Avec Elie Korchia, président du consistoire israélite de France et avocat
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Élie Korchia, bonjour.
00:05Bonjour.
00:06Merci d'être avec nous. Je rappelle que vous êtes président du Consistoire Israélite de France,
00:10vous êtes avocat de profession.
00:12Le Consistoire, c'est une institution qui a été créée en 1808
00:15pour administrer le culte israélite en France,
00:19et vous nommez le grand rabbin de France, d'ailleurs.
00:21Bien, Élie Korchia, à Strasbourg devait se dérouler un festival du film israélien.
00:30C'est un festival qui a été créé en quelle année, il y a longtemps ?
00:35Il y a 16 ans, c'est-à-dire qu'il y a vraiment un historique dans ce festival.
00:38Et pour la première fois cette année, ce festival a été annulé ?
00:42Exactement.
00:42Par les organisateurs ?
00:43Exactement, suite à des pressions.
00:45Suite à des pressions, d'abord il avait été décalé.
00:47Il faut quand même rappeler à celles et ceux qui nous écoutent
00:49qu'il avait été décalé, il devait avoir lieu au mois de juin,
00:51en période un petit peu compliquée, on était entre les européennes, les législatives,
00:55c'était compliqué.
00:56Donc d'un commun accord, il avait été décidé de le décaler au mois de septembre.
01:00Et là, des pressions, des menaces, de certains groupes de personnes,
01:07de certains groupes pro-palestiniens et d'extrême-gauche
01:10qui ont fait des pressions très très fortes sur le cinéma,
01:13le cinéma star qui est connu des Strasbourgeois
01:16et qui devait accueillir ce festival comme il le fait depuis 16 ans.
01:19Et on en est arrivé à un tel degré de pression et de menaces
01:22que finalement, le cinéma a décidé, a fait savoir aux organisateurs
01:27qu'il devait malheureusement annuler.
01:29Annuler. La municipalité a bougé ou pas ?
01:32La municipalité a été...
01:33A soutenu le cinéma ?
01:35La municipalité a été évidemment contactée par les représentants de la communauté locale
01:41qui soutiennent.
01:42C'est le consistoire israélite du Barin qui aide à l'organisation depuis 16 ans de ce festival.
01:48Donc évidemment, le consistoire local est intervenu vis-à-vis de la mairie.
01:51L'adjointe à la culture a fait savoir que la mairie ferait son maximum
01:55pour que ce festival ne soit pas annulé, s'inédier,
01:57mais qu'il puisse être reporté, parce qu'il n'est pas question.
02:00Il le sera ?
02:00J'espère. Aujourd'hui, au moment où je vous parle ce matin,
02:03nous n'avons pas la certitude, mais j'espère et j'attends qu'il le soit
02:06parce que s'il ne l'était pas, ça voudrait dire quoi ?
02:08Ça voudrait dire qu'on est dans un pays en France
02:10où aujourd'hui, alors que la liberté, la création artistique en France
02:13comme en Israël est quelque chose de très fort,
02:16ça voudrait dire quoi ? Qu'on cède finalement à la censure,
02:18qu'on cède aux pressions et que finalement, la liberté recule.
02:21Qu'on ne peut plus organiser un festival du film israélien dans notre pays.
02:27Exactement. Alors qu'il y a un festival du film palestinien
02:30qui est organisé au printemps, sur place, au mois d'avril,
02:33qui a des festivals de films lesbiens, homosexuels
02:37qui sont organisés sans aucune difficulté.
02:39Mais là, ça voudrait dire quoi ? Que certaines personnes
02:42arrivent à faire tellement de pressions et de menaces
02:44que finalement, ils essayent de faire reculer la liberté artistique.
02:48Dites-moi, on ne parle de la communauté juive
02:51que lorsqu'il y a des incidents, lorsqu'il y a comme ça des annulations,
02:55lorsqu'il y a des menaces, lorsqu'il y a des risques terroristes.
02:59Vous avez raison, c'est un des problèmes.
03:01Quand je viens sur les antennes, sur les médias,
03:05malheureusement, 95% des fois, et je suis gentil, c'est peut-être 99%,
03:09c'est malheureusement pour parler d'attentats, d'antisémitisme,
03:13de situations difficiles, alors qu'en fait, il y a plein de projets,
03:17il y a une communauté qui est présente depuis des centaines et des centaines d'années,
03:20qui a toujours fait partie de la communauté nationale,
03:22et c'est vrai qu'il faut un petit peu positiver,
03:25c'est dur de vivre dans un climat,
03:27parce que derrière cet anti-sionisme,
03:29vous savez très bien qu'il y a un antisémitisme
03:31qui est très fort depuis ces dernières années,
03:33et surtout depuis le 7 octobre,
03:35et c'est vrai que c'est quelque chose qui est totalement insupportable en 2024.
03:38Éric Orchia, on a beaucoup dit que de nombreux juifs de France
03:42voulaient rentrer en Israël ou partir pour Israël,
03:47c'est vrai ou c'est faux ?
03:48Déjà, je préfère l'expression partir que rentrer, Jean-Jacques Bourdin,
03:51parce qu'effectivement, nous sommes ici dans notre pays,
03:54vous avez bien fait, vous avez bien fait, j'ai bien vu,
03:56non, non, nous sommes ici dans notre pays,
03:58les juifs de France, l'histoire juive de France,
04:02fait partie de l'histoire nationale, du récit national,
04:04donc il n'est pas question d'abord qu'on fasse partir
04:07les juifs de France comme n'importe quelle autre population
04:10qui fait partie de la nation française.
04:12En revanche, c'est vrai que le climat dont vous venez de parler,
04:14le climat particulièrement anxiogène,
04:16fait que certaines personnes souhaitent partir,
04:18mais d'ailleurs que ce soit en Israël, aux États-Unis, au Canada,
04:21en Italie ou autre part.
04:22Mais plus qu'avant ? Plus qu'avant aujourd'hui ou pas ?
04:25Écoutez, plus qu'avant.
04:26Quand vous voyez depuis le 7 octobre une augmentation de 300%
04:30pour le premier semestre des actes antisémites
04:32et 1000% dans le dernier trimestre 2023,
04:35il est normal que certaines personnes se disent
04:37est-ce qu'on a encore un avenir dans ce pays ?
04:39Est-ce qu'on peut encore rester dans un pays
04:41où le climat et le taux d'antisémitisme est si important ?
04:44Moi ce que je dis, c'est que quand on part,
04:46on part pour un idéal, pour un projet de vie.
04:48On ne doit pas partir de France aujourd'hui pour prendre la fuite.
04:51On doit rester ici.
04:53Mais évidemment, celles et ceux qui ont un projet de vie ailleurs
04:55peuvent le faire.
04:56Mais je n'accepte pas que dans notre pays,
04:58un pays qu'on aime profondément viscéralement,
05:00on se dise qu'on doit partir parce qu'on n'est plus en sécurité.
05:03Ça, ce n'est pas possible.
05:04Alors vous partez pour Toulouse, justement,
05:06juste après l'interview.
05:08Pourquoi ?
05:09D'abord pour aller rencontrer la communauté juive de Toulouse, j'imagine.
05:12Et puis, la semaine dernière, un professeur a fait polémique.
05:15Il accueillait ses étudiants pour la rentrée.
05:17Professeur de mathématiques à la Toulouse School of Economics,
05:20il a entamé une diatribe violemment anti-israélienne.
05:26Exactement.
05:27Alors là, on n'est même plus sur...
05:29D'abord, professeur de mathématiques, comme on dit,
05:31le premier jour de rentrée à ses élèves,
05:33il se lance dans une diatribe,
05:36un discours qui suintait la haine.
05:39Il faut l'écouter.
05:40Enfin, quand on l'écoute, on peut éviter d'écouter aussi.
05:43Mais effectivement, quand on a entendu ses propos,
05:45c'est des propos particulièrement choquants.
05:47On voit que ce n'est pas seulement une discussion
05:49sur la situation, sur ce qui se passe,
05:51parce qu'il n'y a aucun équilibre.
05:54On ne parle pas des otages, on ne parle pas du 7 octobre,
05:56on ne parle pas du terrorisme.
05:58On parle simplement de la haine d'Israël.
06:00Et c'est cet anti-sionisme violent, féroce,
06:03qui aujourd'hui entraîne la haine de l'autre.
06:05Et d'ailleurs, je souligne, et il faut saluer le fait,
06:08que les autorités, la direction,
06:10ont décidé de suspendre cet enseignant,
06:12qui évidemment n'avait pas à tenir ce type de propos
06:15particulièrement haineux un jour de rentrée à des élèves,
06:17alors que ça n'avait rien à voir avec le sujet
06:19qu'il était censé leur enseigner.
06:21Merci Éli Corchia d'être venu nous voir ce matin
06:23sur l'antenne de Célia Radio.
06:25Il est 7h46, à vous faire agir, 0826 300 300.
06:28Élisabeth Lévy est avec nous.