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Vincent de la Vaissière, fondateur de VcomC, est l'invité éco d'Isabelle Raymond, le 18 avril 2023 sur franceinfo.

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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Quels sont les meilleurs dirigeants du CAC 40 ?
00:07 Vincent de la Vessière, bonsoir.
00:09 Bonsoir Isabelle Raymond.
00:10 Vous êtes le président de l'agence V comme V,
00:12 vous publiez chaque année un palmarès des patrons du CAC 40,
00:16 donc des 40 plus grandes entreprises de France,
00:18 dont vous dévoilez ce soir le top 5 sur France Info.
00:21 A la première place, Bernard Arnault, patron du groupe de Luxell VMH,
00:25 qui comprend Dior, Gucci, Vuitton.
00:27 C'est aussi la plus grosse capitalisation boursière du CAC 40.
00:30 Est-ce que c'est lié ?
00:32 Le fait qu'il soit le premier de votre palmarès
00:35 et que LVMH soit la plus grosse capitalisation du CAC 40.
00:39 Pas uniquement.
00:41 Je dirais que dans cette étude,
00:45 il y a bien sûr les critères économiques, financiers et boursiers
00:49 qui sont très importants.
00:50 Ça compte.
00:51 Ça compte, mais pas que.
00:54 Les journalistes que j'ai interrogés,
00:55 donc 185 journalistes français et anglo-saxons pendant six mois,
00:59 m'ont dit désormais,
01:01 il n'y a pas que les critères économiques et financiers.
01:04 Il y a des critères extra-financiers.
01:07 C'est la capacité à gérer les crises.
01:09 C'est la capacité à développer une empreinte industrielle
01:14 et sociale française de qualité.
01:17 C'est le rapport au corps social de l'entreprise.
01:21 C'est également la relation avec l'ensemble des sous-traitants,
01:24 la filière, etc.
01:26 Parce que c'est assez contre-intuitif de voir Bernard Arnault
01:29 en tête de ce palmarès.
01:30 On se souvient du "Casse-toi, pauvre con" en tête de l'Ibé.
01:34 On voit aussi que LVMH a été montré du doigt
01:36 puisque l'entreprise rachète ses propres actions.
01:39 Et vous, vous le placez en tête des patrons.
01:42 Alors, ce n'est pas moi qui le place en tête des patrons.
01:44 Ce sont les journalistes.
01:46 Toutes tendances confondues,
01:48 tous médias confondus, agences de presse,
01:50 radio, télévision, presse écrite.
01:52 Mais ça veut dire qu'il n'a donc pas une si mauvaise image de ça
01:56 que ça, contrairement à ce qu'on peut imaginer.
01:58 Vous savez ce qui se passe en France.
02:00 C'est comme le disait l'écrivain La Harpe.
02:03 Le premier jour est pour l'engouement.
02:05 Le deuxième jour est pour la critique.
02:07 Le troisième est pour l'indifférence.
02:09 On adore en France brûler ce qu'on a adoré.
02:12 Ce qui se passe avec Bernard Arnault,
02:17 c'est que vous connaissez l'expression,
02:20 pour la paraphraser l'expression célèbre,
02:22 en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées.
02:25 Eh bien, en France, on n'a pas de pétrole.
02:27 On a du luxe.
02:29 On a des fleurons industriels et des idées.
02:31 On a la chance, un signe,
02:34 d'avoir en France deux leaders mondiaux du luxe.
02:38 On a LVMH et on a Hermès,
02:42 qui est également dans le top 5,
02:44 puisque Axel Dumas est quatrième.
02:46 Et donc, le monde entier nous envie.
02:50 Pourquoi ? On s'en plaindrait.
02:52 Alors, donc, Bernard Arnault, il obtient 16,71 sur 20.
02:56 Vient ensuite Guillaume Faurie, le patron d'Airbus,
02:59 puis Luca De Meo, le nouveau patron de Renault.
03:01 Paris, donc, réussi pour l'Italien.
03:03 Il a réussi à faire oublier la terrible fin de règne de Carlos Ghosn, selon vous.
03:08 Ah oui. Alors, ce qui est formidable avec Luca De Meo,
03:11 c'est que c'est l'homme providentiel.
03:14 Il a sauvé Renault de la faillite.
03:16 Il faut voir dans quel état était Renault juste après Carlos Ghosn.
03:21 Donc, il a sauvé Renault de la faillite.
03:23 Il a recréé l'envie de Renault.
03:26 Il a redonné de la fierté d'appartenance à tous les salariés de Renault.
03:32 Et surtout, je dirais, pour en revenir à mes critères extra financiers,
03:36 et surtout, il a été le champion du Made in France.
03:41 Il a fait le Renault de doué et de maubeuge.
03:45 Et c'est très important parce que, comme vous le savez sans doute,
03:49 la France est le pays qui a le plus désindustrialisé en Europe,
03:54 juste derrière le Luxembourg.
03:56 Et là, le fait de réindustrialiser, c'est très bon pour notre santé démocratique,
04:01 parce que dès lors qu'on réindustrialise, c'est la colère sociale qui faiblit.
04:05 Donc, ces trois critères principaux, c'est incarnation interne et externe,
04:09 vision stratégique et capacité à délivrer.
04:11 Vous avez commencé à en parler.
04:13 Il y a un autre patron du Luxe dans le top 5, Axel Dumas, le patron d'Hermès.
04:19 Et là, pour le coup, on le connaît beaucoup moins.
04:21 Il est très peu connu de grand public.
04:23 Il s'efface devant sa marque qui est formidable, qui s'appelle Hermès,
04:26 et qui se suffit à elle-même.
04:28 Il n'a pas besoin d'en rajouter.
04:30 Vous savez ce qu'on dit dans les sagas familiales ?
04:34 La première génération crée, la deuxième développe et la troisième tue le business.
04:40 C'est tout l'inverse avec Axel Dumas,
04:43 parce que jamais, jamais Hermès ne s'est aussi bien porté.
04:46 Vous avez parlé de capitalisation boursière.
04:48 Hermès, au deuxième semestre de l'année 2022,
04:53 a doublé Total Energy pour accéder au podium en troisième position
04:59 des valorisations boursières de la Place de Paris.
05:01 Et là, ils sont en train de talonner L'Oréal.
05:04 Et il se peut, parce que l'écart se resserre, ne cesse de se resserrer,
05:08 que d'ici l'été prochain, il soit la deuxième capitalisation boursière.
05:12 Et ce qui est très important avec Hermès,
05:14 c'est que Hermès honore la France et les métiers d'art.
05:18 Et Hermès n'arrête pas de développer en France son empreinte culturelle et industrielle.
05:26 Qui dit mieux ? Qui dit mieux ?
05:27 80% des produits d'Hermès sont fabriqués en France
05:31 pour des produits qui sont exportés à 90%.
05:34 Alors, il nous reste très peu de temps. Intéressons-nous maintenant aux plus importantes dégringolades.
05:39 Et tout d'abord, Carlos Tavares, le patron de Stellantis,
05:42 il passe de la première place en 2021 à la douzième place cette année.
05:46 Expliquez-nous.
05:47 C'est très simple. Les critères économiques sont exceptionnels.
05:50 Les critères extra-financiers sont très mauvais.
05:53 Le salaire, c'est même plus de lubri, c'est déjà crématistique, comme disait Aristote.
05:59 Le rapport social au corps social, très mauvais.
06:03 À force de faire la course le pied au plancher, ça ne marche pas en entreprise.
06:07 Ça marche sur un circuit, mais ça ne peut pas marcher sur une entreprise.
06:10 Et l'empreinte industrielle française, elle est très faible.
06:14 Il y a 20 ans, c'était Sochaux.
06:16 Il y a 5 ans, c'était Vélizy.
06:18 Et maintenant, le siège social est à Amsterdam.
06:21 Deuxième plus grosse chute, celle de Patrick Pouyanné,
06:23 le patron de Total Energy, qui passe de la douzième à la 34e place.
06:28 C'est dû à quoi ?
06:29 Les critères financiers sont excellents.
06:33 La marche forcée vers les énergies renouvelables, elle est faite.
06:40 Mais le problème, c'est la gestion des crises.
06:43 La Russie, l'Ouganda, le salaire, les raffineries.
06:46 Il a enchaîné quatre crises terribles tout au long de l'année 2022.
06:50 Et à chaque fois, ça a été très mal géré.
06:52 Et sans compter le fait qu'il y a un salaire qui est astronomique.
06:57 Il y a un rapport au corps social de l'entreprise qui,
07:01 manifestement, n'est pas le meilleur.
07:03 Il y a beaucoup de violence, il y a beaucoup d'outrance.
07:08 Ça ne peut pas le faire en 2023.
07:10 On ne peut plus juger les patrons sur leur seule performance financière et boursière.
07:17 Merci beaucoup. Ce sera le mot de la fin.
07:18 Vincent Delavessière, président de V comme V, invité Echo de France Info ce soir.
07:23 [Musique]

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