Ce vendredi, Alexandre Portier, ministre délégué démissionnaire chargé de la Réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel et invité de la Grande Interview, est revenu sur la censure de l'Assemblée nationale. Il regarde à présent vers le futur et espère que le Nouveau Front populaire ne sera pas au gouvernement.
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00:00Ça ne se passe pas comme ça. Vous ne pouvez pas voter la censure,
00:02baisser le pouce et ensuite vous en laver les mains.
00:04Ça ne se passe pas comme ça.
00:05Quand vous votez une censure, vous donnez aussi un soutien politique
00:08à Jean-Luc Mélenchon,
00:09qui est dans une entreprise de destruction aujourd'hui,
00:12qui est dans une attaque permanente contre nos institutions,
00:15qui défend l'apologie, le terrorisme, qui veut le désordre,
00:17qui défend les dealers,
00:18qui est aussi le premier à traiter nos policiers d'assassins.
00:21Donc, il est hors-jeu pour vous ?
00:24Clairement, ma première préoccupation,
00:27c'est évidemment qu'on empêche un gouvernement NFP aujourd'hui.
00:29On est dans un pays qui est majoritairement de droite.
00:31Les Français ne comprendraient pas qu'on leur laisse la place.
00:34Emmanuel Macron reçoit donc aujourd'hui
00:36les différentes composantes politiques de la majorité présidentielle,
00:39qu'il appelle de ses voeux.
00:41Il va recevoir les socialistes, les macronistes et les républicains.
00:45La droite dont vous êtes issu doit donc participer au prochain gouvernement.
00:50On a fait un choix en juillet
00:52qui était d'être une force de proposition et de déblocage de la situation.
00:55C'est toujours facile, quand on est en politique,
00:57d'être spectateur, de mettre des cartons rouges sur le banc de touche.
01:00Je considère, au contraire, que quand on est en politique,
01:03c'est pour assumer pleinement le combat de ses idées et aller les défendre.
01:06Et c'est pour ça que je pense que c'est indispensable
01:08que la droite continue à jouer un rôle de premier plan
01:11dans le gouvernement en défendant ses idées.
01:13Et vous avez une ligne rouge.
01:14Votre ligne rouge, c'est pas de nomination d'un Premier ministre issu du NFP.
01:18Exactement.
01:19Alors donc, pas de Premier ministre socialiste.
01:21On ne participera pas à un gouvernement
01:23dirigé par un Premier ministre de gauche.
01:26Et avec des ministres socialistes ?
01:28Pour l'instant, on n'en est pas là, il ne faut pas griller les étapes.
01:30Et premièrement, c'est la prérogative du président de la République.
01:33S'il y a des ministres PS au gouvernement,
01:35est-ce que ce serait acceptable, selon vous ?
01:37Je pense que pour l'instant, on n'en est pas là, vraiment.
01:39C'est la prérogative du président de la République.
01:41Et moi, ce que je souhaite, c'est qu'on ait un Premier ministre
01:43qui soit le plus à même de garantir que la politique qui sera menée
01:46sera conforme à ce que veulent les Français.
01:48Et on l'a vu ces dernières semaines, notamment avec Bruno Retailleau à l'intérieur.
01:52Quand vous avez un ministre de l'Intérieur qui est courageux,
01:54qui est lucide sur la situation, qui s'insère dans son engagement,
01:57qui va chercher des résultats très concrets,
01:58par exemple dans la lutte contre le narcotrafic,
02:01on voit que les Français soutiennent massivement la politique qui est menée.
02:04Je l'ai menée aussi dans d'autres champs, le champ scolaire.
02:06On voit qu'il y a une vraie attente de droite dans ce pays
02:08et les Français ne comprendraient pas qu'on laisse le pouvoir à la gauche maintenant.
02:11Vous soutenez Bruno Retailleau à Matignon ?
02:14Ça a été un très bon ministre de l'Intérieur
02:16et je suis convaincu qu'il ferait un très bon Premier ministre.
02:19Mais après, c'est la prérogative du président de la République.
02:21Évidemment, mais il ferait un bon Premier ministre ?
02:23Il ferait un bon Premier ministre,
02:24mais c'est surtout la prérogative du président de la République, je le redis.
02:28On connaît ses qualités, on a vu son engagement, on a vu la sincérité
02:31et je crois que derrière lui, on est très nombreux,
02:33surtout à vouloir une politique de droite
02:35parce que c'est aujourd'hui la solution qu'attendent les Français dans tous les domaines.
02:38La sécurité, l'immigration, évidemment, les questions culturelles aussi,
02:43la question de l'école, on a besoin de retrouver de l'autorité
02:45dans le fonctionnement de l'école, c'est indispensable.
02:48Quelle place va-t-il falloir accorder au Rassemblement national ?
02:51Vous avez entendu Marine Le Pen, elle veut co-construire avec le prochain gouvernement.
02:56Co-construire, c'est par définition la mission d'un Parlement.
02:59Chaque député est désigné dans son territoire
03:02pour participer au travail parlementaire, à l'élaboration de la loi,
03:04pour être force de proposition.
03:06Ça veut dire amender des textes, ça veut dire écrire des propositions de loi
03:09et donc, par définition, on discute avec tous les députés dans un hémicycle.
03:12Donc pas plus, pas moins,
03:15Marine Le Pen n'aura pas plus de poids que les députés NFP, si je vous suis.
03:20Ça s'appelle le jeu des institutions.
03:21On discute avec tous les députés
03:24et toutes les voix sont égales, par définition, dans l'hémicycle.
03:27Le RN a été méprisé par Michel Barnier ?
03:29Non, je ne dirais pas ça, c'est trop facile.
03:31C'est ce que dit Marine Le Pen, c'est ce que disent les députés du Rassemblement national.
03:36C'est trop facile.
03:37Moi d'abord, je veux saluer et remercier Michel Barnier pour son engagement.
03:40C'est un homme d'État qui a été à la hauteur de la situation
03:43quand beaucoup ne l'ont pas été.
03:45Et très clairement, il a fait des efforts pour essayer de rassembler le plus grand nombre
03:49dans une période difficile.
03:50Donc c'est trop facile de renvoyer en permanence la balle sur les autres.
03:53Alexandre Portier, ministre délégué à la réussite scolaire et à l'enseignement professionnel,
03:57invité de la grande interview, c'est News Europe 1.
04:00Qui est responsable de la situation dans laquelle on se trouve ?
04:02Cette crise politique, cette crise de régime, diront certains.
04:06Je ne suis pas là pour distribuer les bons ou les mauvais points.
04:09Simplement, ce que je vois, c'est qu'il faut qu'on sorte de la crise
04:12et qu'on trouve des solutions.
04:13Quand on est engagé en politique, c'est pour être un apporteur de solutions.
04:16Et pour moi, la clé, c'est évidemment que la droite prenne toute sa part
04:19et assume toute sa responsabilité pour permettre la sortie de la crise.
04:23On est aujourd'hui le premier groupe parlementaire
04:25entre l'Assemblée et le Sénat, et de loin, la majorité des élus de ce pays,
04:30les maires, les présidents de départements, de régions, sont de notre sensibilité.
04:33La sortie de crise ne peut pas se faire sans nous.
04:35Mais qui est plus responsable ?
04:36Emmanuel Macron, en ayant peut-être dès le début, d'ailleurs, en 2017,
04:41créé le « en même temps » qui en réalité n'a pas fonctionné.
04:44Il y a une droite et une gauche.
04:45On nous a fait croire qu'il n'y avait plus de droite, plus de gauche.
04:47En réalité, il y en a une.
04:48Est-ce que c'est Emmanuel Macron qui est le plus responsable de cette situation ?
04:51Et puis avec la dissolution, évidemment.
04:53Ou plutôt les artisans du chaos, pour reprendre l'expression de Bruno Retailleau
04:56ce matin dans le Figaro pour parler du RN et de Valéphy ?
04:59Je crois qu'il y a des repères clairs en politique.
05:01La gauche, la droite, ça veut dire quelque chose.
05:03Et je ne veux pas qu'on passe notre temps à regarder dans le rétroviseur
05:06et à refaire des matchs, parce que ce n'est pas la question du jour.
05:08Aujourd'hui, on a besoin d'un Premier ministre,
05:09on a besoin d'un gouvernement, on a besoin d'un budget.
05:11Et ce n'est pas en faisant l'histoire,
05:13il y a des spécialistes qui le feront et qui le feront très bien,
05:16qu'on va arriver à sortir de ces difficultés.
05:18Emmanuel Macron va pouvoir rester à l'Élysée jusqu'en 2027 ?
05:21Il y a des institutions où il a été élu.
05:24Et maintenant, ce qui compte, c'est qu'on puisse se remettre tous,
05:26surtout à la tâche.
05:27On a besoin d'un gouvernement.
05:29Oui, mais Alexandre Portier,
05:30qu'est-ce que vous dites de ceux qui appellent à sa démission ?
05:32Non.
05:33Je ne vois pas depuis quand le vote d'une motion de censure
05:36entraînerait la démission du président de la République.
05:38C'est absurde.
05:39Jean-Luc Mélenchon était dans l'hémicycle
05:41au moment du vote de la censure.
05:43Il n'a pas dit un mot.
05:45On est nombreux à avoir en tête cette image
05:48où il était au-dessus de l'hémicycle,
05:50en train de regarder, de contempler son oeuvre.
05:54Comment vous analysez cette image ?
05:57C'est un triste spectacle.
05:59On voit quelqu'un qui est issu de l'école trotskiste
06:02et qui vise quoi ?
06:03Qui vise le désordre et qui vise la fracturation
06:05à la fois de la société et de nos institutions.
06:08Tout le sens de mon engagement politique,
06:10c'est de m'opposer, évidemment, à cette vision-là.
06:12Et c'est pour ça que je crois que la droite
06:14ne doit surtout pas laisser la place,
06:16parce que la nature a horreur du vide.
06:17Et que notre responsabilité, dans ce moment-là,
06:20c'est d'être une force de proposition.
06:21Je souhaite qu'on ait un Premier ministre de droite,
06:23un gouvernement qui puisse porter la politique
06:25que les Français attendent, c'est-à-dire une politique de droite,
06:27en matière de sécurité, en matière scolaire.
06:29Moi, je me suis attaché, par exemple, sur des choses assez simples,
06:31à ce qu'on soit intraitable sur les questions de laïcité,
06:33à ce qu'on puisse affirmer le cadre scolaire
06:35avec l'interdiction du téléphone portable,
06:37à ce qu'on puisse aussi mettre fin à des dérives militantes.
06:40Et tout ça nous engage pour l'avenir.