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Jeudi 30 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Nadia Gharbi (Économiste, Pictet Wealth Management)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui de la macroéconomie et des banques centrales et des enjeux 2025
00:18du point de vue des politiques monétaires.
00:20Nous en parlons avec Nadia Garbi qui est économiste chez Pictet Wealth Management avec nous en
00:24visioconférence.
00:25Bonsoir et bienvenue Nadia, ravie de vous retrouver.
00:28Peut-être pour commenter déjà un petit peu la série d'estimations de croissance
00:34qu'on a pu avoir au sein de la zone euro pays par pays et puis pour l'ensemble.
00:38Alors une croissance qui a été paralysée au global si on regarde le chiffre zone euro
00:43au quatrième trimestre avec des contributeurs négatifs qui ont été la France et l'Allemagne
00:49mais aussi toujours des contributeurs positifs dans la partie périphérique avec des très
00:53beaux scores encore une fois pour l'Espagne ou encore le Portugal.
00:57Quelles sont les leçons que l'on tire de ce quatrième trimestre et qu'est-ce qu'on
01:00peut ou non extrapoler pour la suite Nadia ?
01:03Bonsoir Grégoire, c'est vrai qu'on a eu ce chiffre du PIB zone euro avec une stagnation
01:09au quatrième trimestre.
01:10Je dirais qu'il y a deux enseignements principaux.
01:14Tout d'abord c'est vrai que la périphérie surperforme et quand on parle périphérie
01:18on parle surtout de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce et ces pays devraient continuer
01:24à surperformer le reste de la zone euro.
01:27Il y a plusieurs raisons à cela.
01:28Il y a tout d'abord le fonds de relance qui reste un support important à la croissance
01:33économique de ces pays.
01:34C'est aussi des pays qui sont plus sensibles à la baisse de taux de la BCE, ils sont aussi
01:40moins exposés aux États-Unis donc moins exposés aux risques de Trump et aussi moins
01:46exposés à la compétition chinoise et dernièrement je dirais aussi qu'ils ont plus au niveau
01:54de l'offre de travail.
01:56On a vu qu'en Espagne on a beaucoup d'émigration, ça porte aussi la croissance espagnole dans
02:03la bonne direction.
02:04Le deuxième enseignement de tous ces chiffres c'est qu'on a une demande domestique qui
02:09reste résiliente, même si c'est vrai que le chiffre a déçu.
02:12On a vu dans plusieurs pays une consommation privée qui accélère, c'est notamment le
02:18cas de l'Espagne mais aussi de la France donc c'est tout de même positif, on l'a
02:22beaucoup attendu cette consommation privée qui n'a pas redémarré et cette fois c'est
02:27vrai qu'on l'a donc ça je dirais que c'est plutôt positif.
02:30Oui 0,7% je crois de dépenses de consommation en France sur le seul mois de décembre, 0,7%
02:37de consos sur un mois c'est quand même un beau chiffre pour la France Nadia.
02:41Tout à fait et ce en dépit de la baisse de la confiance des ménages donc je dirais
02:47que c'est vraiment positif pour la suite.
02:50C'était d'ailleurs un des points de Christine Lagarde tout à l'heure, cette confiance
02:55sur la demande domestique, sur le fait que graduellement l'assouplissement de la politique
03:01monétaire va mener à plus de demandes domestiques.
03:05Au-delà de la consommation, qu'est-ce qu'on peut dire ? Alors ce sont des paramètres
03:08qui sont beaucoup regardés par la Banque Centrale Européenne, ça permet évidemment
03:12de parler de la décision d'aujourd'hui et de la stratégie devant nous menée par
03:16Christine Lagarde et la BCE.
03:18Je parle de la distribution de crédit, il y a eu à la fois une amélioration des prêts
03:23distribués aux entreprises non financières au mois de décembre en zone euro et en même
03:27temps la grande enquête auprès des banques, le Bank Lending Survey, semble donner des
03:32perspectives assez médiocres et voire pas franchement encourageantes Nadia.
03:38Oui alors c'est vrai qu'on a ce resserrement des conditions de crédit notamment pour les
03:44entreprises et surtout dans les pays corps, l'Allemagne, la France, je dirais que c'est
03:49vrai que l'incertitude politique doit tout de même peser dans ces pays, la bonne nouvelle
03:55c'est qu'au niveau ménage ça reste tout de même assez positif, on a des conditions
04:01de crédit qui sont restées plus ou moins stables et surtout on a une demande de crédit
04:04qui reste très forte et c'est un je dirais de nos arguments, cette année on va vraiment
04:10voir l'investissement résidentiel accéléré dans la plupart des pays, ce qui devrait justement
04:17soutenir la croissance en zone euro, donc c'est vrai que du côté de l'investissement
04:22des entreprises, on ne s'attend pas à grand chose, le contexte est très compliqué, on
04:25a beaucoup d'incertitudes au niveau global, dans certains pays aussi incertitudes politiques
04:31mais je dirais que du côté en tout cas des ménages, on a eu tout de même cette bonne
04:35nouvelle avec une demande de crédit qui reste très forte.
04:38Comment est-ce que tout ça se traduit en matière de politique monétaire au-delà
04:42de la nouvelle baisse de 25 points de base qu'on a eu aujourd'hui, est-ce que vous voyez
04:47la baisse restée dans son schéma, sa fonction de réaction actuelle, assez prudente, progressive,
04:53graduelle, le tâtonnement vers le taux neutre, est-ce que c'est valable pour plusieurs meetings
05:01encore devant nous ou est-ce qu'à un moment, je ne sais pas, alors évidemment si on spécule
05:05sur Trump, ça devient compliqué mais est-ce qu'il y a quelque chose qui peut faire basculer
05:09ou accélérer la fonction de réaction de la Banque Centrale Européenne ?
05:12C'est vrai que c'est un peu notre scénario, au fond de voir la Banque Centrale Européenne
05:17baisser son taux directeur de 25 points de base à chaque meeting jusqu'en juillet.
05:23Je dirais que ce qui pourrait me remettre un peu en cause ce scénario, c'est d'avoir
05:28au fond une inflation notamment sous-jacente qui reste résiliente et relativement à un
05:34niveau très élevé.
05:35Ce n'est pas notre scénario mais effectivement c'est un risque.
05:38C'était intéressant d'écouter Lagarde tout à l'heure qui vraiment montrait beaucoup
05:42plus de confiance sur la trajectoire d'inflation, sur le fait qu'il voyait vraiment l'inflation
05:49baisser à son objectif.
05:52Il montre de plus en plus de confiance avec notamment l'argument principal, c'est cette
05:58décélération des salaires en zone euro attendue par la BCE.
06:05Donc ça je dirais que c'était un peu le point positif et c'est vrai que ça nous indique
06:08qu'en tout cas pour les prochains meetings, la BCE devrait baisser son taux directeur.
06:14Est-ce qu'on peut voir l'inflation dans les services puisque c'est quand même le sujet
06:17qui gratte aujourd'hui à la Banque Centrale Européenne, qui est collée autour de 4%
06:23depuis plusieurs trimestres maintenant Nadia ?
06:26Est-ce qu'avec ces indicateurs avancés, la conviction affichée par Christine Lagarde,
06:30est-ce qu'on va voir quand même des chiffres qui vont quand même baisser sous les 4% sur
06:35cette partie services ? Christine Lagarde précise j'ai pas besoin de voir l'inflation des services
06:39à 2% pour continuer de baisser mes taux mais quand même si on veut aller vite au taux
06:44neutre il faut quand même que cette partie là se desserre.
06:46Effectivement et c'est vrai qu'on n'a peut-être pas besoin de l'avoir à 2% mais on a tout
06:51de même besoin de l'avoir je dirais à proche de 3% d'ici la fin de l'année, c'est tout
06:56de même les services c'est 42% du panier total de l'indice d'inflation donc voilà
07:04c'est vrai qu'on n'a pas besoin de voir l'inflation baisser à 2% mais on a tout de
07:08même besoin de voir l'inflation des services baisser.
07:12Je dirais qu'il y a quelques effets de base qui vont aider l'inflation des services baissés
07:18mais effectivement ça pourrait remettre un peu en cause le schéma de la baisseuse si
07:23on avait cette inflation de services qui reste collée à 4%.
07:27Sur la question des tarifs alors là évidemment on ne connaît pas encore la formule qui sera
07:32retenue par Donald Trump, il y a plusieurs styles, plusieurs formules sur la table, l'idée
07:38d'une approche graduelle assez universelle où mois après mois on pourrait effectivement
07:44ajouter, empiler des couches de tarifs supplémentaires, des approches peut-être beaucoup plus ciblées
07:50sur certains secteurs stratégiques.
07:52Alors je ne sais pas quel est le travail ou la réflexion qui vous anime de ce point
07:55de vue-là chez Pigtail Wealth Management, comment vous regardez cette question sachant
07:59qu'on n'a évidemment pas de réponse sur la formule qui sera retenue par Trump mais
08:03sur les hypothèses qu'on peut avoir, comment est-ce que ça peut jouer sur la conjoncture
08:10européenne ?
08:11C'est vrai que nous on a pris comme hypothèse de base des tarifs ciblés donc pas de tarifs
08:17universels, dans notre scénario par exemple central on a pris des tarifs à hauteur de
08:2310% pour certains pays, c'est très compliqué d'estimer l'impact des tarifs sur l'économie
08:32mais je dirais que globalement effectivement ça pèserait sur la conjoncture européenne
08:38mais on mise tout de même sur cette résilience de la demande domestique, on ne compte pas
08:45vraiment sur les exportations cette année comme support de la croissance et c'est vraiment
08:51la consommation des ménages, l'investissement résidentiel qui devrait être le support
08:56principal mais après effectivement si Trump venait vraiment à menacer de manière très
09:01agressive l'Europe, effectivement ça challengerait ce scénario.
09:05Il y a beaucoup d'incertitudes encore dans les hypothèses qu'il faut quand même manipuler
09:09quand on fait cet exercice de perspective comme vous le faites Nadia, je ne parle même
09:13pas des élections allemandes, on aura peut-être déjà des résultats dans 3 semaines maintenant,
09:19plan de relance chinois ou pas, tout ça pourrait j'imagine avoir des impacts ou non sur la
09:24trajectoire de la conjoncture européenne cette année, un mot de ce qu'il se passe
09:28aux Etats-Unis à ce stade, là aussi on a eu première estimation du PIB, alors j'allais
09:33dire on est toujours avec une économie américaine qui tourne autour de 3% si on enlève notamment
09:37l'effet déstockage qui a un peu pesé sur la croissance du 4ème trimestre, situation
09:42qui semble parfaitement justifier l'idée d'une pause de la réserve fédérale américaine.
09:48Exactement, toujours une croissance américaine très solide et c'est vrai que Powell hier
09:57était sur cette ligne de au fond on n'est pas pressé, on pose en janvier, on n'est
10:03pas pressé de baisser les taux au mois de mars, on attend de voir l'agenda politique
10:08de Trump parce qu'au fond on sait les politiques de Trump sont inflationnistes donc c'est vrai
10:12que la réserve fédérale a tout intérêt à plutôt avoir cette démarche d'attente
10:19plus que d'essayer de frontelauder l'agenda politique de Trump qui est très incertain
10:24donc voilà ça va aussi en ligne avec la pause de la réserve fédérale.
10:29Bon, une pause trop longue ça pourrait être embêtant pour la banque centrale européenne
10:32ou est-ce qu'on a dépassé cette idée de la dépendance vis-à-vis de la Fed Nadia ?
10:40Tout est, Christine Lagarde a dit que la BCE, elle a eu une question là-dessus, elle a dit que la BCE était indépendante, mission driven
10:49donc je dirais que la mission de la BCE est claire, effectivement elle doit quand même tenir en compte ce qui se passe dans les autres banques centrales
10:56je dirais que c'est un facteur parmi tant d'autres mais si vraiment on a cette trajectoire d'inflation
11:02cette inflation qui baisse à sa cible, je pense vraiment qu'elle continuera sur son chemin.
11:08Bon, on a eu ce débat l'an dernier, on a un peu dépassé ce débat désormais.
11:12Merci beaucoup Nadia, Nadia Garbi qui est avec nous pour cet éclairage macro et autour des politiques monétaires pour 2025
11:19Nadia Garbi, économiste chez Pictet Wealth Management avec nous en visioconférence.

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