Juliette Arnaud décrypte avec humour "Les Oiseaux" - pas le film d'Alfred Hitchcock, mais la nouvelle éponyme de l'autrice britannique Daphné du Maurier dont ce long-métrage effrayant s'inspire.
Retrouvez toutes les dramatiques de Juliette Arnaud dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/la-chronique-de-juliette-arnaud
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00:00 Les classiques, c'est Juliette Arnault.
00:02 Et aujourd'hui, c'est même un classique littéraire qui a donné un classique du cinéma.
00:07 Parce que "Les oiseaux d'Hitchcock",
00:09 c'est une adaptation du roman de Daphné Dumouriez intitulé, devinez, "Les oiseaux".
00:14 Vous l'avez relu parce qu'il résonne avec un fait très très précis d'actualité d'ailleurs,
00:18 qui se passe en Australie, parce que vous, c'est même l'actualité internationale, Juliette.
00:21 - Ah mais moi c'est sûr, oui. - Or, tout l'actualité internationale.
00:24 Tout le monde s'en est bien rendu compte.
00:26 C'est l'histoire d'un oiseau qui s'appelle le "Cacican Fluteur",
00:29 qui a donc un chant très mélodieux.
00:31 Un oiseau qui est noir à taches blanches,
00:33 et qui est comparé en Australie à une orque volante.
00:37 Oui, Guillaume.
00:38 Alors qu'il pèse 350 grammes.
00:40 Alors pourquoi une orque volante ?
00:41 Parce qu'à cette époque de la népyle, c'est le moment de la nidification,
00:45 et à ce moment-là, le Cacican Fluteur, il défend âprement son territoire,
00:48 et n'hésite pas à attaquer toute forme de danger, y compris les êtres humains.
00:53 Il est particulièrement énervé par les cyclistes.
00:56 Non, il n'est pas parisien.
00:58 Et encore plus par les enfants à vélo,
01:00 parce que... pour cause de conduite imprévisible.
01:04 Bon, j'arrête de rire, parce que parfois ça va jusqu'à l'accident mortel.
01:07 Alors comment ne pas penser aux oiseaux ?
01:09 Et non, en fait, pas à le film d'Hitchcock,
01:11 qui a certes adapté la nouvelle de Daphne du Maurier,
01:14 mais si librement que je m'autorise à penser,
01:17 et je m'autorise même à dire qu'il l'a surtout très mal adapté.
01:21 Daphne du Maurier...
01:23 Prends bien ça dans la gueule, Hitchcock !
01:26 Moi j'aime bien attaquer les morts.
01:28 Daphne du Maurier réussit un exploit en 40 pages.
01:34 Oui, alors voilà l'excuse de "j'ai pas le temps",
01:36 ici elle ne va pas être audible.
01:38 En 40 pages, elle plante un décor,
01:40 on est en Angleterre, on est au bord de la mer,
01:42 falaises, coins isolés, un héros,
01:44 c'est un ancien combattant de la Deuxième Guerre Mondiale,
01:46 blessé de guerre, employé de ferme,
01:48 père de famille mais assez solitaire,
01:50 lecteur, et une intrigue,
01:52 que la femme du héros résume assez vite en une phrase,
01:55 "il est arrivé quelque chose aux oiseaux,
01:57 parce que les oiseaux, tous les oiseaux,
01:59 du rouge-gorge à l'épervier en passant par les mouettes,
02:02 attaquent tous en même temps."
02:04 Et si 350 grammes ne peuvent pas grand-chose
02:07 contre un être humain ou une maison,
02:09 des centaines de milliers d'oiseaux en mode kamikaze,
02:11 et bien c'est pas la même.
02:13 Au début au village, quand l'attaque reste limitée,
02:15 on cherche des explications.
02:17 Les oiseaux qui n'ont pas pu partir à l'automne
02:19 doivent redouter la mort, alors ils deviennent fous.
02:21 Ou alors les oiseaux seraient étrangers,
02:23 ils viendraient de l'Arctique.
02:25 Et puis on monte d'un cran.
02:27 Au village, on commence à dire que les Russes
02:29 auraient empoisonné les oiseaux.
02:31 Alors non, on n'est pas en 2023,
02:33 le livre est publié en 1953,
02:35 mais on est en pleine guerre froide,
02:37 et les souvenirs de la seconde guerre mondiale
02:39 en fait ne sont pas loin.
02:41 Et Nat, le héros, il s'en souvient jusque dans sa chair,
02:43 forcément, puisqu'il a été blessé.
02:45 Et quand les autres se perdent dans des raisonnements oiseux,
02:47 moi aussi j'ai déjeuné avec des fricots de bête,
02:49 (rires)
02:51 Nat, pendant cent nuits, observe,
02:53 il réfléchit, il prend acte, et surtout il s'organise.
02:55 Et quand les autres ne le croient pas,
02:57 lui qui a vécu les bombardements,
02:59 il ne s'offusque pas, il pense juste,
03:01 il faut subir soi-même une chose
03:03 pour qu'elle vous touche.
03:05 Alors je vous dirais bien si la sagesse et l'expérience
03:07 de Nat lui accorderont la survie,
03:09 mais franchement, 40 pages,
03:11 vous avez tous le time. Merci, bisous, merci.
03:13 (applaudissements)
03:21 Et c'est l'heure du petit théâtre radiophonique.
03:25 C'est le moment où l'on poursuit l'analyse de l'œuvre sur scène.
03:29 Juliette a imaginé que serait la vie de la famille de Nat en 2023.
03:34 Alors Nat, c'est Guillaume, son épouse, c'est Juliette,
03:39 Emmerick joue le petit garçon du couple,
03:42 et Chewbacca, la petite fille.
03:45 Oui, voilà. Et si vous entendez rire encore plus dans la salle,
03:48 c'est parce que, en plus d'être la petite fille,
03:50 imaginez que Chewbacca porte une perruque blonde.
03:54 (musique)
03:56 70 ans plus tard, la petite famille,
03:59 qui n'a pas vieilli, est toujours coincée
04:02 dans sa petite maison, encerclée par les oiseaux.
04:06 (musique)
04:08 J'en peux plus. J'en peux plus d'être enfermée,
04:10 ça fait vraiment trop longtemps, ces 50 dernières années ont été longues, mais longues.
04:14 Comme ma bite.
04:15 Littéralement, non.
04:17 Non, mais j'en peux plus de l'enfermement, là, j'en peux plus de ces oiseaux,
04:20 pourquoi ils sont devenus si fous, là ?
04:22 Moi je sais, c'est les migrants qui ont entraîné les oiseaux pour qu'ils nous attaquent.
04:26 En plus, si ça se trouve, c'est même pas des vrais oiseaux,
04:29 genre c'est des drones, mais ils sont déguisés en oiseaux.
04:31 Mais c'est ce que tu racontes, piston, là, arrête avec tes âneries.
04:34 Mais c'est pas moi, c'est Pascal Prost qui a dit.
04:36 Mais vous comprenez pas, vous comprenez pas que les oiseaux,
04:39 ils nous en veulent d'avoir bousillé leur planète,
04:41 et maintenant ils se vengent, ils veulent détruire tous les humains, voilà !
04:43 Ok, Sandrine Rousseau.
04:45 Aaaaaaaah !
04:47 Oh là là, ma petite ruse, mais qu'est-ce qu'il se passe ?
04:50 T'as fait un cauchemar ?
04:51 Oui, et c'était horrible.
04:54 Tu as rêvé des oiseaux, c'est ça ?
04:56 Non, pire.
04:58 J'ai rêvé qu'Enrico Macias, il entrait dans la playlist de France Inter.
05:03 Oh, mon dieu, ma pauvre chérie.
05:06 Recouche-toi, ma vieille.
05:08 Ah !
05:09 Oh non, non, non, ça y est, il repasse à l'attaque.
05:11 Bon, chérie, tu prends la petite et tu la descends à la cave.
05:14 Vas-y.
05:15 Ne te casse pas, hein, j'y vais toute seule.
05:18 Ouais, c'est mieux.
05:19 Toujours pareil.
05:20 Cessons d'avoir peur.
05:22 La peur tue.
05:24 Il faut passer à l'offensive.
05:26 C'est pas la petite bête, c'est pas la petite, c'est pas la grosse, c'est pas la bête, non.
05:30 C'est qui va à la cruche, prend bien de l'eau.
05:33 C'est fort !
05:34 Ah !
05:35 Et si on leur lançait une bombe atomique dessus ?
05:38 Mais enfin, mais t'es complètement zinzin.
05:40 On n'est pas dans un abriadeur atomique, ici.
05:42 Ou alors, attendez, on n'a qu'à tous se déguiser en épouvantail.
05:45 Hein, quoi ?
05:46 Bah, c'est pour effrayer les oiseaux.
05:48 Par exemple, si tu veux effrayer un poisson, tu te déguises en pêcheur.
05:51 Si tu veux effrayer une femme, tu te déguises en Stéphane Plaza.
05:54 Si tu veux...
05:55 Non, attendez, attendez, j'ai encore mieux.
05:57 On se déguise en oiseau.
06:00 Oh, ça, on ne peut pas y se l'apercevoir.
06:02 Ok ? Je prends l'aigleur royale.
06:04 Moi, je suis un épervier, mais royale.
06:06 Ok.
06:07 Ok, donc moi, j'imagine que je suis un pigeon ?
06:09 Ah !
06:11 Ah, je crois, je crois que c'est un fantôme.
06:15 Qu'est-ce que c'est ? Bonjour, madame.
06:17 Vous êtes qui ?
06:18 Je suis l'autrice des oiseaux de bananes.
06:20 Je suis Daphné Dumouriez et ça suffit, les adaptations bidons à base de pay-gays.
06:24 Hitchcock, j'ai rien dit, mais il a plein de dos.
06:26 Laissez-moi faire mon fiction.
06:28 Merci, bisous, merci.
06:30 Merci, Juliette Arnault et sa petite troupe de comédiens de la bande FM.
06:42 Vous nous écoutez à Dijon sur 95.9 ou en podcast.
06:46 Avec l'aimable participation et la voix de nos consoeurs de France Inter, Rebecca Manzoni et Estelle Schmitt.