Le ministre délégué à la Réussite scolaire et à l’Enseignement professionnel, Alexandre Portier, était l’invité de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00CNews, il est 8h12, CNews et Europe 1, bien sûr.
00:04Bonjour Alexandre Portier.
00:05Bonjour Romain Desarbres.
00:05Merci beaucoup d'être avec nous, invité de la grande interview CNews-Europe 1.
00:10Vous êtes ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement
00:13professionnel, il y a énormément de sujets à avoir avec vous
00:18et vous êtes venu ce matin sur CNews et Europe 1
00:21pour faire une annonce et parler du téléphone à l'école.
00:26Parmi vos chantiers, il y a l'interdiction des téléphones à l'école,
00:29ce combat est essentiel à vos yeux ?
00:31Il faut vraiment que tout le monde comprenne de quoi il s'agit.
00:34Aujourd'hui, l'addiction au téléphone portable chez nos jeunes
00:37est une catastrophe éducative et sanitaire.
00:41Éducative parce qu'on a aujourd'hui un effondrement de l'attention
00:44chez nos jeunes, marqué par une crise de la lecture,
00:47une crise du langage, une crise de la pensée et aussi une crise sanitaire.
00:50J'insiste là-dessus avec le développement
00:52de vrais problèmes de santé mentale chez nos jeunes.
00:54On a un jeune sur deux dans ce pays qui se dit anxieux
00:56quand il n'a pas son téléphone à côté de lui.
00:58Et donc, il faut qu'on ait le courage de dire les choses.
01:00Le portable est nocif pour nos jeunes et la responsabilité de l'école,
01:03c'est d'être un lieu de désintoxication numérique.
01:05Alors, dans la loi, cette interdiction est effective depuis 2018.
01:10Ça ne s'applique pas ?
01:12Vous vous rendez compte de ce qu'on venait de dire ?
01:14On a une loi qui est votée depuis six ans et qui n'est toujours pas en oeuvre.
01:18On est dans un pays de fous. Pourquoi ?
01:20Par manque de volonté politique, je le dis, parce qu'on a eu peur
01:23d'aller jusqu'au bout et il faut qu'on assume aujourd'hui
01:26d'avoir cet acte de protection et de préservation de nos jeunes.
01:29C'est absolument fondamental, parce que ne pas protéger nos jeunes,
01:32c'est les laisser en proie face à des phénomènes de harcèlement scolaire,
01:35face à des logiques d'isolement, alors que l'école est censée être
01:38le lieu de l'ouverture, par définition, le lieu de la rencontre avec l'autre.
01:41Et puis, les laisser aussi dans une logique d'enfermement.
01:44Le téléphone portable crée des murs entre les élèves et les enseignants.
01:48Peur, ça n'a pas été fait parce que peur de quoi ?
01:50Peur d'affronter qui ? Les professeurs, les élèves, les parents ?
01:54On est avec le téléphone portable face à un défi éducatif
01:56qui est l'un des plus grands qu'on ait connu des dernières décennies.
01:59Et donc, forcément, il y a beaucoup de questions qui se posent sur
02:01comment faire, jusqu'où on peut aller ?
02:02Est-ce qu'on aura le soutien des parents dans ces démarches ?
02:05Et ce que je vois dans les établissements qui l'ont testé,
02:07c'est qu'on peut arriver à lever ces difficultés
02:09dès lors qu'il y a le soutien politique.
02:11Donc, concrètement, qu'est-ce qui va changer avec vous ?
02:14On vient de faire le constat depuis 2018, c'est dans les textes
02:17et ça n'est pas appliqué.
02:18Qu'est-ce qui va se passer ?
02:19Qu'est-ce qui va changer avec Alexandre Portier au ministère ?
02:23De la réussite scolaire ?
02:24Ça fait un mois que je suis ministre.
02:26La loi est votée depuis six ans.
02:28Donc, il y a un immense chantier pour arriver à la mettre en œuvre.
02:31Ce que je souhaite, c'est vraiment qu'on soit d'arrache-pied sur le dossier
02:34parce que j'en fais une priorité.
02:35Il ne peut pas y avoir de réussite scolaire, il faut bien qu'on le comprenne,
02:38si on n'arrive pas à créer un climat scolaire
02:40totalement dédié aux apprentissages.
02:42Et on a aujourd'hui 200 établissements en France
02:44qui testent des solutions qui sont très différentes
02:46et qui montrent qu'on peut y arriver.
02:48Alors, qu'est-ce qui pourrait changer ?
02:49Qu'est-ce qu'il faudrait mettre en place ?
02:51Comment ça se passe dans les établissements
02:54où il y a l'interdiction effective ?
02:56Il y a plusieurs types de solutions qui ont été testées
02:59et c'est ça qui est intéressant.
02:59Il faut écouter le terrain.
03:01J'y suis très attaché.
03:02On a des solutions qui passent par la mise en place de casiers,
03:05des solutions qui passent par la mise en place, tout simplement,
03:08de pochettes plastiques.
03:09Et puis, certains établissements font appliquer la sanction.
03:12Et ces trois solutions produisent des résultats.
03:14Mais tout n'est pas qu'une question de normes administratives, de décrets.
03:18C'est d'abord une question de cap.
03:20Et je vois bien qu'en cette rentrée, on a beaucoup d'établissements
03:23qui se demandaient jusqu'où on allait, on allait aller en la matière.
03:26Moi, je le dis très clairement, il faut qu'on aille jusqu'au bout
03:28et qu'on puisse mettre en œuvre cette interdiction au plus tôt.
03:30Quelles sont vos remontées de terrain ?
03:33C'est-à-dire qu'on voit des élèves avec un téléphone portable
03:36à partir de quel âge, en quelle classe ?
03:38Pendant longtemps, on envoyait au lycée, puis petit à petit au collège,
03:41avec notamment un palier important à l'entrée en sixième,
03:44quand on a un peu plus de temps de transport à faire, etc.
03:47On envoie maintenant à l'école primaire.
03:48Et donc, l'interdiction qu'on doit mettre en œuvre,
03:50celle qui est inscrite dans la loi, elle porte sur l'école primaire,
03:53sur le collège, et c'est un chantier immense.
03:55Et le grand palier qu'on doit accomplir, c'est qu'on ait plus de jeunes
03:58demain qui passent en sixième avec cette habitude du téléphone,
04:01qu'on arrive à les recentrer sur les apprentissages,
04:03sur le lien avec l'enseignant, qui est le geste pédagogique par excellence.
04:06Et j'ai un clin d'œil ce matin pour tous les enseignants de France
04:09qui y travaillent dur.
04:11Et puis, évidemment, arriver à les recentrer sur la relation à l'autre,
04:14parce que quand on va à l'école, c'est aussi pour rencontrer des camarades,
04:17pour taper le ballon dans la cour d'école, pour arriver à des échanges.
04:21Voilà tout ce qui se passe à cet âge-là.
04:23Évidemment. Donc, si je vous suis, si d'un coup de baguette magique,
04:27vous pouviez interdire le portable à l'école, il serait interdit
04:29dès qu'on franchit la grille du lycée, du collège, de l'école primaire.
04:33Je vais vous prendre un exemple, même dans la cour de récréation.
04:35Je vais vous prendre un exemple de ce qui a été mis en place,
04:37par exemple, dans un collège du Rhône.
04:39Très concrètement, on a l'établissement qui a acquis des pochets de plastique,
04:43qui récupère le matin avec les surveillants les téléphones portables
04:47et les élèves ne l'ont pas pendant la journée, ils le récupèrent à la sortie.
04:50Ça permet aux jeunes d'être totalement investis
04:51dans ce temps d'apprentissage qui est absolument nécessaire.
04:54Donc, à partir de quand vous allez, entre guillemets, et quelle va être votre méthode ?
04:57Et à partir de quand vous allez mettre la pression sur les proviseurs,
05:02les directeurs d'école pour qu'ils soient sensibilisés à votre combat,
05:07pour la pause numérique ?
05:08Ce que je souhaite, c'est que vraiment, on puisse y aller le plus tôt possible,
05:10parce que je pense qu'il y a une urgence nationale.
05:12On parle de la santé de nos jeunes.
05:14C'est une mission sous laquelle on n'a pas le droit de faillir.
05:16Et qu'on y aille le plus tôt possible en étant le plus pragmatique possible.
05:20Il y a des solutions à mettre en place.
05:23Il y a aussi des questions auxquelles il faut répondre pour les enseignants.
05:26Il y a des interrogations, il y a des doutes.
05:28Tous ceux qui l'ont testé nous font des bons retours.
05:30Il faut que cette parole-là, on puisse la mettre sur la table, la partager.
05:33Et comme beaucoup de Français, je ne comprendrai pas qu'on ne soit pas en mesure
05:37de la mettre en œuvre pour au plus tard, à la rentrée scolaire 2025.
05:40Écoutez, c'est une mesure qui va faire parler, en tout cas.
05:42Il y a certains de mes confrères qui vont vous interroger, comme moi ce matin,
05:47pour demander comment allez-vous faire ?
05:48Quelle va être votre méthode ?
05:51Et c'est un dossier qui va être suivi sur Europe 1, évidemment, et C News.
05:55Je voulais vous parler également du niveau scolaire en France.
05:58Vous êtes le ministre délégué à la réussite scolaire.
06:01Alexandre Portier, invité ce matin de la grande interview C News Europe 1.
06:05De nombreux parents sont inquiets parce que le niveau scolaire des enfants baisse.
06:08Ça veut dire qu'une partie de la population ne saura pas bien lire,
06:11ne saura pas bien écrire, ne saura pas bien compter, ne saura pas bien réfléchir.
06:15C'est tout un pays qui en pâtit.
06:17Quel est votre diagnostic sur cette baisse du niveau scolaire déjà ?
06:20On vit un effondrement national.
06:22Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt.
06:25Quand on a un tiers des enfants de ce pays qui sortent de l'école primaire
06:28sans savoir lire et écrire correctement, c'est une faillite collective.
06:31Tout simplement, on ne peut pas dire autre chose.
06:33Quand on a les plus mauvais classements PISA en 2023 de toute notre histoire,
06:37personne ne peut dire que c'est une victoire, c'est un échec collectif.
06:39Et donc, il est impératif qu'on redresse la barre.
06:41Pourquoi ? Déjà pour nos jeunes, pour leur permettre d'être autonome.
06:44C'est à ça que sert l'école.
06:45Permettre à des jeunes de se construire,
06:46de se construire en capacité de saisir toutes les opportunités de la vie.
06:49Aussi, pour répondre aux défis économiques du pays.
06:51Je suis en charge du lycée professionnel.
06:52On a besoin du lycée professionnel pour répondre aux enjeux de souveraineté
06:55énergétique, économique, industrielle.
06:57Et donc, la priorité, c'est qu'on puisse redresser le niveau.
07:00Ces élèves qui lisent mal se retrouvent désormais en fac.
07:04Une prof de droit, professeure de droit au Mans, dit que certains de ses élèves
07:07ne savent pas décrire un cas simple.
07:10Ça veut dire quelles formes de futurs policiers, de futurs avocats,
07:13de futurs commissaires priseurs, toutes les professions du droit
07:16qui ne savent pas décrire un cas simple, qui ne savent pas écrire,
07:19qui ne savent pas le sens des mots.
07:22C'est dramatique et inquiétant.
07:23Mais c'est aussi le reflet de tout un tas de décisions délirantes
07:27qu'on a pu voir ces dernières années.
07:28Et notamment, le redoublement peut aussi avoir pour vertu
07:32de rattraper des élèves et de leur permettre de consolider des acquis
07:34plutôt que de les laisser croire qu'ils vont les redoubler.
07:37Oui, oui, il faut.
07:38Et il faut surtout que ce redoublement soit confié et soit positionné
07:41entre les mains de ceux qui savent ce qu'est l'éducation,
07:43c'est-à-dire les enseignants, les chefs d'établissement.
07:46En règle générale, il n'y a jamais eu autant de vacances en France.
07:4815 jours à La Toussaint après les deux mois de l'été.
07:52Il va y avoir 15 jours à Noël, 15 jours en février et 15 jours à Pâques.
07:56Est-ce qu'il n'y a pas un problème de temps de travail ?
07:59Sur ce sujet, il faut vraiment qu'on se dise tout.
08:01Et tout, ça veut dire que si on regarde bien, les élèves français
08:03sont parmi ceux qui travaillent le plus en Europe aujourd'hui.
08:06La question n'est pas tant le niveau ou le nombre d'heures
08:08que la manière dont on travaille.
08:10Et la refonte, la remise à plat des agendas de nos élèves
08:14est une priorité pour faire qu'ils soient plus orientés
08:16sur les matières fondamentales, par exemple le matin,
08:18et avec des activités, plus de culture l'après-midi.
08:21Beaucoup de pays ont fait ce choix-là et on voit les résultats à l'arrivée.
08:24Mais il n'y a pas un temps de travail également à la maison, j'allais dire.
08:27Parce que quand on se met la tête entre les mains devant ces livres,
08:32on apprend.
08:33Les élèves ne sont pas plus idiots aujourd'hui qu'il y a 50 ans.
08:36Donc, il y a du temps à son bureau, devant un livre,
08:40devant les livres de mathématiques de français.
08:45C'est là que ça rejoint la question du téléphone portable.
08:48Aujourd'hui, les jeunes passent 5h30 par jour sur les écrans
08:51et sur le téléphone portable en particulier.
08:53Est-ce que vous croyez que ça laisse du temps après pour aller lire,
08:55pour aller voir des spectacles, voir des pièces de théâtre,
08:58pour simplement échanger avec les autres ?
09:00À force de ne pas évaluer, on ne sait pas quel est le niveau des élèves.
09:03Il y a une vraie réticence des professeurs à évaluer le niveau des élèves.
09:06Comment vous l'expliquez ?
09:07C'est purement démagogique, c'est purement idéologique, plus précisément.
09:11On a aujourd'hui plus d'évaluation.
09:12Mais la question n'est pas seulement là pour moi.
09:15Il s'agit aussi qu'on puisse redonner toute leur force au diplôme.
09:18Et je pense notamment au brevet.
09:19C'est pour ça que la réforme du brevet, elle est importante.
09:21Il faut que ce brevet, il veuille dire quelque chose et que ce soit un véritable.
09:23Ça, c'est ce qui conditionne l'entrée au lycée.
09:25Mais sur l'évaluation du niveau des élèves,
09:27pour savoir quel est le niveau des élèves, il faut les évaluer.
09:30Et plus on est évalué, plus on voit le niveau évoluer.
09:33On peut réagir s'il baisse et accessoirement se satisfaire s'il augmente.
09:37Est-ce qu'il faut plus souvent évaluer le niveau des élèves ?
09:40Il y a déjà plus d'évaluation.
09:42Ce qu'il faut, c'est aussi qu'on puisse retirer toutes les leçons.
09:44Et quand on fait des évaluations,
09:45ça puisse après se traduire dans des gestes pédagogiques au niveau de la classe
09:48et aussi dans des améliorations sur la formation de nos enseignants.
09:51C'est quand même l'un des chantiers dont on parle jamais,
09:53alors qu'il est absolument fondamental.
09:54Alexandre Portier, ministre en charge de la réussite scolaire
09:57et de l'enseignement professionnel.
10:00Le Conseil scientifique de l'éducation a constaté que les élèves de sixièmes,
10:03avec de grandes difficultés, en fraction, faire des divisions, des fractions.
10:07Exemple, la moitié d'entre eux, la moitié des élèves de sixièmes,
10:12ne savaient pas répondre lorsqu'on les a testés à la question
10:15« Combien y a-t-il de quarts d'heure dans trois quarts d'heure ? »
10:17On se demande si c'est un problème de mathématiques ou de français.
10:20C'est effrayant et c'est sans doute les deux à la fois.
10:22C'est un problème de logique.
10:23Le français et les maths sont logiques dans les deux cas.
10:25Mais derrière, il faut comprendre ce que ça implique pour le pays.
10:27Ce n'est pas qu'une question scolaire.
10:28C'est vraiment l'avenir du pays qui est en jeu.
10:31Le premier défi qu'on a aujourd'hui, c'est d'arriver à se nourrir dans un pays,
10:34à se loger, arriver à faire tourner notre économie,
10:38arriver à répondre aux défis du siècle.
10:40On manque, par exemple, d'ingénieurs dans ce pays.
10:42Il nous manque 30 % d'ingénieurs pour arriver à apporter
10:43tous les projets de développement de la France.
10:46Et si on n'est pas capable d'avoir des élèves au niveau en maths,
10:48on ne pourra pas relever ce défi de souveraineté nationale.
10:51Je voulais vous entendre également sur la laïcité.
10:54En deux ans, les atteintes à la laïcité ont été multipliées par deux.
10:58Ce sont vos chiffres.
10:59Comment vous expliquez cette hausse des atteintes à la laïcité ?
11:03Est-ce qu'il y a trop de laxisme politique ?
11:04Trop de petits renoncements ?
11:05Comment est-ce que vous voyez les choses ?
11:07Je crois qu'il y a deux choses qui sont liées.
11:08Premièrement, on a des provocations de plus en plus fortes
11:11contre la laïcité et contre ceux qui doivent la défendre dans les établissements.
11:15Et puis, ensuite, on voit qu'à chaque fois dans notre histoire,
11:19que nos dirigeants ont eu la main qui tremblait,
11:21ont eu des hésitations, des errements.
11:22Ce sont nos enseignants qui l'ont payé très cher
11:25dans les établissements et sur le terrain.
11:27Je pense notamment à la période qu'on a vécue entre 1989,
11:29l'affaire du Waldeckreil, et 2004.
11:31Au moment où il y a eu la loi,
11:32la suite a été beaucoup plus claire dans les établissements.
11:35Cette réalité, vous avez décidé de vous y attaquer à bras le corps,
11:39plus de fermeté.
11:40Il faut enfin regarder les choses en face.
11:42C'est ça qui va faire bouger les choses ?
11:45Il faut qu'on sorte du déni et il faut qu'on arrête le pas de vague.
11:48Et les premiers à le demander,
11:50ce sont d'abord ceux qui sont en première ligne.
11:53Les surveillants, les enseignants, tous les personnels de proximité,
11:55les chefs d'établissement ont besoin de ce soutien total de l'institution.
11:59Un ministre, c'est d'abord un serviteur, étymologiquement.
12:01On est là pour appuyer tous ceux qui, sur le terrain,
12:03portent cette belle mission de l'école.
12:06Ça, c'est capital, parce qu'en fait,
12:09ce sont les valeurs de la République dont on parle.
12:12L'école, c'est le ciment républicain.
12:13C'est le lieu où on arrive à comprendre pour un enfant
12:16ce qu'est une nation, ce qu'est un pays, ce qu'est son histoire.
12:18C'est là qu'on arrive à construire le collectif.
12:20Il ne faut jamais l'oublier.
12:21L'école, c'est le premier service public de France.
12:22Il y a beaucoup plus d'écoles dans ce pays que de mairies.
12:24Et c'est là qu'on apprend ce qu'est une nation.
12:26Je voulais vous entendre également sur cette information révélée par Europe 1.
12:30Une institutrice du Gard à Alès a été mise en examen pour violence sur des élèves.
12:35Elle aurait notamment volé le goûter des enfants.
12:38Ça, c'est ça, ça marque, ça frappe.
12:42Que savez-vous de ce qui s'est passé ?
12:43Il y a une procédure en cours et vous comprendrez la prudence sur le sujet.
12:49Pour autant, je voudrais quand même réaffirmer un principe qui est important.
12:52C'est que quand des parents nous confient leurs enfants à l'école,
12:55ils nous confient par définition ce qu'ils ont de plus précieux.
12:58Il faut évidemment que tous nos agents soient d'une exemplarité totale
13:01et qu'on soit aussi d'une fermeté totale sur les sanctions en cas de manquement.
13:07Beaucoup de parents mettent leurs enfants dans le privé
13:10car les professeurs y sont moins souvent absents.
13:15On se souvient évidemment d'Amélie Houdet à Castera,
13:17qui y avait fait référence lors de son entrée au ministère de l'Éducation.
13:20Ça avait fait beaucoup parler.
13:22Les élèves sont mieux tenus dans le privé.
13:24C'est ce qu'on entend également.
13:25Je voulais avoir votre avis.
13:26Est-ce que c'est un exemple à suivre ?
13:28Tiens, l'école privée.
13:29Moi, je n'aime pas quand on oppose public et privé.
13:31J'ai été dans les deux systèmes.
13:33Certains parents le font et vont vers le privé.
13:35Je connais les qualités des deux systèmes.
13:37J'ai été dans une école communale, j'ai eu un lycée privé.
13:39Je n'ai pas de gêne à en parler.
13:42Ce qui me semble important, c'est qu'on arrive à tirer les bonnes initiatives
13:45des deux côtés.
13:46Ce matin, j'ai une pensée pour les enseignants qui, à tous les niveaux,
13:49quels que soient les territoires, et parfois dans des territoires difficiles
13:52où la mission d'enseignement n'est pas aisée,
13:55se battent et nous permettent d'avoir de très beaux résultats.
13:57Mais comment vous expliquez que dans le privé,
14:00il y a moins d'absence des profs ?
14:03Comment ça s'explique ?
14:03Le modèle est différent.
14:05Il y a par définition dans le privé un choix d'adhésion
14:08à un établissement, à un projet pédagogique.
14:10Mais c'est pour ça qu'on ne peut pas tout à fait comparer les deux modèles.
14:13Il y a des qualités dont on doit s'inspirer.
14:14Mais le public, et je suis un enfant du service public,
14:17j'ai enseigné dans le public.
14:18Je suis profondément attaché à aussi des vraies forces.
14:21Et il tient une mission scolaire dans ce pays qui est absolument fondamentale.
14:24Il faudrait aussi qu'on arrête un peu l'école bashing en permanence.
14:28L'école française est quand même admirée à bien des égards aussi dans le monde entier.
14:32Je vais vous parler des violences aux mineurs.
14:35On constate une hausse du nombre de mineurs mis en cause pour violences graves.
14:39Des jeunes totalement sortis du système scolaire.
14:43Qu'est-ce que ça vous inspire ?
14:44Est-ce que ça veut dire que notre système judiciaire est dépassé
14:47pour cette ultra-violence juvénile ?
14:49Vous l'aurez compris, on n'est plus dans une question scolaire.
14:52Moi, ce qui m'avait beaucoup frappé en juin, juillet 2023,
14:55quand il y avait eu les émeutes,
14:56c'est qu'on expliquait que c'était la faute de l'école,
14:58que l'école n'en faisait pas assez.
15:00On est dans les problématiques d'autorité familiale et aussi judiciaire.
15:05Il faut d'autres dispositifs que l'école pour traiter ces situations-là,
15:08ces cas-là, avec fermeté, avec aussi humanité,
15:12parce qu'un jeune n'est jamais condamné à reconduire en permanence
15:15ses erreurs ou ses fautes.
15:17Alexandre Portier, invité de la grande interview CNews Europe 1,
15:20ministre en charge de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel.
15:24Merci beaucoup d'être venu ce matin sur CNews et sur Europe 1.
15:28Bonne journée à vous, à bientôt.
15:29Merci.
15:34Sous-titrage Société Radio-Canada