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Ancien préfet et haut fonctionnaire, Christophe Bay est député français au Parlement européen. L’ancien directeur de campagne de Marine Le Pen en 2022 revient pour TVL sur deux sujets d’actualité où le RN se veut en pointe : Mayotte et l’opaque accord entre l’Union européenne et les Etats du Mercosur. Le député qui s’investit dans le département rural de l’Eure-et-Loir évoque le "coup de poignard dans le dos de l’agriculture française" orchestré de longue date par Ursula von der Leyen avec la complicité d’Emmanuel Macron.

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Transcription
00:00Ancien préfet, directeur de la campagne de Marine Le Pen en 2022, Christophe Bey est député français au Parlement européen.
00:12Il est notre invité sur TV Libertés. Bonjour, M. le député.
00:16Bonjour, M. Bildem.
00:17Alors écoutez, je parlais d'actualité. L'actualité, c'est bien évidemment aujourd'hui la disparition de Jean-Marie Le Pen.
00:23Pour vous, quelle image doit-on conserver de lui ?
00:27Je crois que, vous savez, nous sommes dans une période surtout maintenant de deuil.
00:31Moi, j'ai d'abord une pensée pour la famille, pour ses filles, pour ses petits-enfants, arrière-petits-enfants.
00:37Donc je crois qu'au-delà du commentaire politique qui devra intervenir à un moment ou à un autre,
00:45je pense que c'est d'abord le temps du deuil et du recueillement.
00:49Ça, c'est la première chose et j'ai une pensée bien sûr très profonde et très émue pour
00:54celle qui m'a fait l'honneur de diriger sa campagne pour Marine Le Pen.
00:58Après, effectivement, Jean-Marie Le Pen, c'est 70 ans de vie politique en France, donc ce n'est pas neutre.
01:05Quelqu'un qui a compté dans notre système politique.
01:09Moi, j'ai un souvenir des années 70-80 avec lui.
01:15On parle Le Pen, immigration.
01:19Quand on s'engageait dans le mouvement national patriotique, même si jamais il ne fait partie du Front National,
01:27c'était pour la lutte contre le communisme.
01:30Et moi, j'ai le souvenir de Jean-Marie Le Pen comme un des fers de lance de la lutte contre le communisme.
01:37Après, effectivement, je pense qu'il appartient d'abord à Marine Le Pen de se positionner poétiquement.
01:43Mais respectons d'abord le temps du deuil, il viendra après le temps du commentaire politique.
01:49– Vous avez été, je l'ai dit, le directeur de campagne de Marine Le Pen lors de la dernière élection présidentielle
01:54et vous avez été vous-même la cible d'attaque de la presse, notamment du sulfureux quotidien Le Monde
02:01qui a écrit le préfet connu pour ses frasques.
02:04Est-ce que vous attendiez à la violence de ces attaques ?
02:07– Vous savez, à partir du moment où on rentre en politique, tous les coups sont permis.
02:10Surtout de la part de ce journal, comme de Libération.
02:13Après, effectivement, c'est toujours difficile à encaisser
02:19à partir du moment où vous êtes totalement innocent.
02:21Puisque je l'ai rappelé déjà nombreuses reprises,
02:24je n'ai jamais fait l'objet de condamnations tant judiciaires qu'administratives.
02:30Donc tout ça, effectivement, a été ce qu'on appelle un chantier monté pour me nuire.
02:36Vous savez, s'il y a eu le moindre sujet connaissant Marine Le Pen,
02:39je n'aurais jamais été son directeur de campagne.
02:41Donc c'est quelque chose qui marque, on est un être humain.
02:45Mais il faut savoir dépasser ça, parce que si on rentre en politique dans ces cas-là,
02:49si on s'écroule dès la première attaque, il vaut mieux arrêter.
02:53– C'est clair. Venons-en donc à l'actualité, si vous le voulez bien.
02:56Et celle du RN s'est déroulée à Mayotte où Marine Le Pen s'est rendue pendant 3 jours,
03:01la présidente des députés du RN a mis l'accent sur le problème de l'immigration dans l'île.
03:06Et pour Mme Le Pen, il y a, je cite, des actions de fermeté à mener. Lesquelles ?
03:10– Alors, vous savez, d'abord j'ai une pensée très émue pour nos concitoyens maorais.
03:17Ça fait des décennies qu'ils sont abandonnés par les gouvernements successifs.
03:23Marine Le Pen réalise un score très important là-bas,
03:27puisqu'au deuxième tour elle a réalisé 60%, ce n'est pas un hasard.
03:31Ce sentiment d'abandon s'est traduit, une fois encore,
03:36dans une mise en œuvre des moyens de secours quelque peu difficiles.
03:42Les choses se sont améliorées, il faut le reconnaître,
03:45et il faut aussi rendre hommage à nos sapeurs-pompiers et aux militaires
03:47qui travaillent sur le terrain.
03:50Pour autant, je pense que nous ne sortirons pas de la crise maoraise
03:55si nous ne nous attaquons pas au problème premier, qui est l'immigration.
04:00Rien ne sert de reconstruire si on ne jugule pas le flux migratoire.
04:05Or, ce flux migratoire est très inquiétant, puisqu'on arrive maintenant,
04:10on ne sait même plus combien il y a d'habitants, de personnes qui vivent sur cette île.
04:13– On va lancer un recensement indépendiste.
04:15– Voilà, ça serait déjà la première des choses à faire.
04:17Alors, il y a un plan qui est lancé, il y a de bonnes intentions.
04:21Ce qui m'inquiète un peu, c'est que dans la première partie du plan,
04:26on ne va pas parler d'immigration.
04:27C'est une déclaration qu'a faite aujourd'hui, je ne sais plus,
04:29je crois M. Rotailleau, sur le sujet.
04:32Les sujets migratoires seront traités non pas dans le plan d'urgence
04:35qui est présenté aujourd'hui en Conseil des ministres,
04:38mais dans une deuxième phase.
04:39Donc ça, c'est un peu inquiétant.
04:41Ce qui est clair, c'est qu'on ne peut pas reconstruire Mayotte de façon durable
04:47si on ne s'attaque pas à ce problème qui est le problème numéro un de Mayotte.
04:54Maintenant, c'est mis en place,
04:55on parle toujours de l'immigration comorienne.
04:58Mais maintenant, vous avez une filière qui s'est créée en prenant de l'Afrique
05:04et donc vous avez des ponts aériens entre l'Afrique et les Comores
05:09pour ensuite immigrer vers Mayotte.
05:13Donc, on ne peut pas résoudre ce problème,
05:16on ne peut pas résoudre le problème à long terme de Mayotte
05:18si on ne met pas en place des mesures drastiques en matière d'immigration.
05:24– Est-ce qu'on maintient la suppression du droit du sol dans l'esprit du RN, oui ?
05:26– Ah bien bien entendu, c'est la première des mesures.
05:29– Là-bas comme ici, en métropole ?
05:30– En métropole, comme en métropole et bien entendu dans tous nos territoires,
05:37c'est-à-dire sur la France entière.
05:38Il n'y a aucune raison, effectivement, qu'on fasse un distinguo
05:41puisque, toutes choses égales par ailleurs,
05:43on connaît aussi, hélas, les mêmes problèmes en métropole.
05:46Mais l'urgence, il y a deux départements qui sont frappés
05:51par une progression démographique inquiétante,
05:55c'est Mayotte et c'est aussi la Guyane,
05:58qui, toutes choses égales par ailleurs,
05:59est confrontée au même problème que Mayotte.
06:02Donc, le problème, et je crois qu'il faut que nos concitoyens,
06:05les Français, en aient parfaitement conscience,
06:08on pourrait injecter des milliards d'euros
06:10si on ne met pas fin à cette immigration, cette submersion migratoire.
06:17La population de Mayotte augmente de 3% par an.
06:19Je rappelle qu'en métropole, la progression annuelle,
06:23c'est de 0,2% par an.
06:25Vous vous rendez compte ?
06:27Toutes les conséquences que ça a en termes d'infrastructure.
06:29On parle, bien sûr, toujours de la maternité de Mayotte,
06:31première maternité de France, voire d'Europe,
06:34mais il n'y a pas que ça.
06:38Marine Le Pen a fait des constats terribles en termes d'assainissement d'eau.
06:42L'assainissement, il n'y a pas d'assainissement.
06:44La distribution d'eau potable est totalement imparfaite.
06:47Comment voulez-vous construire, c'est toujours plus,
06:50comment voulez-vous construire des infrastructures viables
06:54si chaque fois, le poids démographique,
06:59vous savez qu'elles ne sont pas adaptées au bout d'un an ?
07:01Donc, le sujet numéro un, je pense qu'il faut faire un grand plan.
07:04Vous savez, je pense qu'il faut faire un grand plan
07:06comme en 1989, à la suite du cyclone Hugo,
07:10la Guadeloupe avait bénéficié d'un grand plan de reconstruction.
07:13Et je pense qu'il faut faire exactement la même chose pour Mayotte.
07:16Et d'ailleurs, c'est ce qu'a proposé Marine Le Pen.
07:19Mediapart, le site d'extrême-gauche, vous connaissez, écrit,
07:22je le cite, la chef de file du RN est arrivée dans un territoire conquis
07:28où ses marottes anti-immigration sont désormais défendues
07:31par des responsables de tous bords, à commencer par François Bayrou.
07:35Est-ce à dire que vous n'avez plus l'exclusivité
07:37de la lutte contre l'immigration ?
07:38Et même Daniel Cohn-Bendit parle aujourd'hui de grands remplacements.
07:43Alors, vous savez, moi, je suis toujours un petit peu sceptique.
07:46Tant mieux s'il y a des prises de conscience.
07:47Il y a des prises de conscience.
07:50Et c'est un petit peu, je pense, cette victoire, la victoire des idées,
07:57les victoires des idées du Rassemblement national.
08:00Il y a des prises de conscience et c'est une bonne chose.
08:02Le problème, c'est que souvent, on l'a vu avec nos anciens,
08:07enfin nos actuels dirigeants et les dirigeants passés,
08:12il y a parfois un gap, comme on dit,
08:14entre les déclarations et les réalisations.
08:17Donc moi, j'attends de voir.
08:19Je suis d'un naturel optimiste.
08:22Je fais plutôt confiance.
08:24Mais c'est clair que s'il n'y a pas des mises en œuvre très rapides,
08:29nos concitoyens de Mayotte vont une fois de plus se sentir abandonnés.
08:33Et ça, ce n'est pas acceptable.
08:34L'immigration, c'est aussi évidemment une problématique en métropole.
08:37Il y a l'augmentation exponentielle des délits et crimes
08:40commis par des étrangers en situation irrégulière.
08:42– Est-ce que la solution, c'est d'accélérer l'expulsion
08:44à la suite de la déchéance d'une obligation
08:47de quitter le territoire français, les OQTF ?
08:48Est-ce que c'est ça la solution ou il y en a d'autres ?
08:51– Alors, c'est d'abord la première des mesures à prendre.
08:56Vous faisiez allusion à la délinquance.
08:58Je rappelle que nous avons 25% des détenus qui sont étrangers,
09:03rapportés à 7% de la population étrangère en France.
09:07Donc là, il y a des choses à faire.
09:09Donc effectivement, la première chose, c'est l'expulsion des délinquants
09:13et pas que des délinquants, des personnes qui sont en situation irrégulière.
09:18Pour ce faire, il y a un instrument qui a été supprimé par les socialistes,
09:22qu'il faut rétablir, c'est le délit de séjour irrégulier.
09:27C'est un instrument dont ne disposent ni les forces de l'ordre, ni la justice.
09:34Et ça complexifie énormément le travail d'expulsion des personnes
09:39qui n'ont pas vocation à rester en France.
09:42Donc c'est le sujet numéro un.
09:44Après, nous avons d'autres moyens, qui sont des moyens de pression.
09:48C'est clair que, je vais prendre l'exemple de l'Algérie.
09:51L'Algérie met une très mauvaise volonté à accepter ses ressortissants.
09:58La seule solution pour leur faire comprendre,
10:00c'est de dénoncer l'accord, qui est un accord extraordinaire
10:04d'un point de vue juridique, de 1968.
10:07Cet accord qui est exorbitant, puisque les Algériens
10:10ne sont pas soumis aux codes des étrangers.
10:13Ils ont leurs propres droits, qui est un droit extrêmement favorable.
10:17Donc la première des choses, effectivement,
10:18c'est de supprimer cet accord de 1968, qui est un accord unique
10:22et qui permet effectivement aux Algériens…
10:23– Christophe Bey, le Président de la République en Algérie
10:25dit que la France a commis des crimes contre l'humanité.
10:28Est-ce qu'on n'est pas obligé de réparer ?
10:32– De réparer quoi ?
10:34Vous savez, je pense que la repentance n'est pas une bonne politique.
10:40Vous citez effectivement les propos du Président de la République
10:42qui remonte, je crois, à sa première élection présidentielle.
10:45Mais ça continue.
10:46Il y a quelques jours, l'ambassadeur de France a téléposé une gerbe
10:52sur la tombe dont j'ai oublié le nom de ce héros de l'Algérie.
10:58Qui était un des terroristes qui a été l'instigateur des bombes
11:04qui ont été posées en 1961 dans un bar qui s'appelait Mildbar.
11:09Eh bien, notre ambassadeur a été déposer une gerbe
11:14sur la tombe de cette personne qu'on pourrait qualifier de terroriste
11:19qui a tué et mutilé des enfants dans ce drame
11:23qu'on appelait le drame du Mildbar.
11:25Je trouve ça totalement anormal.
11:26– Comment vous expliquez que certains vous reprochent cette petite musique ?
11:31Votre manque de radicalité, je parle de celui du RN.
11:34Je vous pose tant plus la question que personnellement,
11:36vous avez été accusé d'être un préfet qui expulsait trop vite,
11:41trop rapidement les personnes en situation irrégulière pour éviter les recours.
11:45On a l'impression que vous aviez une certaine radicalité que vous avez perdue.
11:49– Alors, je ne sais pas si c'est le RN qui l'a perdue ou moi,
11:51mais en tout cas, ni l'un ni l'autre ne l'ont perdue.
11:53D'abord, ce n'est pas une question de radicalité,
11:55c'est simplement une question de prise de conscience.
11:57Pour ma part, moi, je faisais mon travail.
11:59Alors, c'est certes, ça n'a pas plu à certains, ça c'est clair.
12:02Mais moi, je faisais mon travail de préfet, j'avais des instruments.
12:06Et effectivement, quand des personnes étaient en situation irrégulière,
12:09eh bien, je les expulsais, ce qui est effectivement le B.A.B.
12:12du métier de préfet dans le cadre de la loi qui s'appelle le CEDA.
12:15Il faut le faire.
12:16– Vous aviez été mis en cause par le ministre,
12:20votre ministre de tutelle, directement ?
12:22– Non, je n'ai pas été mis en cause…
12:25– Pour ça ?
12:25– Non, je n'ai pas été mis en cause pour ça.
12:29On m'a reproché, pendant l'état d'urgence,
12:34de faire trop de perquisitions dans les milieux radicaux islamistes.
12:41Effectivement, ça, ça m'avait été reproché.
12:43Mais là aussi, on nous donne des instruments.
12:45Moi, j'avais dans ce département des personnes qui étaient parfaitement identifiées,
12:49parce que ça aussi, c'est quelque chose qui est important.
12:52Il faut savoir qu'il y a 4 000 étrangers qui sont fichés,
12:58ce qu'on appelle le FSPRT, c'est en gros le fichier déradicalisé.
13:02Sur 24 000, il y a 24 000 au total, il y a 4 000 étrangers.
13:05Moi, je pose la question, que font ces 4 000 personnes en France ?
13:10Elles n'ont pas vocation à rester en France.
13:12À partir du moment où leur islamisme radical est documenté,
13:18nous devons les expulser.
13:20Moi, j'ai estimé que je faisais mon travail, voilà.
13:22– J'ai une question assez personnelle à vous poser,
13:25à ce moment-là, quand vous êtes préfet de l'Au-Puy-de-la-Dordogne.
13:27Vous êtes RN dans votre tête ?
13:30– Non, je suis préfet.
13:31– Au fonctionnaire seulement, c'est bien.
13:32– Je suis au fonctionnaire.
13:33Vous savez, l'honneur de ce métier, c'est toujours de faire la part des choses.
13:40Ça, c'est quelque chose de très important dans la haute fonction publique.
13:43Vous pouvez avoir vos propres idées,
13:46mais la colonne vertébrale du fonctionnement,
13:48je dirais l'ADN du fonctionnement d'un haut fonctionnaire, d'un préfet,
13:51c'est d'appliquer les instructions du gouvernement
13:54et d'appliquer la politique du gouvernement.
13:55– Puis on passe facilement de haut fonctionnaire,
13:57dans la façon dont vous me dites,
13:58la façon de penser, d'agir dans l'arène politique.
14:02– Vous savez, c'est une longue prise de conscience.
14:04Ça ne se fait pas du jour au lendemain comme ça.
14:06Mais à partir du moment où vous considérez que vous avez fait le tour,
14:09un petit peu, sur les façons de parler de la vie administrative ou politique,
14:17et que rien n'avance, beaucoup de choses n'avancent pas,
14:20vous vous dites quand même, est-ce que je pourrais être utile autrement ?
14:26Je vais vous citer une anecdote qui a été un élément de ma prise de conscience.
14:32En 2008, je suis directeur de l'accueil et de l'intégration.
14:40C'est-à-dire que je gérais des subventions à la CIMAD, à SOS Racisme…
14:48– Aux associations immigrationnistes.
14:49– Aux associations, comme on qualifie très justement d'immigrationniste.
14:53On me convoque au cabinet du ministre et on me dit,
14:58il faut que tu supprimes ces subventions.
15:02Je suis un fonctionnaire au paysan, je prépare les dossiers,
15:06et donc je prépare la suppression.
15:09C'était des centaines de milliers d'euros.
15:13Je prépare le dossier, puis une semaine, quinze jours, trois semaines, rien ne se passe.
15:18Je vais m'enquérir auprès du cabinet du ministre,
15:21de ce qu'il a dit, de la décision qu'on m'avait demandé à mettre en œuvre,
15:25et là on me dit non, finalement non, on a réfléchi, on ne va pas les supprimer.
15:30Ce jour-là, j'ai compris que ça serait assez problématique d'avancer sur ces sujets.
15:34– Et le ministre s'appelait sans indiscrétion ?
15:35– C'était Brice Hortefeux, d'ailleurs j'ai un grand respect d'ailleurs,
15:39parce que c'est quelqu'un effectivement de charmant,
15:41mais manifestement il y avait des gens au-dessus de lui.
15:44– Charmant et courageux, ce ne sont pas les mêmes termes.
15:46Je l'ai dit, vous êtes député européen et membre de la commission du commerce international,
15:50c'est une commission importante au Parlement européen.
15:52Le 5 décembre dernier, Ursula von der Leyen a annoncé la conclusion
15:56de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les États du Mercosur,
16:00et cet accord qui a été finalisé, on va le dire quand même dans une forme d'opacité,
16:05il a suscité de vives protestations, on a cherché,
16:08le RN, par la voix de votre collègue et ami, je crois, André Rouget,
16:12a exprimé son indignation, et j'avais envie de vous dire, oui, et après ?
16:17– Alors on a fait plus que de l'indignation.
16:19Alors tout d'abord sur ce déplacement de madame von der Leyen,
16:25il y a une sorte de petite légende qui court comme quoi, hop, elle s'est déplacée,
16:30elle s'est réveillée un jour, tiens je vais aller voir Lula, président du Brésil,
16:34et je vais signer l'accord, non pas du tout, c'était préparé depuis des mourants.
16:38Donc c'est-à-dire qu'Emmanuel Macron était parfaitement au courant de la démarche,
16:41contrairement à ce qui a été dit, de la démarche de madame von der Leyen
16:44qui était partie finaliser l'accord.
16:45Bon, maintenant que peut-on faire ?
16:48L'indignation effectivement c'est une chose,
16:50mais la première chose que notre groupe au Parlement européen a demandé,
16:56c'était qu'il y ait un débat, et bien ce débat a été refusé.
17:00Refusé par qui ?
17:02Par les socialistes, par le PPE, donc la droite dont fait partie l'LR.
17:09Donc c'est-à-dire que par exemple quand M. Bellamy se prétend le grand défenseur
17:13des agriculteurs dans un discours, c'est un peu comme Dr Jekyll, Mr Hyde,
17:18vous avez des propos nationaux et puis des attitudes au niveau du Parlement européen.
17:22Et bien nos députés LR au Parlement européen ont voté contre ce débat.
17:30Alors, maintenant...
17:31– Ils ne sont peut-être pas libres, vous savez,
17:32vous faites partie aussi d'un groupe avec plusieurs nations,
17:34vous êtes obligé de composer quelques fois,
17:36ils ne sont que cinq dans le groupe de la LR.
17:37– Oui d'accord, ils ne sont peut-être que cinq,
17:38mais enfin à entendre les propos nationaux de l'ensemble de l'LR,
17:42je ne vais pas spécialement cibler M. Bellamy,
17:47ce sont les plus grands défenseurs de la lutte contre le Mercosur.
17:50Première chose qu'on fait, on demande un débat,
17:52ce qui est quand même la moindre des choses après le déplacement de madame von der Leyen.
17:55Non, on n'a pas le droit au débat.
17:56Bon, c'est quand même assez intéressant.
17:59Bon, maintenant, qu'est-ce qu'il faut faire ?
18:01Cet accord, c'est la mort de l'agriculture,
18:05qu'on le regarde dans le détail, sans exagération,
18:09c'est la mort de l'agriculture française
18:12et d'une manière générale de l'agriculture européenne.
18:14Il ne faut pas se leurrer.
18:17Et avec un avantage, ça ne vous surprendra pas, pour l'Allemagne,
18:23parce que bien entendu, une fois de plus,
18:25l'agriculture va servir de variable d'ajustement
18:28pour permettre aux industries allemandes,
18:30notamment à l'industrie automobile,
18:31de pouvoir se développer sur le marché sud-américain.
18:35Donc c'est un accord qui est profondément déséquilibré.
18:37Deuxièmement, c'est un accord qui est dangereux,
18:40je dirais même pour notre santé,
18:42puisque, vous le savez, les normes,
18:46les normes applicables au Brésil ou en Argentine,
18:51en moindre mesure au Paraguay ou au Uruguay,
18:53ne sont pas du tout les mêmes qu'en Europe.
18:56C'est-à-dire qu'on va importer des matières, des produits,
19:01des animaux qui ont été nourris avec des produits
19:06qui sont interdits en Europe.
19:10Un peu étrange.
19:12Donc là, il y a quand même une dissymétrie
19:15qui fait que notre agriculture sera totalement
19:22dans une situation de concurrence déloyale.
19:24– Au-delà du constat, M. le député, qu'est-ce qu'on fait,
19:26qu'est-ce qu'on fait ?
19:27Est-ce qu'on supprime, par exemple, les subventions ?
19:29C'est vraiment une question.
19:29Est-ce qu'on supprime les subventions de la France,
19:32les contributions de la France à l'Union Européenne ?
19:34Est-ce qu'on fait cela ?
19:35Est-ce qu'on en sort de l'Union Européenne ?
19:37– Non, là-dessus, le Rassemblement national,
19:40Marine Le Pen et Jordan Barnard ont toujours été clairs.
19:43L'Union Européenne doit se réformer de l'intérieur.
19:46C'est possible.
19:46– Mais c'est une cause contre la main.
19:48– Oui, mais vous savez, par exemple,
19:50vous prenez l'exemple du Mercosur, pour revenir.
19:54Nous ne sommes pas seuls.
19:55Vous avez des pays comme la Pologne,
19:57vous avez nos alliés espagnols qui sont totalement opposés au Mercosur.
20:03Donc, il y a de fortes chances, et je l'espère,
20:06qu'une majorité se dégage, puisque dans le processus normal,
20:10s'il est respecté par la Commission Européenne,
20:13cet accord doit passer en Conseil,
20:17mais aussi devant le Parlement Européen.
20:19– Il y aura un vote du Parlement Européen,
20:20s'il y a un accord, il doit y avoir un vote.
20:22– Il doit y avoir, normalement, un vote du Parlement.
20:25– Vous dites, normalement, ce que vous n'êtes même pas sûr ?
20:27– Alors, non, parce que c'est une histoire de juriste.
20:31Certains pensent que l'aspect strictement commercial,
20:37parce qu'il y a plusieurs éléments dans le Mercosur,
20:40l'aspect strictement commercial pourrait être signé directement par la Commission.
20:47Moi, je n'y crois pas trop.
20:48Je pense qu'il y aura, effectivement, un débat au Parlement.
20:51Mais vous savez ce qui se passe en ce moment au Parlement Européen ?
20:54L'exemple du Mercosur est flagrant.
20:56Mais il se passe plein de choses en ce moment.
20:58Je vais vous citer deux exemples.
21:00Le premier, lors de la dernière session de 2024,
21:04il a été décidé de créer deux commissions.
21:07Alors, vous allez me dire, deux commissions,
21:09c'est un petit peu anodin, non, pas du tout.
21:10Une commission en matière de défense.
21:13Une commission en matière de santé.
21:15Deux domaines de compétences qui sont totalement étrangers
21:19à l'Union Européenne et au Parlement Européen.
21:21C'est-à-dire que Mme von der Leyen a son agenda.
21:24Elle a son agenda commercial, elle continue avec le Mercosur,
21:28malgré les dénégations de la France et du Président Macron.
21:32Et puis, on continue de facto,
21:34ce sont les champions de la défense de l'État de droit,
21:38ce sont les champions de l'accroissement des compétences de facto de l'Union Européenne.
21:43Et moi, ça, je trouve ça totalement scandaleux.
21:46Troisième exemple que je voulais vous citer,
21:48c'est ce qui s'est passé en Roumanie.
21:50C'est très grave.
21:51C'est très grave parce que, manifestement,
21:55le sens du vote des Roumains au premier tour de l'élection présidentielle
22:01ne plaisait pas à l'Union Européenne, enfin à la Commission Européenne.
22:04Eh bien, la Cour suprême, sans attendre la fin du processus électoral,
22:08a annulé le dispositif électoral du premier tour.
22:14– Qu'est-ce que vous vouliez me dire ?
22:14Vous vouliez me dire qu'en Roumanie,
22:15aujourd'hui, ça pourrait être en France demain ?
22:17– C'est le risque majeur.
22:20C'est-à-dire qu'à partir du moment où on met en avant
22:23de soi-disant ingérences pour annuler un processus,
22:26d'ailleurs sans aucune preuve, tout ça s'est fait sans aucune preuve,
22:30il y a effectivement un risque, maintenant, réel,
22:33que lorsque le sens de l'élection ne plaît pas aux dirigeants européens,
22:38ils entament un processus d'annulation.
22:44Donc ça, c'est quelque chose qui est très inquiétant,
22:47qui a été un peu passé sous silence dans les médias français,
22:51mais ce qui s'est passé en Roumanie, au-delà du cas roumain,
22:54peut servir d'exemple ultérieurement.
22:56Et ça, ça me paraît effectivement extrêmement préoccupant.
22:58Alors vous savez, les ingérences, on en parle,
23:00mais soi-disant, c'est parce qu'il y a des ingérences aussi.
23:04Là, ils sont en train de commencer avec Moscou et l'Allemagne.
23:07Mais moi, je rappellerais que le 22 avril 2022,
23:12dans Le Monde, excellent journal du soir,
23:16le président du conseil espagnol,
23:19le président du conseil premier ministre portugais,
23:23le chancelier allemand ont fait une tribune
23:27pour appeler à faire barrage, entre guillemets, au Rassemblement national.
23:31Alors ça, si ce n'est pas de l'ingérence, je ne sais pas ce que c'est.
23:35– Il ne nous reste que quelques secondes.
23:37Malheureusement, j'aurais voulu poser beaucoup d'autres questions,
23:39alors je vais revenir à vous.
23:41Vous évoquez, vous avez été candidat,
23:44battu dans la troisième circonscription de l'Eure-et-Loire.
23:47– Je n'étais pas sortant.
23:48– Vous n'étiez pas sortant, donc vous n'avez pas gagné,
23:50on va dire ça comme ça.
23:51C'est donc Neugent-le-Rotou, Mainvilliers,
23:54Ilie Combray, la patrie de Proust.
23:56J'ai lu dans la presse locale, l'écho républicain pour ne pas le citer,
23:59que vous souhaitiez vous investir en Eure-et-Loire.
24:01Je me suis dit, on est quand même très loin du haut fonctionnaire
24:04et des parlements à Bruxelles et à Strasbourg.
24:06– Vous savez, à partir du moment où on n'a pas pu lire
24:12dans les quatre circonscriptions, deux députés.
24:13– Dans l'Eure-et-Loire, pas de députés.
24:15– Pas de députés, bon.
24:16– Une incongruité pour vous ?
24:18– Un peu une incongruité, une anomalie,
24:21parce qu'on a une sociologie électorale qui nous est très favorable,
24:25mais il y a des bastions tenus par la gauche et l'extrême-gauche.
24:30Dans ma circonscription, Mainvilliers et Lucé,
24:34ce qu'on appelle le gerrymandering,
24:36vous savez, ces circonscriptions qui ont été découpées
24:38pour que la conurbation urbaine, entre guillemets,
24:43fasse basculer le vote.
24:45Donc moi, j'estime que mon devoir,
24:46à partir du moment où il n'y a pas de députés nationaux,
24:48c'est de porter la parole du Rassemblement national
24:51dans cette circonscription.
24:53– Mais un jour prochain, il va y avoir sûrement peut-être
24:54des élections anticipées ou possibles.
24:57Dans ce cas-là, si vous investissez,
24:59vous serez candidat dans cette circonscription.
25:01– Alors, vous savez…
25:03– Parce qu'en fait, c'est mieux d'être au Palais-Bourbon
25:04qu'au Parlement européen, si j'ai bien compris.
25:06– Vous savez, mieux ou pas bien, ce n'est pas le sujet.
25:08Je pense que c'est là où on peut être le plus utile.
25:12D'abord, il y a un processus de désignation des candidats
25:15qui s'appelle les commissions d'investiture,
25:16comme dans tout parti.
25:19Et c'est la commission d'investiture
25:20qui décidera effectivement du candidat.
25:23Moi, je suis quelqu'un de pragmatique,
25:25et chaque chose en son temps.
25:27Nous sommes en janvier 2025.
25:30Mon but, c'est de porter la parole du Rennes
25:34et de ses idées,
25:36notamment en direction des agriculteurs
25:38qui souffrent énormément dans ce département,
25:41pour leur dire la vérité de ce qui se passe,
25:43notamment en Europe,
25:46et effectivement, de porter cette parole du Rassemblement national
25:49sur les thèmes que sont, bien sûr,
25:52le social, l'immigration et la sécurité.
25:57Vous savez, j'ai rencontré des gens,
25:59des personnes sur les marchés.
26:01C'est dramatique.
26:04J'ai rencontré cette femme qui votait pour le Rassemblement national
26:09et qui m'a dit, vous savez, monsieur,
26:11il me reste 8 euros en budget alimentation
26:16pour terminer ma semaine.
26:17Il restait 8 euros.
26:19Donc, je pense que, vous voyez,
26:22on ne peut pas laisser ces personnes sur le chemin.
26:25Ce n'est pas possible.
26:26Et donc, il faut leur porter un message d'espoir, d'espérance.
26:29Et ce message d'espoir, d'espérance,
26:31c'est le Rennes qui le porte.
26:34Deux questions, il va falloir un bon car par oui ou par non,
26:36vous avez dirigé la campagne de Marine Le Pen en 2022.
26:38Je l'ai dit, considérez-vous que la prochaine élection présidentielle
26:41en 2027 ou en 2025 ou en 2026
26:44sera enfin la bonne pour le Rennes ?
26:47J'en suis persuadé.
26:48J'en suis persuadé parce que le moment est venu.
26:51Le moment est venu.
26:52Il y a une forte attente de la part des Français de changements,
26:55de véritables changements dans le fond.
26:58Et je pense qu'effectivement, toutes nos chances sont de côté.
27:02Le contraire m'aurait surpris.
27:03Avec Marine Le Pen ?
27:04Avec Marine Le Pen, puisque Marine Le Pen...
27:05Il faut une interrogation ?
27:07Écoutez, moi, je n'en ai pas.
27:08Je n'en ai pas.
27:09Marine Le Pen est notre candidate naturelle.
27:12Elle le demeure et je souhaite vivement
27:14qu'elle se présente à l'élection présidentielle,
27:17qu'elle soit en 2025, en 2026 ou en 2027.
27:21Je comprends en cru que Jordan Barnella n'est pas un candidat naturel.
27:24Non, non, pas du tout.
27:25C'est simplement dans le processus qui a été clairement défini
27:28dans la répartition des rôles.
27:30C'est Marine Le Pen qui est notre candidate naturelle
27:35du Rassemblement National.
27:37Et au-delà du Rassemblement National,
27:39je pense la candidate de nombreux Français.
27:41Et directeur de campagne, vous rempilez ?
27:43Écoutez, ça, je n'en ai jamais parlé avec Marine Le Pen.
27:46C'est assez lourd comme métier, je crois.
27:48C'est un métier un peu prenant.
27:52Vous savez, moi, je suis...
27:53Une mission presque un métier.
27:54Non, mais vous savez, moi, je suis intrinsèquement issu,
27:58comme vous le savez, de la haute fonction publique.
27:59Donc, je suis là pour servir.
28:01Si on me demande de rempiler, je rempilerai.
28:04Pour l'instant, on n'a jamais abordé le sujet.
28:07Et puis, j'ai bientôt 63 ans.
28:09Donc, c'est tout jeune.
28:10On est tout jeune, bien entendu.
28:13Mais je pense qu'effectivement, on peut apporter des conseils.
28:16On peut avoir un rôle.
28:18Pour autant, est-ce qu'il faut être nominativement
28:21nommé directeur de campagne ?
28:23Je ne sais pas.
28:23En tout cas, ce n'est pas un sujet qui a été abordé,
28:25qui n'est pas un sujet d'actualité.
28:26En tout cas, merci Christophe.
28:27C'est moi qui vous remercie.

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