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Comprendre comment la santé des populations est influencée par différents facteurs, et quelles actions peuvent améliorer leur santé : c'est tout l'enjeu de la recherche en santé publique.
La recherche française en santé publique est compétitive : elle est au 4ème ou 5ème rang mondial en termes de publications. C'est une recherche qui couvre des sujets très larges, allant de l'épidémiologie, à la prévention contre les maladies chroniques, ou encore l'organisation des soins ; on compte environ 500 équipes travaillant sur ces projets.
C'est aussi une recherche exigeante, souvent longue, qui s'appuie notamment sur de larges échantillons de population, les cohortes.
Malgré ce foisonnement d'acteurs et de disciplines, de nombreux chercheurs déplorent une certaine méconnaissance de la santé publique, et surtout son absence de prise en compte dans les politiques. Or, pour eux, la santé est au coeur de toutes les actions publiques, qu'elles soient ou non liées à la santé, et il faudrait donc mieux évaluer ces politiques et leur impact.
Alors, comment faire de la recherche en santé publique un moteur de l'action politique ? Comment mieux l'intégrer dans les politiques de santé et de prévention ? Pourquoi faut-il repenser la place de la recherche en santé publique dans notre système de santé ?
A quoi sert la recherche en santé publique ? C'est le thème de ce numéro d'Etat de Santé.

La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
Entre reportages, interviews de professionnels de santé, de personnalités politiques mais aussi de patients, ce rendez-vous aborde tous les maux d'une problématique de santé, ses enjeux, les avancées et les nouveaux défis pour mieux vivre demain !

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Transcription
00:00 LCP Assemblée nationale, en partenariat avec MGEN Mutuelle Santé Prévoyance présente État de Santé
00:09 Générique
00:38 La recherche en santé publique est essentielle pour mieux comprendre ce qui influence la santé.
00:44 Elle étudie non pas les individus, mais la population dans son ensemble.
00:49 On a besoin de dizaines de milliers, centaines de milliers de personnes et de beaucoup de données collectées dans le temps.
00:57 La recherche en santé publique est donc un outil puissant sur lequel baser des politiques de prévention.
01:03 La santé elle se construit là où on est, où l'on grandit, où l'on vit, où l'on travaille. Et surtout elle se construit dès le plus jeune âge.
01:11 Alors, comment faire de cette recherche un moteur de l'action politique ?
01:15 À quoi sert la santé publique ? C'est le thème de ce numéro d'État de Santé.
01:20 Générique
01:24 Bonjour à tous, bienvenue dans État de Santé. On a tous une idée de ce que c'est que la recherche fondamentale.
01:29 La recherche avec les pipettes, les ordi, les calculs, qui trouve des médicaments par exemple, qui soignent directement.
01:35 On sait un peu moins ce que c'est que la recherche en santé publique. Or, elle est partout la recherche en santé publique.
01:41 C'est par exemple elle qui a permis de nous faire savoir que le tabac provoquait le cancer du poumon. C'est considérable.
01:50 Bonjour à vous docteur. Merci beaucoup d'être avec nous. Vous êtes médecin en santé publique.
01:56 Docteur Karim Oudkassi, on va voir votre parcours dans un instant.
02:00 Mais alors, j'ai forcément envie de vous demander, pourquoi êtes-vous docteur en santé publique ?
02:05 Vous ne voyez pas de malade, vous n'êtes plus clinicien. C'est ça.
02:08 Donc, vous soignez quoi ? Eh bien écoutez, je soigne des populations.
02:12 Et effectivement, j'ai toujours été passionné par le fait politique en santé, par la question des inégalités de santé depuis mon plus jeune âge.
02:20 Donc, c'est tout naturellement que je me suis orienté dans des études de médecine et dans une spécialisation en santé publique.
02:26 Alors, vous êtes un oiseau rare ou est-ce que c'est très recherché ?
02:29 Alors, je suis un oiseau rare. Il y a effectivement très peu de médecins spécialistes en santé publique.
02:34 Je pense que votre question n'est pas anodine. C'est vrai que ce n'est pas naturel de s'orienter vers la santé publique quand on se lance dans des études de médecine.
02:42 Mais voilà, je fais partie de ces personnes-là, comme je le disais, qui peuvent être ou intéressées par le fait politique ou par les statistiques, l'épidémiologie.
02:51 Vous allez nous dire à quel point c'est important la recherche en santé publique. D'abord, on regarde votre portrait.
02:56 Médecin de santé publique, Karim Ouldekassi est spécialisé en organisation et gestion des systèmes de santé.
03:08 Il a notamment travaillé sur le suivi des patients atteints du VIH ou encore sur l'organisation de l'offre hospitalière au sein de l'ARS Picardie.
03:17 Il est aujourd'hui directeur de la Fondation MGEN pour la santé publique, qui vise à apporter une meilleure connaissance de la santé des populations
03:26 et collabore régulièrement avec des organismes de recherche publique, tels que l'Inserm.
03:36 Docteur, question de définition quand même, parce que santé publique, c'est un peu vague. Qu'est-ce que c'est que la recherche en santé publique ?
03:43 Alors, il existe plein de définitions, je vous rassure, je ne vais pas vous les citer. Mais une des choses qui caractérise la santé publique, c'est, je l'ai évoqué tout à l'heure,
03:50 on traite des populations, cette approche populationnelle. Donc ça, c'est vraiment une première chose qui caractérise la santé publique.
03:57 La deuxième chose qui est importante, c'est que, en fait, c'est plusieurs disciplines la santé publique en réalité.
04:04 C'est l'épidémiologie, c'est les statistiques, c'est l'informatique, mais c'est aussi l'économie.
04:10 Ah pardon, quand on traite sur les épidémies, Dieu sait si on en a parlé récemment, l'épidémie. On fait de la santé publique.
04:15 Oui.
04:16 On essaye de comprendre, on compare, on voit si le virus qui amène une épidémie est comparable à un autre qui est allé sur un autre continent.
04:24 C'est ça la santé. C'est très concret, c'est ça qui est passionnant de décliner.
04:27 En effet, c'est un exemple concret. Donc la santé publique, ça permet d'observer, d'observer les maladies, d'observer les facteurs de risque des maladies.
04:36 Ça permet aussi de surveiller, surveiller les populations, voir s'il y a des épidémies certes qui surviennent, mais pas uniquement.
04:42 On parle aussi des risques environnementaux, par exemple. Un autre exemple concret de ce que peut-être la santé publique, c'est le traitement que vous prenez.
04:50 Est-ce qu'il est sûr ? Est-ce qu'il marche ? Ça, c'est la santé publique qui permet de répondre à cette question.
04:56 C'est considérable. Infographie, regardez-là, pour achever ces questions de définition. Qu'est-ce que la santé publique ?
05:02 Est-ce que le tabac provoque le cancer du poumon ? Faut-il se méfier des pilules de troisième génération ?
05:13 Comment mieux prendre en charge la perte d'autonomie ? Ou encore, la chirurgie ambulatoire donne-t-elle de meilleurs résultats ?
05:21 Autant de questions qui ont un point commun, la recherche en santé publique.
05:26 Que se cache-t-il derrière ce terme très vaste ? Pour résumer, c'est comprendre l'influence des facteurs qui déterminent la santé des populations
05:35 et proposer des actions et des politiques de santé fondées sur ces connaissances.
05:40 L'un des enjeux importants, c'est de répondre aux inégalités. Qu'elles soient sociales ou territoriales, elles pèsent fortement sur la santé.
05:48 Or, selon l'adresse, la France serait le pays d'Europe où ces inégalités seraient les plus fortes.
05:54 Exemple, l'espérance de vie en bonne santé. Elle est de 69 ans pour un cadre et de 59 pour un ouvrier.
06:02 Et ça commence dès l'école maternelle. 13% des enfants d'ouvriers seraient en surcharge pondérale, contre 8% pour les enfants de cadre.
06:11 Comprendre ces inégalités et comment les réduire est donc indispensable pour créer des politiques de prévention efficaces.
06:19 Et c'est tout l'enjeu de la recherche en santé publique.
06:26 Dans les questions de définition, qui fait de la santé publique ? Est-ce que, comme son nom l'indique, il n'y a que le secteur public qui fait de la santé publique ?
06:35 Ou alors le secteur privé s'empare aussi de ces enjeux ?
06:38 C'est une excellente question. C'est vrai que très souvent, on pense que santé publique égale public.
06:43 En fait, santé publique veut dire population. Et les acteurs privés interviennent en matière de santé publique.
06:48 Certes, il y a les organismes publics de recherche, mais il y a également des fondations, des associations.
06:54 Vous avez les industriels, typiquement l'industrie pharmaceutique, par exemple, lorsqu'ils font des essais thérapeutiques,
07:00 qui, d'une certaine manière, utilisent les paradigmes de la santé publique.
07:06 Pour rebondir sur votre question, les médecins spécialistes de santé publique n'ont pas le monopole de la santé publique.
07:11 C'est ce que je vous évoquais un petit peu en substance tout à l'heure.
07:14 Il y a plein de disciplines dans la santé publique, de l'économie, de la sociologie, des sciences politiques, de la géographie, des statistiques, peu importe.
07:20 C'est autant de spécialistes qui peuvent, d'une certaine manière, contribuer à la santé publique.
07:26 C'est passionnant. Justement, Alexia Leperron s'est interrogée, ou plutôt est allée à la rencontre de ces chercheurs en santé publique,
07:33 qui travaillent avec un outil, on connaisse nous, mais on ne voit pas toujours ce que ça recouvre.
07:40 Cet outil, c'est la cohorte. La cohorte, c'est encore une fois un levier très intéressant de santé publique.
07:49 Notamment, l'une des plus anciennes cohortes, on va voir ce que c'est, c'est intéressant, elle s'appelle E3N Génération.
07:59 On regarde le reportage et on se retrouve juste après.
08:02 C'était il y a un peu plus de 30 ans.
08:10 Je ne sais pas, j'avais peut-être 45 ans, je pense.
08:16 En 1990, Michèle est invitée à participer à une grande étude de santé publique, l'étude E3N.
08:24 Tout de suite, je me suis dit, au moins, c'est quelque chose de concret.
08:31 Je me suis dit que, de toute façon, ça ne pouvait être qu'utile.
08:37 C'était quand même des renseignements fiables pour des gens qui faisaient de la recherche.
08:43 Aujourd'hui, à 75 ans, Michèle est toujours très investie dans l'étude.
08:48 Tous les deux ans, environ, elle reçoit un questionnaire à remplir.
08:53 Alors, les boissons chaudes. Volumes du contenu représenté.
09:00 Alimentation, mode de vie, exercice physique, vie quotidienne et même sentiments.
09:09 Tout est passé au crible, avec une grande précision.
09:13 Si on veut vraiment être précis, il y a des mesures à prendre.
09:16 Donc, c'est vrai que le questionnaire, par moments, c'est un peu lourd.
09:19 Enfin, lourd, je ne sais pas, c'est peut-être un peu exagéré, un peu pénible.
09:23 Mais, d'un autre côté, c'est vrai que vous vous dites, il ne doit pas y avoir tant de monde que ça
09:32 qui le remplit soigneusement ou qui le renvoie ou qui peut encore le remplir.
09:39 Une tâche parfois rébarbative, mais pourtant essentielle.
09:43 C'est ici que le questionnaire est traité et réceptionné.
09:50 Comme Michèle, 100 000 femmes ont été recrutées pour participer à l'étude 3N.
09:56 On appelle ça une cohorte.
10:00 Leurs réponses sont stockées dans ce sous-sol de l'Institut Gustave Roussy.
10:04 Ces archives sont une fierté pour Gianluca Severi, coordinateur de la cohorte.
10:11 Plus d'un million de questionnaires, des informations énormes, riches,
10:19 grâce à l'engagement de ces femmes, c'est assez extraordinaire.
10:28 Si toutes ces réponses sont aussi précieuses,
10:30 c'est qu'elles permettent aux chercheurs d'en savoir plus sur l'apparition de maladies.
10:35 Pour avoir une puissance statistique et déterminer certains liens entre les facteurs de risque et les maladies,
10:43 c'est pour ça qu'on a besoin de dizaines de milliers, centaines de milliers de personnes
10:49 et de beaucoup de données collectées dans le temps.
10:55 Au cours de ces 30 ans, la cohorte 3N a permis de mener des centaines d'études.
11:00 C'est en particulier dans la prévention du cancer, et notamment ses liens avec l'alimentation,
11:06 que les recherches ont permis de grandes avancées.
11:09 Et dans ce domaine, les questionnaires ne sont pas les seuls outils des chercheurs.
11:15 Ce bâtiment abrite l'autre grande richesse de la cohorte 3N, une biobanque.
11:23 Cette chercheuse travaille dans l'équipe de Gianluca Severi.
11:27 Prélevée dans les années 90, 25 000 échantillons de sang sont stockés ici,
11:44 et toujours utilisés par les chercheurs.
11:48 Francesca Mancini y a trouvé la présence de certaines substances chimiques toxiques,
11:53 qu'on retrouve dans l'alimentation, les pyphases.
11:57 Selon cette étude, il pourrait y avoir un lien avec le cancer du sein.
12:01 On a pu comparer les niveaux d'exposition, donc le niveau de présence de cette substance dans les sangs,
12:07 avant le développement du cancer, et évaluer les potentielles associations de cette exposition
12:14 avec les risques de développer le cancer du sein.
12:17 Les résultats suggèrent qu'il y a une association positive
12:22 entre l'exposition à ces substances et les risques de développer le cancer du sang,
12:27 mais surtout les risques de développer des cancers du sang qu'on peut définir hormonaux sensibles.
12:35 Pour aller encore plus loin dans la recherche, la cohorte s'est élargie il y a quelques années,
12:40 en intégrant les enfants des premières participantes, leurs conjoints,
12:46 et récemment leurs petits-enfants.
12:47 Cet aspect familial ouvre de vastes possibilités pour la science et pour l'étude de Francesca Mancini.
12:55 Notre avantage, c'est qu'on a la deuxième génération qui sera déjà adulte au moment où on rentre dans notre étude.
13:04 Cela nous permettra d'étudier la relation entre les comportements de la mère
13:10 et les risques de développer certaines pathologies à l'âge adulte des enfants.
13:15 Avec aujourd'hui 12 700 familles suivies sur deux générations,
13:20 la cohorte E3N Génération souhaite rassembler au total 200 000 participants.
13:26 Une nouvelle collecte d'échantillons sanguins est prévue afin de poursuivre l'étude.
13:38 Alors docteur, vous la connaissez bien cette cohorte ?
13:40 Elle est connue comme le loup blanc, ça fait 30 ans qu'elle existe, c'est considérable.
13:44 C'est un exploit en effet, le sens même des cohortes, c'est leur longévité.
13:49 Ce n'est pas le volume, c'est le temps.
13:51 C'est les deux, c'est le temps et le volume.
13:54 Plus on a de données, plus les données sont sur un temps long,
13:57 et plus on peut creuser de problématiques en matière de santé.
14:01 Donc c'est une cohorte assez exceptionnelle, effectivement.
14:04 Le fait de voir que des personnes sont motivées à continuer à répondre aux questions 30 ans après,
14:08 c'est quelque chose d'exceptionnel.
14:10 C'est fascinant. C'est facile à trouver des volontaires pour des cohortes ?
14:13 Non, c'est très difficile.
14:15 Et je dois avouer que concernant cette cohorte, il y a une particularité sociologique, si je puis dire,
14:22 puisque cette cohorte a été constituée à partir de femmes enseignantes.
14:26 Et on sait que les enseignants d'une manière générale, effectivement,
14:30 sont beaucoup plus sensibles aux problématiques de la recherche
14:33 par rapport au reste de la population générale.
14:35 Docteur Oukassi, est-ce que les grandes épidémies, je pense au VIH par exemple, dans les années 80,
14:40 évidemment le Covid, plus près de nous,
14:42 ce sont des accélérateurs en termes de recherche de santé publique ?
14:47 Oui, c'est un accélérateur considérable, notamment l'épidémie du VIH.
14:52 Et je dirais qu'un des leviers, un des facteurs explicatifs,
14:56 c'est dans quelle mesure est-ce que les citoyens, dans quelle mesure est-ce que le débat public se saisit de ces problématiques.
15:02 Et c'est par le débat public, par les citoyens, que finalement le renouveau de la santé publique intervient.
15:08 Et de la même manière, effectivement, le VIH a été un changement de paradigme.
15:11 Je pense que le Covid sera aussi d'une certaine manière un changement de paradigme, en tout cas on l'espère.
15:15 Alors parfois, les recherches en santé publique, elle est là où on ne l'attend pas.
15:19 C'est en tout cas le sujet du reportage d'Alexia Leperon qui est allée voir notamment
15:24 comment des chercheurs s'appuient sur des interventions très concrètes.
15:28 Ça s'appelle la recherche interventionnelle.
15:32 On va en parler dans un instant.
15:34 En tout cas, elle a suivi une chercheuse qui étudie l'impact de la végétalisation des cours d'école sur la santé à Bordeaux.
15:40 Quand on pense à la recherche scientifique, voici le genre d'image qu'on a en tête.
15:49 Mais en santé publique, ça peut parfois ressembler à ça.
15:53 Étudier le terrain.
15:55 Linda Cambon est chercheuse.
15:58 Son travail, comprendre comment l'environnement agit sur la santé des enfants.
16:03 La santé, elle se construit là où on est, où l'on grandit, où l'on vit, où l'on travaille.
16:10 Et surtout, elle se construit dès le plus jeune âge.
16:12 C'est-à-dire que ce que l'enfant va traverser d'environnement va avoir un impact majeur sur son développement et sur sa santé.
16:21 C'est un public qui est vraiment privilégié en matière de santé publique.
16:24 C'est un public qui est prioritaire.
16:26 Concrètement, pour mener cette recherche, elle s'appuie sur une action entamée par la ville de Bordeaux
16:32 qui a décidé de végétaliser les cours d'école et de les rendre plus agréables.
16:36 Ce jour-là, l'élu à l'origine du projet vient lui présenter la cour de l'école Jacques Prévert.
16:41 Bonjour Linda, vous allez bien ?
16:43 Oui, ça va très bien, merci.
16:45 Ravie de vous accueillir dans notre belle cour.
16:47 Magnifique.
16:50 Je pense que ce projet permet généralement un meilleur épanouissement de l'enfant.
16:56 C'est vraiment le respect du rythme de l'enfant.
17:00 On va avoir un coin calme où les plus calmes peuvent venir avec un bouquin.
17:05 D'autres, s'ils veulent faire des jeux avec leurs amis, ils pourront le faire.
17:09 Ça, c'est ce qu'a imaginé la mairie.
17:12 À partir de là, la chercheuse souhaite étudier s'il y a bien un impact de cette action sur la bonne santé des enfants
17:19 et dans quelles conditions.
17:20 Cette démarche est appelée recherche interventionnelle.
17:23 Une des spécificités de la recherche interventionnelle, c'est de produire des conclusions circonstanciées.
17:30 Là où les recherches traditionnelles vont produire des conclusions, dans le langage scientifique, on dit "toute chose étant égale par ailleurs", c'est-à-dire hors contexte.
17:38 Ce que l'on observe, c'est que ça ne peut pas se déployer après sur le terrain, parce qu'on n'a pas pris en compte ce contexte et la manière dont il va influencer.
17:45 Du coup, la recherche interventionnelle prend en compte ce contexte et va vraiment analyser l'effet de ce contexte-là.
17:51 Et ça, ça nécessite de partir de vraies expérimentations de terrain.
17:54 Sauf que justement, sur le terrain, Linda se rend compte que la nouvelle cour de récré ne fait pas forcément l'unanimité.
18:00 Bonjour les enfants !
18:02 J'aurais envie de savoir ce que vous pensez de cette cour d'école.
18:09 Elle est bien, mais il y a des points positifs et des points négatifs.
18:16 C'est mieux parce qu'il y a beaucoup plus de consultation. Maintenant, on a beaucoup moins la place à nos enfants et ils nous ont fait beaucoup d'espace.
18:23 Il faut se laisser la possibilité de ne pas entendre ce qu'on a forcément envie d'entendre. On n'est pas dans une stratégie confirmatoire d'hypothèse.
18:33 Il faut comprendre vraiment. Il faut se laisser surprendre par le terrain et essayer de creuser le fil.
18:39 Comment ils vivent cet espace-là ? Est-ce que ça leur fait du bien ? Est-ce qu'ils regrettent la cour d'avant ?
18:44 Qu'est-ce qu'il y aurait à changer ? Qu'est-ce qu'il y aurait à modifier ?
18:48 Et on voit qu'ils ressortent des choses qui pourraient être vues autrement.
18:52 Parce que ça a été là aussi pensé quand même dans la concrétisation par un adulte.
18:58 On peut les gêner, cet espace-là peut les gêner, ou ils auraient envie de l'investir différemment, ils auraient envie d'espacer tel ou tel espace.
19:04 Donc c'est ça que je vais essayer de comprendre pour avoir des recommandations aussi d'aménagement.
19:08 Enlever les barrières, avoir plus d'espace, pas de copeaux et plus d'espace comme ça pour pouvoir courir. C'est ça ?
19:16 Avant d'avoir les premiers résultats, Linda et son équipe devront encore interroger et observer régulièrement tous les acteurs concernés par le projet.
19:26 Un travail assez long qui peut être un frein au développement de ce type de recherche.
19:30 Au CHU de Bordeaux, le professeur François Allat dirige le service qui porte cette étude.
19:41 Il déplore le manque d'ampleur de la recherche interventionnelle en France.
19:47 On ne travaille pas sur une politique comme on travaille sur un médicament pour faire le parallèle avec la recherche clinique.
19:54 Effectivement, c'est de la recherche qui est complexe, qui nécessite du temps, qui nécessite beaucoup d'investissement humain, de beaucoup de disciplines et de compétences différentes.
20:03 Et c'est vrai que c'est difficile de la mettre en œuvre, particulièrement en France où elle est peu soutenue institutionnellement jusqu'à aujourd'hui.
20:10 En France, la recherche interventionnelle représente moins de 1% des financements accordés à la recherche publique en santé.
20:20 Son développement pourrait pourtant participer à établir de meilleures politiques de prévention.
20:25 Alors Dr Oulkassi, la recherche interventionnelle, j'y reviens, parce que qu'est-ce qu'elle a de spécifique dans le fond ?
20:38 Elle a une particularité, c'est qu'elle aide à faire face à une des grandes limites de notre système de santé qui est les inégalités de santé.
20:47 Et il y a de plus en plus d'inégalités de santé dans notre pays. Je peux vous donner deux chiffres, deux exemples.
20:51 Il y a une différence de 13 ans d'espérance de vie chez les hommes entre les 5% les plus riches de notre population et les 5% les plus défavorisés.
21:00 Un autre exemple, c'est que la probabilité de mourir à âge égal peut être le double entre deux personnes qui habitent à quelques kilomètres seulement.
21:10 Eh bien, la recherche interventionnelle est un des outils qui permet de lutter contre les inégalités de santé.
21:16 Par exemple, ça c'est relatif beaucoup aux conditions de travail. On a beaucoup parlé dans le débat public récemment.
21:21 Mais ce n'est pas le domaine de la santé publique ça.
21:23 Alors, ce n'est pas le domaine de la médecine, mais c'est le domaine de la santé publique.
21:27 Le domaine de la santé publique, par définition, il est plurisectoriel.
21:32 On parle de déterminant de santé. Je vous passe le jargon, mais ça veut dire qu'est-ce qui influe sur la santé ?
21:38 Et vous l'avez très bien dit. L'environnement, la génétique, la naissance, tellement de facteurs.
21:45 Tout est dans la santé en réalité.
21:47 La recherche interventionnelle permet d'une certaine manière d'aller s'attaquer aux déterminants sociaux,
21:53 donc la composante sociale de la santé.
21:56 On profite de cette émission évidemment pour interpeller un député sur une question qui vous tient à cœur.
22:02 En l'occurrence, Cyril Isaac Sibyl du Modem, vous lui avez demandé comment adopter une démarche de santé dans les différentes politiques publiques.
22:12 On écoute sa réponse.
22:14 [Musique]
22:18 Toute la problématique actuelle, c'est que le système de santé est tourné vers le système de soins.
22:25 Alors que, comme on le disait, effectivement, le soin ne joue que pour 20-25% de l'amélioration de notre santé.
22:33 Et que tout le but, c'est d'améliorer la prévention.
22:38 L'assurance maladie, c'est une promesse qu'on a fait aux Français.
22:42 On a dit en fait, si vous êtes malade, on prendra en charge les soins.
22:46 Maintenant, ce qu'il faut, c'est faire une nouvelle promesse aux Français.
22:49 C'est dire qu'on va s'occuper, on va vous favoriser les bons comportements en santé.
22:53 Et donc, la promesse qu'on doit faire actuellement, c'est de parler de la prévention, des bons comportements et du bon environnement pour la santé.
23:02 Et comme vous le dites, de manière globale, qui touche l'ensemble des politiques.
23:05 [Musique]
23:10 Merci. Vous me disiez tout à l'heure, la santé publique, elle est partout.
23:13 On a parlé du monde du travail, la santé en fait, elle est partout la santé.
23:18 Donc, ça a un sens de limiter le champ de la santé publique au ministère de la santé ?
23:25 C'est une vraie question. C'est une vraie question de fond que beaucoup de chercheurs se posent.
23:29 Certains recommandent finalement que la santé soit intégrée dans une forme de comité interministériel.
23:35 Alors, il y a déjà ce genre de comités qui ont été mis en place, mais vraiment de pousser, je dirais, la logique.
23:40 Et de faire en sorte que finalement, on évalue l'impact de l'ensemble des politiques publiques dans le monde de la santé avant de les lancer.
23:48 Pour conclure, docteur, si je vous demande comme ça, un peu à brûle pour poing, une belle étude dont la recherche en santé publique peut être fière en France, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ?
24:03 Alors, il y a une étude en santé publique qui va peut-être illustrer ce que j'évoque depuis tout à l'heure,
24:07 qui a étudié finalement les gains d'espérance de vie, les 30 ans de gains d'espérance de vie au siècle dernier.
24:13 Et cette étude conclut que 25 % des 30 ans d'espérance de vie gagnée sont liés au système de santé en tant que tel.
24:21 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le reste, l'immense majorité, près de 75 % du reste des 30 ans d'espérance de vie gagnée,
24:31 les gains sont le fait de choses qui sont au dehors du système de santé.
24:34 C'est-à-dire nos comportements ? Les comportements, l'amélioration des conditions de vie, vous avez parlé tout à l'heure des conditions de vie au travail.
24:41 L'alimentation, la culture physique.
24:44 Ça, par exemple, la santé publique, elle mesure, elle nous a indiqué des choses très précises sur l'impact de l'activité physique sur la santé.
24:53 Tout ça, pourquoi on le fait et pourquoi il y a des politiques ensuite qui sont mises en œuvre ?
24:57 C'est parce que la santé publique arrive à déterminer ce type de déterminants.
25:02 Exactement. C'est la santé publique qui a permis de montrer que, finalement, défauts d'activité physique et la sédentarité sont des facteurs de risque, de cancer, de maladies cardiovasculaires.
25:12 C'est la santé publique qui va aussi déterminer quelles sont les politiques les plus efficaces pour faire en sorte que les personnes suivent les recommandations en matière d'activité physique.
25:22 Donc, vous le disiez tout à l'heure, la santé publique, elle est partout.
25:24 Voilà, c'est passionnant ce que vous faites. Merci infiniment, docteur, d'avoir été avec nous dans État de santé.
25:30 Merci de nous avoir suivis et à très vite sur LCP.
25:33 [Musique]
25:47 LCP Assemblée nationale, en partenariat avec MGEN Mutuelle Santé-Prévoyance, vous a présenté État de santé.
25:55 État de santé.

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