La grande interview : Gabriel Attal

  • il y a 3 mois
Le Premier ministre, Gabriel Attal était l’invité de #LaGrandeInterview de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcript
00:00C News, il est 8h12, bienvenue à tous, Laurence Ferrari, vous recevez ce matin Gabriel Attal, le Premier Ministre.
00:21Et c'est votre grande interview sur C News et Europe 1. Bonjour Gabriel Attal.
00:24Bonjour Laurence Ferrari.
00:25Merci d'être venu sur nos deux antennes.
00:27À six jours du premier tour, le Président se lance à nouveau au cœur de la mêlée électorale,
00:30en écrivant une lettre aux Français dans la presse régionale avec ces mots
00:34« Ne vous résignez pas » à quoi ? Au fait que les Français lui disent leur colère, Gabriel Attal ?
00:39Ne vous résignez pas à devoir choisir entre le Rassemblement National et la France Insoumise.
00:45Moi je rencontre beaucoup de Français, je me déplace sur le terrain,
00:48j'ai fait presque une quinzaine de départements ces deux dernières semaines,
00:51beaucoup de Français qui me disent « On n'a pas envie de choisir entre l'extrême gauche et l'extrême droite ».
00:55Oui, mais qui vous disent aussi beaucoup leur colère contre le Président.
00:58Vous en avez fait l'expérience à chaque déplacement sur le terrain.
01:00Bien sûr, mais qui sont bien conscients que c'est une élection législative,
01:03que quel que soit le résultat de cette élection législative,
01:05le Président de la République sera Président de la République jusqu'en 2027
01:09et que cette élection législative n'est pas un référendum pour ou contre le Président,
01:13mais le choix d'un projet, d'une majorité à l'Assemblée Nationale
01:17et donc d'un Premier Ministre et d'un gouvernement.
01:19Or, les projets qui sont présentés ou les lignes politiques présentées par la France Insoumise
01:23et ses alliés ou le Rassemblement National seraient une catastrophe pour notre économie et nos emplois.
01:27Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les chefs d'entreprise eux-mêmes,
01:30l'association des chefs d'entreprise des grandes entreprises, 2 millions de salariés,
01:34le patron des PME, la CPME, qui disent que si le RN gagne,
01:39la France irait dans le mur des centaines de milliers d'emplois.
01:42On va parler de tout cela dans un instant.
01:43Le Président a mentionné dans cette lettre française qu'il ne démissionnera pas,
01:47quoi qu'il arrive.
01:48Ça aurait été trop tentant pour les Français, Gabriel Attal.
01:50Je pense que c'est important de, encore une fois, redire quel est l'enjeu de cette élection.
01:54Ce n'est pas de dire non à Emmanuel Macron.
01:56C'est une élection législative.
01:57C'est la première fois depuis plus de 25 ans, Laurence Ferrari,
02:00que les Français se prononcent pour une élection législative au cours d'un mandat.
02:03Ils ont l'habitude, normalement, d'avoir une élection présidentielle
02:06et un mois plus tard, l'élection législative qui vient, quelque part,
02:09confirmer le résultat de l'élection présidentielle.
02:12Là, au milieu d'un mandat, il y a la possibilité de choisir une majorité
02:16et donc un Premier Ministre et un gouvernement.
02:18À un moment où la France est à un des carrefours de son histoire.
02:21On voit, les défis sont immenses en termes géopolitiques, en termes économiques,
02:24en termes technologiques, en termes environnementaux.
02:26C'était le moment, justement, de la plonger dans le désordre,
02:28dans le chaos de l'élection législative, surprise,
02:30avec à peine trois semaines pour tout organiser, présenter les programmes.
02:33C'était vraiment le bon moment.
02:35D'abord, moi, je crois que la démocratie...
02:36C'était pas mieux un peu plus tard ?
02:38C'est le choix du président de la République.
02:40Il a considéré que c'était le moment où il fallait le faire.
02:43Je crois que la démocratie, ça n'est jamais le chaos,
02:45quel que soit ce qu'on pense de la décision du président de la République.
02:48Donner la parole aux Français, leur donner la possibilité de décider,
02:51ça n'est jamais le chaos.
02:53Et moi, je le dis, partout où je me déplace,
02:55je vois des Français qui sont prêts au sursaut,
02:58qui ne veulent pas de cette tenaille entre les extrêmes,
03:00qui, évidemment, ont des reproches à faire à l'action
03:03qui a été menée par le gouvernement,
03:05évidemment, considèrent qu'il y a plein de choses
03:07qui ne vont pas bien dans le pays.
03:08Et je vais vous dire, je suis d'accord avec eux,
03:10tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes.
03:11Évidemment qu'il y a des Français qui souffrent,
03:13qu'il y a des Français qui doutent,
03:14qu'il y a des Français qui sont en difficulté.
03:16Moi, c'est pour ça que je me bats depuis un peu plus de 5 mois à Matignon
03:19et c'est pour ça que je propose un programme
03:21qui nous permet d'aller plus loin sur un certain nombre de sujets clés.
03:24Je pense au pouvoir d'achat, je pense à la sécurité et à d'autres sujets.
03:27Mais pourquoi maintenant, sous la pression de ces élections législatives,
03:30Gabriel Attal, les Français ont l'impression que voilà,
03:32tout est fait dans la précipitation qu'on leur promet, mots et merveilles,
03:35vous y compris ?
03:37Non, vous savez, on a eu une défaite aux élections européennes.
03:40On a perdu les élections européennes.
03:42On échange avec les Français.
03:44Et le fait est que les Français attendent de nous
03:47qu'on aille plus loin, plus fort sur des enjeux clés
03:49comme le pouvoir d'achat et la sécurité.
03:51Je ne crois pas qu'ils attendent de nous.
03:52En tout cas, moi, ça n'a jamais été ma méthode
03:54qu'on change radicalement de ligne
03:57et qu'on renonce à un certain nombre de priorités.
04:00Il faut que la manière de gouverner doit changer profondément.
04:02Oui, mais sur le front, par exemple, je ne vais pas me mettre, moi,
04:05à être pour des augmentations d'impôts comme ce que proposent les autres.
04:09J'assume de dire que je veux continuer une politique
04:11qui n'augmente pas les impôts.
04:13Et on est les seuls à être capables de le dire et de s'y engager.
04:16On a, ces dernières années, supprimé la taxe d'habitation,
04:18la redevance télé, baissé les premières tranches de l'impôt sur le revenu.
04:22Je veux continuer avec des mesures très claires
04:24sur les classes moyennes qui travaillent,
04:26qui veulent acheter leur premier logement
04:28avec la suppression des frais de notaire.
04:30Je veux continuer sur le pouvoir d'achat
04:32avec une baisse de 15 % de la facture d'électricité cet hiver.
04:35Je veux que, désormais, les retraites de nos retraités
04:38soient systématiquement revalorisées avec l'inflation.
04:40Comme on l'a fait en janvier.
04:42Mais elles sont financées, à la différence de nos concurrents.
04:45C'est 10 milliards d'euros, c'est ça ?
04:47Non, il y a une mesure sur les frais de notaire
04:49pour les primo-accédants, c'est-à-dire des couples
04:52qui veulent, par exemple, acheter leur premier logement.
04:54Moi, je pense que ça fait partie du rêve français
04:56d'être propriétaire de sa maison, si possible une maison individuelle.
04:59Cette mesure coûte 2 milliards d'euros.
05:01Il se trouve que j'avais annoncé, au moment de ma nomination,
05:03il y a quelques mois, qu'on aurait une mesure à 2 milliards d'euros
05:05pour le pouvoir d'achat des classes moyennes.
05:07On avait mis de côté quelque part pour ça.
05:09Cette mesure est financée.
05:10Pour le reste, le programme est intégralement financé.
05:13On a la prime de pouvoir d'achat versée par les entreprises,
05:15dont on relève le plafond.
05:17Il y a 6 millions de salariés qui en ont bénéficié l'année dernière.
05:19Ils pourront être davantage à le faire, et beaucoup d'autres mesures.
05:22Il y a d'autres sujets.
05:23Évidemment, c'est important de parler d'économie.
05:25Il y a aussi les sujets régalés, sur lesquels les Français jugent durement
05:27l'action de votre gouvernement et ceux qui vous en précédent.
05:30Insécurité, violence, immigration.
05:32Est-ce que vous n'avez pas sous-estimé le poids de ces sujets
05:35dans la vie quotidienne de nos concitoyens ?
05:37Les Français ont droit à une vie tranquille.
05:40Pouvoir rentrer chez soi en sécurité, sortir avec ses enfants en sécurité,
05:43sortir dans la rue quand on est une femme sans se sentir menacé.
05:47Ça doit être toujours un droit pour les Français.
05:49Est-ce que ça l'est aujourd'hui ?
05:51Ce sont des paroles.
05:53Je viens ensuite sur les actes.
05:55Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ? La réponse est non.
05:57Est-ce qu'on a fait des choses ces dernières années ?
05:59Oui.
06:00On a recruté 15 000 policiers et gendarmes supplémentaires.
06:03200 brigades de gendarmerie supplémentaires
06:05qui aujourd'hui sont en train d'être installés sur notre territoire.
06:07Est-ce que c'est suffisant ? Non.
06:09Après cette question du renforcement des moyens
06:11de la police et de la gendarmerie,
06:13c'est la question de l'impunité et de la réponse pénale.
06:15Et notamment pour les mineurs délinquants.
06:17Moi, j'en ai fait ma priorité.
06:18J'ai été nommé il y a quelques mois Premier ministre.
06:20J'ai lancé un chantier le 18 avril à Viry-Châtillon.
06:23Qu'est-ce que vous proposez sur les mineurs ?
06:25De manière très claire, je propose quoi ?
06:27Je propose, un, pour la responsabilisation des parents,
06:29qu'on puisse plus facilement retenir un manquement à l'obligation parentale.
06:33Aujourd'hui, c'est très compliqué.
06:35Un parent qui ne se préoccupe pas de savoir si ses enfants vont à l'école ou pas.
06:38Un parent qui laisse son gamin de 12 ans traîner dans la rue la nuit.
06:41Aujourd'hui, c'est difficile, au terme de la loi,
06:43de retenir un manquement à l'obligation parentale.
06:45Ce que je propose, c'est que ça soit plus simple.
06:47Deuxième chose, je propose une comparution immédiate pour les mineurs.
06:50Ça n'existe pas aujourd'hui.
06:51Il faut qu'on ait des sanctions beaucoup plus rapides.
06:54Qu'est-ce que ça changera effectivement dans l'accélération de la sanction ?
06:57Vous savez très bien qu'aujourd'hui, la sanction ne tombe pas,
07:00même en comparution immédiate.
07:01Ça tombe au moins au minimum six mois après.
07:03Aujourd'hui, quand vous êtes mineur, vous êtes déféré très rapidement,
07:06mais la sanction arrive au bout de six, sept, huit mois,
07:09parce qu'il y a cette idée de mise à l'épreuve.
07:11Or, je considère que dans un certain nombre de cas,
07:14notamment quand il y a récidive, mais pas seulement,
07:17il n'y a peut-être pas besoin de cette mise à l'épreuve et de cette évaluation.
07:20Désormais, sanction immédiate.
07:22Excuses de minorité, c'est ça.
07:23Excuses de minorité, c'est autre chose.
07:25C'est ce qui permet d'atténuer la peine quand vous êtes mineur.
07:29Il y a la comparution immédiate pour aller plus vite.
07:31Et ensuite, il y a l'atténuation de l'excuse de minorité pour être plus ferme.
07:35Et ça aussi, je le propose dans cette campagne.
07:38Ça veut dire que quand vous êtes mineur
07:40et que vous commettez un acte grave ou que vous êtes en récidive,
07:44le principe doit être qu'il n'y a plus d'excuses de minorité
07:47pour pouvoir être plus ferme.
07:49L'objectif, évidemment, c'est d'être plus ferme,
07:52d'avoir des sanctions qui tombent plus vite.
07:54Et qui soient exécutées.
07:55Béatrice Brugère, qui est magistrate,
07:57nous expliquait que le problème, c'est l'exécution de la sanction.
08:00Pour la justice des mineurs, on en est à 76% d'alternatives à l'incarcération,
08:0340% d'alternatives aux poursuites.
08:05Est-ce que ce n'est pas là l'application de la sanction,
08:07où est le cœur du problème ?
08:09Si, et moi je crois par ailleurs qu'il faut même aller plus loin que ça
08:12et considérer que des très courtes peines d'isolement
08:15à la première incartade, même quand c'est quelque chose
08:18que certains pourraient qualifier de léger,
08:20je pense que c'est beaucoup plus efficace,
08:22y compris en termes éducatifs, pour les jeunes.
08:24Parce que si on a un système qui donne le sentiment
08:28que finalement on peut enchaîner un certain nombre d'actes
08:31et que c'est quand ça devient vraiment très très grave,
08:33au bout de la xième fois qu'on a une vraie sanction,
08:36finalement on donne le sentiment à beaucoup de jeunes
08:39qu'il n'y a pas de réponse.
08:40Et ces sanctions courtes, où est-ce que vous les mettriez en place ?
08:43Dans des internats ? Dans des centres éducatifs fermés ?
08:46Des foyers, des centres éducatifs fermés.
08:48Vous savez, aux Pays-Bas, il y a eu une réforme il y a quelques années
08:50qui a mis en place un système comme celui-là.
08:52Je pense que c'est un modèle qui est intéressant.
08:54Évidemment, tous les pays sont différents,
08:56mais c'est comme ça que je souhaite avancer.
08:58Pour tout ça, il faut une loi.
09:00Pour une loi, il faut une majorité.
09:02Pour qu'on ait une majorité pour pouvoir adopter cette loi,
09:04il faut que les candidats, ensemble pour la République,
09:06qui se présentent sous la bannière que je présente
09:08dans cette élection législative, soient élus le 30 juin et le 5 juillet.
09:12C'est tant que le président Macron est au pouvoir.
09:14Ça fait un peu plus de cinq mois que je suis Premier ministre.
09:16Ça fait un peu plus de cinq mois que je suis Premier ministre.
09:18J'ai montré dans toutes les fonctions qui ont été les miennes, je crois,
09:20notamment à l'Éducation nationale, mais aussi à Bercy,
09:23que j'étais capable de faire des constats lucides,
09:25de reconnaître ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas,
09:27et de prendre des décisions radicales.
09:29Quand j'étais ministre de l'Éducation nationale,
09:31ça faisait des années qu'on expliquait qu'on ne pouvait pas interdire
09:33la baïa dans nos établissements scolaires.
09:35En quelques semaines, j'ai pris cette décision d'interdiction.
09:37Je l'ai faite appliquer, elle est aujourd'hui appliquée dans nos établissements.
09:40On nous disait que le retour du redoublement
09:42à la main des équipes pédagogiques, c'était impossible.
09:44J'ai pris la décision et désormais les équipes pédagogiques
09:46ont à nouveau le dernier mot sur le redoublement.
09:49On nous expliquait que ce n'était pas possible de mettre en place
09:51des vraies mesures pour élever le niveau de nos élèves
09:54et pour chercher une forme d'exigence et d'excellence à l'école.
09:57J'ai fait le choc des savoirs.
09:59Les syndicats sont contre moi sur ces mesures,
10:01mais je les assume parce qu'elles sont bonnes
10:03pour l'exigence à l'école et pour le niveau de nos élèves.
10:05Elles se mettent en place et elles se mettront en place à la rentrée.
10:08Donc ma méthode, c'est d'identifier les problèmes,
10:11de chercher des solutions concrètes pour y répondre et fortes.
10:14Et évidemment, c'est ce que je souhaite continuer à faire.
10:16La lutte contre l'antisémitisme est absolument centrale.
10:19Aujourd'hui, dans notre pays, on a vécu l'agression abominable
10:21d'une petite fille de 12 ans à courbe voie.
10:23Le président répond par un temps d'échange d'une heure
10:25dans les classes, collèges et lycées.
10:27Est-ce que c'est suffisant ? Est-ce que c'est la hauteur des enjeux ?
10:30C'est une mesure et c'est un temps d'échange
10:34qui vient en plus de tout ce qui est fait par ailleurs
10:36déjà aujourd'hui à l'école, je veux le dire,
10:37notamment en enseignement moral et civique.
10:39Vous avez des enseignants qui abordent ces questions-là
10:41avec leurs élèves et je veux vraiment les saluer
10:43parce que dans un certain nombre de cas,
10:44ce n'est pas simple de parler de ces sujets-là.
10:46Effectivement...
10:47C'est-à-dire ?
10:48Il y a des contestations, il y a des professeurs...
10:50Il y a des endroits, il y a des collèges, des lycées,
10:52on ne peut pas enseigner librement.
10:53Bien sûr, mais vous avez des enseignants,
10:55que ce soit des enseignants d'histoire-géographie
10:56sur les questions d'histoire ou de laïcité,
10:58des enseignants de sciences de la vie et de la terre,
11:00des enseignants de musique qui font l'objet,
11:03qui subissent des contestations de leur enseignement.
11:05Et c'est ça pour moi le cœur du combat
11:07qu'on doit mener dans les mois qui viennent.
11:08J'ai commencé à le mener à l'éducation nationale.
11:10On a pris un certain nombre de mesures,
11:11notamment pour que les enseignants bénéficient
11:13toujours d'un soutien, y compris juridique,
11:15de la protection fonctionnelle.
11:16J'ai pris des mesures pour clarifier les règles
11:18à l'école, qu'elles soient toujours respectées.
11:19J'ai pris des sanctions inédites au moment des contestations
11:22de l'hommage à Dominique Bernard et à Samuel Paty,
11:25vous vous en souvenez,
11:26avec près d'un millier de signalements à la justice
11:28et de sanctions dans les établissements scolaires.
11:30Ensuite, sur la question de la lutte contre l'antisémitisme,
11:35j'avais annoncé, quelques mois après ma nomination à Matignon,
11:38que je souhaitais là aussi renforcer notre politique pénale
11:41pour que les atteintes à la laïcité soient toujours
11:44considérées comme une circonstance aggravante
11:46en cas d'agression.
11:47Je vous donne un exemple.
11:48Aujourd'hui, si quelqu'un est agressé en raison de sa religion,
11:52c'est une circonstance aggravante.
11:54Si quelqu'un est agressé en raison du fait
11:57qu'il ne suit pas des principes ou des préceptes d'une religion,
12:00ce n'est pas toujours considéré comme une circonstance aggravante.
12:03J'avais annoncé, et ça a été fait par le garde des Sceaux
12:05à ma demande, une circulaire pénale
12:07pour que ce soit toujours le cas.
12:09On renforce aussi, évidemment, les sanctions de ce point de vue-là.
12:12Gabriel Attal, Jordan Bardella se projette désormais à Matignon.
12:14À votre place, l'histoire s'accélère.
12:16« Je crois que nous pouvons gagner », disait-il hier
12:18dans les colonnes du journal du dimanche,
12:20tout en expliquant qu'il gouvernera uniquement
12:22en cas de majorité absolue à l'Assemblée après le 7 juillet.
12:25Que lui répondez-vous ?
12:26C'est votre principal adversaire dans ces élections législatives ?
12:29On le voit, il y a trois blocs.
12:31Il y a un bloc mené par le Rassemblement national,
12:33un bloc mené par la France insoumise et ses alliés,
12:35et puis il y a l'offre que je propose
12:37avec les candidats Ensemble pour la République
12:39et un programme clair, des mesures claires,
12:42des engagements, pas de hausse d'impôt.
12:44S'agissant du Rassemblement national,
12:46on a vu ces dernières semaines
12:48que la façade qu'ils avaient construite sur leur parti
12:51pour se présenter comme le parti du pouvoir d'achat des Français
12:55était en train de s'effondrer.
12:56Ça fait des années qu'ils nous disaient
12:58qu'ils étaient le parti du pouvoir d'achat,
12:59qu'il y avait des mesures essentielles
13:01qui seraient prises dès leur élection s'ils venaient être élus.
13:03La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité,
13:06la baisse de l'impôt sur le revenu
13:08ou la suppression pour les moins de 30 ans.
13:10Ces mesures-là, tout d'un coup, elles ont disparu.
13:12Ces dernières semaines, ils nous ont dit
13:13finalement non, on ne va pas les faire si on gagne.
13:15Au motif que l'État est en faillite.
13:17Je pense que c'est surtout au motif
13:19qu'ils ne sont pas prêts à gouverner.
13:21Évidemment, ça se prépare de gouverner le pays,
13:24d'être au gouvernement, d'être Premier ministre.
13:26On a vu le programme s'écrouler quelque part
13:30jour après jour ces dernières semaines.
13:31Et pour le sujet de la majorité...
13:32Vous étiez prêt quand vous êtes arrivé à Matignon ?
13:34Il y avait un programme,
13:35il y avait une élection présidentielle en 2022
13:37avec une base, un programme et des mesures.
13:39J'ai été ministre quatre fois
13:42avant d'être nommé à Matignon,
13:44dans des portefeuilles importants,
13:45notamment à l'éducation nationale.
13:46Mais ensuite, il y a ce sujet effectivement de dire
13:48je n'y vais que si on a une majorité absolue.
13:51Moi, je ne comprends pas qu'on mette
13:53des conditions suspensives pour servir son pays.
13:55C'est précisément quand c'est difficile.
13:57C'est précisément quand notre pays fait face
13:59à des défis économiques, géopolitiques,
14:01technologiques et politiques qu'il faut y aller.
14:04Quand on m'a proposé,
14:05quand le président de la République m'a proposé
14:06d'être Premier ministre,
14:07on était en majorité relative.
14:09Pas une seconde, je me suis dit
14:10ça va être dur parce qu'on est en majorité relative.
14:12C'est compliqué, je ne vais peut-être pas y aller.
14:14En fait, je vais peut-être rester au chaud chez moi.
14:15Non, c'est dans ces cas-là qu'il faut y aller.
14:17C'est dans ces cas-là qu'il faut se battre pour les Français.
14:19Et donc, ça confirme selon moi, finalement,
14:22qu'ils ne sont pas un parti de gouvernement,
14:24mais un parti d'opposition
14:25qui ne sont pas prêts à gouverner.
14:26Ils ne sont pas prêts à gouverner.
14:27C'est probablement pour ça aussi
14:28que les chefs d'entreprise eux-mêmes,
14:30encore une fois, M. Asselin,
14:31le patron de la CPME,
14:32qui représente les petites et moyennes entreprises françaises,
14:34dit si l'extrême droite ou l'extrême gauche
14:36gagnent ces élections,
14:37la France ira dans le mur.
14:38Alors, il n'y a pas que Jordan Bardella
14:39qui veut votre poste,
14:40il y a aussi Jean-Luc Mélenchon
14:41qui ne l'a pas exclu.
14:42Que dites-vous à Jean-Luc Mélenchon
14:43aujourd'hui, Gabriel Attal ?
14:44Jean-Luc Mélenchon, c'est très clair,
14:46serait le Premier ministre de la France
14:49si la coalition NUPES qu'il dirige
14:53remportait les élections législatives.
14:55Et moi, je l'invite à venir débattre.
14:57Demain soir, sur une autre antenne,
14:59je débattrai avec Jordan Bardella
15:02et la France insoumise NUPES
15:04qui a envoyé, quelque part,
15:05un porte-parole de M. Mélenchon,
15:07M. Bompard.
15:08M. Mélenchon a réaffirmé ce week-end
15:10qu'il souhaitait gouverner le pays
15:12si la coalition NUPES l'emportait.
15:14Il se planque ?
15:15Il se planque, Jean-Luc Mélenchon ?
15:16Non, mais je l'invite à venir débattre.
15:18C'est un débat qui est important
15:20parce qu'effectivement,
15:21une des conséquences directes ou indirectes,
15:24si on veut, de ces élections législatives,
15:26c'est le choix du Premier ministre de la France,
15:28pas du président de la République.
15:29M. Mélenchon l'a réaffirmé,
15:30c'est lui qui sera Premier ministre
15:31si la NUPES gagne,
15:32qu'il vienne débattre projet contre projet.
15:34Et vous, où serez-vous le 8 juillet ?
15:36Est-ce que vous continuez
15:38à vouloir faire de la politique,
15:40à changer de carrière,
15:42si les Français décidaient d'une autre majorité ?
15:44D'abord, c'est les Français qui décideront,
15:46et indépendamment de ma personne,
15:48j'espère qu'ils feront confiance aux candidats
15:50Ensemble pour la République, encore une fois,
15:52en étant parfaitement conscients et lucides
15:54qu'il y a des difficultés dans le pays,
15:56que tout ce qu'on a fait n'est pas parfait,
15:58loin de là, qu'il y a eu des erreurs,
16:00qu'il y a des choses qui ne vont pas,
16:01qu'il y a des choses où on n'est pas allé assez loin.
16:02Mais en tout cas, que sur la question des valeurs
16:04et sur l'intérêt économique du pays,
16:06on est au rendez-vous.
16:07Ensuite, moi, j'ai toujours,
16:09je me suis engagé en politique
16:10parce que j'ai envie d'être utile à mon pays,
16:12et je chercherai toujours d'une manière ou d'une autre.
16:13Mais est-ce que vous vous émancipez
16:14du président de la République aujourd'hui ?
16:15Est-ce que vous dites, lui, c'est lui,
16:16moi, c'est moi, Gabriel Attal ?
16:17J'aime pas trop reprendre les phrases des autres.
16:19Mais bon, ça recouvre une réalité.
16:21Mais je pense que chacun son identité,
16:23chacun son ADN, chacun sa méthode.
16:25Voilà, on est tous différents.
16:28Vous êtes différente de Monsieur Nézarbe.
16:31Et je pense que chacun se présente devant les Français
16:35avec une identité qui lui est propre,
16:37une méthode qui lui est propre.
16:38Et ensuite, les Français décident.
16:39Gabriel Attal, merci d'être venu ce matin
16:41sur CNews et sur Europe 1 pour la grande interview.
16:43Merci.

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