• l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Lieutenant-colonel Jean-François Lhuillier, agent de la DGSE pendant 25 ans et auteur de “L’Homme de Tripoli” (Mareuil Editions).

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News
Transcription
00:00 Frédéric Brindel.
00:01 Ouvrez bien vos oreilles les auditeurs de Sud Radio parce que ces gens-là ne parlent jamais.
00:05 Forcément quand ils parlent, il y a de l'info.
00:09 Ancien agent de la DGSE, Jean-François Lhuillier, vient d'écrire "L'homme de Tripoli"
00:14 aux éditions Mareuil, Mareuil Éditions, "L'homme de Tripoli", mémoire d'agent secret.
00:20 Vous avez été agent secret Jean-François Lhuillier. Bonjour.
00:24 Bonjour à vous.
00:25 Bon, le livre parle de la chute de Kadhafi en Libye, on revient au printemps arabe, 2011,
00:30 donc évidemment la France avec notamment la campagne de Nicolas Sarkozy
00:34 est totalement liée à ce qui s'est passé, plus les interventions.
00:38 Déjà vous parlez en tant qu'ex-agent de la DGSE, vous avez demandé l'autorisation ou pas ?
00:44 Pas exactement, non.
00:46 En vérité, j'ai annoncé le livre au directeur général que j'ai rencontré la semaine dernière
00:52 pour lui dire que j'avais... mais je n'ai pas demandé l'autorisation préalable.
00:56 Quand vous rentrez dans ce métier, alors vous, vous avez été formé ancien parachutiste d'infanterie de marine,
01:02 chef de poste à l'étranger, quand vous rentrez dans ces postes, vous êtes soumis à un secret le plus total ?
01:09 Total, oui, complet, bien sûr, ça fait partie de notre métier.
01:13 C'est-à-dire, vous changez de nom ?
01:16 Non, ça dépend des missions. Certaines missions imposent que nos noms soient changés,
01:22 donc on part sous identité fictive dans ces cas-là, mais généralement, je l'explique d'ailleurs dans le livre,
01:28 moi j'appartiens à la direction du renseignement de la DGSE, où on travaille beaucoup sous son identité réelle en vérité.
01:36 Votre famille est au courant de votre métier lorsque vous menez ces missions ou un minimum ?
01:41 Un minimum, oui. Ma famille proche a longtemps ignoré mon appartenance à la DGSE.
01:47 Ah oui ?
01:48 Oui, c'est une question de protection de soi-même déjà, et puis du service évidemment, c'est important.
01:55 Et donc, mon épouse, bien entendu...
01:57 Oui, votre épouse, oui, quand même.
01:59 Voilà.
02:00 Bon, alors, entrons dans le vif du sujet. Cette histoire de la chute de Kadhafi, on rappelle déjà que la France est partie prenante.
02:06 Bon, il y a ce printemps arabe, on le voit pas trop venir en Libye parce que c'est une grosse dictature,
02:11 mais la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis s'associent, vous travaillez tous ensemble.
02:16 Oui, mais c'est quand même la France qui emmène tout le monde en vérité.
02:21 C'est le président Sarkozy qui a décidé cette intervention en vérité.
02:27 Entre nous, on sait qu'il y a le précédent avec l'histoire de la venue de Kadhafi à l'Elysée,
02:31 où il y a un stade s'étend, les accusations de financement occulte de la campagne.
02:37 Il veut régler ses comptes aussi personnellement, le président Sarkozy, dans cette affaire ?
02:41 C'est difficile à dire pour moi. Je dirais que...
02:44 En tout cas, ce qu'il y a de sûr, c'est que les relations entre la France et la Libye, à l'époque,
02:48 étaient de bonne qualité, plutôt de bonne qualité, on va dire.
02:51 Je dirais même d'assez bonne qualité, oui.
02:55 Ce qui était important pour l'équilibre de la région et la représentation de la France, c'est ça ?
02:58 Absolument, ce qui était important pour l'équilibre de la région.
03:02 La Libye a un rôle clé dans le Maghreb, malgré tout.
03:06 On l'oublie un petit peu, parce que l'Algérie prend beaucoup de place, par exemple, l'Égypte aussi.
03:10 Mais la Libye, et notamment Kadhafi, évidemment, ont un rôle très important dans toute la région.
03:16 C'est vrai qu'au nord de l'Afrique, la Libye, on le rappelle, est le pendant-est de l'Algérie à l'ouest.
03:21 C'est-à-dire que c'est deux gros pays, l'un à l'est, la Libye, et l'autre à l'ouest.
03:25 Dans ce travail, en fait, ce n'est pas un travail où on arrive et on tire.
03:30 On essaye de lier des contacts avec déjà les opposants de Kadhafi.
03:35 Vous voulez dire à l'époque, avant...
03:37 Oui, sur votre intervention, et ce qui est l'objet de votre livre.
03:40 Avant l'intervention, quand j'ai été mis en place en 2009 à Tripoli,
03:47 bien sûr que l'une de nos missions, ce n'était pas la seule,
03:51 c'était d'appréhender comment fonctionnait le régime
03:57 et d'avoir des renseignements les plus précis possibles sur la politique menée par ce régime.
04:05 Donc vous, concrètement, vous allez sur le terrain à la rencontre éventuellement d'opposants,
04:09 mais aussi, on en parlera, de membres du gouvernement.
04:12 Oui, oui, tout à fait.
04:14 Les opposants, je mettrais une nuance à ce mot-là,
04:17 parce que les oppositions dans un pays cadenassé comme la Libye...
04:21 Comme image, on pourrait dire que la Libye, c'est la Corée du Nord du Maghreb,
04:26 pour faire une équivalence.
04:28 Donc les oppositions n'existaient pas véritablement sur le terrain.
04:31 Les oppositions étaient à l'étranger.
04:34 Donc, ça, c'est d'autres officiers traitants du service qui traitaient les oppositions à l'étranger.
04:40 Et ces opposants à l'étranger, ils sont dans des pays, on va dire, voisins ?
04:44 Pas nécessairement. Je dirais même plutôt dans les pays occidentaux,
04:49 où la parole est plus libre.
04:51 Parce que vous imaginez que les opposants en Algérie ou en Égypte,
04:55 ils ne peuvent pas parler de la même façon.
04:57 Donc ça part de Paris, de Londres, de Washington, il y a ces opposants,
05:00 et là, on remonte, on y va.
05:03 C'est ça. Et moi, sur le terrain, j'ai pas tellement de contact avec les oppositions,
05:07 parce qu'il n'y en a pas,
05:09 et donc mon rôle, c'est de me tenir informé, et de tenir informé le service,
05:14 de prendre des contacts au sein du gouvernement,
05:20 ou dans les premiers cercles de cadavres.
05:22 - Alors, vous dites "prendre des contacts", mais d'une certaine manière,
05:24 prendre la température, qui pourrait d'une certaine manière basculer de votre côté ?
05:29 C'est un peu ça ?
05:30 - Bien sûr. C'est l'officier traitant qui est sur le terrain,
05:34 en temps de paix, c'était le cas quand j'arrive en 2009,
05:37 est effectivement attentif à trouver des gens susceptibles
05:42 d'apporter leur réponse aux questions que j'ai en tête, que je pose.
05:48 - Alors, cher Jean-François Lhuillier, je le rappelle, ex-agent de la DGSE,
05:52 qu'est-ce qui fait votre force ?
05:53 Qu'est-ce qui fait que vous, vous ayez été choisi pour ça ?
05:56 C'est-à-dire que vous avez une capacité à être psychologiquement fort
06:02 sur l'analyse de l'interlocuteur ? C'est quoi ?
06:04 - Je suis très fort sur le...
06:06 - Ne me regardez pas quand vous répondez, ne me regardez pas, j'ai peur !
06:09 - Non, mais ce que vous dites est intéressant.
06:13 Les officiers traitants sont formés justement aux relations humaines, en général,
06:21 et à savoir comment parler aux gens, comment essayer de soustraire,
06:28 d'amener les gens à partager leurs points de vue.
06:32 - Vous n'utilisez pas le terme manipulation, parce qu'il n'est pas joli,
06:35 mais ça y ressemble un peu.
06:37 - Pas encore, dans un premier temps.
06:39 Avant de manipuler quelqu'un, il faut déjà le rencontrer,
06:42 et puis il faut établir un lien de confiance,
06:45 et puis il faut voir ce que le gars peut nous apporter, etc.
06:48 Ensuite, la manipulation vient plus tard.
06:51 - Sur le terrain, comme ça, en Libye, vous parlez en anglais ?
06:54 - Je parle d'abord en français, quand je le peux,
06:58 je suis encore dans la défense de ma langue.
07:02 - Allons-y, faisons de la francophonie !
07:04 - Bien sûr, ça c'est important, je crois.
07:07 De l'anglais, bien entendu, mais vous savez, en Libye,
07:10 les gens ne parlent pas forcément bien anglais, encore moins français, c'est vrai,
07:14 donc il faut quand même avoir des notions d'arabe.
07:17 - D'accord, donc là, c'est pareil, avant d'aller sur une mission comme celle-ci,
07:20 il y a un apprentissage, vous n'aviez pas appris à l'école, j'imagine ?
07:23 - Non, c'est vrai, dans mon cas,
07:26 mais le service recrute des linguistes aussi,
07:29 et d'excellents linguistes même,
07:32 dans tous les domaines, pas simplement en arabe,
07:35 mais même dans des langues rares,
07:38 et donc effectivement, au service, il y a des modules
07:41 de perfectionnement de langue, etc.
07:44 - C'est passionnant, il y a ce livre, on va y venir au contenu,
07:47 mais je ne suis pas le premier à vous le faire,
07:50 c'est-à-dire qu'on a mille questions à vous poser sur votre métier.
07:53 J'imagine que les auditeurs de Sud Radio aussi, 0826-300-300,
07:56 profitez de la présence de Jean-François Lhuillier, ex-agent de la DGSE,
07:59 il sort donc son livre "L'homme de Tripoli", "Mémoire d'agent secret".
08:02 C'était une mission difficile,
08:05 vous étiez en danger, vous, personnellement ?
08:08 - Oui, bien sûr, c'était une mission difficile,
08:11 mais pour nous, c'est habituel,
08:14 il n'y a pas de mission facile,
08:17 et ce que l'on pourrait penser être une mission facile,
08:20 parfois recèle des pièges,
08:23 qui sont invisibles, à l'œil nu.
08:26 Et quand on part à Tripoli,
08:29 si on prend l'analogie de la Corée du Nord,
08:32 vous imaginez qu'effectivement, développer des méthodes
08:35 de contact avec des gens clandestines,
08:38 c'est compliqué. - Et c'est vu et c'est su tout de suite ?
08:41 - Justement, on essaye que ça soit
08:44 le moins vu possible. - Et je vous demande comment,
08:47 ou pas ? C'est pas possible ? - Non, vous pouvez me demander comment.
08:50 Après, vous savez,
08:53 le problème, quand on est sur le terrain,
08:56 au nom du service,
08:59 c'est qu'actuellement, nous sommes, enfin c'était mon cas à Tripoli,
09:02 j'étais déclaré aux autorités locales.
09:05 Donc effectivement, les services,
09:08 les contre-espions locaux, les services de sécurité locaux,
09:11 savaient qui j'étais. Donc ça complique encore
09:14 les choses. Et donc, effectivement...
09:17 - Et quel intérêt ils ont à vous laisser rentrer sur le territoire, alors ?
09:20 Je ne comprends pas. - Leur intérêt,
09:23 c'est un intérêt, comment dire,
09:26 chacun trouve son intérêt, c'est,
09:29 en l'occurrence, en Libye, la partie
09:32 intéressante pour eux, c'était une collaboration
09:35 ou une coopération sur l'aspect antiterroriste.
09:38 - D'accord, oui. Et donc,
09:41 oui, ce que vous dites, vous ouvrez une porte,
09:44 et il n'y a de mission à mener
09:47 que sur des intérêts croisés, en fait.
09:50 - Dans l'aspect officiel de nos relations,
09:53 effectivement, il faut trouver les intérêts
09:56 croisés, comme vous dites. Et on travaille là-dessus, oui.
09:59 - Est-ce que Jean-François Lhuillier, votre pire ennemi
10:02 sur le terrain, finalement, c'est votre stress ? Vous ne devez pas
10:05 montrer de stress ? Parce que ça se voit, le stress, ça se sent ?
10:08 - Oui, effectivement, non seulement
10:11 ça peut se voir et ça peut se sentir, mais en plus ça vous fait perdre
10:14 les pédales, un petit peu. Donc non, les gens
10:17 du service, quels qu'ils soient, sont formés
10:20 à surmonter ce stress qui est inévitable,
10:23 bien entendu. - Quels sont les pièges dans lesquels ne pas
10:26 tomber, qui sont des pièges humains ? Alors, la consommation
10:29 d'alcool, peut-être même si dans ce pays c'est un petit peu particulier,
10:32 parce que c'est un pays musulman, mais
10:35 pardonnez-moi, mais il y a les femmes, donc en fait, il ne faut jamais
10:38 succomber à la tentation parce qu'on se fragilise. - C'est vrai,
10:41 c'est vrai, vous connaissez ça par cœur.
10:44 Vous avez lu les bons romans d'espionnage. - J'ai le problème
10:47 d'avoir des tentations, donc après c'est... - Mais c'est ça,
10:50 c'est exactement ça, ne pas prêter le flanc
10:53 aux attaques ennemies, en fait. Et donc,
10:56 dans ce métier, nous on part du principe, et notamment
10:59 dans ce type de pays très surveillé,
11:02 on part du principe qu'on est constamment sous les projecteurs
11:05 des services de sécurité locaux. - Bon,
11:08 Moussa Koussa, ministre des Affaires étrangères libyen
11:11 obtient l'asile politique en Grande-Bretagne après les tentatives
11:14 de récupération des Français. C'est-à-dire que vous avez
11:17 essayé de récupérer ce ministre, vous
11:20 réussissez ou pas ? - Alors, dans le cas
11:23 de Moussa Koussa, c'est un échec total, il faut dire les choses
11:26 comme elles sont. - Parce qu'il file chez nos amis anglais,
11:29 nos éternels amis ennemis. - C'est ça, et il nous file
11:32 sous le nez alors qu'on était en train de le tenir,
11:35 et au dernier moment,
11:38 il esquive le truc et il part à Londres.
11:41 - Alors là, vous êtes un peu responsabilisé
11:44 là-dessus ? On vous met de la pression ou pas ?
11:47 - Non, honnêtement, vous savez, c'est ce genre de choses
11:50 qui échappent à l'entendement. Nous, on met
11:53 tout en œuvre pour pouvoir réussir notre
11:56 mission. On n'est pas dans la tête du Moussa Koussa, même si on lui
11:59 a mis suffisamment de choses pour qu'il croit
12:02 ce qu'on va faire pour lui.
12:05 Manifestement, il n'a pas été franc avec nous.
12:08 - Mais l'objectif, c'était donc de faire de ce membre du gouvernement
12:11 de Kadhafi un allié pour faire tomber Kadhafi, c'est ça l'idée ?
12:14 - C'est ça l'idée. Et alors, en vérité, je l'explique dans le livre,
12:17 c'est un mantra qui avait été répété
12:20 par l'Elysée, "faites tomber
12:23 des gens importants,
12:26 retournez les gens importants pour fragiliser Kadhafi".
12:29 - Alors, vous dites que ça vient directement du président de la République ?
12:32 - En l'occurrence, oui. - C'est-à-dire que sur le travail des agents
12:35 secrets français, sur les grandes décisions, on est d'accord,
12:38 c'est le président français qui dit "faites ça" ?
12:41 - Ah oui, bien sûr, le président français dit "faites ça" comme il le dit aux armées.
12:44 Évidemment, on fait
12:47 tout pour... comment dire...
12:50 - Et c'était facile de travailler sous Nicolas Sarkozy,
12:53 remonter comme jamais contre Kadhafi ?
12:56 - Écoutez, pour être honnête,
12:59 sur le terrain, on n'a pas de pression politique.
13:02 Donc la pression, c'est nous-mêmes
13:05 qui nous la mettons pour telle ou telle raison, mais honnêtement,
13:08 on n'a pas de pression politique sur le terrain.
13:11 - Mais vous dites, alors ça peut peut-être se transmettre comme ça,
13:14 c'est-à-dire qu'il y a plusieurs directions à la DGSE, et qu'il y a des fois,
13:17 notamment une histoire de négociations
13:20 à Djerba, en Tunisie, pas loin de la Libye,
13:23 finalement, il y a d'autres membres de la DGSE qui négocient
13:26 alors que vous n'étiez pas au courant ? - Oui, c'est vrai.
13:29 Ça fait partie du métier, la main droite
13:32 ignore ce que fait la main gauche.
13:35 - Ça veut dire qu'on peut... alors, c'est pas volontaire, entendons-nous bien,
13:38 mais il peut y avoir des trahisons involontaires.
13:41 - Oui, non, le trahison, c'est un mot un peu fort.
13:44 Non, mais c'est ce qu'on appelle chez nous
13:47 le cloisonnement, vous savez, c'est-à-dire qu'on
13:50 fait attention pour assurer
13:53 une sécurité totale à la mission qu'on est en train
13:56 d'exécuter, on doit ne pas
13:59 en parler autour de nous, le moins possible.
14:02 Mais normalement, à Paris, vous avez quelqu'un en centrale qui
14:05 coordonne l'ensemble. - Autre
14:08 moment fort de votre livre, l'évacuation de l'ambassade
14:11 de France en Libye. Bon, là, c'est tendu,
14:14 le Kadhafi va tomber, les rebelles
14:17 vont attaquer, c'est les rebelles qui, finalement,
14:20 le tuent. Là, c'est
14:23 du chirurgical. - Alors, l'évacuation
14:26 de l'ambassade, c'est quelque chose
14:29 comme vous dites, de très fort, parce que, personnellement,
14:32 moi, ça faisait plus de 30 ans que je travaillais dans ce métier,
14:35 ou plus de 25 ans, je ne l'avais jamais mis en oeuvre,
14:38 et ça a été rarement mis en oeuvre dans le monde.
14:41 Et donc, effectivement, quand on nous dit...
14:44 Alors, les rebelles n'existaient pas encore, à l'époque.
14:47 Quand on nous dit... Il y avait
14:50 quelques foyers de tension, et bon...
14:53 Quand on nous dit "vous fermez l'ambassade, vous détruisez
14:56 tous vos matériels", vous... ça fait un choc, quand même.
14:59 - Oui, ça fait... Qu'est-ce qu'on détruit vraiment, qu'est-ce qu'on ne détruit pas ?
15:02 - Tout est programmé, on a un petit
15:05 cahier à suivre, enfin, des consignes
15:08 à suivre très précises pour savoir ce que l'on doit
15:11 détruire ou pas. - Bon, Jean-François Lhuillier,
15:14 je serai resté 24 heures avec vous non-stop, avec tout un tas de questions.
15:17 Je rappelle que l'objectif du Libre, et vous le dites,
15:20 c'est d'expliquer le fonctionnement de la DGSE,
15:23 un des meilleurs services secrets du monde, rappelons-le.
15:26 Vous êtes, j'imagine, hyper fier d'avoir participé à tout cela.
15:29 Ne serait-ce que quand vous voyez comment moi je vous regarde,
15:32 vous dites "j'ai quand même..." - Oui, quand vous me regardez comme ça,
15:35 j'ai envie de discuter avec vous pendant plusieurs heures. - Ah, c'est gentil, c'est gentil !
15:38 - Mais c'est vrai que c'est une fierté.
15:41 C'est l'un des plus beaux services du monde.
15:44 Et...
15:47 On est entouré de personnels
15:50 compétents, des gens qui sont pointus dans leur domaine,
15:53 chacun tire dans le même sens.
15:56 - Mais à n'importe quel moment, on peut mourir.
15:59 - C'est notre métier. Vous savez, moi je suis rentré dans
16:02 le métier, j'avais 17 ans, comme...
16:05 J'allais dire comme troufion pour simplifier
16:08 les choses. Et quand vous rentrez
16:11 dans ce... Vous adhérez à ce métier-là,
16:14 vous êtes prêt à donner votre vie, évidemment. - Et c'est parti pour la vie.
16:17 Merci beaucoup Jean-François Lhuillier, l'homme de Tripoli,
16:20 mémoire d'agent secret, édition Mareuil.
16:23 Voilà, évidemment, je vous conseille de lire ce livre.
16:26 Rendez-vous demain à la même heure, tout de suite.
16:29 C'est André Bercoff, merci à toute l'équipe autour de Jamel Abdelhak
16:32 d'Abdelhak et de Joseph Ruiz d'avoir construit cette émission.

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