Nouveau gouvernement : «C'est une sorte de soumission à la Macronie qu'on nous propose», estime Manon Aubry
Manon Aubry, eurodéputée La France insoumise, répond aux questions de Romain Desarbres au sujet de la composition du gouvernement de Michel Barnier.
Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres
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00:00Bonjour Manon Aubry, vous êtes l'invitée de la grande interview CNews Europe 1 ce matin.
00:06Merci d'être là, eurodéputée La France Insoumise, présidente de la gauche au Parlement.
00:10Comme tous les jours, il y a énormément d'actualités à commenter.
00:14On attend votre point de vue sur différents sujets.
00:17Mais là, on va parler bien sûr, commencer par le gouvernement, le nouveau gouvernement Barnier,
00:21le futur gouvernement Barnier.
00:23On en connaît les grands équilibres politiques déjà.
00:26Il va y avoir 38 ministres dont 16 de plein exercice.
00:29Comment est-ce que vous jugez cette nouvelle équipe ?
00:31J'ai un peu le sentiment qu'on prend les mêmes et on recommence.
00:34Et le message qui est envoyé aux Français, c'est que le meilleur moyen de gouverner dans ce pays,
00:38c'est de perdre les élections.
00:40Vous avez un gouvernement de perdants, qui en réalité, ce n'est plus un gouvernement,
00:45c'est une forme de rétrécissement avec une extrême droitisation de la Macronie.
00:50C'est-à-dire une extrême droite ? Personne ne vient de l'extrême droite dans ce gouvernement ?
00:55Ça ne vous a pas échappé que si ce gouvernement tient, je ne sais pas pour combien de temps,
00:59pour quelques semaines ou quelques mois, c'est uniquement avec le soutien de l'extrême droite
01:04et de Marine Le Pen qui a fait le choix, non pas d'une bienveillance,
01:08mais en réalité, d'un soutien à ce gouvernement.
01:10Et puis, quand vous regardez dans les noms qui sont annoncés,
01:14il y a parmi les noms qui sont annoncés...
01:16Elle ne le soutient pas, mais elle a dit qu'elle ne le censurerait pas.
01:19Si Marine Le Pen a des désaccords politiques avec ce gouvernement,
01:23y compris qui n'est pas le reflet du résultat des élections,
01:26normalement, elle devrait le censurer.
01:28Mais on voit qu'une fois de plus, le Rassemblement national et l'extrême droite
01:32sont devenus la béquille de la Macronie,
01:35qui ne doit sa survie que grâce à l'extrême droite.
01:38Et puis ensuite, si on regarde un petit peu dans le détail des noms qui sont annoncés...
01:43Moi, j'ai été frappée, par exemple, de voir le nom de Laurence Garnier
01:46circuler pour être ministre de la Famille.
01:49Laurence Garnier, c'est quelqu'un qui a voté
01:52contre la constitutionnalisation du droit à l'avortement.
01:55Laurence Garnier, elle a été Maniche pour tous,
01:58c'est-à-dire qu'elle a manifesté contre le mariage homosexuel.
02:01Laurence Garnier, par exemple, elle est contre les thérapies de conversion.
02:04Bref, c'est une personne homophobe que vous allez placer...
02:08Elle est contre le droit des femmes,
02:10que vous allez placer à la tête du ministère de la Famille.
02:13Mais ce n'est pas une provocation, pardon,
02:15mais c'est un crachat à l'ensemble des Françaises...
02:17Elle n'est pas contre l'IVG, elle est contre le fait d'inscrire l'IVG...
02:20Contre la constitutionnalisation...
02:22Sur le mariage pour tous, c'était il y a 11 ans.
02:25Oui, pardon, mais ça veut dire quelque chose.
02:27Moi, je crois aux convictions politiques.
02:30Peut-être que vous avez une bande d'arrivistes au gouvernement,
02:33mais franchement, je vous le dis, je décolère pas.
02:36Pourquoi on demande aux gens de voter
02:38si, à la fin, on dit qu'on n'en a rien à faire de ce que vous votez
02:41et que c'est moi qui décide tout seul, avec mes copains ?
02:44C'est pas une cohabitation. On nous avait annoncé une cohabitation.
02:47Pardon, mais en réalité, c'est une forme de soumission à la Macronie
02:51qu'on nous propose.
02:52Aucune personnalité de gauche n'a voulu y aller.
02:54Mais aucune personnalité de gauche n'a voulu y aller
02:56pour appliquer un programme de droite.
02:58En fait, on a des valeurs, des convictions, des objectifs politiques.
03:01Vous m'auriez dit, et ça aurait été normal,
03:03pourquoi vous allez, dans un gouvernement,
03:05défendre, par exemple,
03:07de continuer à avoir une politique d'austérité budgétaire
03:11alors que vous défendez, par exemple,
03:13des moyens pour l'éducation et la santé ?
03:15Pourquoi vous allez dans un gouvernement qui n'abroge pas la réforme des retraites
03:18alors que vous avez défendu l'abrogation de la réforme des retraites ?
03:20Donc, c'est normal, j'ai de la cohérence politique.
03:22Et franchement, je vais vous dire,
03:24tout ce petit jeu, il est assez pitoyable.
03:26Et ce qui m'inquiète, c'est que ça fait du mal à la politique.
03:28J'imagine les gens qui se réveillent ce matin et qui se disent
03:31que Laurent Wauquiez et tous les Républicains
03:33qui crachaient sur les macronistes puis qui gouvernent avec eux,
03:36à la fin, les gens n'ont plus de colonne vertébrale politique.
03:39Manon Aubry, Michel Barnier semble vouloir
03:41augmenter les impôts des plus aisés,
03:43pas des classes moyennes mais des plus aisés
03:45et également des entreprises qui font des gros profits.
03:49C'est à préciser, il faudra voir ce qu'il dira
03:51dans son discours de politique générale.
03:53Vous pourriez le rejoindre sur tel projet ?
03:55Augmenter les impôts, c'est votre truc ou pas ?
03:59J'attendrai quand même de voir.
04:01Oui, c'est votre truc ou pas d'augmenter les impôts ?
04:03Non, moi, ce qui est mon truc, c'est davantage de justice fiscale.
04:05Faire en sorte que Bernard Arnault...
04:07Tout irait rien dire.
04:09Si, c'est un peu plus précis qu'augmenter les impôts
04:11sans dire ceux desquels.
04:13Parce que la réalité, c'est que ce gouvernement,
04:15à mon avis, il n'écarte pas la possibilité
04:17d'augmenter des impôts injustes,
04:19comme la TVA, comme la CSG,
04:21mais que la réalité, c'est qu'ils viennent
04:23dans une situation budgétaire et ils sont la continuité
04:25de Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie
04:27et des Finances des missionnaires, qui a cramé la caisse.
04:30Il a cramé la caisse ces dernières années
04:32en faisant 50 milliards d'euros de cadeaux fiscaux
04:35aux plus riches et aux entreprises multinationales.
04:37Et vous voyez, il y a un sondage intéressant
04:39qui est sorti cette semaine, qui démontre
04:41que 67 % des Françaises et des Français
04:43sont en faveur du rétablissement de l'impôt sur la fortune.
04:45Alors, je pose la question ce matin
04:47à Michel Barnier. Prévoit-il de rétablir
04:49l'impôt de solidarité sur la fortune,
04:51qui, je le rappelle, n'est pas payé par les Français
04:53qui nous écoutent et payé par un tout petit pourcentage
04:55de gens extrêmement riches ?
04:57Voilà une des pistes, comme la taxation
04:59sur les superprofits des grandes entreprises.
05:01Voilà des moyens de ramener de l'argent dans les caisses...
05:03Et augmenter la fiscalité.
05:05Vous savez quel est le taux de prélèvement obligatoire en France ?
05:07Oui, il est à peu près de 50 %.
05:0948 % selon Eurostat.
05:11Vous savez qu'on est au maximum.
05:1341,7 % en moyenne pour la zone euro.
05:15Et 34 % pour les pays de l'OCDE.
05:17Et vous nous dites, on peut encore augmenter les impôts.
05:19Et vous savez de combien il est
05:21pour les 1 % les plus riches,
05:23ce taux de prélèvement obligatoire ?
05:25Il est de 25 %.
05:27Ça dépend de quoi on parle.
05:29C'est vous qui me parliez de prélèvement obligatoire.
05:31Mais là c'est Eurostat.
05:33Les impôts, les cotisations, les taxes.
05:35Et vous pourriez aller jusqu'à combien ?
05:37Je vous prends les mêmes chiffres.
05:39Moi je veux diminuer le taux de prélèvement obligatoire
05:41des plus pauvres et augmenter le taux de prélèvement obligatoire
05:43des 0,1 %
05:45qui va jusqu'à même
05:47que 2 % de taux de prélèvement obligatoire.
05:49Vous imaginez d'impôts
05:51pour ces personnalités
05:53les plus riches ?
05:55Permettez-moi d'avoir un doute sur la volonté de Michel Barnier.
05:57Vous faites là du symbolique.
05:59Non, c'est pas du symbolique.
06:01Ça ramène de l'argent dans les caisses d'Etat.
06:03Je vais vous donner un exemple.
06:05Savez-vous combien a prévu de rapporter notre réforme
06:07de l'impôt de solidarité sur la fortune ?
06:0910 milliards d'euros.
06:11Savez-vous combien on prévoit de rapporter
06:13avec notre réforme de taxation des superprofits ?
06:1510 milliards d'euros.
06:17Ça commence à faire pas mal, non ?
06:19C'est 20 milliards d'euros déjà des 50 milliards d'euros
06:21qui ont été cramés par Bruno Le Maire chaque année.
06:23Donc oui, je veux dire aux gens qui nous écoutent,
06:25ce n'est pas à vous de payer
06:27la folie économique du gouvernement passé.
06:29C'est à ceux à qui on a multiplié
06:31les cadeaux fiscaux.
06:33Et vous voyez, si le président de la République
06:35avait respecté le vote des Françaises et des Français,
06:37c'est un gouvernement du Nouveau Front Populaire
06:39qui serait à l'heure actuelle à la tâche
06:41et qui aurait rétabli davantage de justice fiscale
06:43pour que les petits payent petits
06:45et que les gros payent gros, comme le disaient
06:47à juste titre les Gilets jaunes.
06:49À l'Assemblée nationale, la France insoumise a
06:51déposé une motion de destitution
06:53d'Emmanuel Macron,
06:55qui n'a en l'occurrence
06:57aucune chance d'aboutir, et vous le savez.
06:59Pourquoi faire ça ?
07:01Je m'arrête là-dessus une seconde.
07:03Ça fait des semaines, depuis qu'on parle de cette motion
07:05de destitution, qu'on nous dit qu'elle n'a aucune chance
07:07d'aboutir, ne serait-ce que parce qu'elle ne passerait pas
07:09l'étape du bureau de l'Assemblée nationale.
07:11Or, les faits l'ont démontré cette semaine.
07:13Mais c'est une majorité de l'NFP.
07:15Oui, mais regardez,
07:17les socialistes ne sont pas d'accord,
07:19ça ne passera même pas l'étape
07:21du bureau de l'Assemblée nationale.
07:23Donc, vous voyez,
07:25ça a passé l'étape du bureau de l'Assemblée nationale.
07:27Maintenant, moi, je ne désespère pas
07:29de convaincre les députés
07:31à l'Assemblée nationale, et ce sera un moment de clarification.
07:33Est-ce que vous êtes du côté d'Emmanuel Macron
07:35qui, aujourd'hui, provoque
07:37un coup de force antidémocratique historique,
07:39ou est-ce que vous êtes pour le respect
07:41des urnes ? Un coup de force démocratique
07:43du président de la République ? Oui, c'est un coup de force.
07:45Quand vous provoquez une élection
07:47et que vous asseyez sur le résultat de cette élection,
07:49comment ça s'appelle si ce n'est un coup de force ?
07:51Et c'est pour ça que j'appelle
07:53à une grande mobilisation populaire.
07:55D'abord, demain, dans la rue, à l'appel
07:57des organisations de jeunesse, d'associations comme Attaque,
07:59de toutes celles et tous ceux, finalement,
08:01qui, comme moi, ce matin, sont dans une colère folle
08:03et ne veulent pas rester les bras croisés face à ce coup de force.
08:05Et puis, vous pouvez aussi signer
08:07une pétition sur macron-destitution.fr.
08:09On est déjà plus de 300 000 à l'avoir signée.
08:11Il faut qu'on augmente la pression
08:13parce que sinon, on a un homme tout seul
08:15depuis l'Elysée qui décide pour notre amie.
08:17Manon Aubry, invitée de la grande interview
08:19de CNews Europe. Un vrai coup de force,
08:21ce n'est pas celui de Nicolas Maduro au Venezuela,
08:23qui a expulsé son rival Nicolas Maduro,
08:25qui a toujours été soutenu par Jean-Luc Mélenchon.
08:27Ce n'est pas ça un coup de force démocratique ?
08:29J'aime bien comment vous ressortez
08:31régulièrement le sujet Venezuela.
08:33Il vous gêne ?
08:35Non, il ne me gêne pas. Je vous invite à travailler vos dossiers
08:37puisqu'au Parlement européen, on a voté
08:39une résolution cette semaine, mais j'imagine que vous ne l'avez pas vue.
08:41Et dans cette résolution,
08:43précisément, nous appelons
08:45à un recontage
08:47des voix. Nous appelons
08:49comme l'ont fait des pays comme le Brésil
08:51et d'autres États d'Amérique latine
08:53à davantage
08:55de... à ramener
08:57le calme dans les rues
08:59aujourd'hui du Venezuela et
09:01à retenir des élections
09:03dans un cadre démocratique
09:05et dans un cadre contrôlé. Donc non, nous ne soutenons
09:07pas Nicolas Maduro.
09:09Vous ne soutenez plus Nicolas Maduro ?
09:11Non, nous ne l'avons jamais soutenu.
09:13Et je vous invite à trouver des paroles
09:15que j'ai pu tenir en soutien
09:17à Nicolas Maduro, et puis n'hésitez pas
09:19à aller regarder la résolution qu'on a votée cette semaine au Parlement européen.
09:21Manon Aubry, vous voyez
09:23Emmanuel Macron finir son mandat ou pas ?
09:25Franchement ? Vous pensez là
09:27qu'il est capable de le tenir, son mandat ?
09:29Je veux dire, il est détesté dans le pays,
09:31il est minoritaire dans l'opinion
09:33publique, il ne gouverne
09:35que grâce à des coups de verre. Mais il est président de la République de la...
09:37Bien sûr, il a été...
09:39Sous la Ve République.
09:41Il a été élu démocratiquement, et c'est
09:43justement parce que je tiens la démocratie qu'il bafoue
09:45que je pense qu'aujourd'hui, il n'est plus
09:47en mesure... Franchement, je le vois
09:49y compris en tant que députée européenne. Sur la scène européenne,
09:51il n'a plus aucune crédibilité. Nos collègues
09:53viennent nous voir et nous disent, attendez,
09:55le président de la République
09:57provoque des élections, et puis ensuite
09:59il s'assoit sur le résultat des élections. Je veux dire,
10:01dans n'importe quel autre pays européen,
10:03il y aurait une mobilisation
10:05de nos homologues européens pour dire
10:07la démocratie et l'État de droit sont en danger.
10:09Donc je lance l'alerte. On ne peut pas
10:11donner des leçons à des États comme la Hongrie
10:13et de l'autre côté, avoir un président de la République
10:15qui s'assoit
10:17sur nos principes démocratiques fondamentaux
10:19comme le fait Emmanuel Macron. Donc je vous le dis,
10:21tôt ou tard, Emmanuel Macron
10:23partira, et il nous faut
10:25préparer la relève. Avant 2027, vous l'entendez ?
10:27Je pense que c'est aujourd'hui
10:29une possibilité assez forte.
10:31D'ailleurs, beaucoup d'éditorialistes,
10:33de journalistes l'envisagent aussi.
10:35Et je le dis, nous, on est prêts à gouverner. On ne l'était
10:37prêts pas. Avec qui ? Jean-Luc Mélenchon sera le candidat
10:39de la France Insoumise ?
10:41S'il y a une présidentielle anticipée ?
10:43Je pense qu'en tout cas,
10:45il en a les forces, la capacité...
10:47Et l'envie, visiblement.
10:49Et l'envie, ce sera à lui d'y répondre, ce n'est pas à moi d'y répondre
10:51pour lui. Mais vous souhaitez que ce soit lui ?
10:53Moi, je pense que c'est un bon candidat pour le Nouveau Front Populaire.
10:55Et que je pense
10:57qu'on a besoin de maintenir
10:59à la fois la dynamique,
11:01l'unité d'action, mais aussi
11:03la force qui a été
11:05la sienne des précédentes élections
11:07présidentielles. Maintenant,
11:09l'avenir nous le dira sur la manière dont ce sera
11:11organisé, mais
11:13nul ne peut ignorer, vous montrez là
11:15à l'instant pour ceux qui voient les images sur CNews,
11:17les images
11:19de la fête de l'humanité.
11:21On ne peut pas nier aujourd'hui qu'il y a
11:23un écho populaire dans le pays
11:25de ce que porte le Nouveau Front Populaire,
11:27de ce que porte Jean-Luc Mélenchon.
11:29Et je souhaite, en tout cas, qu'on se
11:31donne un maximum les moyens d'aller gagner.
11:33Jean-Luc Mélenchon qui a dit qu'il faut
11:35mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires.
11:37Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps.
11:39Pourquoi il ne s'intéresse qu'aux
11:41quartiers populaires et
11:43aux jeunes, pas à la France qui travaille,
11:45à la France périphérique, à la France des centres-villes,
11:47accessoirement ? Ça ne vous a pas
11:49échappé que dans les quartiers populaires,
11:51vous avez aussi la France qui travaille,
11:53vous avez la France qui se lève tôt à 4h du matin,
11:55par exemple les femmes de ménage qui viennent nettoyer
11:57ce studio. Mais ce qu'il a dit,
11:59et c'est une phrase sortie de son contexte,
12:01c'est qu'en réalité,
12:03dans la jeunesse et les quartiers populaires,
12:05ce sont aujourd'hui des segments de la population
12:07française qui votent le moins. Et quand on
12:09est des démocrates, on devrait s'intéresser
12:11et faire en sorte que les gens votent le plus.
12:13Je sais bien qu'Emmanuel Macron, il est en train
12:15d'essayer de nous dégoûter de la politique,
12:17il est en train d'essayer de nous résigner. Et vous savez,
12:19quand tous les dégoûtés de la politique
12:21s'en vont, il ne reste plus que les dégoûtants.
12:23Et nous, on essaie de faire en sorte
12:25que les dégoûtés se réinvestissent dans la politique
12:27et qu'il ne reste plus... Et que les dégoûtants,
12:29eux, s'en aillent. Parce que les dégoûtants,
12:31ce sont ceux qui nous gouvernent à l'heure
12:33actuelle contre la volonté populaire.
12:35Donc oui, la France insoumise
12:37fait un travail de mobilisation
12:39de la jeunesse et des quartiers populaires
12:41parce qu'on ne peut pas se satisfaire
12:43que dans la jeunesse et les quartiers populaires,
12:45il n'y ait qu'une personne sur trois qui aille
12:47voter, comme ça a été le cas dans les dernières élections.
12:49On continuera à les sensibiliser, à les mobiliser,
12:51mais évidemment que ce ne sera pas les seules
12:53personnes à qui on s'adressera.
12:55La grande interview senior européen de Manon Aubry,
12:57eurodéputée de la France insoumise.
12:59Manon Aubry, je voudrais vous entendre
13:01sur ce qu'a dit Boilem Sansal
13:03dans le Figaro magazine, ça sort
13:05aujourd'hui, interrogé
13:07par Alexandre Devecchio, écrivain
13:09franco-algérien, il vient d'être naturalisé
13:11français, Boilem Sansal. Il dit la France
13:13est un pays à la ramasse, qui vit sur
13:15des gloires passées. Pourquoi la France
13:17coule-t-elle ? Je résume grossièrement
13:19mais c'est vraiment ça. Boilem Sansal
13:21identifie trois raisons. Il parle de la
13:23médiocrité de notre personnel politique, petit 1.
13:25Petit 2, il parle d'une immigration
13:27de très bas niveau qui refuse de s'intégrer.
13:29Et petit 3, il parle d'un islam
13:31archaïque, retour de bâton
13:33de nos ex-colonies. Quel est
13:35votre point de vue sur ce que
13:37dit Boilem Sansal, qui
13:39est algérien, je le répète, et qui vient d'être naturalisé
13:41français ? Écoutez,
13:43si la France est en train
13:45d'être déclassée,
13:47notamment d'un point de vue économique sur la scène internationale,
13:49personnellement, je pense que c'est
13:51davantage dû au fait que nos
13:53services hospitaliers se dégradent faute de moyens.
13:55On a tous fait l'expérience. Moi, j'ai 34 ans
13:57et je me souviens, quand j'étais petite,
13:59j'attendais moins de temps aux urgences que quand
14:01j'y suis allée récemment.
14:03Je me souviens que quand j'étais petite,
14:05quand j'allais à l'école, on avait davantage
14:07de moyens que nos enfants
14:09en bas âge à l'heure actuelle.
14:11Et qu'est-ce qui s'est passé en 30 ans ?
14:13Qu'est-ce qui a eu de différent dans la société française en 30 ans ?
14:15Il y a eu un désinvestissement massif,
14:17notamment dans nos services publics,
14:19mais je vais plus loin. Il y a eu un désinvestissement massif
14:21de ce qui fait société, ce qui fait
14:23le vivre ensemble. Ce qui fait le vivre ensemble, c'est qu'on a...
14:25Et qui ne veut pas vivre avec qui, aujourd'hui ?
14:27Mais tout le monde veut vivre avec tout le monde.
14:29Moi, je veux vivre avec vous, je veux vivre avec
14:31tous ceux qui nous écoutent, parce que faire société,
14:33c'est avoir des repères communs.
14:35On l'a vu, ça peut donner des grands moments,
14:37on l'a vu pendant les Jeux olympiques, vous avez un sentiment
14:39d'appartenance en commun.
14:41Mais si tout est fait pour nous diviser dans la société,
14:43notamment en fonction de la couleur de peau,
14:45en fonction de la religion, comme il le fait d'ailleurs,
14:47alors vous divisez notre peuple
14:49et alors, précisément, vous créez
14:51des repères différents.
14:53Vous visez à fracturer notre société.
14:55Et je pense que pour rassembler la société,
14:57il faut des repères communs,
14:59mais il faut aussi des moyens communs,
15:01il faut des services publics communs,
15:03il faut ce qui a fait
15:05la grandeur de la France, je pense que c'est son État social,
15:07et qu'il l'est en train de se déditer,
15:09c'est vrai, et je suis inquiète
15:11pour l'avenir, parce qu'il peut y avoir
15:13un décrochage de la France
15:15et de l'Union européenne sur la scène internationale
15:17de cette fameuse grandeur passée,
15:19un terme à la rigueur que je peux reprendre,
15:21mais je pense qu'elle est véritable
15:23que sur les questions économiques et sociales.
15:25Merci beaucoup, Manon Aubry,
15:27c'était votre grande interview.
15:29C'est dommage, on devait parler du procès des viols
15:31de Mazan, et j'observe que la question
15:33des droits des femmes passe très régulièrement
15:35à la trappe sur l'ensemble des plateaux télé.
15:37On nous a même fait la remarque, à nous,
15:39les politiques, qu'on n'en parlait pas assez,
15:41mais j'observe qu'on nous pose assez peu la question,
15:43alors que c'est un procès qui fait date
15:45d'une femme qui a été violée
15:47sous soumission chimique par 50 hommes
15:49et qui démonte la culture du viol dans notre société,
15:51et moi, j'en appelle une véritable
15:53prise de conscience collective si on veut
15:55agir contre les violences sexistes et sexuelles.
15:57C'est un sujet qui me tient à cœur, et c'est pour ça que
15:59je voulais le mentionner à votre antenne
16:01parce que j'ai été très touchée,
16:03y compris par le témoignage de Gisèle Pellicot,
16:05mais aussi des hommes qui sont accusés
16:07et qui utilisent
16:09parfois des arguments de viol
16:11involontaire, comme s'ils n'avaient pas
16:13conscience de ce qu'ils pratiquaient,
16:15et qui, je crois, doivent tous nous interpeller.
16:17Excusez-moi d'avoir duré cette interview,
16:19mais je pense que le sujet était important.
16:21Merci beaucoup, Manon Aubry. C'était votre grande interview
16:23CNews Europe.