• l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Jean-François Kahn, journaliste et fondateur de Marianne.

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##MIDI_ACTU-2023-05-15##

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News
Transcription
00:00 Jean-Jacques Bourdin.
00:01 Je reçois, nous recevons Jean-François Kahn.
00:05 Jean-François Kahn, bonjour.
00:06 Bonjour.
00:06 Merci d'être avec nous.
00:08 Le titre de votre dernier livre, "Comment on en est arrivé là quand la tentation des extrêmes
00:13 risque de conduire à la guerre civile", aux éditions de l'Observatoire Jean-François Kahn.
00:18 Voilà un livre qui va peut-être être utile, même sûrement utile à notre société
00:26 parce que nous sommes peut-être... Est-ce que nous sommes en pleine dérive, tiens ?
00:30 En pleine dérive extrémiste aujourd'hui.
00:32 Dérive extrême. Il y a une poussée des extrémismes.
00:36 Alors, je fais une petite... Je fais une différence entre radicalité et extrémisme.
00:42 Oui, c'est vrai.
00:43 Et vous savez pourquoi ?
00:44 Oui.
00:44 Parce qu'être radical, moi ça m'arrive d'être radical. Et à vous aussi.
00:47 Il y a un moment, par rapport à une situation, on dit "C'est pas possible, on peut pas accepter ça".
00:52 Par exemple, un républicain sous la monarchie, que Condorcet sous la monarchie,
00:57 les républicains, c'est être radical.
00:59 Mais une fois que vous avez fait avancer les choses, vous vous enfermez pas dans votre radicalité.
01:05 Un extrémiste, il reste extrémiste. Il s'enferme dans son extrémisme.
01:08 Quoi qu'il se passe, même s'il reste extrémiste, il va toujours au-delà.
01:13 C'est pour ça que c'est une différence.
01:14 Aujourd'hui, il y a une double tendance des deux côtés à un extrémisme
01:20 qui peut donner des conséquences.
01:23 D'ailleurs, vous écrivez "L'extrémisme revient à appuyer sur l'accélérateur,
01:27 même quand on a plus d'essence, et à accuser la société quand on est tombé en panne".
01:31 Voilà.
01:32 Oui, mais c'est tellement vrai ça.
01:34 C'est exactement ça.
01:36 Bon, je vais vous donner l'extrémisme. Jean Moulin était radical.
01:41 Il dit "Il faut prendre les armes pour se libérer des allants".
01:44 Oui, c'est radical.
01:46 Et puis une fois qu'on est libéré, le résistant radical,
01:50 on est libéré, il ne dit pas qu'il faut continuer à prendre les armes.
01:54 L'extrémiste, même quand on est libéré,
01:57 il dit "Il faut continuer à prendre les armes pour autre chose,
01:59 pour restreindre le socialisme, ou je ne sais pas quoi, etc."
02:01 C'est ça la différence entre le radical et l'extrémiste.
02:04 Est-ce que les extrémistes submergent l'espace public aujourd'hui ?
02:08 Alors moi je pense qu'ils le submergent...
02:11 D'abord, il y a une responsabilité médiatique,
02:13 c'est-à-dire, il suffit aujourd'hui que n'importe qui dit une connerie extrême,
02:21 et tout à coup ça y est, il fait le buzz.
02:23 Vous avez eu tous les jours Zemmour, après tous les jours Mélenchon,
02:27 maintenant vous avez tous les jours Sandine Rousseau, il y a une tendance...
02:31 Ils sont invités partout, on organise des débats autour de ce qu'ils ont dit,
02:36 on met quatre personnes autour de la table dans une chaîne d'infos,
02:40 et on débat sur ce qui a été dit.
02:43 - Il y a une prime à l'extrême... Mais je comprends, je n'accuse pas les médias là-dessus,
02:46 je comprends s'il a raison.
02:47 - Moi je les accuse parce que c'est de la paresse.
02:49 - Il y a une prime à l'extrême...
02:50 - C'est de la paresse de la part des journalistes.
02:52 Moi j'accuse.
02:56 Vous avez lu la dernière tribune, enfin l'une des dernières tribunes de Kamel Daoud,
03:00 sur justement les médias, je ne sais pas si vous l'avez lu,
03:04 qui dit que les responsables sont en partie médiatiques,
03:09 ce sont les médias qui sont responsables,
03:11 parce qu'il y a une complaisance,
03:13 complaisance par exemple envers le champ des casseroles,
03:16 complaisance envers l'opinion qui prime sur le fait.
03:19 - Mais c'est ce que je dis.
03:20 - C'est ce que vous dites.
03:22 - Moi, et je pointe la responsabilité d'un certain nombre de médias,
03:26 à droite comme à gauche, très bien.
03:28 Y compris des journaux emblématiques, qui sont à part ça de bons journaux,
03:32 comme le Figaro ou Le Monde, des deux côtés, très bien.
03:35 Mais si j'avais... Il se trouve que j'ai 85 ans.
03:38 - Oui.
03:39 - Donc j'en ai plus rien à foutre.
03:41 Mais que si j'avais 50 ans, est-ce que j'aurais osé ?
03:44 Est-ce que j'aurais osé ? Je me serais dit
03:46 "merde, je me fous à dos la presse de droite, la presse de gauche,
03:48 les médias de gauche et médias de droite,
03:50 c'est pas raisonnable, ils vont pas parler de mon livre,
03:53 je sais pas, il faut que j'aie mon âge pour dire "ça fait rien".
03:57 Quelles que soient les conséquences, je dis les choses que c'est le moment où il faut les dire.
04:01 - Alors, il ne fallait pas dire ça, il n'était pas nécessaire de dire ça,
04:04 il était justifié de refuser d'entendre ça,
04:07 c'est ce que vous écrivez, et vous rappelez
04:09 que vous avez envoyé plusieurs tribunes
04:11 au journal Le Monde, mais pas qu'au journal Le Monde,
04:14 au Figaro, à Marianne.
04:16 Ces tribunes ont été refusées.
04:18 - Ils ont été refusées, ça ils ont le droit de refuser.
04:20 - Ils ont le droit, mais...
04:21 - Mais c'est les relire !
04:23 Si les gens le... ça j'aimerais bien que les gens le lisent,
04:26 et même le diffusent, parce qu'ils seront stupéfaits,
04:29 dire "comment ? On pouvait pas lire ça ?
04:31 On pouvait pas écrire ça alors que c'est tout ce qu'on est en train de dire,
04:35 c'est ce que je disais, comment on va vers ça ?
04:38 Pour comment on va...
04:39 - Tribune, je vous interromps, tribune, mars 2021,
04:43 qui fait le jeu de qui ?
04:44 - Bah oui !
04:45 - Vous posez la question.
04:46 - C'est de dire, c'était pour Le Monde,
04:48 et j'ai dit "attention, sans vous rendre contre,
04:51 une certaine extrême gauche que vous couvrez,
04:54 au lieu de la critiquer, est en train de faire le jeu de l'extrême droite,
04:57 et en train de pousser l'extrême droite au pouvoir."
04:59 - L'extrême gauche est en train de faire le jeu de l'extrême droite ?
05:01 - L'extrême gauche contribue à une arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
05:05 Faut pas se faire d'illusions.
05:07 Si on continue à jouer au con,
05:08 et je ne vois pas pour l'instant rien de me laisser prévoir
05:11 qu'on va arrêter de jouer au con,
05:12 si on continue de jouer au con,
05:14 évidemment, un, l'extrême droite gagne les élections, très bien,
05:18 je ne dis pas c'est le fascisme et c'est la dictature,
05:21 l'extrême droite, l'opposition,
05:23 mais de l'autre côté, du côté des radicaux d'extrême gauche,
05:26 y en a qui attendent que ça.
05:28 Ils savent qu'ils peuvent pas gagner eux.
05:30 - Ils l'espèrent, même, quand c'est quelqu'un qui l'espère.
05:32 - Et donc j'espère que l'extrême droite arrive au pouvoir en disant d'abord
05:34 "C'est liquide Macron, donc on revient au clivage gauche-droite."
05:37 Et puis surtout, comme ça on va pouvoir, sur le thème de l'antifascisme,
05:41 aller dans la rue, manifester, hurler, etc.
05:44 Ils attendent que ça.
05:45 Et c'est en ce sens que ça débouchera sur un véritable climat de guerre civile.
05:49 Si on continue à jouer au con, on peut l'empêcher,
05:52 mais si on continue à jouer au con, ça débouchera sur un véritable climat de guerre civile.
05:56 - Deuxième tribune, refusée par le monde.
05:59 Une déliquescence sans cause.
06:01 - Oui, parce que c'est bien gentil de dire,
06:04 ce que je viens de dire, et que tout le monde est d'accord aujourd'hui,
06:09 que l'extrême droite peut arriver...
06:11 Enfin, disons que l'extrême droite fait Marine Le Pen 32-33% des voix.
06:16 On peut trouver que ça folle, on peut crier, on peut hurler si on est de gauche.
06:21 - Mais d'accord les mecs, et c'est à cause de quoi ?
06:24 C'est à cause de quoi ? Quelle est la raison ?
06:26 Quelle connerie vous avez faite pour arriver là ?
06:29 On se pose pas des questions ?
06:30 - Mais l'extrême droite, c'est pas Marine Le Pen, c'est Éric Zemmour.
06:33 - Oui, c'est plutôt Éric Zemmour.
06:34 - A vos yeux, hein. A vos yeux.
06:36 - Oui, parce que Marine Le Pen, c'est compliqué, c'est...
06:39 En fait, j'ai peur d'être mal compris quand je dis ça, mais...
06:43 - Non, non, non, non, n'ayez peur.
06:45 - Marine Le Pen...
06:46 - Vous me dites, vous avez 85 ans, vous n'avez peur de rien.
06:49 - Oui, mais là, j'ai peur d'être mal compris à cause des mots.
06:52 - Oui, c'est ce que...
06:54 A la fois, c'est au sens où les gens l'entendent, c'est pas le fascisme.
06:58 Elle est républicaine. Elle est républicaine.
07:00 - Oui, elle est républicaine.
07:01 - Et c'est pas une fasciste.
07:03 Mais, quelque part, c'est le fascisme originel des années 20,
07:07 c'est-à-dire une convergence d'extrême gauche et d'extrême droite.
07:10 C'est-à-dire un discours d'extrême gauche sur le plan économique et social,
07:15 et un discours d'extrême droite sur les mœurs, sur l'immigration et tout.
07:18 En vérité, elle a eu...
07:20 Et une chose que la gauche, entre autres, et la droite modérée n'a pas compris,
07:24 c'est qu'il y a deux dynamiques qui traversent la société, très fortes.
07:28 L'un, c'est le rejet des conséquences économiques et sociales du néolibéralisme.
07:33 C'est très fort.
07:35 Ça, la gauche le prend.
07:37 Et le rejet des conséquences, comment dirais-je, sociétales,
07:42 du néo-soixantuitardisme, de l'idéologie soixantuitarde,
07:46 sur le plan de la société, des mœurs.
07:48 Ça, la droite le prend.
07:50 Et Marine Le Pen, tout à coup...
07:52 - Elle a réuni les deux. - Elle dit "je prends les deux".
07:54 - Bah oui. - Et c'est ça.
07:57 Et la gauche, absolument pas. Et c'est pas son père. Son père, c'était pas ça.
08:00 - Mais bien sûr. - Et c'est ça qui explique absolument la poussée,
08:04 c'est qu'elle a pris les deux.
08:06 - Bah oui, oui, oui. Ce qui explique d'ailleurs l'opposition avec son père, en partie.
08:09 - En-dessus, oui. - Il y a d'autres...
08:11 - Faut oser d'ailleurs s'opposer à son père.
08:13 - Je suis d'accord. - Son père, créateur du parti.
08:17 - Alors, est-ce que vous pensez que les deux extrêmes
08:22 se combattent aujourd'hui et peuvent se rejoindre demain ?
08:26 - De toute façon, ils se rejoignent. - Dans l'histoire.
08:28 Dans l'histoire, ça a existé, on le sait très bien.
08:30 - Ils sont à la fois opposés, c'est pas la même chose.
08:34 Je dirais même, ils ont besoin de leur opposition.
08:38 - Oui. - Pour qu'ils la cultivent.
08:40 Et en même temps, il y a une complicité objective, évidente.
08:43 Écoutez, j'ai beaucoup couvert. D'abord, j'habite Place de la République.
08:47 - Oui, donc vous êtes au cœur de la manifestation.
08:51 - Et j'ai couvert vraiment beaucoup de manifestations de gilets jaunes,
08:54 sur les ronds-points et tout.
08:56 Il y avait...
08:58 On voyait vraiment des gens d'extrême droite, d'extrême gauche,
09:00 des gens avec des fleurs de lys, d'autres avec Che Guevara.
09:03 C'était incroyable !
09:05 Il y avait une convergence des deux extrêmes.
09:07 Il n'y avait pas que des extrêmes, d'ailleurs,
09:09 mais il y avait une convergence des deux extrêmes très très forte.
09:12 Ou sur le...
09:15 - Oui, avec l'idée que la liberté est dans la rue,
09:18 et qu'elle n'est pas dans l'élection.
09:19 - Voilà, absolument.
09:20 Oui, ça les met plus en convergence dans la connerie.
09:23 Il y a un truc aussi, vous citiez ce que j'ai...
09:27 Je rappelle, il y a des moments où il faut rappeler,
09:30 parce que les gens oublient complètement.
09:32 Je cite toutes les conneries,
09:34 à gauche et à droite, à extrême gauche et à droite,
09:36 qu'on a écrites au moment du Covid.
09:38 Avoue que c'était incroyable !
09:40 Comment on a écrit ça ?
09:42 Des intellectuels, des grands intellectuels,
09:44 vous avez pu écrire ça, ces conneries-là !
09:47 C'est incroyable !
09:49 Et on oublie, on dit "ah non, faut pas oublier,
09:51 faut rappeler les choses".
09:52 Oui, vous avez écrit ça !
09:54 - Oui. Donc les extrêmes se combattent puis se rejoignent.
09:59 Vous dites aussi, la pire en merde pour un extrémiste,
10:02 c'est une solution.
10:04 - Ah oui, c'est vrai !
10:05 - Et quand elle rejoint, d'ailleurs, j'ajouterais une chose,
10:08 c'est qu'on a quelque chose de totalement nouveau,
10:10 auquel on a vécu ces dernières années,
10:14 j'en parle et j'en donne des citations,
10:17 c'est la naissance d'une droite, d'une extrême droite marxiste,
10:21 c'est-à-dire une extrême droite qui emploie totalement,
10:23 sur le plan social, économique, le langage marxiste,
10:26 mais même quasiment stalinien,
10:28 et une gauche qui reprend totalement
10:30 les anciennes idées réactionnaires et les méthodes réactionnaires.
10:32 - Non mais ça c'est vrai !
10:33 - Ça c'est incroyable !
10:34 - Non non mais c'est vrai, c'est vrai.
10:36 Alors vous parlez aussi d'Emmanuel Macron,
10:37 dans votre livre vous dites "je l'ai rencontré, ça a été long"
10:41 - Non mais il n'a jamais voulu me recevoir !
10:43 - Au début il ne voulait pas me recevoir,
10:44 après il l'a rencontré dans un débat.
10:46 - Ah non mais c'est un débat, c'est un journal
10:48 qui a créé un débat entre nous deux.
10:51 Et moi, c'est le premier président de la République qui m'a jamais...
10:55 - Mais vous dites "il est ista-libéral,
10:58 mais qui n'a jamais condamné le néolibéralisme".
11:01 - Oui parce que c'est ce qui m'a frappé dans le débat que j'ai eu avec lui,
11:06 c'est qu'il refusait toute différence entre libéralisme et néolibéralisme.
11:11 C'est comme si vous refusiez toute différence
11:14 entre le socialisme démocratique et le communisme stalinien.
11:17 Voilà, ça se réclame du socialiste l'un de l'autre,
11:21 mais c'est pas la même chose quand même.
11:23 Et bien voilà, c'est une chose qui m'a frappé chez lui.
11:26 À part ça, m'a frappé aussi son agilité intellectuelle,
11:29 incontestablement, c'est pagnable.
11:32 - Ah puis alors, il y a toutes ces phrases, alors là vous vous êtes amusés.
11:36 - Oui parce que comme c'est angoissant, ce que j'annonce est angoissant,
11:40 je le crois, et moi-même pour vous dire la vérité, je suis angoissé.
11:44 - Vous êtes angoissé.
11:45 - Et du même coup, je dis, il faut aussi combattre par le rire.
11:50 Il faut essayer de lutter par le rire.
11:53 - Alors c'est vrai que vous l'avez fait en rire,
11:55 c'est une bonne éponge, 251, stratégie démocratique, 2 points,
11:59 la rue s'exprime à travers le Parlement,
12:01 stratégie mélenchoniste, 2 points, on met le Parlement à la rue.
12:04 - Oui, oui, oui.
12:06 - Non, non mais, à Mélenchon, là vous le citez souvent.
12:11 - Parce que moi je crois, je le connais bien, je connais, comme vous.
12:16 - Moi aussi, je pense qu'il est devenu fou à certains moments.
12:20 - Ah bon ?
12:21 - Il a une espèce d'égocentrisme, d'abord il est bipolaire,
12:25 donc il passe aux deux extrêmes, et je pense que quelque part,
12:29 vous me direz que Macron peut-être aussi,
12:31 parce qu'ils ont quand même quelque chose de commun incroyable,
12:34 Macron et Mélenchon, c'est le narcissisme.
12:38 - Le narcissisme, oui ça c'est pas faux.
12:40 - Ils sont tous les deux d'un narcissisme, et oui !
12:42 - Mais ça c'est le propre des responsables politiques.
12:44 - Pas tous, pas tous.
12:45 - Chirac n'était pas du tout narcissique.
12:47 - Oui c'est vrai.
12:49 - Mais le pouvoir rend narcissique quand même.
12:52 Tous les conseillers autour, Jean-François Kahn qui disent
12:55 sans cesse que vous avez raison, que vous êtes le plus beau, le plus intelligent.
12:59 - Moi je raconte, je sais pas dans les livres,
13:01 j'ai dîné, le dernier dîner que j'ai fait avec Chirac,
13:05 je le racontais dans mes mémoires, le dîner que j'ai fait avec Chirac,
13:10 je connaissais bien, parce que j'étais son adjoint à la maison de la poésie.
13:15 Et il était déjà, comment dirais-je, très fatigué,
13:22 au point, il y avait une jeune fille qui l'accompagnait,
13:25 au point qu'il n'arrivait pas à s'exprimer.
13:27 Son visage montrait ce qu'il pensait, mais il n'arrivait pas à s'exprimer.
13:33 Et c'était terrible, des minutes passaient, etc.
13:36 Sauf qu'à un moment il a dit, comme s'il allait dire quelque chose d'énorme,
13:40 d'une importance inouïe,
13:42 "il faut bien comprendre que la Chine est un grand pays."
13:45 Et il a fallu s'exalter.
13:47 Et puis ça continuait, il ne disait rien.
13:50 Et à un moment la jeune fille qui l'accompagnait dit,
13:52 "Monsieur le Président, vous avez vu sur les vidéos, sur les tris internet,
13:56 la fin de Sarkozy de..."
13:59 - Oui, Cécilia.
14:01 - Non, l'actuelle.
14:02 - Ah oui, oui, oui.
14:04 - Merde, Thomas.
14:05 - Oui, oui, oui, oui, oui.
14:07 - Enfin, une photo où elle est à moitié nue.
14:11 Et elle dit, "Vous l'avez vu, à partir du moment où je ne croyais même pas que c'était possible,
14:18 où on a parlé de cul, il a retrouvé tous ses moyens."
14:22 Tout à coup il retrouvait les mots, les phrases, il était...
14:25 - Non, c'est pas vrai.
14:26 - Tout ça.
14:27 À l'instant même où on a parlé de cul, il a retrouvé absolument tous ses moyens.
14:30 Je n'oublierai jamais cette scène.
14:32 - Alors je voudrais terminer, Jean-François Kahn, en vous posant une question sur l'actualité.
14:37 Florence Bergeau-Blackler, qui est interdite de conférence à la Turbonne,
14:46 parce qu'elle a écrit son livre sur le frérisme.
14:49 Vous avez vu ça ?
14:50 - Oui, oui, parfait.
14:52 - Ça, voilà de l'extrémisme.
14:54 - Mais d'abord c'est de l'extrémisme, et vous touchez du doigt l'essentiel.
14:58 Comment voulez-vous que la gauche combatte efficacement l'extrême droite
15:06 quand elle fait exactement ce qu'elle a reproché à l'extrême droite ?
15:10 Parce que qui jusqu'à présent faisait interdire des spectacles malpensants ?
15:15 Qui faisait interdire des conférences ?
15:18 Qui menaçait des gens parce qu'ils ne votaient pas bien ?
15:21 Leur faisait, comme en Italie, boire de l'île de Rissin ?
15:24 C'est l'extrême droite.
15:26 Et comment aujourd'hui vous avez une extrême gauche
15:29 qui finit par imiter, par faire tout ce qu'elle reprochait à l'extrême droite ?
15:32 C'est ce que vous dites, et c'est typique.
15:34 - Mais à ce moment-là, comment voulez-vous faire le procès de l'extrême droite ?
15:37 - C'est significatif. - Et ça c'est typique.
15:40 - C'est typique, c'est typique.
15:42 - Mais attendez, ils interdisent même des conférences.
15:45 Ils ont même empêché des conférences de Hollande,
15:48 ou de l'épouse de Jospin.
15:51 - Oui.
15:52 - Vous savez, la radicalité ça ne s'arrête pas.
15:56 Il y a eu une scission au sein du NPA.
16:00 - Oui, oui, oui.
16:02 - Et l'extrême gauche, oui.
16:04 Le nouveau parti anticapitaliste.
16:06 - Ils ont accusé une tendance d'être trop modérée.
16:10 Donc ça veut dire que l'extrémisme ça ne s'arrête pas.
16:14 Vous trouvez toujours plus d'optimisme, plus d'extrémisme, plus d'extrémisme, forcément.
16:19 - Et avec aussi une expression d'un autre extrémisme,
16:23 qui est une idéologie, l'extrémisme religieux.
16:26 - En plus, je vais vous dire, il y a un extrémisme religieux.
16:30 Est-ce que vous aimez la musique ?
16:33 - Oui, j'adore.
16:34 - La musique contemporaine.
16:36 - Oui.
16:37 - Ça existe, il y a des gens qui font de la musique contemporaine.
16:39 - Oui, bien sûr.
16:40 - J'ai téléphoné à tous les grands opéras des grandes villes du monde.
16:46 Et je leur dis "Vous jouez quoi ? Quel est votre programme ?"
16:49 Pour la première fois dans l'histoire, aucun opéra dans le monde ne jouait une oeuvre contemporaine.
16:55 - Non.
16:56 - Ça veut dire que l'extrémisme dans la soi-disant modernité musicale
17:00 a eu comme conséquence qu'aujourd'hui, pour la première fois,
17:04 il y a une espèce de rupture totale entre la musique et ceux qui devraient l'écouter.
17:09 Ils ne l'écoutent plus.
17:10 Alors, c'est une musique de laboratoire, ils sont là pour se faire plaisir.
17:13 C'est l'extrémisme dans la modernité, l'extrémisme dans la provocation.
17:16 Les gens ne l'écoutent plus, la preuve, ils n'entendent plus.
17:19 Donc, il n'y a pas qu'en politique.
17:21 Et en peinture, c'est la même chose.
17:23 L'autre jour, j'étais à Lausanne, j'ai visité un musée.
17:27 Il y avait toute la peinture, l'impressionniste, le post-impressionniste, c'est Zane.
17:31 Il y avait un monde fou.
17:32 C'était sur deux étages.
17:33 Et l'étage du dessus, c'était la peinture vraiment contemporaine.
17:37 Il n'y avait personne.
17:38 - Merci Jean-François Kahn d'être venu nous voir.
17:42 Comment on en est arrivé là aux éditions de l'Observatoire ?
17:45 C'est passionnant.
17:46 Quand la tentation des... C'est intelligent et passionnant.
17:49 Quand la tentation des extrêmes risque de conduire à la guerre civile.
17:52 J'ajouterais inquiétant.
17:53 Il est 12h27.
17:55 Merci beaucoup d'être venu nous voir.
17:57 André Bercoff.

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