Rendre attractif un territoire avec des investissements durables, c’est un enjeu qui concerne de nombreuses régions en France. Le territoire Auray Quiberon Terre Atlantique (AQTA) s’engage à faire briller ces communes via l’économie circulaire. Yann Cristel, le directeur général des services de l’AQTA, nous en parle.
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00:00Le Zoom de ce Smart Impact, on parle de l'engagement des collectivités locales pour l'économie circulaire, pour les mobilités douces aussi, et on prend l'exemple d'Horay-Quibron-Terre-Atlantique.
00:15Bonjour Yann Christel. Bonjour Thomas Aigle. Bienvenue. Vous êtes le directeur général des services de AQTA. Horay-Quibron-Terre-Atlantique, combien de communes, combien d'habitants, on est où ?
00:24Une intercommunalité de 24 communes, 90 000 habitants, 200 000 en été, premier territoire touristique de Bretagne. On est entre Vannes et Lorient, entre la Ria d'Éthènes et le golfe du Morbihan,
00:34et puis baignée au sud par la baie de Quibron, la Prisqu'Île de Quibron, les îles de Watt et Édic. Un beau territoire avec une grosse attractivité qui entraîne un certain nombre d'enjeux.
00:45Alors justement, c'est quoi les spécificités d'un territoire comme celui-là ? Déjà, j'en vois un dans ce que vous me décrivez, c'est l'accroissement de population, c'est-à-dire on passe de 90 000 à 200 000, on fait x2, x2,5 chaque été, c'est ça ?
00:58Oui, c'est ça. Donc ça entraîne en effet un certain nombre d'enjeux pour adapter les différentes politiques publiques, les différentes infrastructures à ce niveau que nous avons sur quelques mois de l'année.
01:08Et c'est bien sûr des enjeux financiers qui sont liés à ces mises à niveau. Et puis c'est aussi des questions de mobilité, des questions de logement. Cette attractivité nous pose de...
01:21Bien sûr, la politique touristique est une véritable richesse pour notre territoire.
01:25Oui, c'est une richesse, mais ce sont aussi des défis et des contraintes.
01:29Et notamment en termes de logement, en effet, parce que le prix du logement, le prix du foncier explose. Et c'est difficile pour les entreprises de loger leurs salariés.
01:37On va parler de ces engagements, Économie circulaire, Mobilité 12, qui sont en quelque sorte symbolisés ou incarnés par un événement intitulé les circulaires,
01:48que vous avez organisés pour les 10 ans de la communauté de communes. Alors c'est quoi, les circulaires ?
01:53Les circulaires, c'est l'envie, en effet, pour les 10 ans d'Horacie-Brontère-Atlantique de se projeter sur le long terme, d'imaginer le territoire dans 20 ans ou dans 30 ans,
02:02mais pas seul, pas uniquement avec les élus, avec les chefs d'entreprise du territoire. Et on a senti un vrai engagement de leur part.
02:10Et les circulaires, c'est donc à la fois un séminaire d'entreprise, 40 entreprises engagées pour cette première édition, on a été très contents du résultat,
02:17sur deux jours, sur un certain nombre de tables rondes, d'ateliers, autour des transitions dans toutes leurs dimensions.
02:23Et puis du sport aussi, des activités proposées aux visiteurs.
02:26Et le dimanche, en effet, une opération grand public, 1200 participants à vélo entre Auray et Carnac, pas très loin des Ménires, sur la grande plage de Carnac.
02:37Les entreprises qui avaient participé au séminaire ont engagé leurs salariés aussi dans cette opération.
02:42Donc c'était ouvert au grand public, mais aussi une opération, j'allais dire, de cohésion d'entreprise pour le personnel de ces entreprises engagées.
02:48C'était aussi, on va évidemment parler du séminaire et les entreprises longuement dans cette interview, mais je rebondis sur cet événement sportif.
02:56C'est aussi une façon de faire la promotion des mobilités douces ?
02:59Oui, tout à fait. Alors événement sportif, c'est un bien grand mot. C'était un événement, en effet, autour des mobilités, une balade à vélo grandeur G.
03:05D'accord, il n'y avait pas de classement et le record à battre.
03:09Exactement, une balade vraiment tranquille, mais en effet, pour montrer qu'il y a des infrastructures, que c'est simple de se déplacer à vélo sur notre territoire.
03:16Il existe des infrastructures.
03:18Est-ce que c'est aussi simple que ça ? Parce que ça, c'est un vrai défi des consorts, des grandes villes, où on est là, on dit voilà, mais plus jamais la voiture.
03:25On se rend compte que partout ailleurs en France, pour aller travailler, chercher les enfants, les emmener au sport, etc., sans voiture, c'est compliqué.
03:31Donc comment vous relevez ce défi-là ?
03:33C'est un vrai enjeu pour un territoire comme le nôtre. La Bretagne, d'une manière générale, a un mode d'urbanisation assez diffus.
03:38On a quelques grandes villes, Rennes, Nantes, si on considère que c'est en Bretagne.
03:41Et un certain nombre de villes moyennes, comme Lorient, Vannes, Auray.
03:44Mais c'est vrai qu'il est difficile de se passer au quotidien de la voiture.
03:48Mais c'est, j'allais dire, une addition de solutions en termes de mobilité.
03:52C'est bien sûr quand même les transports collectifs.
03:54Et on vient d'investir avec nos voisins et la région Bretagne pour améliorer la fréquence des trains sur le bar au sud de la Bretagne, entre Quimper et Rennes.
04:04Et pour en faire vraiment un moyen de mobilité quotidien.
04:08C'est aussi les infrastructures vélo, bien sûr.
04:10C'est l'encouragement au covoiturage.
04:13Il y a plein de solutions.
04:14C'est des additions de petites solutions comme ça qui nous permettront de faire un peu mieux.
04:18Même si, en effet, bien sûr que la voiture reste un outil indispensable.
04:23Avec donc cet événement dans le cadre des circulaires, ce séminaire destiné aux entreprises.
04:30Quelle était l'ambition initiale ?
04:33Pourquoi vous vous dites qu'il faut qu'on...
04:35Alors moi, je peux penser à l'attractivité du territoire.
04:37Au fait de maintenir les entreprises dans un territoire.
04:43J'ai plein d'idées.
04:45Mais vous, quelle était votre mission ?
04:47L'attractivité, elle est là et elle existe.
04:49Et bien sûr, on l'entretient.
04:51Mais il n'y a pas de difficulté de ce côté-là.
04:53L'ambition de ce séminaire, c'était vraiment de dessiloter.
04:56De se dire que l'intérêt général, ce n'est pas que la propriété du secteur public.
05:00Des collectivités territoriales que nous sommes.
05:02C'est une appropriation de cet intérêt général par tous les acteurs.
05:06Notamment les acteurs économiques.
05:08Et puis pour une prochaine édition, certainement les acteurs associatifs, etc.
05:11Et on a été surpris de l'engouement et de l'engagement de ces entreprises.
05:15Qui en effet nous disent, mais on a besoin des collectivités.
05:18Pour participer au développement de ce territoire.
05:20Et pour imaginer le territoire dans 20 ans ou dans 30 ans.
05:25Et donc ça passe notamment, on va pouvoir décliner quelques exemples.
05:28Par la promotion de l'économie circulaire.
05:31Ça tombe bien, c'est le nom de cet événement, les circulaires.
05:34Déjà, quelles actions ?
05:36On parlera de ce qui a peut-être été partagé.
05:39Les bonnes idées, les bonnes innovations, les bonnes pratiques à l'occasion de ce séminaire.
05:42Mais déjà, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui dans le territoire pour l'économie circulaire ?
05:45Alors il y a par exemple une opération très simple qui s'appelle
05:48Nos déchets sont vos ressources.
05:50On amène les entreprises à se rencontrer 4 fois dans l'année.
05:53Il y a une plateforme en ligne aussi qui permet à des entreprises
05:56de partager tout simplement du matériel.
05:59Ça peut être des emballages, ça peut être des vieux déchets de chantier.
06:04Ça peut être des moyens informatiques, des moyens immobiliers, etc.
06:09Et qui sont partagés.
06:10Donc cette plateforme en ligne qui permet de se rencontrer.
06:13C'est un exemple parmi d'autres.
06:15C'est ce que vous appelez la bourse aux ressources ?
06:16Oui, exactement.
06:17Et donc ça marche depuis plusieurs années ?
06:19Ça marche bien, ça marche depuis 2 ans et ça prend bien.
06:22On a 71 entreprises qui sont engagées dans cette démarche-là.
06:25Pendant les circulaires, on a eu un atelier spécifique là-dessus.
06:28Il y a eu 88 ressources qui ont été identifiées par les entreprises elles-mêmes
06:31qui participaient à cet atelier comme étant des valeurs
06:35qui sont pourtant à l'origine des déchets,
06:37mais des valeurs à partager avec d'autres entreprises.
06:39Moi, je suis fasciné par ce changement d'état d'esprit.
06:42C'est-à-dire ce qui était un déchet qui nous coûtait de l'argent
06:44et dont il fallait se débarrasser.
06:46D'un seul coup, ça devient une ressource et du chiffre d'affaires
06:50pour les entreprises.
06:52L'économie circulaire, il y a aussi une logique d'emploi,
06:56de pérennisation de l'emploi local.
06:58Par définition, l'économie circulaire ne peut pas être mondialisée.
07:01Vous voyez ce que je veux dire ?
07:02Oui, tout à fait.
07:03C'est vrai que c'est en effet un enjeu au niveau local
07:06de maintenir cette dynamique entre des entreprises
07:10qui n'ont pas souvent l'occasion de se rencontrer.
07:11On a été très étonnés de ça.
07:13Elles sont toutes membres de clubs business divers et variés.
07:16Alors qu'elles sont à quelques unes des autres.
07:19Oui, mais dans des domaines d'activités différents.
07:21Finalement, elles étaient heureuses de se rencontrer
07:23et nous, on pense que c'est notre rôle d'être facilitateurs,
07:25d'être accélérateurs de ces rencontres.
07:27De ces rencontres-là ont émergé un certain nombre d'idées
07:31très concrètes en termes de circulaire et de mobilité.
07:35Par exemple, une entreprise qui découvre qu'elle fait circuler
07:38des camions pour faire des livraisons,
07:41mais que les camions repartent à vide.
07:42Elle découvre une entreprise qui est intéressée
07:44pour utiliser ce vide de camions.
07:46Ce sont des choses toutes bêtes.
07:47C'est génial.
07:48Et vous vous dites super.
07:51Nous, on a fait notre boulot.
07:52On a gagné notre journée.
07:53Et les entrepreneurs aussi.
07:54Oui, effectivement.
07:55Il y a un thème qui me semble important
07:57parce qu'il est aussi à la fois problématique,
08:01parfois polémique, mais ce n'est pas pour ça
08:02qu'il m'intéresse.
08:03La question de l'artificialisation des sols.
08:05On a vu que le Premier ministre,
08:08dans une de ses premières déclarations,
08:09a dit attention, il faut peut-être regarder ça de plus près,
08:11peut-être qu'on va trop vite.
08:12Bref.
08:13Comment vous conciliez ces deux enjeux
08:17qui peuvent sembler contradictoires,
08:19respect de la biodiversité, attention,
08:23objectif zéro artificialisation net d'ici 2050
08:28et le développement d'un territoire ?
08:31On a pour ça une vraie politique foncière
08:34qui est une politique foncière publique.
08:36Mais on a découvert, ou on s'est assuré en tout cas
08:39pendant ce séminaire des circulaires,
08:40que les entreprises adhéraient à cette politique
08:43et souhaitaient même y participer.
08:46Le foncier devient rare, en effet.
08:48Il est rare économiquement
08:49parce qu'il devient sur un territoire
08:51comme le nôtre très cher.
08:52Et il devient rare du fait de ces réglementations
08:54qui existent et dont on approuve la logique.
08:59Maîtrise foncière et publique pour faire
09:02notamment ce qu'on appelle le bail réel solidaire.
09:04On a créé un office foncier solidaire
09:06avec les entreprises,
09:08et elles seront appelées à être membres
09:10de cet office foncier solidaire
09:11pour loger des salariés.
09:13Le bail réel solidaire,
09:14c'est qu'on dissocie la propriété foncière
09:16de ce qui est dessus, le bâtiment.
09:18Et le foncier reste propriété
09:20de la collectivité publique.
09:21Et on développe la même logique
09:23dans le domaine économique.
09:24On est le premier territoire de Bretagne,
09:25et je crois le troisième en France à le faire.
09:27L'ensemble de nos zones d'activité publiques,
09:29celles qu'on aménage,
09:30seront désormais commercialisées
09:31en bail à construction.
09:32C'est à peu près l'équivalent.
09:33Le bail à construction,
09:34c'est qu'on aménage des lots.
09:35Il y a des financements publics
09:37pour aménager ces lots
09:38dans des zones d'activité.
09:39Mais il n'est plus question pour nous
09:41maintenant de vendre ces lots.
09:42On en reste propriétaire.
09:43L'objectif, c'est bien une logique
09:45de développement économique,
09:46de création d'emplois,
09:47de création de valeur.
09:48Donc les entreprises,
09:49ils construisent leurs bâtiments.
09:50Ils ont un bail de longue durée.
09:52Mais à aucun moment,
09:53ils ne seront propriétaires du terrain.
09:55Ça, c'est vraiment
09:56un changement de logique complet.
09:57Mais là aussi,
09:58les entreprises sont intéressées.
09:59Certaines sont déçues
10:01parce qu'elles ont une logique patrimoniale.
10:04Mais dans ce cas-là,
10:05on leur dit qu'elles peuvent trouver
10:06sur le marché privé
10:07le foncier qu'elles veulent
10:08pour développer cette logique patrimoniale.
10:12Mais nous, pour ce qui nous intéresse,
10:13la création d'emplois,
10:14c'est comme ça qu'on souhaite procéder.
10:16Merci beaucoup Yann Christallet.
10:18À bientôt sur Bsmart4Change.
10:20On passe à notre rubrique
10:21Start-up tout de suite.