienne le reremplir.
04:52 L'épisode de 32 jours sans pluie fin janvier
04:57 et la très forte sécheresse de l'été dernier n'augurent rien de bon.
05:01 Pour ce militant écologiste,
05:03 la raréfaction de l'eau devient le problème numéro 1.
05:06 Et surtout ce qui en est la cause, selon lui,
05:09 l'accaparement de cette ressource par l'industrie agricole.
05:12 Comme un symbole, il nous dévoile une autre menace.
05:16 Le méthane présent dans le sous-sol
05:18 naît de la décomposition des feuilles dans la vase.
05:21 De l'eau jaillit le feu.
05:25 Si ces zones humides s'assèchent,
05:27 ce puissant gaz à effet de serre sera libéré dans l'atmosphère.
05:31 Voilà aussi pourquoi il faut tout faire pour protéger l'eau.
05:34 - C'est un élément vital dont on dépend tous
05:39 et qui actuellement n'est pas respecté
05:41 et qui est mis en péril pour quelques-uns.
05:44 Et de ça, ça génère une forme de feu, de colère.
05:47 Une colère qui se dirige aujourd'hui contre les méga-bassines,
05:52 ces retenues d'eau gigantesques construites
05:55 pour alimenter certaines exploitations agricoles.
05:58 D'ici à 2025, 16 réservoirs d'eau géants
06:02 vont voir le jour dans la région du Marais-Poix-de-Vin.
06:05 Des réserves artificielles capables de stocker à l'air libre
06:08 plus de 5 millions de mètres cubes d'eau.
06:11 Le précieux liquide sera puisé directement dans la nappe phréatique
06:15 qui alimente les villes et villages de la région en eau potable.
06:19 C'est le plus grand de ces futurs lacs artificiels
06:22 qui cristallisent toutes les oppositions.
06:25 Situé sur la commune de Sainte-Soline,
06:28 il s'étendra sur plus de 10 hectares,
06:30 lieu de manifestations et d'affrontements depuis plus d'un an.
06:34 Méga-bassines ou réserves de substitution,
06:38 symbole de l'agrobusiness ou réponse à la sécheresse.
06:41 2 visions s'opposent.
06:43 D'un côté Thierry Boudot, l'un des porteurs du projet Bassines.
06:46 De l'autre, l'hydrologue Emma Aziza.
06:49 Si on n'a pas assez retenu d'eau,
06:52 on est à terme contraint de supprimer l'irrigation sur ce même territoire.
06:56 Et donc on perd toute la diversité agricole dont on a besoin.
06:59 Ce qui va se passer avec ces bassines,
07:01 c'est que si on décide de construire le nombre de bassines
07:04 qu'on a envisagé en France,
07:06 on va se retrouver avec encore plus de surfaces
07:09 qui vivront des stress hydriques plus importants
07:12 et des nappes qui vont se tarir.
07:15 Dans la campagne northèse.
07:17 Non loin du marais Poit-de-Vin.
07:24 - Vous avez combien de portes comme ça ?
07:26 - J'en ai 3.
07:28 C'est un petit peu loin pour rentrer à l'hiver.
07:30 Nous avons rendez-vous dans un camp retranché.
07:33 - C'est pas facile de rentrer ici.
07:42 - Et pour cause devenant l'enjeu de beaucoup de contestations
07:46 et de beaucoup d'interrogations,
07:48 il nous a fallu protéger ce site tel un fort en plein désert.
07:52 Philippe Moffret est le maire de Mosey-sur-le-Mignon.
07:55 Une commune de 3000 âmes.
07:57 - C'est la dernière.
07:58 Qui abrite un trésor qu'il faut absolument protéger.
08:01 - Fort Knox.
08:03 - Bravo.
08:04 De l'or bleu en grande quantité.
08:11 - On est toujours à Mosey-sur-le-Mignon et non pas à Mosey-sur-mer.
08:15 Non, non, pas du tout.
08:17 Et vous avez en face de vous l'étendue que représentent 241 000 m3
08:23 sur 7,5 hectares de surface au sol.
08:26 Voilà ce qu'eux appellent réserve de substitution.
08:30 Construite en hauteur à base de sable et de béton,
08:34 son fond est recouvert d'une bâche en PVC
08:37 afin de conserver l'eau issue de la nappe phréatique.
08:40 Une eau qui va permettre d'irriguer l'été prochain
08:43 cinq exploitations voisines grâce à des kilomètres de tuyaux enterrés.
08:47 - À Mosey-sur-le-Mignon, je perds l'élevage, je perds la culture,
08:51 je n'ai plus rien.
08:52 J'ai quelques sociétés qui sont là, bien évidemment,
08:54 dans la périphérie de Mosey,
08:56 mais néanmoins, le plus important pour moi,
08:58 c'est cette économie liée intimement à l'agriculture.
09:01 Le dernier été, on a vu quand même l'extrême chaleur que nous avons eue.
09:07 Donc il faut maintenant commencer à imaginer l'avenir
09:11 et faire des réserves d'eau.
09:13 Pour cela, M. Le Maire et les agriculteurs du coin
09:16 n'ont pas hésité à dépenser beaucoup d'argent,
09:19 notamment celui de l'Etat.
09:20 Cette réserve a coûté 2,5 millions d'euros,
09:23 dont 70% de subventions publiques.
09:26 Qui a payé pour les barbelés et autres caméras anti-intrusion ?
09:30 On ne le saura pas.
09:35 Une chose est sûre, le maire est convaincu du bien fondé du projet.
09:39 - L'eau, par principe, quand elle est là, c'est quand elle est en excès.
09:44 Elle est en excès, et on la réserve pour les moments difficiles.
09:48 Et j'ai bien dit, lorsque les épivotes pluvieuses sont nombreuses
09:51 et qu'elles nous apportent cette quantité d'eau,
09:53 on la met de côté.
09:55 Quand vous avez un peu trop d'argent, que vous touchez un petit héritage,
09:57 vous faites bien des placements.
09:59 Nous, on fait pareil.
10:00 - En aucun cas, on peut dire qu'aller piocher de l'eau
10:04 dans une nappe phréatique, c'est une solution.
10:07 Et encore plus avec de nouvelles conditions qui arrivent en France,
10:11 où on n'a même plus de pluie l'hiver.
10:13 En fait, la nappe phréatique, c'est le moyen facile
10:17 de pouvoir produire toujours plus, aller chercher toujours plus d'eau,
10:21 quitte à ce qu'on la pille complètement, cette nappe,
10:23 quitte à ce qu'on la détruise.
10:25 - L'adversité du changement climatique, on la mesure,
10:28 elle va être telle qu'il faut utiliser tous les leviers
10:31 dont on a à notre disposition.
10:33 Il faut planter des haies, faire des retenues d'eau collective,
10:36 mais avoir un partage de l'eau public, c'est indispensable.
10:40 Le partage, c'est justement une partie du problème.
10:44 L'eau des bassines, bien publique, ne va bénéficier directement
10:48 qu'à un tout petit nombre d'agriculteurs.
10:50 Une petite partie des exploitants irriguants
10:53 de la coopérative de l'eau des Deux-Sèvres.
10:55 Assiste-t-on alors à une privatisation d'une ressource vitale ?
11:01 Réponse à quelques kilomètres de la réserve de Mosée-sur-le-Mignon.
11:05 François Pétorin prépare son champ pour les futurs semis.
11:08 Il fait partie de ceux qui militent pour la construction des bassines.
11:12 - C'est vraiment indispensable.
11:14 On a des sols très superficiels.
11:16 Les cultures ont besoin d'eau, que ce soit au printemps ou en été.
11:20 Et après, les blés tendent aussi, par moment, au mois de mai-juin.
11:23 En fonction de la climato, ils ont besoin d'eau
11:26 pour remplir le grain.
11:28 Donc oui, c'est vital pour le territoire, pour l'agriculture.
11:31 François cultive principalement des céréales
11:35 sur une exploitation de 200 hectares.
11:37 L'année prochaine, il sera raccordé à une bassine
11:40 encore en construction.
11:42 - Aujourd'hui, le projet, au total, sur les 16 réserves qui seront prévues,
11:46 c'est 220 exploitations.
11:48 Mais ça représente 450 agriculteurs au total,
11:51 sur l'ensemble du territoire, de Sainte-Soline
11:53 à Mosée-sur-le-Mignon ou à proximité.
11:56 On a un volume attribué par l'Etat.
11:58 Donc l'eau ne nous appartient pas, elle n'appartient à personne.
12:01 Donc il n'y a pas de privatisation ou d'accaparements, comme il peut être dit.
12:04 - On peut affirmer que ce n'est pas une privatisation de l'eau,
12:08 mais il n'y a pas d'autre terme.
12:10 À partir du moment où vous prenez de l'eau
12:12 et que vous la conservez pour vos usages, au détriment des autres,
12:15 ça s'appelle une privatisation de l'eau.
12:17 Le problème, c'est qu'on va de plus en plus être face
12:20 à des économies qui vont se confronter les unes avec les autres.
12:23 Le milieu énergétique a besoin de quantité d'eau.
12:26 Nos robinets ont besoin d'eau, notre humanité a besoin d'eau.
12:29 Donc on voit à quel point il va falloir faire des choix.
12:33 C'est vraiment tout l'enjeu qu'on a actuellement.
12:35 C'est ces frictions qu'on voit arriver.
12:37 - On n'est pas dans un projet où c'est un club fermé d'agriculteurs
12:41 qui avait des droits historiques qui peuvent irriguer demain.
12:45 C'est exactement l'inverse.
12:47 En fait, c'est le territoire qui décide tous les ans d'une répartition de l'eau.
12:52 Et il faut que l'accès à l'eau pour tous les agriculteurs qui le demandent
12:56 soit le même, il ne faut pas de distanciation.
12:58 Ce qu'il oublie de nous dire, c'est que seuls 6% des agriculteurs
13:02 seraient raccordés en l'état actuel du projet.
13:05 Les autres devront compter sur des nappes suffisamment chargées l'été
13:08 pour pouvoir irriguer.
13:10 Comment s'est fait la répartition ?
13:12 Les gros exploitants, les adeptes de l'agriculture productiviste,
13:16 sont-ils favorisés ?
13:18 À Vencey, Rémy Laurent d'Eau est un petit maraîcher.
13:22 Il cultive des légumes bio sur 3 hectares.
13:25 - Ils ont le pois gelé.
13:28 Super.
13:30 Les patates primeurs, on va en avoir la semaine prochaine.
13:33 Sur cette terre, il fait très attention à sa consommation en eau.
13:39 - Le goutte-à-goutte, c'est un système tout simple.
13:42 C'est de l'eau à basse pression qui va passer dedans.
13:44 Le tuyau est perforé tous les 20 cm.
13:47 Là, on a une perte de l'eau qui est très faible
13:50 pour un rendu super.
13:52 C'est du 90% utilisable par la plante.
13:54 Comme François, Rémy est lui aussi membre de la coopérative de l'eau
13:59 et finance une petite partie des travaux des bassines.
14:02 Mais contrairement à son collègue céréalier,
14:04 le maraîcher a vu sa demande de raccordement ignorée.
14:07 - J'avais demandé en 2019 un raccordement,
14:10 un projet de bassine sur une autre commune.
14:13 Ma lettre est restée sans réponse pendant 2 ans.
14:16 Il faut savoir que vu mon faible volume,
14:20 ça coûterait trop cher, et je le comprends,
14:22 à la collectivité, donc à la coop de l'eau,
14:24 ça leur coûterait trop cher de me raccorder,
14:26 et ce serait pas rentable.
14:28 Pas de raccordement et une grande peur.
14:31 - La ressource en eau de mon exploitation.
14:38 C'est un puits, il est très peu profond.
14:40 On voit l'eau, là.
14:42 Son puits plonge dans la même nappe phréatique
14:45 que la plus célèbre des mégabassines.
14:47 - 5 solides, c'est avant mon puits.
14:49 C'est les mêmes sources.
14:52 Moi, ma crainte, c'est que mon puits soit sec.
14:55 Et ça, j'avais demandé des garanties, et j'en ai pas.
15:00 Parce que moi, si j'ai plus d'eau, je peux plus irriguer,
15:02 j'ai plus de légumes, j'ai plus d'exploitation.
15:05 Un problème que n'auront pas les plus gros producteurs,
15:08 ceux qui font pousser du blé, du maïs, du colza et de la betterave
15:11 à coût de pesticides et de centaines de milliers de mètres cubes d'eau.
15:15 - On confronte effectivement un système agroalimentaire intensif
15:22 qui a besoin de beaucoup d'eau
15:24 face à des ruraux qui sont aussi des maraîchers locaux.
15:29 Et je crois que Sainte-Soline, quelque part,
15:32 est à l'image de ces modèles qui se confrontent.
15:34 - Souvenez-vous, c'était le 25 mars dernier.
15:38 Le gigantesque rassemblement non autorisé
15:41 contre la non moins gigantesque construction de Sainte-Soline.
15:44 Des milliers de manifestants convergent vers la méga-bassine de la discorde.
15:50 Parmi eux, l'amoureux du marais Poit-de-Vin,
15:55 le porte-parole du collectif anti-bassine, Julien Legay.
16:04 - Là, il y a 50, 60 tracteurs qui sont là.
16:08 Rien que ça, c'est une image très forte.
16:10 Ça veut dire que c'est bien les paysans et le peuple
16:13 contre l'agroindustrie.
16:15 C'est fini, ce système-là. Place à la vie.
16:17 No basaran !
16:20 Sous contrôle judiciaire,
16:23 pour avoir notamment organisé des manifestations sans autorisation,
16:26 il a l'interdiction de se rendre sur la commune de Sainte-Soline.
16:30 Il restera en arrière.
16:33 La bassine, un simple trou pour le moment,
16:35 est protégée par des centaines de gendarmes.
16:38 - Ok, vous êtes fiers ?
16:43 - Oui !
16:44 - Et par bassine, à Sainte-Soline,
16:47 la guerre de l'eau a commencé,
16:49 on se battra pour la gagner !
16:51 La bataille de Sainte-Soline,
16:54 2 camps face à face, pour 2 visions irréconciliables.
16:57 Un modèle productif qui a fait ses preuves
17:00 et qui assure la fameuse souveraineté alimentaire du pays, pour les uns.
17:04 Pour les autres, un modèle industriel
17:06 qui refuse toute idée de changement et de sobriété
17:09 et qui entraîne la France vers la catastrophe.
17:12 - La guerre de l'eau m'a tout l'air d'avoir commencé, Christophe Béchut, non ?
17:17 - En tout cas, on a une crispation particulièrement forte
17:21 dans un endroit très spécial à beaucoup d'égards.
17:23 Ciblé dans un reportage,
17:26 un lieu qui a fait la une de l'actualité,
17:28 c'est évidemment logique pour informer tout le monde.
17:30 Mais on ne peut pas résumer
17:32 ni ce que serait la stratégie de l'eau à l'échelle du pays
17:35 à ce qui se passe dans un département,
17:37 ni résumer ce qui serait le modèle souhaitable
17:40 à quelques échanges qui ont eu lieu.
17:42 Je veux dire les choses de la manière la plus claire qui soit.
17:44 Il n'y a aucune alternative à la sobriété.
17:48 On aura moins d'eau.
17:50 Se dire qu'on va trouver des méthodes
17:52 pour continuer à faire comme si on pouvait en avoir autant,
17:55 ça n'est pas possible.
17:56 Et il n'y a pas de meilleur retenu que les nappes phréatiques.
17:59 Pas d'évapotranspiration,
18:01 une capacité à stocker l'eau dans de bonnes conditions.
18:03 Une fois que j'ai dit ça,
18:05 et que j'ai posé ces principes
18:07 qui sont réellement la base de toute la réflexion
18:10 qu'on doit être capable de conduire,
18:12 on est sur un bout de territoire de France
18:15 avec ses particularités,
18:16 avec un accord entre la gauche qui gère la région,
18:19 la droite qui gère le département.
18:21 - Ces bassines sont très controversées ailleurs,
18:23 pas juste dans le département des Deux Sables.
18:24 - Là-bas, où on en discute de manière particulière,
18:27 on exacerbe les tensions, compte tenu de leur taille,
18:29 de leur dimension,
18:31 qui sont hors normes par rapport à ce qui se passe ailleurs.
18:34 - Des tensions à la Clusaz, un peu partout en Haute-Savoie ?
18:36 - Il y a deux types de retenus.
18:37 Il y a celles qui prennent de l'eau de pluie,
18:39 qui sont souvent moins controversées,
18:40 parce qu'on comprend le phénomène qui consiste à...
18:42 - On va en parler avec Clarence Abbad.
18:44 - Je ne dis pas que c'est toujours le meilleur système.
18:46 Et le système qui interroge l'opinion publique,
18:48 parce qu'on pompe dans une nappe
18:50 qui est censée permettre de préserver les choses
18:52 pour aller le mettre dans une bassine qui est à l'air libre.
18:55 Le point de rencontre entre les deux,
18:57 c'est qu'on est sur un sous-sol karstique,
18:59 c'est-à-dire fuyant, qui ne retient pas l'eau,
19:01 ce qui explique qu'on ait eu des études favorables à cette réalisation
19:05 et qu'on ait des décisions de justice,
19:06 y compris au mois d'avril dernier,
19:08 favorables à ce projet,
19:10 parce qu'on a ces caractéristiques très particulières.
19:13 Enfin, malgré le caractère tout à fait bucolique du reportage...
19:17 Je tiens quand même juste à rappeler, en 15 secondes,
19:20 que si la manifestation a été interdite,
19:23 ce n'est pas parce que le débat est impossible,
19:25 c'est parce qu'au mois d'octobre,
19:27 plus de 60 gendarmes ont été blessés à l'occasion d'une première manifestation de ce type
19:30 et qu'au milieu de ceux qui, légitimement,
19:32 peuvent choisir ou considérer qu'il faut aller vers un autre type d'agriculture ou de solution,
19:37 on a des gens qui sont venus spécifiquement pour blesser des gendarmes.
19:41 La manifestation a été interdite compte tenu des craintes
19:43 et malheureusement, ces craintes ont été avérées
19:45 avec, à nouveau, des affrontements qui n'ont rien d'une balade en forêt.
19:49 - François Gémin, vous êtes pélitologue,
19:51 vous êtes d'accord avec Christophe Béchut,
19:54 les anti-bassines sont venues pour casser du gendarme ?
19:58 - Non, je pense que ce n'est pas spécialement les anti-bassines,
20:00 c'est qu'aujourd'hui, dans toutes les manifestations,
20:03 quel que soit le motif, que ce soit les bassines, la réforme des retraites, etc.,
20:06 vous avez des gens qui, effectivement, viennent pour frapper des gendarmes,
20:10 des policiers et c'était inacceptable
20:12 et on est dans une logique de surenchère dans le maintien de l'ordre
20:15 qui fait qu'aujourd'hui, il y a des gens qui se retrouvent
20:18 à avoir peur de manifester, ce qui n'est pas possible
20:21 dans une démocratie moderne, le droit de manifester est un droit fondamental.
20:24 - Mais j'aurais juste à comprendre, vous les jugez pertinentes,
20:27 ces méga-bassines, à l'heure de la hausse des températures en France ?
20:30 Ce sont des chiffres que vous avez annoncés,
20:32 +2,5 degrés en 2030, +3 degrés en 2050, +4 degrés en moyenne en 2100.
20:40 Pour que l'on comprenne bien, est-ce que vous pensez
20:42 que ces méga-bassines sont pertinentes à l'aune de la hausse de ces températures ?
20:46 - En fait, c'est la vraie question.
20:48 Le sujet, c'est qu'elles ont été validées dans un contexte
20:50 qui était des modèles, les seuls aujourd'hui dont on dispose,
20:53 qui consistent à projeter ce que sera la ressource disponible
20:56 compte tenu d'une augmentation des températures basée sur un +2 degré.
21:00 Dans le plan O que nous avons présenté, nous allons actualiser,
21:05 d'ici la fin de l'année, les prévisions pour justement intégrer
21:08 la perspective non pas d'une France qui se réchauffe de 2 degrés,
21:11 mais qui se réchauffe avec des températures qui peuvent atteindre 4 degrés,
21:14 ce que j'ai eu l'occasion de dire, c'est-à-dire modifier les modèles
21:18 et les références qui permettent au BRGM de faire ses projections.
21:21 Un des axes de critique, c'est de dire...
21:23 - Ce qui n'a pas été le cas pour ces méga-bassines...
21:25 - Ça l'a été sur la base des prévisions...
21:27 - De 2000, 2011, voilà.
21:29 - Exactement.
21:30 - Sans prendre en compte le réchauffement climatique.
21:32 - Si, prenant en compte le réchauffement...
21:34 - Non, non, non, le Bureau de recherche géologique et minière ne l'a pas pris,
21:37 c'est lui qui le dit.
21:38 - Non, il dit, on s'est basé sur les chiffres de 2006 à 2011,
21:41 le nouveau modèle qui prend en compte ces 4 degrés,
21:44 il est en train d'être établi et il sera disponible à la fin de l'année.
21:47 On ne peut pas reprocher...
21:49 - Non, évidemment, aucune étude avec le BRGM n'a été faite dans le contexte de Saint-Sauline,
21:52 enfin des bassines, avec le changement climatique.
21:54 - Ça a été fait avec le changement climatique, projeté à 1,5 degré...
21:58 - Bah oui, mais je discutais avec les modélisateurs, la réponse, elle, était non.
22:02 - Sincèrement, je ne peux pas vous laisser dire ça,
22:04 parce qu'encore une fois, si vous reprenez,
22:06 les études ont été faites sur la base des données qui datent de 2006 à 2011
22:09 et nous sommes en train, en ce moment, de doter le BRGM, en fin d'année,
22:12 de ce nouveau modèle qui s'appellera "Explore 2",
22:15 qui permet de faire des projections avec des températures plus élevées.
22:17 - Je suis aussi impliquée dans ce projet, donc je connais assez bien.
22:20 C'est un des loupés de cette concertation,
22:23 qui est malgré tout très bienvenue, de la COP79,
22:26 d'avoir réussi à rassembler tous les agriculteurs d'un territoire
22:28 pour discuter du partage de l'eau, ça, c'était super,
22:31 pour quand même régler un problème qui était, en fait, antérieur,
22:34 bien antérieur à ça, une sur-irrigation, finalement, dans les années 90,
22:37 qui ont vraiment mis en péril la ressource en eau de la région,
22:41 avec des étiages très, très marqués.
22:43 Et c'est finalement pour résoudre un problème ancien
22:46 que ces bassines ont été pensées,
22:49 mais elles ont été pensées sans le changement climatique, justement.
22:51 Et c'est là tout à fait le risque de la maladaptation,
22:54 parce que, comme vous le savez, un des problèmes
22:56 pour s'adapter au changement climatique, c'est le poids de l'héritage,
22:59 c'est le fait qu'on dispose d'outils, d'équipements,
23:02 qui, finalement, imposent des stratégies
23:05 pour, finalement, rentabiliser tout ça.
23:07 Et aujourd'hui, investir de nouveau,
23:10 renforcer encore cette dépendance à une irrigation assez intensive,
23:13 c'est ça, la question qui se pose.
23:15 -La question qui se pose aussi, c'est qu'il y a un consensus scientifique
23:18 autour de ces bassines et de ces réserves d'eau,
23:20 pour dire que c'est tout sauf une solution. En quoi sont-elles néfastes ?
23:23 Elles appauvrissent les sols, elles aggravent la sécheresse.
23:25 -En fait, ce qui se passe, c'est que ces bassines-là,
23:28 toutes ces retenues qui sont dédiées uniquement à l'irrigation,
23:31 elles visent, finalement, à permettre une irrigation
23:34 souvent relativement coûteuse, donc on demande souvent des rendements importants,
23:37 elles ne sont pas là pour sécuriser, comme on entend parfois dire.
23:40 Puisque, en fait, sécuriser, ça veut dire "j'ai de l'eau,
23:43 mais je l'utilise que quand j'en ai besoin", c'est-à-dire, rarement,
23:45 la plupart du temps, je ne l'utilise pas.
23:47 Là, on n'est pas du tout dans ce contexte-là.
23:49 Là, on va optimiser une ressource, aujourd'hui, dans un temps présent.
23:52 Ça veut dire que dès qu'il y aura une sécheresse,
23:54 dès qu'il y aura un manque d'eau, eh bien, j'aurai quand même tout consommé,
23:57 et pour autant, je serai peut-être incapable de produire.
24:00 Par exemple, l'été dernier, il y a eu de l'irrigation du maïs
24:03 qui a été faite dans le sud-ouest, et pourtant, pas de production,
24:06 pourquoi ? Parce qu'il y a eu des échaudages.
24:08 Déjà, en temps présent, mais demain, c'est encore plus clivant,
24:10 et finalement, pourquoi on pense que ce n'est pas forcément la bonne solution ?
24:13 Non pas pour dire que ce ne soit pas partie de la solution,
24:17 mais il ne faut absolument pas baser toute la solution,
24:19 c'est ce que vous dites. - C'est exactement ce que je dis.
24:21 - Mais les conditions climatiques de demain imposeront, malheureusement,
24:25 sans doute, que pour produire un peu de rendement,
24:28 il va falloir que peut-être plus de gens aient accès à l'eau,
24:31 et ça repose donc tout à fait le partage de l'eau,
24:33 sur quoi l'État a toute la place. - Ce sont des questions qui sont énormes,
24:35 parce que c'est la question, avec les températures,
24:37 du type de culture que nous faisons.
24:40 C'est la question des sols, c'est effectivement,
24:42 y compris la question des temporalités,
24:44 parce qu'il nous arrive d'avoir des productions l'hiver
24:46 qui sont plus consommatrices en eau,
24:48 mais on n'a pas de problème d'eau l'hiver, ou l'automne.
24:50 - Enfin, ça dépend de la la de plus en plus.
24:52 - Je le dis à dessein compte tenu de l'hiver qu'on a vécu,
24:55 mais aussi du fait qu'on repose aujourd'hui sur des certitudes.
24:57 Donc quand je dis que la commande a été passée,
24:59 d'avoir des trajectoires qui nous permettent d'intégrer
25:02 un impact d'un réchauffement climatique, pas un petit,
25:04 comme celui qu'on anticipait il y a 20 ou 30 ans,
25:06 mais la réalité de ce que aujourd'hui
25:08 toutes les études scientifiques sont en train de dire,
25:10 c'est qu'on ne fera pas l'économie.
25:12 Quand ce nouveau modèle de projection sera disponible
25:14 à la fin de l'année, de refaire tourner
25:16 une partie des hypothèses
25:18 sur lesquelles peuvent figurer les projets,
25:20 sur la base de ces nouvelles projections.
25:22 - Est-ce qu'il y a vraiment besoin de nouvelles projections
25:24 pour se rendre compte que le modèle est déjà caduque,
25:26 y compris dans cette région-là ?
25:28 - Monsieur Etier, ce n'est pas à vous que je vais expliquer
25:30 que j'ai beaucoup d'humilité
25:32 devant les scientifiques, devant les experts
25:34 sur un certain nombre de domaines.
25:36 Et si nous faisons travailler le BRGM,
25:38 mais pas seulement, l'INRAE, d'autres acteurs,
25:40 Météo France, c'est parce qu'il y a des choses qu'on sait,
25:42 et puis il y a une part d'humilité
25:44 sur laquelle il faut être capable de croiser les connaissances.
25:46 Et j'attends la conclusion de tous ces experts
25:50 pour avoir véritablement un modèle
25:52 qui soit capable de faire tourner.
25:54 Ce que je veux dire, c'est que ce sera l'aide à la décision
25:56 dans un contexte où, je redis ce que j'ai dit à l'origine,
25:58 nous aurons moins d'eau disponible
26:00 en termes de prélèvements,
26:02 mais entre 10 et 40 % en fonction des secteurs
26:04 sur lesquels on se trouve,
26:06 la sobriété est la seule option
26:08 dont on dispose à moyen terme.
26:10 Et les nappes sont notre urgence absolue,
26:12 et donc même si ça peut paraître décalé,
26:14 la lutte contre l'artificialisation
26:16 et l'étalement urbain,
26:18 la perméabilisation des sols de nos villes,
26:20 c'est aussi important que les discussions
26:22 qu'on a sur les parties rurales,
26:24 sur le type de culture qu'on aura, parce que tout est lié.
26:26 On va parler de sobriété.
26:28 La gestion de l'eau, on l'aura compris, est un enjeu majeur.
26:30 On se souvient tous, peu au prou,
26:32 de nos cours de biologie à l'école
26:34 consacrés au cycle de l'eau,
26:36 ainsi que l'agriculture par ses pratiques intensives,
26:38 perturbe. Mais Raphaël Hittier,
26:40 il n'y a pas que l'eau bleue qui est impactée,
26:42 il y a aussi l'eau verte.
26:44 Bref, on a besoin que vous nous rafraîchissiez la mémoire.
26:46 Ça tombe bien, c'est l'heure du Climatoscope,
26:48 c'est à vous.
26:50 Je vais revenir d'abord sur le cycle général
26:58 de l'eau.
27:00 On sait, on se souvient à peu près tous,
27:02 que des océans injectent de grandes quantités
27:04 d'eau dans l'atmosphère,
27:06 que la masse d'air humide
27:08 monte, se refroidit, et donc éjecte
27:10 des petites molécules d'eau qui deviennent des gouttes
27:12 et qui vont finir par retomber sur les reliefs
27:14 et donner lieu à un ruissellement
27:16 qui déchaîne les ruisseaux,
27:18 les rivières et les fleuves
27:20 qui retournent dans l'océan.
27:22 Maintenant, quand on voit couler la rivière au fond de son jardin
27:24 ou la Seine sous le Pont Mirabeau,
27:26 on a l'impression que tout va bien.
27:28 - Et pourtant, ça n'est pas le cas.
27:30 - Non, ce n'est pas le cas, c'est au moins une illusion,
27:32 puisque quand on ne regarde que le niveau des lacs
27:34 et des rivières, on ne fait pas attention
27:36 à ce qu'on appelle le cycle de l'eau verte,
27:38 c'est-à-dire que toute l'eau qui tombe
27:40 ne retourne pas directement dans les océans.
27:42 Quand il pleut,
27:44 l'eau imprègne les sols,
27:46 une partie va s'infiltrer jusque dans les nappes phréatiques,
27:48 on en a parlé tout à l'heure,
27:50 et l'autre partie est absorbée au passage
27:52 par les plantes qui, par les racines,
27:54 vont réinjecter l'eau dans les parties aériennes
27:56 qui elles-mêmes transpirent des gros volumes d'eau
27:58 et qui vont participer aux précipitations.
28:00 Et donc c'est ça, le cycle de l'eau verte.
28:02 Et on vient de se rendre compte,
28:04 l'année dernière notamment, à travers une grosse publication,
28:06 que ce cycle ne va pas très très bien.
28:08 - C'est même un euphémisme.
28:10 - Oui, il ne va pas bien.
28:12 Les scientifiques ont évalué l'humidité des sols
28:14 dans une multitude de pays
28:16 et ils constatent que sur un cinquième de ces terres,
28:18 les teneurs en eau sont
28:20 anormales par rapport au passé
28:22 et à un niveau d'anormalité
28:24 qui est tel que les scientifiques
28:26 parlent d'une nouvelle limite planétaire
28:28 franchie au même titre que le réchauffement climatique,
28:30 l'érosion, la biodiversité
28:32 ou la pollution chimique.
28:34 Or, on sait que ce cycle de l'eau verte
28:36 est perturbé par l'artificialisation des sols,
28:38 l'expansion urbaine, la déforestation
28:40 et l'agriculture intensive.
28:42 Ces quatre phénomènes, en fait,
28:44 empêchent le sol de retenir
28:46 l'humidité, ce qui accélère
28:48 la ridification liée à la hausse des températures,
28:50 évidemment, ce qui donc constitue un cercle vicieux.
28:52 - Et un cercle vicieux qui n'est pas sans conséquence, j'imagine.
28:54 - Absolument. Ça peut aboutir à une modification
28:56 de la répartition de l'eau à l'échelle
28:58 de continents entiers et on peut prendre
29:00 un exemple frappant,
29:02 la déforestation en Amazonie.
29:04 L'Amazonie, on la voit comme le poumon vert
29:06 de la planète. Ce qu'on oublie assez souvent,
29:08 c'est que c'est aussi une énorme fontaine
29:10 d'eau. Il faut savoir qu'un grand arbre
29:12 en Amazonie peut injecter
29:14 jusqu'à 1 000 litres d'eau
29:16 dans l'atmosphère. Donc le bilan
29:18 est absolument énorme. Les volumes d'eau
29:20 qui circulent dans l'air sont plus
29:22 importantes que le débit du fleuve
29:24 Amazon, qui est pourtant le plus grand fleuve du monde.
29:26 C'est pour ça que les scientifiques parlent
29:28 de rivières volantes et ces rivières volantes
29:30 vont venir arroser
29:32 la totalité d'un continent, le continent
29:34 de l'Amérique du Sud et la vie de millions de gens
29:36 dépend de cette eau qui vient
29:38 irriguer leur sol.
29:40 On a donc un point très important
29:42 sur le cycle de l'eau verte qui est
29:44 en train de basculer, nous disent
29:46 les scientifiques. - Alors la question qui se pose en ce moment
29:48 c'est le juste partage de cette eau.
29:50 L'agriculture irriguée représente seulement
29:52 7,3% de la surface agricole
29:54 utilisée en France. Surface
29:56 majoritairement destinée à
29:58 produire du maïs pour l'alimentation animale
30:00 et pour l'exportation. Ceux qui
30:02 prétendent, Christophe Béchuc, que notre souveraineté
30:04 alimentaire est menacée et dépend de ces machines
30:06 se bognent de nous, non ?
30:08 D'abord, ce qui était intéressant
30:10 c'était de replacer le contexte en 15
30:12 secondes à l'échelle mondiale. La population
30:14 de la planète augmente, les ressources diminuent
30:16 et on s'aperçoit que les
30:18 problèmes qu'on a chez nous, ils sont en train de prendre
30:20 à l'échelle de sous-continents mondiaux
30:22 des proportions incroyables. Vous avez
30:24 aujourd'hui des situations
30:26 où vous avez des pays qui sont en train de monter des barrages
30:28 on est en train de parler nous de retenue
30:30 sur un cycle de l'eau, mais qui sont en train de monter des barrages
30:32 qui se comptent en millions, en dizaines
30:34 de millions de mètres cubes et qui pourraient
30:36 demain être la source de conflits ou de déplacements
30:38 de population considérable. Et pourquoi je
30:40 remets les choses à cette échelle ? Parce qu'à la fin
30:42 la question de la souveraineté alimentaire, elle recoupe
30:44 deux aspects. Est-ce qu'on aura de quoi nourrir
30:46 une population qui est en train
30:48 d'aller vers les 10 milliards d'habitants à l'échelle mondiale
30:50 alors qu'on voit bien qu'il faudra partout faire avec moins ?
30:52 Et comment ensuite on ne prend pas des décisions
30:54 dans un pays qui serait hypocrite et qui se traduirait
30:56 par le fait qu'on serait obligé d'augmenter
30:58 nos importations ? Très
31:00 concrètement, on a des marges d'amélioration
31:02 dans l'agriculture qui sont considérables. Il n'y a pas
31:04 d'agriculture possible sans eau. Vous avez rappelé
31:06 les chiffres ? - 7,3. - 7,3. - Moins de 10%
31:08 des terres qui sont irriguées avec des systèmes de goutte
31:10 à goutte qui sont économes.
31:12 Des pratiques aujourd'hui, en termes de culture,
31:14 où on ne fait même pas attention aux horaires
31:16 auxquels on va irriguer et donc
31:18 on génère de la surévaporation.
31:20 - L'été passé, les céréaliers irriguaient
31:22 par 30 degrés sous le cagnard
31:24 en pleine journée, des cultures.
31:26 C'est aberrant quand on veut économiser
31:28 et quand on parle de sobriété.
31:30 - C'est bien pour ça que quand j'évoquais
31:32 la question de la nature des sols et des températures
31:34 pour être capable d'aller modifier les trajectoires
31:36 d'agriculture, c'est aussi ce qui nous attend.
31:38 Ce que je veux vous dire, c'est qu'on a globalement
31:40 l'amélioration de ce qui relève de l'hydraulique
31:42 agricole, ce qui relève des
31:44 techniques d'irrigation, mais je reviens
31:46 à mon sujet sur la sobriété et sur le fait
31:48 qu'on a en face de nous des phénomènes
31:50 sur lesquels penser qu'on sera plus fort que la nature,
31:52 c'est une folie. Le sujet, c'est comment on assure
31:54 cette transition, parce qu'entre les deux,
31:56 les agriculteurs, ils le font
31:58 pour nous nourrir, pour assurer
32:00 un dispositif ou un système
32:02 dans lequel, à la fin, si c'est
32:04 encore une fois pour augmenter nos importations,
32:06 on n'améliore ni la situation de la planète,
32:08 ni la situation aigrique globale. - C'est quand même pas tout à fait vrai,
32:10 puisque vous savez que le maïs
32:12 qui est utilisé pour la minimentation animale
32:14 nécessite l'importation de soja.
32:16 Donc on est quand même aussi dans cette... - Du Brésil.
32:18 - ...que vous avez mentionné à la dernière émission
32:20 qui était sur l'alimentation...
32:22 - Si vous continuez à zoomer et que vous
32:24 ajoutez la totalité,
32:26 vous savez très bien qu'il y a pas seulement
32:28 la position française, mais les stratégies
32:30 qui sont les stratégies internationales de d'autres pays,
32:32 la manière dont aujourd'hui on a monté
32:34 des accords de libre-échange en considérant
32:36 que ça allait permettre à des populations de sortir
32:38 de la pauvreté ailleurs sur la planète. Donc on peut
32:40 simplifier les choses et faire comme si une décision
32:42 en France, à Paris, à quelques
32:44 semaines de l'été pouvait tout bouleverser.
32:46 Il faut un peu d'humilité dans le fait d'être capable
32:48 ensuite de relier ces enjeux. - Alors,
32:50 le gouvernement a débloqué 10 millions d'euros,
32:52 soit 166 euros
32:54 par ferme pour le bio, toutes filières
32:56 confondues, contre une enveloppe de 270
32:58 millions l'an passé, juste pour
33:00 la filière port. Vous considérez que c'est une répartition
33:02 juste quand aujourd'hui
33:04 nous sommes en situation de stress hydrique
33:06 et qu'il faudrait soutenir avant tout,
33:08 et je parle sous votre contrôle, l'agro-
33:10 foresterie et l'agro-écologie ?
33:12 - Me proposer
33:14 des chiffres comme ça dans un contexte où je
33:16 suis très heureux de participer à une forme de polyphonie
33:18 qui me permet de défendre seul
33:20 un certain nombre de positions,
33:22 ce que je veux dire c'est peut-être remettre les choses à leur place.
33:24 Typiquement,
33:26 y compris dans le plan haut qui vient d'être présenté,
33:28 l'accent que nous mettons, et les crédits les plus importants,
33:30 ils sont pour la conversion au bio et pour l'agro-écologie,
33:32 c'est 200 millions d'euros
33:34 annuels, indépendamment des crédits
33:36 de soutien aux filières qui étaient déjà
33:38 existants auparavant. - François Germain, n'y a-t-il pas une...
33:40 - L'augmentation de l'effort. - Contradiction à vouloir
33:42 s'adapter à la sécheresse en dispensant
33:44 et en exonérant de tout effort le plus
33:46 gros consommateur agricole.
33:48 - C'est, je dirais, un exemple
33:50 type de ce qu'on appelle la maladaptation.
33:52 C'est-à-dire des solutions
33:54 d'adaptation qui, soit, vont essayer de
33:56 résoudre un problème immédiat,
33:58 mais vont compromettre les capacités
34:00 d'adaptation dans le futur,
34:02 donc en gros, un emplâtre sur une jambe de bois,
34:04 et malheureusement, c'est un peu ce qui se passe
34:06 avec les mégabassis. On peut comprendre le point de vue des agriculteurs
34:08 qui sont parfois un peu acculés, qui disent
34:10 "si je peux pas irriguer mes cultures, ben,
34:12 je vais devoir faire mes boutiques", mais ça risque
34:14 effectivement de compromettre nos capacités
34:16 d'adaptation dans le futur.
34:18 Et ça, c'est vraiment un enjeu fondamental, et je crois que
34:20 en s'accrochant à des modèles
34:22 agricoles du passé, qui sont très
34:24 dépendants de l'irrigation, en réalité, on tire
34:26 une balle dans le pied
34:28 des agriculteurs, parce que sur le long terme,
34:30 on garantira pas la pérennité
34:32 de l'agriculture, ni des revenus décents
34:34 pour des agriculteurs qui sont aujourd'hui
34:36 en souffrance pour la plupart.
34:38 Et puis l'autre enjeu, c'est
34:40 évidemment la question du
34:42 partage de la ressource
34:44 et des conflits d'usages. C'est-à-dire que d'un coup,
34:46 une ressource qu'on croyait jadis
34:48 abondante et limitée, pour laquelle
34:50 on se posait pas vraiment la question du partage,
34:52 avec des comportements aberrants parfois
34:54 en termes d'irrigation, et bien d'un coup,
34:56 cette ressource devient de plus en plus
34:58 limitée, et donc on va avoir
35:00 des conflits de plus en plus
35:02 violents, comme celui qu'on a vu
35:04 à Sainte-Seline, sur cette
35:06 question précisément de l'allocation
35:08 d'une ressource de plus en plus rare.
35:10 Ça va être le cas évidemment pour l'eau,
35:12 ça va être le cas pour les terres, et ça va
35:14 évidemment et surtout être le cas pour la question
35:16 du carbone. Qui a le droit d'utiliser
35:18 quel budget carbone
35:20 aujourd'hui, dans un contexte où il va
35:22 évidemment falloir réduire drastiquement
35:24 notre empreinte carbone ? - Vous l'entendez,
35:26 Christophe Béchut ? - Non seulement je l'entends,
35:28 mais j'ai l'impression qu'on a un discours qui est décorrélé
35:30 de ce qui se passe. On prend un exemple,
35:32 dans un coin de France, sur effectivement
35:34 la base d'un protocole de 2018, sur lequel
35:36 il y a plein de choses à dire, et on fait comme si
35:38 la stratégie globale était celle d'une maladaptation,
35:40 et on a un discours qui est décorrélé,
35:42 et on a un discours qui est décorrélé, et on a un discours qui est décorrélé,
35:44 et on a un discours qui est décorrélé,
35:46 et on a un discours qui est décorrélé,
35:48 et on a un discours qui est décorrélé,
35:50 et on a un discours qui est décorrélé,
35:52 et on a un discours qui est décorrélé,
35:54 et on a un discours qui est décorrélé,
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36:02 et on a un discours qui est décorrélé,
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36:08 et on a un discours qui est décorrélé,
36:10 et on a un discours qui est décorrélé,
36:12 et on a un discours qui est décorrélé,
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36:20 et on a un discours qui est décorrélé,
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37:00 et on a un discours qui est décorrélé,
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38:50 et on a un discours qui est décorrélé,
38:52 et on a un discours qui est décorrélé,
38:54 et on a un discours qui est décorrélé,
38:56 et accessoirement qui a été classé en juin 2022
38:58 et accessoirement qui a été classé en juin 2022
39:00 comme cancérogène probable. On marche sur la tête.
39:02 comme cancérogène probable. On marche sur la tête.
39:04 Il n'y a pas de contradiction entre le fait
39:06 d'expliquer qu'on a à la fois la nécessité d'aller interdire
39:08 et de souhaiter simplement qu'on le fasse de manière européenne.
39:10 Et sur ce type de questions, y compris pour éviter
39:12 qu'on se retrouve avec des écarts
39:14 qui viennent alimenter,
39:16 y compris une forme d'hypocrisie,
39:18 parce que si j'interdis un produit, mais qu'il arrive quand même dans mon assiette
39:20 parce que je l'importe depuis l'Italie, l'Allemagne ou la Belgique,
39:22 je vais faire croire aux consommateurs qu'on l'a sécurisé,
39:24 alors que ce n'est pas le cas.
39:26 Donc dans ce domaine, ce que la première ministre a eu l'occasion d'annoncer
39:28 donc dans ce domaine, ce que la première ministre a eu l'occasion d'annoncer
39:30 il y a quelques semaines, c'est que nous allions, dans le cadre du nouveau plan EcoFito,
39:32 prendre la totalité des produits
39:34 qui ont vocation potentiellement à être interdits
39:36 pour construire les alternatives.
39:38 Aujourd'hui, on est dans une espèce de système qui marche sur la tête.
39:40 On attend d'avoir un avis négatif...
39:42 Je suis heureuse de vous l'entendre dire.
39:44 Je vous le dis exactement comme je le pense.
39:46 Puisque ce truc est interdit,
39:48 on va maintenant imaginer une alternative
39:50 et quand l'alternative sera prête,
39:52 l'interdiction pourra être effective.
39:54 Mais l'alternative de toutes les alternatives, c'est le bio quand même.
39:56 L'enjeu, c'est d'aller modifier le process
39:58 et de faire en sorte, très concrètement, de se dire
40:00 "OK, par rapport à des calendriers
40:02 d'interdiction souhaitables ou probables,
40:04 il faut maintenant qu'on lance les programmes de recherche d'alternatives."
40:06 Pourquoi ne pas aller directement vers le bio ?
40:08 Parce qu'on sait très bien que,
40:10 finalement, le bio
40:12 permet de se passer de ces pesticides
40:14 et donc conserve une bonne qualité de l'eau.
40:16 Et il y avait un objectif,
40:18 il me semble, à une époque,
40:20 d'arriver à au moins 15%
40:22 de surface en bio en France
40:24 et on n'en est pas du tout là.
40:26 Et le bio est en train de régresser.
40:28 Pourquoi il n'y a pas cet effort vers le bio ?
40:30 La transition vers le bio,
40:32 là aussi, je rejoins ce que disait François Gemmene
40:34 il y a quelques instants,
40:36 elle est en train d'être adoptée par la profession.
40:38 On a un effet de recul sur lequel on est en train de travailler
40:40 parce qu'à cause du contexte d'inflation élevé,
40:42 on a un certain nombre de gens qui se sont détournés
40:44 pour des raisons budgétaires du bio
40:46 alors qu'en termes de qualité,
40:48 on voit bien l'impact et l'intérêt.
40:50 La seule chose que je dis, encore une fois,
40:52 c'est qu'à la fin, on est dans un système
40:54 d'économie ouverte. Du bio qui vient du bout du monde,
40:56 il est moins souhaitable
40:58 que du local qui vient de proximité.
41:00 Pour avoir, dans un passé récent,
41:02 géré une cantine
41:04 à l'échelle d'une collectivité,
41:06 vous mesurez dans un certain nombre de cas
41:08 que vous ne pouvez pas résumer
41:10 l'empreinte écologique d'un produit
41:12 uniquement au fait de savoir s'il est bio.
41:14 La question de sa provenance,
41:16 de la manière dont il a été fait, compte autant que la belle.
41:18 Il y a des endroits où les marais chez bio ne peuvent pas s'installer
41:20 parce qu'ils n'ont pas accès à l'eau.
41:22 C'est ce qu'on a vu dans le reportage.
41:24 Est-ce qu'il n'y a pas des priorités d'usage à mettre ?
41:26 Encore une fois, je suis ravi
41:28 d'être comptable de tout ce qui se passe
41:30 dans ce pays depuis 70 ans,
41:32 de tout ce qui ne s'est pas passé.
41:34 Mais vous êtes en exercice !
41:36 C'est le problème de la mobilisation.
41:38 C'est difficile.
41:40 Je suis simplement en train de vous dire...
41:42 - Le mot de transition...
41:44 - On ne le voit pas dans le plan haut, c'est pour ça.
41:46 - Vous l'avez très bien dit,
41:48 pendant des décennies,
41:50 on a vécu dans une telle illusion d'abondance
41:52 que nous n'avons pas regardé
41:54 les réformes cohérentes
41:56 qu'il fallait qu'on soit capable de conduire.
41:58 Et au moment où on a les fers,
42:00 on se retrouve avec des tensions et des agriculteurs
42:02 qui ont bloqué sur un territoire une route nationale
42:04 pour protester contre des interdictions
42:06 ou des diminutions d'autorisation
42:08 de prélèvement dans les Pyrénées-Orientales.
42:10 On a des départements dans lesquels on a des communes
42:12 qui n'ont pas d'eau potable
42:14 dès un début du mois d'avril.
42:16 - Qui sont victimes d'incendies.
42:18 - C'est pas le gouvernement qui dit
42:20 "à un moment on va faire une restriction",
42:22 c'est juste le constat
42:24 qu'en face d'une absence de ressources,
42:26 on ne va pas délivrer des autorisations.
42:28 - Ce que nous explique RGMN, c'est que les violences vont se répéter.
42:30 En tout cas, si le bio est une solution,
42:32 on en a une à vous proposer,
42:34 à l'échelle des territoires, comme ici à Grenoble,
42:36 où l'on n'attend pas d'être au pied du mur
42:38 pour investir dans l'habitat de demain,
42:40 se loger en étant presque autonome en eau et en énergie,
42:42 c'est possible, la preuve par l'image.
42:44 Le Monde, demain, c'est maintenant,
42:46 et c'est signé Alexis Breton et Xavier Luzet.
42:48 - Grenoble, à deux pas du Vercors
42:56 et au beau milieu des Alpes françaises.
42:58 158 240 âmes, c'est précis,
43:00 et parmi elles,
43:02 quelques dizaines d'habitants un peu particuliers,
43:04 des cobayes,
43:06 qui vivent dans ces deux immeubles
43:08 aux allures de stations spatiales.
43:10 Des volontaires pour la bonne cause,
43:12 pour l'eau,
43:14 comme Alexandre, un enseignant-chercheur de 31 ans.
43:16 - Salut, j'arrivais pas à trouver...
43:20 - Et Anne, sa voisine à la retraite,
43:22 qui vient boire une petite infusion
43:24 à l'eau de pluie qui coule pourtant du robinet.
43:26 - C'est un portail de l'eau de pluie
43:32 qui a plu hier, par exemple.
43:34 Il y a aussi de l'eau qui est potabilisée.
43:36 Et voilà, ils mélangent les deux,
43:38 et donc on a cette eau-là.
43:40 - 20 % d'eau de pluie,
43:42 20 % d'eau recyclée
43:44 et 60 % d'eau municipale, pour être exact.
43:46 - Ca fait 3 ans que vous buvez d'eau de pluie.
43:48 - C'est ça, exactement.
43:50 Ca se voit, non ? J'ai pas un très beau teint.
43:52 Presque un teint de rose.
43:54 - Et le goût, alors ?
43:56 - Ca n'a pas un goût particulier,
44:00 ça n'a pas de goût marqué, quoi.
44:02 Moi, je bois toujours de l'eau du robinet, ici.
44:04 Il n'y a pas de goût.
44:06 Et c'est vrai que certains de mes voisins
44:08 se sont plaints du goût de l'eau par moment.
44:10 Moi, j'ai jamais rien remarqué.
44:12 - Moi non plus.
44:14 Comme tous les locataires, Alexandre et Anne
44:16 expérimentent une gestion de l'eau innovante.
44:18 Un test grandeur nature de 5 ans
44:20 pour essayer de diminuer la consommation d'eau
44:22 des Français.
44:24 148 litres par personne et par jour.
44:26 Dans la douche, un dispositif particulier
44:28 indique le nombre de litres consommés.
44:30 - Au début, ça va faire du vert.
44:32 A partir de 10 litres,
44:34 le pommeau va se colorer en bleu.
44:36 Puis à partir de 30 litres, en violet.
44:38 Puis à 40, en rouge.
44:40 - Et là ?
44:42 - Et là, donc, voilà.
44:44 On a plus que 10 litres.
44:46 Et jusqu'à 20 litres, ça va faire du bleu.
44:48 - Des économies d'eau
44:50 qui vont au-delà des recommandations de l'ADEME,
44:52 l'agence de la transition écologique,
44:54 qui suggère de ne pas dépasser
44:56 une douche de 5 minutes,
44:58 soit en moyenne 50 litres d'eau.
45:00 - Le but, c'est vraiment, pour moi,
45:02 de ne pas dépasser la douche bleue.
45:04 Et c'est vraiment pas compliqué, quoi.
45:06 Et en été, c'est plutôt la verte
45:08 et je la dépasse pas.
45:10 - Seul problème dans cet appartement,
45:12 Alexandre ne peut pas boire l'eau de ses toilettes.
45:14 - Il y en a pas besoin, à cet endroit-là,
45:16 d'avoir de l'eau potable, justement.
45:18 Et ça, du coup, c'est de l'eau
45:20 qui vient de notre douche ou de notre lavabo.
45:22 Et après, elle part en bas, elle revient,
45:24 et donc, elle arrive dans nos toilettes.
45:26 On ne la différencie pas à l'oeil,
45:28 l'eau du robinet, mais elle est juste pas potable.
45:30 - Le saviez-vous ?
45:32 En France, l'eau des toilettes est potable.
45:34 Elle provient du même raccordement que l'eau des robinets.
45:36 Un énorme gâchis,
45:38 rendez-vous compte.
45:40 93% de l'eau que nous utilisons
45:42 l'est pour la lessive, l'entretien,
45:44 l'hygiène corporelle.
45:46 Un énorme gâchis évité dans cet immeuble expérimental,
45:48 construit et géré par Grenoble Habitat,
45:50 le bailleur social de la ville,
45:52 tenu par les écologistes.
45:54 (musique)
45:56 (bruit de moteur)
45:58 (musique)
46:00 (bruit de moteur)
46:02 Comment tout cela fonctionne-t-il ?
46:04 Pour le savoir,
46:06 il faut prendre de la hauteur.
46:08 C'est sur le toit de ce bâtiment unique en France
46:10 que tout commence,
46:12 avec ses 1 000 m2 de panneaux solaires.
46:14 Ils assurent non seulement
46:16 70% d'autonomie électrique à l'immeuble,
46:18 mais ils ont aussi une autre fonction,
46:20 plus originale.
46:22 L'architecte Carole Vallade
46:24 et le directeur technique de la ville
46:26 sont là pour tout nous expliquer.
46:28 - Quand il pleut, l'eau ruisselle sur les panneaux,
46:30 arrive dans les gouttières
46:32 qui sont ici,
46:34 et descend dans ces tuyaux
46:36 jusqu'au local de potabilisation
46:38 qui est au rez-de-chaussée.
46:40 - Vous l'avez compris,
46:42 tout repose sur un complexe technique
46:44 situé en bas. Nous redescendons.
46:46 Le Saint-Dessin du bâtiment,
46:48 le voici.
46:50 - L'eau collectée
46:52 est sous nos pieds.
46:54 Il y a 150 m3 de stockage d'eau.
46:56 - C'est les eaux de pluie qui sont stockées
46:58 sous le bâtiment avant d'être traitées
47:00 dans la station de potabilisation.
47:02 - Donc un filtre à charbon actif
47:04 ici pour un premier traitement
47:06 au niveau de l'eau.
47:08 Et derrière, un bioréacteur
47:10 à membrane qui vient aussi
47:12 assurer le second traitement
47:14 avant le passage
47:16 en filtration et
47:18 traitement UV.
47:20 Et puis après, on arrive sur la partie
47:22 dans laquelle se fait le dernier équilibrage
47:24 de la potabilisation
47:26 avec des traitements acido-basiques.
47:28 - Un traitement complexe.
47:30 Il s'agit d'éliminer toute acidité,
47:32 tout micro-organisme vivant qui pourrait s'y trouver.
47:34 L'eau de pluie est toujours
47:36 mélangée avec de l'eau municipale
47:38 qui apporte les minéraux nécessaires
47:40 pour la rendre complètement potable.
47:42 Ensuite, il y a ce qu'on appelle
47:44 les eaux grises, les eaux issues des éviers,
47:46 des eaux issues des éviers baignoires
47:48 et autres machines à laver le linge.
47:50 - On recollecte au niveau
47:52 lavabo, douche
47:54 et matériel électroménager
47:56 pour revenir traiter ces eaux grises
47:58 et redesservir ça
48:00 dans les WC
48:02 au niveau du jardin pour l'arrosage.
48:04 - L'eau des toilettes, elle,
48:06 est directement évacuée vers les centres
48:08 d'assainissement de la ville.
48:10 Impossible de la traiter ici.
48:12 Cela nécessite des installations
48:14 pour les élevages.
48:16 - Le jardin de Sandra est bien heureux.
48:18 - On peut donner un peu d'eau
48:20 à ces betteraves qui ont pris
48:22 un peu la chaleur.
48:24 - Il reste encore 3 ans d'expérimentation
48:26 mais les résultats sont déjà là.
48:28 En moyenne, ici,
48:30 les habitants consomment 80 litres d'eau par jour
48:32 contre 148 pour le reste de la population.
48:34 Le modèle serait transposable
48:36 à l'échelle d'un quartier
48:38 de 1000 logements malgré les coûts.
48:40 Cet immeuble très technique
48:42 a été créé par un investissement.
48:44 Le bailleur y a dépensé 13 millions d'euros.
48:46 Mais l'avenir n'a pas de prix, n'est-ce pas ?
48:48 - François Gémin,
48:50 la technologie va-t-elle pouvoir
48:52 nous sauver de nous-mêmes ?
48:54 - A elle seule, sûrement pas.
48:56 On va avoir besoin de la technologie
48:58 et ce qui a été présenté ici
49:00 dans le reportage est tout à fait innovant
49:02 et assez remarquable.
49:04 Ça permet de mettre en place
49:06 des mesures de solidarité.
49:08 La question de l'eau des toilettes,
49:10 les gens n'ont pas le choix
49:12 et ne décident pas eux-mêmes
49:14 du système de raccordement.
49:16 Il faut mettre en place
49:18 ce type de solution technologique.
49:20 Par contre, la technologie ne peut pas
49:22 servir d'alibi pour perpétuer
49:24 toute une série de modèles du passé
49:26 qui vont se fracasser sur le mur
49:28 du changement climatique.
49:30 Le défi que nous avons en tant que société,
49:32 c'est de voir comment nous allons
49:34 pouvoir nous servir de la technologie
49:36 tout en repensant certains modèles
49:38 du passé.
49:40 - Aujourd'hui, la redevance de l'eau
49:42 est payée à 90 % par les usagers domestiques
49:44 alors qu'ils n'utilisent que 22 %
49:46 de l'eau produite.
49:48 L'agriculture en paie 3 à 4 %
49:50 alors qu'elle en consomme 45 %.
49:52 En été, jusqu'à 80 %.
49:54 Est-ce équitable ?
49:56 - Non.
49:58 On pourrait le dire pour l'eau,
50:00 pour le kérosène,
50:02 pour toute une série d'usages du carbone.
50:04 Aujourd'hui, le gros problème économique,
50:06 c'est qu'il y a un échec du marché
50:08 en termes économiques.
50:10 Les impacts environnementaux ne sont pas
50:12 pris en compte dans le prix.
50:14 Un gros enjeu, c'est d'internaliser
50:16 cela dans le prix de manière à mettre
50:18 en place un prix équitable pour tous,
50:20 pour l'eau, pour le carbone et pour d'autres ressources.
50:22 S'il n'y a pas cette question d'équité,
50:24 on aura des conflits.
50:26 - D'où la terrification progressive ?
50:28 - Bien sûr. D'où aussi une volonté de rééquilibrage.
50:30 Vous auriez pu citer les centrales nucléaires.
50:32 On utilise de l'eau pour de la production d'énergie.
50:34 - Justement.
50:36 - Alors qu'il y a aujourd'hui une cotisation
50:38 qui est quasiment égale à zéro et qu'il faut
50:40 qu'on intègre dans le prix pour éviter de la maladaptation
50:42 et pour ne pas partir dans n'importe quelle direction.
50:44 Plus largement, notre fiscalité,
50:46 nos prix font comme si nous avions
50:48 des ressources qui étaient gratuites et infinies.
50:50 - Vous parliez des centrales nucléaires.
50:52 Elles sont très gourmandes en eau.
50:54 Le refroidissement des réacteurs capterait
50:56 30 % de la ressource. Alors qu'on est
50:58 en plein examen de la loi sur la construction
51:00 de nouveaux réacteurs, le nucléaire est-il viable
51:02 à l'heure de la réarréfaction de l'eau ?
51:04 Florence Abetz.
51:06 - C'est clair que les centrales actuelles
51:08 peuvent se faire du souci. Il y a eu souvent des arrêts,
51:10 notamment parce que la température
51:12 de l'eau étant trop chaude, ils ne pouvaient pas
51:14 rejeter de l'eau chaude dans le milieu.
51:16 Et effectivement,
51:18 je crois, dans le projet, il y a eu
51:20 très peu de centrales
51:22 sur des rivières parce que
51:24 je pense qu'on peut s'inquiéter sur les débits
51:26 des tiages qui ne sont peut-être pas suffisants.
51:28 - Justement, la baisse du débit de Rhône
51:30 et de ses affluents devrait s'accélérer.
51:32 Comment continuer à assurer dans ces conditions
51:34 une production nucléaire et hydroélectrique ?
51:36 - Alors, vous avez une étude très intéressante
51:38 qui a été faite par la Cour des comptes à la demande du Sénat
51:40 dans le cadre, effectivement, de l'évolution
51:42 de la politique énergétique et qui liste
51:44 la liste des recommandations qui sont probables.
51:46 On a potentiellement des technologies de circuits
51:48 fermés au lieu d'être en prélèvement, mais qui posent d'autres difficultés
51:50 parce que vous allez retrouver à moins prélever, mais à plus
51:52 consommer. - Absolument. - On a globalement
51:54 des solutions qui sont technologiques, en reprenant
51:56 exactement la langue de François Gemmene.
51:58 On ne peut pas imaginer que la technologie va nous permettre
52:00 de tout régler, mais avoir l'humilité de mesurer
52:02 que ce n'est pas que en transformant nos comportements
52:04 qu'on sera aussi capable de faire face
52:06 à une partie des défis qui sont
52:08 en face de nous. Moi, ce que je souhaiterais
52:10 dire par rapport à ça,
52:12 c'est que, jusqu'à maintenant,
52:14 la logique, c'est le principe de précaution.
52:16 Pourquoi l'eau est potable dans le fond des toilettes ?
52:18 Parce que, jusqu'à maintenant, la vision du ministère de la Santé,
52:20 c'est que si un enfant buvait l'eau des toilettes,
52:22 on pourrait se retrouver avec un risque,
52:24 si l'eau n'était pas potable, de procès sur le fait
52:26 que ça a généré quelque chose. 20% de fuite
52:28 en moyenne sur nos réseaux d'eau potable,
52:30 20% de fuite, 1 litre d'eau sur 5 qui est produit,
52:32 ça montre
52:34 l'ampleur de ce qu'on a à conduire,
52:36 parce que ce sont des moyennes, et que vous avez des endroits,
52:38 on l'a vu malheureusement, où on atteint
52:40 70% de fuite, on a 2 000 communes
52:42 qui se sont retrouvées en fragilité
52:44 avec des risques de perte d'eau potable,
52:46 ça a concerné plutôt des petits villages, mais on n'est pas à l'abri
52:48 que des agglomérations
52:50 de taille plus importante se retrouvent
52:52 demain confrontées à des difficultés de ce type.
52:54 - Le maître mot sera la sobriété,
52:56 on ne le répétera jamais assez, regardez,
52:58 le passé éclaire l'avenir.
53:00 Charlotte Epal est donc allée fouiller
53:02 dans les archives de l'INA et elle nous a exhumé
53:04 ceci, hier encore, c'est notre
53:06 coup d'œil dans le rétro et c'est maintenant.
53:08 ...
53:10 ...
53:12 - Un bruit bien
53:14 sympathique quand il fait 29 degrés
53:16 à l'ombre, un bruit d'eau bien entendu,
53:18 un bruit d'eau dans un nouveau puits
53:20 au sud de la Seine-et-Marne.
53:22 - Monsieur Joignot, vous êtes cultivateur,
53:24 je crois, en céréales. - Oui, oui.
53:26 - Est-ce qu'il y a beaucoup d'ennuis vers cette sécheresse ?
53:28 - Eh bien, écoutez, il est certain que
53:30 nos récoltes ont souffert de la sécheresse,
53:32 mais par exemple, moi, producteur
53:34 de maïs, on y pallie quand même
53:36 avec l'arrosage, je fais
53:38 de l'irrigation, j'ai un puits privé,
53:40 de ce puits j'arrose. - Donc vous avez de l'eau, alors ?
53:42 - Pour mes récoltes, pour mes maïs, oui.
53:44 ...
53:46 - Je m'excuse de vous interrompre, monsieur Deramez,
53:48 vous êtes vétérinaire, vous êtes en même temps
53:50 conseiller général du département. Qu'est-ce que vous pouvez donner
53:52 comme conseil à nos téléspectateurs ?
53:54 - C'est qu'il faut absolument, aujourd'hui,
53:56 ne pas qu'ils aient une psychose
53:58 de manque d'eau, et que
54:00 tous les soirs, sous prétexte
54:02 qu'on a entendu dire
54:04 qu'on allait manquer d'eau, on allait ceci,
54:06 on remplit les baignoires,
54:08 on remplit toutes les citernes, on remplit
54:10 on remplit les bouteilles... - Et puis finalement,
54:12 ce taux-là, on ne l'utilise pas. - On ne l'utilise pas,
54:14 parce qu'on la vide le lendemain matin
54:16 dans le ruisseau, dans les égouts, et puis
54:18 le lendemain matin, quand on voit que l'eau recommence à recouler
54:20 au robinet, on recommence à remplir
54:22 pour la deuxième fois. - Monsieur Métier, vous êtes
54:24 maire de Ville-Mère. - Mais oui,
54:26 monsieur Jacques. - Voulez-vous me parler un peu
54:28 du problème de l'eau chez vous ? - Eh bien, le problème de l'eau
54:30 chez nous, voyez-vous, nous sommes
54:32 fournisseurs d'eau.
54:34 - Ah ben alors, vous ne manquez de rien. - Ah ben si, si, si.
54:36 Nous sommes fournisseurs d'eau à la ville de Paris,
54:38 qui a capté notre source
54:40 en 1900, nous laissant,
54:42 tout et pour tout, 200 m3 par jour.
54:44 En 1900, c'était largement suffisant,
54:46 parce que tout le monde avait son puits.
54:48 Maintenant, on a tout de même l'adduction d'eau, comme dans
54:50 beaucoup de communes, mais les 200 m3
54:52 ne suffisent plus. Et en ce moment,
54:54 par la sécheresse qui fait,
54:56 le soir, dans le petit hameau de Montbré,
54:58 où nous sommes en ce moment, il n'y a plus d'eau.
55:00 - François Gémane, et j'aimerais
55:02 terminer là-dessus, vous rappeler
55:04 très justement dans votre livre qu'il est possible
55:06 pour une entreprise de se transformer radicalement.
55:08 Nokia fabriquait des bottes en caoutchouc
55:10 avant de fabriquer des téléphones et des composants
55:12 électroniques. Nintendo vendait
55:14 des cartes à jouer avant de vendre des consoles
55:16 de jeux. Et American Express,
55:18 le saviez-vous, Christophe Béchu,
55:20 était un réseau de diligence avant de se lancer
55:22 dans des cartes de crédit. Et surtout,
55:24 Shell vendait des antiquités et des coquillages
55:26 avant de devenir un géant pétrolier.
55:28 Bref, rien n'est perdu
55:30 à qui a envie de se réinventer.
55:32 - Toutes ces entreprises n'existeraient sans doute
55:34 plus si elles n'avaient pas changé leur modèle.
55:36 - Absolument, il n'y a plus qu'à. Je vous donne rendez-vous
55:38 le mois prochain. Merci à tous les trois.
55:40 D'ici là, serrons-nous les coudes
55:42 et bon courage, Christophe Béchu, il y a du boulot.
55:44 - Merci à vous. Il y a du boulot
55:46 pour tout le monde, parce qu'il faut que ce soit
55:48 toute la société qui bouge, et pas seulement
55:50 ceux qui savent ou ceux qui prennent des décisions.
55:52 Il y a un enjeu pour embarquer tout le monde
55:54 dans cette transition. - On y va.
55:56 (Générique)

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