Avec Jean-Claude Félix-Tchicaya, chercheur à l'Institut de Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— 150 000 civils tués. Une guerre oubliée. 25 millions de personnes, des hommes, des femmes, des enfants souffrent d'un conflit oublié
00:16dont on ne parle jamais, ce qui se passe au Soudan. Et je suis très heureux, ce matin, sur Sud Radio, de recevoir Jean-Claude Félix Tchikhaïa,
00:24qui est chercheur à l'Institut de prospective et sécurité en Europe. Bonjour. — Bonjour.
00:28— Merci d'être avec nous. Souffrance liée à la famine, à l'exil, des populations qui sont déplacées. C'est horrible, ce qui se passe au Soudan.
00:40Tout cela parce que deux généraux, deux généraux se battent à mort. Pourquoi ? Pour le pouvoir et pour l'argent, pour les ressources
00:51de ce pauvre pays, ressources qui ne vont pas à la population. — C'est exactement ça. Rappelez que le Soudan,
00:56les troisièmes plus grands pays d'Afrique, juste après le premier, c'est l'Algérie, après les RDC et le Soudan. Un conflit sous cloche d'excite l'ONU.
01:06Le secrétaire général de l'ONU, M. Guterres, qui dit bien que c'est une crise mondiale armée la plus grave du moment.
01:12Donc elle est mise dans l'ombre par rapport au conflit proche-orient et en Ukraine. Et il est mis quasiment sous cloche.
01:19Vous l'avez bien dit. Donc à peu près, le Soudan, à peu près 50 millions d'habitants. 25 millions de Soudanais sont concernés.
01:28Mais ça s'étend jour après jour sur tout le pays. Khartoum, qui était avant... Parce qu'il y a déjà eu beaucoup de conflits au Soudan,
01:37et là est concerné par cette guerre fratricide. — Khartoum, qui est une ville admirée, qui est une belle ville.
01:43— Guerre fratricide entre deux généraux qui étaient amis. — Alors deux généraux. Qui sont ces deux généraux ? Ils étaient amis.
01:47— Alors ils étaient amis. Donc M. Emethi, de force dite d'action rapide, qui était le bras armé de l'ancien dictateur El-Bechir,
01:56qui est resté donc pendant 30 ans, en 2019. Il a été, après une révolution populaire remarquable, il a été donc destitué et il est incarcéré.
02:06Donc le pouvoir civil a peut-être fait l'erreur en montant donc un pouvoir bicéphale avec les deux militaires qui étaient le bras armé
02:14contre les manifestations pro-démocratie. Il faut dire que le Soudan, l'armée est très ancrée, notamment. Donc je veux parler d'un de l'ange de M. El-Bourane,
02:22dite le général armé de l'armée régulière, mais qui fait preuve d'action plus qu'irrégulière. Donc il y a des massacres, des viols.
02:30— Donc face à face, c'est deux généraux. — Face à face, deux généraux. — Le général Bourane, c'est ça, et le général...
02:37— Daglo, d'Yemeti. — Daglo, d'Yemeti. Voilà. Ils sont face à face. Et ils sont l'un comme l'autre soutenus par de nombreux pays étrangers.
02:46— Oui, je peux soutenir pour M. Yemeti, donc les Émirats, le Tchad, la Libye par l'intermédiaire du général Haftar, la Russie, donc avec Wagner.
02:57— La Russie soutient Yemeti. — Wagner, donc Wagner, qui... Donc l'armée un petit peu protectrice des minerais.
03:03Il faut savoir que le minerai, sur le plan mondial, les prix augmentent. — C'est quel minerai ?
03:09— Alors il y a un peu de tout. C'est un des pays les plus riches d'Afrique. — De l'or ? — De l'or, en abondance.
03:16Donc c'est un des pays les plus riches en matière première avec une population les plus appauvrie. Je ne dis plus le mot « population pauvre »
03:24mais plutôt « appauvrie » par el-Béchir d'abord et les deux militaires ensuite. Donc il y a une résistance, quand même.
03:32— Donc d'un côté, Yemeti, qui est soutenu par le Tchad, la Libye, les Émirats arabes unis, la Russie, puis Al-Bourane, qui est soutenu par qui, lui ?
03:39— L'Égypte, l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Érythrée, le Qatar, la Turquie. On voit bien qu'il y a une moyenne orientalisation de ce conflit.
03:47Donc l'Amérique est prise entre deux feux. L'UE aussi, qui malheureusement a pris une décision plus que malheureuse par rapport à la lutte contre la migration.
03:58Donc pour arrêter les Soudanais, elle a fait un petit contrat insidieux avec Yemeti, mais maintenant rétro-pédale pour arrêter la migration.
04:07Mais ce que je voudrais dire, c'est qu'il y a 12 millions de Soudanais qui sont déplacés au Soudan et 3 millions à l'extérieur du Soudan,
04:21qui vont donc dans les pays frontaliers, qui eux aussi sont confrontés à d'autres problématiques.
04:26Donc les migrants, on ne n'est pas migrant, on le devient, et on le devient notamment à cause de deux généraux qui se battent pour les minerais, pour l'or.
04:34— Deux dictateurs. — Dictateurs. Donc l'alternative, il y a des réunions avec l'ONU ou d'autres instances...
04:40— C'est quoi ? On peut pas les mettre autour d'une table ? — Moi, je ne vois pas en ces deux généraux... Je n'y vois aucune alternative.
04:47Et d'ailleurs, l'Union africaine que j'interpelle d'ici, parce que c'est la première instance concernée, donc elle est bien silencieuse,
04:56parce qu'à l'intérieur du continent africain, chacun a des alliances avec les pays que je viens de citer, et il y a un petit peu en embuscade pour voir qui,
05:06malheureusement, va l'emporter, mais pas pour l'intérêt du peuple soudanais. Mais donc beaucoup veulent contracter les minerais,
05:13qui sont à peu près à des prix dix coûts, si je peux me permettre. Mais voilà donc des Soudanais, et notamment des Soudanaises,
05:21parce que les violences soudanaises, les viols sont quasiment systématiques et armes de guerre à l'intérieur du Soudan.
05:30Donc merci à Sud Radio. Merci à vous de mettre en exerce ce plus grave conflit d'ixithloïnu mondial qui se passe sous cloche
05:38dans le troisième plus grand pays d'Afrique, avec des millions de personnes, douze millions sont déplacés, trois millions sont à l'extérieur du Soudan,
05:48et je rappelle aussi que 81% des migrations africaines sont intra-africaines à l'intérieur du continent de 54 pays.
05:56— Merci Jean-Claude Félix Tchikaya. Merci d'être venu nous parler du Soudan. Nous avions besoin de ça. Nous avions besoin de ça, oui, pour regarder le monde.