• il y a 4 jours
Un jour froid de novembre, Julien Ardant a délaissé un instant ses grands papiers et ses manuscrits précieux pour lire quelques pages de "A l’épreuve du temps" de Jacques Benoist-Méchin. Une visiteuse interrompt cette lecture pour lui exposer une affaire pressante. Installée au château berrichon de "La Petite Roche", son association, le Super Catholique, subit les mauvais agissements du chatelain voisin qui n’est autre que le président de l’Assemblée nationale, le docteur Beauchêne. Un ennemi plutôt coriace qui va obliger Ardant à endosser de nouveau les habits du Hussard, flanqué de ses acolytes habituels, le Lansquenet et sa sœur Alice. Une enquête qui va aussi le ramener dans le Berry de son enfance, et ranimer le fantôme de Sophie, son épouse assassinée le 14 novembre 2015 par des terroristes islamistes. Ancien directeur du quotidien Présent, Francis Bergeron présente son premier roman policier "Le hussard remonte le temps".

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Transcription
00:00Journaliste et écrivain, il est l'auteur de nombreux romans pour la jeunesse, écrivain, scénariste aussi de bande dessinée,
00:12bien connu de TV Liberté, Francis Bergeron. Bonjour, bonjour Francis, tout court.
00:16Bonjour, bonjour à toi.
00:18Francis, vous avez été pendant de nombreuses années le directeur du quotidien présent,
00:22une aventure à laquelle vous avez été obligé d'écrire le mot fin.
00:26Oui, oui, ce n'est pas forcément le sujet dont j'ai envie de parler,
00:32parce que c'est un moment qui a été très pénible pour moi,
00:36enfin c'est quelque chose qui m'a beaucoup peiné,
00:41parce que j'étais à présent, bon ça n'a jamais été mon métier,
00:47je n'ai jamais été journaliste et je n'ai jamais été homme de presse,
00:51mais j'ai écrit dans Présent depuis le numéro zéro, et même avant le numéro zéro,
00:57et puis jusqu'au dernier numéro, donc pendant 41 ans, 41 ans et demi, je crois, quelque chose comme ça.
01:05C'est donc ma vie. Présent, ça a été ma vie, une partie de ma vie en tout cas,
01:11celle qui me faisait me lever avec plaisir tous les matins, très très tôt le matin d'ailleurs.
01:17Voilà, et cette affaire s'est terminée parce que tout simplement,
01:21le volume des... enfin il y a plusieurs raisons évidemment comme toujours,
01:25mais bon, c'est le problème de la presse papier,
01:29et c'est le problème de la presse papier sans mécènes, sans grands mécènes derrière,
01:35comme aujourd'hui il en existe, disons que dans l'histoire de présent,
01:41des mécènes comme ça, il n'y en avait pas, il n'y en a pas eu pendant ces 40 années quoi,
01:47et bon, aujourd'hui les choses ont évolué parce que les rapports de force ont évolué aussi.
01:51– Est-ce que vous diriez que pour la presse écrite, il faut avoir son milliardaire
01:53et le soutien de l'État, les deux ?
01:55– Il faut avoir son milliardaire. Le soutien de l'État, c'est...
01:59– Que vous avez manqué longtemps.
02:01– Oui, qu'on a eu à un moment donné, puis un jour on nous a annoncé
02:05que nous n'étions plus dans le prisme permettant d'en bénéficier.
02:09Et là, ça a été le commencement de la fin.
02:11– Francis Bergeau, encore une question d'actualité si j'ose dire, avant d'évoquer votre ouvrage,
02:15parce que vous êtes venu pour un ouvrage et pour un premier roman policier, on va reparler de ça.
02:19Pendant 40 ans, vous avez été amené à côtoyer Jean-Marie Le Pen, sa disparition,
02:23quel est votre sentiment, quel est le mot que vous indiqueriez,
02:26quelle est l'image que vous conservez de lui ?
02:28– Jean-Marie Le Pen, c'est un petit peu comme l'histoire de présent justement,
02:32c'est-à-dire que quand on rencontre Jean-Marie Le Pen et qu'on a 20 ans,
02:37on vient d'arriver à Paris, qu'on est en train de finir ses études,
02:41on rencontre quelqu'un qui a déjà une petite aura à l'époque,
02:49et puis ensuite on va vivre en parallèle, sans qu'il y ait d'acquaintances particulières,
02:57bien que j'ai été candidat du Front National un certain nombre de fois, comme vous d'ailleurs.
03:04– Comme d'autres, comme d'autres.
03:06– Oui, et bien c'est notre vie, c'est notre jeunesse, c'est nos espoirs,
03:13c'est Jean-Pierre Stirbois qui a beaucoup compté pour moi, c'est tout ça,
03:19et puis l'aventure a une fin, mais c'est une fin biologique en quelque sorte,
03:24ce n'est pas la fin de l'aventure, ça a été quand même un personnage extraordinaire.
03:28J'ai parfois assisté à des scènes de colère de Jean-Marie Le Pen.
03:32– Ah bon ? – Oui, je dis ça parce que j'ai lu,
03:36j'ai lu un peu tout ce qui se dit aujourd'hui,
03:38et il y a quelques personnes qui racontent justement avoir été confronté à ces colères,
03:43notamment une scène qui m'avait un peu bouleversé,
03:47parce que j'étais tout jeune justement dans cet environnement,
03:51c'est avec Serge Debekech, il s'était pris de bec
03:56pour une histoire de procédures administratives
04:01qui n'avaient pas été faites en temps et en heure pour des élections municipales,
04:05un truc comme ça, mais c'était quand même un type impressionnant,
04:09c'était un type qui avait une présence, il était bluffant,
04:13et la suite l'a montré.
04:15– Allez, on revient à vous, si vous le voulez bien.
04:17Écrivain, vous avez emprunté parfois simultanément deux chemins,
04:21celui de la biographie, vous avez fait des biographies importantes
04:24pour Henri Béraud, Paul Charc ou Léon Daudet et beaucoup d'autres,
04:27et puis vous êtes aussi, et peut-être plus encore d'ailleurs,
04:30l'auteur à succès de livres pour enfants, et notamment la série 40, bientôt.
04:35– Le 40e paraît le mois prochain.
04:37– Du clan des Bordesouls.
04:39En fait, je me suis posé la question, même si nous nous connaissons bien,
04:42sur quel chemin vous êtes finalement le mieux ?
04:45Alors qu'on sait qu'on va, dans un instant, que vous en avez emprunté un autre.
04:48– Oui.
04:49– Mais de ces deux chemins, la biographie ou le roman pour jeunesse,
04:52où vous vous sentez le mieux, Francis Bergeron ?
04:54– Disons que j'aime bien changer de genre, enfin de genre, entendons-nous.
05:03J'aime bien pratiquer une certaine diversité dans mes centres d'intérêt.
05:11J'ai eu la chance toute ma vie d'avoir un métier
05:16qui m'a fait vivre tout à fait bien, et d'avoir comme loisir d'écrire,
05:25de m'engager, de soutenir un certain nombre de causes.
05:29Et donc, dans la littérature, ou dans l'écriture, disons, j'aime bien changer.
05:36Et j'aime bien faire des livres pour enfants,
05:39et puis quand j'en ai fait 2, 3, 4, 5 d'affilée, j'ai envie de faire une biographie.
05:43Et une fois que j'ai fait une biographie, j'ai peut-être envie de faire un petit essai,
05:46ou de défendre la cause d'un garçon qui a été persécuté par le système, etc.
05:54Voilà, j'ai cette liberté de pouvoir panacher les gens.
05:59– Vous écrivez depuis plus de 45 ans, est-ce qu'on peut le dire ?
06:02Et pourtant, c'est la première fois qu'avec le USA, remonte le temps,
06:06aux éditions Oda, je sais que je n'arriverai pas à le prononcer,
06:11mais c'était prévu et c'est réussi, aux éditions Oda et Sarn,
06:14le USA remonte le temps, vous explorez le roman policier.
06:18Alors, pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
06:21– Parce que je pensais que je n'y arriverais pas.
06:25Un bon roman policier, celui-là n'est peut-être pas un bon roman policier,
06:29mais j'y ai mis beaucoup de moi, quand même.
06:31Mais un bon roman policier, c'est assez compliqué à faire, je trouve.
06:36Et puis, il fallait aussi qu'il y ait un petit peu de sang.
06:42C'est pour des adultes, donc évidemment, c'est une fiction,
06:48mais qui doit parler à des adultes, qui doit être un peu complexe,
06:51une intrigue qui doit être un peu complexe.
06:53Et si elle n'est pas complexe, il faut qu'il y ait d'autres,
06:55celle-là n'est pas très complexe, mais il faut qu'il y ait d'autres atouts,
06:59d'autres éléments qui attirent l'attention de l'adulte.
07:02Et donc, c'est vrai que j'ai retardé.
07:05C'est d'autant plus étonnant que je suis l'inventeur du USAR,
07:10je suis le créateur de cette série.
07:14J'ai eu la chance de trouver un éditeur, Oda Elzarm,
07:18qui a adhéré au projet que je lui avais exposé,
07:23qui était de dire, il y a des amateurs de romans policiers,
07:27il y en a encore beaucoup, et il a existé,
07:33il existe peut-être encore une espèce de série qui s'appelle Le Poulpe,
07:37qui avait été créée par des gens d'extrême-gauche,
07:39soutenus par Le Monde, soutenus par le Nouvel Obs,
07:42soutenus par l'écosystème gauchiste des années 90 et 2000.
07:47Pourquoi ne ferions-nous pas une série de romans policiers
07:53qui serait l'anti-poulpe, en quelque sorte,
07:55qui serait celui de gens qui veulent défendre la veuve et l'orphelin,
08:00qui veulent combattre les pourvoyeurs de drogue,
08:04les terroristes islamistes, etc.
08:08L'anti-poulpe.
08:10Et cette idée a séduit cette maison,
08:14ce qui a donné lieu à cette série.
08:21Et donc, aujourd'hui, il y a 29 titres dans cette collection,
08:28et sur ces 29 titres, il y en a une douzaine qui mettent en scène le hussard,
08:33qui s'appelle en fait Julien Ardant,
08:35et qui est connu sous le pseudonyme du hussard.
08:39Et là, je pense évidemment aux hussards de la littérature, exactement.
08:45Et moi, je n'en avais pas écrit,
08:49alors que j'avais conçu le personnage et son environnement,
08:53son environnement humain, géographique, etc.
08:56Donc, il fallait que j'en écrive un.
08:59Et du coup, je me suis senti obligé de l'écrire.
09:02Et du coup, je l'ai écrit.
09:04– Oui, et alors, avec une référence dans votre esprit ou à vos yeux,
09:07c'était, vous le dissez, au niveau, si on peut le dire,
09:11des romans policiers d'un autre écrivain spécialiste,
09:15homme admirable d'ailleurs, et ami,
09:17qui a été pendant des années l'auteur phare de la série Noire
09:20et des romans policiers aux éditions Gallimard,
09:22ADG, et surtout, un événement de droite dans un milieu
09:26qui était à l'époque, comme on l'a dit, absolument gauchisant,
09:29celui du roman Noir.
09:30ADG, Francis Bergeron, même combat, ça vous va ?
09:33– Oui, écoutez, moi, j'ai une très grande admiration pour ADG.
09:38Pour Vanger Pepper est un de mes, je ne dirais pas mes livres de chevet,
09:43mais je l'ai lu au moins deux ou trois fois.
09:45Quand on lit un livre deux ou trois fois, que ce soit Conan Doyle ou ADG,
09:48ça veut dire que ce sont des livres qui vous marquent,
09:51qui vous façonnent, et que vous avez envie de vous y replonger
09:55quelques dix ou vingt, tous les vingt ans, je dirais,
09:58il faut relire ce genre de livre.
09:59Donc effectivement, ADG, c'est quelqu'un que j'ai aimé beaucoup,
10:03et on est parti ensemble, on est allé ensemble à Anjouan, à Mayotte,
10:08enfin on a fait tout un périple, il y a en 1998, je crois,
10:12oui, 98, donc on avait des liens d'amitié,
10:16enfin voilà, j'avais une grande admiration pour lui,
10:19mais je n'ai pas pensé spécialement à lui quand j'ai écrit ce livre, oui.
10:22Par contre, il y a une attitude alors, qui ne vous quitte pas,
10:25malgré votre aspect placide, Francis Bergeron,
10:28pour bien vous connaître, c'est la provocation.
10:30Vous qui avez réussi à être arrêté, alors j'ai vu ça,
10:32pour l'anticommunisme à Paris, mais aussi pour l'anticommunisme à Moscou,
10:35sur la place rouge.
10:36Oui, je ne suis pas très pro-communiste.
10:38Non, pourtant vous ouvrez le roman sur une phrase du bolchevik,
10:41Maxime Gorky, le roman Poli,
10:43si c'est encore le repas mental favori des repus d'Europe,
10:46ce n'est pas une invitation à la lecture de la suite, dans mon esprit.
10:50Pourquoi Gorky ? Pourquoi le bolchevik ?
10:53Parce que justement, Gorky nous explique,
10:55Gorky explique que le roman Poli, c'est un truc de bourgeois,
10:59c'est un truc anticommuniste, par essence en quelque sorte,
11:03puisque c'est d'autant plus...
11:05Parce que ça distrait l'ouvrier de sa tâche, de sa révolution.
11:08Oui, c'est ce qu'il dit, et donc, moi j'aime les romans Poli,
11:11je pense que les gens qui lisent ce genre de livres
11:14sont des amateurs de romans policiers,
11:16et j'ai trouvé que c'était pas mal de commencer par dire,
11:19quand vous allez liser un roman policier,
11:22vous êtes déjà en opposition avec un certain type de pensée,
11:29et donc, oui, c'est un peu provocateur.
11:32Légèrement.
11:33Allez, votre héros, on l'a dit, il s'appelle Julien Ardant,
11:36il est libraire et ce n'était pas un progressiste,
11:38parce qu'il a éli Benoît Méchain,
11:40sa librairie s'appelle Les Décombres, en référence à Lucien Rebattet,
11:43et un buste de Céline trône sur son bureau,
11:45j'allais dire que là, le décor est planté.
11:48Oui, il manque pas grand-chose, il manque plus grand-chose.
11:51C'est un maudit.
11:53Alors lui, c'est un libraire, mais ce qui se vend aujourd'hui,
11:58pour un libraire d'ancien, moi je suis passionné, je suis bibliophile,
12:03tout ce que vous voulez, ce qui se vend aujourd'hui,
12:06c'est les maudits, les maudits ça marche,
12:09on fait des ouvrages sur les maudits,
12:12Céline, on en est à combien de livres sur Céline ?
12:15200, 300, 500, je ne sais pas, sur Céline.
12:18Et il y a toujours des gens pour acheter ce genre de livres,
12:22les maudits, et puis le surréalisme,
12:25où il y a une cote aussi, et des gens qui achètent très cher,
12:28des trucs totalement illisibles d'ailleurs,
12:30mais ça, ça marche, le reste ça marche beaucoup moins bien,
12:34ou alors il faut avoir le Goncourt, ou des choses comme ça.
12:37Je ne sais plus ce que je voulais dire.
12:40C'est-à-dire qu'en fait, si on est un libraire, et qu'on veut gagner un peu sa vie,
12:43il ne faut plus vendre du Céline, du Benoît Richard, que du Sartre.
12:46Oui, et en même temps, c'est beaucoup plus lisible,
12:48c'est beaucoup plus agréable à lire.
12:50Il y a, je dirais, chez les écrivains de droite,
12:54il y a l'envie éventuellement de faire passer des messages, des idées,
13:00mais il y a d'abord l'envie de raconter des histoires.
13:03Michel Déon l'avait très bien formulé de nombreuses fois.
13:09On a envie de partager, d'inventer, de raconter des histoires.
13:13C'est pour ça que la littérature, on pourrait dire qu'elle est de droite par essence,
13:18parce que la littérature, c'est la vie.
13:22Ce n'est pas les dogmes, ce n'est pas les présupposés idéologiques.
13:29C'est la liberté, la littérature.
13:31La revanche des maudits et des bannis alors ?
13:33Parfois, oui.
13:35De toute façon, si on ne les défend pas, nous, qui va les défendre ?
13:39Bien sûr.
13:40Vous le faites.
13:41L'affaire repose, dès le départ, si on fait très simple, sur un conflit entre deux châteaux.
13:45La petite roche où se situe l'association, dans le livre,
13:50le Supercatholique, l'association d'aide aux plus démunis,
13:53et le château de M. Beauchesne, qui se trouve être le président de l'Assemblée nationale.
13:58C'est un château contre un autre, une véritable forteresse contre un château,
14:02et entre les gérants, une rivière, la Creuse.
14:05Est-ce que c'est bien raconté ?
14:07C'est parfaitement résumé, oui, c'est exactement ça.
14:10Il y a peut-être autre chose.
14:12L'histoire démarre là-dessus, c'est-à-dire qu'il y a deux châteaux
14:15qui sont sur deux rives différentes de la Creuse.
14:18La Creuse, c'était la frontière entre le Pays d'Oc et le Pays d'Oeil, autrefois.
14:22Ce n'est pas une rivière très large, mais elle est remplie de châteaux,
14:29parce que c'était justement la frontière, pendant les guerres de Cent Ans aussi, etc.
14:33C'était cette frontière-là.
14:35Et donc, il arrive un quiproquo, des courriers qui étaient destinés aux super catholiques,
14:41et en fait, mes enfants appelaient le secours catholique,
14:46ils l'appelaient le super catholique.
14:48Et donc, ça m'a amusé de reprendre cette expression.
14:52Des courriers qui étaient destinés au château de la rive gauche,
14:57qui appartenaient au président de l'Assemblée nationale,
15:01étaient arrivés par erreur aux super catholiques,
15:05c'est-à-dire à cette œuvre de bienfaisance occupant des descendants,
15:10comme disait Hollande, en tout cas des gens qui ont peu de moyens
15:14et qui ont besoin qu'on les aide.
15:16Et effectivement, le président de l'Assemblée nationale,
15:20ou plutôt les gens qui occupent ce château de la rive gauche,
15:24veulent récupérer ces courriers parce qu'ils comportent des informations
15:30terribles, graves, qui pourraient faire trembler la République, en quelque sorte.
15:36Et donc, l'histoire commence comme ça.
15:39– Alors, vous êtes quand même, vous êtes l'écrivain, mais quand même de parti pris.
15:43Alors, votre héros, bien évidemment, c'est le libraire.
15:45Mais alors, quand vous faites la description de M. Bauchêne,
15:47le président de l'Assemblée nationale,
15:49il n'y a pas de rapprochement possible avec l'actuelle qui est une femme,
15:52vous dites, M. Bauchêne, un assez vilain physique de crapaud,
15:55petit, cagneux, barbu, comme un landru, autoritaire, cassant, violent,
15:59parfois même, d'où son surnom de Mara du Bas.
16:04– Mara du Bas ?
16:06– Mara du Bas, oui, oui, c'est ça, un Mara du Bas.
16:10Ah, je crois, si je vous ai bien lu, je retrouverai la référence.
16:13– Vous ne vous souvenez plus de cette Mara du Baberie ?
16:16– Du Baberie, pardon.
16:18– Mara du Baberie, oui, oui.
16:20– Ah, j'ai oublié, c'était un homme à femme, un gnome à femme.
16:23– Un gnome à femme, voilà, j'ai renommé le gnome à femme.
16:26– Donc le Baberie.
16:27– Bon, il n'existe pas, je préfère tout de suite le dire,
16:29je dis ça pour défendre les intérêts de l'éditeur,
16:32je ne voudrais pas que l'éditeur soit saisi, soit reculé à la faillite,
16:37et puis que, voilà, donc, il a aussi des femmes, enfants,
16:41donc je préfère dire tout de suite, il n'existe pas,
16:44il n'y a pas de gens comme ça, il n'y a pas, d'ailleurs,
16:47il est le méchant et franc-maçon, je crois, je crois me souvenir,
16:51et il n'y a pas, bien sûr la franc-maçonnerie n'existe pas,
16:55ou en tout cas elle a très très peu de puissance,
16:57donc c'est de la pure invention, de la pure imagination tout ça.
17:01– Parce que Francis Bergeron, il y a quand même l'acteur puissant dans le récit,
17:03parce que vous le dites sur la mode humoristique,
17:05mais là ce n'est pas le cas dans l'ouvrage, ça explique beaucoup de choses,
17:08c'est ce qu'on appelle la franc-maçonnerie, les fameuses loges secrètes,
17:11et est-ce que vous ne donnez pas finalement trop d'importance à ces organisations ?
17:17– Vous voyez, j'étais en train d'écrire ce roman,
17:20au moment où il y a eu la fameuse affaire de ces agents du SDEC, je crois,
17:27ou de la DGSI, qui ont été compromis dans un meurtre,
17:32et dans des tentatives de meurtre,
17:34c'est-à-dire qu'il y a eu une espèce de dérive d'une équipe d'une vingtaine,
17:38je crois, d'une vingtaine de fonctionnaires,
17:42dont les procès d'ailleurs ont eu lieu assez discrètement, je dois dire,
17:46qui appartenaient tous à la même loge, à une même loge,
17:50et qui ont assassiné donc une personne,
17:53et qui ont tenté d'assassiner d'autres personnes.
17:56C'est arrivé il y a deux ans à peu près, un an et demi,
17:59la presse en a parlé, mais assez peu, elle a été assez discrète là-dessus,
18:03alors que c'est énorme comme histoire, c'est énorme,
18:05ça veut dire qu'il y avait une cellule de tueurs,
18:09pour des raisons d'ailleurs, ce n'était pas tellement idéologique,
18:12sauf qu'il y avait quand même un gars de la CGT qui voulait,
18:16je dirais, abattre un type de la CGT,
18:20mais sinon c'était plutôt pour des raisons financières,
18:24et je me suis dit, mais c'est quand même incroyable,
18:28en 2020, 2024, on a des gens comme ça,
18:34qui peuvent croire en tout cas, qu'ils auront une impunité totale,
18:38parce qu'ils s'appartiennent à une secte maçonnique.
18:42Bon, c'est du roman, mais vous voyez,
18:45il y a quand même une certaine réalité derrière ce genre de choses.
18:51– Des puissants, des organisations secrètes, du sang, du sexe,
18:57tous les éléments sont là.
18:59– Le sexe, je voudrais quand même…
19:01– Non, non, non, d'ailleurs je pense que je vais couper les pages.
19:07– C'est trop tard, c'est une référence au Brasillac.
19:11– Oui, il y a un poil d'érotisme, dirais-je,
19:16mais ce n'est pas OSS 117 quand même,
19:20et d'autre part, je crois que j'ai inventé l'érotisme chrétien.
19:26– C'est-à-dire ?
19:27– Eh bien, ça se passe dans le couple, à l'occasion d'un mariage.
19:33Voilà, c'est…
19:35– Et dans un prêt, c'est comme ça alors, l'érotisme chrétien ?
19:38– S'il vous plaît, ne m'acculez pas à ce genre de…
19:42– On ne va pas aller plus loin dans l'histoire, parce que…
19:44– Oui, mais il en fallait un petit peu, et j'ai fait, je crois, quelque chose de bien.
19:47Parce que la notion d'érotisme chrétien, je crois que c'est Robert Poulet,
19:52on lui avait demandé de faire un roman dans une série qui s'appelait,
19:57je ne sais plus comment, dans les années 50,
19:59et son roman est absolument illisible, et c'était un roman olé-olé,
20:05c'était une série olé-olé, et d'une part, c'est illisible,
20:10et d'autre part, il avait dit que ça serait dans un cadre chrétien,
20:13mais c'est emmerdant comme ce n'est pas possible,
20:16parce que dans ces cas-là, sortir un micel, ce n'est pas forcément la meilleure…
20:21Enfin bon, il faut faire des enfants quand même, c'est important.
20:24– Voilà, écoutez, chacun jugera.
20:27Les pages sont là, et on ne peut pas les retirer,
20:29je peux même donner le numéro des pages,
20:31si vous voulez avoir la confirmation de mes propos.
20:33On ne va pas donc aller plus loin, je vous l'ai dit,
20:35parce qu'on va laisser le soin au lecteur de découvrir l'enquête que mène votre héros.
20:39Néanmoins, il y a quand même un héros de tout ça,
20:41qu'on n'a pas évoqué du tout dans l'ouvrage, c'est le Béry,
20:44d'ici le Babéri, j'avais oublié le terme,
20:46le sud du Béry, les vallées de la Creuse, de la Gartorme, de la Cédelle, de la Boussane,
20:50ce sont des lieux auxquels vous êtes attaché, pour vous ce sont les lieux…
20:53– Ce sont mes racines familiales, depuis toujours,
20:57mes parents, mes grands-parents, mes arrières-grands-parents
21:00sont enterrés là, à Argenton-sur-Creuse, à Saint-Marcel,
21:06enfin dans ce coin-là.
21:09Ma sœur a refait l'arbre généalogique de la famille,
21:16elle est remontée jusqu'au XVIe siècle,
21:19et on trouve au XVIe siècle la branche Auvergnate,
21:24Bergeron c'est un nom Auvergnat, tout simplement,
21:28du côté d'Auriac-Mauriac, et l'autre branche,
21:30c'est une branche qui vient du Sancerrois, le pays du bon vin,
21:35et il y a un petit lieu-dit qui s'appelle Légiraud, près de Saint-Satur,
21:40et ma famille, au XVIe siècle, était habitée à cet endroit-là,
21:45au lieu-dit Légiraud.
21:48Alors un ancêtre, l'ancêtre le plus ancien qu'on a trouvé,
21:52était notaire maréchal Ferrand, donc il faisait les deux métiers,
21:57ce qui va assez bien ensemble.
21:59– Sympathique.
22:00– Oui, oui, oui.
22:01Donc effectivement, c'est une région qui met cher,
22:04elle est un peu désertifiée aujourd'hui,
22:08mais il y a aussi l'avantage…
22:10– Elle a gardé son antiquité.
22:11– Oui, elle a gardé son antiquité, il n'y a pas de building,
22:13il n'y a pas de HLM, il n'y a pas de truc comme ça,
22:15dans tous ces petits villages, c'est assez formidable,
22:18donc c'est très préservé.
22:20Et il y a même, ils ont voulu installer un centre d'accueil
22:25des demandeurs d'asile, un CADA,
22:29Centre d'accueil des demandeurs d'asile,
22:31et ils viennent, il y a 15 jours, de renoncer à l'implantation de ce CADA
22:36parce que les habitants se sont mobilisés pour s'opposer à ce CADA.
22:41Donc il y a un bon esprit, une bonne ambiance, je dirais,
22:45c'est assez… bon, ce n'est pas extraordinaire,
22:49ce n'est pas la boule, ce n'est pas Saint Raphaël ou Saint-Tropez,
22:54mais c'est sympathique, moi j'aime bien, oui, j'aime bien.
22:57Et ça, justement, Adége, dont on parlait, a su aussi faire…
23:01lui, il était un peu plus du Cher et de la Touraine,
23:05mais il a su donner un peu cette ambiance qui est quand même très sympathique,
23:09ce sont nos racines, enfin les racines de beaucoup de Français,
23:12ce qui prouve d'ailleurs que, contrairement à ce qu'on nous dit sans arrêt,
23:15la France est un pays d'immigration, etc.,
23:17mais vous avez 80% des gens, ils peuvent remonter,
23:23d'ailleurs il suffit de voir les monuments morts,
23:25il suffit de lire les noms sur les monuments morts,
23:27on peut remonter comme ça, tous les gens de ces coins-là
23:30peuvent remonter sur 400 ans et faire leur arbre généalogique
23:36et verront qu'à part la guerre de 1914 et les guerres napoléoniennes,
23:40les gens, ils n'ont jamais bougé de 30 km autour de chez eux.
23:44– Vous gardez la creuse, moi je garde la boule,
23:46je vous laisse aussi Saint-Tropez et Saint-Raphaël,
23:49au-delà de cela, est-ce qu'on peut avoir un autre Hussard, un autre roman ?
23:54Est-ce que déjà vous avez prévu une suite, et dans un lieu différent en fait,
23:59si je peux amener à parler de la boule, de Saint-Raphaël ou de Saint-Tropez ?
24:02– C'est plutôt celui-là qui est une suite des 12 premiers,
24:05qui ne sont pas de moi, qui sont d'autres auteurs.
24:08Et j'ai voulu justement avec celui-là, raconter comment le Hussard est devenu,
24:15comment Julien Ardent, libraire de livres anciens, place Bois-le-Dieu à Paris,
24:20est devenu redresseur de torts la nuit, alors qu'il est libraire
24:26et qu'il se balade à Drouot le jour.
24:29Donc celui-là est déjà, je dirais, dans la série.
24:34– En fait, ma question à Francis Bergeron, c'est,
24:36est-ce que vous avez aimé faire un roman policier ?
24:38Et donc, est-ce que vous avez envie de continuer ?
24:40– Oui, maintenant, ça dépend des lecteurs.
24:43Si les lecteurs se disent intéressés, oui, l'aventure peut continuer.
24:50– C'est aux éditions Oda et Sarnes, j'ai réussi à le prononcer cette fois-ci,
24:53je suis très content.
24:54Le Hussard remonte le temps de Francis Bergeron.
24:57Voilà une lecture en ce début d'année que je vous conseille.
25:00C'est un moment agréable et avec un livre qui est très plaisant à découvrir,
25:05avec plein de clés, avec plein de petits clins d'œil
25:08que chacun reconnaîtra assez facilement.
25:11Merci beaucoup à vous.
25:12– Merci à vous.
25:13– Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org

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