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Avec Pierre Vermeren, historien, spécialiste du Maghreb et des sociétés arabo-berbères

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-10-28##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Avec nous Pierre Vermeurenne, qui est historien spécialiste du Maghreb et des sociétés arabo-berbères.
00:10Pierre Vermeurenne, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques Bourdin.
00:14— Merci d'être avec nous. Emmanuel Macron arrive au Maroc, à Rabat, ce matin visite d'État – je dis bien d'État – de 3 jours.
00:24Il ne vient pas seul. Des chefs d'entreprise seront avec lui, une majorité de patrons du CAC 40 dans le voyage.
00:35Et il y a d'autres personnalités aussi. Eh bien la volonté première, Pierre Vermeurenne, c'est de signer des contrats, si j'ai bien compris.
00:44— Je pense que ça va au-delà, parce qu'on sort d'une période de 10 ans de brouille avec le Maroc.
00:49Et il y a un an, au moment du tremblement de terre, si vous vous rappelez, les relations étaient exégrables.
00:56Le Maroc avait refusé l'aide française. Et je crois que la France a besoin... En tout cas, le président Macron considère qu'il faut renouer avec le Maroc,
01:03qui était un partenaire longtemps fiable et avec lequel on s'est fâchés. Et vous savez que par les temps qui courent, il y a beaucoup de pays d'Afrique
01:10et du monde arabe avec lesquels on est fâchés. On ne peut pas se fâcher avec tout le monde. Il faut renouer avec un vieil ami.
01:14Et c'est ce que le président Macron, je pense, considère comme l'essentiel. Après, les contrats, c'est en plus. Et c'est presque une manière,
01:20évidemment, pour le Maroc de remercier la France, notamment autour de la question du Sahara. On va en parler, je pense.
01:26— Oui, on va en parler, Pierre Vermeurenne. Alors les contrats, rapidement. Contrats ferroviaires, d'autres contrats de construction.
01:32Je rappelle que le Maroc va organiser les Jeux olympiques de 2030. — Oui, bien sûr. Le Maroc prétend à des ambitions internationales importantes
01:43sur la scène africaine. Il veut se présenter comme un pays modèle capable d'organiser des grandes rencontres internationales.
01:49Et bien sûr, la France, si un jour cela arrive ou se renouvelle, espère être évidemment un partenaire de ces événements.
01:56— Oui. Puis c'est l'image de la France en Afrique. Au Sahel, l'un des enjeux de la visite. — Ah, c'est clair. La France est brouillée avec plusieurs pays du Sahel,
02:05puisque les Russes nous ont progressivement chassés d'un certain nombre de pays comme le Mali. Or, le Maroc a des très bonnes relations
02:11avec ses États pour plein de raisons religieuses, politiques, économiques. Le roi Mohammed VI a beaucoup mis l'accent sur sa politique africaine
02:19durant son long règne de plus de 25 ans maintenant. Et donc la France espère utiliser effectivement ou en tout cas renouer grâce à lui
02:28avec un certain nombre de pays. On pourrait aussi citer le cas du conflit oublié en Libye, qui mérite aussi bien une attention.
02:35Et le Maroc espère lui aussi y revenir. Donc ça peut faire un partenariat intéressant pour reprendre pied dans ces pays.
02:40— Oui. Pierre Vermorenne, on se réconcilie avec le Maroc. Retrouvaille. D'un autre côté, en se réconciliant avec le Maroc,
02:49on distend encore un peu plus ses relations avec l'Algérie. — Bah oui, parce que malheureusement, c'est une sorte de bascule.
02:58Mais si vous voulez, on peut pas se permettre de se fâcher ni avec l'un ni avec l'autre durablement. Donc renouer avec le Maroc,
03:03c'était très important, parce qu'il y a une tradition d'amitié et de relations proches, surtout très ancienne. Il y a une tradition
03:10d'amitié compliquée avec l'Algérie, comme on le sait, puisque les deux pays ne se parlent plus, n'ont même plus de relations diplomatiques
03:17et sont évidemment fâchés en premier à cause du dossier du Sahara occidental, devenu Sahara sous souveraineté marocaine
03:24selon le président Macron, même si l'ONU ne l'a pas reconnu. Et donc c'est tout un dossier qui reste ouvert. Et là, clairement,
03:30les Algériens sont absolument hostiles, évidemment, aux positions françaises. Mais voilà, le président Macron a fait un choix cet été
03:38en adressant au roi pour la fête du trône le 30 juillet une lettre où il reconnaît que la position française est un soutien au Maroc
03:45dans cette affaire. — Bien. Est-ce que... Parce que Bruno Retailleau sera présent, évidemment, aura un rôle important dans le dossier
03:52des OQTF, les fameuses obligations de quitter le territoire français. Comment faire ? 830 000 immigrés marocains sont en France.
04:01Alors évidemment, ils ne sont pas tous sous OQTF. Que les choses soient bien claires, il y a beaucoup d'étudiants marocains en France.
04:0745 000. Il y a 229 000 OQTF marocains. De 2019 à 2022, seulement 1 300 refoulements. Comment faire ?
04:20— Ah bah justement, il fallait d'abord se réconcilier, se parler et mettre ce dossier sur la table. Alors ça fait partie des nombreux dossiers
04:28liés aux affaires du ministère de l'Intérieur, que ce soit l'islam de France, que ce soit les OQTF, l'immigration légale et illégale, etc.
04:37La question évidemment du narcotrafic et de la production de cannabis. Mais tout ça va être discuté effectivement de manière, je pense,
04:44assez discrète. Mais c'est clair que Paris attend un geste très net sur les OQTF. Il est tout à fait possible que le Maroc, évidemment,
04:53accepte un retour plus important, parce qu'il a bien compris qu'aujourd'hui, vu la situation sécuritaire en France, c'est quelque chose
05:01de très sensible et très important pour Retailleau et l'Intérieur. — Évidemment, Pierre Wermorin. Et puis le trafic de stupéfiants.
05:08N'oublions pas que le Maroc est gros producteur de cannabis. — Ah, c'est clair. L'essentiel de ce qui est consommé en France dans cette drogue
05:17est produit là-bas. Et donc même s'il y a des réseaux très compliqués de redistribution jusqu'aux consommateurs français, la question est posée.
05:25Elle est posée depuis très longtemps. Les autorités françaises n'ont jamais vraiment osé l'aborder de front avec le Maroc.
05:30Je ne sais pas si ce sera le cas cette fois-ci. — Ah, bah c'est ça, la question. Ça sera certainement pas mis sur la table.
05:37Je pense qu'on n'en sera pas informés. Mais j'ai peu de doutes que la question va être posée par le ministère de l'Intérieur,
05:44parce que c'est vrai que quand on s'intéresse à un marché, à un produit, on s'intéresse en premier au producteur. C'est assez logique.
05:50— Bah évidemment. Merci beaucoup, Pierre Wermorin. Merci, historien, spécialiste du Maghreb et des sociétés arabo-berbères de nous en suivre
05:56avec attention. Ce voyage d'Emmanuel Macron au Maroc, il est important, ce voyage pour de multiples raisons.
06:03Vous l'avez compris, raison économique, raison lutte contre le trafic stupéfiant, et puis les eaux QTF, puis les problèmes migratoires, évidemment.

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