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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Maya Lauqué revient sur les questions qui font l’actualité avec Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.

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00:00Bonjour Marie-Élisée. Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin. Le conclave sur les retraites est devenu cette semaine sous votre impulsion, le village retraite, avec la promesse de nouvelles règles, plus d'intervention de politique. Ça y est, vous êtes tranquille, enfin seule ?
00:16Enfin seule, en tout cas on a clarifié les relations avec le gouvernement et le fait qu'on ne voulait plus d'interférences, que ce soit à la fois avec le gouvernement mais l'ensemble des responsables politiques,
00:26je pense que c'est un sujet qui est profondément social et qui nécessite une discussion sérieuse.
00:31Ça veut dire quoi ? Vous avez François Bayrou et qu'il vous a déporté ?
00:35Non, ça veut dire que j'ai eu l'occasion de lui dire il y a déjà quelques jours la façon dont je voyais les affaires. On a proposé dans le cadre de la discussion la semaine dernière de remettre à plat,
00:45de redéfinir une feuille de route et l'ensemble des organisations présentes, celles qui ont décidé de revoir cette réforme de 2023, on s'est mis d'accord sur un certain nombre de sujets et de règles,
00:57donc je dirais que les discussions peuvent enfin démarrer sérieusement. On est loin d'être d'accord sur tout, mais l'important c'est de savoir qu'on peut en discuter et puis trouver des solutions concrètes.
01:09En tout cas, nous pour la CFDT, c'est répondre aux attentes du monde du travail sur l'injustice de ce décalage de l'âge légal et toutes les conséquences que ça peut avoir sur la vie des personnes concernées.
01:22On va y revenir. Je rappelle qu'autour de la table, il y a donc la CFDT, la CFTC, CFECGC, côté patron, MEDEF et CPME, trois absents, FAUL, la CGT et U2P. Est-ce que vous espérez les faire revenir ?
01:35Nous, on a défini de nouvelles règles. Eux ont fait le choix de partir en disant que ça n'était pas la bonne solution. Moi, je pense que quitter les discussions, c'est acter la réforme de 2023.
01:47Donc nous, on a fait le choix de la combattre dans les discussions. Après, chaque organisation est libre de ses positions.
01:5571% des Français estiment que ce conclave est un coup politique destiné à gagner du temps et éviter une censure du PS. Est-ce que vous avez le sentiment d'être utilisée ?
02:04Pas du tout. Je suis tout à fait consciente qu'on a un deal politique qui a été noué au moment de l'arrivée de François Bayrou.
02:15Mais c'est surtout une belle occasion pour la démocratie sociale, les organisations syndicales et patronales de faire la démonstration qu'elles peuvent être utiles aux travailleurs et aux travailleuses.
02:24Et moi, quand je fais beaucoup de déplacements, j'étais encore la semaine dernière chez Duralex, une usine qui fabrique des verres que tout le monde connaît bien.
02:31Je discutais avec le délégué syndical, Souleymane, qui me dit mais moi, je suis conducteur de machine. Je travaille dans des températures extrêmes. Je travaille en 5-8. Je travaille de nuit.
02:40Je ne pourrais pas aller jusqu'à 64 ans, c'est sûr. J'étais avec des aides-soignants dans un EHPAD. Elles me disaient mais 64 ans à s'occuper des résidents, ce n'est pas possible.
02:51Myriam me disait mais trouvez-nous des solutions pour pouvoir répondre enfin à nos problématiques concrètes.
02:57Ça, c'est mon rôle de syndicaliste. C'est trouver ces solutions et puis porter cette voix des femmes et des personnes qui sont dans les métiers pénibles.
03:07C'est vraiment les deux objectifs avec l'âge légal de la CFDT.
03:10Alors justement, on rentre dans les discussions. La pénibilité, c'est l'un de vos piliers.
03:15Vous avez eu votre première réunion hier sur ce nouveau conclave ou ce village retraite. Vous êtes d'accord sur quoi ?
03:21On est d'accord sur le fait que la pénibilité, elle existe. De toute façon, ça serait totalement impossible, au moins de mettre la tête dans le sable, de considérer que ça n'existe pas.
03:31Je parlais des aides-soignants. Aujourd'hui, un tiers des aides-soignants qui ouvrent leur droit à la retraite sont déjà en incapacité de travail.
03:38Il y a un principe de réalité. On a fait des propositions très concrètes pour pouvoir présenter comment on mesure cette pénibilité.
03:48On a fait des propositions sur des métiers et puis accordé un certain nombre de points.
03:53Ça existe déjà pour certaines activités. Il faut revoir des seuils. Il faut intégrer des nouveaux critères, notamment ceux qui occasionnent...
04:03Il y a quatre critères qui ont été enlevés. Trois qui concernent notamment les troubles musculo-squelettiques.
04:09C'est une maladie professionnelle extrêmement répandue. 88% des maladies professionnelles sont des troubles musculo-squelettiques.
04:16Donc, c'est totalement insensé de se dire que ça n'est pas un critère de pénibilité.
04:20On a fait des propositions et j'ai envie de dire, pour la première fois, le patronat n'est pas parti en courant, en hurlant à l'usine à gaz et en disant que c'était trop compliqué.
04:30C'est une première étape de discussion. Je pense qu'à un moment, ils feront aussi le constat que la situation n'est pas tenable.
04:40Cette feuille de route prévoit aussi, vous vous êtes mis d'accord, sur le fait d'arriver à l'équilibre financier.
04:45Est-ce qu'en maintenant l'objectif de revenir à 62 ans d'âge légal des parents en retraite, ça vous semble encore possible ?
04:53Vous y croyez vraiment, vous ?
04:55Le Premier ministre avait une vraie bonne idée dans la discussion de dire qu'il n'y a ni totem ni tabou.
05:00Donc, nous, on est d'accord pour pouvoir ouvrir l'ensemble des pistes, l'ensemble des sujets.
05:06La question de l'âge, elle suscite, c'est vrai, des interrogations puisque remettre l'âge à 62 ans, il faut trouver de nouvelles formes de financement.
05:17Mais je pense qu'il faut regarder très sérieusement la question de l'emploi des seniors.
05:22Mais ce que j'entends quand même, c'est que ça reste, oui, un objectif, mais que vous pouvez bouger sur la question de l'âge.
05:29Nous, on veut un bouger sur l'âge, on veut un bouger sur l'âge, on veut un bouger sur la pénibilité.
05:34C'est essentiel, et sur les femmes.
05:36Vous savez que les retraites des femmes sont les plus impactées par le report de l'âge légal.
05:41Elles ont déjà profondément, c'est profondément inégalitaire, 40% des femmes ont des pensions inférieures aux hommes.
05:49Et avec le report de l'âge, elles se voient annuler des droits qui leur permettaient de pouvoir avoir des trimestres en plus, notamment pour maternité.
05:58Donc ça, il faut pouvoir le traiter.
06:00La question du financement, elle sera largement traitée par la question de l'emploi des seniors.
06:05Le problème du déficit du régime des retraites, ce n'est pas les dépenses, ce sont les recettes qui manquent.
06:11Quand on se dit l'emploi des seniors, c'est un sujet, ça ne va pas se faire du jour au lendemain.
06:16Mais déjà se dire qu'on a un objectif de progresser de 10 points dans l'emploi des seniors.
06:20Donc ça veut dire d'arriver à quoi ? 68% ?
06:22On arrive à la moyenne européenne, c'est pas franchement le défi du siècle.
06:28On arrive à la moyenne européenne, c'est 10 points de plus d'emploi des seniors, c'est 700 000 personnes en emploi, c'est 10 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
06:36Donc on n'est pas complètement irresponsable en disant que tous les sujets peuvent être sur la table, y compris de nouvelles façons de financer le régime.
06:45Y compris une contribution et un effort de la part des retraités des plus aisés, vous en avez parlé ces derniers jours.
06:51Oui, je l'ai évoqué, mais quand je dis ni totem ni tabou, je pense que la question...
06:54C'est quoi un retraité aisé d'ailleurs ?
06:55Ça c'est à définir, c'est à définir, parce que pour le coup, il y a des chiffres qui ont été évoqués.
07:02Il y a 10% quand même de retraités en situation de pauvreté qui ont moins de 800 euros de pension.
07:09Il y en a des très aisés qui ont plus de 4000.
07:128% qui reçoivent plus de 3000 euros bruts par mois, 1% qui ont une pension brute supérieure à 5150 euros par mois.
07:20Moi je pense qu'il faut, quand je dis les plus aisés, c'est un petit peu sur le même système que ce que l'on préconise avec l'imposition sur le revenu.
07:27Une nouvelle façon d'imposer sur le revenu, notamment pour ceux qui ont des patrimoines très élevés.
07:33C'est une loi qui a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale, ce qu'on appelle la proposition Zuckman.
07:39C'est un économiste qui dit qu'il faut pouvoir taxer ceux qui ont 100 millions de patrimoine.
07:46Ça correspond à peu près à 1800 contribuables et ça rapporte 20 milliards d'euros.
07:51Voilà, c'est ce type de discussion je pense qu'il est utile d'avoir, notamment dans la conférence des finances publiques qu'a annoncé Éric Lombard.
08:00J'ai envie de vous dire, enfin, c'est une proposition que fait la CFDT depuis plusieurs mois.
08:05Elle aura lieu le 15 avril.
08:07Enfin, on va pouvoir parler vrai, faire la vérité des chiffres et être ensemble réunis pour pouvoir mettre les choses à plat.
08:16Dernière question, il y a une donnée supplémentaire dans les discussions qui est la guerre en Ukraine.
08:19Emmanuel Macron a encore annoncé qu'il y a une nouvelle aide de 2 milliards d'euros à Kiev.
08:24Dans ce contexte, Édouard Philippe disait il y a quelques jours, la discussion sur la retraite c'est totalement hors sol.
08:28Vous dites quoi ?
08:30Je dis que c'est lui qui est déconnecté de la réalité de ce que vivent les Français.
08:34C'est pour ça que j'ai envie de lui dire, enfin les travailleurs que moi je rencontre, je lui dis venez à Tchédior Alex voir les conditions de travail.
08:40Venez dans les EHPAD voir les situations de Myriam, Alima ou Christine, des personnes que j'ai rencontrées encore récemment.
08:47C'est ça la réalité du travail, des difficultés que les personnes y rencontrent et la façon dont il faut que les retraites deviennent plus justes.
08:58C'est vraiment un enjeu, c'est un enjeu social, c'est un enjeu de cohésion sociale et on ne fera pas face à tous ces défis internationaux et notamment le risque de guerre en étant désunis et fracturés.
09:09Le monde du travail a besoin d'être en paix pour pouvoir affronter ces défis.
09:13Merci Marie-Hélène.
09:14Merci à vous.
09:15Merci à toutes les deux et merci à Vivien Fonvieil pour la traduction en langue des signes.

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