Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise et député LFI des Bouches-du-Rhône, était l’invité de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Manuel Bompard, merci d'être l'invité ce matin de la grande interview CNews Europe 1.
00:05Vous êtes coordinateur de la France Insoumise et député LFI des Bouches-du-Rhône.
00:09On va beaucoup parler de Marseille, mais je veux évidemment commencer cette interview
00:13par ce qui s'est passé cette nuit à Amsterdam.
00:15Des attaques antisémites à Amsterdam après le match de football entre l'Ajax et le Maccabi Tel Aviv.
00:23Attaques antisémites, c'est le terme utilisé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou,
00:27c'est le terme utilisé par le Premier ministre néerlandais également.
00:31Quel est votre commentaire sur ce qui s'est passé cette nuit en plein cœur de l'Europe ?
00:35Écoutez, moi j'ai découvert comme vous, j'imagine ce matin, ces images.
00:39Et donc s'il y a effectivement eu des agressions, s'il y a eu effectivement, puisque vous avez évoqué...
00:44C'est-à-dire s'il y a eu des agressions, on les voit à l'antenne.
00:47Je découvre comme vous les informations.
00:49Je ne connais pas exactement l'ampleur de ce qu'il s'est passé.
00:52Il est évident que s'il y a eu des agressions ou des enlèvements, ils sont inacceptables.
00:57Ça me paraît être une évidence de le dire, bien évidemment.
01:00De la même manière que j'ai vu aussi circuler des images,
01:03s'il y a eu des provocations racistes, s'il y a eu des arrachages de drapeaux,
01:07ou s'il y a eu, j'ai vu des images, une minute de silence pour les victimes en inondation...
01:13Mais vous cherchez à minimiser ce qui s'est passé ?
01:15Les images, on les voit, les supporters israéliens agressés au sol, on le voit ?
01:22J'observe que vous avez pour l'instant passé un certain nombre d'images.
01:25Et j'observe qu'il y en a d'autres que vous n'avez pas passées.
01:28Par exemple, ces supporters israéliens qui disent
01:31« Laissez l'armée israélienne gagner et allez vous faire foutre avec les Arabes ».
01:35J'ai vu des images qui disent ça.
01:37Par exemple, vous ne les avez pas passées.
01:38Et elles sont aussi inacceptables.
01:40Moi, je n'ai jamais été un partisan de la violence, que les choses soient très claires.
01:43Et donc, s'il y a eu effectivement des violences, et manifestement il y en a eu,
01:46elles sont inacceptables.
01:47C'est le Premier ministre Néandertal lui-même qui parle d'attaques antisémites à Amsterdam cette nuit.
01:51Écoutez, vous m'avez demandé mon commentaire sur ce sujet.
01:52Je vous le dis, je suis opposé à toute forme de violence.
01:55C'est une évidence.
01:56Je le redis à nouveau.
01:58Et donc, s'il y a effectivement eu des violences, je les condamne.
02:01Est-ce que c'est de l'antisémitisme ?
02:03Pour qu'on puisse dire qu'il y a de l'antisémitisme,
02:05il faut être en capacité de montrer des images qui permettent de dire
02:10que si ces personnes ont été ciblées, c'est parce qu'elles étaient de confession juive.
02:13Donc, s'il y a effectivement des images que vous pouvez me montrer
02:16qui montrent que ces personnes ont été ciblées
02:18parce qu'elles sont de personnes de confession juive,
02:20alors c'est de l'antisémitisme.
02:22Non, ça ne me met pas mal à l'aise.
02:23J'essaye d'avoir un propos qui a un propos éclairé,
02:26équilibré sur manifestement des actes qui sont intolérables.
02:29Comment expliquer que quand un match Belgique-Israël se passe en Hongrie,
02:34il n'y a aucun problème, alors qu'en France, pour une même rencontre,
02:37il y a un niveau de sécurité qui va être incroyable pour jeudi prochain ?
02:40Alors là, vous m'interrogez sur le match qui est prévu
02:43entre la France et Israël la semaine prochaine.
02:46Si ce match est confirmé et maintenu, ce que je ne souhaite pas,
02:50moi j'ai déjà dit qu'il me semblait…
02:52Pourquoi vous appelez au boycott du match Israël ?
02:55Pour la raison simple, c'est qu'il me semble qu'aujourd'hui,
02:57l'armée israélienne commet à Gaza, en Cisjordanie, au Liban,
03:02des actes qui sont des violations inacceptables du droit international
03:06et qu'il me semble que le football, le sport de manière générale,
03:09doit véhiculer des valeurs, des principes,
03:11qui sont des principes de respect des droits humains.
03:14Et on a été capable, après l'agression russe en Ukraine,
03:18de suspendre la fédération russe d'un certain nombre de fédérations sportives,
03:22d'empêcher la Russie de participer à un certain nombre de compétitions sportives.
03:25Je pense qu'on devrait être en capacité de faire la même chose
03:28vis-à-vis de l'État israélien.
03:29Maintenant, si ce match a lieu, si ces appels à l'annulation…
03:32La Russie est un pays agresseur, alors qu'Israël a été agressé.
03:36Vous savez très bien que ce n'est pas la même chose.
03:37Mais Israël, aujourd'hui, est un pays agresseur.
03:39Enfin, excusez-moi…
03:40Israël est un pays qui se défend.
03:42Non, ça c'est votre conception des choses.
03:44Mais on ne se défend pas en massacrant des dizaines de milliers de personnes,
03:47comme c'est le cas à Gaza.
03:48On ne se défend pas en agressant une population au Liban,
03:52en violant la souveraineté territoriale du Liban.
03:54Non, ça ce n'est pas de la défense, monsieur, c'est de l'agression.
03:57Et on ne le fait pas en violant le droit international.
04:00On ne le fait pas en massacrant des gens, en massacrant des civils.
04:03Ça, on ne le fait pas.
04:04Donc, non, ce n'est pas une défense de faire cela.
04:07Et donc, je considère qu'à partir de ce moment-là,
04:09dans les compétitions sportives,
04:11il devrait y avoir des conséquences à cette situation.
04:13L'intégrité d'Israël est en danger.
04:16Et c'est une armée d'un pays démocratique qui se défend.
04:19Non, l'intégrité du Liban est en danger.
04:22L'intégrité de ce qu'il normalement devrait être un État pélestinien,
04:26en vertu des résolutions du droit international, est en danger.
04:29Vous voyez, moi, je...
04:30Israël est une démocratie qui reçoit quotidiennement des missiles.
04:33Vous imaginez si ça se passait en France ?
04:35Mais, monsieur, moi, je suis un partisan de la paix.
04:38Donc, je suis un partisan du fait que l'État d'Israël
04:41puisse vivre en liberté et en sécurité.
04:45Il faut tout simplement respecter le droit international.
04:48C'est-à-dire qu'Israël doit cesser son agression
04:50vis-à-vis de la population civile de Gaza.
04:52Israël doit cesser son agression vis-à-vis du peuple libanais.
04:56Et on doit créer les conditions d'un accord de paix
04:58par un cessez-le-feu, par le respect du droit international,
05:01ce qui permettra à la fois aux Palestiniens de vivre en paix et en liberté
05:04et aux Israéliens de vivre en paix et en liberté.
05:06C'est ce que je souhaite.
05:08Et j'observe qu'aujourd'hui, la France en particulier,
05:10malheureusement, sur ce sujet,
05:12ne prend pas les mesures qu'elle devrait prendre
05:14pour faire en sorte de retrouver en Israël le chemin
05:16et en Palestine le chemin de la paix.
05:18Manuel Bompard, invité de la grande interview CNews Europe 1,
05:21coordinateur de la France Insoumise, député à l'Effi des Bouches-du-Rhône.
05:24Je voudrais revenir sur ce qui s'est passé à Amsterdam,
05:26des attaques antisémites à Amsterdam,
05:29pour reprendre le terme du Premier ministre néerlandais,
05:32qui est sur place, qui a les informations de la police.
05:34Vous ne condamnez pas ce qui s'est passé ?
05:36Je vous ai déjà répondu que, bien évidemment,
05:38je condamnais toute forme de violence.
05:41Oui, à partir du moment où il y a eu des violences.
05:45Je vous l'ai dit tout à l'heure.
05:46Vous pouvez reprendre mes propos si vous voulez.
05:48Vous pouvez me faire dire l'inverse de ce que j'ai voulu dire tout à l'heure.
05:53Ce n'est pas du tout ce que je suis en train de dire,
05:55mais vous ne dites pas que je condamne ces attaques antisémites.
05:57Vous essayez de me dire que je ne condamne pas ce qui s'est passé à Amsterdam.
06:01Et je vous ai dit de manière très simple que,
06:03quel que soit ce qui s'est passé à Amsterdam,
06:06quelles que soient les provocations qui ont pu avoir lieu,
06:09il me semble évident que la violence ne peut pas être acceptée.
06:12Donc vous ne me dites pas que je condamne les attaques antisémites ?
06:14Je condamne les agressions qui ont eu lieu,
06:16quelles qu'elles soient,
06:17de la même manière que je condamne les provocations qui ont eu lieu.
06:20Monsieur, je pense que mon propos est très clair.
06:22Ne cherchez pas à me faire dire autre chose que ce que je dis.
06:24Je ne suis pas certain qu'il soit si clair.
06:25On va passer à Marseille.
06:27Bruno Retailleau se rend à Marseille aujourd'hui avec Didier Migaud,
06:30le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice.
06:32Ils y vont ensemble.
06:33Vous connaissez parfaitement cette ville.
06:34Vous êtes député des Bouches-du-Rhône.
06:37Comment est-ce que vous qualifieriez l'état sécuritaire actuel de Marseille ?
06:40La situation à Marseille est très difficile.
06:42Les Françaises et les Français,
06:44notamment les Marseillaises et les Marseillais,
06:46en subissent les conséquences au quotidien.
06:48On assiste malheureusement depuis plusieurs mois à Marseille
06:51à des morts, à des assassinats,
06:53à des crimes qui ont lieu et qui frappent la population marseillaise.
06:57Ce que je regrette, c'est...
06:59On verra quelles sont les annonces précises,
07:01mais on en a eu quelques informations préalablement.
07:03Ce que je regrette, c'est qu'on s'inscrive toujours dans la même logique,
07:06dans le même raisonnement, dans la même manière de faire,
07:08qui ne produit aucun résultat.
07:10Ce que va annoncer M. Retailleau s'inscrit dans la continuité
07:14de ce qu'a annoncé M. Darmanin dans le gouvernement précédent
07:18et ça ne produit aucun des résultats.
07:20Donc moi, je plaide pour un changement de logique.
07:22Je plaide pour un changement de logique,
07:24c'est-à-dire d'abord en finir avec la politique de prohibition
07:27dans les annonces que va annoncer M. Retailleau.
07:29Si vous autorisez la drogue, il n'y aura plus de problèmes de trafic.
07:33Je n'ai pas dit que j'étais en train d'autoriser la drogue.
07:35Je vous parle de la légalisation du cannabis.
07:38Je vous parle de la légalisation du cannabis.
07:40Vous savez, en France, on a une des législations
07:42les plus répressives dans le monde
07:44et on a une personne sur deux en France
07:46qui a déjà consommé du cannabis.
07:47Donc vous pouvez continuer si vous voulez dans la même logique,
07:50mais ça ne produit aucun résultat.
07:51Ça occupe nos fonctionnaires de police
07:54à aller chasser les petits consommateurs
07:56au lieu de s'attaquer à la tête des réseaux,
07:58au lieu de démanteler les réseaux de la criminalité organisée
08:01et ça ne fonctionne pas et ça produit des drames au quotidien.
08:04Je pense qu'il faut changer de logique.
08:05Vous annoncez ce matin sur CNews et sur Europe 1
08:08que vous demandez la légalisation du cannabis en France.
08:10Oui, bien sûr, je plaide pour la légalisation du cannabis.
08:13Je plaide également pour concentrer les moyens de police et de justice
08:17sur ce qu'on appelle la police judiciaire,
08:19c'est-à-dire sur le travail d'enquête,
08:21pour remonter les filières, pour démanteler le haut du panier.
08:23Il faut changer de logique.
08:24Est-ce que vous savez que dans le budget
08:26qu'on est en train d'examiner à l'Assemblée nationale,
08:29on annonce 5000 suppressions de postes dans la police judiciaire ?
08:32Est-ce que vous savez ça ?
08:335000 suppressions de postes dans la police judiciaire.
08:35La police judiciaire, c'est précisément celle qui est chargée
08:38de démanteler les réseaux, de remonter les filières,
08:40d'aller chercher le haut du panier.
08:42Vous pouvez continuer à vous attaquer aux petits consommateurs,
08:44mais ça ne produira aucun résultat.
08:46Aucun résultat.
08:47La légalisation du cannabis, ça ne va pas arrêter une seconde le trafic.
08:49Ça va créer un réseau légal et un réseau illégal.
08:54Non, ça va assécher les flux financiers
08:56dont se nourrit aujourd'hui la criminalité organisée.
08:59La vente de cannabis, la vente de drogue en France,
09:01c'est plusieurs milliards d'euros chaque année de profit
09:05qui se fait au profit de réseaux de criminalité organisée.
09:08Donc, si vous voulez, il faut assécher cette masse financière,
09:12ce flux financier et la légalisation du cannabis.
09:14Ça permet ensuite de concentrer ses efforts
09:16sur des politiques de santé publique.
09:18Moi, je ne suis pas en train de vous dire
09:19c'est très bien, c'est super de consommer de la drogue.
09:22Je vous dis que si vous voulez avoir une politique sanitaire efficace
09:25pour lutter contre la consommation de la drogue,
09:27la légalisation ne fonctionne pas.
09:29La légalisation, la pénalisation ne fonctionnent pas.
09:31C'est ce qu'on met en œuvre depuis des années et des années.
09:33La légalisation ne fonctionne pas, disent de nombreux spécialistes.
09:37Il y a des gens qui disent ça,
09:39rappellent les dangers de la consommation de drogue.
09:42Mais attendez, attendez.
09:43Idées suicidaires, dépression, automutilation,
09:45absentéisme, absentéisme à l'école, absentéisme au travail.
09:48Précisément parce que là, ça poserait de graves problèmes,
09:52notamment des problèmes de santé.
09:54Est-ce que l'alcool produit, est-ce que l'alcool a des conséquences néfastes
09:58sur la santé de la population ?
10:00Chez les jeunes à l'école, c'est assez différent.
10:02Est-ce que l'alcool a des conséquences néfastes sur la population ?
10:04Oui, bien évidemment.
10:05Et pourtant, l'alcool n'est pas interdit.
10:07On fait des politiques de santé publique
10:09pour lutter contre la consommation d'alcool.
10:11Donc il faut des politiques de santé publique
10:13pour lutter contre la consommation de drogue
10:15et en particulier contre la consommation du cannabis.
10:17Mais la politique de prohibition,
10:19la politique de chasse aux consommateurs
10:21ne produit ni des résultats en matière de tranquillité
10:23et de sécurité publique,
10:25ni des résultats en matière de politique sanitaire.
10:27Donc si vous voulez, on peut continuer dans la mauvaise logique,
10:30mais moi je plaide pour de l'efficacité.
10:32Et plaider pour de l'efficacité,
10:34c'est à mon avis légaliser le cannabis
10:36et concentrer les moyens policiers pour aller attaquer
10:38le haut du spectre de la criminalité organisée.
10:40S'il vous plaît, ne caricaturez pas mon propos en disant
10:43on va permettre à n'importe qui de consommer de la drogue.
10:46Ce n'est pas un problème de consommer de la drogue,
10:48ce n'est pas ce que je suis en train de vous dire.
10:50Je suis en train de vous dire qu'en termes d'efficacité
10:52dans la politique contre la criminalité organisée,
10:54la politique à l'œuvre ces dernières années ne fonctionne pas
10:56et M. Retailleau et M. Migaud veulent s'entêter dans cette voie-là.
10:59M. Retailleau fait le shérif, il bombe le torse,
11:01il va faire des annonces qui n'ont aucun sens,
11:03il va nous parler de peut-être créer un DEA à la française,
11:06il y a déjà quelque chose qui s'appelle
11:08l'Office anti-stupéfiants en France.
11:10Ce n'est pas parce que vous lui donnez un nom américain
11:12que ça va avoir plus d'efficacité.
11:14Et à côté, les moyens en termes de police et de justice
11:16sont encore reniés dans le budget
11:18qu'on est en train d'examiner cette année.
11:20Donc on va accepter l'idée qu'il puisse y avoir
11:22un changement de logique qui soit plus efficace.
11:24Quelle est la responsabilité des consommateurs de drogue ?
11:27La responsabilité des consommateurs de drogue ?
11:29Qui donnent 50 euros pour avoir un peu de cocaïne
11:31ou un peu de cannabis.
11:33Ils se mettent déjà en danger eux-mêmes.
11:35Oui, mais ils mettent en danger également la population.
11:37Ils achètent un bout de la Kalachnikov ou pas ?
11:39D'abord, responsabilité dans la situation sécuritaire.
11:42Excusez-moi, mais quand quelqu'un tue,
11:44celui qui est responsable, c'est d'abord celui qui tue.
11:47Et quand quelqu'un tue avec une Kalachnikov...
11:49Et pas celui qui lui a donné l'argent pour s'acheter la Kalachnikov.
11:51Non, mais justement, si vous voulez qu'on se pose cette question,
11:53c'est une très bonne question.
11:54Comment ça se fait aujourd'hui qu'en France,
11:56on puisse acheter une Kalachnikov au coin de la rue
11:58et que vous avez des jeunes de 16 ans...
12:00Quelle est la responsabilité des consommateurs ?
12:01Non, moi, ma question, c'est comment on fait en sorte
12:03pour qu'il y ait moins d'armes,
12:04pour qu'on lutte contre le trafic des armes,
12:06pour faire en sorte que ces jeunes-là,
12:07ils n'aient pas accès à des armes.
12:08Eh bien, ça, c'est pas le consommateur
12:10qui achète sa drogue aujourd'hui
12:12qui est responsable du fait qu'il y a des armes
12:14dans les mains de celui qui tue.
12:15C'est celui qui a livré les armes,
12:16c'est celui qui les a vendues,
12:18Vous ne voulez pas porter du doigt
12:19la responsabilité des consommateurs de drogue.
12:21Mais attendez,
12:22essayez d'écouter mon propos.
12:24Vous imaginez bien que je ne fais que ça.
12:26Essayez d'écouter mon propos.
12:27Je vous dis juste que la politique qui consiste
12:29à aller cibler le consommateur
12:31comme étant le responsable de toute la situation,
12:33c'est une politique inefficace qui ne fonctionne pas.
12:35Donc moi, mon sujet, c'est pas de ne pas plaider
12:37la responsabilité d'un tel ou d'un tel.
12:39Je ne soutiens pas les consommateurs.
12:41Je vous ai dit à quelle mesure je considérais
12:43qu'il fallait avoir des politiques de santé publique
12:45pour lutter contre la consommation de drogue.
12:46Je vous dis que si vous voulez lutter
12:48contre les réseaux de la criminalité organisée,
12:50c'est comme si je vous disais
12:51« Ah bah vous, vous considérez donc que
12:53les têtes des mafias ou des réseaux de criminalité,
12:55elles n'ont pas de responsabilité,
12:57que c'est les consommateurs qui sont responsables ? »
12:58Non, moi je pense que c'est ceux
13:00qui dirigent ces réseaux,
13:01qui se font des milliards d'argent,
13:02qui ensuite vont les blanchir dans les paradis fiscaux,
13:04qui ensuite acquièrent des avoirs
13:07de l'immobilier avec cet argent,
13:09qu'il faut lutter contre le blanchiment,
13:11qu'il faut lutter contre le trafic d'armes.
13:12Voilà ce qu'il faut faire, à mon avis,
13:13pour être plus efficace.
13:14C'est votre avis.
13:15Manuel Bompard, invité de la grande interview
13:18CNews Europe 1,
13:19et vous êtes là pour donner votre avis.
13:21Mais je veux bien comprendre
13:22ce que vous avez véritablement dit.
13:23Je pense que c'est clair.
13:24Après il y aura du débat politique,
13:26j'en doute pas sur ce sujet.
13:27Et ensuite les électeurs le diront.
13:28Exactement.
13:29Budget, c'est la foire aux impôts avec vous ?
13:31Ah non, c'est pas la foire aux impôts.
13:33Ah bah vous, c'est la folie fiscale ?
13:35Ah bah ça c'est ce que disent
13:37les ministres macronistes.
13:39Écoutez, c'est simple,
13:40M. Barnier dit qu'il faut faire
13:4160 milliards d'euros d'économie.
13:43Le gouvernement de Michel Barnier
13:44veut faire porter cette responsabilité
13:46et veut faire payer le prix
13:48de ces milliards d'économies
13:49à l'ensemble des Françaises et des Français.
13:51C'est pas moi qui propose
13:52d'augmenter les tarifs d'électricité,
13:53c'est M. Barnier.
13:54C'est pas moi qui propose
13:55de reporter la revalorisation des retraites
13:57qui normalement a lieu au 1er janvier,
13:59c'est M. Barnier.
14:00Moi je propose une logique inverse,
14:02c'est-à-dire on protège
14:03l'ensemble de la population
14:04de cette politique d'austérité
14:06qui va être dévastatrice
14:07d'un point de vue économique et social
14:09et on fait reposer les économies
14:11qu'on a besoin de faire.
14:12C'est pas une politique d'austérité.
14:13Franchement l'austérité,
14:14l'austérité c'est pas ça.
14:15L'austérité c'est,
14:16on licencie les fonctionnaires,
14:18on augmente plus les retraites,
14:19c'est ça l'austérité.
14:20Une politique d'austérité
14:21avec plus 5% pour les retraites
14:23quand l'inflation est à plus de 2%,
14:26c'est pas une politique d'austérité.
14:27Attendez, je crois que vous n'avez pas
14:28très bien suivi les annonces
14:29de M. Barnier parce que M. Barnier
14:30ne propose pas d'augmenter les retraites,
14:31il propose précisément...
14:32Je parle de février dernier.
14:33Oui d'accord,
14:34mais moi je vous parle
14:35de ce qui est prévu dans le budget
14:36de cette année,
14:37c'est ça dont on est en train de discuter,
14:38vous êtes d'accord.
14:39Bon, M. Barnier il propose...
14:40Attendez,
14:41M. Barnier il propose de revaloriser,
14:44de reporter la revalorisation automatique
14:47des retraites.
14:48Donc il propose d'amputer
14:49et de s'en prendre aux retraités.
14:50M. Barnier il propose d'augmenter
14:52les factures d'électricité.
14:53Donc quand vous coupez 2% du PIB,
14:56ça s'appelle une politique d'austérité.
14:57Vous réclamez toujours la...
14:58Attendez, vous dites
14:59on supprime pas de postes de fonctionnaires,
15:00vous savez que dans le budget
15:01qui est prévu,
15:03il y a 4 000 postes d'enseignants
15:04à l'éducation nationale.
15:05Oui mais 2 000 fonctionnaires d'État
15:06ou au total...
15:07Oui mais 4 000 postes d'enseignants,
15:08vous pensez qu'on a besoin
15:09de supprimer aujourd'hui
15:10des postes d'enseignants ?
15:11Il y a moins d'enfants scolarisés.
15:12Non mais arrêtez,
15:13vous savez bien que
15:14dans nos écoles aujourd'hui
15:15on a des problèmes
15:16de non-remplacement de professeurs,
15:17vous pouvez pas me dire
15:18que c'est une bonne politique
15:19de supprimer 4 000 postes d'enseignants
15:20aujourd'hui,
15:21quand dans le même temps
15:22on dit qu'il faut renforcer l'éducation
15:23et renforcer les moyens
15:24de l'éducation nationale.
15:25Manuel Bompard,
15:26vous réclamez toujours
15:27l'abrogation de la réforme des retraites ?
15:28Oui bien sûr.
15:29Elle sera co-estimée ?
15:30Co-estimée.
15:31Plus de 15 milliards d'euros ?
15:32Non, les chiffres même du gouvernement,
15:35c'est 4 milliards d'euros cette année.
15:37Oui mais l'abrogation de la réforme ?
15:39L'abrogation de la réforme des retraites,
15:41c'est les chiffres du gouvernement,
15:42c'est 4 milliards d'euros cette année.
15:44Et ensuite ?
15:45Et ensuite quoi ?
15:46Dans des projections à 20 ans
15:48ou à 30 ans,
15:49ils estiment le coût
15:50autour de 15 milliards à peu près.
15:54Ecoutez, voilà ce que je vous dis,
15:554 milliards d'euros cette année,
15:57je pense que par exemple,
15:58c'est une proposition que nous avons faite,
16:00si nous créons une surcotisation
16:01pour les revenus au-dessus
16:02de 8000 euros par mois,
16:04mensuel,
16:058000 euros,
16:06s'il y a une petite surcotisation,
16:07on peut rentrer ces 4 milliards d'euros
16:08pour financer le retour à la retraite
16:10à 62 ans pour tout le monde
16:11et l'abrogation de cette réforme des retraites.
16:13Moi je préfère que les gens puissent partir
16:15à la retraite à 62 ans,
16:16même s'il faut mettre à contribution
16:18les plus riches,
16:19les grandes multinationales,
16:20c'est ça la logique du budget
16:21que nous défendons.
16:22Manuel Bompard
16:23était l'invité de la grande interview
16:24CNews Europe 1.
16:25Merci Manuel Bompard.
16:26Bonne journée.
16:27Bonne journée.
16:28Vous repartez à Marseille ?
16:29Je vais partir à Marseille effectivement.
16:30Bonne journée.
16:31Bonne journée à vous.
16:32Au revoir.