Alexandre Portier le ministre délégué démissionnaire à la Réussite scolaire et à l’Enseignement professionnel, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de la censure de Michel Barnier, du futur gouvernement et de l'allocution d'Emmanuel Macron de jeudi soir.
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00:00La grande interview avec Alexandre Portier.
00:03Bonjour Alexandre Portier, merci d'être avec nous.
00:05Vous êtes ministre délégué à la réussite scolaire
00:09et à l'enseignement professionnel dans un gouvernement qui est démissionnaire.
00:12Évidemment, est-il besoin de le préciser ?
00:14Hier, le président de la République s'est exprimé une dizaine de minutes
00:17à 20 heures à la télévision.
00:18Sans doute la plus courte allocution du président de la République.
00:21Il a peu parlé, une finie dit assez peu de choses.
00:24Alexandre Portier, quel est le message du président de la République
00:26que vous avez retenu hier soir ?
00:28Le président de la République a insisté sur un point important.
00:31L'urgence, c'est de sortir de la crise.
00:33Et ce matin, si je suis là, c'est pour sortir de la crise.
00:36Je considère évidemment que la droite a un rôle à jouer,
00:39qu'elle doit être au cœur de la solution.
00:41En juillet dernier, on avait pris nos responsabilités
00:43avec des propositions à un pacte législatif.
00:46Et maintenant, je pense que c'est important que la droite continue
00:49à jouer tout son rôle dans le futur gouvernement.
00:52Évidemment, on avait un premier ministre de droite
00:54qui permettait de porter une politique de droite.
00:55Et ça, c'est indispensable, je crois,
00:57parce que c'est ce qu'attendent les Français, tout simplement.
00:59Alors, on va parler de la composition du prochain gouvernement.
01:03On va parler déjà de qui pourrait remplacer Michel Barnier.
01:06Mais je voulais qu'on reste sur ce qui s'est dit hier soir.
01:09Le président a affirmé que Michel Barnier avait été censuré
01:11par un front anti-républicain.
01:13C'est aussi votre analyse, l'alliance du RN et de la France insoumise.
01:17Soyons très clairs, on a assisté au vote d'une motion de censure
01:21qui est la coalition des contraires.
01:23Qu'est-ce qui unit aujourd'hui le RN et le NFP ?
01:27Si ce n'est la volonté du désordre.
01:29Et je me mets à la place de ceux qui ont voté.
01:31Je ne crois pas qu'ils voulaient tous que ça se termine comme ça,
01:34après les dernières législatives.
01:36On a le RN qui a choisi de soutenir Jean-Luc Mélenchon
01:40à travers ce vote, c'est-à-dire de s'associer et de se rendre complice
01:44d'un parti, le NFP, d'un groupe politique qui défend les dealers.
01:48Alors Marie-Pierre, elle a dit hier soir sur CNews,
01:52invité de Christine Kelly, elle a dit
01:55en réalité, on s'est servi du NFP comme d'un outil.
01:58Ça ne se passe pas comme ça.
01:59Vous ne pouvez pas voter la censure, baisser le pouce
02:01et ensuite vous en laver les mains.
02:03Ça ne se passe pas comme ça.
02:03Quand vous votez une censure, vous donnez aussi un soutien politique
02:07à Jean-Luc Mélenchon, qui est dans une entreprise de destruction
02:10aujourd'hui, qui est dans une attaque permanente contre nos institutions,
02:14qui défend l'apologie du terrorisme, qui veut le désordre,
02:16qui défend les dealers, qui est aussi le premier à traiter nos policiers d'assassins.
02:20Oui, donc il est hors jeu pour vous ?
02:23Clairement, ma première préoccupation,
02:26c'est évidemment qu'on empêche un gouvernement NFP aujourd'hui.
02:28On est dans un pays qui est majoritairement de droite.
02:30Les Français ne comprendraient pas qu'on leur laisse la place.
02:33Emmanuel Macron reçoit donc aujourd'hui les différentes
02:36composantes politiques de la majorité présidentielle qu'il appelle de ses voeux.
02:40Il va recevoir les socialistes, les macronistes et les républicains.
02:44La droite dont vous êtes issu doit donc participer au prochain gouvernement.
02:49On a fait un choix en juillet qui était d'être une force de proposition
02:52et de déblocage de la situation.
02:54C'est toujours facile quand on est en politique d'être spectateur,
02:57de mettre des cartons rouges sur le banc de touche.
02:59Je considère au contraire que quand on est en politique,
03:01c'est pour assumer pleinement le combat de ses idées et aller les défendre.
03:05Et c'est pour ça que je pense que c'est indispensable
03:07que la droite continue à jouer un rôle de premier plan
03:10dans le gouvernement en défendant ses idées.
03:12Et vous avez une ligne rouge.
03:13Votre ligne rouge, c'est pas de nomination d'un Premier ministre issu du NFP.
03:17Exactement, exactement.
03:18Alors donc pas de Premier ministre socialiste.
03:20On ne participera pas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de gauche.
03:24Et avec des ministres socialistes ?
03:27Pour l'instant, on n'en est pas là.
03:28Il ne faut pas griller les étapes.
03:29Et premièrement, c'est la prérogative du président de la République.
03:32S'il y a des ministres PS au gouvernement, est-ce que ce serait acceptable selon vous ?
03:36Je pense que pour l'instant, on n'en est pas là vraiment.
03:38C'est la prérogative du président de la République.
03:40Et moi, ce que je souhaite, c'est qu'on ait un premier ministre
03:42qui soit le plus à même de garantir que la politique qui sera menée
03:45sera conforme à ce que veulent les Français.
03:47On l'a vu ces dernières semaines, notamment avec Bruno Retailleau à l'intérieur.
03:51Quand vous avez un ministre de l'Intérieur qui est courageux,
03:53qui est lucide sur la situation, qui est sincère dans son engagement,
03:56qui va chercher des résultats très concrets,
03:57par exemple dans la lutte contre le narcotrafic,
04:00on voit que les Français soutiennent massivement la politique qui est menée.
04:03Je l'ai menée aussi dans d'autres champs, le champ scolaire.
04:05On voit qu'il y a une vraie attente de droite dans ce pays.
04:07Et les Français ne comprendraient pas qu'on laisse le pouvoir à la gauche maintenant.
04:10Vous soutenez Bruno Retailleau à Matignon ?
04:13Ça a été un très bon ministre de l'Intérieur
04:15et je suis convaincu qu'il ferait un très bon premier ministre.
04:18Mais après, c'est la prérogative du président de la République.
04:20Évidemment, mais il ferait un bon premier ministre ?
04:22Il ferait un bon premier ministre,
04:23mais c'est surtout la prérogative du président de la République, je le redis.
04:27On connaît ses qualités, on a vu son engagement, on a vu la sincérité.
04:30Et je crois que derrière lui, on est très nombreux,
04:32surtout à vouloir une politique de droite,
04:33parce que c'est aujourd'hui la solution
04:35qu'attendent les Français dans tous les domaines.
04:37La sécurité, l'immigration, évidemment, les questions culturelles aussi.
04:42La question de l'école, on a besoin de retrouver de l'autorité
04:44dans le fonctionnement de l'école, c'est indispensable.
04:47Quelle place va-t-il falloir accorder au Rassemblement national ?
04:50Vous avez entendu Marine Le Pen,
04:51elle veut co-construire avec le prochain gouvernement.
04:55Co-construire, c'est par définition la mission d'un Parlement.
04:58Chaque député est désigné dans son territoire
05:00pour participer au travail parlementaire,
05:02à l'élaboration de la loi, pour être force de proposition.
05:05Ça veut dire amender des textes, ça veut dire écrire des propositions de loi.
05:08Et donc, par définition, on discute avec tous les députés dans un hémicycle.
05:11Donc, pas plus, pas moins, Marine Le Pen n'aura pas plus de poids
05:17que les députés NFP, si je vous suis.
05:19Ça s'appelle le jeu des institutions.
05:20On discute avec tous les députés et toutes les voix sont égales,
05:24par définition, dans l'hémicycle.
05:26L'ERN a été méprisé par Michel Barnier ?
05:28Non, je ne dirais pas ça.
05:29C'est ce que dit Marine Le Pen,
05:31c'est ce que disent les députés du Rassemblement national.
05:34C'est trop facile.
05:35Moi, d'abord, je veux saluer et remercier Michel Barnier pour son engagement.
05:39C'est un homme d'État qui a été à la hauteur de la situation
05:41quand beaucoup ne l'ont pas été.
05:43Et très clairement, il a fait des efforts pour essayer de rassembler
05:47le plus grand nombre dans une période difficile.
05:49Donc, c'est trop facile de renvoyer en permanence la balle sur les autres.
05:52Alexandre Portier, ministre délégué à la réussite scolaire
05:55et à l'enseignement professionnel, invité de la grande interview,
05:57CNews Europe 1.
05:58Qui est responsable de la situation dans laquelle on se trouve ?
06:01Cette crise politique, cette crise de régime, diront certains.
06:05Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points.
06:08Simplement, ce que je vois, c'est qu'il faut qu'on sorte de la crise
06:11et qu'on trouve des solutions.
06:12Quand on est engagé en politique, c'est pour être un apporteur de solutions.
06:15Et pour moi, la clé, c'est évidemment que la droite prenne toute sa part
06:18et assume toute sa responsabilité pour permettre la sortie de la crise.
06:22On est aujourd'hui le premier groupe parlementaire
06:24entre l'Assemblée et le Sénat.
06:26Et de loin, la majorité des élus de ce pays, les maires,
06:29les présidents de départements, de régions sont de notre sensibilité.
06:32La sortie de crise ne peut pas se faire sans nous.
06:34Mais qui est plus responsable ?
06:36Emmanuel Macron, en ayant peut-être dès le début, d'ailleurs, en 2017,
06:40créé le « en même temps » qui en réalité n'a pas fonctionné.
06:43Il y a une droite et une gauche.
06:44On nous a fait croire qu'il n'y avait plus de droite, plus de gauche.
06:46En réalité, il y en a une.
06:47Est-ce que c'est Emmanuel Macron qui est le plus responsable de cette situation ?
06:50Et puis avec la dissolution, évidemment.
06:52Ou plutôt les artisans du chaos ?
06:53Pour reprendre l'expression de Bruno Retailleau ce matin dans le Figaro,
06:56pour parler du RN et de Valéphi.
06:58Je crois qu'il y a des repères clairs en politique.
07:00La gauche, la droite, ça veut dire quelque chose.
07:02Mais je ne veux pas qu'on passe notre temps à regarder dans le rétroviseur,
07:04à refaire des matchs, parce que ce n'est pas la question du jour.
07:07Aujourd'hui, on a besoin d'un Premier ministre.
07:08On a besoin d'un gouvernement.
07:09On a besoin d'un budget.
07:10Et ce n'est pas en faisant l'histoire,
07:12il y a des spécialistes qui le feront et qui le feront très bien,
07:15qu'on va arriver à sortir de ces difficultés.
07:17Emmanuel Macron va pouvoir rester à l'Élysée jusqu'en 2027 ?
07:20Il y a des institutions, il a été élu.
07:23Et maintenant, ce qui compte, c'est qu'on puisse se remettre tous,
07:25surtout à la tâche.
07:26On a besoin d'un gouvernement.
07:27Oui, mais Alexandre Portier,
07:29qu'est-ce que vous dites de ceux qui appellent à sa démission ?
07:31Non, et je ne vois pas depuis quand le vote d'une motion de censure
07:35entraînerait la démission du Président de la République.
07:37C'est absurde.
07:38Jean-Luc Mélenchon était dans l'hémicycle au moment du vote de la censure.
07:43Il n'a pas dit un mot.
07:44On est nombreux à avoir en tête cette image où il était au-dessus de l'hémicycle,
07:49en train de regarder, de contempler son œuvre.
07:52Comment vous analysez cette image ?
07:56C'est un triste spectacle.
07:58On voit quelqu'un qui est issu de l'école Trotskyiste
08:01et qui vise quoi ?
08:01Qui vise le désordre et qui vise la fracturation,
08:03à la fois de la société et de nos institutions.
08:07Tout le sens de mon engagement politique, c'est de m'opposer,
08:10évidemment, à cette vision-là.
08:11Et c'est pour ça que je crois que la droite ne doit surtout pas
08:14laisser la place, parce que la nature a horreur du vide
08:16et que notre responsabilité, dans ce moment-là,
08:19c'est d'être une force de proposition.
08:20Je souhaite qu'on ait un Premier ministre de droite,
08:22un gouvernement qui puisse porter la politique que les Français attendent,
08:24c'est-à-dire une politique de droite en matière de sécurité,
08:27en matière scolaire.
08:28Moi, je me suis attaché, par exemple, sur des choses assez simples,
08:30à ce qu'on soit intraitable sur les questions de laïcité,
08:32à ce qu'on puisse affermir le cadre scolaire
08:34avec l'interdiction du téléphone portable,
08:36à ce qu'on puisse aussi mettre fin à des dérives militantes.
08:38Et tout ça nous engage pour l'avenir.
08:41Elle s'est laissée endormir, la droite, ces dernières années ?
08:44En tout cas...
08:45Écrasée entre la France insoumise à gauche
08:48et le Rassemblement national à droite ?
08:51J'entends par la droite, les Républicains...
08:53On paye toujours à s'excuser de ses convictions.
08:55Et c'est ce qu'ont fait les politiques de droite ?
08:58Se sont excusés d'être de droite, d'avoir des solutions de droite ?
09:01En tout cas, ce que je vois, c'est qu'à chaque fois qu'on assume un discours clair,
09:04on pense à nouveau à Bruno Retailleau en matière de sécurité.
09:06On a la pleine adhésion des Français.
09:08Et ça, c'est une leçon extrêmement importante.
09:10C'est ça, la leçon que je tire de ces deux mois passés.
09:12Quand je me suis engagé sur la question de la théorie du genre,
09:15de l'éducation à la sexualité,
09:16j'ai bien vu que j'avais eu des milliers de messages de soutien,
09:19des soutiens populaires,
09:20parce que les gens ont besoin d'un discours de vérité.
09:23On l'a vu sur les questions d'immigration.
09:25On ne peut pas dire aux Français qu'ils ne voient pas
09:28ce qui se passe dans leur pays et que cela n'a pas lieu.
09:30Et notre responsabilité, c'est d'être force de proposition
09:32pour que la droite prenne toutes ses responsabilités
09:34dans le prochain gouvernement, en tenant une ligne forte,
09:37une ligne courageuse, une ligne claire, mais certainement pas en reculant.
09:41Il va y avoir une loi spéciale dans les prochains jours,
09:44à la mi-décembre, puis un budget au début de l'année.
09:47Qu'est-ce qu'il faudra changer dans le prochain budget
09:49par rapport à celui de Michel Barnier ?
09:52D'abord, il faut qu'on ait un gouvernement qui puisse
09:55remettre le pays sur la voie du travail.
09:59C'est quand même ça, la première des priorités.
10:02Deuxièmement, le budget doit permettre d'assurer
10:03les missions fondamentales d'un pays.
10:05La première mission, c'est de faire tourner le service public.
10:08Le budget qu'on a présenté à l'Assemblée nationale,
10:10par exemple sur le scolaire,
10:11le domaine que je suis et sur lequel je suis engagé,
10:14il prévoyait des augmentations qui permettaient notamment
10:16de continuer à améliorer les conditions de travail de nos enseignants.
10:19Il permettait de mieux financer la prise en charge du handicap à l'école.
10:22Il permettait de financer l'amélioration de l'ULC professionnel.
10:25Ce sont des choses très concrètes.
10:26Je vais être encore plus concret pour vous situer un exemple.
10:29On avait des emplois d'AESH, vous savez,
10:30les accompagnants d'enfants en situation de handicap,
10:32qui étaient prévus dans ce budget.
10:34Si on n'a pas ces emplois nouveaux,
10:36les conditions d'accueil des enfants en situation de handicap
10:39vont se dégrader dans les mois qui viennent.
10:40Ça, ça peut arriver très vite.
10:42Les fonctionnaires seront payés ?
10:44On a des règles qui permettent de garantir pendant plusieurs mois.
10:47Mais à un moment donné, comme vous le savez,
10:49il y a aussi le jeu de l'inflation,
10:52la conjoncture financière avec des taux d'intérêt qui peuvent évoluer.
10:55Si le budget 2024 était fait par définition
10:57pour subvenir aux besoins de l'année 2025,
11:00ça se ferait depuis longtemps.
11:01Alors, une petite question au sujet de l'économie et du budget.
11:04On nous avait promis le chaos économique et financier
11:07si la censure a été votée.
11:10La bourse ne s'est pas effondrée et le chaos économique n'est pas là.
11:14Alors qu'il est, effectivement, peut-être que dans six mois, on en reparlera.
11:18Quel est votre commentaire là-dessus ?
11:19Je suis un fils d'artisan et de commerçant.
11:21Ce que je vois sur le terrain, très concrètement,
11:23c'est que la situation se dégrade aujourd'hui.
11:26Malheureusement, le commerce est au calme plat.
11:28On a des filières qui sont à l'arrêt, comme le bâtiment.
11:31Les carnets de commandes se vident semaine après semaine.
11:33Donc, personne ne peut dire qu'il n'y a pas un problème.
11:34La signature de la France sur les marchés financiers est au plus bas.
11:38On a des taux d'intérêt aujourd'hui
11:40qui avoisinent ceux de la Grèce quand ils ne passent pas devant.
11:42Donc, tous ces signaux-là sont des signaux réels.
11:44Marine Le Pen disait hier soir que l'économie française
11:47ne s'était pas effondrée et que la bourse allait bien.
11:51Peut-être pour elle, mais je ne crois pas que ce soit le quotidien des Français.
11:55Marine Le Pen disait également que les Français en avaient marre des impôts.
11:57Les entreprises en avaient marre des impôts.
12:01Votre commentaire, déjà, sur ce point de vue ?
12:03Le comble, c'est que le RN et le NFP ont proposé à l'Assemblée nationale
12:0834 milliards d'euros d'impôts supplémentaires. C'est ça, le comble.
12:12Si on n'augmente pas les impôts, il va falloir réduire drastiquement
12:14les dépenses publiques ?
12:15C'est la priorité.
12:16C'est la priorité des priorités ?
12:18Je vais vous donner un exemple très concret.
12:20Mais ça, tout le monde dit que c'est la priorité.
12:21Et quand on est aux manettes, on n'arrive plus à le faire.
12:24Vous faites un budget en 15 jours où tout n'est pas simple.
12:27Il faut avoir un peu d'humilité par rapport à ça.
12:29Après, je vais vous donner un exemple très concret.
12:30On vit dans un pays qui, assez vite, va passer plus de temps
12:34à mettre de l'argent sur la charge de la dette que sur l'école.
12:38Bientôt, dans quelques mois, si on continue comme ça...
12:40Les 60 milliards d'intérêts par an.
12:41Les intérêts vont peser plus que le budget de l'éducation nationale.
12:43C'est-à-dire qu'on va passer plus de temps à corriger les erreurs du passé
12:46qu'à investir sur l'avenir de nos enfants.
12:47Ça, c'est dramatique.
12:48Donc, il faut réduire, évidemment, la dépense publique
12:50et réduire les déficits, c'est prioritaire pour l'avenir.
12:52Vous êtes ministre de la réussite scolaire et ministre délégué
12:56à l'enseignement professionnel.
12:58On vous a entendu sur le projet Evars.
13:00Vous y avez fait allusion.
13:01Éducation, la vie affective, relationnelle et sexuelle.
13:04Ça s'appelait avant l'éducation sexuelle.
13:08Voilà. Où est-ce qu'on en est ?
13:10J'ai tenu, et je le dis, à une ligne républicaine.
13:13Je considère que l'école a des missions fondamentales
13:15et que le militantisme n'y a pas sa place.
13:17Ce que j'ai dit avec des mots simples,
13:19évidemment, je le crois toujours et je serai vigilant chaque jour,
13:22aussi longtemps que durera ma mission,
13:23à ce qu'on tienne cette ligne républicaine.
13:25Le travail est encore en cours du ministère.
13:27Mais par contre, c'est évidemment important qu'on puisse aussi
13:30tenir cette ligne républicaine jusqu'au bout.
13:32Vous avez mis en garde contre l'introduction de la théorie du genre
13:34dans ce programme.
13:36Est-ce que vous avez été entendu ?
13:37Je crois. D'abord, j'ai été entendu par les Français
13:40qui sont massivement opposés à ce que l'école devienne
13:43un lieu d'idéologie et de militantisme.
13:45Si on met chacun de nos enfants à l'école le matin,
13:47c'est pour qu'ils apprennent.
13:48C'est que l'école leur apporte quelque chose
13:50qu'on ne peut pas forcément leur apporter en tant que parents.
13:52Mais il y a aussi,
13:54évidemment, la nécessité d'avoir un discours
13:56quand on voit ce qui se passe autour de nous, dans la société.
13:59Les violences sexuelles que peuvent subir les jeunes,
14:00les violences intrafamiliales,
14:03l'omniprésence des images et caractères pornographiques.
14:05L'école a un rôle à jouer pour lutter contre ça.
14:08C'est d'ailleurs pour ça que j'avais défendu
14:09l'interdiction du téléphone portable,
14:10parce que je ne veux pas que ce soit dans la cour d'école
14:12à neuf ou dix ans que nos gamins apprennent ce qu'est la sexualité.
14:16Donc, de ce point de vue-là, je crois que j'ai été entendu
14:18et qu'on est nombreux à se retrouver sur cette position de bon sens.
14:20Et sur cette question de l'éducation affective et sexuelle,
14:23on a pu constater vos divergences avec votre ministre de tutelle,
14:27Anne Jeuneté.
14:28Vous sembliez avoir des vues radicalement opposées.
14:30Est-ce qu'il n'est pas temps d'en finir avec l'eau en même temps ?
14:33On a vu des divergences également entre Bruno Retailleau et Didier Migaud.
14:36Est-ce qu'il ne faut pas maintenant,
14:37est-ce que l'heure n'est pas d'arriver d'avoir un cap clair,
14:39de savoir où on va et d'arrêter avec cette eau tiède
14:43qui est l'eau en même temps ?
14:44Qu'on ait des désaccords ou des différences en politique, c'est normal.
14:48C'est la nature du débat démocratique.
14:49C'est normal qu'on puisse les exprimer.
14:51Et je trouve que c'est toujours une...
14:52Ça, c'est formidable.
14:53Mais il y a un moment, il faut décider.
14:54Après, effectivement, il faut décider.
14:56Et très clairement, ce que je vois aujourd'hui,
14:58c'est que la majorité des Français sont d'accord avec la ligne que j'ai portée.
15:02Vous souhaitez rester au gouvernement ?
15:04Ce n'est pas une question de personne.
15:05Après, j'ai porté ma mission avec conviction, avec énergie,
15:09sur des sujets qui sont importants pour les Français.
15:11Si je peux la continuer dans un cadre qui le permet,
15:13avec un Premier ministre qui partage mes convictions,
15:15je le ferai avec plaisir.
15:16Mais la question de personne est bien secondaire.
15:18C'était la grande interview d'Alexandre Portier.
15:20Merci beaucoup d'être venu sur le plateau de la matinale de CNews et d'Europe.
15:24Un ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement professionnel.
15:27Bonne journée à vous.
15:27Merci beaucoup.