Mardi 28 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Olivier de Royère (Gérant actions, Montpensier Finance)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique
00:13et nous explorons ce soir le thème de la santé à travers les perspectives et les
00:16enjeux 2025 pour ce secteur qui, je le disais en introduction, regroupe aussi bien les grands
00:21laboratoires pharmaceutiques que des sociétés de biotechnologie ou de medtechnologie également.
00:26Nous en parlons avec Olivier Droyer, gérant d'action chez Montpensier Finance.
00:29Bonsoir Olivier.
00:30Bonsoir Édouard.
00:31Merci beaucoup d'être avec nous.
00:33Tiens, puisqu'on est en plein dans le questionnement sur le coup d'IA, la bulle de CapEx et comment
00:39on monétise tout ça à l'arrivée, première réflexion c'est que le secteur de la santé
00:43est peut-être un secteur qui apporte des réponses sur le retour sur investissement,
00:47les bénéfices qu'on peut retirer des avancées et des percées qui ont été obtenus ces dernières
00:52années jusqu'à aujourd'hui en matière d'intelligence artificielle.
00:54Oui, il y a eu pas mal de discours même là-dessus à Davos notamment, mais c'est vrai qu'on
00:57commence à avoir quelques éléments dans lesquels l'IA peut jouer un rôle dans le
01:00domaine de la santé.
01:01Le plus important c'est quand même la productivité de la R&D.
01:03C'est un gros enjeu pour le secteur, peut-être l'enjeu majeur pour les pharmas et les biotech
01:07parce que c'est un secteur qui a une mauvaise productivité de la R&D si on s'en tient
01:10au chiffre.
01:11C'est-à-dire qu'il y a 90% des médicaments qui échouent, heureusement quand on s'arrête
01:16on arrête de dépenser aussi donc c'est quand même mieux pour les marges, mais c'est vrai
01:19que globalement quand on regarde ce que l'IA peut faire, les médicaments qui sont développés
01:23à base d'IA, on a déjà quelques retours.
01:25En première phase d'études cliniques où on regarde tout ce qui est toxicité, il y
01:29a quand même 85% de taux de succès alors que les données historiques montrent qu'on
01:33est plutôt autour de 55% de taux de succès.
01:35Pour les autres phases cliniques où on est vraiment dans le développement pharmacologique,
01:39l'IA ne change rien.
01:40Mais déjà si on applique ce gain de productivité à l'ensemble finalement de la chaîne de
01:44vie, on arrive peut-être plutôt à 80%, on arriverait à 80% de taux de succès, de taux
01:49d'échec.
01:50Mais ça fait quand même un doublement du taux de productivité de la R&D, c'est quelque
01:55chose qui est quand même un enjeu majeur et c'est vraiment là où l'IA a le plus
01:58de rôle.
01:59Il y a aussi quelques petits impacts notamment dans le diagnostic, on voit des sociétés
02:02comme Medtronic qui sont capables notamment de doubler le taux de détection des tumeurs
02:06à l'endoscopie ou des petites françaises comme Median qui dans l'imagerie au scanner
02:11aussi ont des taux de détection des cancers précoces qui dépassent 80%.
02:14Dans le diagnostic c'est utile.
02:15Dans le diagnostic c'est utile, mais c'est vraiment la productivité de la R&D le premier
02:18champ et le diagnostic aussi il y a une vraie utilité.
02:21Dans les sujets chauds de la santé, avant d'évoquer les perspectives du secteur, un
02:25mot quand même du thème de l'anti-obésité qui a été alors un thème fabuleux.
02:30Jusqu'à l'an dernier, j'ai envie de dire pendant au moins deux ans, ça a duré peut-être
02:35même un peu plus de 2020-2021 jusqu'à l'été 2024 puisque c'est à ce moment-là qu'on
02:41a vu des boîtes comme Novo ou comme Elilili décrocher un peu du reste du marché.
02:46Pourquoi ce thème devient plus volatile aujourd'hui ? Est-ce qu'on entre dans une
02:50autre phase de ce cycle autour de ces médicaments qui restent très prometteurs de ce que je
02:55comprends ?
02:56Ils restent très prometteurs.
02:57Ça a été intégré dans la valorisation.
02:58C'est vrai que la dernière fois qu'on s'était parlé, j'avais un peu plus de prudence.
03:01On a intégré déjà des marchés de l'ordre de 130 milliards dans la décennie 2030, donc
03:07on avait déjà intégré quand même beaucoup de bonnes choses et la croissance ne se dément
03:10pas.
03:11Mais c'est vrai qu'on est plus exigeant sur les attentes.
03:12Donc maintenant, quand il y a une petite déception sur une publication, c'est sanctionné très
03:15fortement.
03:16Quand il y a un médicament comme celui de Novo Nordisk en fin d'année dernière qui
03:20déçoit un peu un nouveau médicament, il était meilleur qu'Agrizema, qu'Ouegovi.
03:24Agrizema a fait 22,7% de perte de poids alors que Novo avait beaucoup communiqué sur la
03:30barre de 25%.
03:31Voilà, ce qui était probablement une erreur en termes de communication.
03:33Depuis, c'est vrai que là récemment, ils ont un nouveau produit mais qui est plus
03:37en amont.
03:38Il faut voir à quelle vitesse ils arrivent à le développer, qui a 22% de perte de poids
03:41mais à 36 semaines, donc beaucoup mieux que les 50-60 semaines sur lesquelles on l'était.
03:45Donc ça, c'est assez prometteur.
03:46Mais c'est vrai que les marchés sont devenus plus exigeants et quand on perd 20% de poids,
03:50c'est déjà beaucoup.
03:51Donc est-ce qu'il y a besoin de beaucoup plus ?
03:52Pour certaines populations en forte obésité, oui, mais pas pour tout le monde.
03:56Ce qui va être important, c'est les nouvelles façons de regarder et de traiter l'obésité
04:01avec un focus sur la qualité de la perte de poids, préservation de la fonction musculaire.
04:06Aujourd'hui, effectivement, la perte de poids sélective, c'est important.
04:10Il y a des produits, notamment, on regarde tout ce qui est myostatine qui permet de préserver
04:14la fonction musculaire, de renforcer la fonction musculaire.
04:17Il y a quelques biotech américaines, des boîtes comme Scolarock qui s'intéressent
04:20à des trucs comme ça, par exemple aux Etats-Unis.
04:22Il y a des IPO aujourd'hui qui se préparent avec une induction du GLP-1, de la réponse
04:28GLP-1 par l'organisme plutôt que des GLP-1 directement.
04:31Donc on regarde des nouvelles choses, on est plus exigeants et on regarde vraiment la qualité
04:34et pas simplement la perte de poids brute.
04:36Donc il faut être plus exigeant aujourd'hui.
04:37Oui, c'est bien de le rappeler, effectivement.
04:40La perte du poids, la qualité de la perte de poids est au moins aussi importante, voire
04:44plus que la quantité de poids perdu aujourd'hui.
04:47On a atteint cette frontière désormais du côté des GLP-1.
04:51Qu'est-ce qui va façonner la dynamique de l'investissement en santé pour 2025 ?
04:56Je le disais, dans un secteur qui recrute aussi bien des grands laboratoires pharmaceutiques
05:00que des sociétés de biotechnologie, parfois de très grosse taille, bien sûr, mais qui
05:04ont chacune des enjeux et des modèles différents.
05:06Oui, l'année dernière, globalement, la santé s'est bien comportée jusqu'à fin août,
05:10et puis l'automne a été un peu compliqué parce que nomination de RFK à la santé,
05:15alors on connaît ces propos anti-vaccins.
05:17Quand on discute quand même avec des patrons de biothèques américaines, ils disent quand
05:20même que le secrétaire à la santé a rarement beaucoup d'influence concrète sur ce qui
05:23se passe, mais il peut perturber un peu l'AFD et l'ACI.
05:26Après, il ne faut pas oublier que dans l'administration Trump, il y a des gens qui sont même des
05:29patrons de biothèques, qui sont pour l'innovation, donc il peut y avoir des effets de bord négatifs
05:34d'un côté, mais il peut aussi y avoir une accélération des autorisations de médicaments
05:37innovants.
05:38En fait, à la fin de l'année, on était sur un secteur qui était devenu très attractif.
05:41C'est très rare que le secteur sous-performe le S&P pendant deux ans de suite, ce qui s'est
05:44passé avec toutes les perturbations post-Covid, avec cette nomination d'RFK, avec des taux
05:48qui ont un peu de mal à baisser, et donc on était vraiment dans les deux plus bas déciles
05:53de pondération dans le S&P quand on regarde l'histoire des marchés, donc c'est très
05:56attractif.
05:57Et c'est vrai que depuis le début de l'année, le secteur plutôt se comporte bien, on est
06:00plutôt au taux de 5% de performance sur le secteur depuis le début de l'année, avec
06:05effectivement, les inquiétudes sur l'IA font qu'il faut peut-être se diversifier
06:09sur des secteurs plus défensifs.
06:10Ça remet de la lumière sur d'autres secteurs, ça c'est le contre-effet diphtyque.
06:15Exactement.
06:16Et c'est vrai que la santé, on a vu aussi quand même enfin le retour du M&A dans la
06:20biotech, parce que c'est vrai que ça a été un des facteurs de déception.
06:24Je regardais, c'est vraiment tout frais d'aujourd'hui, une étude d'A.Q.V.A qui
06:27montrait qu'il y avait eu quand même une baisse de 66% de la valeur des deals en 24
06:31par rapport à 23, ce qui était une belle année, 23 en termes de deal.
06:34C'est vrai qu'on a attendu des deals qui ne sont pas venus, à la faute sans doute
06:38au taux, la faute sans doute à quelques incertitudes, notamment sur l'IA aux Etats-Unis.
06:43Alors aujourd'hui, les labos reconstituent à une force de frappe, A.Q.V.A l'estime
06:47à 1,5 trilliard quand même, donc c'est assez important, c'est toute la valeur de
06:51la biotech.
06:52Et il y a quelques deals, on a vu en début d'année notamment, nous on était investi
06:54sur une société qui s'appelle Intracellular Therapy, qui s'est fait racheter 15 milliards
06:59en fait par Johnson & Johnson, donc là c'est peut-être le signal que ce M&A reprend dans
07:03la biotech.
07:04C'est un moyen deal ça dans la santé ? C'est un beau deal, c'est pas un très gros deal,
07:11mais c'est quand même déjà un beau deal, et c'est vrai que les pharmas qui se sont
07:15bien comportés globalement l'année dernière, malgré un peu plus de volatilité sur la fin
07:19de l'année, notamment sur l'obésité, les pharmas ont quand même aussi besoin de remplacer
07:22un certain nombre de produits, puisque il faut quand même surveiller les échéances
07:26brevetaires, parce qu'il y a à peu près 290 milliards de dollars d'échéances brevetaires
07:30en termes de chiffre d'affaires dans les cinq prochaines années.
07:33Ça c'est beaucoup par rapport à l'historique ? C'est un petit mur des brevets quand même ?
07:36C'est un petit mur des brevets, parce qu'on était à 125 quand même sur les cinq dernières
07:40années.
07:41Oui, il n'y avait plus de sujets.
07:42Nous on fait quand même attention à ça dans nos investissements, je pense que c'est
07:44des choses qu'il faut regarder attentivement, et c'est une vraie opportunité sur la biotech.
07:48Et puis sur toutes les sociétés qui ont souffert du post-covid, dans le diagnostic,
07:53dans la production de vaccins, on a eu des années perturbées, beaucoup de stockage,
07:57et là maintenant c'est un peu terminé.
07:59Il y a un bon exemple, c'est la publication aussi aujourd'hui.
08:01Coup de fouet, boom-bust, covid, post-covid, ça se termine là ?
08:04Voilà, ça se termine, et le bon exemple c'est aujourd'hui la publication d'AstraZeneca,
08:08qui montre que le chiffre d'affaires est encore faible, mais les prises de commandes
08:12quand même sur le quatrième trimestre sont en hausse, on a des commandes sur 20% supérieures
08:17au chiffre d'affaires, donc c'est quand même un vrai signal de reprise de tous ces segments.
08:20Je reviens toujours à DeepSeek, désolé, je vis DeepSeek depuis hier évidemment Olivier,
08:27mais je trouve que DeepSeek dans l'IA a remis de l'intérêt sur la dimension technologique chinoise.
08:34On pensait que les Etats-Unis étaient très en avance, non pas qu'il n'y avait pas de concurrence chinoise,
08:38mais qu'elle était peut-être beaucoup plus en retard ou beaucoup plus loin derrière
08:42que ce que DeepSeek a démontré ou semble avoir démontré hier.
08:45Qu'est-ce qu'on peut dire si on transfère cette question à la question de la technologie
08:49en santé et des biotech notamment ?
08:51C'est une très bonne question parce que les Chinois, aujourd'hui c'est quelque chose
08:54qu'on vit déjà depuis un an et demi, mais l'année dernière 30% des deals sont faits avec des boîtes chinoises.
08:59Et notamment quand même une des biotech qui est sortie du lot aux Etats-Unis l'année dernière,
09:03c'est Summit Therapeutics, parce qu'ils ont réussi à faire mieux que le Ketruda de Merck dans le Côte du Monde.
09:09Ce n'est pas encore approuvé, mais enfin c'est quand même assez avancé déjà.
09:12Et c'est quand même le sourcing d'une boîte qu'on connaît bien en Chine qui s'appelle Akezo Biopharma
09:16et qui finalement est à l'origine de cette innovation et ce n'est pas les seuls.
09:20Donc il y a beaucoup aujourd'hui, les prix sont quand même bas en Chine,
09:23donc il y a beaucoup d'entrepreneurs américains qui vont faire des deals d'innovation avec des boîtes chinoises,
09:27qui créent des sociétés aux Etats-Unis et bien Summit typiquement ça vaut quand même 17 milliards de dollars.
09:32Donc qui arrivent finalement à transposer. L'innovation chinoise aujourd'hui est très importante dans le domaine de la biotech.
09:37Et il n'y a pas de... Je veux dire, ce sourcing il est accessible aujourd'hui ?
09:41Enfin je veux dire, il n'y a pas de barrière, il n'y a pas de frein,
09:45il y a la possibilité d'aller se sourcer en Chine à travers le tissu des biotechs chinoises ?
09:49Tant qu'à la fin la valeur est créée dans les biotechs aux Etats-Unis, ça ne les dérange pas.
09:53Donc effectivement, Summit ça vaut beaucoup plus qu'Akeso qui est l'auteur de l'innovation
09:57et qui a en plus d'autres innovations dans le pipe.
10:00Merci beaucoup Olivier, merci d'être venu nous voir pour parler des enjeux du secteur de la santé,
10:04de quelques-uns de ces enjeux.
10:06On a balayé le sujet avec vous dans ce dernier quart d'heure.
10:09Olivier Droyer, gérant d'action chez Montpensier Finance, était avec nous l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir,
10:15à retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.