• il y a 20 heures
« Familles, je vous hais ! » La célèbre exclamation d'André Gide, dans « Les nourritures terrestres », est-elle encore d’actualité ? C’est en tout cas une question que pourrait nous poser Claire Chazal pour ce nouveau numéro de « Au bonheur des livres », en accueillant deux écrivaines, jeunes et talentueuses, Blandine Rinkel et Adèle Yon.La première a déjà q0uelques livres très remarqués à son actif : elle est également chanteuse, danseuse et performeuse, et s’illustre avec brio comme une voix féminine, sinon féministe, du paysage littéraire contemporain… C’est au thème de la famille qu’elle s’intéresse dans son nouveau livre, « La faille » (Ed. Stock), où il suffit donc d’une lettre pour que soit mise en cause une forme d’institution parfois oppressive, selon elle, à laquelle elle nous invite à réfléchir, sous une forme singulière, entre essai et autobiographie.La seconde est une authentique révélation de cette rentrée d’hiver, où elle publie son premier livre, « Mon vrai nom est Elisabeth) (Ed. du Sous-sol) : Adèle Yon raconte de manière particulièrement originale l’enquête qu’elle a menée sur son arrière-grand-mère déclarée folle et internée de force, et propose à partir de là une réflexion passionnante sur le patriarcat.Aussi littéraires qu’engagées, ces deux jeunes femmes seront-elles d’accord dans leur approche critique de la société, telle que peut en rendre compte un livre ? C’est ce que Claire Chazal tentera avec nous de démêler, dans une conversation vive et captivante. Année de Production :

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00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre National du Livre.
00:06Musique
00:24Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat.
00:26Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro d'« Au bonheur des livres ».
00:29Vous le savez, chaque semaine, nous tentons de vous donner envie de lire,
00:33de lire des livres et aussi de découvrir ou de mieux connaître leurs auteurs.
00:37Alors, avec nous, deux romancières qui, toutes les deux, vous allez le voir,
00:41explorent les origines familiales.
00:43Toutes les deux écrivent des textes de non-fiction, mais étayés par des documents.
00:48Donc, il y a une forme originale.
00:49Et donc, chacune dit « je » dans ses livres.
00:52Alors, d'abord, Blandine Rinkel qui signe « La faille » chez Stock,
00:57dans lequel elle s'interroge sur la famille comme norme sociale,
01:01considérant que le foyer traditionnel, que l'on peut éventuellement avoir envie de fuir,
01:06voilà, ça dépend des expériences de chacun,
01:08cette famille doit être pensée plus largement, de façon plus ouverte, plus libre.
01:13Et puis, Adèle Lyon qui publie un premier ouvrage aux éditions du Sous-sol,
01:18« Mon vrai nom est Élisabeth ».
01:20Alors, c'est un premier texte, impressionnant de maturité d'ailleurs, on va le dire,
01:24qui constitue une vraie enquête, une véritable enquête sur une arrière-grand-mère,
01:29jugée à l'époque folle, internée, lobotomisée,
01:33dont les désordres mentaux, bien sûr, vont poser des questions dans la famille
01:36et surtout à toutes les générations de femmes qui vont arriver,
01:38et notamment à l'auteur.
01:40Alors, d'abord, merci infiniment d'être là toutes les deux.
01:43Merci pour votre amont des mots et cette littérature qui nous a beaucoup intéressé.
01:47Bien sûr, vous pouvez dialoguer,
01:48même si nous allons essayer de parler assez longuement de chacun des livres.
01:52Alors, Blandine Rinkel, je rappelle que vous êtes journaliste, écrivain, musicienne, danseuse.
01:57Vous avez déjà écrit trois ouvrages remarqués,
02:00notamment, il y avait un livre sur le portrait d'une mère,
02:03et puis aussi le portrait d'un père, peut-être aimant, mais assez violent.
02:07Et celui-là, donc, le quatrième livre, s'appelle « La faille ».
02:11Alors, il reprend d'une certaine façon le cours des précédents,
02:14mais se présente, on va en parler, sous une forme particulière,
02:18entre roman et essai, je crois que c'est ce que vous dites.
02:21Alors, d'abord, on aperçoit sur la couverture votre écriture,
02:24à vous, manuscrite, « La faille », qui est répétée et répétée,
02:29et on sent d'emblée qu'il se passe quelque chose autour du mot de la famille,
02:35parce qu'il y a une lettre qui a sauté.
02:36Il y a quelque chose de dysfonctionnel, de quelque chose qui vous a interpellé,
02:41parce que vous avez vu que finalement, en général,
02:44nous écrivions de façon bizarre un peu ce mot famille, les uns et les autres.
02:48Oui, c'est anecdotique, mais comme tout ce qui est anecdotique,
02:51ça veut en dire plus.
02:52Et moi, ça m'intéresse de partir de tout petit détail de fait mineur
02:56et de se demander ce que ça raconte, en fait,
02:58la manière dont on écrit un mot, dont on mange une lettre.
03:01En l'occurrence, c'est vrai que je mange le M du mot famille et qu'on l'y faille.
03:04Ce qui m'intéressait aussi dans l'idée de le mettre dès la couverture,
03:08c'est d'assumer un récit faillible, un récit intime.
03:12Je vais essayer, dans ce livre, quand même, de théoriser,
03:15de penser avec, j'en sais rien, des historiens, sociologues,
03:18des autrices, auteurs, réalisateurs.
03:20Vous êtes très nourrie de vos lectures.
03:21C'est nourri, c'est des allers-retours,
03:23mais ça part de quelque chose d'intime et de faillible
03:26que je voulais assumer d'emblée.
03:27Et le fait de montrer cette écriture répétée,
03:31presque de manière un peu psychotique quand même,
03:33répétée comme ça, le mot,
03:34il y avait quelque chose qui me plaisait dans le fait d'assumer un récit
03:38qui est, je le dis dans le livre, un droit de passage,
03:40qui ne se veut pas autoritaire, ni prescriptif, ni...
03:43– C'est ça, vous ne dites pas, il faut quitter sa famille,
03:45il faut fonder une autre famille, il faut sortir de ce...
03:48– Le verbe falloir m'intéresse peu.
03:50– Alors, d'abord, c'est toujours très émouvant
03:52de voir une écriture manuscrite, de toute façon,
03:54de voir d'un auteur, d'un grand auteur, d'un auteur contemporain.
03:57Est-ce qu'on peut considérer, Blandine Rinkel,
04:00que c'est parti quand même d'une réflexion personnelle
04:04sur des dysfonctionnements que vous auriez vécus vous,
04:08notamment après la mort d'une précédente famille,
04:10enfin, c'est ce que vous dites,
04:12vous avez d'ailleurs changé de prénom,
04:14c'est le prénom choisi par votre...
04:16Maéva, de votre père, vous en avez changé,
04:18donc on sent qu'il y a quelque chose aussi en vous
04:20qui est une expérience un peu négative de la famille,
04:22ou est-ce que c'est un peu caricatural, ce que je dis ?
04:24– Non, non, ça ne l'est pas, non, je pense que c'est négatif.
04:28Après, comme toute famille dysfonctionnelle,
04:30il y a eu des joies, il y a eu de l'amour,
04:32et c'est toujours difficile de trancher,
04:34enfin, de parler de manière binaire,
04:36mais ce qui est certain, c'est que moi, je suis née,
04:38après la mort d'une première famille que mon père a eue,
04:40donc il a perdu deux enfants et sa sœur,
04:42et j'ai eu le sentiment assez tôt,
04:44évidemment, à l'état d'intuition,
04:46ce n'était pas conscient,
04:48et je ne peux pas mettre des mots dessus,
04:50mais de grandir finalement dans le deuil de l'idée de famille,
04:52comme si on rejouait la famille,
04:54mais sur un mode un peu parodique.
04:56Avec mes parents, on jouait des rôles
04:58qu'on ne pouvait pas complètement habiter,
05:00donc il y a cette première chose,
05:02et puis, c'est vrai que j'ai grandi
05:04à l'ombre d'un père,
05:06à la fois tyrannique,
05:08et trop aimant,
05:10et complexe,
05:12mais j'ai mis beaucoup de temps
05:14à m'émanciper, je pense,
05:16d'un récit,
05:18peut-être trop autoritaire,
05:20trop despotique, qu'il imposait dans le foyer,
05:22et je pense que la faille,
05:24c'est aussi une réflexion sur
05:26comment est-ce qu'on peut réouvrir d'autres récits,
05:28et ne pas se laisser avaler
05:30ou silencier, je ne sais pas,
05:32par un récit officiel,
05:34oui, ça rejoint, parce que nous faisons
05:36tous une réflexion sur
05:38qu'est-ce que ça a été notre famille,
05:40est-ce qu'on a eu envie de la quitter,
05:42est-ce qu'on a accepté cette norme sociale,
05:44parce qu'au fond, c'était ça,
05:46le schéma traditionnel de la vie
05:48d'il y a 50 ans,
05:50évidemment, ça a un peu volé en éclat
05:52avec les générations dès l'après-guerre,
05:54enfin, en tout cas, plutôt ma génération,
05:56mais chacun s'interroge sur
05:58est-ce qu'une famille nous apporte vraiment quelque chose,
06:00enfin, je crois, c'est…
06:02Je pense aussi que nos deux récits se situent
06:04au même endroit, au même moment chronologique
06:06de la vie, où on attend de nous,
06:08femmes, qu'on devienne des bonnes épouses
06:10et des bonnes mères, et on a cette sorte d'angoisse
06:12un peu devant ce moment-là,
06:14où on se demande, est-ce qu'on récupère
06:16ce schéma ou pas, et si on ne le récupère pas,
06:18qu'est-ce qu'on fait de ce schéma
06:20qui nous a précédés ? – On peut le récupérer,
06:22d'ailleurs, on n'est pas… c'est ce qu'on disait
06:24sur Vendée-ne-Rinkel,
06:26il y a une possibilité de le récupérer ou pas, au fond.
06:28– Et dans les deux cas, qu'on le récupère ou pas,
06:30il y a une sorte de tremblement et d'incertitude
06:32à ce moment-là, dont il me semble
06:34que nos deux livres sont
06:36une réponse.
06:38– Oui, c'est la question aussi de qui
06:40va définir
06:42ce qu'est une famille
06:44souhaitable, désirable…
06:46– Oui, est-ce que c'est une famille d'amis, une famille choisie ?
06:48Parce que c'est ça aussi le schéma qui peut être alternatif,
06:50et il y a notamment un auteur,
06:52Geoffroy de Laganry, qui a écrit un très joli livre
06:54sur ce trouble,
06:56enfin, ce groupe à trois
06:58qu'ils ont formé,
07:00cette explosion des codes familiaux, qui est pour lui
07:02une libération sociale, une libération
07:04de la contrainte sociale,
07:06ou des déterminismes sociaux.
07:08– Oui, dans le livre de Geoffroy de Laganry, il insiste beaucoup
07:10sur le dehors, comme quelque chose
07:12qui ne serait pas à craindre…
07:14– Oui, ça s'appelle une aspiration au dehors.
07:16– Une aspiration au dehors, oui, absolument.
07:18– Ça, c'est quelque chose qui m'a beaucoup
07:20parlé quand je l'ai lu, mais qui, en fait, tout simplement
07:22me semblait mettre des mots sur quelque chose
07:24que je sentais confusément, et encore une fois,
07:26dans l'enfance, depuis un moment,
07:28ces moments où on est très
07:30osagué, dans l'enfance, très observateur,
07:32on sent beaucoup, beaucoup de choses, et on n'a pas encore
07:34les mots pour le dire.
07:36Donc, moi, très tôt, j'ai senti vraiment que le dehors
07:38me sauvait de quelque chose qui m'aspirait,
07:40qui m'asphyxiait, qui me menaçait dans le dedans.
07:42Et donc, je ne me reconnaissais pas complètement
07:44dans les évidences de
07:46on va retrouver du réconfort
07:48dans la famille d'abord, ça va être chaleureux,
07:50je ne sais pas, les fêtes de fin d'année,
07:52par exemple, je ne me reconnaissais pas dans cette évidence-là.
07:54Et je pense que c'est un livre que j'ai écrit aussi
07:56pour dénouer,
07:58pour dire que ce n'est pas si évident.
08:00Peut-être, interrogeons-nous sur des espèces de réflexes,
08:02parfois de langages aussi,
08:04quand les gens partent à Noël,
08:06rejoindre les leurs, bon repos, par exemple,
08:08tu vas te reposer.
08:10Oui, ou bonne fête.
08:12Je ne veux pas généraliser ma propre pensée,
08:14mais on est un peu angoissé par les fêtes
08:16familiales qui arrivent, où on a envie de les fuir.
08:18C'est vrai,
08:20peut-être qu'on est complètement anormales toutes,
08:22c'est quelque chose qui peut nous inquiéter.
08:24Oui, le repos et la famille,
08:26c'est assez antithétique.
08:28Le repos dans la famille.
08:30Oui, même le confort peut bizarrement
08:32être quelque chose qui nous menace.
08:34C'est quelque chose que je sens souvent
08:36dans des moments où tout serait là
08:38pour que tout est what,
08:40tout est une forme de bienveillance qui circule,
08:42etc., et c'est comme si j'avais une petite alarme
08:44qui se réveillait, et je me dis
08:46attention, parce que le danger
08:48d'un excès de confort, parfois, ça peut être
08:50le gel de soi, c'est que quelque chose en soi
08:52se gèle, s'éteint,
08:54et c'est un livre qui parle aussi de ça.
08:56Oui, alors c'est un livre qui n'exclut pas
08:58l'amour, bien sûr.
09:00D'ailleurs, il est là,
09:02avec un tu que vous revendiquez,
09:04donc ça suppose
09:06qu'il y a une possibilité de famille,
09:08il y a une possibilité de quelque chose.
09:10Même si c'est un amour un peu pirate,
09:12même si c'est un amour...
09:14Je ne tiens pas à donner ce mot-là,
09:16ça pourrait, si soudain ça devenait
09:18une famille, réellement, si on avait un enfant,
09:20parce que j'ai l'impression que le mot famille va quand même
09:22avec la reproduction.
09:24C'est-à-dire que je pense qu'on a quand même
09:26beaucoup de mots, et qu'on ne devrait pas se sentir
09:28obligé de tout le temps rejoindre le champ lexical
09:30de la famille. Le champ lexical de la famille est
09:32formidable, et il désigne quelque chose,
09:34et qui n'est pas à moindrir, mais le champ
09:36lexical de l'amour en est un autre,
09:38celui de l'amitié...
09:40Je pense qu'on a beaucoup de mots à disposition,
09:42et par exemple, quand une amitié est très
09:44forte, on a tendance à appeler son ami, son frère,
09:46son ami, sa sœur...
09:48On n'a pas trop de vocabulaire, d'ailleurs,
09:50pour ce qui n'est pas dans la famille.
09:52Oui, et puis c'est comme si montrer que quelque chose était intense
09:54revenait à rejoindre
09:56le champ lexical de la famille. J'interroge
09:58juste ce réflexe, et encore une fois, si on veut le faire,
10:00faisons-le, que les gens se sentent
10:02libres. Mais c'est juste un réflexe,
10:04parfois, qu'on n'interroge pas, et qui dit
10:06quelque chose, quand même, de la hiérarchisation sous-jacente
10:08des relations qu'on a en tête.
10:10Je te disais bien que ce n'est pas une injonction,
10:12bien sûr, c'est une réflexion, étayée,
10:14je le disais, par des livres, des films,
10:16c'est de la littérature qui vous a toujours nourrie
10:18depuis l'enfance,
10:20Blondine Rinkel, tout ce que vous citez...
10:22Oui, parce que je pense que
10:24très tôt... Et c'est le cas aussi, d'ailleurs,
10:26de vous aussi, qui avez été nourrie de ces livres, évidemment,
10:28Adèle. Oui, très tôt,
10:30je pense que les récits
10:32que je trouvais presque
10:34en contrebande, comme ça, dans des livres que j'ouvrais
10:36dans les médiathèques, un peu par hasard, parce qu'à l'instinct,
10:38au désir, j'allais ouvrir tel ou tel livre,
10:40je trouvais plein de récits, plein de formes de vie,
10:42plein de voix, plein de langues, qui me sauvaient
10:44d'une certaine manière du récit unique,
10:46de la langue un peu rabâchée,
10:48et peut-être aussi d'une forme de fatalisme
10:50d'atmosphère que je pouvais éprouver chez moi,
10:52et je pense qu'il règne souvent,
10:54dans les appartements, dans les maisons, un espèce de truc
10:56qui dit, tu verras plus tard, toi aussi,
10:58tu feras ça, avec cette espèce de
11:00futur, comme ça, qui serait le même
11:02pour tous, et dans les livres, en fait,
11:04j'ai découvert, mais vraiment
11:06émerveillée, ce qu'il y avait,
11:08des milliers de formes de vie possibles,
11:10des milliers de voix, de langues possibles,
11:12et ça m'a sauvée, oui, d'une forme
11:14peut-être aussi d'endormissement,
11:16et de tristesse.
11:18– Alors, on va bien sûr revenir d'abord à la forme,
11:20parce qu'elle est, dans les deux livres, la forme est originale.
11:22Avec vous, Adèle Lyon,
11:24je le disais,
11:26on a donc ici un premier livre,
11:28vous êtes normalienne, je crois,
11:30et enseignez le cinéma,
11:32et dans ce livre qui s'appelle
11:34« Mon vrai nom est Elisabeth »,
11:36bien sûr, vous vous interrogez sur la famille,
11:38la famille assez lointaine, puisque cette Elisabeth
11:40est une arrière-grand-mère,
11:42et vous faites une véritable enquête généalogique,
11:44scientifique, sur celle
11:46qu'on l'en appelait Betsy.
11:48Cette enquête,
11:50vous avez commencé à la mener
11:52parce que vous-même,
11:54vous vous êtes interrogée sur ce qu'elle avait pu vous transmettre
11:56de dysfonctionnel, puisqu'on a compris,
11:58on va le comprendre après,
12:00que cette femme avait été jugée folle
12:02par ses proches, en tout cas, et qu'il y avait ces doutes-là.
12:04Est-ce que c'est vous qui vous êtes dit
12:06« Mais moi, je suis peut-être aussi, à mon tour,
12:08gagnée par ça ? »
12:10Oui, tout à fait, parce que justement, c'est pas la famille si lointaine
12:12que ça, dans le sens où elle-même
12:14est loin dans le temps,
12:16mais qu'elle a évidemment imbibé
12:18tous ses descendants jusqu'à moi,
12:20et notamment mes grands-parents et mon père,
12:22qui sont encore en vie,
12:24et donc que j'ai grandi dans cette
12:26atmosphère familiale, ce qui fait que
12:28effectivement, l'interrogation est partie
12:30d'une peur qui m'était propre,
12:32que je ne partageais pas avec les membres de cette famille.
12:34Mais avec les femmes, quand même, on sent.
12:36Quelques femmes.
12:38Que j'ai compris, que je partageais à postériori pendant l'enquête,
12:40mais que je ne savais pas partager avec elles,
12:42et c'était un sentiment extrêmement isolé
12:44d'angoisse face à cette
12:46maladie génétique qui pesait
12:48sur les femmes de la famille, ce qu'on appelait
12:50le tempérament fragile des femmes de la famille,
12:52et qui engendrait un certain
12:54nombre de comportements qu'on ne devait pas avoir
12:56pour ne pas tomber entre les crocs
12:58de cette maladie.
13:00Alors là, vous allez retrouver des photos,
13:02des témoignages, notamment celui du
13:04propre frère de Betsy,
13:06le petit frère qui est encore en vie,
13:08de la soeur de son mari aussi, André,
13:10des lettres, et c'est ça qui est évidemment bouleversant,
13:12des lettres échangées entre André,
13:14le futur époux de Betsy,
13:16ils sont très jeunes, c'est en 1940,
13:18et tout ça, bien sûr,
13:20va vous éclairer, j'imagine, ça va constituer un travail
13:22énorme d'exploration
13:24familiale et d'archives
13:26personnelles ? – Oui, absolument,
13:28c'est l'enquête que j'ai commencée en novembre
13:302020, et finie
13:32en septembre 2024,
13:34donc tout à fait quatre ans, en fait,
13:36d'enquête, avec tout un
13:38moment où je ne savais pas quoi faire
13:40de ces matériaux, c'est-à-dire tout un moment
13:42où je cherche simplement à répondre à cette
13:44inquiétude personnelle, et donc je cherche
13:46notamment dans la correspondance
13:48une explication à la propre relation
13:50ultra dysfonctionnelle dans laquelle je me trouve
13:52à ce moment-là. – Ça, vous vous rendez compte ? Ah oui !
13:54– Oui, c'est-à-dire que je suis dans cette relation-là
13:56et ça ne me ressemble tellement pas
13:58à ce que je me dis, mais c'est pas possible, il y a quelque chose
14:00qui se rejoue à travers moi dans cette histoire,
14:02c'est nécessaire, ce n'est tellement
14:04pas moi que ça doit venir de quelque part.
14:06– Il y a quelque chose qui vient d'ailleurs, de loin.
14:08– Oui, et en fait, c'est le moment où ma grand-mère m'a confié
14:10la correspondance de ses parents qui, à ce moment-là,
14:12sont encore fiancés, ne sont pas encore mariés,
14:14et je tombe dans
14:16ces centaines de lettres et découvre
14:18tous les éléments
14:20d'une relation parfaitement toxique,
14:22épouvantablement toxique, dans laquelle
14:24ils n'ont aucun respect
14:26de ce qu'est l'autre
14:28pour lui-même ou pour elle-même.
14:30– Oui, un peu réciproquement, j'allais dire d'ailleurs.
14:32– Oui, tout à fait. – Même si c'est lui qui apparaît
14:34le plus toxique, entre guillemets, mais…
14:36– En fait, très réciproquement, simplement,
14:38lui a les moyens en sa possession
14:40pour la faire taire et la rendre docile,
14:42entre guillemets, mais c'est vrai, il y a une incompréhension
14:44qui est tout à fait mutuelle,
14:46et donc j'ai plongé dans ces archives,
14:48d'abord familiales,
14:50et ensuite institutionnelles,
14:52pendant toutes ces années,
14:54c'est-à-dire que le rôle du travail d'écriture,
14:56ça a été que faire face à ce monument,
14:58à ce monticule de documents
15:00et de données,
15:02comment est-ce qu'on écrit dans ce chaos-là
15:04et qu'est-ce qu'on peut raconter à partir de ce chaos-là ?
15:06– Et vous allez vous rendre compte que cette femme,
15:08d'abord, elle était belle,
15:10elle était sûrement brillante,
15:12et que son mari était
15:14très autoritaire,
15:16et que finalement,
15:18elle a eu énormément de raisons
15:20d'être mal
15:22à certains moments de sa vie,
15:24et notamment des grossesses,
15:26parce qu'il faut préciser qu'elle avait beaucoup d'enfants,
15:28et que cette dépression post-partum,
15:30qu'on connaît maintenant nous,
15:32mais qui n'était pas du tout
15:34diagnostiquée à l'époque,
15:36a constitué un terreau
15:38pour tout ce qu'on a considéré comme folie
15:40de cette femme.
15:42– Oui, en fait, il y a eu un peu deux moments
15:44d'appréhension de ce personnage,
15:46de cette personne qui a été l'Elisabeth,
15:48un premier moment qui a été de mettre à distance
15:50la maladie mentale, donc comprendre
15:52ce qui s'était joué dans les événements
15:54qu'elle avait traversés, et effectivement
15:56remplacer des termes diagnostiques
15:58comme schizophrénie par d'autres
16:00possibilités d'événements comme la dépression
16:02post-partum, ça c'est un premier moment
16:04de mon enquête, et il y a un second moment
16:06de mon enquête, auquel je ne m'attendais absolument pas,
16:08qui est de découvrir
16:10une femme qui a
16:12un caractère, qui est une femme
16:14assez émancipée pour son époque,
16:16qui est écrite très bien
16:18dans ses lettres, qui démontre
16:20une force de caractère
16:22dont je n'avais aucune idée.
16:24Et donc, ce mouvement vers Elisabeth
16:26que je fais, que je traverse
16:28à travers l'écriture, ce n'est pas
16:30seulement le mouvement de rejet auquel
16:32je m'attendais, je repousse la malédiction,
16:34c'est aussi un mouvement de rencontre
16:36de, ah mais je peux m'identifier
16:38à cette femme, et elle va m'aider,
16:40et à travers elle, je vais trouver mon chemin vers l'écriture.
16:42Et c'est quand même ce qui se passe, pour moi.
16:44– Quand on décrit la famille, Blondine Rinkel,
16:46comment vous décrivez la famille, j'allais dire,
16:48proches, parents, la mère, le père,
16:50est-ce que vous avez eu envie,
16:52ou est-ce que vous avez été tentée d'aller plus loin
16:54dans le temps, et de comprendre ce qui s'était passé
16:56avant ? – C'est compliqué
16:58parce que, c'est ce qui est un peu
17:00atypique dans ma cellule familiale
17:02personnelle, c'est que je suis née,
17:04les grands-parents n'étaient plus là,
17:06du côté de mon père, ils sont encore vivants
17:08mais ils sont morts dans mon enfance,
17:10du côté de ma mère, je n'ai jamais rencontré mes grands-parents,
17:12donc j'ai eu très peu de liens, et puis il y avait une famille morte
17:14avant, donc il y avait en fait une sorte de tabou,
17:16c'est pour ça que j'écris à ce point, à partir des non-dits,
17:18et que j'insiste sur les non-dits, c'est que moi
17:20j'ai grandi dans une, il y avait une sorte de silence
17:22qui enveloppait en fait
17:24ce qu'on vivait, et il n'était pas question de
17:26grandes familles élargies, avec des rapports
17:28avec les grands-parents, arrière-grands-parents,
17:30ça n'avait pas vraiment lieu, même si,
17:32j'ai appris récemment, et ça fait sens
17:34je trouve, que la mère
17:36de ma mère, que je n'ai jamais rencontrée,
17:38ma grand-mère était paysanne
17:40pauvre, elle vient d'une famille paysanne pauvre,
17:42ma mère, et qu'elle lisait de la poésie
17:44dans le,
17:46enfin, secrètement,
17:48son mari ne le savait pas,
17:50et ses enfants couvraient, lui prévenaient quand le mari
17:52rentrait, pour qu'elle puisse lire de la poésie,
17:54comme quoi, il y avait déjà des maris un peu
17:56autoritaires, dans ces générations,
17:58et d'ailleurs, pour vous,
18:00Adèle Lyon, c'est évidemment,
18:02tout ce qui est non-dit, est très présent,
18:04parce que cette maladie,
18:06cette maladie supposée, personne n'osait
18:08vraiment en parler, c'est parce que vous allez chercher
18:10le témoignage que, finalement,
18:12cette famille parle et raconte.
18:14Alors, justement, ce que je découvre,
18:16c'est que c'est un peu plus fourbe,
18:18entre guillemets, que le silence, c'est-à-dire que
18:20on laisse échapper juste ce qu'il faut
18:22pour produire de l'inquiétude et de la crainte.
18:24Et donc, c'est pas,
18:26on ne dit pas rien, on dit schizophrénie.
18:28Peut-être pas volontairement, mais c'est ce qui se passe.
18:30C'est ce qui se passe.
18:32Moi, ce que j'entends, c'est pas,
18:34je n'ai pas connaissance de bêtise,
18:36j'ai une connaissance de bêtise
18:38réduite à des mots comme schizophrénie
18:40ou tempérament fragile. Et ça fait une énorme différence.
18:42Parce que c'est quand même assez
18:44loin de moi. Elle est décédée avant ma naissance,
18:46j'aurais pu n'en avoir aucune connaissance,
18:48qu'elle soit purement et simplement effacée,
18:50mais en fait, elle est quand même utilisée comme un outil
18:52pour agir à travers le temps
18:54sur nos comportements d'aujourd'hui.
18:56Et c'est ça, en fait, qui me frappe quand je commence cette enquête.
18:58C'est pourquoi est-ce qu'on laisse sortir
19:00certains mots du silence et à quoi ils servent ?
19:02Mais peut-être,
19:04on peut faire tous cette même réflexion.
19:06Parfois, ils sortent inconsciemment,
19:08pas forcément pour nuire
19:10ou pas forcément pour
19:12susciter des questions.
19:14Non, ils sortent pas forcément pour nuire,
19:16mais je pense qu'ils sortent parce que, justement,
19:18c'est ce que je découvre, c'est que chaque femme
19:20de ma famille avant moi,
19:22à l'âge que j'ai au moment où je commence mon enquête,
19:24s'est interrogée aussi sur Elisabeth
19:26et a cristallisé sa peur sur des mots
19:28comme schizophrénie et tempérament fragile.
19:30Et donc, ces mots qui circulent,
19:32c'est pas forcément avec une intention de nuire,
19:34c'est les mots autour desquels se cristallise la peur.
19:36C'est la question des mots-réflexes,
19:38des récits-réflexes un peu
19:40qui sont...
19:42qui structurent la famille. On sait même plus
19:44trop qui en a décidé, en fait.
19:46Mais c'est là, et ça crée des espèces
19:48de lois tacites, un truc qui régit comme ça
19:50les corps, les pensées.
19:51Mais d'ailleurs, j'ai été très frappée
19:53dans votre livre, Blandine, sur... Vous parlez à la fin
19:55des histoires familiales figées
19:57face auxquelles il faut créer d'autres récits
19:59qui peuvent être familiaux ou pas.
20:01Et je trouve que nos deux textes ressemblent beaucoup
20:03dans leur hybridité, mais comme deux moyens
20:05complètement opposés de répondre
20:07à ce que sont ces récits familiaux figés.
20:09D'un côté, avec un espèce de corps
20:11intellectuel qui va puiser comme ça
20:13chez plein d'auteurs, d'autrices,
20:15et créer une sorte de famille
20:17intellectuelle rêvée, presque,
20:19en quelque sorte. Si on pouvait
20:21ne pas utiliser le mot famille...
20:23Non, ça me va !
20:25Et le mien est aussi
20:27un corps familial
20:29alternatif produit par la littérature,
20:31et l'un et l'autre, pour moi,
20:33répondent à ces récits figés
20:35desquels on a besoin de sortir
20:37pour pouvoir grandir.
20:39Ce qu'il faut quand même ajouter dans votre récit,
20:41Adèle Lyon, c'est ce qu'on découvre,
20:43et là, c'est le fruit d'une enquête scientifique,
20:45vous faites des recherches sur ces médecins
20:47du début du siècle qui ont considéré
20:49qu'il fallait combattre
20:51la folie par certains moyens,
20:53et notamment par des choses violentes,
20:55et la lobotomie, c'est ce qui va se passer.
20:57Et c'est une pratique
20:59qu'on connaît, mais que vous précisez,
21:01et c'est évidemment effroyable,
21:03parce que cette femme, Betsy,
21:05elle a été victime de ça.
21:07Oui, c'est une pratique qui a été extrêmement peu
21:09documentée en France, elle l'est un peu plus aux Etats-Unis,
21:11qui consiste à
21:13séparer le lobe frontal
21:15qui se situe à l'avant du cerveau
21:17du reste du cerveau, pour limiter
21:19toutes les réactions négatives qui sont associées
21:21à la maladie mentale, l'angoisse,
21:23la colère, etc.
21:25Et effectivement, il y en a eu...
21:27En fait, la lobotomie a été inventée
21:29au Portugal, donc en Europe,
21:31et elle est passée par les Etats-Unis
21:33pour être popularisée et revenir
21:35en Europe, donc elle fait ce détour par les Etats-Unis.
21:37Et étrangement, quand je commence
21:39cette enquête, je ne trouve rien
21:41sur la pratique de la lobotomie en France, rien.
21:43Et finalement, vous allez trouver,
21:45parce que vous recherchez là où elle est internée,
21:47etc. Tout à fait, je le trouve...
21:49Comme je ne trouve jamais son dossier médical,
21:51je dois compléter des informations
21:53en allant chercher l'histoire
21:55de d'autres femmes dont je trouve
21:57les dossiers médicaux qui ont été lobotomisés.
21:59Mais c'est une histoire qui reste
22:01encore entièrement à faire.
22:03Quand on écrit,
22:05l'une et l'autre,
22:07sur sa propre famille, bien sûr,
22:09est-ce qu'on se soucie
22:11de ce que vont penser
22:13la famille qui reste du livre ?
22:15Est-ce que vous avez pensé,
22:17Blandine, à ce que, je ne sais pas,
22:19votre mère pense ? Est-ce qu'elle a jugé ?
22:21Bien sûr, c'est compliqué.
22:23En même temps, la littérature vous appartient,
22:25mais...
22:27Moi, j'ai une conception,
22:29je pense que c'est important de garder un souci éthique
22:31quand on écrit.
22:33Je ne me sens pas très proche
22:35du discours qui voudrait dire
22:37qu'il faut être un monstre d'égoïsme, sans foutre, etc.
22:39Je ne crois pas et je crois même que les questions éthiques
22:41souvent posent des questions esthétiques.
22:43Souvent, quand il y a quelque chose
22:45qui éthiquement ne va pas,
22:47qui va blesser, c'est que quelque chose
22:49n'est pas tout à fait bien dit,
22:51qu'il faut encore travailler la matière.
22:53Je crois à ça.
22:55Je suis extrêmement d'accord.
22:57Je peux l'illustrer d'une manière très concrète.
22:59Il est souvent remarqué, au sujet de mon livre,
23:01que je ne commente pas, que je suis très peu
23:03dans le commentaire et dans l'analyse,
23:05et que les choses sont données un peu à prendre aux lecteurs.
23:07Cette forme-là,
23:09elle naît complètement de ce souci
23:11de ne pas imposer
23:13des vérités aux membres de ma famille,
23:15dont je sais qu'elles vont être douloureuses pour eux.
23:17Ils vont lire, ils vont regarder.
23:19Et de les laisser faire
23:21leurs propres liens à partir des matériaux que je trouve.
23:23Est-ce qu'on peut considérer qu'après
23:25d'avoir écrit ces choses introspectives,
23:27où vous dites je l'une et l'autre,
23:29est-ce que...
23:31C'est ce que vous dites un peu,
23:33mais est-ce qu'on avance sur soi ?
23:35Est-ce qu'on a découvert des choses sur soi ?
23:37Est-ce qu'on est, j'allais dire,
23:39apaisé sur certaines choses ?
23:41Oui, le fait de nommer,
23:43en tous les cas,
23:45est clairement central
23:47dans ma manière d'appréhender la vie.
23:49Le fait de nommer parfois et de remettre
23:51des termes qui me semblent être les bons
23:53sur des termes qui avaient été confisqués,
23:55évidemment, oui, a un effet.
23:57Un effet, mais même physique.
23:59Par exemple, ma voix a baissé.
24:01Il y a un truc d'affirmation, je pense, de soi.
24:03Ça, c'est l'évidence.
24:05Mais aussi,
24:07et spécifiquement avec ce livre-là,
24:09ça m'a surtout permis de me relier.
24:11C'est un livre écrit depuis un endroit très âpre,
24:13même potentiellement risible,
24:15très solitaire,
24:17très intime, finalement.
24:19Mais la manière dont j'ai travaillé le texte
24:21et la manière dont, depuis sa sortie, il vit,
24:23me permet de me sentir très reliée.
24:25Une communauté de solitude
24:27qui sortent comme ça du bois,
24:29qui font signe.
24:31C'est chaleureux.
24:33Ça m'apporte de la chaleur.
24:35Pour vous, Adèle Lyon,
24:37on le comprend dans le livre,
24:39vous dites qu'elle n'était pas folle,
24:41donc je n'ai pas de risque.
24:43Non, mais c'est absolument vrai.
24:45Ce qui se passe d'assez cardinal
24:47dans l'écriture de ce livre,
24:49c'est qu'à la fin, je n'ai plus peur.
24:51C'est fondamental.
24:53Je n'ai plus peur et je transmets l'absence de peur
24:55aux autres femmes de ma famille.
24:57Vous avez rassuré tout le monde.
24:59J'espère.
25:01Dans mon cas, la question de la souffrance
25:03dans le foyer, de la souffrance en famille,
25:05ne me semble pas être une question
25:07strictement féminine.
25:09On parle des normes domestiques
25:11qui sont imposées aux femmes
25:13ou de manière spectaculaire aux femmes.
25:15Mais je pense qu'il y a des hommes
25:17qui s'auto-intoxiquent, qui souffrent
25:19et même qui ont l'impression
25:21d'être condamnés à être dominants.
25:23On ne peut pas se sentir bien
25:25avec cette idée-là.
25:27Bien sûr.
25:29Pour clore cette émission,
25:31quelques coups de cœur.
25:33D'abord, une femme sur le fil.
25:35C'est la rédaction de Bonheur des livres
25:37qui nous le conseille.
25:39Elle est toujours passionnante
25:41pour son inventivité.
25:43C'est un livre original
25:45qui veut prolonger la discussion
25:47que nous avons eue.
25:49Elle raconte mille courtes séquences,
25:51une histoire d'une petite Zoé
25:53qui cherche à échapper
25:55à l'emprise d'un oncle insistant.
25:57On n'est pas très loin
25:59de ces questions familiales.
26:01Et puis, Mensonges au paradis
26:03à C.Colombe Schneck.
26:05C'est la sortie en poche
26:07qui construit une œuvre assez légère
26:09mais toujours profonde.
26:11Colombe Schneck, donc Mensonges au paradis.
26:13Et pour ma part, je rappelle que
26:15David Fuentino sort Tout le monde aime Clara.
26:17Je dirais que c'est un
26:19de ses plus jolis livres.
26:21Il avait eu le Renaudot pour Charlotte
26:23qui évoquait bien sûr cette peintre
26:25qui avait résisté au nazisme
26:27et qui avait été déportée.
26:29Là, c'est tendre
26:31et assez intense puisque c'est l'histoire
26:33d'une jeune fille qui va avoir un accident de la route
26:35et qui va rester dans le coma
26:37et qui va en sortir en ayant des pouvoirs
26:39un peu étranges de préscience
26:41un peu d'extra-lucidité
26:43qui va leur changer bien sûr
26:45sa relation aux autres et à elle-même.
26:47Voilà, ça s'appelle Tout le monde aime Clara.
26:49Alors, je vous remercie infiniment
26:51toutes les deux d'être venues pour deux livres
26:53absolument passionnants qui nous font réfléchir
26:55sur les questions qui nous touchent évidemment
26:57notamment les origines, la famille,
26:59l'hérédité, etc.
27:01les générations successives.
27:03On se retrouve très vite pour Au bonheur des livres.
27:05Vous pouvez bien sûr retrouver tout cela
27:07sur le site de l'émission bonheurdeslivres.fr
27:09ou publicsenat.fr plutôt.
27:11A très vite.

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