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Après avoir dirigé pendant plus de dix ans la SNCF, Guillaume Pepy est désormais le président du Réseau Initiative France et président du conseil d’administration d’Emeis (anciennement Orpéa). Il nous explique comment il s’engage pour permettre à tous d’entreprendre de manière impactante et construire un secteur de la vieillesse éthique.

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00:00Prêt pour l'impact avec Guillaume Pépy, bonjour. Bonjour. Je suis ravi de vous accueillir. Vous êtes le président du réseau Initiative France,
00:11également président du conseil d'administration des maïs, l'ex-Orpea. On va démarrer avec ce réseau Initiative France. Alors on est vraiment au cœur
00:20de l'économie française. 2023, par exemple, vous avez financé ou accompagné près de 25 000 entreprises. L'émission, elle s'appelle Smart Impact.
00:30La rubrique, c'est Prêt pour l'impact. On parle évidemment d'impact environnemental et sociétal. Est-ce que ces entreprises sont parfois des toutes
00:36petites entreprises, des commerçants, etc., que vous financez ? Ils sont engagés, conscients de ça ? Quel rapport ils ont avec cet enjeu ?
00:44Ce réseau Initiative, c'est 200 associations qui sont partout en France, donc c'est gratuit, qui aident chacun ou chacune à créer sa boîte. Le gros changement,
00:54c'est qu'effectivement, avant, on créait sa boîte pour gagner sa vie, même si aujourd'hui, on ne le fait pas parce qu'on est au chômage. On le fait parce qu'on a
01:04envie de le faire et on a envie de se réaliser. Mais le gros changement, c'est celui que vous dites, c'est-à-dire qu'on veut aussi aujourd'hui faire du bien
01:12à la société. On regarde les personnes qu'on va embaucher, on regarde l'impact qu'on va avoir positif sur le territoire, par exemple les créations d'emploi, et on regarde
01:22son bilan énergétique. Donc la création d'entreprises, elle devient Smart Impact. Mais ce n'est peut-être pas forcément le premier critère, mais ça rentre dans la feuille
01:32de route en quelque sorte, c'est ça ? Ça bouge vite, ça bouge vite. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a 7 porteurs de projets, c'est-à-dire 7 futurs entrepreneurs sur 10, qui disent
01:42je mets l'impact au même niveau que l'économique. Donc c'est quand même une petite révolution. En revanche, concrètement, ce n'est pas toujours facile.
01:52Si vous créez par exemple une scierie dans les Vosges, on a une porteuse de projet qui vient de le faire, trouver un véhicule électrique qui va être adapté à porter la charge du bois,
02:04à porter les grumes sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, ce n'est pas évident. Donc on va dire l'envie, la volonté sont là, mais maintenant, il faut résoudre les problèmes.
02:13Et on a proposé à nos porteurs de projet deux choses. D'abord des formations qu'on fait avec l'agence pour les économies d'énergie, l'ADEME, et puis on leur propose aussi une grille
02:23on va dire d'analyse pour qu'ils puissent passer leurs projets au crible de l'environnement, de la transition énergétique, et bref des aides pour que chacun puisse se dire
02:34je suis aussi fort en impact que je suis fort en économie.
02:38Et parfois faire le bon choix dès le départ, parce que des fois on fait un choix et puis on se rend compte quelques années après que ce n'était pas forcément environnementalement parlant
02:46le plus efficient. Il y a notamment ce label qui s'appelle Initiatives Remarquables, ça rejoint ces engagements environnementaux ou pas seulement ?
02:54C'est une façon de dire à ceux qui réussissent un projet formidable, on a envie de vous aider non seulement à le financer, puisque notre métier c'est de faire des prêts d'honneur à taux zéro
03:06mais on a envie de faire savoir que votre projet existe. Pour prendre un exemple, une jeune femme qui lance un projet pour faire des bonnets de soutien-gorge différenciés
03:18selon la taille de la poitrine, sein gauche, sein droit, qui concerne un nombre énorme de femmes, ça n'existait pas, c'était un véritable tabou, et aujourd'hui elle le crée et ça cartonne.
03:30Des projets de cette nature-là aussi innovants, c'est vraiment une initiative remarquable.
03:36Je vais juste donner quelques chiffres, vous l'avez dit, 207 associations locales, 13 coordinations régionales, près de 800 lieux d'accueil, il y a 1180 salariés,
03:46plus de 23 000, près de 24 000 experts bénévoles qui notamment mènent ce travail de sensibilisation dont vous nous parliez à l'instant.
03:54Vous avez dit un mot très important qui est au cœur d'Initiatives France, de ce réseau, c'est le mot prêt d'honneur.
04:00Donc là on va rentrer dans la mécanique, cette jeune femme qui arrive avec son projet effectivement de créer des soutiens-gorge qui permettent de différencier.
04:10Elle avait du mal à se financer, vous faites un premier travail d'études qui va ensuite rassurer les banques, comment ça marche ?
04:19Ce que proposent les 208 associations qui sont partout sur le territoire, c'est quatre choses.
04:24C'est d'abord vous aider à solidifier le dossier, le business plan, le plan de trésorerie, le plan commercial, on va le challenger pour qu'il soit encore plus robuste.
04:34La deuxième chose c'est évidemment de regarder si vous avez vous l'apport personnel ou les fonds propres que souvent les banques demandent pour vous prêter de l'argent.
04:45Et si vous ne l'avez pas, à ce moment-là nous on vient vous proposer un prêt d'honneur, 20 000, 30 000 euros, à la personne, ce qui veut dire que votre entreprise ne va pas commencer avec de la dette.
04:56C'est vous, en quelque sorte ça remplace les économies que vous n'avez pas forcément pour créer votre entreprise.
05:02Et puis on vous propose deux autres choses, de vous accompagner avec parrain, marraine pendant un an, deux ans, trois ans pour que la petite pousse droite et qu'elle se solidifie.
05:13Et puis on vous propose de vous mettre dans un réseau local, si vous êtes à La Roche-sur-Yon, si vous êtes à Valence, pour qu'avec d'autres chefs d'entreprise vous trouvez des clients, des fournisseurs, des partenaires, puis des gens avec lesquels vous allez être très solidaires.
05:27Et ça veut dire que vous êtes d'une certaine façon partenaire avec les réseaux bancaires, les principaux réseaux bancaires qui sont assez contents que vous fassiez ce premier travail de TAMI.
05:36Comment je peux comprendre ce lien que vous avez avec les banques ?
05:40C'est exactement ça, c'est-à-dire que les banques nous font confiance.
05:43Quand elles voient qu'on a, nous, accordé un prêt d'honneur, dans un comité de prêt où il y a des entrepreneurs locaux qui connaissent bien le terrain, les banques se disent à quoi ça servirait de recommencer l'étude du dossier.
05:56Mais ce n'est pas le travail des banques ?
05:57Ce n'est pas le même travail parce que la banque, elle va regarder en termes de risque.
06:01Nous, on va regarder en termes de chance, c'est-à-dire que notre objectif, nous, ce n'est pas de ne pas prêter.
06:07Notre objectif, c'est de prêter.
06:09On est un réseau associatif, on est gratuit, on fait des prêts à taux zéro.
06:13Notre objectif, c'est qu'il y ait plus de très petites entreprises partout en France, y compris dans les zones rurales, y compris dans les quartiers politiques de la ville, pour que ce tissu économique-là, il vienne compléter les très grosses entreprises qu'il y a en France.
06:30Il y a évidemment un rôle, on le comprend, un rôle sociétal de ce réseau avec notamment des actions pour aider les femmes à créer leur entreprise, promouvoir l'entreprenariat féminin.
06:42Qu'est-ce que vous faites de spécifique ?
06:43C'est un des drames de ce pays. On est un pays d'entrepreneurs, la France, c'est super réjouissant.
06:48Par rapport à d'autres pays d'Europe ?
06:50Oui, l'Allemagne ou la Suisse, c'est moins d'entrepreneurs.
06:53Parce que les Français sont, comme dit l'autre, on n'a pas de pétrole mais on a des idées.
06:58Et on a beaucoup de gens qui disent mais je vais transformer mon idée en entreprise.
07:01Le truc qui ne va pas, c'est que sur 100 créations d'entreprises, il y en a seulement un tiers qui sont faites par des femmes.
07:08La faute aux préjugés des femmes.
07:11Oui, il y a un peu d'auto-censure parfois.
07:13Autocensure, manque de confiance et puis des biais qui font que parfois les projets féminins, par exemple dans la tech, ils ont beaucoup plus de mal à percer que les projets portés par des hommes.
07:24Ça c'est un vrai biais.
07:25À se financer.
07:26Et à se financer.
07:27J'ai reçu plusieurs fois l'autosista, etc. C'est vraiment marquant.
07:30C'est-à-dire qu'une femme seule qui arrive face à un groupe d'hommes, un potentiellement investisseur, un fonds d'investissement, elle va avoir moins de chances de trouver de l'argent ou elle va en trouver moins que si elle arrive avec un co-fondateur ou que si c'est un homme ou deux hommes seuls.
07:45Et donc il faut se battre contre ces préjugés et ces biais.
07:49Et donc nous ce qu'on fait c'est qu'on est aujourd'hui à 43%.
07:52Donc c'est beaucoup mieux que la moyenne nationale.
07:54La moyenne c'est un tiers.
07:55Nous on est à 43% mais on n'est pas à 50%.
07:57Donc on fait des vies ma vie pour permettre à des jeunes femmes.
08:01C'est le nom que vous avez donné.
08:02Ça me rappelle une émission de télé.
08:04On était jeunes.
08:06Pour aider des jeunes femmes à se rendre compte de ce que c'est que le métier d'entrepreneur et donc à être moins angoissé et à éviter l'autocensure.
08:14Et puis on donne aussi des rôles modèles en disant mais regardez il y a des femmes qui ont des vies personnelles, familiales, sociales tout à fait normales et qui sont des grandes chefs d'entreprise.
08:25Sur l'innovation je vois que les projets innovants financés par le réseau Initiative France c'est 22% des femmes.
08:34Alors on peut dire c'est peu mais c'est mieux que la moyenne nationale.
08:37La moyenne nationale je crois que c'est 10%.
08:38Ah oui c'est très faible.
08:40Et sur l'innovation vous faites quoi spécifiquement ?
08:42Parce qu'il n'y a pas forcément une innovation à la base d'un projet dont vous vous accompagnez.
08:47C'est ça. Nous on est un grand réseau généraliste.
08:50On est implanté partout et on est en termes de taille le premier réseau associatif qui aide les personnes à trouver les solutions pour créer leur entreprise.
08:58Et c'est gratuit.
08:59Mais ce qu'il faut qu'on fasse c'est que tout le monde puisse avoir droit entre guillemets d'entreprendre.
09:07Pas seulement la tech. La tech c'est super mais vous avez dans des zones rurales besoin d'épiceries, de cafés-restaurants.
09:14Vous avez besoin de centres de santé. Vous avez besoin des services de la vie quotidienne.
09:19Vous avez besoin de services de déplacement.
09:21Et donc nous on accueille tous les projets à deux conditions.
09:25Il faut que le projet flotte c'est-à-dire qu'il n'aille pas dans le mur sinon franchement on envoie quelqu'un dans le mur.
09:31Et il faut que la personne soit suffisamment mûre en elle-même.
09:36Ce n'est pas une question de formation. Ce n'est pas une question technique.
09:39C'est qu'elle est prête psychologiquement à faire ce métier d'entrepreneur.
09:43Et la vérité c'est que nos enquêtes montrent que tous ceux qui ont entrepris disent 1. c'est plus dur que je ne l'imaginais.
09:52Bon ce n'est pas terrible mais c'est plus dur que je ne l'imaginais.
09:55Mais 2. pour rien au monde je reviendrai en arrière.
09:59Même si c'est dur je suis content.
10:01C'est plus dur mais je suis content.
10:03Mais pourquoi ? Parce que la vraie raison d'entreprendre en France c'est d'abord se donner un défi.
10:09Être indépendant par rapport à être salarié.
10:13Et puis c'est mettre du sens. Smart impact.
10:17C'est faire quelque chose qui fait sens.
10:19Il y a aussi alors là on a parlé de l'entreprenariat au féminin.
10:23On va parler des jeunes des quartiers et notamment des quartiers prioritaires.
10:27Avec un dispositif qui je crois démarre les prêts d'honneur quartier.
10:31Est-ce que ça veut dire si ça démarre seulement maintenant que ça passait trop souvent sous les radars des associations qui forment ce maillage territorial ?
10:41C'est exactement ça. C'est-à-dire que dans les quartiers politiques de la ville et il y en a 2000 en France.
10:45C'est plusieurs millions de personnes.
10:47Il y a une énorme envie d'entreprendre mais aussi il y a une énorme autocensure.
10:52J'ai pas la bonne adresse. J'habite pas le bon quartier.
10:55Ça va pas le faire. C'est que de la com. On ne vous donnera pas de mois.
10:59Et donc ça va se terminer mal.
11:01Et souvent c'est parce que effectivement des portes se sont fermées.
11:04Il y a de l'autocensure.
11:05Oui dans le passé mais aujourd'hui c'est l'inverse.
11:07Il y a un plan quartier qui est vraiment très sérieux que mènent les pays France avec l'appui de l'État.
11:12Et l'idée c'est de proposer deux choses.
11:14D'abord un prêt d'honneur quartier qui va s'ajouter aux autres prêts.
11:19Ce qui veut dire qu'on va aider davantage les entrepreneurs des quartiers que les autres.
11:24Il faut assumer la différence.
11:25Et la deuxième chose c'est qu'on propose un accompagnement renforcé.
11:29C'est à dire qu'on propose d'être encore plus près de l'entrepreneur pendant toutes les semaines, tous les mois où c'est nécessaire.
11:35Parce que par exemple dans ces quartiers souvent il y a une méfiance du monde bancaire.
11:39Et quand on est entrepreneur on ne peut pas être bancarisé comme on dit.
11:44On ne peut pas avoir de compte en banque.
11:45Donc il faut apprendre en quelque sorte à gérer sa banque.
11:50Et donc on propose des formations qui vont permettre aux personnes des quartiers qui se méfient de la banque, qui ont peur de la banque, etc.
11:57De gérer leur banque.
11:59Alors sur ce thème, on a retrouvé cette citation, c'était en janvier dernier sur Europe 1.
12:03Vous disiez, l'une des principales causes de mécontentement des jeunes c'est que les écosystèmes d'aide, d'appui sont d'une complexité effarante.
12:11Je pense que les nouvelles normes détruisent de la valeur, de l'enthousiasme, du dynamisme plutôt qu'elles n'apportent de réelles protections.
12:17Je suis journaliste heureusement, malheureusement depuis plus de 35 ans Guillaume Pépy.
12:22Tous les gouvernements que j'ai vu se succéder, m'ont promis, nous ont promis, à un choc de simplification.
12:28Pourquoi les normes continuent de s'empiler dans ce pays ?
12:31Mais parce que nous les français on adore ça.
12:34Mais oui, prenez un exemple.
12:36Vous avez une maison, où que ça soit.
12:38Vous avez un voisin qui va dire je vais construire un appenti ou je vais faire un étage de plus.
12:4495% des français, je me mets dedans, va se dire mais comment je peux empêcher mon voisin de faire ?
12:50Et là, vive les normes !
12:52Et là, vive les normes ! Alors pas vive pour moi, pour moi c'est l'horreur.
12:55Mais si je peux trouver un truc qui dit qu'un appenti de jardin qui fait 3 mètres carrés, il faut un permis de construire, je ne vais pas louper mon voisin.
13:02Donc vous pensez qu'on adore les normes.
13:04Parce qu'en même temps, alors là peut-être je vais dans un focus vers les chefs d'entreprise, les créateurs que vous accompagnez.
13:13Eux, ils n'arrêtent pas de dire on croule sous les normes, notamment en matière environnementale.
13:18Mais cette fascination pour les normes, elle est dans tous les parlements successifs, les assemblées nationales et sénats successifs,
13:25qui commencent par dire qu'il faut arrêter et qui s'empressent de faire 10 lois, 20 lois, 30 lois, 50 lois.
13:31Elle est dans l'administration, où l'administration a appris à faire des normes.
13:36Et en fait, ce qu'on n'arrive pas à faire, c'est à changer de mental.
13:39C'est-à-dire se dire, à partir d'un certain moment de normes, la norme en fait détruit de la valeur.
13:46Elle n'en construit pas, elle détruit de la valeur.
13:48Elle empêche des initiatives.
13:50Un exemple, une jeune femme qui veut faire du miel, pour ne pas avoir que du miel chinois.
13:55Cette jeune femme nous a montré la liste des normes qui existent en France pour faire du miel.
14:00On rigole, mais c'est horrible.
14:02C'est horrible, c'est-à-dire qu'il y a des dizaines de normes.
14:05Alors, il y a la norme française et la norme européenne.
14:08Il y a des normes techniques, il y a des normes commerciales, il y a des normes de sourcing,
14:11il y a des normes de distribution, il y a des normes de conservation, il y a des normes de packaging.
14:15Au départ, l'intention, on va dire, n'est pas forcément méchante.
14:19C'est protéger, assurer la qualité.
14:22Mais après, ça empêche une jeune femme de se lancer,
14:25sauf si elle a décidé de passer 6 mois à étudier les normes et à essayer de s'y conformer.
14:30Est-ce que les grandes entreprises, vous avez été le patron de la SNCF pendant plus de 10 ans,
14:35est-ce que les grandes entreprises, elles sont aussi confrontées à ça ?
14:38À un empilement des normes et à la nécessité de simplifier un certain nombre de processus ?
14:45Plus l'entreprise est grande, plus...
14:47L'entreprise dont je m'occupais avant.
14:49On a eu un énorme débat sur le glyphosate.
14:51Le glyphosate, c'est une espèce d'herbicide qui, en fait, a un impact sur l'environnement,
14:58mais qui est débattu.
15:00Après un énorme débat en France, l'Europe décide de ne pas l'interdire.
15:07Mais la France, entre guillemets, dit à la SNCF, il va falloir renoncer au glyphosate.
15:14Vous l'utilisez notamment...
15:15Le long des voies, parce que vous ne pouvez pas avoir des arbres qui poussent au milieu des aiguillages.
15:19Le résultat concret, c'est que SNCF Réseau, qui s'occupe du réseau,
15:24dépense des dizaines et des dizaines de millions supplémentaires,
15:27pour ne pas dire même encore un peu plus,
15:29a mis en place des mécanismes de recherche très compliqués
15:33pour un produit qui marche moins bien, qui coûte plus cher.
15:36Sauf qu'il n'y a que la France qui a fait ça.
15:39Et les autres pays, puisque l'Europe a tout étudié et n'a pas interdit,
15:43les autres pays ont continué.
15:45En France, il faut qu'on s'interroge sur la façon dont on raisonne.
15:50Une photo emblématique de cette époque.
15:52Alors, il y en a plein.
15:53On a choisi celle-ci, c'est le jour du lancement des Wigo en 2013.
15:58C'est juste pour nous ramener à l'époque SNCF.
16:02Vous l'avez dirigée 11 ans, 2008-2019, 11 ans et demi.
16:06Est-ce que c'est votre...
16:08La question est un peu bateau.
16:09Est-ce que c'est votre expérience professionnelle la plus forte ?
16:12Je dirais que plus simplement, c'est le boulot de ma vie.
16:16Parce que celui ou celle qui est PDG de la SNCF,
16:20c'est la plus belle mission qu'on puisse avoir.
16:23Parce qu'en gros, il s'agit d'aider les gens à se déplacer,
16:26le droit à se déplacer, de façon sûre,
16:30si possible de façon pas trop coûteuse,
16:33et 24, 24, 365 jours par an.
16:35Donc, c'est une mission d'intérêt général qui est géniale.
16:38Moi, j'ai gardé un souvenir extraordinaire.
16:4125 ans à la SNCF, dont 12 ans PDG, c'est le boulot d'une vie.
16:45Est-ce que c'est un boulot politique ?
16:48Beaucoup de gens pensent que le matin,
16:51on reçoit des coups de téléphone des ministres,
16:54que le président de la République ou le Premier ministre vous appellent.
16:57Ça ne vous est pas arrivé si souvent ?
16:59Non, ça arrive.
17:00Sauf en période de grève très tendue, j'imagine.
17:02Ça arrive, parce qu'au fond, la mission qu'on remplit,
17:06s'il y a une très grosse grève, s'il y a une augmentation des tarifs,
17:09s'il y a des fermetures de lignes,
17:11les élus locaux protestent ou ont des choses à dire.
17:14Et c'est normal que le gouvernement pose des questions
17:16et veuille comprendre pourquoi vous faites ça.
17:18Mais c'est d'abord et surtout un groupe de 270 000 personnes
17:22dans 120 pays qui exercent une mission de service public.
17:26Et en cela, c'est une entreprise comme les autres.
17:30L'économie de la SNCF, ce n'est pas très compliqué.
17:33Vous avez des recettes, les recettes du trafic.
17:36Vous avez des dépenses, des salaires et beaucoup d'autres investissements.
17:40Et puis, il faut faire un peu de bénéfice,
17:42parce que si vous ne faites pas de bénéfice, vous ne pouvez pas investir.
17:45Or, on a besoin d'investir énormément de milliards dans le chemin de fer.
17:49– Quand vous voyez, dernière question sur la SNCF,
17:51quand vous voyez Jean Castex passer de Premier ministre à président de la RATP,
17:55est-ce que, soyez très honnête, il n'y a pas eu un moment où vous avez dit
17:58tiens, je pourrais faire moi le chemin inverse ?
18:00– Ah non !
18:01– Non, jamais ?
18:02– Non, pas la politique.
18:03– Jamais ?
18:04– Non, jamais.
18:05– Pourquoi ?
18:06– Ah, parce que la politique, on le voit tous les jours,
18:09et quelle que soit la qualité, c'est quand même du court terme,
18:11du court terme, du court terme.
18:13Et c'est du compromis, du compromis, du compromis.
18:15Et moi, je pense qu'aujourd'hui, la meilleure plateforme pour changer la société,
18:20plateforme étant un mot un peu large,
18:22mais la meilleure plateforme pour changer la société,
18:24c'est l'entrepreneuriat.
18:26C'est l'entrepreneuriat qui est en train de changer la société.
18:28C'est l'entrepreneuriat qui est en train de réorienter l'économie.
18:32Prenez deux exemples, Blablacar,
18:34c'est nous qui l'avons aidé au tout début, à la Roche-sur-Yon.
18:38Blablacar, il a inventé un nouveau mode de transport,
18:41Doctolib, il a inventé une simplification et un accès à la médecine
18:46comme personne n'avait été capable de l'inventer, et surtout pas l'État.
18:50Donc dans les deux cas, c'est des entrepreneurs
18:52qui ont contribué à changer un peu la vie des gens.
18:55– Dernier chapitre consacré à votre rôle de président
18:58du conseil d'administration d'Emeïs, c'est le nouveau nom d'Orpea.
19:02Orpea s'est donné après le scandale de maltraitance dans les Ehpad.
19:05Pourquoi vous avez accepté ce défi ?
19:07– Mais ce n'est pas une question personnelle,
19:09c'est que la situation du grand âge en France,
19:12c'est un sujet absolument capital dont on parle très peu,
19:15et merci d'en dire quelques phrases.
19:17La proportion de personnes de plus de 85 ans,
19:20elle va augmenter de moitié d'ici 2030,
19:23parce que les générations qui ont besoin des maisons de retraite,
19:28maintenant c'est les générations qui sont nées en 45, 46, 47,
19:31donc des générations du baby-boom où il y a beaucoup de gens.
19:34Donc il faut construire, il faut réinventer
19:38la façon dont on va en maison de retraite.
19:40– Alors je vous interromps parce que là-dessus,
19:42vous savez dans notre rubrique,
19:45Jacques d'ailleurs vous poserez une question
19:47à notre prochain invité Thierry Blandinière, le patron d'Invivo,
19:50mais la semaine dernière on avait Jérôme Sadier,
19:53le président du Crédit Coopératif, et c'est lui qui a choisi,
19:56nous on n'aiguille pas, de vous poser une question
19:58justement sur le modèle économique des Ehpad.
20:02– Shaggy Opepi, vous avez pris récemment la présidence
20:05du conseil d'administration de ce qu'auparavant
20:07on appelait Orpea, qui a défrayé la chronique
20:10sur les questions de prise en charge du vieillissement et du grand âge,
20:13et je voulais savoir si, à cette occasion,
20:16vous étiez convaincu que le modèle non lucratif
20:19est la meilleure solution pour éviter l'exploitation
20:23de la vulnérabilité des personnes.
20:25C'est une campagne menée par tous les acteurs
20:27de l'économie sociale et sociale, que de dire que
20:29dans certains domaines où cette vulnérabilité des personnes
20:32est en jeu, il ne faut pas que l'argent prime
20:35sur le soin et la considération qu'on a pour les gens,
20:37que ce soit par le biais des services publics
20:39ou par le biais des acteurs de l'économie sociale et solidaire
20:42à but non lucratif.
20:44– Est-ce qu'il faut sortir les Ehpad du modèle lucratif ?
20:46– Vous me permettez de cartonner en quelque sorte
20:49l'auteur de la question, qui est par ailleurs
20:51un ami que je connais très bien.
20:53En France, dès qu'il y a un problème,
20:55on dit qu'il ne faut surtout pas que le privé s'en mêle.
20:57Il ne faudrait pas que le privé fasse de l'éducation,
20:59il ne faudrait pas qu'il fasse de la santé,
21:00il ne faudrait pas qu'il fasse du médico-social,
21:02il ne faudrait pas qu'il fasse de l'éducation.
21:04Au passage, on dit, bien sûr, il ne faut pas augmenter les impôts.
21:08Mais alors là, on est chez les fous.
21:10Le privé, s'il est contrôlé, s'il a les bons actionnaires,
21:15s'il a le long terme, etc.,
21:17il peut être au moins aussi efficace que le public.
21:21Aujourd'hui, pour construire les futures maisons de retraite,
21:24vous pensez qu'on va se retourner vers l'État,
21:26en disant à l'État, donnez-nous 10 milliards,
21:29il faut construire des nouvelles maisons de retraite.
21:31L'État n'a pas d'argent, on le sait.
21:33Il faut que le privé, mais un privé, on va dire éthique,
21:37un privé contrôlé, un privé avec des bons actionnaires,
21:40s'engage sur le long terme.
21:41Et nous, par exemple...
21:42On revient à la question hors pair.
21:44Voilà. Et nous, par exemple, EMEIS, aujourd'hui,
21:47c'est à la fois détenu par...
21:49Qu'est-ce que vous avez changé ? Pardon.
21:50C'est détenu par les Français et par un groupe d'assurance mutuelle
21:54et par la Caisse des dépôts.
21:55Et bien ça, c'est le bon actionnariat
21:57pour mener des investissements de très long terme.
21:59Qu'est-ce qu'on a changé ? Tout.
22:00Or, PA, c'est le plus grand scandale financier probablement en France
22:05de ces dix dernières années.
22:06Il y aura un procès dans quelques années
22:08avec des dirigeants qui ont lourdement fauté,
22:11pour ne pas dire plus, une mauvaise stratégie,
22:14des actionnaires qui ne se sont aperçus de rien.
22:16Et donc, on a tout changé.
22:18On a changé la stratégie.
22:20La stratégie, c'est le service
22:22et non pas d'être une société foncière.
22:24On a changé les dirigeants.
22:26On a un nouveau directeur général,
22:28Laurent Guillot, qui est quelqu'un d'exceptionnel,
22:30qui a constitué une nouvelle équipe.
22:32On a changé le conseil d'administration.
22:33Tout a changé.
22:34Et on a même fini par changer le nom de la société.
22:37Quand on est président du conseil d'administration,
22:39votre rôle, c'est quoi exactement ?
22:41Vous êtes quoi ? Une vigie ?
22:42Vous n'êtes pas le DG, vous n'avez pas les manœuvres.
22:45Je ne dirige pas.
22:46Un président du conseil d'administration, il fait deux choses.
22:48D'abord, il soutient la transformation.
22:50C'est une transformation très, très difficile.
22:52Il y a mille établissements en France et en Europe.
22:55Il faut arriver à créer un rythme de transformation
22:58pour passer un peu tout à la moulinette de ce éméis nouveau.
23:03Et puis la deuxième chose, c'est contrôler.
23:05Le mot existe en français, mais il n'est pas beaucoup pratiqué.
23:08C'est-à-dire que même si vous avez des dirigeants formidables,
23:11le rôle du conseil d'administration, c'est de contrôler.
23:14De contrôler l'argent, de contrôler la santé,
23:17de contrôler la façon dont ça se passe avec le personnel
23:21et de pouvoir dire à tout moment ce qui se passe.
23:25Nous, on l'assume.
23:26On sait ce qui se passe dans la société et on l'assume.
23:29Est-ce que les conseils...
23:30Alors là, c'est une question très générale, évidemment.
23:32Elle est presque trop générale.
23:33Mais est-ce qu'ils ne jouent pas suffisamment ce rôle de contrôle,
23:36les conseils d'administration ?
23:37Il y a 10 ans, les conseils, c'était un peu du béni-oui-oui,
23:40surtout en France.
23:41Ça a complètement changé.
23:43Il y a maintenant un code précis qui a fait l'AFEP et le MEDEF
23:47pour visser, entre guillemets, la mission.
23:49Et puis, il y a aussi beaucoup de formations à Sciences Po,
23:53à l'EM Lyon, à l'Institut de formation des administrateurs.
23:56C'est-à-dire que tout d'un coup, en France, en 10 ans,
23:59les conseils d'administration sont devenus,
24:01presque comme dans les pays anglo-saxons,
24:04des organes qui sont là pour garantir au public
24:08que la société fonctionne normalement.
24:10Merci beaucoup, Guillaume Pépi.
24:12Merci à vous.
24:13Et à bientôt sur Be Smart for Change.
24:16On passe tout de suite à notre rubrique consacrée
24:18aux start-up éco-responsables.
24:20C'est Smart Ideas.

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