• il y a 4 jours
Lundi 24 mars 2025, retrouvez Stéfano Pezzana (directeur programme, Aldoria), Tristan Labaume (président, AGIT), Faustine Fleuret (experte indépendante en Web 3 et finance) et Pierre Beyssac (CEO, Eriomem) dans SMART TECH, une émission présentée par Delphine Sabattier.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, en marge du sommet pour l'action sur l'IA, s'est tenu un forum pour l'IA durable.
00:13On entend beaucoup de chiffres sur la consommation énergétique de l'intelligence artificielle.
00:17On va voir ce qu'il en est exactement, à quel point la situation peut être alarmante,
00:21quelles sont les solutions envisagées, les décisions à prendre.
00:24Ce sera la une de Smartech aujourd'hui.
00:26On aura aussi rendez-vous avec l'actualité des cryptos.
00:28On s'interrogera sur l'application du règlement MICA au niveau européen, trois mois plus tard.
00:33Quels sont les premiers constats ?
00:35Mais d'abord, trois questions sur les enjeux de la filière Space Tech européenne.
00:39C'est tout de suite 3 questions à...
00:46Bonjour Stefano Pezzana, merci beaucoup d'être avec nous.
00:49Vous êtes directeur de programme chez Aldoria,
00:51une start-up qui s'est fixé la mission d'améliorer la surveillance de l'espace pour éviter les collisions de satellites.
00:58Déjà, expliquez-nous comment vous faites ça ?
01:01Alors, Aldoria, justement, comme vous l'avez dit, c'est une start-up qui a été fondée en 2017.
01:06Nous opérons un réseau de télescopes optiques qui sont distribués un peu sur toute la planète,
01:13en Europe, en Amérique du Sud et en Australie principalement, pour le moment.
01:18Et ces télescopes, ils surveillent en permanence la boue de Céleste
01:23et détectent tout objet qui passe sur différents régimes orbitaux,
01:28que ce soit des orbites basses, comme le satellite Starlink, pour ceux qui connaissent,
01:33ou les orbites géostationnaires qui sont jusqu'à 36 000 km de la Terre.
01:38Et alors, vous couvrez l'ensemble des continents ?
01:42On couvre toute la voûte Céleste, tous les ciels autour de la Terre.
01:46Et justement, pour pouvoir couvrir toute la voûte Céleste,
01:48il faut que les télescopes soient distribués un peu sur tous les continents
01:52pour avoir une visibilité totale à partir de n'importe quel point de la Terre,
01:57pour ne pas avoir d'angle mort.
01:59Vous avez évité combien de collisions ?
02:01Pour le moment, on n'a pas encore des chiffres consolidés,
02:04mais disons que les rapproches entre satellites et entre objets aussi
02:09se font de plus en plus fréquentes au vu de l'augmentation exponentielle des objets en orbite.
02:16Et du coup, les messages d'alerte et les suggestions de manœuvres
02:20vont aussi augmenter de façon proportionnelle au nombre d'objets en orbite.
02:25Mais à peu près, pour nous donner une idée, un ordre de grandeur,
02:28c'est combien de collisions à anticiper à peu près par mois, par exemple ?
02:33Disons une centaine.
02:35Quand même.
02:36Oui, c'est non négligeable.
02:38Non négligeable.
02:39Alors, je voulais aussi vous interroger sur l'Europe et la souveraineté spatiale.
02:43Ça, c'est une thématique qu'on va beaucoup développer ces prochaines semaines dans Smartech,
02:48la question de l'indépendance technologique.
02:50Alors, dans l'espace, qu'en est-il aujourd'hui de notre dépendance des technologies américaines, chinoises ?
02:57Aujourd'hui, disons que la très bonne nouvelle qu'on a eue il y a deux semaines,
03:02c'est le lancement d'Ariane 6, le premier lancement commercial d'Ariane 6.
03:08C'était un vrai plaisir de revoir une fusée Ariane voler depuis un petit moment qu'elle était à l'arrêt
03:16en attendant le passage d'Ariane 5 à Ariane 6.
03:19Ça, c'était un enjeu majeur pour récupérer une indépendance technologique et stratégique,
03:25surtout très importante sur toute la chaîne de valeur.
03:28Parce que si vous voulez maîtriser toute la chaîne de valeur de l'espace,
03:31d'avoir des champions et des entreprises qui conçoivent et fabriquent des satellites et des systèmes pour les envoyer en orbite,
03:41il faut les moyens pour pouvoir les envoyer en orbite.
03:43Et ça, c'est ce qui manquait un peu.
03:45Ce qui manquait, c'était un lanceur lourd qui puisse envoyer des charges très importantes en orbite,
03:51qui est la fusée Ariane.
03:53Et là, on était un peu dépendants de la société SpaceX américaine.
03:57Il faut après des opérateurs qui opèrent tout ça, côté civil et côté militaire.
04:03Et enfin, et c'est là où l'enseignement se positionne à Doria, il faut avoir des systèmes de surveillance,
04:09il faut monitorer, il faut protéger et il faut vérifier que tout se passe bien une fois que les engins sont en orbite.
04:17Du coup, je dis malheureusement, entre guillemets, on n'est pas encore complètement indépendants
04:23parce qu'il y a une assez forte dépendance des technologies extra-européennes, notamment américaines.
04:29Mais notamment avec la remise en route des fusées Ariane avec Aliens 6,
04:35on commence à regagner l'indépendance qu'il nous faut.
04:39Est-ce que vous avez dit un petit peu dépendant de Starlink ?
04:43Je pense que c'est une façon de parler.
04:45Mais à quel point vous pensez que c'est problématique aujourd'hui cette dépendance à SpaceX ?
04:51C'est problématique dans le sens qu'il ne faut pas oublier aussi que SpaceX, à la base, c'est une société privée
04:59qui dépend un peu des décisions prises par son PDG et par ses propriétaires.
05:10Et quand il s'agit de services commerciaux, pourquoi pas ? Je ne vois pas trop le problème.
05:16Quand il s'agit de services où une souveraineté ou des enjeux étatiques sont prioritaires,
05:23être dépendant d'une société étrangère privée pourrait poser quelques soucis
05:31au cas où il y ait des événements majeurs pour lesquels il faudrait prendre des décisions à un niveau politique et étatique.
05:43La coopération est très bien, mais il faut savoir aussi être indépendant et autonome quand il faut.
05:52Et là vous nous dites qu'avec Ariane 6, on reprend un petit peu la main sur ce secteur spatial en Europe.
06:00C'est que le début du chemin, j'ai bien compris.
06:02Merci beaucoup Stefano Pezzana d'avoir été avec nous et nous apporté votre éclairage.
06:06Je rappelle que vous êtes le directeur programme chez Aldoria.
06:09Merci encore. Nous on continue notre discussion, on va parler de la consommation énergétique de l'IA.
06:19Alors on a cherché quelques chiffres pour envisager cette consommation d'intelligence artificielle.
06:23Il y en a énormément. Nous en avons sélectionné trois dans Smartech.
06:27Ils viennent de l'agence internationale de l'énergie.
06:30Alors on nous dit quoi ? Les interactions avec des IA comme ChatGPT pourraient consommer 10 fois plus d'énergie qu'une recherche Google standard.
06:37On nous dit aussi que l'augmentation de la consommation d'électricité des centres de données, des crypto-monnaies et de l'IA,
06:43donc quand même les trois ensemble, entre 2022 et 2026, pourrait être équivalente à la consommation d'électricité de la Suède ou de l'Allemagne.
06:50Et puis on nous dit que l'IA, les data centers, on en compte 8000 dans le monde, 33% aux Etats-Unis, 16% en Europe, près de 10% en Chine.
07:01Ce sont toujours des chiffres de l'AIE.
07:04On va parler de ce sujet, on va voir ce qu'il y a derrière ces chiffres, quelle réalité et puis surtout comment on peut envisager un numérique durable.
07:11On en parle avec Tristan Labaume. Bonjour, bienvenue.
07:14Tristan, vous êtes cofondateur de l'alliance Green IT, association à but non lucratif, dont vous êtes le président depuis l'origine.
07:21Et l'idée est de fédérer les acteurs qui veulent justement travailler pour ce numérique durable.
07:27A côté de vous, Pierre Bessac, qui est le patron fondateur de la société de stockage cloud Eriomem, plus anciennement cofondateur de Gandhi, qu'on connaît très bien, qui gère les noms de domaine.
07:3830 ans de carrière dans l'informatique et les réseaux. Bonjour Pierre. Et puis je voulais aussi dire que vous êtes régulièrement un fact-checker quand même sur ces sujets de consommation énergétique de l'industrie des télécoms.
07:50Alors, vous avez entendu comme moi les chiffres que j'ai énoncés. Je disais qu'il y en avait beaucoup d'autres. Est-ce que, selon vous, la situation est alarmante quant à la consommation énergétique de l'IA ?
07:59Et à quel niveau on doit s'en inquiéter ? Allez, on commence.
08:05Alors, alarmante aujourd'hui, non. Après, la question, c'est la courbe. Et vous avez raison de parler des chiffres et des nombreux chiffres.
08:12On peut en citer effectivement plein, dont ceux que vous avez cités, de projections de facteurs x4, x9, à quelques horizons.
08:19Et donc, c'est alarmant si on regarde la courbe dont on parle, même si on se trompe sur le facteur 4, 9 ou 10, qu'il faut mettre en corrélation avec les objectifs autour du développement durable,
08:32qui est de faire moins 6% chaque année. Donc, moi, c'est là où j'ai pas de solution magique pour faire qu'une courbe qui fait comme ça croise une courbe qui devrait, qui aurait dû.
08:41Parce qu'on est mal parti.
08:42Baisser.
08:43Qui aurait dû baisser. Donc, sous l'angle environnemental, c'est certain que c'est pas une bonne nouvelle.
08:48Pierre ?
08:49Je dirais que l'IA... On avait une certaine stabilité de la consommation des data centers. L'IA a remis ça un petit peu à la hausse.
08:56C'est pas... Effectivement, je suis d'accord avec Tristan, c'est pas encore catastrophique ni inquiétant. Il va falloir faire attention, évidemment.
09:05Mais il y a beaucoup de surévaluations qui ont été faites il y a 2-3 ans, lors du départ de Chad GPT, et qui sont revues à la baisse.
09:12Même les prévisions de consommation des gros, type Microsoft ou Meta, qui avaient fait des annonces spectaculaires sur les gigawatts de puissance qu'ils allaient commander,
09:22ils sont revenus un peu en arrière. Parce qu'en fait, il y a eu...
09:25Parce que ça coûte très cher, peut-être, non ?
09:26Alors, ça coûte cher, mais aussi, ils se sont aperçus qu'avec les progrès sur les algorithmes et sur l'efficacité des systèmes,
09:32ils n'avaient pas forcément besoin d'une telle puissance à court terme. Donc, les choses rentrent un petit peu dans l'ordre.
09:39Mais ça ne veut pas, effectivement, dire qu'il ne faut pas rester vigilant.
09:41Oui. Mais donc, aujourd'hui, vous avez l'impression qu'on arrive à évaluer, de manière plutôt proche de la réalité, la consommation énergétique, l'ALIA.
09:49Moi, je ne pense pas qu'on arrive à évaluer, pour plusieurs raisons, dont une des raisons est que les calculs sont distribués et sont répartis.
09:58Donc, quand vous faites une requête, allez savoir si elle est colocalisée, en partie sur des data centers en France ou à l'étranger, etc.
10:04Parce que ça réclame des ressources multiples. Donc, est-ce qu'on est capable de faire ça ?
10:09Je pense qu'on est juste sur des approximations.
10:11Par contre, on peut regarder des choses factuelles, ponctuelles, aussi.
10:13C'est-à-dire, aujourd'hui, il y a clairement, et on l'a vu, y compris en France, des constructions de nouveaux data centers.
10:20Ça, c'est factuel. On voit aussi qu'il y a des nouveaux data centers.
10:23Aujourd'hui, on construit des data centers de 100 MW, alors qu'il y a 10 ans, on parlait de data centers de 4-5 MW.
10:30Pour donner un ordre de grandeur, une centrale nucléaire, c'est 900 MW moyenne.
10:34Donc, ça veut dire qu'on construit des tranches, enfin, ce qu'ils consomment, des tranches d'une centrale nucléaire.
10:40Donc, il faut bien regarder aussi cet enjeu-là, derrière.
10:44Et puis, on voit aussi que dans un data center, indépendamment des unités de valeur de ce que l'on va utiliser ou pas,
10:51une baie informatique, elle racle, on va entasser des serveurs pour une baie dédiée à l'IA.
10:57Elle va, aujourd'hui, être dimensionnée pour une puissance, dans la baie, d'une petite armoire, comme ça, de 100 KW,
11:03alors qu'avant, on parlait de 4 KW.
11:05Donc, on parle d'un facteur x20, x40.
11:08Unitairement, je ne suis pas en train de dire que tout est sans cette proportion-là, mais on voit, on en construit plus.
11:13Unitairement, il y a des facteurs x20, x40.
11:16Et qu'il faut indexer tout ça avec l'augmentation des usages,
11:19parce que ça va dépendre de nos usages.
11:21Si, demain matin, on remplace Google par Search GPT,
11:24ça veut dire que toute moindre requête, pour savoir où je peux aller acheter mon pain à côté,
11:27va être une requête d'IA qui va mobiliser 10 fois plus de ressources, ou 20, selon les chiffres qu'on peut avoir.
11:33On a déjà eu des progrès, je vois que l'évaluation sur le x10...
11:39On peut s'inquiéter quand même là-dessus, parce qu'on a l'impression que c'est la tendance qui vient,
11:44ce remplacement des moteurs de recherche classiques par des IA génératives.
11:48Alors, d'un autre côté, le moteur peut vous donner une réponse plus rapidement,
11:53le moteur IA peut donner des réponses plus synthétiques et plus rapides que faire X recherche Google.
11:59Donc il faut aussi faire entrer ça en ligne de compte.
12:02Et j'ai vu récemment, la semaine dernière en fait,
12:05ça a évolué tellement vite que des chercheurs ont émis des doutes sur le x10.
12:10Ils ont dit qu'avec les progrès sur les moteurs IA,
12:13on était déjà à un niveau comparable à une recherche Google.
12:17Alors, pour l'instant, c'est difficile de faire la part des choses.
12:20Il y a tellement d'évaluations contradictoires qui circulent, mais petit à petit quand même.
12:23Il y a une autre chose importante, c'est que les data centers ont tendance à récupérer
12:28tout un tas de moyens informatiques qui étaient dispersés dans les entreprises, dans les PME,
12:33et à reconcentrer ça, donc ça permet une meilleure identification des charges énergétiques.
12:39Ça explique aussi en partie la croissance de la consommation des data centers,
12:43parce qu'ils récupèrent des choses qui n'étaient pas comptabilisées auparavant.
12:46Oui, donc ce n'est pas forcément quelque chose qui vient s'ajouter en fait.
12:49Ça ne vient pas forcément s'ajouter. On peut quand même dire qu'il y a une croissance, c'est difficile de dire clair.
12:54Il y a, si, ça vient s'ajouter. Les autres services, c'est un sujet, mais il y a clairement ça vient s'ajouter.
12:59La consommation générale du data center, en revanche, il y a plusieurs paramètres.
13:02Il y a une meilleure efficacité des data centers, des énormes data centers.
13:05Il y a des effets d'échelle qui permettent d'une meilleure efficacité qu'un vieux data center d'entreprise.
13:10Ce qu'il faut voir aussi, c'est que les crypto-monnaies sont un domaine un petit peu à part
13:14parce qu'elles ne bénéficient pas directement de la loi de Moore.
13:16Donc, elles ont une croissance un peu bizarre qui ne profite pas directement des effets d'amélioration d'énergie, d'efficacité énergétique.
13:25Ça, c'est un autre sujet.
13:27Qu'on ne traite pas ailleurs, je rassure tout le monde.
13:30On a quand même les GAFAM qui commencent à nous dire que ça va être compliqué, justement,
13:34de respecter les engagements qu'ils avaient pris sur le net zéro, sur leurs émissions de gaz à effet de serre,
13:40que ce soit Google, Microsoft ou Amazon.
13:44Pour eux, c'est un problème aussi parce que c'est un coût supplémentaire.
13:48On se demande jusqu'à quand on va pouvoir financer cette escalade aussi de consommation liée à l'IA.
13:55Est-ce que c'est un modèle tenable ? C'est ma question.
13:58Aujourd'hui, c'est un modèle à perte.
14:01Aujourd'hui, je crois qu'OpenAI perd de 6 milliards sur un chiffre d'affaires de 3 milliards.
14:09Aujourd'hui, on est dans un modèle d'acquisition à perte du client.
14:14Évidemment que les recherches à zéro euro ne vont pas rester,
14:20que même l'abonnement à 20 dollars, Sam Altman dit que ça ne tient pas,
14:23et que même celui à 200, il dit qu'on perd de l'argent.
14:25Pourquoi ça va tenir ?
14:28Ça va tenir parce que les prix ne vont pas rester, c'est l'économie qui va réguler ça.
14:31Il faut juste que les acteurs se consolident, et puis à un moment, ça va être régulé par l'argent.
14:36On va vraiment avoir tous des abonnements qui seront obligatoires.
14:41Pour l'utiliser, on sera obligé de payer, mathématiquement, il n'y a pas d'autre solution.
14:45Est-ce que le modèle économique est tenable ?
14:48Est-ce que le modèle de consommation énergétique l'est ?
14:50Est-ce qu'on va pouvoir consommer autant d'énergie qu'il est nécessaire
14:55pour la progression de l'IA et de nos nouveaux usages ?
14:58L'avantage de l'énergie, c'est qu'il faut la payer, on ne peut pas la planquer sous le tapis.
15:01Effectivement, à un moment, il va forcément y avoir un équilibrage
15:04entre ce que les consommateurs sont prêts à payer, ou pas d'ailleurs,
15:08les modèles de rémunération, et l'énergie qu'on consomme.
15:12De la même façon, pour le matériel qui est quand même assez onéreux,
15:15il faut pouvoir l'amortir sur une certaine durée.
15:18Il y a certainement un effet de bulle dans l'IA en ce moment,
15:20tout le monde veut investir là-dedans.
15:22Est-ce qu'on ne va pas épuiser nos ressources ?
15:24Je ne pense pas, parce que ça va se réguler.
15:27Vu les coûts que ça engendre, les usages non légitimes vont disparaître.
15:34On va freiner un peu quand même.
15:36Oui, ça va certainement se freiner.
15:38Il y a quand même un frein qui va arriver.
15:40Si on regarde notamment le cas de la France,
15:42c'est qu'aujourd'hui, en termes de production énergétique,
15:45on est plutôt excédentaire.
15:47Avec les croissances qu'on attend là, ça va être un autre sujet.
15:50Mais aujourd'hui, on est excédentaire.
15:52Ce n'est pas la production en France.
15:53Le problème, c'est la distribution.
15:54C'est ça qui est important.
15:55C'est qu'aujourd'hui, comme on construirait demain 50 centrales nucléaires,
15:59le problème, c'est la distribution.
16:00Aujourd'hui, il y a certains composants qui sont nécessaires pour les transformateurs,
16:04sur lesquels il y a des délais de 9 ans.
16:069 années.
16:08Ça veut dire qu'aujourd'hui, on n'est plus capable,
16:10parce qu'on n'a pas l'industrie au niveau mondial qui est capable de fournir ça.
16:14Ça veut dire que le frein énorme et la saturation, il est à ce niveau-là.
16:17C'est pour ça que RTE part de 150 milliards d'euros d'investissement
16:20pour le réseau de distribution.
16:21Donc, le vrai sujet, c'est ça.
16:23Enfin, le vrai blocage, en tout cas.
16:25Le vrai blocage, c'est ça.
16:26C'est vrai que les opérateurs de datacenters se plaignent aussi
16:29sur du matériel plus léger que des transformateurs EDF,
16:32de temps d'approvisionnement extrêmement long, 18 mois, 24 mois.
16:35Et puis, il y a une guerre entre les datacenters français, étrangers,
16:41avec les capacités d'achat.
16:42Avec l'électricité carbonée ou pas.
16:44On a des atouts en France de ce côté-là, au niveau électrique.
16:47Est-ce que c'est une bonne nouvelle d'avoir plus de datacenters sur le sol français ?
16:51Il y a deux réponses possibles.
16:53Le prisme énergétique.
16:57Pourquoi ils viennent en France ?
16:59Parce qu'on a une énergie qui est plutôt décarbonée,
17:01parce qu'on a des compétences,
17:02parce qu'on a une électricité stable, c'est super important.
17:04D'ailleurs, l'avènement des datacenters à Marseille, par exemple,
17:07c'est parce qu'on arrose une partie de l'Afrique et du Moyen-Orient
17:11depuis un endroit, selon des données,
17:14qui est stable, énergétique, où il y a des compétences.
17:16Donc, il y a énormément d'atouts en France.
17:18C'est pourquoi tout ce monde-là arrive dedans.
17:22Ça a des atouts très positifs en termes d'économie.
17:24En construisant des datacenters, on est reconnu comme une filière d'excellence.
17:27Ça, c'est excellent.
17:28Mais derrière, ce n'est pas pour des usages uniquement franco-français.
17:30Ce n'est pas pour des entreprises qui sont franco-françaises
17:33et dont les bénéfices vont être 100% réinjectés en France.
17:36Et même dans les usages, il y a des usages qui sont légitimes,
17:39d'autres qui sont moins légitimes.
17:41L'IA sert aussi aux hackers pour produire des spams et des mails de phishing
17:46avec moins de fautes d'orthographe.
17:48Donc, on peut dire qu'à l'extrême, il y a aussi des mauvais usages.
17:51Il y a même des priorités d'usages.
17:54Est-ce que l'usage qui consiste à générer une vidéo de Trump
17:59avec une casquette pour mettre sur mon blog
18:01est plus important du point de vue de l'alimentation énergétique induite
18:05que l'ascenseur de Mme Michu qui est l'immeuble juste à côté,
18:09qui est au cinquième étage
18:11et dont l'arrivée électrique n'est pas prioritaire
18:15par rapport à celle du datacenter ?
18:17Encore une fois, c'est un extrême.
18:19Mais ça pose la question de la priorité énergétique
18:23et du modèle énergétique que l'on veut pour la France
18:26par rapport à ces usages.
18:28Je vous posais la question provocatrice du datacenter
18:31parce qu'aujourd'hui, les écologistes,
18:33pour eux, c'est un sujet très visible,
18:35l'installation de nouveaux datacenters.
18:37C'est visible, mais c'est des concentrations fortes
18:40pour servir à un grand potentiel d'utilisateurs.
18:45La consommation individuelle par rapport aux services rendus
18:48est assez faible.
18:49Pour ma part, j'aime mieux qu'on distribue du datacenter
18:53en France avec de l'électricité française
18:55qu'en Allemagne à base de centrales charbon
18:57ou même en Irlande.
18:58On est en train de faire des interconnexions
19:00pour exporter nos surcapacités électriques.
19:03On a une interconnexion avec l'Irlande
19:05qui permettra de décarboner les datacenters
19:07de Microsoft, Google et Meta qui sont là-bas.
19:12Je trouve que d'un point de vue écologique,
19:14si les datacenters...
19:16Je vais faire un peu de Tina, comme on dit,
19:18mais les datacenters qui se construisent chez nous,
19:20sinon se construiraient ailleurs.
19:22Donc, comme on est plutôt en position de force,
19:24même si l'énergie est un petit peu onéreuse ici,
19:28je trouve que c'est plutôt pas mal d'un point de vue écologique.
19:33Vous avez précisé sous l'angle du prisme énergétique,
19:35mais si on parle du prisme écologique...
19:37Plus largement, oui.
19:38Plus largement, c'est le sujet de fond de votre question.
19:42Il y a aussi l'impact de la production
19:44du matériel informatique qui est nécessaire,
19:46dont l'impact sur la phase de fabrication
19:48qui est nécessaire à ces nouveaux composants,
19:50les cartes graphiques, les ordinateurs, tout ça,
19:52est bien plus important.
19:5480% des impacts environnementaux
19:56sont liés à la phase de production.
19:58Quand on parle de la phase d'usage,
20:00qui était le trait d'avant,
20:02c'est la consommation d'énergie.
20:03Mais si on parle d'impact environnemental,
20:05il faut regarder la phase de production
20:07et donc l'acquisition de nouveaux matériels.
20:09Quand on passe en cloud, etc.,
20:11on induit la consommation, la fabrication
20:13de nouveaux matériels, donc l'extraction
20:15de matières premières, de terres rares.
20:17C'est pour ça que je dis que c'est une partie visible.
20:19C'est une partie visible,
20:21mais finalement, sous l'iceberg, c'est là, aujourd'hui.
20:23Les 80%, c'est quand même un chiffre très français,
20:26parce que c'est grâce à notre électricité
20:30peu carbonée.
20:31Aux USA, on est plutôt sur les 50%,
20:34parce qu'on a 30% de plus de carbone,
20:36ou même beaucoup plus que ça, au niveau électrique.
20:38Donc en fait, en France,
20:40on a vu l'électricité qu'on a,
20:42et effectivement, l'impact du matériel devient prépondérant.
20:44Certes, mais en valeur, on reste sur des valeurs
20:46qui restent extrêmes,
20:48donc le pourcentage est différent.
20:50Mais ce qui compte, c'est la valeur nette.
20:52C'est-à-dire que la valeur nette,
20:54il y a autant de terres rares qui sont extraites,
20:56quelles que soient le nombre.
20:57Bon, c'est passé super vite.
20:58Je voulais vous interroger sur le forum pour l'IA durable
21:00qui se tenait en marche de l'événement principal,
21:02le forum pour l'action sur l'IA
21:04qui a eu lieu à Paris, forum mondial.
21:06Est-ce qu'il vous semble qu'aujourd'hui,
21:08on prend de bonnes décisions, qu'on prend de la bonne direction
21:10pour avoir un numérique plus responsable
21:12vis-à-vis de l'environnement
21:14et de ses consommations énergétiques ?
21:16Très rapidement.
21:18Moi, je pense que c'est un sujet individuel.
21:20C'est-à-dire que la solution, elle passe par les comportements individuels.
21:22Ce n'est pas une solution politique
21:24qui va faire qu'on va réguler l'IA
21:26et décider que l'IA va devenir éthique
21:28et écoresponsable tout d'un coup.
21:30C'est nos usages qui font qu'on a des grosses consommations.
21:32Réduisons nos usages individuels
21:34et on réduira les consommations dans les datacenters.
21:36Moi, je pense que le politique, en gros, fait son boulot.
21:38Il y aura des garanties à faire sur
21:40tout ce qui est droits fondamentaux,
21:42biométrie, toutes ces choses-là,
21:44en usage de l'IA.
21:46Il y a une certaine vigilance à avoir pour ne pas faire n'importe quoi
21:48par rapport à nos droits fondamentaux.
21:50Mais côté environnemental, ça me semble
21:52quand même relativement bien
21:54tenu.
21:56Après, il faut poser des règles.
21:58Après, oui.
22:00Il faut voir un petit peu dans la durée
22:02comment ça va se percoler.
22:04Merci beaucoup.
22:06Tristan Labomé, t'es avec nous.
22:08Je rappelle que vous êtes le président de l'AGIT
22:10et Pierre Bessac, CEO de Hériomem.
22:12Merci encore.
22:14Nous, on enchaîne avec le marché des cryptos
22:16pour voir ce qui a changé depuis la nouvelle réglementation européenne.
22:26L'actu des cryptos, aujourd'hui, c'est avec Faustine Fleuret.
22:28Bonjour Faustine.
22:30Vous êtes experte indépendante en Web3 et finance.
22:32Aujourd'hui, on va parler du règlement européen MICA
22:34qui est pleinement entré en application
22:36le 30 décembre dernier.
22:38On est à peu près trois mois plus tard.
22:40Quels sont vos principaux constats ?
22:42D'une part, qu'il n'y a pas eu d'autorisation
22:44qui ont été délivrées au niveau français
22:46par le régulateur français.
22:48Il y a déjà plusieurs entreprises
22:50qui ont obtenu leur agrément MICA,
22:52c'est-à-dire qu'ils peuvent exercer
22:54sur le marché européen.
22:56Il n'y a pas d'entreprise française
22:58et pas d'action du régulateur français à ce stade.
23:00Il y a quand même des bruits
23:02et c'est un petit peu dérangeant,
23:04sur le laxisme réglementaire
23:06parce que c'est une autorisation à deux vitesses
23:08avec des régulateurs.
23:10On parle de l'Allemagne, de Malte,
23:12des Pays-Bas qui ont agréé très vite
23:14les entreprises versus les autres.
23:16Ce dont j'ai peur, c'est que
23:18sous couvert de ce laxisme réglementaire
23:20dont seraient accusés ces régulateurs-là,
23:22on n'aille pas plus vite en France.
23:24Et c'est extrêmement délétère aujourd'hui
23:26pour les entreprises qui attendent d'être autorisées.
23:28Surtout qu'il n'y a pas que ça
23:30qu'elles doivent gérer aujourd'hui,
23:32il y a des flous.
23:34On a eu une confirmation récente
23:36sur le fait qu'un acteur
23:38qui serait en train de manipuler des stable coins
23:40dans le cadre de MICA
23:42devrait quand même respecter des règles
23:44relatives à la réglementation des services de paiement.
23:46Donc on va demander à ces acteurs de marché crypto
23:48une autre brique réglementaire,
23:50ce qui était un flou,
23:52ce qui était une clarification attendue
23:54de longue date, ça a mis longtemps,
23:56mais a priori la Commission européenne
23:58reste sur ses appuis.
24:00Et le problème de ça, c'est qu'il y a MICA,
24:02il y a cette réglementation des services de paiement
24:04qui a priori va s'appliquer aussi,
24:06mais ce n'est pas du tout la seule
24:08brique réglementaire dont les acteurs de marché
24:10doivent se soucier.
24:12MICA, c'est vraiment l'arbre qui cache la forêt.
24:14Il y a d'autres réglementations qui sont arrivées
24:16à peu près en même temps que MICA.
24:18Je pense à la révision sur la réglementation
24:20du transfert de fonds, peu après le règlement
24:22d'AURA qui est beaucoup plus large sur la cybersécurité.
24:24Et en fait, il y en a d'autres qui arrivent.
24:26Il y a DAC 8 sur la fiscalité,
24:28il y a AMLR, c'est la réforme
24:30sur la lutte contre le blanchiment,
24:32l'Open Finance, tout ça va toucher les acteurs
24:34de marché crypto, et donc c'est des
24:36surcouches réglementaires très importantes
24:38et surtout quand on met en opposition
24:40avec l'approche aux Etats-Unis aujourd'hui
24:42qui est plutôt, non pas
24:44de déréguler le marché
24:46crypto-américain comme on l'entend,
24:48mais plutôt de clarifier pour créer des conditions
24:50réglementaires favorables parce qu'aujourd'hui,
24:52ce n'est pas le cas aux Etats-Unis.
24:54Donc, on va creuser malheureusement l'écart
24:56probablement si on continue sur cette lancée-là
24:58au niveau européen.
25:00Et perdre sans doute la petite avance peut-être qu'on avait
25:02dans ce secteur. MICA, ça impacte
25:04quel type d'acteurs aujourd'hui
25:06dans le monde des cryptos ?
25:08Les exigences en elles-mêmes, les acteurs de marché,
25:10les nouveaux intermédiaires, donc les plateformes.
25:12Mais c'est vrai que MICA a déjà prévu
25:14de s'intéresser à d'autres sujets et c'est pour ça
25:16qu'on est sur le radar des régulateurs, des institutions
25:18européennes. Il y a d'autres choses qu'ils sont en train
25:20de regarder et je pense notamment à la finance
25:22décentralisée, c'est-à-dire
25:24cette finance grâce aux cryptos, mais pas
25:26via les intermédiaires qui sont régulés par MICA,
25:28mais directement par la blockchain,
25:30directement par le code. Et donc,
25:32MICA n'était pas la bonne réglementation pour
25:34s'appliquer. Néanmoins, les institutions européennes
25:36avaient dit, on sait qu'il y a ça et on sait qu'on veut le réguler.
25:38Et encore une fois, la France
25:40prend les devants sur la réflexion,
25:42sur cette réglementation-là
25:44et a proposé déjà une première
25:46idée, notamment de certifier
25:48le code informatique derrière
25:50ces nouveaux services décentralisés.
25:52Et c'est là qu'il faut qu'on reste
25:54très vigilant parce que c'est une idée
25:56française, mais il faut absolument qu'elle soit portée au niveau
25:58européen et pas qu'il y ait une réglementation franco-française.
26:00Il faut penser à la compétitivité
26:02de ce secteur de la finance décentralisée
26:04puisqu'il n'y a aucune réflexion sur
26:06la réglementation de la DeFi
26:08ailleurs et c'est des sujets très
26:10techniques, donc il faut qu'on vérifie la faisabilité
26:12opérationnelle de ce qui va être demandé,
26:14à la fois parce qu'on va demander des choses aux acteurs
26:16et on a pu le voir sur Mika, parfois on demande des choses
26:18et en fait c'est impossible de le réaliser
26:20mais surtout parce qu'il y a une supervision derrière
26:22donc est-ce qu'on est sûr que ce qu'un superviseur
26:24demande, un superviseur va être en capacité
26:26de le surveiller et de le vérifier.
26:28Et enfin, il faut faire attention,
26:30on est sur des start-up de la
26:32finance décentralisée, le secteur du Web3
26:34est très jeune, donc il faut penser à la
26:36progressivité et la proportionnalité
26:38et donc une réglementation
26:40positive aussi là-dessus,
26:42ça pourrait porter les mêmes préjudices que ce qu'on a vu
26:44sur les acteurs de marché crypto.
26:46Donc ça semble compliqué pour les intermédiaires,
26:48sur la finance décentralisée,
26:50pourtant on voit quand même la finance
26:52traditionnelle, j'ai envie de dire, qui s'y
26:54intéresse à ce secteur.
26:56Complètement, via la tokenisation.
26:58Alors là, on va
27:00parler des intermédiaires classiques,
27:02les marchés d'instruments financiers classiques,
27:04il y a un anniversaire très
27:06important, il y a deux jours du régime
27:08pilote qui était une réglementation
27:10pour faciliter le
27:12développement de marché sur les instruments
27:14financiers tokenisés, le problème c'est
27:16que le constat est assez amer, il y a très peu
27:18d'entreprises qui aujourd'hui en bénéficient,
27:20les entreprises françaises qui le voudraient
27:22et la crainte que ce régime pilote
27:24ne soit pas prolongé par manque
27:26d'efficacité jusqu'à maintenant.
27:28Merci beaucoup Faustine Fleury pour vos éclairages, je rappelle que
27:30vous êtes experte en Web3 et finance
27:32décentralisée, merci à tous de nous suivre,
27:34c'était Smartech, excellente journée
27:36à tous, on se retrouve très bientôt sur la chaîne
27:38BeSmart for Change et aussi en podcast,
27:40suivez-nous !