Bruno Retailleau : «Je serai intraitable»

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Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de sa prise de fonction au ministère de l'Intérieur, des menaces contres les forces de l'ordre qui feront l'objet d'une plainte, de ses relations avec Didier Migaud, de la révolution pénale et de l'immigration.

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Transcription
00:00Bonjour Bruno Retailleau, bonjour Sonia Mabrouk, et bienvenue Monsieur le Ministre de l'Intérieur
00:10à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:12Vous avez d'ores et déjà effectué votre premier déplacement hier soir au commissariat
00:16de la Courneuve en Seine-Saint-Denis pour rappeler votre priorité de rétablissement
00:20de l'ordre.
00:21Tout d'abord sur la méthode Bruno Retailleau, qu'est-ce qui garantit que vous ne serez
00:25pas uniquement dans la communication et dans les coups de menton ?
00:28C'est ma volonté, c'est ma volonté et j'ai toujours fait preuve dans ma vie politique
00:33de conviction et j'ai toujours voulu les appliquer.
00:36Si je me suis déplacé hier à la Courneuve, c'est pour aller au milieu de mes troupes
00:40et pour saluer des policiers dont un a été très grièvement blessé, il a malheureusement
00:45eu une main très fracturée.
00:47J'ai voulu leur dire ma solidarité, j'ai voulu leur dire que je ne laisserai rien passer
00:51et qu'ils font leur travail et ce travail était un travail réussi parce que même
00:56s'il y a eu ce blessé, il y a eu quatre interpellations, donc ma volonté, elle sera
01:01inflexible.
01:02Je serai intraitable.
01:03J'ai une feuille de route que le Premier ministre m'a donnée, c'est l'efficacité,
01:07c'est le rétablissement de l'ordre.
01:08Les Français, d'ailleurs, nous ont donné leur feuille de route.
01:11Il faut entendre le message qu'ils nous ont envoyé au premier tour des législatifs.
01:15Qu'est-ce qu'ils veulent ? Plus de sécurité, moins d'immigration.
01:19Eh bien moi, je suis un démocrate respectueux du peuple souverain et donc j'appliquerai
01:23cette feuille de route.
01:24En parlant de votre feuille de route, vous dites que vous serez intraitable, Bruno Rotailleau.
01:27Vous avez d'ailleurs affirmé plus largement que tous ceux qui mettraient une cible dans
01:31le dos de nos forces de l'ordre, ils vous trouveraient sur leur chemin.
01:34Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? Je vous prends un exemple précis.
01:37Un responsable politique aujourd'hui qui dénigre la police, qui dit que toute la police
01:42tue sans distinction, qui affirme qu'elle est raciste, comme le disent certains responsables
01:47d'extrême gauche.
01:48Comment vous réagirez ? Est-ce que vous allez saisir automatiquement la justice ?
01:51Absolument.
01:53Et là, je vais être plus précis et encore plus clair.
01:56Toutes celles et ceux qui mettent une cible dans le dos de nos policiers, de nos gendarmes,
02:02me trouveront en travers de leur route.
02:04Un exemple très concret.
02:05Un député, monsieur Raphaël Arnault, qui est par ailleurs fiché S, un insoumis, fait
02:13il y a deux jours un tweet.
02:15Je vais vous lire simplement le début du tweet.
02:19Assassinat de Kanak par les forces policières envoyé spécialement à 17 000 kilomètres.
02:25Vous avez ici, mais les auditeurs radio ne le voient pas, ceux qui écoutent ces news
02:30le voient.
02:31Eh bien, dans la journée, je saisirai le procureur de la République, ça signifie que je porterai
02:36plainte.
02:37Vous estimez qu'à travers cette réaction sur X, Raphaël Arnault affirme que les policiers
02:42ont prémédité, que les forces de l'ordre ont prémédité un meurtre ?
02:45Absolument.
02:46Et je ne laisserai rien passer.
02:47Et à chaque fois, et en plus, c'est un député, on ne peut pas se scindre d'une écharpe
02:52bleu-blanc-rouge pour avoir de tels comportements.
02:55Ce genre de comportement est une violence qui est inacceptable.
02:58Les policiers, les gendarmes sont le bouclier de la République.
03:01Ils protègent les Français et ils protègent, je le dis dans mon discours, les Français
03:05les plus faibles.
03:06Parce que le problème aujourd'hui, cette demande d'ordre à nos frontières, d'ordre
03:11aussi dans la rue, elle n'émane pas de Français les plus riches, elle émane au contraire
03:16des Français les plus modestes.
03:17Pourquoi ? Parce qu'eux, ils n'ont pas les moyens de mettre leurs enfants dans les
03:20bonnes écoles.
03:21Ils n'ont pas les moyens d'habiter les boucliers.
03:23Monsieur Rotaillot, toute parole qui dénigre la police ou qui, selon vous, dénigre la
03:26police, vous saisirez automatiquement la justice.
03:29Exactement.
03:30Parce que j'estime que rétablir l'ordre, vous me demandez quels sont les moyens pour
03:33rétablir l'ordre, c'est déjà le respect des forces de l'ordre.
03:36Donc, là-dessus, ne rien laisser passer.
03:38Et un agresseur des forces de l'ordre, là je parle physiquement, doit-il systématiquement
03:42de votre point de vue faire de la prison ferme ou passer par la casse-prison ?
03:46Absolument.
03:47C'est fondamental.
03:48Vous savez, ce policier, jeune policier qui a eu une main brisée, plus de 40 jours d'interruption
03:53temporaire de travail, ça n'est pas rien.
03:56Il me racontait que celui qui a été la cause, en réalité, de ces dommages, de cette atteinte
04:02à son intégrité physique, il avait 33 antécédents.
04:06Parmi ces 33 antécédents, donc c'était un mineur, dans un cas, il avait fait un vol
04:13avec torture.
04:15Pas un seul jour de prison.
04:16Donc, il y a sans doute des textes à changer et si on veut aboutir à des résultats, il
04:23faut que l'ensemble de la chaîne puisse être réactive.
04:25Mais est-ce que vous aurez les moyens de ces ambitions-là, monsieur Rotaillot, puisque
04:28là vous parlez d'un domaine qui n'est plus tellement le vôtre et qui est celui du garde
04:32d'essau Didier Migaud.
04:33Il vous a répondu hier, d'ailleurs, à votre volonté de changer la politique pénale.
04:38Il vous dit, vous concernant, il doit savoir que la justice est indépendante dans notre
04:42pays et que c'est essentiel dans une démocratie.
04:44Le bras de fer commence ?
04:46Non, il a parfaitement raison.
04:47Mais c'est un avertissement.
04:49Non, il a parfaitement raison.
04:50Vous ne le voyez pas comme une mise en garde.
04:52Une démocratie, ce n'est pas seulement le suffrage universel, c'est aussi la séparation
04:55des pouvoirs.
04:56Donc, bien sûr, la justice est indépendante et le garde d'essau doit pouvoir le rappeler.
05:01Et cette indépendance s'impose à tous.
05:04Simplement, ce que je veux dire, c'est que les juges appliquent la loi.
05:07Les juges ne sont pas déconnectés de la volonté générale.
05:11La volonté, notamment, du Parlement.
05:13Et il nous appartient, gouvernement, de prendre des initiatives, Parlement aussi, pour changer
05:19les lois.
05:20M.
05:21Dupond-Moretti avait dans ses cartons, d'ailleurs, un texte pour modifier le cadre de la justice
05:25des mineurs.
05:26J'estime que sur la justice des mineurs, on ne peut plus rester de cette façon-là.
05:30On ne peut pas, moi, me demander d'envoyer mes policiers, mes gendarmes, en première
05:35ligne.
05:36Ils risquent parfois leur vie sans qu'il y ait des sanctions qui soient fermes.
05:40Ce n'est pas un problème de la justice, de l'indépendance.
05:44L'indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement et du peuple
05:48français à travers les lois que le Parlement peut voter.
05:51M.
05:52Zellner, vous êtes en train de dire ce matin, clairement, sur CNE, que si la révolution
05:56pénale ou le changement pénal n'est pas enclenché, vous n'aurez pas les moyens
05:59de vos ambitions et de protéger les Français et les policiers.
06:02Évidemment.
06:03Je pense qu'il faut faire très attention.
06:04Il faut faire très attention parce que je ne m'estime pas à l'enfermement dans les
06:08rôles qu'on peut avoir.
06:09Moi, comme ministre de l'Intérieur, Didier Migaud, comme garde des Sceaux...
06:13Vous reconnaissez que c'est plutôt, j'allais dire, un duel, une confrontation qu'un duel ?
06:17Non, non, non.
06:18Vous êtes en face parfaitement, M.
06:19Revaillé.
06:20Ce qui doit nous inspirer, ce qui doit nous inspirer, c'est la feuille de route du Premier
06:26ministre.
06:27Voulons-nous, oui ou non, avoir des résultats au-delà des discours, au-delà des mots ?
06:32Nous voulons avoir des résultats en matière de fermeté, de rétablissement de l'ordre
06:37républicain.
06:38Le Premier ministre, à plusieurs reprises, a dit ce qu'il en pensait.
06:41Encore une question sur ce sujet.
06:42Didier Migaud est un homme de gauche.
06:44Il a été député socialiste de nombreuses années.
06:46Il a voté contre les peines planchées de Nicolas Sarkozy.
06:48En 2007, Didier Migaud avait voté contre la fameuse loi qui a instauré les peines
06:53minimales en cas de récidive.
06:54Vous nous dites quand même aujourd'hui, ce matin, que police et justice peuvent malgré
06:58tout marcher du même pas au même rythme.
07:00J'en suis convaincu.
07:01J'en suis convaincu parce que je connais des magistrats, d'ailleurs, et je pourrais
07:05vous désigner des décisions de justice qui ont été très, très fermes.
07:09Donc, on ne peut pas généraliser.
07:10Ce n'est pas le problème des magistrats en tant que tel.
07:13Ce n'est pas le problème du garde des Sceaux en tant que tel.
07:15C'est le problème de texte qu'il faut changer.
07:18Et je pense que, je l'ai dit hier soir sur un autre plateau, on a malheureusement élaboré
07:23depuis un certain nombre d'années en France une sorte de droit à l'inexécution des
07:29peines par des aménagements.
07:31Est-ce que vous contestez le garde des Sceaux qui affirme que les peines sont exécutées
07:34en France ?
07:36Bien, nous verrons, mais je pense qu'en tout cas, il doit y avoir des modifications
07:40législatives.
07:41Il me semble que sur la justice des mineurs, vous savez, aujourd'hui, les choses sont
07:44simples et je pourrais vous amener très concrètement, et je suis prêt à le faire publiquement,
07:50des parcours de jeunes qui ont été enfermés dans des parcours de violence, de délinquance,
07:56qui ont 20, 30, voire même plus d'antécédents.
08:01Et en réalité, en les enfermant dans ces parcours de violence, on attend l'ultime
08:05extrémité pour pouvoir les condamner.
08:07Moi, je pense qu'il faut inverser les choses.
08:09Dès qu'il y a un délit sérieux, notamment atteinte à l'intégrité physique, il faut
08:15vraiment agir parce que sinon, on les condamne, ces jeunes.
08:17On les condamne.
08:18La sanction fait partie aussi de la prévention, de la pédagogie.
08:21Votre action, monsieur le ministre, en matière migratoire est très attendue.
08:25Vous dites vouloir mettre un coup d'arrêt aux entrées illégales sur notre sol et cesser
08:28les appels d'air.
08:29Vous n'exprimez pas de revenir sur la circulaire valse.
08:31Vous pouvez nous le confirmer ce matin ?
08:33Bien sûr, plusieurs points.
08:36Je pense que là encore, il faut utiliser plusieurs leviers.
08:38Je vais convoquer à mon ministère une dizaine de préfets qui ont les départements où il
08:45y a beaucoup de désordre migratoire pour qu'ils me disent eux-mêmes quels sont les
08:49trous dans la raquette qu'il faudrait réparer.
08:51Mais aussi, je vais leur demander des résultats en matière notamment de régularisation, de
08:55naturalisation et d'expulsion, puisque la loi, nous l'avons changée.
08:59J'y ai participé d'ailleurs et on a des leviers qu'il faut se saisir.
09:02Premier point.
09:03Deuxième point, je ne m'interdis pas, évidemment, de prendre notamment par la voie réglementaire
09:08un certain nombre de choses, de dispositions.
09:10Vous en avez cité une sur la circulaire valse.
09:13Il peut y en avoir d'autres, par exemple sur l'aide médicale d'État.
09:17Le prédécesseur de Michel Barnier, Gabriel Attal, je sais, a commencé ce travail.
09:22Je vais voir où cela en est pour pouvoir le reprendre.
09:25Mais là encore, sur le pouvoir réglementaire, on a des leviers.
09:28Puis il y a la loi.
09:29Moi, j'estime que sur un certain nombre de points, rétablissement du délit de séjour
09:34irrégulier quand on franchit illégalement la frontière, c'est un délit.
09:38Je pense que c'est François Hollande qui l'a annulé il y a un peu plus de dix ans.
09:43Je pense qu'il faudrait le rétablir.
09:44Pareil, on a énormément aujourd'hui d'une immigration, notamment pour les étudiants.
09:50Il faut nous donner les moyens de bien voir si ces études sont vraiment le caractère réel
09:55et sérieux des études.
09:57Pareil sur les contributions sociales.
09:58Une aide sociale en France ne doit pas être indue.
10:01Mais là, vous vous appelez à une révolution, également sur la politique migratoire.
10:05Il y a aussi des garde-fous.
10:07Comment allez-vous faire, M. Rotary ?
10:09Vous-même, vous avez été confronté aux limites par le Conseil constitutionnel,
10:14par le droit européen qui supplante le droit national.
10:17Est-ce que par rapport aujourd'hui à ces garde-fous,
10:19vous avez une solution maintenant que vous êtes aux manettes ?
10:21Absolument.
10:22Premièrement, le Conseil constitutionnel a censuré 35 articles
10:26très fermes que nous avions introduits au Sénat.
10:29Plusieurs d'entre eux, d'ailleurs, venaient de mes propres amendements.
10:32Il les a censurés non pas pour le fond, mais pour une question de forme.
10:35Si on reprend un certain nombre de ces articles,
10:39eh bien, ça nous permet de passer dans les mâles du filet.
10:42Deuxième chose, sur la justice européenne.
10:44Moi, je pense que le moment est venu parce qu'il y a un alignement de planètes
10:48et c'est une chance.
10:49En Europe, on a beaucoup de gouvernements et de droite et de gauche.
10:51M. Scholz n'est pas de droite, il n'est pas conservateur.
10:54Il est social-démocrate et je pourrais vous citer bien d'autres pays.
10:57Il y a une fermeté des gouvernements européens.
10:59Je pense qu'il y a un travail à faire en Europe,
11:02là encore, pour durcir et pour changer des règlements, des directives européennes.
11:07Je pense à la directive RETOUR.
11:09Mais M. Rotary, en Allemagne, les contrôles aux frontières respectent le droit européen.
11:13D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle ils sont temporaires.
11:15Est-ce que vous pourriez venir contre ce droit qui supplante aujourd'hui le droit national ?
11:19Est-ce que vous avez cette vision-là, aujourd'hui,
11:21des choses pour changer la politique migratoire en France ?
11:24Bien sûr, mais l'Allemagne...
11:25Alors, nous, on a rétabli tous les six mois des contrôles aux frontières,
11:29pas dans la même forme depuis les attentats de novembre 2015.
11:32Mais je vous donne un exemple très concret.
11:35Nous, on s'interdit de renvoyer en Afghanistan les Afghans.
11:38Les Allemands viennent de renvoyer 28 Afghans.
11:41Mais plus généralement, je pense qu'il faut avoir une alliance
11:45avec les grands pays européens qui veulent durcir,
11:47et qui ont déjà durci leur arsenal législatif,
11:50pour changer des règles européennes.
11:51Je pense à la directive RETOUR qui a été imaginée il y a plus de 20 ans.
11:55Elle est totalement obsolète.
11:56En tout cas, elle ne correspond plus aux menaces du moment.
11:59Ça, c'est fondamental.
12:00Vous aviez été très critique, Bruno Rotario,
12:02à l'endroit d'Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin,
12:04au sujet de l'exécution des obligations de quitter le territoire français.
12:07Est-ce qu'aujourd'hui, vous, ministre de l'Intérieur,
12:09vous pouvez nous donner un chiffre, justement, un objectif,
12:12un but d'exécution de ces fameuses OQTF ?
12:15On se souvient que le Président avait évoqué
12:17les chiffres de 100 % des exécutions de OQTF.
12:20Ça n'est pas, malgré tout le respect que j'ai pour le Président de la République,
12:23100 %, ce n'est pas un objectif que je peux reprendre.
12:26Pourquoi ?
12:27Parce que 100 %...
12:28Vous prenez l'efficacité ?
12:30C'est parce que, là encore, les OQTF sont soumises,
12:34notamment à la justice.
12:36Et moi, je ne peux prendre des engagements que je peux tenir moi-même,
12:39mais pas pour d'autres.
12:40Et je pense qu'aujourd'hui, le taux d'exécution est très bas,
12:43moins de 10 %, de 7 %,
12:45et il faut absolument...
12:46Je ne vais pas vous donner de chiffres aujourd'hui.
12:48J'ai pris la passation de pouvoir, c'était il y a moins de 24 heures.
12:52Donc, laissez-moi,
12:53et je vous le donnerai quand j'aurai vu les préfets, etc.
12:56Je veux travailler sérieusement.
12:58Je ne veux pas faire d'effet d'annonce.
12:59Je l'ai dit moi-même dans mon discours de passation de pouvoir.
13:02Je ne raconterai pas d'histoire ou français.
13:04Je vais me mobiliser et on va augmenter considérablement.
13:07Vraiment, ça, c'est un engagement.
13:08Le taux d'exécution des EQTF.
13:11Vous ne voulez pas raconter d'histoire au français,
13:13mais certains de vos propos que vous avez tenus ont provoqué des polémiques.
13:17Vous le savez, Monsieur Rotaillot.
13:18Hier, sur notre antenne, à votre place,
13:19Manuel Bompard, responsable de la France insoumise,
13:22a dit que vos propos, notamment sur la régression vers les origines ethniques,
13:26ou encore les Français de papier, relevaient du racisme.
13:30Est-ce que vous regrettez de tel...
13:31C'est l'hôpital qui se manque de la charité.
13:32Pourquoi ?
13:33Parce que les insoumis, pour moi,
13:35en voulant racialiser les rapports sociaux,
13:38en passant par ce critère de la race, en réalité,
13:42finalement, font de cet antiracisme un nouveau racisme.
13:47Et notamment avec cette inclinaison qu'ils ont sur l'antisionisme,
13:53qui n'est bien souvent que le masque pour cacher l'antisémitisme.
13:56Je n'ai pas de leçons à recevoir de Monsieur Bompard.
13:59D'ailleurs, j'aimerais savoir si Monsieur Bompard, ce matin,
14:02va condamner les propos de ce député Raphaël Arnault,
14:05qui siège dans le groupe LFI des insoumis à l'Assemblée nationale,
14:10en accusant, je le dis encore, les forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie.
14:13Je lui rappellerai que deux gendarmes sont décédés,
14:16laissant des familles endeuillées, des amis.
14:18Voilà, une souffrance terrible.
14:19Je n'ignore pas aussi que d'autres, puisqu'il y a eu 13 morts.
14:23Je ne les ignore pas, mais un peu de respect, un peu de dignité.
14:26Vous avez affirmé hier, Monsieur le ministre,
14:27qu'il n'était pas question de revenir sur certaines lois,
14:29comme le mariage pour tous.
14:30Certains pointent, malgré tout, une opposition de votre part.
14:33En tout cas, ils l'imaginent au droit des homosexuels.
14:36Plus largement, je voudrais vous faire réagir à ce qui s'est passé à Mazamé,
14:39où une dizaine de jeunes à rouer de cou, Paul, âgé de 17 ans,
14:42ses agresseurs sont mineurs, tabassés, semble-t-il, car homosexuels.
14:46Beaucoup de responsables politiques ont réagi, Marine Le Pen notamment.
14:50Est-ce que, d'abord, comment vous réagissez ?
14:52Et est-ce que vous serez, comme ministre de l'Intérieur,
14:54le garant du droit des homosexuels à pouvoir vivre librement, évidemment ?
14:58Je serai le garant des droits de tous les Français.
15:01J'ai à mes côtés un homme qui est très estimé,
15:03qui s'appelle Othmane Nassrou, qui est secrétaire d'État,
15:07à mes côtés, au ministère de l'Intérieur,
15:08et qui est chargé, justement, de la lutte contre les discriminations.
15:11Eh bien, je veux que l'on sache de façon très, très claire
15:14que je serai intraitable aussi, nous serons intraitables vis-à-vis de
15:18ceux, celles qui attaquent un certain nombre de nos compatriotes
15:22à raison de leurs origines, à leur raison de leur confession, etc.
15:27Et ça, je pense que j'ai vu, c'est un jeune qui avait, je crois, 17 ans.
15:30C'est ignoble, c'est ignoble.
15:32Et je suis à son côté, comme aux côtés de tous les Français
15:36qui souffrent lorsqu'ils sont injustement attaqués.
15:39Des questions un peu plus politiques, M. Rotaillot.
15:41Le RN et Marine Le Pen surveillent de très près le gouvernement.
15:45Est-ce qu'aujourd'hui, vous dépendez du bon vouloir du Rassemblement national ?
15:51Moi, je dépends du bon vouloir des Français.
15:53Je l'ai dit, et encore une fois, je veux, moi,
15:56et c'est le Premier ministre qui le dit aussi,
15:59nous voulons faire la politique de la majorité nationale.
16:02Au premier tour, les Français, encore une fois...
16:04Sans majorité ?
16:05Mais sans majorité à l'Assemblée.
16:07Arithmétiquement ?
16:08Arithmétiquement.
16:08Est-ce que Marine Le Pen détient la feuille des calculs
16:11qui peut vous dire merci, au revoir ?
16:13Menons la politique que veulent les Français.
16:16C'est la garantie de ne pas être censurée ?
16:17C'est le meilleur bouclier.
16:19Parce que si on mène cette politique-là, que nous ont demandée les Français,
16:23c'est-à-dire beaucoup plus de fermeté, le rétablissement de l'ordre,
16:26toujours l'ordre, l'ordre, mais aussi pour la concorde.
16:29Parce que sans ordre, il ne peut pas y avoir de fraternité républicaine.
16:32Parce que c'est l'ordre, c'est la violence qui détruit les liens des uns avec les autres.
16:36Je pense que l'ordre est concorde.
16:38L'ordre est concorde ?
16:39L'ordre étant la condition de la concorde, la condition de la fraternité.
16:42J'ajouterais, M. Rotailleux, pour vous poser ma question,
16:44après avoir tant critiqué Emmanuel Macron,
16:46vous l'avez fait beaucoup ici même sur ce plateau,
16:48vous l'avez remercié hier lors de la passation des pouvoirs.
16:52Que dites-vous ce matin sur ces news européens ?
16:54Un électeur de droite qui vous a connu pendant des années,
16:58critiquant sévèrement ou lucidement Emmanuel Macron,
17:01et qui vous voit ce matin, membre de ce gouvernement.
17:04Je lui dis qu'il y a une logique.
17:06D'abord, on a tout fait, et je veux associer Laurent Wauquiez,
17:10Annie Gennevard aussi, pour que l'on bloque finalement l'arrivée de la gauche au pouvoir.
17:15On a bloqué, c'est pour ça qu'on a fait un pacte législatif.
17:18Et quand Michel Barnier a été nommé, c'est-à-dire un Premier ministre de notre famille politique,
17:23à un moment où on peut enchaîner les crises,
17:25des crises en matière de sécurité, crises aussi financières, crises politiques aussi,
17:30on ne pouvait pas rester, si j'ose dire, planqués.
17:33Je pense qu'on attendait de nous,
17:35on attendait de nous justement qu'on monte au front,
17:37qu'on monte au front sous la mitraille.
17:38Vous n'êtes pas les supplétifs d'Emmanuel Macron ?
17:40Mais c'est très différent.
17:42Il n'y a pas de cohabitation, mais je vous observerai...
17:44Quel mot vous envoyez ?
17:46Je n'ai pas de mot.
17:47Intéressant si ce n'est pas une cohabitation, c'est quoi ?
17:49Ce n'est ni une cohabitation, ni le système qu'on a connu
17:52où le Président gouvernait.
17:53Ce n'est pas un nid-nid, mais ça donne quoi, M. Retaillez ?
17:56C'est la Ve République.
17:57Moi, je suis gaulliste.
17:58Il y a une fonction présidentielle, je l'ai remerciée,
18:01parce que ce n'est pas le Premier ministre qui nomme,
18:03le Premier ministre propose ses ministres, son gouvernement,
18:05la composition du gouvernement,
18:07mais celui qui signe ensuite, c'est le Président de la République.
18:08Donc moi, je suis respectueux de la fonction présidentielle.
18:12Mais ce qui change tout,
18:13et c'est la raison pour laquelle je pouvais aller dans ce gouvernement,
18:16sinon je n'y serais jamais allé,
18:18ce n'est pas le Président qui gouverne,
18:20ça fera Michel Barnier, qui est issu de notre famille politique.
18:23En un mot pour conclure, M. Retaillez,
18:25est-ce que vous avez un père spirituel en politique ?
18:28On a beaucoup vu votre parcours détaillé ces derniers jours.
18:30On a vu François Fillon, votre fidélité,
18:32mais aussi une ascendance, j'allais dire, un peu plus ancienne
18:35et importante avec Philippe de Villiers, le Puy-du-Fou.
18:39Est-ce que vous reconnaissez peut-être en Philippe de Villiers,
18:41ou en François Fillon, un père ou un frère spirituel ?
18:43Non, je n'ai pas de nid de père spirituel, ni de frère spirituel.
18:46J'essaie de m'inspirer.
18:49Vous savez, je lis, j'essaie d'avoir des convictions
18:51que je nourris dans mes lectures, que je nourris par la réflexion.
18:54Et j'essaie d'accorder, ce n'est jamais facile,
18:57cette réflexion sur le fond, avec la possibilité d'une action.
19:01Et je pense que ce qui est terrible dans le monde actuel,
19:03c'est que chez les hommes et les femmes politiques,
19:05c'est que la communication a mangé l'action.
19:09Il y a une sorte de frénésie de la communication
19:12pour cacher l'impuissance.
19:13Et ça, je ne veux pas tomber dans ce piège-là.
19:16Vous allez agir plutôt que communiquer,
19:17c'est comme vous l'avez demandé, M. le Président.
19:19Il faut les deux, parce que nous sommes dans une démocratie,
19:22et il faut s'exprimer.
19:23Parce que quand on ne s'exprime pas, les gens pensent qu'on ne fait rien.
19:25Donc, il faut à la fois s'exprimer, mais rechercher vraiment les résultats.
19:29Ça sera Mali, ce n'est pas, je veux dire...
19:31Il n'y a pas d'ombre tutélaire qui plane au-dessus de moi.
19:34La seule ombre tutélaire, c'est le peuple souverain.
19:37Ce sont les Français, c'est ma patrie que j'aime, je la sers.
19:40J'ai eu un grand-père paternel
19:42qui a eu la gorge traversée par une balle allemande en 1914.
19:45J'ai eu mon père qui a fait la garde d'Algérie.
19:46Je me suis toujours demandé dans ma petite province,
19:49dans ma toute petite commune rurale,
19:51comment moi, je pouvais rendre ce que l'on m'avait donné,
19:54si je pouvais un jour être à la hauteur de ce qu'on m'avait inspiré.
19:58C'est le sentiment de gratitude.
20:00Je suis redevable.
20:01Je suis redevable aux miens, aux Français,
20:03et je vais essayer de ne pas les décevoir.
20:05Merci Bruno Rotaïo.
20:06C'était votre grande interview sur CNews Europe 1.
20:08M. le ministre de l'Intérieur, à bientôt et bonne journée à vous.
20:10Merci.

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