Avec Maya Khadra, journaliste indépendante franco-libanaise, spécialiste du Moyen-Orient
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Maïa Kadra, bonjour. — Bonjour.
00:05— Merci d'être avec nous, journaliste indépendante franco-libanaise, spécialiste du Moyen-Orient.
00:09Maïa Kadra. Enfin, je m'amuse. Je m'amuse pas. Mais quand je regarde les réactions en France après la chute d'Assad,
00:17réaction d'Elefi, réaction de Jean-Luc Mélenchon qui se réjouisse de la chute d'Assad, réaction de Thierry Mariani,
00:24SOS chrétien d'Orient, tous ceux qui sont allés manger dans la main d'Assad, qui étaient des soutiens d'Assad,
00:34qui aujourd'hui retournent leur veste. C'est extraordinaire, non, Maïa Kadra ? Ça vous fait sourire.
00:38— Ça me fait sourire, en fait. Et je m'attendais très sincèrement à ce retournement de veste, parce qu'on y a assisté
00:44au Moyen-Orient aussi. En Syrie, tous ceux qui appuyaient ce régime ont retourné leur veste et ont accueilli à bras ouverts
00:51les rebelles. Au Liban, tous ceux qu'on appelait les collaborateurs ou les pions du régime syrien, pareil.
00:58Bon, ils ont été plus discrets, parce que quand même, ils ont tricoté leur propagande pendant des décennies.
01:03Et en France, je me suis vraiment attendue à ce retournement de veste, parce que c'est des gens qui, pour des raisons
01:09électoralistes, veulent sauver peut-être la face aujourd'hui, au risque de tomber dans toutes les contradictions.
01:16— Et Rima Hassan ! Rima Hassan ! — Qui ne sait jamais qui est née en Syrie et qui ne s'est jamais prononcée sur la crise syrienne,
01:23ni sur les prisons, les abattoirs de Bachar el-Assad, Mazé, Saïd Naya. Elle ne s'est jamais prononcée sur l'utilisation
01:30des armes chimiques qui sont interdites par le droit international, par le droit de guerre. Et donc là, je trouve qu'il y a quand même
01:37une certaine forme d'hypocrisie. — Oui. Assad, qui a tué 500 000, au moins 500 000 Syriens, qui a utilisé des armes chimiques,
01:44était un dictateur sanguinaire. Vous parliez de la prison de Saïd Naya. Qu'est-ce qu'on a découvert, après la chute d'Assad,
01:52dans la prison de Saïd Naya ? — On a découvert l'horreur à la prison. Et j'ai eu des informations d'amis, des confrères qui étaient
02:04sur place ou pas trop loin, qui racontaient l'histoire de ces enfants qui sont nés en prison, ces enfants qui n'ont jamais vu
02:13la lumière du soleil, qui n'ont jamais joué au ballon, qui n'ont jamais côtoyé d'autres enfants. Ils sont nés dans l'horreur.
02:21C'est les enfants des viols, en fait. C'est les soldats syriens, c'est les geôliers qui violaient les femmes détenues.
02:27— Qui détenaient des femmes, qui les violaient. Des enfants sont nés et ont toujours vécu dans un cachot.
02:34— Dans un cachot. Il y a même dans cet énorme cachot qu'est la prison de Saïd Naya un souterrain qu'on appelle
02:42les chambres rouges. C'est là-bas où toutes les pires détortures étaient exercées. Et on cherche encore, parce qu'il y a
02:50des informations qui disent que les soldats d'Assad avaient fermé tous les accès à ce souterrain et qu'il fallait libérer
02:57ces prisonniers le plus tôt possible. Sinon, ils suffoqueraient. — Ils suffoqueraient. Maya Kadra, c'était un régime effroyable,
03:05le régime d'Assad. On le sait. Au Liban, on s'est réjouis de sa chute. — Au Liban, oui. Il y a eu une joie qui a été partagée
03:15presque par tout le monde, sauf par les appuis du Hezbollah, du parti nationaliste syrien et du parti basse aussi.
03:23Mais sinon, il y avait une liesse populaire incroyable. Des convois partout avec des drapeaux libanais, avec des chansons
03:31patriotiques aussi. Et le champagne a été ouvert en direct à la télé libanaise hier. Donc c'est un journée historique.
03:40— Bien. Assad est tombé. Maintenant, Abou Al-Jolani est l'homme fort. Mais bon, attention, hein. Attention, hein.
03:48— C'est l'homme fort avec des limites. Jolani, il a un passé djihadiste qui n'a pas commencé avec la révolution syrienne.
03:57Et les djihadistes, bien avant cela. Depuis la guerre en Irak... — Mais bien sûr. Il s'est battu à Bagdad, effectivement.
04:03État islami... Non, pas État islamique. Al-Qaïda. Al-Qaïda, en Irak. Il s'est battu contre les troupes américaines.
04:10Il a été emprisonné à la prison d'Abu Ghraib, la fameuse prison là-bas en Irak. Au bout de 5 ans, il est sorti.
04:20Et là, il a continué le combat. — En fait, on parlait de retournement de veste. Jolani aussi a retourné à maintes reprises
04:27de sa veste. Il a refusé d'être adoubé par Abu Bakr el-Baghdadi. Il est resté fidèle à Al-Qaïda. Puis il a pris ses distances.
04:34Il a rejoint Hayat Tahrir al-Sham, le fameux HTS qui a pris toutes ces villes jusqu'à Damas. Mais Jolani, bon, ça reste un islamiste.
04:46Ça reste quelqu'un de dangereux. Mais juste, je précise que depuis le début de la chute du régime, à commencer par Alep,
04:56il y a une semaine, j'ai l'impression qu'il y a comme une main invisible qui a orchestré tout cela, parce qu'à lire les déclarations de HTS...
05:04— La main invisible, c'est la main turque. — Alors il y a la main turque. Mais en fait, la main turque n'est pas aussi habile que ça.
05:10Il y a quand même une communication qui est très peaufinée. Quand dans la toute première, tout premier communiqué de presse en arabe
05:18que j'ai lu... Il faut d'ailleurs les traduire, parce que j'ai l'impression qu'ils sont pas traduits assez en France.
05:24Ils ont mis en garde contre le pillage des églises, contre l'atteinte aux chrétiens. Donc on se dit est-ce qu'ils ont vraiment appris de leurs erreurs
05:32ou est-ce qu'ils veulent montrer patte blanche ? Et qui est derrière cela, en fait ? Les turcs. Ils les ont armés, ils les ont entraînés,
05:38ils les ont soutenus. Mais il y a quelque chose quand même. Est-ce que c'est la diversité éduquante des rebelles ?
05:44Peut-être qu'il y a une main américaine. — C'est une nouvelle forme de communication. Il a coordonné... Tiens, vous, à CNN,
05:51vous dites « la main américaine ». — Donc il lit son image. Moi, je trouve qu'après, en fait, l'élection du président Trump,
05:58il y a des dicks qui ont sauté en Bayen-Orient. C'est-à-dire que les événements se sont accélérés de telle manière
06:05à préparer le terrain à un minimum de stabilité avant l'investiture du président Trump le mois prochain.
06:14— Vous pensez que les Américains pourraient être aussi derrière ? — En tout cas, ils peuvent donner... — En tout cas, la communication, c'est vrai, est étonnante.
06:21— La communication, elle est étonnante, en fait. Venant d'un ex d'Al-Qaïda, « Ne touchez pas aux chrétiens », « Ne pillez pas les églises », « Je suis là ».
06:28En fait, il y a aussi une évolution dans la révolution syrienne qui est passée du djihadisme. Elle a gardé la dimension djihadiste.
06:36Mais là, il y a la dimension nationaliste qui a été intégrée dans tous ces discours, c'est-à-dire qu'ils ne veulent plus le djihad global.
06:44Ils veulent faire le djihad en Syrie, à l'intérieur de la Syrie. Ça reste inquiétant. Mais c'est quand même une forme diluée du djihadisme
06:53auquel on a pu témoigner au début. — Bien. Merci beaucoup, Maya Kadra. C'était passionnant. — Merci à vous.
06:57— Passionnant, hein. Je vous le dis. Sur Sud Radio... Non, mais c'est vrai, parce qu'il faut se méfier.
07:03On se réjouit tous de la chute d'Assad. Mais méfions-nous maintenant. Bien. Il est 7 h 47.