• l’année dernière
Le harcèlement existe-t-il depuis que l'école existe ? En tout cas en 1868, date de publication de ce roman d’Alphonse Daudet, le papa de "La Chèvre de Monsieur Seguin", la littérature s’était déjà emparé du sujet…

Retrouvez toutes les dramatiques de Juliette Arnaud dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud

Category

😹
Amusant
Transcription
00:00 Juliette Arnault, parmi les classiques de la littérature, vous en avez trouvé un qu'on
00:12 peut lier à un sujet qui est enfin pris à bras le corps, le harcèlement scolaire.
00:18 Le harcèlement existe-t-il depuis que l'école existe, dans le fond ? En tout cas, en 1868,
00:24 la date de publication de ce roman d'Alphonse Daudet, on rappelle le papa de la chef de
00:30 M. Seguin, bien sûr, la littérature s'était déjà emparée du sujet.
00:34 Quel roman d'Alphonse Daudet alors ? Le petit chose, parce que ce roman qui est
00:39 largement autobiographique, évoque le harcèlement, il a pour sous-titre "Histoire d'un enfant".
00:45 Le héros va grandir au fil des pages sans jamais savoir devenir adulte.
00:51 Mais ce n'est pas seulement pour cette raison, quoique excellente, que j'aime intimement
00:55 ce livre que j'ai lu avant le collège.
00:58 Et ça, c'était une foutument bonne idée, parce que c'est important la théorie avant
01:02 la mise en pratique.
01:03 Bon, alors ça ne te sauve pas de la honte, de la peine et de la trouille, mais tu te
01:07 sens moins seul.
01:08 Et moi, je me raccrochais au petit chose.
01:10 Le petit chose, c'est le héros du livre.
01:12 Vous remarquerez qu'il n'a pas hérité d'une dénomination à base de Tarzan, Tape
01:16 Dur, Fan la Bise ou Capitaine Conan.
01:18 Et ça fait que quand à la page 2, Alphonse Dodet écrit "C'est une vérité, je fus
01:23 la mauvaise étoile de mes parents", eh bien on ne tombe pas en syncope de surprise.
01:27 Explication.
01:28 À la naissance de cet enfant-là, sa famille est ruinée.
01:31 Ils vont tous devoir assez vite s'exiler, appréhender une vie de pauvre et se séparer
01:37 pour pouvoir survivre économiquement.
01:39 Et notre héros, surnommé le petit chose, parce qu'il est petit, frêle, habillé
01:45 d'une blouse, comme les membres d'ouvriers, il doit interrompre ses études et partir
01:49 travailler dans un internat comme maître d'études, c'est-à-dire comme pion.
01:53 Bon, jusqu'ici tout va bien, sauf que quand il est introduit dans le cabinet du recteur,
01:57 le type sursaute et s'écrit "Ah mon dieu, comme il est petit ! Mais c'est un enfant,
02:02 mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'un enfant ?" Bon, petite panique intérieure
02:06 chez le petit chose.
02:07 Et on lui confie d'abord la classe des petits à surveiller et tout semble plutôt bien
02:12 se passer au départ.
02:13 Daudet écrit "Je ne les punis, c'est jamais, à quoi bon ? Est-ce qu'on punit les oiseaux ?"
02:18 Sauf qu'il y a un moment qui est problématique pour le petit chose, c'est qu'il doit faire
02:23 des provenades deux fois par semaine où il y a traversée de la ville avec la division
02:27 des petits.
02:28 Alors la tête de colonne, c'est une fierté, sauf que la queue de colonne, c'est le zbeul
02:32 total.
02:33 Surtout à cause d'un môme, que tout le monde appelle "Banban", et qui est ami avec
02:38 tous les gamins polissons de la ville.
02:40 Pourquoi est-ce qu'on l'appelle "Banban" ? Oh, les mômes sont gentils.
02:43 C'est parce qu'il est bancal, c'est parce qu'il boite.
02:47 Je cite Daudet "Imaginez un horrible petit avorton, si petit qu'il s'en était ridicule,
02:53 avec cela, disgracieux, sale, mal peigné, mal vêtu, sentant le ruisseau et pour que
02:58 rien ne lui manquât, affreusement bancal."
03:01 Et parce qu'il a honte, le petit chose, d'être associé à ce "Banban", un jour il pousse
03:06 sa division à marcher le plus vite possible.
03:08 Et forcément, "Banban" il ne peut pas suivre.
03:11 Et là c'est vraiment affreux, parce que "Banban" finit par arriver tout pâle, boitant
03:15 encore plus, suant dans sa petite blouse crado de fils de rien.
03:19 Et enfin, enfin, le petit chose, à la lumière à tous les étages, il reconnaît cette blouse
03:25 et il se dit à lui-même "Misérable n'as-tu pas honte ? Mais c'est toi, c'est le petit
03:29 chose que tu t'amuses à martyriser ainsi."
03:32 Et c'est ainsi que les petits choses bousculent d'autres petits choses, sans les reconnaître,
03:37 sans se reconnaître.
03:38 Merci, bisous, merci.
03:39 Et qui est devenu le petit chose en 2023 ? C'est le petit théâtre du grand dimanche
03:47 soir qui va vous le dire.
03:49 Parce que le harcèlement peut être aussi une seule histoire d'adulte.
03:52 Juliette a imaginé le président de la République en petit chose.
03:55 Il sera incarné par Frédéric Fromet, qui se trouve face à Joe Biden, Guillaume.
04:00 Le nouveau président argentin c'est Émeric Lomprey.
04:03 Juliette sera Georgia Meloni.
04:05 Emmanuel Macron a demandé audience à Joe Biden.
04:12 Joe, j'en peux plus.
04:14 J'ai peur, j'ai froid, j'ai mal, j'ai chaud.
04:16 Qu'est-ce qui se passe-t-il, mon petit chose ?
04:18 Je ne suis pas une petite chose, je suis le président.
04:21 Calme-toi, que t'arrive-t-il ?
04:23 Au milieu des autres chefs d'État, je suis le plus petit, je suis le plus jeune, je suis
04:28 le plus…
04:29 Le plus mauvais ?
04:30 Hein ? Non, je ne crois pas.
04:31 Mais comme je suis le plus frêle, les autres ne sont pas gentils avec moi.
04:35 Ils crient fort, ils se moquent.
04:36 Tu veux dire que tu es victime de violences politiques ?
04:39 Les violences policières, ça n'existe pas !
04:41 J'ai dit violences politiques.
04:42 Ah, pardon, je n'ai pas l'habitude d'écouter quand on me parle.
04:46 Bon, qu'est-ce que tu veux que je fasse ?
04:48 Bah, que tu me défendes quand je me fais harceler, que tu sois un peu mon protecteur.
04:52 Tu sais, pour réussir, il faut être fort avec les forts.
04:55 De son côté, Ravier Milleil fait connaissance avec Georgia Meloni.
05:02 Bienvenue, Ravier, dans le cercle des forts, dans le cercle des puissants, dans le cercle
05:07 des chefs d'État qui ont des couilles !
05:09 Ouuuuuuuh ! Si, si, merci, Madame Meloni !
05:14 Bon, alors, je te préviens, Ravier, il y a deux catégories de chefs d'État.
05:18 Les chefs d'État forts et les chefs d'État faibles.
05:21 Ouuuuuuuh ! Et comment on doit agir en tant que forte ?
05:25 C'est simple, il suffit de harceler les petits et les faibles.
05:30 Ouuuuuuuh ! Si, si !
05:32 C'est quoi le bruit que tu fais constamment avec ta bouche ?
05:36 C'est la tronçonneuse.
05:37 Ah, moi j'ai cru que tu faisais les motards de chips.
05:40 Non, les chips, c'est pas ça, les chips c'est paprika, non pas broma.
05:43 Non, mais les chips de la série télé, tu sais, qui font "ouais, ouais, ouais, ouais".
05:47 Tandis que Georgia et Ravier palabrent, Joe Biden et Emmanuel Macron entrent sans prévenir.
05:52 Hola, cabrones !
05:55 Euh, non, moi c'est Macron.
05:57 Hola, Macron ! Alors, on ne savait pas, le nouveau roi de l'Argentine ?
06:03 Erre, erre, erre, erre, erre.
06:06 J'ai fait un V2 allemand, moi, c'est pour ça.
06:08 Mais, mais, vous êtes le président, pas le roi.
06:11 Aïe, comment ça m'aurait pas plu !
06:13 Mais comment il me parle, Louis XIV ? Cersei, Cersei !
06:18 C'est pas parce que tu as le château de Versailles que tu peux m'impressionner.
06:22 Nous, les Argentins, nous sommes un peuple fort.
06:25 Oui, bah nous aussi on est fort.
06:26 Oui, mais nous on a gagné la coupe du monde de football, hein !
06:28 Oui, bah nous on a gagné l'Eurovision Junior.
06:31 Ça te fait ! Nous les Yankees, on a inventé les westerns.
06:35 Alors, il y a un seul shérif dans cette pièce.
06:37 Vous arrêtez vos conneries, vous vous remettez au boulot !
06:41 Mamma mia !
06:44 Merci, Jeanette Arnaud.
06:48 Et vous aurez reconnu la voix de Fabienne Saint-Est, qui est d'ailleurs ici, parmi nous, dans cette salle.
06:55 Merci Fabienne, on te retrouve dès demain, 18h, bien sûr, pour le 18-20 de France Inter.

Recommandations