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Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur analysent les temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale.Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Alain Joyandet, sénateur « Les Républicains » de la Haute-Saône et Antoine Léaument, député « La France Insoumise » de l’Essonne. Au programme, la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic, examinée à l’Assemblée nationale depuis le 17 mars et deux propositions de loi des LR du Sénat, inspirées par Bruno Retailleau.La lutte contre le narcotrafic au cœur de débats houleux à l’Assemblée. Ce texte prévoit notamment la création d’un parquet spécialisé dans le crime organisé, un régime spécial d’isolement carcéral, et autorise les services de renseignement à accéder aux messageries cryptées des trafiquants de drogue. Il est décrié par la gauche, qui y voit une atteinte aux libertés fondamentales. Les sénateurs ont, de leur, côté, adopté deux propositions de loi chères à Bruno Retailleau, la première vise à allonger le maintien en rétention des étrangers condamnés pour des faits graves, la seconde durcit les conditions d’accès aux aides sociales pour les personnes immigrées. Année de Production :

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00:00Générique
00:02...
00:08Bonjour à tous.
00:09Heureux de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:12de Parlement hebdo.
00:13L'émission revient sur les temps forts.
00:16Nous vous proposons un débat entre un député et un sénateur.
00:19Aujourd'hui, nous accueillons Antoine Léaumant.
00:22Vous êtes député La France insoumise de l'Essonne.
00:24Alain Joyandet. Bonjour.
00:26Sénateur Les Républicains de Haute-Saône.
00:28Vous débattrez tous les deux de la proposition de loi
00:31de lutte contre le narcotrafic
00:33examinée cette semaine à l'Assemblée nationale.
00:35Les députés ont adopté la création d'un parquet national spécialisé
00:39contre le crime organisé.
00:40Ils ont supprimé l'accès des autorités
00:42aux messageries cryptées des trafiquants.
00:45Les sénateurs ont, de leur côté, adopté deux propositions de loi
00:48soutenues par le ministre de l'Intérieur Bruno Rotailleau
00:51sur l'immigration.
00:53La première vise à allonger le maintien en rétention
00:55des étrangers condamnés pour des faits graves.
00:58Et l'accès aux aides sociales pour les personnes immigrées.
01:01Mais d'abord, la lutte contre le narcotrafic
01:03avec l'une des mesures qui a fait débat,
01:05la création d'un régime carcéral spécial
01:08pour les trafiquants les plus dangereux.
01:10Récit de séance, Elsa Mondingava.
01:12Musique dynamique
01:15C'est une des mesures phares pour lutter contre le narcotrafic,
01:19mais elle est aussi très contestée.
01:22Portée par le garde des Sceaux Gérald Darmanin,
01:24ajoutée au texte après son passage au Sénat,
01:28la création de quartiers de lutte contre la criminalité organisée.
01:31Ce qui compte, c'est que l'autorité de l'Etat
01:34et de ses agents doivent être respectés.
01:36Comment faire respecter cette autorité de l'Etat ?
01:39En coupant le lien avec l'extérieur.
01:42Puisque ces organisations criminelles
01:45continuent à recevoir des ordres des dirigeants
01:48dans leur prison.
01:49600 à 900 détenus identifiés comme particulièrement dangereux
01:53seraient concernés, qu'ils soient condamnés ou mis en examen.
01:57Ce nouveau régime de détention serait de l'aveu même
02:00du gouvernement difficile.
02:02Usage restreint du téléphone,
02:04parloir avec dispositif de séparation,
02:07interdiction d'accès aux unités de vie familiale,
02:10fouilles intégrales facilitées.
02:12C'est une fabrique à fou que vous allez aujourd'hui réouvrir.
02:17En fait, c'est la République qui installe en son sein
02:20des espaces qui bafouent les droits fondamentaux.
02:24Et c'est extrêmement grave, monsieur le ministre.
02:27L'article a été adopté.
02:29Le Bloc gouvernemental, le Rassemblement national,
02:32l'UDR et le groupe Lyot ont voté pour.
02:35Toute la gauche a voté contre.
02:37Voilà, et on le rappelle, ce jeudi,
02:39les députés ont supprimé la mesure qui permettait
02:42d'accéder aux messageries cryptées des trafiquants.
02:46Antoine Léaumont, une question pour vous isoler
02:48les trafiquants de drogue les plus dangereux.
02:51Est-ce qu'il y a du bon sens pour vous
02:53quand on voit l'ultra-violence de certaines actions,
02:56comme le cas de l'ex-détenu Mohamed Amra,
02:58qui a tué de sang-froid deux convoyeurs de fond l'an dernier ?
03:01Je signale que, normalement, si on appliquait les règles,
03:04ce serait le cas.
03:05Ce qui manque dans les prisons à l'heure actuelle,
03:08c'est surtout des moyens, des personnels,
03:11pour faire appliquer les règles qui ont cours dans les prisons.
03:14Mais ce que je crains avec ce dispositif,
03:16en plus des questions d'ordre humanitaire,
03:19c'est que ça ne convainc plus personne.
03:21On peut parler des prisonniers comme étant presque des sous-humains
03:25qu'on pourrait maltraiter, et tout le monde trouve ça normal.
03:28Enfin, tout le monde, pas nous,
03:30mais désormais, quand on utilise ces arguments-là,
03:32on l'a vu face à nous à l'Assemblée nationale,
03:35on nous dit que nous sommes les amis des narcotrafiquants,
03:38qu'on veut qu'ils soient bien traités.
03:40On veut que les droits humains soient respectés,
03:43ce qui est normalement la base.
03:45Je vais donner un argument supplémentaire
03:47Quand on met au même endroit les narcotrafiquants,
03:50on concentre les capacités corruptives,
03:52parce que ce sont des gens très puissants,
03:55qui ont beaucoup d'argent,
03:56et qui peuvent utiliser ces moyens financiers.
03:58Mais je vais plus loin.
04:00La corruption, ce n'est pas seulement l'argent,
04:02c'est aussi la menace.
04:03J'ai posé une question à monsieur Darmanin,
04:05sur laquelle je n'ai eu aucune réponse,
04:07qui est d'accord, à l'intérieur de la prison,
04:09vous mettez en place des règles sécurisées,
04:12mais à l'extérieur de la prison, il se passe quoi ?
04:14Il se passe quoi quand la personne qui travaille
04:16rentre chez elle ?
04:18Elle peut être suivie ?
04:19On peut observer où elle va ?
04:20On peut regarder la composition de sa famille
04:23et où vont ses enfants ?
04:24C'est ça, les questions qui sont posées,
04:26et sur lesquelles, malheureusement,
04:28nous n'avons eu aucune réponse de monsieur Darmanin.
04:30Isoler ces narcotrafiquants les plus dangereux,
04:33c'est la bonne solution,
04:34alors qu'on entend certains députés de gauche
04:36qui disent attention aux droits des détenus,
04:39et cet isolement peut rendre fou
04:41et augmenter le risque de récidive.
04:42La question est simple.
04:44Est-ce que la situation actuelle est satisfaisante ?
04:46Non. Vous avez parlé de Mohamed Amra.
04:48On a vu ce qui s'était passé.
04:50Beaucoup d'argent, certes, beaucoup d'organisation,
04:53et l'organisation continue depuis la prison.
04:55Est-ce qu'on peut continuer ?
04:57Donc, Gérald Darmanin propose cette formule,
04:59que je soutiens complètement.
05:01Alors, la gauche s'offusque, droit de l'homme, oui,
05:04mais enfin, les droits, c'est bien,
05:07mais il faut aussi préserver le droit de nos concitoyens.
05:10Quand on voit quelqu'un qui s'échappe,
05:12qui tue deux convoyeurs,
05:15comme ça, comme si c'était simple, au fond,
05:17il faut bien faire quelque chose.
05:19D'ailleurs, la gauche vote contre,
05:21mais est-ce que la gauche a fait des propositions ?
05:24Qu'est-ce que la gauche propose ? Rien.
05:26Donc, moi, effectivement, je soutiens
05:28une solution volontariste.
05:30Il faut vraiment s'organiser pour combattre ce narcotrafic.
05:33Antoine Léaumont, les députés ont supprimé la mesure
05:36qui devait permettre aux autorités d'avoir accès
05:39aux messageries cryptées des trafiquants.
05:41Est-ce qu'en 2025, Antoine Léaumont,
05:43peut-il se passer d'un tel outil
05:45et donner une longueur d'avance aux narcotrafiquants ?
05:48Il faut expliquer que cette mesure ne fonctionne pas.
05:51Ce qui était prévu dans la mesure,
05:53c'était que les...
05:54les types WhatsApp pouvaient communiquer les données,
05:58mais ce sont des données qui restent cryptées.
06:01Je veux bien qu'on nous envoie des données,
06:03mais s'elles restent cryptées, ça ne sert à rien, en réalité.
06:07Donc, on est en thèse des mesures dont on ne...
06:09Mais M. Médy, qui défendait la mesure,
06:11nous a dit lui-même...
06:13Un député macroniste.
06:14Au pire, c'est une coquille vide, au mieux, ça servira à quelque chose.
06:18Mais quand on nous défend une mesure comme ça,
06:20c'est mal défendu, et ça montre que ça ne fonctionne pas.
06:23Ensuite, M. Retailleau nous a dit qu'il y a un outil signalé
06:27à l'intérieur des messageries qui peut permettre de sortir du cryptage.
06:30On compte donc sur les narcotrafiquants
06:33pour signaler les contenus problématiques.
06:35Après, il y a d'autres problèmes qui sont posés.
06:38Si on affaiblit le cryptage, ce qui n'était plus proposé à la fin,
06:41ça veut bien dire que nos arguments ont porté.
06:44Si on affaiblit le cryptage, on affaiblit la France,
06:47parce qu'on affaiblit potentiellement la France
06:49vis-à-vis de l'espionnage étranger.
06:51On ne peut pas être d'accord avec ça.
06:54Enfin, je fais vite, mais il y a beaucoup d'arguments.
06:56Dernier point, les narcotrafiquants veulent des messageries sécurisées.
07:00Pense-t-on qu'ils vont continuer à utiliser des messageries
07:04qui ne seraient plus sécurisées ? Non.
07:06C'est ce qu'ont montré des dossiers comme Encrochat et SkyECC,
07:09et par la police judiciaire.
07:11On peut se féliciter d'avoir des forces de police et de gendarmerie
07:14qui sont capables de faire ce travail-là.
07:17C'est ça qu'ils utilisent.
07:18Si on leur dit que ce n'est pas sécurisé,
07:21ils vont utiliser autre chose et on n'aura aucune information.
07:24Est-ce qu'il fallait, même s'il y a des doutes
07:27sur la faisabilité technique du dispositif,
07:29essayer de rendre accessibles ces conversations cryptées
07:32des narcotrafiquants ?
07:34Ce que dit mon collègue parlementaire
07:36n'est pas faux.
07:37Sur le plan technique, il y a un certain nombre de sujets.
07:40Mais sur le principe d'une loi...
07:42C'est une fausse bonne idée.
07:44Oui, mais ce n'est pas une fausse bonne idée.
07:46C'est un besoin pour la justice et pour la police.
07:49Donc il faut légiférer.
07:50Après, les problèmes techniques, c'est autre chose.
07:53Je regrette un peu que l'Assemblée détricote
07:56ce qu'on a fait au Sénat.
07:57Ici, c'est quand même exemplaire, le travail qu'on a fait.
08:01On est public Sénat, Assemblée nationale ce matin,
08:03mais en tout cas au Sénat.
08:05Ce texte est la conséquence d'un travail en commun
08:08entre la gauche et la droite,
08:10de deux sénateurs, Etienne Blanc et Jérôme Durin,
08:13l'un est LR, l'autre est PS,
08:15et ce texte a été voté au Sénat à l'unanimité.
08:18C'est un texte transpartissant.
08:20Mais c'est exceptionnel.
08:22Exceptionnel qu'au Sénat...
08:23Vous regrettez le travail de l'Assemblée ?
08:25Même si on a un travail en commun,
08:28c'est très rare qu'un texte soit voté à la totale unanimité.
08:31C'est un texte d'intérêt national.
08:34Et moi, je regrette que, pour des questions techniques,
08:37parce que c'est pas à nous, les parlementaires,
08:40de regarder les questions techniques.
08:42Nous, on doit afficher une véritable volonté
08:45contre le narcotrafic.
08:46Après, il y aura les décrets d'application,
08:49un certain nombre de choses,
08:51mais il faut donner les moyens à la justice et à la police
08:54d'assurer la liberté, non pas des narcotrafiquants,
08:57mais des citoyennes et des citoyens
08:59qui doivent pouvoir jouir de cette liberté
09:01au pays des libertés.
09:03Il y a des mesures qui provoquent un insentiment général.
09:07Par exemple, la mesure sur le dispositif repenti,
09:10ceux qui vont coopérer avec la justice
09:12en échange de réduction de peine.
09:14D'ailleurs, nous, les Insoumis,
09:16on a proposé de reprendre les mesures du Sénat
09:19et d'aller aussi loin qu'elle est le Sénat.
09:21Malheureusement, c'est la droite qui ne voulait pas aller aussi loin.
09:25Ce texte, il est assez...
09:26Vous n'êtes pas dans le consensus entre la droite et les socialistes ?
09:30Sur beaucoup de mesures.
09:32À l'Assemblée, les socialistes sont plus souvent d'accord avec nous
09:36qu'avec le texte.
09:37Il y a des mesures qui peuvent créer un insentiment général.
09:40Les repentis, c'est bien,
09:41car ça permet d'obtenir des informations
09:43et d'éviter que des crimes soient commis.
09:46Ça provoque un insentiment général.
09:48Pourtant, c'est des questions philosophiques et morales
09:51de haut niveau.
09:52Est-ce qu'on est d'accord pour dire qu'une personne qui a commis
09:56un crime va avoir une réduction de peine
09:58ou pas ?
09:59C'est une question philosophique très importante.
10:02Est-ce qu'on lui donne une peine moindre ?
10:04Est-ce qu'elle doit avoir la peine complète ?
10:06Comment nous donne-t-elle des informations ?
10:09Ce ne sont pas des questions de gauche ou de droite,
10:11mais d'intérêt général.
10:13Il y a d'autres mesures sur lesquelles on ne peut pas être d'accord.
10:17Vous êtes d'accord ?
10:18Le consensus créé au Sénat,
10:19on a l'impression qu'il disparaît.
10:21J'apprécie les propos plutôt modérés et consensuels
10:25de mon collègue de la France insoumise.
10:27Ce n'est pas courant de la part de la France insoumise,
10:30donc je veux le saluer.
10:31Mais il n'empêche que sur les questions hautement philosophiques,
10:36sur lesquelles je veux revenir, justement, un instant.
10:39On ne peut pas mettre en balance, si vous voulez,
10:41la liberté d'un narcotrafiquant et la liberté du citoyen
10:46et l'organisation de la société.
10:48À un moment donné, pardon de m'exprimer ainsi,
10:52mais quand vous avez le choix entre la peste et le choléra,
10:55il faut essayer de prendre la moins mauvaise solution.
10:58Tout n'est pas parfait dans ce qui est proposé
11:02pour essayer de contenir le narcotrafic,
11:04mais au moins, donnons-nous la priorité de faire ça d'abord.
11:08Et puis après, les conditions dans lesquelles
11:12les narcotrafiquants vont être incarcérés,
11:14ce n'est pas aussi important que la liberté du citoyen.
11:17Pour faire très vite là-dessus,
11:19c'est une mesure dont vous n'avez pas débattu au Sénat.
11:22On en débat ce matin.
11:23Bien sûr.
11:24Ce que je veux dire, c'est que ça, c'est un élément
11:27qui a été rajouté par M. Darmanin
11:29quand le texte est arrivé à l'Assemblée nationale.
11:31Le Sénat ne s'est pas prononcé sur ces mesures-là.
11:34Or, il y a des éléments qui sont très problématiques
11:37sur le plan des libertés.
11:38On finit par un point sur ce plan des libertés,
11:41une mesure qui fait polémique dans ce texte
11:43qui concerne ce qu'on appelle le dossier coffre.
11:45On va l'expliquer concrètement.
11:47Ce texte prévoit que dans certaines affaires de narcotrafic,
11:50l'avocat de la défense des narcotrafiquants
11:53a mis en place certains éléments de l'enquête,
11:55certaines mises en place d'écoute, notamment de trafiquants,
11:58des éléments qu'on met dans ce dossier coffre.
12:01Pourquoi la gauche est opposée à ce dispositif ?
12:04Je pense que vous l'avez assez bien expliqué.
12:07Il y a un principe fondamental en droit pénal,
12:09ou en droit, d'ailleurs,
12:11qu'il doit y avoir une égalité des armes.
12:13Égalité des armes entre la défense
12:15et le procureur qui, généralement, attaque.
12:17Il n'y a pas d'égalité des armes...
12:19Ça fragilise les enquêtes,
12:21que les magistrats le disent.
12:22Il y a plusieurs questions qui sont posées.
12:25Il y a une question qui est posée de protection des techniques.
12:28Il y a une question qui est posée de protection des personnels
12:31et notamment d'anonymisation des personnes
12:33qui travaillent dans les enquêtes.
12:35Il y a un problème sur le plan de la Déclaration des droits de l'homme
12:39et du citoyen.
12:40On a le droit de demander compte à tout agent public
12:42de son administration.
12:44Je suis pour que nous favorisions l'anonymisation des personnes
12:47qui travaillent dans les enquêtes pour les protéger,
12:50tuer notamment, menacer, parce que c'est un danger majeur.
12:53Néanmoins, on ne peut pas dire
12:55qu'on va obtenir des informations avec des moyens
12:57qui ne seraient pas critiquables.
12:59Sur cette mesure-là,
13:01est-ce que vous convenez que c'est contraire
13:03au droit de la défense ?
13:04Dans la théorie, on peut dire que c'est contraire
13:07au droit de la défense.
13:09Est-ce qu'on se place, pardon d'employer ce terme,
13:11dans une justice d'exception ?
13:14Voilà. Est-ce qu'on accepte une justice d'exception
13:19pour le très grand banditisme,
13:21pour la sécurité nationale ou pas ?
13:23C'est comme ça que je vois les choses.
13:25J'entends bien, évidemment,
13:27qu'on en reste sur les principes fondamentaux
13:30du droit commun, quelque part.
13:32Je suis plutôt tenté de dire que pour des choses comme celles-là,
13:35pour ce qu'on a vu récemment,
13:37ça ne me choque pas qu'on sorte un peu du droit commun
13:40et qu'on soit un peu dans une justice d'exception,
13:43parce qu'un phénomène d'exception, aussi, justice...
13:46Il faut répondre.
13:47Il ne faut pas se laisser faire par le narcotrafic.
13:50Au programme des débats du Sénat, cette semaine,
13:53il était question d'immigration.
13:55La majorité de droite et du centre du Sénat
13:57a adopté deux propositions de loi
13:59pour allonger la durée de rétention administrative
14:02des étrangers les plus dangereux
14:04et pour durcir l'accès aux aides sociales
14:07des personnes immigrées.
14:08Antoine Joubeau.
14:10Musique rythmée
14:13-"L'ordre du jour",
14:14rappelle la discussion de la proposition de loi
14:16créant une condition de durée de résidence
14:19pour le versement de certaines prestations sociales.
14:22Mardi, dans l'hémicycle du Sénat,
14:24l'ombre de Bruno Rotailleau
14:26semble planer sur les discussions générales.
14:28Le ministre de l'Intérieur...
14:30Bruno Rotailleau...
14:31L'ancien sénateur, désormais ministre de l'Intérieur,
14:34souhaite mener une politique de fermeté maximale
14:37contre l'immigration.
14:39La droite sénatoriale se fait son porte-voix.
14:42230 contre 109,
14:45le Sénat a adopté...
14:46Le ministre s'en est réjoui sur X.
14:49Félicitations au Sénat pour l'adoption
14:51de la proposition de loi.
14:52Bravo au sénateur pour le vote.
14:55Concrètement, le Sénat allonge le délai de résidence
14:58nécessaire aux étrangers en situation régulière
15:01pour prétendre à certaines aides sociales.
15:03Pour réduire le coût net de l'immigration,
15:05nous proposons d'avoir pour les étrangers
15:07des conditions plus exigeantes
15:09en matière de prestations sociales non contributives.
15:12La Chambre haute augmente également
15:14la durée de rétention administrative
15:16des personnes sans papier,
15:18condamnées pour des faits d'une particulière gravité.
15:20N'oublions pas que le placement en rétention
15:23avant l'exécution des mesures d'éloignement
15:25reste le moyen le plus efficace de les éloigner
15:28et de protéger nos concitoyens.
15:30A gauche, on dénonce la surenchère.
15:33Les 210 jours n'ont donc pas encore été encore votés.
15:37Le ministre nous dit déjà
15:39que vous êtes en quelque sorte petit bras
15:41et qu'il va falloir aller encore plus loin.
15:43Les opposants critiquent aussi des textes
15:45au service de la campagne du locataire de la place Beauvau
15:49alors qu'il brigue la présidence DLR.
15:51Actuellement, on voit bien que Bruno Retailleau
15:53n'a pas la possibilité de déposer un projet de loi
15:56qui porterait son nom.
15:57Ses amis ici, au Sénat,
15:59du groupe dont il a été le président...
16:03Pendant dix ans, oui.
16:04On sait aussi qu'il est en campagne interne
16:06au sein du Parti républicain actuellement.
16:08Effectivement, il pousse son agenda politique
16:11à travers des propositions de loi.
16:13Ces textes doivent désormais passer par l'Assemblée nationale
16:17et surtout éviter une censure du Conseil constitutionnel.
16:20Antoine Léaumange, on commence par réagir
16:23à la proposition de loi sur les aides sociales
16:25qui durcit les conditions d'accès aux aides sociales
16:28versées aux étrangers.
16:30Est-ce que ce modèle social pour les étrangers,
16:33ça peut créer un appel d'air pour l'immigration clandestine ?
16:36Non, bien sûr que non.
16:37Les étrangers ne font pas du droit social comparé
16:40avant de venir dans notre pays.
16:41Pourquoi les gens quittent leur pays ?
16:42C'est une question qui n'est jamais posée par la droite
16:45ou par l'extrême droite.
16:46Les gens quittent leur pays, généralement, pour trois causes.
16:48La première, c'est les guerres.
16:50La deuxième, c'est les causes économiques.
16:51Et la troisième, c'est les causes climatiques.
16:53Sur les causes économiques, par exemple,
16:55on pourrait en parler.
16:56Des gens comme M. Bolloré,
16:57pendant des années, ont exploité en Afrique
16:59un certain nombre de matières premières
17:01et ensuite font des chaînes de télé
17:02pour se plaindre de l'immigration.
17:03Il y a quelque chose qui est assez scandaleux
17:05de mon point de vue.
17:06Et par ailleurs, l'immigration,
17:07ce n'est pas une donnée idéologique.
17:09C'est un phénomène, c'est un fait.
17:11Donc, il y a plusieurs possibilités.
17:13Soit on essaye de se voiler la face et de se dire
17:15ça va s'arrêter ou je ne sais quoi,
17:17en se disant ça va se régler tout seul.
17:19Soit on traite la question de la manière dont elle arrive.
17:22Et moi, ce que je dis, c'est qu'encore une fois,
17:25si on veut parler d'immigration,
17:26il faut parler de la question des causes,
17:27il faut traiter les causes de l'immigration.
17:29Et en particulier, les accords de libre-échange
17:31sont une manière d'appauvrir un certain nombre de pays en Afrique.
17:34Si on prend un exemple comme la Côte d'Ivoire, par exemple,
17:37on a une balance commerciale favorable pour la France
17:41de 400 millions d'euros par an.
17:42C'est-à-dire, pour résumer les choses et pour grossir le trait,
17:44on vole 400 millions d'euros par an à la Côte d'Ivoire
17:47et ensuite, on s'étonne qu'il y ait de l'émigration
17:49depuis la Côte d'Ivoire.
17:50Posez-vous les bonnes questions.
17:51Évidemment, on est des incombes totales,
17:53mais je voudrais prendre un exemple concret
17:55pour que les gens comprennent ce qu'on essaie de faire au Sénat.
17:58On essaie de faire en sorte que la France
17:59ne soit plus le pays le plus généreux d'Europe
18:02en matière d'aide sociale
18:03pour les gens qui viennent ici, pas pour travailler,
18:05mais uniquement pour bénéficier des aides sociales.
18:08Exemple, l'aide médicale d'État, grand débat.
18:11Un immigré en situation irrégulière,
18:14je dis bien irrégulière, qui vient en France,
18:16qui démontre qu'il est en situation irrégulière depuis trois mois,
18:20au lieu de le mettre dans l'avion et de le renvoyer chez lui,
18:23on lui donne droit aux soins hospitaliers illimités.
18:27C'est 1,2 milliard d'euros.
18:29Quand nous étions au gouvernement,
18:31on avait réduit cette aide médicale d'État
18:34pour la restreindre aux urgences.
18:37On était redescendu à 500 millions.
18:39On ne l'avait pas totalement supprimée,
18:40mais la gauche a rouvert à nouveau le robinet.
18:43C'est un appel d'air.
18:44L'immigration clandestine, ce n'est pas que les questions économiques.
18:46Vous êtes pour l'instauration d'une forme de préférence nationale ?
18:49Je ne vais pas employer ce terme de préférence nationale
18:52parce que je ne veux pas faire de raccourci,
18:54mais dire quand même qu'il faudrait qu'un immigré ici,
18:58qui vient chez nous, qu'on accueille,
19:01il démontre qu'il est là depuis deux ans
19:03pour bénéficier des prestations sociales,
19:05dont parfois certains Français qui ont travaillé pendant 40 ans
19:09n'ont pas droit, c'est quand même...
19:12Quand vous avez des retraités qui ont travaillé pendant 40 ans
19:16et qui touchent 700 ou 800 euros par mois
19:18et qui voient qu'un immigré qui est ici depuis six mois
19:20gagne autant qu'eux en étant uniquement là
19:23et en ne faisant rien, ça existe.
19:25Si il faut que je vous démontre les chiffres, je les ai,
19:26je peux les démontrer. La réponse d'Antoine Léon.
19:28J'aimerais bien savoir avec quoi ils gagnent autant.
19:31Parce que les Français, peu importe leur lieu de résidence,
19:34par la force des choses, ils sont en France.
19:36Les Français qui n'ont aucune source de revenu,
19:38ils ont droit au RSA, à la Sécurité sociale et à la CMU,
19:40la contribution mutuelle universelle.
19:44Donc, un Français qui est dans son pays,
19:47il a droit à une couverture sociale
19:49qui lui permet d'avoir un revenu...
19:50C'est pas vrai ?
19:51RSA, Sécurité sociale, CMU.
19:53C'est pas vrai ? Parce que celui qui est retraité...
19:56Celui qui est retraité et qui touche 800 euros par mois,
19:58il n'a pas droit à tout ça.
19:59Monsieur, il faudra regarder le programme de la France insoumise.
20:02C'est pas vrai.
20:03Que vous le proposiez, c'est une chose.
20:04Mais ce que je peux vous dire, c'est que pour l'instant,
20:06c'est pas vrai.
20:06Il y a un minimum vieillesse qui est...
20:08C'est pas vrai ?
20:08Si, il y a un minimum vieillesse qui n'est pas assez élevé.
20:11Et pour notre part, nous proposons...
20:12Donc, vous reconnaissez que des gens français
20:15qui ont un minimum vieillesse certes pas assez élevé
20:18peuvent avoir moins qu'un immigré ?
20:19Non, absolument pas.
20:21Finissez, monsieur.
20:22Je veux bien vous dire...
20:23Vous dites que je reconnais que vous le proposez.
20:26Vous le proposez, mais pour l'instant,
20:28ce que je constate, c'est que c'est pas un entraînement.
20:31Si vous me laissez répondre,
20:33un étranger en situation irrégulière n'a droit qu'à une chose,
20:36c'est l'aide médicale d'État.
20:37Si jamais on enlève l'aide médicale d'État,
20:39c'est-à-dire si on dit, au bout de deux ans,
20:40peut-être qu'on soignera les gens qui sont en situation irrégulière,
20:43c'est-à-dire littéralement, il y a des gens qui peuvent mourir.
20:45Ça, c'est jamais dit, mais quand les gens vont à l'hôpital,
20:48c'est pas par plaisir pour faire je sais pas quoi,
20:50c'est parce qu'ils sont dans des situations qui sont telles
20:52qu'en général, ils peuvent pas faire autre chose
20:53et que sinon, ils vont mourir.
20:54Donc, aucun économie à faire...
20:56Moi, je veux bien qu'on dise...
20:58Non, mais des économies à faire, il y en a un certain nombre,
21:00notamment sur les cadeaux fiscaux
21:01qu'on a faits aux très grandes entreprises de ce pays.
21:03Et il y en a ras-le-bol, d'une manière générale,
21:05pour ma part, en tout cas,
21:07qu'on fasse sans arrêt des cadeaux aux mêmes
21:09et qu'on leur demande jamais d'effort.
21:12Mais je veux aller jusqu'au bout, parce que je veux pas laisser une idée fausse.
21:13Rapidement, après, monsieur le Président.
21:14Très, très rapidement.
21:15La seule aide qui existe pour les étrangers,
21:18c'est l'aide aux demandeurs d'asile,
21:20c'est-à-dire ceux qui sont dans une situation de demande d'asile.
21:22Vous savez combien c'est ?
21:23204 euros par mois.
21:26Voilà. 204 euros par mois, ça fait 6,80 euros par jour.
21:30Voilà la seule aide qui existe pour les personnes demandeuses d'asile.
21:34Mon collègue fait un amalgame entre l'immigration irrégulière
21:39et l'immigration tout court.
21:41Quand j'ai parlé de l'AME,
21:42j'ai bien parlé de l'immigration irrégulière.
21:45Voilà, mais ce qui est clair...
21:47Là, on parle de l'immigration régulière et des aides sociales.
21:49L'immigration régulière...
21:51L'allocation de logements, le teneur, le regroupement familial,
21:54les allocations familiales, etc.
21:56Et avec ça, sans travailler,
21:57un immigré en situation régulière peut gagner beaucoup plus.
22:00Tout le monde le sait, tous les chiffres existent.
22:01Donnez-moi les chiffres.
22:03Je vous ai donné des chiffres précis.
22:04Ça permet aussi de l'intégrer à la société française.
22:07Ça permet de l'intégrer, mais vous savez,
22:08tout immigré qui veut s'intégrer est bienvenu.
22:11L'ensemble de ce dont on parle ce matin
22:13vise quel objectif, au fond ?
22:15Il vise l'objectif de remettre de l'ordre,
22:18de l'ordre dans la société.
22:19Que l'on parle du narcotrafic,
22:20que l'on parle de la situation des immigrés
22:23en situation irrégulière,
22:24ou des immigrés qui sont des immigrés
22:27dans des situations justiciables,
22:29quand même, dans un niveau assez haut.
22:32Tout ça, c'est fait pour quoi, au fond ?
22:35Tout ce que l'on est en train de dire ce matin,
22:37c'est pour essayer de remettre de l'ordre
22:38dans la société française.
22:4070 % des Français souhaitent que l'on remette de l'ordre.
22:43Je pense qu'on est quand même là pour servir les Français.
22:45Antoine Léaument, sur l'aspect sécuritaire,
22:47à la droite sénatoriale, a voté la seconde proposition de loi
22:50qui passe de 90 à 210 jours,
22:52la durée maximum de rétention administrative
22:55pour les étrangers les plus dangereux.
22:57Pour ces personnes, précisément,
22:59est-ce qu'il faut les laisser dehors
23:00une fois que les 90 jours sont dépassés ?
23:02Moi, j'aimerais savoir ce qu'on entend
23:04par les étrangers les plus dangereux.
23:05Parce que les centres de rétention administrative
23:08sont, comme leur nom l'indique...
23:09Pour des crimes de plus de 50 ans.
23:11Précisément, non. Pour l'instant,
23:12c'est des centres de rétention administrative,
23:13c'est-à-dire des décisions administratives.
23:15Il n'y a pas de procès, il n'y a pas de jugement,
23:17il n'y a rien de tout ça.
23:18On décide de placer des gens sur la base de,
23:20attention, potentiellement, ils peuvent être dangereux.
23:22Je ne trouve pas que ça soit la justice.
23:23Et par ailleurs, quand un étranger,
23:25qu'il soit en situation régulière ou en situation irrégulière,
23:28a commis un délit ou un crime,
23:30je suis pour qu'il soit puni par les lois françaises.
23:32Donc, si quelqu'un doit être puni à 5 ans de prison,
23:34on ne va pas lui payer un billet d'avion,
23:35on le punit à 5 ans de prison.
23:37C'est ça, la règle, normalement.
23:38Dans le pays des droits de l'homme, on dit
23:40les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit,
23:42les étrangers comme les Français.
23:43Donc, si les étrangers ou les Français
23:45commettent des crimes ou des délits,
23:46ils sont punis par les lois françaises, point barre.
23:48Moi, je pense que les étrangers sur le sol français
23:52qui sont sous OQTF,
23:54les OQTF ont augmenté quand même de 60 %.
23:57Donc, obligation de quitter le territoire français.
23:58Oui, obligation de quitter le territoire français.
24:00Ils ont quand même augmenté de 60 % en 5 ans.
24:03Il y a quand même un sujet.
24:04Il faut s'en occuper, il faut faire quelque chose.
24:06Quand ils sont en CRA,
24:07quand ils sont en centre de rétention administrative,
24:10je suis désolé, je considère qu'ils n'ont pas les mêmes droits
24:13que les Français qui sont en situation régulière.
24:15Ah, c'est culinaire.
24:16Oui, je suis désolé, mais enfin, ils n'ont pas les mêmes droits
24:19puisqu'ils sont en situation irrégulière,
24:21ils sont sous OQTF.
24:22Et donc, donner, pour revenir à la proposition de loi
24:24et à votre question, donner plus de délais
24:27pour la rétention, je suis évidemment favorable.
24:29Écoutez, on a des exemples de faits divers,
24:33regrettables, d'OQTF,
24:35qui étaient en centre de rétention administrative,
24:37qu'on a été obligé de sortir
24:39parce qu'ils avaient dépassé le délai légal
24:41et qui ont commis l'irréparable en sortant.
24:43Donc, s'il faut les garder 200 jours ou 300 jours
24:46parce qu'il faut laisser le temps à l'administration
24:49de se prononcer pour les renvoyer dans leur pays,
24:51ça me paraît tellement évident et pas contestable.
24:54Juste pour répondre, qu'est-ce qu'on fait des étrangers
24:57qu'on n'arrive pas à expulser et qui sont évalués comme dans le fond ?
24:59C'est précisément peut-être la question qu'il faut poser
25:00parce qu'en l'occurrence, le cas, je pense,
25:03auquel pense mon collègue sénateur,
25:05c'est une personne dont on disait
25:08qu'elle devait être expulsée en Algérie.
25:10Il y avait un débat...
25:12L'administration française n'a pas envoyé les papiers au bon endroit
25:15ou l'administration algérienne n'a pas reçu les papiers au bon endroit.
25:18Donc, ensuite, s'est produit quelque chose.
25:19Mais on ne réglera pas la question
25:21en disant qu'on va allonger la durée de détention.
25:23Ça va poser toute une série d'autres problèmes
25:25dont on ne parle jamais,
25:26mais ça pose toute une série d'autres problèmes,
25:28notamment la question des places.
25:30Et moi, je ne suis pas favorable
25:32à des régimes de détention administrative.
25:34Et c'est la fin de ce débat.
25:35Merci à tous les deux d'y avoir participé.
25:37Pour finir, un mot sur l'opération
25:39Une jonquille contre le cancer,
25:41opération menée par l'Institut Curier.
25:43Pour faire un don de 5 euros à la recherche contre le cancer,
25:46envoyez le mot ESPOIR par SMS au 92002
25:49ou en ligne sur le site unejonquillecontrelecancer.fr.
25:53Voilà, c'est la fin de cette émission.
25:54On se retrouve la semaine prochaine, comme toujours.
25:56Ciao, ciao.
26:00SOUS-TITRAGE ST' 501

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