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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Aurore Bergé, ministre de l'Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre des discriminations.

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00:00Bonjour à tous, bonjour Aurore Berger, merci d'être avec nous ce matin en cette journée
00:07internationale des droits des femmes.
00:09Il y aura aujourd'hui de nombreuses manifestations, une principale à Paris mais aussi dans de
00:13nombreuses villes.
00:14L'une des principales revendications, l'un des principaux mots d'ordre qui vont être
00:18évoqués c'est la question de l'égalité salariale, on en est encore loin puisque selon
00:23les chiffres de l'INSEE en 2023, l'écart de salaire global entre les femmes et les
00:27hommes était encore de 22%, c'est beaucoup.
00:30C'est l'écart de revenu global, ça ne prend pas en compte la question du temps
00:33partiel, quand vous prenez à quantité de travail égale, ça tombe à 13% et quand
00:37vous en prenez vraiment à post équivalent, à 3%, ça c'est le vrai écart absolument
00:42inexpliqué, inexpliquable.
00:43Ça veut dire qu'il y a des progrès ? Ça veut dire qu'il y a des progrès, ça c'est
00:45ce que l'INSEE dit, année après année on progresse, on progresse à mon goût pas
00:49suffisamment mais on progresse, et il y a trois facteurs principaux qui expliquent ces
00:52écarts, la question du temps partiel, les femmes sont dans des métiers où elles travaillent
00:56beaucoup plus à temps partiel, il faut comprendre si c'est volontaire choisi ou si c'est subi
01:01parce qu'on leur propose pas mieux j'allais dire, la question des filières parce qu'on
01:04voit que les femmes sont sous-représentées dans des filières qui sont des filières
01:08d'avenir et à plus haut potentiel on va dire de rémunération, la question des métiers
01:12scientifiques, des métiers numériques qui sont des métiers essentiels aussi pour notre
01:15souveraineté.
01:16Et où les femmes sont moins bien payées ?
01:17Où les femmes non, elles sont aussi bien payées parce qu'elles sont très attendues
01:20et très demandées parce qu'on a des pénuries plutôt de main d'oeuvre mais ça veut dire
01:23que ça c'est notre travail dès le plus jeune âge sur comment on lutte contre les
01:26stéréotypes pour nos petites filles pour garantir qu'elles aillent aussi dans ces
01:30carrières-là et puis le troisième facteur et le plus important des inégalités c'est
01:34la parentalité parce qu'aujourd'hui être parent ça pèse sur les femmes, ça pèse
01:38sur les mères, ça pèse pas sur les pères, c'est ce que je veux changer parce qu'à
01:42la question des congés parentaux, moi je souhaite qu'on puisse avoir un congé supplémentaire
01:46après les congés maternité et paternité, congés de naissance, le président de la
01:50république avait repris cette idée, cette proposition et je crois qu'il faut qu'on
01:54le fasse, c'est mon rôle en tant que ministre de l'égalité de pousser...
01:56Mais inciter les hommes à prendre ce congé de naissance plus qu'aujourd'hui.
01:58Exactement, parce qu'aujourd'hui le congé parental qui existe il est à la fois très
02:03long, très peu indemnisé et surtout il n'est pas du tout pris par les pères, il
02:06y a moins de 1% des pères qui l'utilisent contre 14% des mères, si on change la règle
02:11c'est-à-dire qu'on permet que ce soit un congé bien mieux indemnisé, peut-être plus
02:14court, ça veut dire sans doute qu'on aura la possibilité que des hommes et des femmes
02:18puissent le prendre.
02:19Vous parlez sur cette inégalité qui existe toujours, même si vous dites qu'elle s'amenuise
02:23en des écarts de salaire et de la différence de traitement entre les hommes et les femmes,
02:28qu'est-ce que vous répondez à ceux qui estiment que la réforme des retraites qui est décriée
02:32par les syndicats notamment est particulièrement pénalisante pour les femmes qui ont eu, vous
02:37le rappeliez d'ailleurs plus souvent, des carrières hachées ?
02:39Je réponds d'abord que les retraites c'est la conséquence de la carrière qu'on a eu
02:43ou qu'on n'a pas eu.
02:44Donc notre sujet ce n'est pas juste de rattraper...
02:45Les femmes sont davantage pénalisées de ce fait.
02:47Moi ce que je veux, vous voyez j'ai 38 ans, moi ce que je veux ce n'est pas me dire on
02:50va rattraper, corriger les inégalités quand j'en aurai 62, 63 ou 64, je veux qu'il y
02:54en ait moins tout au long de la vie.
02:56Ça c'est notre combat.
02:57D'où la question de la parentalité notamment, d'où le fait qu'on sanctionne aussi aujourd'hui
03:01les entreprises en France, quand on a mis en place l'index égalité il n'y a pas grand
03:04monde qui y croyait.
03:05Depuis 2019, il y a 1001 entreprises qui ont été mises en demeure, il y a 101 entreprises
03:10qui ont été sanctionnées.
03:11Quand je parle de sanctions, ce n'est pas juste une tape sur les doigts.
03:14C'est les chiffres de cette semaine, d'hier même, c'est des entreprises qui peuvent aller
03:18à la sanction jusqu'à 1% de leur chiffre d'affaires parce qu'elles doivent publier
03:23un index et elles doivent corriger.
03:24Mais il fallait toujours, la Cour des comptes disait que le ministère du Travail doit par
03:26exemple être plus vigilant, plus rigoureux sur ses contrôles.
03:29Les contrôles y sont faits, les entreprises là, chaque année elles ont jusqu'au 1er
03:33mars pour déposer leur index et on va aller plus loin avec la ministre chargée du Travail
03:37justement, avec Astrid Panot-Ciambouvet, puisqu'on va transposer une loi européenne, une directive
03:42européenne pour garantir plus de transparence.
03:44Donc sur tout l'enjeu de l'égalité, c'est tout au long de la vie qu'il faut corriger
03:47ces inégalités, notamment encore une fois la maternité, la parentalité qui est insuffisamment
03:53prise en compte ou qui est trop pénalisante aujourd'hui pour les femmes.
03:56Alors, nous vous recevons aussi aujourd'hui, Aurore Berger, pour la sortie, parce que vous
04:00publiez un nouveau livre, votre livre qui s'appelle « Nos combats pour la République »,
04:04on va le voir à l'antenne, on va voir la couverture de ce livre parce que vous évoquez
04:09beaucoup de choses, vous évoquez à la fois des propositions, votre parcours.
04:12Il y a eu un des aspects, un des mots d'or, en tout cas ce qu'on entendra aujourd'hui
04:16dans les manifestations, c'est la question des violences faites aux femmes.
04:19Et dans ce livre, vous revenez sur un épisode douloureux du 7 mars 2023 où à l'Assemblée
04:23nationale, vous aviez dit, je vous cite, « je sais de quoi je parle ». Donc c'est
04:27un sujet sur lequel, et on voit aussi dans les chiffres que malheureusement le phénomène
04:32est toujours là, vous estimez qu'il y a aujourd'hui un véritable phénomène de
04:36société qui ne fait plus palme.
04:38Parce que, encore une fois, une femme qui est victime de violences, ce n'est pas une
04:41affaire de couple, ce n'est pas une affaire privée, c'est une affaire qui concerne
04:44toute la société et sur laquelle on doit tous se sentir concernés et mobilisés.
04:48Il y a ce que la loi fait, tout ce qu'on a fait et qui a considérablement changé
04:52la formation des policiers, des gendarmes, des magistrats.
04:55Il y a aussi le fait qu'on recueille mieux la parole, qu'on accueille mieux la parole
04:59des femmes victimes, qu'on signale beaucoup plus aujourd'hui quand il y a des difficultés,
05:04quand il y a des violences, et tant mieux.
05:05Je veux dire aussi aux femmes qu'il faut qu'elles connaissent leurs droits, à partir
05:09du moment où elles subissent des violences, ou elles quittent le conjoint violent, elles
05:12peuvent bénéficier d'ordonnances de protection, elles peuvent bénéficier d'un téléphone
05:16grave danger.
05:17Et ça, je crois que c'est aussi très important que chacun et chacune connaisse ses droits.
05:20Rappelez, le 3919, c'est un numéro pour les victimes et pour les témoins.
05:24Et je le dis aussi pour ceux qui nous entendent qui ne sont peut-être pas victimes, mais
05:28qui ont un doute, qui sont témoins et qui ne savent pas comment agir, le 3919, c'est
05:32accessible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, c'est aussi pour se faire accompagner.
05:37Encore une fois, je le sais trop bien, parce que, encore une fois, je le dis, je sais
05:41de quoi je parle en effet, mais comme des milliers et des milliers de femmes qui ont
05:45eu à le vivre, et notre enjeu, c'est surtout d'arriver en sortie.
05:49Tous les moyens de lutte, vous venez de les évoquer, mais ce phénomène, il reste grandissant,
05:54c'est un phénomène de société que vous attribuez, à quel facteur finalement ?
05:58Il y a une habitude, dans notre société, je trouve de plus en plus grande à la violence.
06:02On s'accommode d'une violence intrinsèque à la société, on ne devrait jamais s'y
06:06accommoder.
06:07Il y a encore une fois la question de, on met à distance les violences, ça ne peut
06:11pas être chez moi, ça ne peut pas être dans ma famille, ça ne peut pas être dans
06:13mon couple, ça ne peut pas, si statistiquement, si on connaît, soit on l'a soi-même vécu,
06:17subi, soit on connaît quelqu'un qui a eu à subir ça, et donc ça veut dire que ça
06:21doit concerner encore une fois l'ensemble de la société.
06:24Je recevrai aussi, parce que c'est une demande très forte des manifestations, vous le savez,
06:27la question d'une loi cadre sur les violences, je recevrai au mois de mars tous les groupes
06:31politiques de l'Assemblée et du Sénat, ils ont tous donné leur accord pour y participer,
06:34pour qu'on y travaille et qu'on voie si on a besoin de cette grande loi cadre.
06:38Aurore Berger, un autre sujet que vous évoquez dans votre livre, la laïcité, vous prononcez
06:41pour une mesure choc l'interdiction du voile islamique pour les jeunes filles.
06:45Pour les petites filles déjà, parce que c'est un phénomène qu'on voit se répandre
06:50aujourd'hui dans un certain nombre de nos quartiers, de nos rues.
06:52C'est-à-dire que vous ne voulez plus que des jeunes filles de moins de 15 ans, je crois ?
06:55De moins de 15 ans, parce que 15 ans c'est l'âge où on estime qu'on est libre de consentir,
06:58à 7 ans, à 8 ans, à 9 ans, on n'est pas libre de consentir, on n'est pas libre de
07:02choisir, on suit les prescriptions qui sont celles de nos parents, c'est normal sur bien
07:07des aspects, c'est moins normal quand il s'agit de liberté et d'émancipation.
07:10C'est des policiers dans la rue qui vont verbaliser des adolescentes ?
07:13Je pense que c'est déjà dire aux parents que c'est eux les responsables, c'est eux
07:16les responsables, encore une fois, parce qu'une petite fille de 7 ans, elle ne va pas librement
07:20dans un magasin pour commander un voile islamique, donc ça veut dire que c'est une prescription
07:25des parents.
07:26Vous dites 7 ans, mais si c'est une jeune fille de 13 ou 14 ans ?
07:27Oui, enfin je crois que c'est la même chose, encore une fois, et l'horizon qu'on veut
07:31pour nos enfants, pour tous nos enfants, pour toutes nos petites filles, c'est un horizon
07:34de liberté et un horizon d'émancipation.
07:37Et l'horizon de liberté et d'émancipation n'est pas qu'on mette en place comme ça
07:41des prescriptions sur la tête de nos enfants dès le plus jeune âge, qu'on leur impose
07:45de se couvrir les cheveux comme si quoi, comme si...
07:46Mais est-ce que c'est forcément imposé ? Pardon, excusez-moi de vous couper, mais est-ce
07:49qu'il n'y a pas des jeunes filles qui souhaitent, et je pense qu'à 13, enfin je pense, on peut
07:53imaginer qu'à 13, 14 ans, elles ont déjà un libre arbitre, une volonté de porter le
07:57voile islamique.
07:58Qu'est-ce que vous faites dans ces cas-là ? Qu'est-ce que vous répondez ?
08:00Vous savez, on peut toujours discuter d'un âge, d'un an ou pas.
08:03Moi, ce que je pense, c'est qu'il faut garantir la liberté, garantir l'émancipation.
08:07C'est ça le socle qui est le socle de la République.
08:10Moi, j'appartiens à une génération pour laquelle la République et la laïcité sont
08:12de moins en moins des évidences.
08:14Et il faut remettre ces évidences au cœur de notre société.
08:16Ça passe aussi par le fait de ne rien laisser passer et de protéger nos enfants, de protéger
08:21nos adolescentes.
08:22Oui, il y a des initiatives parlementaires qui sont en train d'être prises.
08:25Je pense à une proposition de loi de Constance Legrippe, laquelle, évidemment, je suis très
08:28favorable.
08:29C'est-à-dire que les parlementaires eux-mêmes veulent qu'on avance sur le sujet.
08:32Donc, allons-y.
08:33Merci, Aurore Berger.
08:34Je rappelle donc la publication de votre livre « Nos combats pour la République » aux
08:37éditions Robert Laffont.
08:38Vous êtes toujours ministre de l'égalité femmes-hommes en cette journée et la lutte
08:42contre les discriminations.
08:44Et c'est la suite de Télémat.
08:45Bonne journée.
08:46Merci beaucoup.
08:47Et c'était les 4 V d'Aurore Berger.