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Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la motion de censure qui semble se dessiner contre le gouvernement de Michel Barnier, de la décision de Marine Le Pen de la voter, de l'hypothèse d'une présidentielle anticipée en cas de démission d'Emmanuel Macron et de la sécurité autour de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris en présence de Donald Trump.

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Transcription
00:00Bonjour Bruno Rotailleau. Bonjour Sonia Mabrouk. Bienvenue à la grande interview sur CNews
00:05Europe 1. Vous êtes le ministre de l'Intérieur. Il reste encore quelques heures avant la
00:09très probable censure du gouvernement. Michel Barnier croit encore possible de ne pas être
00:14censuré. Emmanuel Macron ne peut croire, a-t-il fait savoir, qu'il y aura une telle
00:18censure ? Vous nous avez habitué, monsieur le ministre, à un discours de vérité. Est-ce
00:22que c'est déjà terminé tout cela ? Rien n'est terminé tant qu'on n'a pas voté
00:26et décompté les votes. Mais on voit bien qu'on s'achemine vers une censure. Pourquoi
00:31se le cacher ? Chacun se disait « mais non, on va rester dans un cadre où la raison prédominera
00:37». Non, on a quitté ce cadre pour l'irrationnel et on va voir le Rassemblement national voter
00:43une motion de censure de LFI des insoumis qui les insultent. Ils vont voter une motion
00:50de censure des insoumis qui les insultent puisque dans cette motion de censure, le Premier
00:55ministre l'a indiquée hier soir, il y a cette phrase qui est terrible, puisqu'il
00:58l'accuse notamment par la motion de censure. LFI accuse le Premier ministre d'avoir cédé
01:04aux pires obsessions de l'extrême droite. Ici d'ailleurs des textes que je porte, une
01:09loi immigration et notamment la modification de l'aide médicale d'État. Vous avez été
01:14l'un des premiers, Bruno Rotailleau, à dénoncer cette collusion supposée ou réelle entre
01:19le Rassemblement national et le nouveau Front populaire. Le Rassemblement national qui affirme
01:23qu'une motion de censure, ça ne vaut pas une alliance en réalité. Que leur répondez-vous?
01:27On ne mêle pas ces voix, les voix du RN, aux voix des insoumis. Les insoumis qui, il
01:33y a quelques jours, je veux le rappeler, ont déposé une proposition de loi sur le bureau
01:36de l'Assemblée nationale. Cette proposition de loi a pour objectif d'abroger, pardonnez-moi,
01:41d'abroger le délit d'apologie de terrorisme. C'est cela. Il faut se rappeler ce qu'était
01:46le projet politique, notamment pendant les législatives de la gauche, de cette gauche-là,
01:51où il fallait revenir sur la loi séparatiste qui combat l'islamisme, où il fallait ouvrir
01:56toutes les portes, toutes grandes d'ailleurs, pour faire place à une immigration de masse,
02:02etc. Moi, je pense que la politique, ce sont des convictions. Et il n'y a pas pire en politique
02:06que de voter contre ces convictions. C'est très important ce que vous dites, mais alors
02:09que répondez-vous à ceux qui renvoient le camp présidentiel à l'alliance qui s'est
02:12formée à l'entre-deux-tours des législatives entre Macroniste et LFI, les mêmes LFI dont
02:17vous avez rappelé, si je puis dire, le pédigré et le parcours à l'instant. Je ne suis pas
02:20comptable de cette alliance. Vous avez participé à un gouvernement sous l'autorité aussi
02:25d'un président, Emmanuel Macron. Non, mais je participe à un gouvernement dont
02:30le chef du gouvernement, c'est Michel Barnier. Ce n'est pas du tout le même cas de figure
02:34où précédemment, Emmanuel Macron a été président de la République, un hyper-président,
02:39mais il cumulait aussi finalement la fonction de chef de gouvernement. Ce qui a rendu possible
02:43pour moi l'entrée au gouvernement, c'est que désormais les institutions étaient remises
02:47en place, le président qui préside, un chef de gouvernement qui, selon l'article
02:5220 de la Constitution de la Ve République, finalement conduit, détermine et conduit
02:57la politique de la nation.
02:58Monsieur Artaud, nous sommes à un moment important. Certains diraient grave, on va
03:01parler des conséquences. L'une des questions fondamentales, me semble-t-il, est de savoir
03:05à qui on va imputer la situation à partir de ce soir et demain. Qui sera comptable et
03:10responsable d'un probable chaos selon vous ?
03:13C'est le chaos, c'est le danger, mais cette curieuse alliance de la CARPE et du LAPIN,
03:19je l'ai dit hier à l'Assemblée nationale aux questions d'actualité, entre les Insoumis,
03:23l'extrême gauche et le Rassemblement national, c'est finalement une mélanchonisation du
03:28Rassemblement national. Et le Rassemblement national, écoutez-moi bien, c'est terrible
03:33parce qu'il y a deux motions de censure. Il y a la motion de censure du Rassemblement
03:36national et la motion de censure de LFI et de la gauche. Eh bien, c'est le Rassemblement
03:41national qui va voter la motion de censure de LFI. Ça veut dire qu'ils apportent du
03:45crédit une victoire à M. Mélenchon. Oui, c'est la mélanchonisation de Mme Marine
03:51Le Pen. Et Marine Le Pen accepte donc, finalement, la domination politique et idéologique des
03:57Insoumis en apportant les voix de son groupe. Vous voulez dire que Marine Le Pen est soumise
04:02aux Insoumis ? Bien sûr. Il y a deux motions, encore une fois. Celle qui est rédigée par
04:06le Rassemblement national et l'autre qui est rédigée par les Insoumis. Par M. Mélenchon,
04:10sous la dictée de M. Mélenchon. Et Mme Le Pen apporte son crédit à la motion de
04:15censure. C'est pas LFI qui va voter la motion de censure déposée par Marine Le Pen, par
04:20le Rassemblement national. C'est l'inverse. C'est donc bien une victoire qu'elle va donner
04:24ce soir. Et j'invite les électeurs du Rassemblement national et les Français. Si cette motion
04:29de censure est votée, ils écouteront les commentaires de Mme Pannot et des autres ce
04:34soir. Et ils verront. Ils vont plastronner. Ils vont crier leur victoire. Cette victoire
04:38aura été possible par ce fait que Marine Le Pen et son groupe auront mêlé leur voix
04:44à celle des Insoumis qui veulent le chaos. C'est un principe politique pour eux.
04:48Qui a permis cette situation ? Qui est à l'origine de telle situation ? Qui est, selon
04:52certains, l'artisan du chaos, l'ingénieur de cette...
04:54L'ingénieur du chaos, ce sont d'abord les Insoumis. Ils ont théorisé...
04:58Certains font être Emmanuel Macron et l'erreur originelle de la dissolution.
05:01Alors, c'est pas moi qui vais justifier, c'est pas mon rôle d'ailleurs, cette dissolution,
05:05cette inexplicable dissolution. Mais on sait parfaitement qu'ils ont un but, les Insoumis,
05:11par la désobéissance civile, par exemple, c'est-à-dire le non-respect de la loi, par
05:15la brutalisation du débat politique.
05:16Vous estimez que Marine Le Pen est dans cette logique aujourd'hui, elle qui, pendant des
05:19mois voire des années, a mis en place, théorisé une stratégie de la respectabilité ?
05:23Exactement. On passe de la respectabilisation à la mélanchonisation. C'est un moment que
05:28je déplore. Je pense que c'est une faute politique. La pire des fautes politiques,
05:33c'est quand on n'est pas sincère. Pourquoi est-ce que les Français sont dégoûtés ? Pourquoi
05:37est-ce que la politique désespère les Français ? C'est parce qu'ils sentent que quelque chose
05:42sonne faux. Quand on apporte son vote à d'autres convictions que celles que l'on porte, alors
05:48on participe à la dévalorisation, à la dévaluation de la parole et des actes politiques.
05:53Rappelons quand même ce qui est à l'origine de tout cela, c'est le budget, Bruno Rotailleau.
05:58Est-ce que si, comme on l'entend beaucoup à droite, et peut-être que vous le pensez vous-même,
06:02si Michel Barnier avait vraiment adopté une posture tcherchelienne, voire même tachérienne,
06:06avec une véritable politique de réduction des dépenses publiques, avec une réduction des
06:10agences doublons, est-ce que peut-être le socle commun ou la majorité présidentielle, et ce
06:15qu'il en reste, l'aurait suivi et salué pour son courage ? Nous n'en serions pas là aujourd'hui.
06:18Moi, je crois, j'ai des idées qui sont plutôt libérales et je considère que le problème de la
06:26France, ce n'est pas un problème que nous ayons trop peu d'impôts, on a trop d'impôts. Je
06:31considère qu'il y a trop de dépenses publiques. Donc ce budget est un problème ? Je pense que ce
06:34budget n'était pas parfait. Ce n'est pas moi qui le dis. Vous savez parfaitement que Michel Barnier...
06:38Est-ce qu'il est un problème, un obstacle ? Non, mais on l'a très bien vu. D'ailleurs,
06:42en réalité, le Rassemblement national s'est allié avec la gauche, notamment à l'Assemblée,
06:47lorsqu'il s'agit de voter le budget pour ajouter des impôts aux impôts et de la dépense à la
06:53dépense. Évidemment, par exemple, vouloir voter l'abrogation des retraites, c'est 20 milliards
06:58de dépenses supplémentaires et c'est surtout l'amputation du pouvoir d'achat des retraités.
07:03Mais ce que je veux dire par là, c'est que la copie n'était pas parfaite. Simplement,
07:07c'était un budget d'urgence. Qu'est-ce qu'il fallait éviter ? Le Premier ministre,
07:10à juste raison, s'est expliqué. Il y avait 15 jours pour le faire. Il avait 15 jours pour
07:14éviter à la France une grave crise financière. Et maintenant, nous sommes déjà dans l'après.
07:20Vous-même, vous avez tiré la sonate d'alarme, Bruno Rotailleau, sur une crise financière. On a
07:23entendu les mots de chien en lit. Et voilà qu'hier, Emmanuel Macron, depuis Riyad en déplacement,
07:29affirme qu'il ne faut pas faire peur aux Français et parler de crise financière. Est-ce qu'il ne
07:34va bien pas ruiner tout votre argumentaire ? Écoutez, moi, je ne veux pas sonder les
07:39reins et les cœurs. Simplement, je pense qu'il voit parfaitement, parce qu'il est lucide,
07:46le problème arrivé. Mais le rôle du président de la République en France, c'est d'être un
07:52stabilisateur des institutions. Il apporte cette parole qui vise à stabiliser, à conjurer,
07:59finalement, l'apport. Mais, je vous le dis, le risque, le danger d'une censure, c'est qu'on
08:06dévisse et que les marchés financiers, tout simplement, parce qu'on a une dette astronomique,
08:10et je veux le rappeler à nos auditeurs, c'est que la majorité de la dette française est détenue,
08:16non pas par des Français, mais par des fonds de pension américains, par des fonds de pension
08:20japonais, etc. La majorité de cette dette ne dépend pas de nous. Vous êtes en train de dire
08:25que nous avons perdu notre souveraineté, que ça va s'aggraver ? Bien sûr. C'est quand même un
08:30constat grave. Bien sûr, parce que les marchés financiers vont prendre peur. Vous savez,
08:35depuis le début de l'année déjà, la valeur de nos grandes entreprises, du CAC 40, c'est comme ça
08:40qu'on mesure, a diminué de 4%. Les Allemands, c'est plus 20%. Les Espagnols, c'est plus 18%.
08:46Les Américains, c'est plus 30%. Et nous, c'est moins 4%. On voit cet appauvrissement. Si jamais
08:51les marchés prennent peur, qu'est-ce qui se passera ? Il y aura une augmentation des taux. On l'a vu
08:55la semaine dernière. Les Français, souvent, quand je disais moi-même qu'on risquait une crise à la
09:00grecque, mais dès la semaine dernière, la dette française coûtait plus en termes de taux d'intérêt
09:06que la dette grecque. C'est-à-dire que le crédit de l'économie grecque était supérieur au nôtre,
09:12pour ce qui concerne la dette. Donc, il y a vraiment un danger. Et ceux qui vont vanter la
09:17censure ce soir, en réalité, sont en train de jouer le destin de la France et des Français à la
09:22roulette russe. Je devrais même dire à la roulette belge, puisque la roulette belge, c'est quand il y a
09:26dans chaque creux du barillet une balle. Et on voit la situation. Mais pourquoi, selon vous,
09:31Bruno, t'as eu certainement une partie des Français qui nous écoutent, auditeurs, téléspectateurs,
09:34ce matin sur CNE, sont inquiets de cette situation, et une autre ne croit pas au chaos,
09:39affirmant ou en tout cas constatant que le chaos budgétaire, c'est déjà le cas, le dérapage
09:44déficit, c'est déjà le cas, la perte de souveraineté, c'est déjà le cas, les mauvais chiffres sur tous
09:48les tableaux, c'est déjà le cas. Que répondez-vous à ces Français qui disent qu'en tenu de la
09:52situation, ça ne pourrait pas être aussi grave ? Si, ça peut être pire. Si, si, ça peut être bien
09:55pire. On l'a vu en Grèce, on l'a vu en Espagne. Quand vous avez des marchés financiers qui se
10:00vengent, c'est-à-dire que vous avez une dette, donc il faut emprunter. Je rappelle qu'on va emprunter
10:04300 milliards l'an prochain, 300 milliards pour payer justement une partie de cette dette et les
10:10dépenses de l'État. C'est énorme. Je veux redire qu'en 2027, la totalité de l'impôt sur le revenu
10:15des Français ne servira uniquement qu'à déponger les intérêts de la dette. Eh bien, si les taux
10:20d'intérêt augmentent, comme c'était le cas en Espagne, comme c'était le cas en Grèce, qu'est-ce
10:24qui se passe ? Eh bien, vous avez un problème de pouvoir d'achat, c'est-à-dire que c'est les
10:28pensions, c'est les salaires, c'est le pouvoir d'achat qui trinquent. C'est donc ce... Quelle
10:31situation paradoxale où Marine Le Pen affirme être le bouclier, le défenseur justement de ce pouvoir
10:36d'achat des Français. Vous-même, vous nous dites que si elle précipite la France ce soir, eh bien
10:40ce serait être le faux soyeur, si je puis dire. Elle la fragilise. Je vais vous donner des choses
10:46très concrètes pour ce qui concerne le ministère de l'Intérieur. Moi, s'il n'y a pas de budget,
10:50il me manque plus de 220 millions pour payer les policiers. Il me manque de l'argent pour faire
10:56les nouvelles casernes et les brigades... Mais non, justement. Précisément, avec le budget de 2024,
11:02il me manque, moi, globalement 751 millions d'euros pour déployer des brigades de gendarmerie dans le
11:09territoire, pour payer des policiers, pour faire des nouveaux commissariats, pour mener la politique,
11:13notamment migratoire, que je souhaite mener. 751 millions d'euros. Donc, qu'on ne dise... Quand
11:19j'entends que les uns ou les autres disent mais c'est pas grave, c'est pas grave, ce sera le
11:22budget de 2024. Mais le budget de 2024, ça veut dire pas d'économie. Il fallait faire 60 millions
11:29d'euros d'économie. On ne les ferait pas. C'est pour ça que les marchés vont s'affoler. Je ne le
11:34souhaite pas. Qu'on m'entende bien, moi, je ne le souhaite pas. Simplement, je préviens. Je suis un
11:38homme politique et je pense qu'un homme politique doit prévenir et surtout anticiper. Justement,
11:43puisque vous êtes déjà dans l'après, si je puis dire, on va parler de votre action qui va être
11:47entravée avec la censure votée. Mais tout d'abord, il y a une phrase qui est passée inaperçue hier de
11:52Michel Barnier. Il a bien sûr évoqué la situation des marchés financiers, ce que l'on risque, mais il
11:56a aussi évoqué, le Premier ministre, l'état de tension dans le pays, a-t-il dit, avec de multiples
12:01colères, dont celle des agriculteurs et plus largement un pays sous tension. Vous êtes ministre
12:04de l'Intérieur. Vous avez sous vos yeux tout le tableau de bord, si je puis dire, de l'état et de
12:09l'état d'honneur de la France. Si le gouvernement chutait, est-ce que vous êtes inquiet ? Est-ce que
12:13vous êtes inquiet parfois de bouffer de violence ? Nous avons des grèves qui arrivent. Est-ce que
12:17vous êtes inquiet d'une situation aussi qui peut devenir incontrôlable ? Je pense que dans les
12:22mécanismes de crise, il y a toujours une étincelle. C'est le principe de la poudre. Il faut une petite
12:29étincelle. On pense que ça n'est qu'une étincelle, que ça ne va pas aller très loin. Et c'est comme ça
12:32qu'il peut y avoir des réactions en chaîne. Moi, ce que je crains, et c'est ailleurs, je l'ai bien vu hier
12:36à l'Assemblée nationale, qu'est-ce que veulent les insoumis ? Ils veulent d'abord créer une situation,
12:42une sorte de chaos économique, et ensuite contraindre le président de la République à démissionner.
12:47Ils veulent enchaîner les crises, vous voyez, et c'est ça qui est très très dangereux. Il y a une
12:51dynamique révolutionnaire. C'est pour ça que ça m'étonne. Alors, de la part des insoumis, ils le
12:56disent, ils l'acceptent, ils l'assument. C'est d'autant plus curieux. Ils le théorisent, évidemment.
13:01Par exemple, avec la philosophe belge Madame Chantal Mouffe. Cette brutalisation, cette
13:06violence dans le débat politique, ils l'ont théorisé. Ce qui est incroyable, c'est que désormais, ils
13:11trouvent des alliés sur les bancs de la droite dans l'hémicycle. Donc Marine Le Pen
13:16cherche, derrière la censure, la démission d'Emmanuel Macron. Il y a d'autres agendas, ça n'est pas
13:21rationnel, bien sûr, bien sûr. Mais vous excluez totalement l'hypothèse ? C'est ça qui est terrible.
13:27Un coup d'épée dans l'eau ? C'est une censure pour rien. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de débouché
13:31politique. Parce que demain, il y a censure, il y aura un nouveau gouvernement. Vous en êtes sûre ?
13:35Ça fragilisera. Bruno, est-ce que vous excluez vraiment définitivement l'hypothèse d'une
13:39présidentielle anticipée ? Je pose la question politiquement et techniquement, parce que je le dis,
13:43ce sera les femmes et les hommes du ministère de l'Intérieur qui auront à organiser, finalement,
13:47cette élection anticipée. Comme nous avons eu à organiser, dans des délais très très courts,
13:51après la dissolution, les élections législatives. Ce que je veux dire, quand je dis que c'est une
13:56censure pour rien, c'est deux choses. D'abord, il ne peut pas y avoir de débouché en matière de
14:01législative, parce que l'Assemblée ne peut être dissoute qu'un an après qu'elle ait été dissoute
14:05une première fois, c'est-à-dire à l'été prochain. Donc il n'y aura pas d'élection législative. Il n'y
14:09aura pas non plus d'élection présidentielle. Le président, encore une fois, est élu pour cinq ans.
14:13Il a été élu démocratiquement, légitimement, et moi qui tiens à l'État... Vous savez,
14:19moi je me suis engagé en politique pour un certain nombre de...
14:22Vous affirmez ce matin, Bruno Retailleau, qu'Emmanuel Macron n'est pas le problème,
14:25pour poser la question directement. Vous pouvez le dire, Emmanuel Macron n'est pas le problème.
14:29Mais dans cette censure, on voit bien que l'objectif de...
14:32Plus largement, j'ai compris ma question.
14:34Bien sûr, bien sûr. Moi je tiens à l'État. Je vais vous dire pourquoi. Je voudrais parler à
14:39ceux qui croient à la France. Je voudrais leur rappeler qu'en France, c'est différent de l'Allemagne,
14:44de l'Espagne. C'est l'État qui a fait la nation. L'État précède la nation. Moi, j'ai ce métier que
14:50j'exerce aujourd'hui, cette responsabilité. Le régalien, c'est le cœur de l'État. Et je vois
14:55bien qu'il y a une instrumentalisation. On veut déstabiliser le président de la République,
15:00déstabiliser les institutions et déstabiliser l'État. Moi, je suis garant de la stabilité
15:04aussi de l'État. Mais ça vient de certaines voies de la droite. Je pense à un chiraquien
15:07comme Jean-François Copé. Je pense à un centriste comme M. Hervé Morin.
15:10Bien sûr, qui sont des amis, bien sûr. Mais je leur dis attention. Parce que c'est un processus
15:14que j'estime révolutionnaire. Et vous avez raison. La France est sous tension. Il y a un état de
15:20colère. Faisons très, très attention à ne pas déclencher un chaos qui ne serait pas seulement
15:24un chaos économique, mais qui serait un chaos politique qui menacerait jusqu'à la concorde
15:29civile. Jusqu'à la concorde civile. Jusqu'à la concorde civile, puisque quand il y a un certain
15:35nombre de manifestations qui peuvent déboucher sur des violences, bien sûr, c'est la concorde
15:39civile. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours indiqué, pour ma part, que la concorde avait
15:44pour préalable l'ordre, l'ordre républicain. Donc, je suis garant de cet ordre républicain au
15:50ministère de l'Intérieur. Donc, je veux que chacun se mette en face de ses responsabilités. Nos
15:56institutions sont importantes. Moi, je suis attaché aux institutions, non pas parce que je suis
16:01macroniste. Je ne suis pas converti. Je suis gaulliste. Mais c'est parce que je suis gaulliste
16:06que je suis attaché aux institutions de la Ve République. Les institutions de la Ve République,
16:11voilà, la clé de voûte, c'est le président de la République. Et je ne veux pas que ces
16:15institutions soient brutalisées. Je les accepte parce que je suis démocrate et républicain.
16:20À l'instant, Jordan Bardella confirme la censure. Il dit que ce serait même un devoir de voter cette
16:26censure vis-à-vis de ses électeurs. Il affirme que le Premier ministre et plus largement le
16:31gouvernement est totalement déconnecté. En réalité, il vous appelle à la responsabilité. Aujourd'hui,
16:35se perdre dans le désert. La responsabilité, c'est de faire en sorte, comme l'avait fait
16:39Michel Barnier, de faire un budget qui permette à la France d'éviter une crise financière.
16:43Mais, Monsieur Rotaillot, parlons-nous en vérité, en franchise. Il reste quelques heures. Le RN vient
16:48de fermer la porte. C'est terminé. Bien sûr. Mais on le voit bien, d'ailleurs. Michel Barnier
16:52a fait des concessions, a cherché le compromis jusqu'au bout. Je vous rappelle, pas de taxes sur
16:56l'électricité, pas d'augmentation de la taxe. Une réforme de l'aide médicale d'État. J'y tenais
17:01beaucoup. Mais je pense que c'est vraiment une question de psychologie. C'est Mme Le Pen qui a
17:06estimé être méprisée. Vous auriez dû davantage tenir compte de ce qu'elle incarne. Ce sont des
17:11prétextes, la preuve. À chaque concession, selon vous, à chaque concession, on en voulait un peu
17:17plus. Voilà. Donc, vous auriez beau dire, vous auriez beau couvrir le sapin de Noël de multiples
17:23cadeaux, que de toute façon, c'était irrévocable. Je pense qu'on a quitté le champ du rationnel pour
17:29le champ de l'irrationnel. Mais encore une fois, une censure, ça ne permet pas d'étancher une
17:35soif de colère, une soif de vengeance. Je pense que quant aux intérêts de la France, vous savez,
17:40c'est dans les périodes les plus graves, les plus difficiles, qu'on voit finalement le sens de l'État,
17:46le sens de l'intérêt général. Et qui l'incarne aujourd'hui ? Je pense que Michel Barnillon,
17:53on l'a vu hier soir, incarne un sens de l'État, de l'intérêt supérieur de la nation. C'est un
18:00éloge avant un au revoir. Parlons concrètement ce matin sur CNE, M. Rotaillot, de tout ce que
18:07vous avez prévu qui risque d'être balayé, le rétablissement du délit de séjour irrégulier,
18:10le parquet anti-criminalité, une grande loi, la loi immigration. Est-ce que tout est déjà par
18:16terre, à l'eau ? Je ne l'espère pas. Sur le narcotrafic, je voudrais féliciter nos enquêteurs.
18:21Vous savez qu'on gagne des points. Dans les 15 derniers jours, lundi, c'était 21 individus
18:28présumés appartenant à la DZ Mafia de Marseille. Quinze jours auparavant, c'était une vingtaine,
18:33idem pour la DZ Mafia. Un de ses dirigeants qui était pourtant en prison. On pense qu'il a
18:38commandité depuis la prison des homicides. Vous vous rendez compte, en prison, ce qui veut dire
18:42qu'il faut réformer notre système carcéral, mais aussi l'immigration. La semaine prochaine,
18:48j'espère pouvoir annoncer qu'en matière d'éloignement, on a déjà les premiers résultats
18:53en matière d'interpellation des étrangers en situation irrégulière. Il y a des résultats,
18:59très rapidement. Je suis ministre de l'Intérieur que depuis deux mois. Mon prédécesseur avait
19:03mené des politiques aussi de fermeté, mais je pense qu'on peut y arriver. Moi, ce que j'ai
19:07voulu faire, ce que je veux faire au ministère, c'est deux choses. C'est montrer aux Français
19:11que la politique, elle n'est pas impuissante, qu'on peut faire bouger les lignes. Et c'est aussi
19:15montrer qu'on peut être sincère, c'est-à-dire qu'on peut aligner des convictions, des mots et des
19:21actes pour que les Français croient à nouveau en la politique. Une grande partie des Français
19:24reconnaissent votre volontarisme. D'ailleurs, on sent pointer votre frustration si vous ne pouviez
19:29pas justement mener à terme et à bien votre action. Est-ce que vous pensez que vous avez été
19:33un élément dans la décision de censure de Marine Le Pen ? Le RN a-t-il tout intérêt,
19:37Monsieur Retailleau, à ne pas vous voir réussir à l'intérieur sur des sujets éminemment régaliens
19:41comme l'immigration, la sécurité ? C'est une petite musique que j'ai entendue, qui a traduit
19:46d'ailleurs un certain nombre de vos confrères journalistes, qui rapportaient des propos de tel
19:51ou tel dirigeant du Rassemblement national en disant « Oh là là, il faut vite tirer le tapis sous les
19:56pieds de ce gouvernement parce que si Bruno Retailleau, qui est en train de convaincre,
20:00obtenait des résultats, pour nous, ça serait terrible. » Mais j'espère que ces propos n'ont
20:04pas été tenus parce que ce serait d'un cynisme pur. Ça voudrait dire que parce que le gouvernement...
20:09Ça vous étonne s'ils ont été tenus ? Plus rien ne m'étonne. Plus rien ne m'étonne. Plus rien
20:12ne m'étonne parce que nous vivons une époque terrible, d'effondrement quelque part, d'effondrement
20:17d'un certain nombre de valeurs, d'effondrement d'une tenue, je dirais, civique. Donc rien ne
20:23m'étonne. Simplement, dans cette période de trouble, je pense qu'on a besoin d'hommes et de
20:27femmes qui se tiennent debout, d'hommes et de femmes qui croient, qui ont des convictions,
20:30qui appliquent leurs convictions. Ces convictions, on les partage ou pas, mais au moins que les
20:36convictions, on les applique et qu'on ne se vende pas à des gens qui sont des adversaires politiques.
20:41Vous vous êtes forgé une certaine image auprès de nombreux Français, Bruno Retailleau,
20:44qui reconnaissent votre volontarisme en matière de sécurité, d'immigration, même si vous,
20:49probablement, vous n'aurez pas le temps de décliner votre action. Vous vous êtes considéré
20:53aujourd'hui comme un vice-premier ministre et demain comme un premier ministre ? Non,
20:56non, je suis ministre de l'Intérieur. Ce que je veux dire aux Françaises et aux Français qui nous
21:01écoutent, c'est que si, pendant ces deux mois, j'ai pu appliquer une politique de rupture,
21:06de fermeté, j'ai clairement dit que l'immigration, ça n'était pas une chance pour la France ni pour
21:11des immigrés qu'on envoie se noyer en Méditerranée ou dans la Manche. Je l'ai assumé. Mais si j'ai
21:16pu le faire, c'est parce que derrière moi et au-dessus de moi, il y avait un premier ministre
21:20qui m'a couvert, qui a accepté le cap avec lequel nous avions discuté et pour lequel je faisais
21:28cette politique. Je vous pose la question différemment, parce que vous avez compris que
21:31ma question c'est est-ce que vous accepteriez, Matignon, qui est en capacité aujourd'hui de
21:35ne pas provoquer la censure du RN et de ne pas effrayer le socle commun, ce qu'il y a en commun
21:41encore de ce bloc central ? Quelle personnalité ? Je ne suis pas capable de répondre à votre
21:45question. Je ne sais pas qui ne peut ne pas risquer une censure, parce que dès lors que vous
21:52quittez le champ de la raison, si tout cela échappe à la raison, au rationnel, alors c'est
22:01difficile d'anticiper. Simplement, moi j'ai un job, je l'ai commencé et je me suis jeté à bras le
22:10corps. Je veux réussir, je pense qu'on peut réussir, il me faut un peu de temps et je veux
22:15poursuivre ce travail. Je vous pose la question différemment, il y a deux possibilités, soit vous
22:19continuez à la place Beauvau, soit vous continuez à Matignon, soit vous prenez Duchamp, parce que
22:25vous vous dites que c'est le moment de partir pour penser à plus tard. Je vois la question, je vous
22:31l'ai déjà dit, je ne suis pas dévoré par le virus de la présidentielle, je vais même aller plus
22:36loin. Je pense que c'est parce que je ne suis pas dans le coup d'après que j'ai eu cette force et
22:40cette liberté, parce que rien ne m'atteint. Comme à titre personnel, je n'attends rien du lendemain,
22:46que j'essaie de me dévouer pour la France, pour l'idée que je me fais du service de l'intérêt
22:51général. Écoutez, je n'attends rien. Donc un, je ne suis pas dévoré par le virus de la
22:55présidentielle, première chose. Deuxième chose, ce qui m'intéresse pour moi, c'est d'avoir des
23:00résultats, c'est ça. Et très franchement, il y en a plein d'autres qui pensent à la présidentielle,
23:06donc qui s'y pensent. Ils font partie normalement de ce socle commun, Laurent Wauquiez, Gabrielle
23:11Attal. Quand même, vous avez un regard sur cette majorité très relative. Est-ce qu'elle a soutenu
23:16Michel Barnier comme l'accord de soutien le pendu ? Non, c'est trop loin. Le problème, on a le
23:22problème structurel après la dissolution, c'est que les Français n'ont pas envoyé à l'Assemblée
23:26nationale une vraie majorité. Il y avait donc un socle commun composé de quatre parties qui,
23:32jadis, se sont combattus. Vous ne pouvez pas, très franchement, en quelques semaines,
23:35rabibocher des problèmes entre les uns ou les autres avec des lignes politiques qui sont
23:42différentes. Je pense que ça a tenu, d'ailleurs, parce qu'on a pu faire un certain nombre de choses,
23:46des textes ont pu malgré tout progresser. Mais là, il faut en tirer une conséquence. Il faudra
23:51aussi, si demain ce socle commun devait perdurer, voir une plateforme programmatique minimum sur
23:58lequel on pourrait s'entendre. Vous y croyez à cette grande coalition ? Certains en parlent,
24:02de François Hollande à Laurent Wauquiez ? Non, je ne crois pas. Vous êtes un homme de droite ? Je
24:10suis un homme de droite. Ça ne veut pas dire que je ne respecte pas les uns ou les autres,
24:13simplement. Je pense qu'en même temps, le problème, c'est l'impuissance. Si vous essayez
24:19de faire un calcul avec un tout petit démédiateur commun, vous n'arrivez pas... Mais c'était ma
24:23dernière question, M. Retailleau. Vous venez de dire qu'en même temps, c'est le problème. On a
24:26eu M. Retailleau, M. Migaud, Mme Jeuneté, M. Alexandre Partier. Des convictions vraiment
24:32parfois antinomiques. Est-ce que c'est la fin du « en même temps » et donc du macronisme ?
24:35Moi, j'appelle la reconstitution du clivage droite-gauche. Le problème, comment dirais-je,
24:41d'un entre-deux, où vous aviez un bloc central avec deux ailes radicales, c'est que ça pose
24:46un problème. C'est que vous radicalisez les deux ailes. La démocratie étant la possibilité d'une
24:51alternance, l'alternance ne peut être que radicale. Non. Moi, je pense qu'il faut, pour
24:56pouvoir réformer la France, avoir des idées claires. Et donc, c'est ou de droite ou de gauche,
25:00mais pas l'un et l'autre. C'est pour ça, quand vous me disiez « Est-ce que vous croyez à quelque
25:04chose qui irait de la gauche jusqu'à la droite ? », je n'y crois pas. Pour des raisons arithmétiques,
25:08on voit bien l'intérêt. Mais pour des raisons de conviction et de politique, je n'y vois pas
25:12l'intérêt. Moi, je pense que pour réconcilier... Et en quelques semaines, je pense qu'on a vu,
25:18ces ferments de réconciliation des Français avec la politique. Il faut, encore une fois,
25:22aligner ces convictions profondes avec les paroles et les actes. Merci Bruno Retailleau. Je ne sais
25:27pas si je dois dire merci encore aux ministres de l'Intérieur, merci au potentiel premier
25:31ministrable, merci au potentiel candidat en 2027. Peut-être merci à tous les trois ce matin.
25:36Bonne journée à vous. Merci. Merci Sonia Mabrouk. Merci Bruno Retailleau. Restez avec
25:40nous sur Europe 1 dans un instant, Eugénie Bastier et votre revue de presse. A tout de suite.

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