On connaît leur voix et leur visage, parfois un peu moins leur histoire, familiale ou intime : Marie Drucker et Marc Lavoine sont des vedettes qui nous semblent familières, mais que leurs livres permettront de découvrir d’une autre façon. C’est ce à quoi nous invite Claire Chazal, en les recevant sur le plateau de « Au bonheur des livres » pour leurs ouvrages « Nos cœurs déracinés » (Ed. Grasset) et « Quand arrivent les chevaux » (Ed. Fayard).Marie Drucker raconte ainsi l’histoire de sa famille, venue d’Europe de l’Est et qui choisit la France ; l’occasion de réfléchir, non seulement à ses origines, mais plus généralement à ce que peut représenter une culture et signifier profondément une identité. Marc Lavoine, quant à lui, après avoir déjà évoqué son père dans un livre précédent, s’attache, par une écriture poétique originale, à rendre hommage à sa mère, au chevet de laquelle il convoque toutes les ressources de l’imaginaire…Ce sont donc deux expériences fortes, à la fois de création et de témoignage, qui se croiseront et dialogueront dans le cadre, toujours bienveillant, de l’émission littéraire de Public Sénat ! Année de Production :
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre National du Livre.
00:04– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:07– Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat,
00:26je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro
00:28« Au bonheur des livres », vous le savez chaque semaine
00:30nous tentons de vous donner envie de lire des livres tout simplement,
00:34mais aussi de découvrir, de mieux connaître leurs auteurs.
00:37Avec deux invités aujourd'hui qui ont fait, vous allez le comprendre,
00:41chacun en écrivant une démarche personnelle, intime,
00:45dans un registre qui n'est pas forcément le plus naturel pour eux,
00:48ils ont une autre activité, artistes ou journalistes ou documentaristes.
00:53Mais ces deux livres nous ont intéressés non seulement sur le fond,
00:56sur ce qu'ils disent, mais aussi sur la forme, car c'est de la littérature.
00:59D'abord celui de Marie Drucker, « Nos cœurs déracinés » chez Grasset,
01:02dans lequel vous revenez, Marie Drucker, sur l'histoire tout simplement
01:07de vos parents et de vos grands-parents juifs.
01:09Vous le faites de façon très simple et très touchante, bouleversante même.
01:13Et donc, à l'occasion de ce livre, vous vous interrogez sur l'identité,
01:17qu'est-ce que c'est que l'identité, sur les drames de l'histoire bien sûr,
01:20ce que nous avons tous vécu, mais que vous aussi, dans votre chair,
01:24vous avez vécu, puis sur la religion.
01:26Et puis vous, Marc Lavoine, vous signez « Quand arrivent les chevaux » chez Fayard.
01:31Alors là, pour vous aussi explorer des origines,
01:34mais pour rendre hommage à votre mère, à une mère qui est morte en 2011.
01:38C'est un hommage plein de poésie, d'images onériques,
01:42pour surmonter la disparition de l'être aimé,
01:44puis après pour survivre à sa façon, vous, le fils de cette femme.
01:50Alors Marie Drucker, je vous rappelle, vous êtes journaliste bien sûr,
01:52vous êtes aussi documentariste, scénariste,
01:55et vous avez écrit plusieurs ouvrages.
01:57Mais cette fois, vous vous dévoilez, dans un livre personnel, je le disais,
02:01mais sans aucune ostentation, je dirais sans étalage,
02:04en tout cas c'est ce que j'ai ressenti, dans nos cœurs déracinés.
02:07Vous nous racontez donc l'histoire de ces quatre grands-parents juifs
02:10qui viennent d'Europe centrale, une histoire qui fait d'exil, de peur,
02:15mais aussi d'un grand amour de la France qui les a accueillis.
02:18Alors c'est un témoignage qui s'est imposé à un moment de votre vie,
02:22donc Marie Drucker, je crois que vous l'avez dit,
02:24mais je crois qu'on peut le préciser d'emblée,
02:26il s'est imposé parce que le 7 octobre, parce qu'il s'est passé ce qu'il s'est passé.
02:30Alors le premier niveau de lecture, oui, c'est ça,
02:34puisque j'ai écrit trois pages, qui sont d'ailleurs les trois premières pages du livre,
02:39quelques semaines après le 7 octobre,
02:42et puis, alors il n'y avait absolument aucune intention,
02:44si on m'avait demandé encore il y a un an,
02:47mais pourquoi tu n'écris pas, etc.,
02:48j'aurais dit mais pas du tout, ce n'est pas mon lieu d'expression,
02:52je ne saurais pas quoi écrire,
02:54et donc, j'ai laissé ces trois pages de côté,
02:59et puis, quelques temps plus tard,
03:01je les ai retrouvées dans mon ordinateur et je les ai lues,
03:03et je me suis dit,
03:06peut-être c'est le démarrage de quelque chose,
03:08mais toujours est-il que ça s'est imposé,
03:10et puis le texte est sorti comme ça,
03:14et vraiment, il s'est imposé à moi de façon un peu immanente,
03:18il est advenu sans que je l'intellectualise plus que ça.
03:21Et vous avez tiré un fil sur l'histoire de ces deux familles,
03:24on va en parler, très touchante, bien sûr,
03:27c'est l'occasion, Marie Drucker, évidemment,
03:29puisque vous dites, je suis juive,
03:31alors certains vous ont dit, c'est courageux de le dire aujourd'hui,
03:33vous dites, mais non, pourquoi est-ce que c'est courageux,
03:35c'est ainsi, c'est un fait.
03:37Ah oui, oui, et puis j'ai trouvé ça,
03:39c'est vraiment un signe des temps,
03:41vous publiez un livre dans lequel vous dites,
03:43et puis je dis beaucoup d'autres choses aussi,
03:45je parle de la maternité, de mon ancien métier de journaliste,
03:49et puis, effectivement, l'histoire de mes quatre grands-parents,
03:53et on m'a dit, alors là, bravo, c'est courageux.
03:55Et je trouve ça terrible qu'on considère comme un courage
03:58d'affirmer cette identité-là aujourd'hui.
04:00Alors, on va revenir, bien sûr, sur l'histoire précise
04:02de ces quatre grands-parents, qui est différente, d'ailleurs,
04:04du côté paternel au côté maternel,
04:06et bien sûr, vous vous interrogez, je le disais,
04:10sur ce que c'est que l'identité, sur la vôtre.
04:12Alors, à quoi tient cette identité,
04:15après réflexion, à une tradition, à une histoire,
04:19à des souffrances, à des tragédies,
04:21c'est ce que disait un peu Sartre
04:23quand il définit la condition juive,
04:25et à la religion ?
04:27Peut-être un mélange de tout ça ?
04:29Alors, c'est sans doute un mélange de tout ça.
04:31Moi, je suis très éloignée de la religion
04:33parce que je ne la pratique pas,
04:35je n'y connais pas grand-chose,
04:37et c'est d'ailleurs toute la différence assez ténue,
04:39d'ailleurs, et subtile, entre judéité,
04:41l'identité juive, et judaïté,
04:44la pratique,
04:46qui est davantage liée à la religion.
04:48Mais ce qui m'a intéressée, finalement,
04:50et plus j'en parle,
04:52même en famille, plus je me rends compte
04:54que ce qui m'intéresse, c'est d'avoir exploré l'identité en général,
04:56aussi l'identité de femme, de mère,
04:58d'ancienne journaliste,
05:00de petite-fille de mes grands-parents,
05:04avec cette identité-là,
05:06effectivement, malmenée,
05:08qu'il faut toujours réaffirmer,
05:10c'est ça, finalement,
05:12qui m'a intéressée,
05:14parce que je suis convaincue que l'identité,
05:16celle-ci, mais toutes les autres,
05:18est une identité polymorphe, plurielle,
05:20impermanente, fluctuante,
05:22c'est ça qui est intéressant, d'ailleurs.
05:24C'est ce qui, évidemment,
05:26motive les écrivains en ce moment,
05:28ils sont nombreux, on va le remarquer,
05:30à puiser dans leurs origines,
05:32Marc Lavoine, on se redéfinit toujours un peu mieux
05:34en allant chercher qui était son père,
05:36qui était sa mère.
05:38Oui, ça reste quand même toujours
05:40une valeur incertaine, parce que,
05:42l'identité,
05:44c'est quand même, d'abord, le coeur
05:46et l'ignorance, on sait pas,
05:48on saura jamais, vraiment,
05:50d'où on vient, comment on est fait,
05:52pourquoi on est là.
05:54Alors l'identité, c'est un passage,
05:56dans lequel nous sommes un fragment,
05:58et c'est intéressant de le voir comme ça.
06:00D'ailleurs, je retrouve,
06:02dans l'écriture de Marie,
06:04d'abord, la poésie,
06:06c'est très important,
06:08d'avoir un auteur...
06:10Mais c'est un point commun entre vos deux livres,
06:12mais on va y revenir.
06:14Pour moi, les auteurs, les romanciers,
06:16les romancières, sont des gens qui sont,
06:18d'abord, dans la poésie,
06:20et de la poésie, ils essayent de discerner
06:22le monde et d'en faire le tour,
06:24d'une certaine façon.
06:26C'est une démarche libre et littéraire.
06:28C'est ce qu'on voit, vraiment, dans vos deux livres.
06:30Moi, je le disais,
06:32le titre du vôtre, Marie Drucker,
06:34c'est Les coeurs déracinés,
06:36c'était vos grands-parents,
06:38c'est-à-dire des êtres voués à l'exil,
06:40voués à partir, au voyage, à l'ailleurs.
06:42J'aimais bien le mot racine.
06:44Je trouvais que le coeur est davantage...
06:48Il parle vraiment à tout le monde
06:50et moins...
06:52L'âme était un peu plus...
06:56Mais c'est un emprunt indirect
06:58à l'historien Marc Bloch,
07:00qui parlait de la France en disant
07:02la patrie dont je ne saurais déraciner mon coeur.
07:04Ça résume absolument
07:06la vie de mes grands-parents.
07:08Il y a du côté paternel, il y a Abraham et Lola.
07:10Lui est médecin, elle est infirmière.
07:12Ils sont les parents de Jean, votre père,
07:14Michel Drucker
07:16et Jacques.
07:18C'était trois garçons.
07:20Et cet Abraham, c'est ce que vous racontez,
07:22va être dénoncé
07:24alors qu'il est médecin,
07:26qu'il exerce en province,
07:28et emmené dans plusieurs camps,
07:30à Compiègne, à Drancy,
07:32dans des conditions épouvantables que vous racontez.
07:34Ça veut dire que vous avez retrouvé
07:36des carnets, des récits,
07:38des récits quotidiens de ce grand-père.
07:40Il y a un...
07:42Je ne sais pas, un outil, entre guillemets,
07:44qui m'intéressait
07:46de...
07:48de mettre en avant
07:50et de...
07:52Et justement, cette démarche littéraire,
07:54elle s'est aussi inscrite autour de ce témoignage,
07:56le témoignage de mon grand-père juste après la guerre.
07:58Il l'a témoigné devant les tribunaux alliés
08:00et il raconte, donc,
08:02depuis le jour de son arrestation,
08:04comment il est arrivé à Compiègne,
08:06ce qu'il y a vu...
08:08On appelait le camp des notables.
08:10Alors, il n'a pas fait partie
08:12de la rafle des notables,
08:14mais il était médecin
08:16au sanatorium de Saint-Sauveur.
08:18Il a été dénoncé par deux hommes
08:20qui travaillaient aussi dans ce sanatorium.
08:22Il a été arrêté en avril 1942.
08:24Il est rentré...
08:26En tout cas, le camp de Drancy
08:28le 18 août 1944.
08:30Donc, ça fait plus de deux ans.
08:32Et donc, j'ai retrouvé ce témoignage
08:34et j'ai voulu en faire quelque chose
08:36et d'ailleurs,
08:38comme une espèce de faux dialogue
08:40entre mon grand-père et moi,
08:42c'est-à-dire que quand il parle,
08:44ses propos sont en italique
08:46et moi, je reprends la parole pour terminer ses phrases,
08:48ça m'a aussi beaucoup intéressée
08:50de mettre en valeur ce témoignage
08:52qui a peut-être une valeur, je l'espère, universelle.
08:54Qui nous intéresse beaucoup.
08:56– Il y a un petit doute sur le fait
08:58qu'il n'a pas été déporté en Allemagne
09:00et resté en France.
09:02Il a donc été libéré, par chance.
09:04Et il y a un petit doute qui s'insinue
09:06mais que vous allez, évidemment,
09:08qu'il va être levé par des témoignages
09:10et est-ce qu'il s'est bien comporté
09:12pour être protégé, entre guillemets,
09:14de la déportation en Allemagne.
09:16Bon, et après, le doute est levé.
09:18– Oui, parce qu'il y a beaucoup de sites antisémites,
09:20notamment, à l'époque, je me souviens,
09:22quand j'étais beaucoup plus jeune,
09:24il y avait des cadres juifs dans les camps
09:26mais j'entendais le témoignage bouleversant
09:28d'une...
09:30On a commémoré les 80 ans de la libération
09:32d'Auschwitz, il n'y a pas très longtemps
09:34et France Télévisions a diffusé,
09:36rediffusé un documentaire extraordinaire
09:38avec des témoignages et il y a une femme qui dit
09:40qu'elle a passé du temps à Auschwitz,
09:42elle est revenue et les gens lui disaient
09:44mais qu'est-ce que tu as bien pu faire
09:46pour ne pas avoir été envoyée à la chambre à gaz
09:48et elle n'était ni cadre ni syndicat.
09:50– Mais on a dit ça à Simone Veil un peu.
09:52– Moi, j'ai eu envie d'en savoir plus
09:54donc je suis allée rencontrer Serge Kersfeld
09:56qui connaît cette histoire par cœur
09:58et puis j'ai reçu beaucoup de témoignages,
10:00j'en ai vu des témoignages publics aussi
10:02qui ont été faits après la guerre,
10:04d'hommes qui avaient rencontré mon grand-père
10:06qui l'avaient côtoyé dans les camps
10:08mais le hasard, l'arbitraire, la chance,
10:10c'est tellement présent finalement
10:12dans le sort des juifs de l'époque
10:14c'est tellement présent finalement
10:16dans le sort des juifs de l'époque
10:18c'est tellement présent finalement
10:20dans le sort des juifs de la Shoah
10:22et des rescapés notamment
10:24il y a ce mystère qui plane
10:26et parfois la culpabilité qui va avec
10:28– D'être venue
10:30– Pourquoi moi je suis revenue
10:32– Alors vous dites bien que
10:34bien sûr ses conditions sont horribles
10:36il revient, ses deux fils le reconnaissent à peine
10:38évidemment, ils étaient tout petits
10:40et tout ça le laissera endurci d'une certaine façon
10:42il aura ce tempérament
10:44que vous le connaissez
10:46dont ses fils ont peut-être souffert
10:49– Vous dites un demi-mot
10:51parce qu'on ne sort pas indemne de cette expérience
10:53ultime et indépassable
10:55et indicible
10:57– Oui, que personne ne peut comprendre
10:59– Et que personne ne peut comprendre
11:01– On en connaît beaucoup des histoires comme ça
11:03quand il y a un membre de la famille qui revient
11:05les autres ont été cachés
11:07qui est une autre tragédie aussi
11:09et ce que j'écris
11:11il faut reconstruire
11:13une identité
11:15d'homme, de survivant
11:17de vivant, de père
11:19et je pense qu'il n'a pas eu
11:21suffisamment de toute sa vie finalement pour faire ça
11:23et puis avec tout ce qui va avec
11:25c'est-à-dire encore beaucoup d'antisémitisme
11:27grandes difficultés pour s'établir
11:29en tant que médecin etc
11:31donc les peines et les tourments
11:33ont continué longtemps
11:35– Du côté maternel
11:37vous le dites, on ne va pas le détailler
11:39mais c'est plus jovial
11:41c'est plus souriant
11:43c'est un autre tempérament, disons
11:45Alexandre
11:47des grands-parents qui sont attachés aussi à Israël
11:49et surtout
11:51la conclusion que vous apportez
11:53c'est que
11:55ces deux grands-parents
11:57ces quatre grands-parents
11:59d'une certaine façon les uns et les autres
12:01peut-être ont été aidés à certains moments
12:03par des français dont juifs
12:05ou peut-être juifs d'ailleurs
12:07mais qui étaient là
12:09donc il y a eu ça
12:11et ce hasard dont vous êtes nés
12:13tous, mon grand-père, le père de ma mère
12:15Alexandre, il était ouvrier
12:17aux fromageries Bell
12:19c'est la vache qui rit etc
12:21pendant la guerre
12:23et Léon Bell savait très bien qu'il était juif
12:25donc l'a protégé pendant toute la durée de l'occupation
12:27– On va revenir bien sûr
12:29sur notre société d'aujourd'hui
12:31parce que votre réflexion
12:33elle est partie de là
12:35et elle aboutit à ce que nous vivons aujourd'hui
12:37Marc Lavoine, vous êtes, je le rappelle
12:39auteur, compositeur, interprète
12:41depuis 40 ans maintenant
12:43mais vous avez déjà écrit des livres
12:45et notamment je le disais sur votre père en 2015
12:47ça s'appelait L'homme qui ment
12:49cet homme est d'ailleurs mort en 2006
12:51et vous aviez fait un livre assez sévère
12:53mais enfin voilà
12:55qui racontait
12:57la vie de cet homme qui était parti de la famille
12:59et que vous avez
13:01un peu abandonné votre mère et vous
13:03mais cette fois c'est un joli hommage
13:05que vous rendez à votre mère
13:07Micheline, morte elle en 2011
13:09ça s'appelle Quand arrivent les chevaux
13:11alors pourquoi, vous le dites un peu
13:13mais il faudrait l'expliciter, pourquoi parler
13:15dix ans après de cette mère
13:17vous dites
13:19parce qu'elle était
13:21mal morte
13:23n'a pas été assez accompagnée
13:25par vous, par ses proches
13:27– Il y a une phrase
13:29qu'a dit Marie
13:31que j'aime beaucoup
13:33c'est
13:35je terminais ces phrases
13:37en italique
13:39et elle termine les phrases
13:41ça c'est intéressant
13:43c'est ce que j'essaye de faire dans le livre
13:45de terminer les phrases de ma mère qui est mal morte
13:47elle est mal morte parce que
13:49– Vous terminez les phrases
13:51parce qu'après elle perd un peu la boule
13:53et évidemment vous l'accompagnez
13:55– C'est ce que j'invente, elle perd la boule
13:57c'est moi qui perd la boule
13:59– Vous considérez que vous ne l'avez pas aidée assez
14:01– Oui, pour qui je me prends
14:03pour me considérer ainsi au milieu du tableau
14:05en disant c'est moi le responsable
14:07on manque beaucoup d'humour sur nous-mêmes
14:09dans ce genre de situation
14:11on a l'impression que c'est nous le responsable
14:13non, c'est pas moi le responsable, elle est morte parce qu'elle était fatiguée
14:15elle n'en pouvait plus, elle ne voulait plus vivre je crois
14:17et donc
14:19je me suis trompé là-dessus
14:21et il a fallu que j'écrive le livre
14:23sans me rendre compte que j'écrivais le livre
14:25que je le pose sur ma table pendant 7 ans
14:27maculé de peinture
14:29de café
14:31et le fait de sortir le livre
14:33est un acte
14:35très fort
14:37parce que d'un coup
14:39je le reçois moi le livre
14:41je le laisse partir et en le laissant partir
14:43je laisse partir ma mère
14:45et en laissant partir ma mère je la rends
14:47– C'est l'écriture qui vous permet ce passage
14:49– Disons que le passage d'elle dans moi
14:51il existait
14:53et je n'en avais pas conscience
14:55j'en ai conscience parce que le livre est parti comme une colombe
14:57en liberté
14:59et que d'un coup je le reçois
15:01parce que les gens viennent me voir avec le livre sous le bras
15:03ils viennent me faire signer, ils me racontent leur vie
15:05et je me rends compte que cette petite vie là
15:07que j'ai essayé d'inscrire
15:09en terminant ces phrases
15:11– Elle est connue aussi à tellement de gens
15:13– Voilà, ça concerne les gens et c'est ça qui me plaît
15:15d'une certaine façon
15:17– Tout ce qui est les origines et cette quête d'identité ça nous concerne tous
15:19– Voilà et ça me réconcilie avec elle
15:21avec le chagrin que j'avais
15:23ce que je construis sur le chagrin
15:25aussi
15:27et la joie bien sûr d'être en vie
15:29être en vie c'est aussi
15:31le rendre hommage chaque jour
15:33à cette femme exceptionnelle qu'elle était
15:35comme toutes les femmes je pense
15:37enfin pas toutes mais
15:39– En tout cas cette mère à qui vous voulez rendre hommage
15:41vous parlez de cette colombe
15:43évidemment il y a ça dans le livre
15:45puisque vous allez
15:47faire surgir
15:49dans l'écriture des images oniriques
15:51je le disais notamment ses chevaux
15:53ou son rapport aux chevaux que vous décrivez
15:55d'où c'est venu ça ?
15:57– Ben c'est venu parce que moi j'avais un cheval
15:59j'avais un cheval qui était un Ardennais
16:01un très gros 400 kilos
16:03je faisais la sieste dessus
16:05j'étais jamais monté sur un cheval de ma vie
16:07et quand il est mort il est mort dans mes bras
16:09j'avais sa grosse tête dans les bras et son oeil me regardait
16:11et j'ai entendu son dernier soupir
16:13et ça m'a vraiment
16:15fait penser à ma mère
16:17et je me suis dit tiens
16:19– Elle n'avait pas forcément à elle des rapports
16:21– Non elle aimait le cheval
16:23mais elle avait peur de la foudre
16:26et donc du coup
16:28je me suis dit pourquoi aimer Guernica à ce point
16:30avec ce cheval au centre
16:32et donc je me suis dit
16:34tiens c'est pas mal de parler
16:36de l'enfance et des chevaux
16:38de l'animal
16:40à l'enfant
16:42et donc je suis parti sur ce cadre
16:44et j'ai essayé de me promener là-dedans
16:46et j'ai trouvé que c'était très riche
16:48et très intéressant donc j'ai appris beaucoup
16:50sur les lunes, sur les chevaux, sur les enfants
16:52– Et vous le racontez bien
16:54sur les derniers instants de cette femme
16:56vous êtes à côté d'elle
16:58peut-être vous imaginez bien sûr
17:00comme elle est loin, son esprit est loin
17:02mais c'est tout de même apaisé
17:04et ça vous permet, ce qu'on disait tout à l'heure
17:06de passer à autre chose vous-même
17:08parce qu'elle fait ce passage et vous aussi
17:10et c'est sans doute la clé pour continuer
17:12à créer, à faire votre travail
17:14d'artiste, votre vie d'artiste
17:16mais on sent bien que l'écriture elle est pénible
17:18elle est parfois chaotique
17:20là vous souffrez
17:22et très violente
17:24au moment où elle quitte ce monde
17:26parce qu'elle est morte
17:28c'est pas dire elle est partie
17:30non elle n'est pas partie sinon elle reviendrait
17:32– Je suis totalement d'accord avec ça
17:34ça m'énerve tellement quand les gens disent ça
17:36quand les gens parlent de quelqu'un
17:38c'est un euphémisme avec lequel
17:40je pense que les gens s'en sortent un peu mieux
17:42mais non
17:44quand les gens meurent
17:46ils ne partent pas, ils ne reviennent pas
17:48je suis tout à fait d'accord avec ça
17:50j'ai fait mon voyage en Asie
17:52à la mort d'un ami très proche
17:54où j'ai confronté la mort autrement
17:56il était exposé
17:58les gens venaient pendant une semaine
18:00manger, on faisait la fête
18:02et les gens me montraient les photos de leurs enfants
18:04dans leur carnet
18:06il y avait un enfant, un deuxième
18:08et une petite fille
18:10morte en photo
18:12et ils regardent la mort
18:14avec une forme de
18:16respect
18:18elle est vivante
18:20en Afrique c'est la même chose
18:22nous ici dans notre
18:24société verticale
18:26où tout est mort
18:28il y a des arbres bien sûr qu'on a engriagé par terre
18:30mais sinon les voitures sont mortes
18:32les feux rouges sont morts, les immeubles sont morts
18:34tout ça c'est mort
18:36et c'est vrai que
18:38votre mari ça va ?
18:40oui très bien, il est en phase terminale de cancer
18:42mais ça va très bien, ne vous inquiétez pas
18:44on refuse de nommer la mort
18:46en refusant de la nommer
18:48on se refuse à nous de vivre avec elle
18:50et peut être faciliter ce passage
18:52pour nous même éventuellement
18:54puisqu'on ne sait pas ce que c'est
18:56que personne ne nous a dit
18:58qu'on croit en des dieux dont on n'a aucune preuve
19:00qu'on vit dans une vie
19:02dont on ne connait rien
19:04et dont l'amour qui remplit
19:06cet espace entre la vie
19:08et la mort est la seule façon
19:10que nous avons de croire que l'existence
19:12dit quelque chose
19:14parce qu'elle le dit
19:16parce qu'on garde de nos parents
19:18des choses extraordinaires
19:20leurs souvenirs sont presque plus importants que les nôtres
19:22vous aviez écrit un livre sur ce père
19:24qui était plus dur
19:26est-ce qu'il fallait
19:28écrire ce livre plus doux et solaire
19:30sur cette femme
19:32pour d'une certaine façon pardonner ou effacer
19:34tout ce qui correspondait
19:36d'abord le livre de mon père n'était pas dur
19:38il était drôle
19:40il parlait d'un homme qui a vécu la guerre d'Algérie
19:42donc il était un peu féroce sur lui
19:44dur non mais enfin qu'il nous racontait
19:46un être mort
19:48un être mort en Algérie qui continuait à respirer
19:50à vivre, à bouger
19:52en étant mort là-bas
19:54donc si vous voulez c'est compliqué d'analyser
19:56cette situation d'un homme qui est mort
19:58dans les bras d'un Algérien
20:00qui est donc lui mort et mon père est resté vivant
20:02c'est difficile d'approcher
20:04cette expérience là
20:06donc j'ai décidé d'en faire un livre d'humour
20:08et en mettant
20:10le champ de temps en temps
20:12sur ma mère
20:14de voir ce que
20:16l'inconscience de mon père
20:18créait comme désastre
20:20et l'alcool
20:22et l'alcool et tout ça
20:24l'alcool qui au début vient me boire un petit coup
20:26ça devient des gifles que mon grand-père
20:28mettait à ma grand-mère avec une main très lourde
20:30et une approximation
20:32comme ça de jugement
20:34qui fait que quand sa femme meurt
20:36lui meurt aussi de regrets
20:38de chagrin
20:40c'est ce rapport entre la fête et le chagrin
20:42qui m'a intéressé
20:44moi je n'ai jamais porté de jugement sur mon père
20:46je ne porte pas de jugement sur ma mère
20:48non plus
20:50ils ne m'appartiennent pas, ce sont des êtres uniques
20:52des êtres qui ont vécu avant moi
20:54qui se sont aimés à l'âge de 15 ans
20:56qui ont voulu traverser l'océan
20:58leur embarcation s'est fracassée
21:00sur des rochers quelque part
21:02je ne peux pas juger ça
21:04on n'est pas propriétaire de ces paroles
21:06vous avez parlé tout à l'heure
21:08c'est ça la question au fond
21:10quand on lit vos deux livres
21:12est-ce que vous avez mieux compris
21:14les valeurs que vous avez transmises
21:16ses grands-parents
21:18d'abord, puis ses parents
21:20est-ce que par exemple
21:22il y a cette nostalgie
21:24un peu achénaze
21:26cet esprit mélancolique
21:28je ne sais pas comment on peut l'appeler
21:30qui reste en vous
21:32ça vous l'avez mieux saisi ?
21:34je ne sais pas du tout
21:36c'est vraiment pas du tout mon tempérament
21:38c'est ce que je décris de ma grand-mère
21:40mais moi pas
21:42en revanche, sans que ce soit
21:44quelque chose de questionné
21:46j'ai grandi, mes parents ont grandi
21:48avec
21:50une passion pour la France
21:52pour la République, pour ses valeurs
21:54pour la laïcité
21:56ce qui fait d'ailleurs que mes grands-parents
21:58sont toujours restés en France
22:00une fois qu'ils s'y sont établis
22:02donc
22:04peut-être que
22:06avant c'était non questionné, maintenant
22:08je les comprends mieux aussi peut-être
22:10ces valeurs, je ne sais pas
22:12même s'il y avait, on le sent bien, deux tempéraments différents
22:14dans les deux familles
22:16les deux ancêtres
22:18des deux côtés, on voit bien
22:20mais vous, vous affirmez
22:22que vous avez un tempérament plus positif
22:24même si peut-être les événements
22:26est-ce que vous avez changé en réfléchissant
22:28sur ce qui s'était passé
22:31dans l'urgence
22:33est-ce que ça vous a assombrie ? Oui j'imagine
22:35en plus moi
22:37je découvre parce que
22:39c'est peut-être ça aussi qui est agréable quand on ne vient pas
22:41de l'écriture
22:43c'est que d'abord
22:45il y a une forme
22:47d'insouciance face à l'écriture
22:49et de liberté totale
22:51puisque moi je n'ai pas de code
22:53je suis une grande lectrice mais malgré ça
22:55il n'y a pas eu
22:57cette souffrance ou cette douleur parce que
22:59je l'évoquais et on le sent bien dans le livre
23:01de trouver la phrase
23:03d'avancer à l'égresse
23:05dans un très grand plaisir
23:07et le contenu de mon livre ne m'est apparu clairement qu'une fois
23:09que le livre était terminé
23:11et là où je me sens
23:13quelque chose de commun avec Marc et avec son livre
23:15que j'ai beaucoup aimé vraiment
23:17c'est que justement ça ne répond
23:19à aucun dogme
23:21Marc nous embarque
23:23avec lui dans son quotidien
23:25dans son chagrin
23:27dans ses réflexions
23:29sans aucun dogme d'écriture
23:31c'est à dire qu'il y a une vraie
23:33c'est impressionniste
23:35et ça c'est très agréable
23:37moi forcément je me reconnais là dedans
23:39je suis totalement autodidacte
23:41je peux vous dire que les deux livres
23:43sont écrits
23:45pour dire beaucoup de choses
23:47c'est vrai
23:49ils sont bien écrits
23:51je pourrais très bien parler de ton livre
23:53et vous les valeurs alors
23:55je sais qu'on en a un peu parlé
23:57mais qu'est-ce qui a prédominé en vous
23:59dans votre tempérament
24:01dans votre caractère
24:03qu'est-ce que vous avez tiré
24:05je pense que c'est la vérité
24:07la recherche
24:09être toujours dans la vérité
24:11si la vérité n'est pas libre
24:13la liberté n'est pas vraie
24:15ces deux phrases
24:17c'est ma mère
24:19et elles vous ont construit
24:21vous avez le sentiment d'avoir essayé
24:23disons que c'est la vertu que je préfère
24:25c'est celle dans laquelle je me sens le mieux
24:27parce que je pense que dire la vérité
24:29c'est simplement la vérité
24:31le mensonge est quelque chose de très compliqué
24:33c'est libérateur de dire la vérité
24:35le mensonge enferme
24:37c'est vraiment la liberté
24:39et c'est vrai que les mûres qu'on fait parler
24:41bien des années après
24:43que ce soit Solzhenitsyn
24:45tous ces gens qui parlent des choses qui ont été étouffées
24:47disent la vérité
24:49ils prennent le risque de dire la vérité
24:51en écrivant chacun ses livres sur la famille
24:53à ce que pouvaient penser
24:55les autres membres
24:57encore vivants de la famille
24:59ou des susceptibilités
25:01de ce que ça pouvait choquer
25:03votre oncle
25:05ou votre mère
25:07j'ai beaucoup de chance
25:09parce que
25:11depuis qu'elle
25:13l'ont lu
25:15que ce soit ma mère, le frère de ma mère
25:17mes cousins
25:19une immense
25:23tendresse
25:25reconnaissance
25:27parce que le livre est dédié à nos enfants
25:29mes cousins et à nos enfants
25:31alors ça
25:33ça leur a fait très très plaisir
25:35et moi ça me bouleverse
25:37de voir comment
25:39pour revenir sur ce que disait Marc tout à l'heure
25:41je crois que
25:43on se construit
25:45comme on peut
25:47on se construit propre
25:49avec nos événements
25:51mais
25:53j'ai aussi compris très récemment
25:55qu'on se construisait
25:57avec notre enfance
25:59mais aussi avec l'enfance de ceux qui nous ont précédés
26:01et ça pour moi
26:03c'est assez nouveau
26:05cette conscience est assez nouvelle
26:07l'héritage est peut-être très ancien
26:09c'est ce que disent
26:11les spécialistes de l'inconscient
26:13et vous Marc est-ce que vous avez consulté
26:15ou en tout cas
26:17vous avez fait lire
26:19la soeur de mon père
26:21m'a donné les lettres de mon père
26:23en Algérie donc ça m'a beaucoup aidé
26:25à construire ça
26:27et je vois dans ses yeux
26:29sur le livre sur mon père
26:31sur ma mère
26:33j'ai jamais entendu ma tante
26:35dire du mal de quelqu'un
26:37de toute sa vie
26:39et donc c'est vrai que c'est très rassurant
26:41si on a besoin d'être rassuré
26:43c'est très heureux
26:45de voir que dans les yeux de sa tante
26:47puisque ma mère n'est plus là
26:49c'est vrai qu'à chaque fois que j'ai fait quelque chose aujourd'hui
26:51j'essaie de plaire à ma tante
26:53ça va ces deux livres qui ont sans doute
26:55peut-être aussi unis
26:57ou réunis ou apaisés les familles
26:59grâce à vous
27:01alors avant de refermer cette émission
27:03je voudrais citer trois livres qui nous ont
27:05beaucoup plu d'abord Tu m'as volé mon étoile
27:07c'est aux éditions Récamier
27:09c'est un roman très personnel et très beau d'ailleurs
27:11d'un producteur à succès
27:13Jean Nachrich
27:15qui a fait une trentaine de films de fiction
27:17et qui revient ici sur son amour de jeunesse
27:19pour Léo, un jeune homme libre
27:21dont il tente de reconstituer l'histoire
27:23et puis Mère à l'horizon, ça c'est Jacques Gamblin
27:25lui aussi, Jacques
27:27est parti sur les traces de sa mère
27:29on retrouve sa délicatesse
27:31d'ailleurs dans ce récit intime
27:33évidemment comme le titre l'indique
27:35il évoque cette relation
27:37avec cette mère déclinante
27:39dans des souvenirs et des scènes heureuses de famille
27:41et puis pour ma part moi j'ai beaucoup aimé
27:43le livre de
27:45Oriane Jean-Court Galignani
27:47je crois qu'on partage ça avec Marie
27:49c'est un auteur que je trouve vraiment intéressant
27:51toujours des sujets intéressants
27:53ça s'appelle La dernière victoire possible
27:55et c'est un roman original d'ailleurs
27:57comme toute son oeuvre
27:59entre quête des origines aussi
28:01puisqu'elle va sur les traces de son père qui a été retrouvé mort
28:03elle mène une véritable enquête policière
28:05et là on va dans le New York des années 70
28:08c'est de l'art d'avant-garde
28:10des artistes d'avant-garde dans ces années
28:1270
28:14ça c'était nos coups de coeur
28:16merci infiniment à tous les deux d'être venus nous voir
28:18j'avais une question à poser à Marie
28:20mais minuscule
28:22et rapide
28:24est-ce que finalement tu te sens française ou pas ?
28:26tellement
28:28autant que ses grands-parents
28:30il y a un doute dans le livre
28:32je ne vais pas le dire
28:34mais si
28:36en tout cas l'affirmation
28:38de l'attachement de ses grands-parents et parents
28:40à la France est claire
28:42ce que je dis
28:44que je sens
28:46cette sensation de ne pas être
28:48français depuis toujours
28:50c'est pas la même chose
28:52c'est assez intéressant
28:54ça c'est intéressant
28:56mais ça démarre comme ça le bouquin
28:58c'est quelques pages après le début
29:00et ça nous met nous dans une situation
29:02où on se pose nous même la question
29:04c'est très intelligent d'avoir mis cette phrase là
29:06ça m'a fait un peu perplexe
29:08du coup je suis frustrée
29:10parce que moi aussi j'ai une question pour Marc
29:12allez rapide
29:14on dit que la mort de la mère
29:16c'est le début de la solitude
29:18qu'est-ce que vous pensez de ça ?
29:20c'est vrai mais la solitude
29:22est une belle amie
29:24alors ça s'appelle nos coeurs déracinés
29:26ça c'est Marie Drucker
29:28et quand arrivent les chevaux
29:30c'est Marc Lavoine
29:32merci Claire
29:34j'ai envie de vous embrasser
29:36ils sont très touchants
29:38on se retrouve très vite bien sûr
29:40pour un nouveau numéro de Bonheur des livres
29:42vous pouvez toujours aller retrouver cette émission en replay
29:44sur notre site publicsena.fr
29:46à très vite
30:02c'était au bonheur des livres
30:04avec le centre national du livre