Faire passer à l’échelle les structures d’insertion professionnelle afin qu’elles soient plus reconnues, c’est l’objectif du réseau Envie. C’est la raison pour laquelle le groupe Envie 44 et Soltiss ont fusionné pour former Estille. Il permettra de former des personnes aux activités de l’économie circulaire.
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00:00Générique
00:06Le débat de ce Smart Impact, je vous présente mes invités tout de suite, Guillaume Ballas, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue, vous êtes le délégué général du réseau Envie.
00:13Tommy Héon, bonjour.
00:14Bonjour.
00:14Bienvenue à vous aussi, responsable du pôle économie circulaire et environnement du groupe Esti.
00:19On commence par présenter ce réseau Envie.
00:21Vous êtes déjà venu dans cette émission, Guillaume Ballas,
00:23mais je veux bien que vous nous redisiez en quelques mots de quoi il s'agit.
00:26En quelques mots, nous sommes des entreprises d'insertion par l'activité économique.
00:30On remet le pied pour les gens dans l'économie et dans l'emploi, pour ceux qui en sont éloignés.
00:38On a 53 entreprises aujourd'hui en France qui appartiennent au réseau.
00:42Ils ont fondé une fédération, la fédération Envie, et on travaille dans l'économie circulaire.
00:46C'est notre support d'activité.
00:48On fait plein de choses, mais principalement dans l'électroménager.
00:51On est leader aujourd'hui à la fois sur la logistique de déchets d'équipements électriques et électroniques,
00:57mais aussi sur la question du reconditionnement d'appareils électroménagers.
01:00On détaillera évidemment ces enjeux et les actions qui sont menées au sein de ce réseau.
01:06Le groupe Esti, vous allez nous expliquer.
01:09C'est lié au réseau Envie.
01:10Il faut bien comprendre de quoi on parle.
01:12Oui, le groupe Esti, c'est un groupe qui est récent parce qu'il date de janvier 2022 en termes de création.
01:17C'est la fusion d'un groupe Envie 44, qui était implanté sur Saint-Herblain,
01:23et d'un groupe vendéen, Soltis, ensemblier d'insertion sur d'autres activités.
01:27Ça veut dire quoi, un ensemblier d'insertion ?
01:30C'est un ensemble de petites structures qui toutes portent une activité d'insertion et un support d'activité propre,
01:39qui peuvent être de la réparation de palettes, du maraîchage, diverses activités.
01:44Donc on a créé un ensemblier et une fusion entre ce qui était Envie 44 et ce qui était le groupe Soltis en Vendée.
01:49Pourquoi cette fusion était importante, intéressante pour vous ?
01:53La fusion, c'est d'abord une histoire d'hommes.
01:56Deux personnes qui se connaissaient, deux dirigeants qui travaillaient ensemble de longue date
02:01et qui ont eu la vocation de vouloir créer quelque chose de plus grand pour être aussi bien reconnus.
02:08L'objectif, c'est que l'insertion soit reconnue sur nos territoires de plus en plus
02:12et qu'on sorte d'un modèle qui était historiquement plutôt des petites associations ou des petites structures de territoire.
02:17Là, c'est un ensemblier de petites structures plus reconnues.
02:20Est-ce qu'il y a ce besoin, ce que j'entends là, un peu de passer à l'échelle ?
02:23Vous voyez ce que je veux dire ?
02:24C'est-à-dire de grandir, il y a des petites structures chacune peut-être très efficaces à son niveau,
02:29mais est-ce qu'il y a un besoin de passer à l'échelle ?
02:31Il faut expliquer quelque chose, c'est qu'il y a deux entrées, entre guillemets, pour définir ce qu'est Envie.
02:37Il y a une entrée qui est une entrée économie circulaire, très forte.
02:40Là aussi, on pourrait parler, en passant par ce raisonnement-là, de passage à l'échelle.
02:44Qu'est-ce que c'est qu'un passage à l'échelle dans l'économie circulaire ?
02:46Comment on travaille avec d'autres acteurs sur le sujet ?
02:49Et puis, il y a, j'allais dire, la vue historique et le biais historique de l'identité d'Envie qui est l'insertion.
02:57Et de ce point de vue-là, comme Tommy vient d'excellemment le montrer sur le territoire nantais,
03:02c'est la question de l'échelle pour l'insertion, pour les activités d'insertion.
03:09Pourquoi c'est important ?
03:10D'abord, pour être reconnu par les pouvoirs publics, identifié, vu, compté dans la discussion, mais aussi par les acteurs économiques.
03:19Je vais prendre un exemple qui est historique.
03:21Vous avez dans le Nord un très gros groupe d'insertion qui s'appelle Vitamine T.
03:26Les activités d'économie circulaire dans l'électro-ménager de Vitamine T, c'est Envie.
03:32Parce qu'il y a eu ces besoins de fédération d'activités dans certains territoires,
03:37ce qui fait que vous êtes un acteur incontournable ensuite et que vous pouvez peser dans les décisions territoriales.
03:42Avec une levée de fonds annoncée, je crois, d'1,8 million d'euros.
03:46C'est intéressant parce que c'est des termes qu'on emploie plutôt pour des startups, etc.
03:50Je trouve ça très bien qu'on en parle aussi dans un modèle d'économie sociale et solidaire.
03:54Ça veut dire que ce modèle, il séduit, d'après vous ? Comment vous le ressentez, ça ?
03:57Oui, il séduit. On arrive à recruter, on arrive à se développer avec des difficultés.
04:05Ça reste des modèles économiques qui sont en construction.
04:08On vit des années parfois compliquées, des années parfois plus simples comme toute structure.
04:13Mais la levée de fonds est aussi là pour nous permettre justement de passer certains caps.
04:18On reste des structures, des entreprises qui devront passer des caps pour pouvoir poursuivre le développement,
04:25pérenniser nos postes parce qu'on n'en a pas encore trop parlé, mais on reste des structures d'insertion.
04:30Un des enjeux, c'est clairement d'accueillir des publics éloignés de l'emploi, de les remettre en emploi
04:34et de les faire sortir vers l'emploi et vers les autres entreprises.
04:38Cette levée de fonds, elle nous permet de sanctuariser nos activités, tout simplement.
04:42Justement, on va détailler un peu ces deux pivots, ces deux leviers, à la fois le côté insertion
04:49et puis le côté économie circulaire. On terminera par là.
04:51Sur l'insertion, on l'a déjà dit, mais je veux bien qu'on fasse un peu de pédagogie.
04:54Qu'est-ce que ça veut dire, éloigné de l'emploi ? J'entends ces mots, je le comprends, mais dans le détail, Guillaume Ballas.
04:59Qu'est-ce que ça veut dire ?
05:01On a aujourd'hui une France Travail, tout le monde connaît, qui va avoir un certain nombre de personnes
05:08qui sont soit des chômeurs de longue durée, soit des personnes qui sont au minima sociaux
05:13et qui sont tout à fait aptes ou volontaires pour retrouver un parcours qui les amène à l'emploi.
05:22Pourquoi ils n'y arrivent pas via les structures classiques ?
05:25Souvent parce qu'ils ont été, par exemple, pendant longtemps éloignés du marché de l'emploi
05:29ou alors ils arrivent sur le territoire français, ils sont en situation régulière,
05:32mais ils n'ont pas d'entrée dans le marché du travail.
05:36C'est pour ça qu'on joue un rôle qui est extrêmement important de construction, j'allais dire, de la solidarité nationale.
05:43Parce qu'en réalité, on s'adresse aux gens qui sont depuis très longtemps sur des territoires
05:46dont les familles sont en France depuis très longtemps, qui ont connu notamment la désindustrialisation,
05:51par exemple dans des territoires qui ont beaucoup souffert,
05:53des jeunes qui souvent n'ont pas de formation dans certains territoires,
05:58et on arrive à les amener par le travail en entreprise, à restructurer aussi souvent leur parcours,
06:06leur journée, leur capacité à anticiper l'avenir et donc à se projeter,
06:12et ensuite à avoir un boulot qui est un boulot pérenne, j'allais dire plus traditionnel.
06:17Et c'est à ça qu'on sert, nous.
06:18Et pour les gens qui viennent de l'extérieur, qui sont en situation régulière,
06:22ça permet de leur donner une perspective sur le territoire national
06:27et qui puissent réellement servir l'économie du pays tout en s'intégrant dans la société française.
06:31C'est pour ça que je pense que l'IAE, l'insertion par l'activité économique,
06:35a un rôle absolument majeur aujourd'hui de cohésion.
06:38C'est ça qui est fondamental.
06:40Un rôle de cohésion, peut-être aussi, on peut parler des bénéfices pour l'économie française,
06:45c'est-à-dire quelqu'un qui va retrouver un emploi, qui va de nouveau cotiser, consommer, etc.
06:51Vous voyez, si on s'appuie sur des parcours de vie, des femmes et des hommes que vous accompagnez ?
06:57Oui, alors des exemples, on en a tous les jours, au quotidien, et des belles réussites.
07:02Mais effectivement, on remet des personnes qui sont en situation d'exclusion,
07:08de chômage pour la majorité, voire de bénéficiaires du RSA, en emploi avec un salaire.
07:12On est dans le code du travail, il n'y a pas de soucis par rapport à ça.
07:17Ils ont un salaire, ils consomment généralement sur le territoire.
07:21Le fait de pouvoir bénéficier d'un salaire, on remet une dynamique économique sur un territoire.
07:26C'est des emplois non délocalisables.
07:28Clairement, ce sont des personnes du territoire qui viennent travailler sur des territoires.
07:32On est sur des petits périmètres.
07:34À chaque fois, on parle de villes ou de petites métropoles.
07:39Et in fine, grâce au parcours, à la reprise de confiance en soi, à l'apprentissage,
07:44au travail qui est fait à côté, parce qu'on a de l'accompagnement,
07:47on a des taux de sortie vers l'emploi, vers la formation, qui sont intéressants.
07:52C'était la question que j'allais vous poser. Est-ce que votre job, ce n'est pas de faire en sorte qu'ils vous quittent ?
07:56Alors si, c'est un peu psychophrénique en tant qu'employeur.
07:59On recrute pour qu'ils s'en aillent.
08:01Et nos encadrants, ce sont avant tout des formateurs.
08:04On forme des gens à un emploi technique.
08:07Parce que quand on parle d'envie, on parle de réparer des machines à laver.
08:10Dans les salariés qu'on recrute, personne n'a jamais démonté une machine à laver avant.
08:15Donc on les forme à ça, à la réparer, et ensuite à sortir vers un emploi pérenne.
08:20Ça prend combien de temps ?
08:21Ça dépend des gens, j'imagine, mais ça dépend des parcours, des vies cassées ou pas, etc.
08:26Il y a une règle légale, c'est 24 mois maximum.
08:28D'accord.
08:29Donc c'est court, parce qu'il y a des problématiques sociales à régler.
08:32Il y a des problématiques diverses qu'on doit régler, plus l'apprentissage du métier.
08:37Donc c'est très court.
08:38Et on est, nous, sur des temps moyens de parcours plutôt autour de 13-14 mois.
08:42Et des taux de sortie, on arrive à envoyer vers l'emploi ou vers la formation
08:4660-70% des personnes qui rentrent chez nous.
08:50Et alors sur le pilier économie circulaire, Guillaume Ballas,
08:53on va parler de l'électroménager beaucoup, mais le reconditionner, quelle place y prend ?
08:58Est-ce qu'il gagne du terrain, si on regarde sur 4-5 ans, par exemple ?
09:02Oui, il a pris énormément de terrain sur 4-5 ans, c'est une évidence.
09:07Mais on peut penser qu'on est encore un peu en dessous.
09:10Moi, j'aimerais faire le lien avec la situation géopolitique telle qu'elle est.
09:14On n'a pas beaucoup de matière en France, donc il va falloir conserver cette matière.
09:19On est bien d'accord.
09:20Et une des manières de conserver cette matière, c'est évidemment de faire en sorte
09:24de réparer, de reconditionner les appareils que nous avons chez nous et de les réutiliser.
09:28Et de ce point de vue-là, nous savons qu'il y a des réflexions aujourd'hui,
09:32évidemment au niveau gouvernemental, ce n'est pas une grande nouvelle.
09:35Mais on sait que plus spécifiquement sur la question de l'économie circulaire,
09:38du recyclage, du réemploi, il y a des réflexions ministérielles.
09:42On espère bien qu'il y aura une bonne compréhension de l'intérêt du reconditionnement aujourd'hui,
09:48évidemment pour des raisons écologiques.
09:50Ça, c'est le grand combat qu'on mène depuis maintenant plusieurs décennies.
09:54Mais également sur cette affaire, j'allais dire, de géopolitique, où il faut assurer
10:00aujourd'hui à tous les foyers français un accès à un prix modéré accessible,
10:06entre guillemets, à des équipements électroménagers.
10:09Or, il faut faire très attention parce que si la situation se tend,
10:13il n'est pas évident que les chaînes d'approvisionnement ne soient pas plus difficiles.
10:18– Est-ce que les grandes marques vous suivent ?
10:20Ou est-ce qu'elles vous voient comme des concurrents ?
10:22– Les deux.
10:23– Pour la gratter ?
10:24– Les deux.
10:25Les grandes marques, en fait, ont pris en cours de route,
10:28nous ça fait 40 ans qu'on fait du reconditionnement,
10:31depuis la loi GEC de 2020, ils se sont dit que ça pourrait être intéressant.
10:36Donc il y a des vrais efforts qui sont faits de leur part.
10:39Ils s'intéressent quand même plutôt à des produits de très haute gamme,
10:42ce qu'on appelle la crème chez nous, parce que c'est là où ils font de la marge.
10:46Et donc on n'a pas tout à fait la même approche.
10:49Donc à la fois, on est dans une discussion franche avec eux,
10:52c'est-à-dire qu'il est hors de question que cette prédation sur les appareils
10:56à haute valeur ajoutée déstabilise un modèle où nous, nous faisons 90% de la production.
11:02C'est-à-dire que si on nous déstabilise nous, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de reconditionnement.
11:05C'est ça la conséquence.
11:07Et d'un autre côté, on est ouvert à travailler avec eux,
11:09parce qu'on pense qu'ils ont des capacités d'investissement
11:12qui sont aussi intéressantes et qu'on a sans doute des choses
11:15à construire de travail, par exemple, pour autrui de notre part, etc.
11:20Il y a des expérimentations qui sont faites.
11:22Non, d'ailleurs, Envie 44 a participé à ces expérimentations.
11:25Elles ne sont pas totalement encore concluantes, mais on va y arriver.
11:28– Avec évidemment la question du prix, pour le coup,
11:30alors là je me place du côté consommateur,
11:32c'est quelle différence de prix quand on achète de l'électro ?
11:35Alors évidemment, ça va dépendre du type de machine, etc.
11:39Mais ça peut être quoi, 50%, 60% d'économie ?
11:42– Oui, on peut être entre 30% et 60% en fonction de différents critères.
11:47Par contre, ce qui est le plus compliqué aujourd'hui,
11:49c'est de comparer des choses qui sont comparables
11:51et des machines qui ont vraiment les mêmes spécificités.
11:55On est inondé depuis plusieurs années de machines qui arrivent d'Asie de l'Est
12:01qui sont sur des prix neufs, peut-être moins chers des fois que du reconditionné.
12:05Et ça, ça nous met en difficulté.
12:07– Le même phénomène que la fast fashion pour la mode.
12:11– Exactement.
12:12Ou alors sur des véhicules électriques.
12:14– Oui, ça, on pourrait en parler.
12:16– Ou alors les panneaux solaires.
12:17Enfin, on peut faire une liste comme ça.
12:19– On pourrait faire une liste assez longue.
12:21Dernière petite question, toujours sur le prix.
12:23Vous dites le reconditionné, ça a gagné du terrain, etc.
12:25Forcément, vous avez été boosté par la période très inflationniste qu'on a vécue.
12:30Est-ce que ça s'est calmé ?
12:32– Je ne sais pas si on a été boosté par la période inflationniste.
12:35Je pense qu'on a eu surtout un beau moment au moment du Covid
12:39et dans le post-Covid parce que les gens ont beaucoup rééquipé leur maison.
12:42Ils avaient le temps.
12:43– Oui, c'est vrai.
12:44– Et ensuite, la période inflationniste finalement a démontré
12:47qu'il n'y avait pas encore dans la tête des gens
12:50que le reconditionné pouvait être un refuge face au prix cher.
12:54– Ah, il n'y a pas eu ce réflexe ?
12:56– Pas vraiment.
12:57Il y a eu une assimilation de l'ensemble de l'électroménager
12:59en disant, bon, là, je ne vais pas me rééquiper.
13:01– Ce n'est pas le moment de le faire.
13:02– Ce n'est pas le moment de le faire.
13:03Or, et ça, c'est vraiment le message qu'on lance.
13:05Ben non, justement, nous, le reconditionné,
13:07quand c'est un petit peu dur, on est à 30 à 60% en dessous du prix du neuf.
13:11Donc, c'est le moment d'aller vers nous.
13:12– Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Be Smart For Change.
13:16On passe tout de suite à notre rubrique Prêt pour l'impact.
13:19On va continuer de parler d'économie sociale et solidaire.