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Focus sur les accidents du travail graves et mortels avec Emilie Meridjen, Associée , Sekri Valentin Zerrouk.

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00:00On poursuit l'émission, on va parler des accidents graves et mortels avec mon invité
00:15Émilie Mary-Jame, associée chez Secri Valentin Zerouk. Alors on va parler d'un sujet qui
00:21est préoccupant, les accidents graves et mortels en entreprise. Quels sont les réflexes
00:28à aborder ? Quelle stratégie à avoir dans un moment qui est compliqué, qui peut être
00:34perturbant pour la vie de l'entreprise ? Mais tout d'abord, quelle est l'ampleur de ce
00:38phénomène ? Alors c'est un phénomène qui est assez développé malheureusement.
00:44On constate une stabilité autour de 600 000 accidents de travail par an en France, dont
00:49environ 700 qui sont mortels. Donc ça veut dire que deux de nos concitoyens meurent chaque
00:55jour d'un accident du travail. Donc c'est extrêmement important comme phénomène. D'ailleurs
01:00je crois que le ministère a fait une campagne de prévention sur la sécurité au travail.
01:04Tout à fait, c'est un sujet qui est pris vraiment en main par les pouvoirs publics
01:08pour essayer de diminuer ces statistiques extrêmement dommageables, avec en plus des
01:13publics plus particulièrement touchés malheureusement, que sont les jeunes, les intérimaires et
01:19puis certains secteurs d'activité où assez naturellement on a une accidentologie
01:26plus forte, comme l'industrie, le BTP, les transports routiers.
01:30Alors pourquoi, malgré les chiffres que vous avez rappelés, c'est un sujet qui est encore
01:34sous-estimé ? Alors je crois qu'il y a une espèce de voile
01:38pudique qui est posée sur ce sujet, avec un certain nombre d'idées reçues comme
01:44« ça n'arrive qu'aux autres », « non non mais notre organisation n'est pas si
01:48dangereuse que ça », et puis « on est bon en termes de sécurité, on fait vraiment
01:51ce qu'il faut ». Et puis d'une manière assez pragmatique dans les entreprises, il
01:55y a toujours plus urgent à faire que de se poser et de repenser la sécurité.
01:59Donc ces facteurs-là, que l'on retrouve très souvent, font un peu obstacle à ce
02:03que les procédures évoluent et s'adaptent, alors même que c'est une obligation légale
02:10que d'avoir une politique de prévention et de sécurité absolument à jour.
02:13Et c'est peut-être aussi le fait qu'on a l'impression que ça n'arrive qu'aux
02:16autres, et on n'est peut-être pas assez préparé par rapport à ces phénomènes
02:19qui sont brutaux et… Exactement, je crois que ce n'est pas dans
02:25la perception consciente des entreprises qu'un de leurs collègues puisse décéder sur le
02:30lieu du travail, c'est vraiment une espèce de déni en réalité, d'une réalité, qui
02:35fait que quand l'accident se produit, il y a une espèce de sidération, d'où la
02:41nécessité que je promeux d'être préparé en amont et véritablement de mettre en place
02:49une procédure de gestion de crise, en espérant n'avoir jamais à s'en servir naturellement,
02:54mais qu'au cas où le pire survienne, on soit préparé pour gérer de manière professionnelle
02:58et un tout petit peu distancé par rapport aux émotions.
03:00Alors comment justement mettre en place un processus de gestion de crise ?
03:05Pour moi, ça nécessite plusieurs choses, mais déjà de l'anticipation, et anticiper,
03:11c'est déjà prévenir dans le sens où quand on va regarder à froid et en dehors de tout accident
03:17tragique, la politique de sécurité et de prévention dans l'entreprise, ça va nous
03:22permettre éventuellement de mettre en lumière des écarts qu'on n'aurait pas vus au préalable,
03:27entre l'existant et les risques encourus. Après, l'autre avantage de cela, c'est que ça permet
03:37d'avoir de manière rationnelle une préparation d'une procédure, c'est extrêmement froid et voilà,
03:44mais qui permet de passer en revue toutes les obligations et toutes les étapes au travers
03:50desquelles on va devoir passer si un accident se produit, et de manière raisonnée. Alors je ne
03:56suis pas du tout psychologue, mais quand un tel choc se produit, on perd le nord en réalité,
04:00on ne connaît même plus le numéro de la police en fait. Donc avoir une fiche dédiée, avoir des
04:05interlocuteurs préparés, moi je recommande toujours de mettre en place une cellule de crise, c'est à
04:10dire d'identifier les interlocuteurs et les ressources que l'on devrait actionner en cas
04:15d'accident et que chacun connaisse son job. Donc c'est entre guillemets très simple,
04:21mais mécaniquement, si un accident se produit, ça permet d'actionner les bons leviers, d'avoir
04:27les bons interlocuteurs. Exactement, et puis cette préparation permet aussi à Froid, là encore,
04:32de poser des questions très pratiques, mais qui sont extrêmement importantes au moment d'un
04:37accident, notamment quand la personne est gravement blessée, mais pas décédée, parce que ça veut
04:43dire qu'il y a une chance de la sauver, c'est d'avoir par exemple la liste des questions
04:50indispensables que les premiers secours vont poser au téléphone pour pouvoir renseigner au
04:56mieux sur quels secours doivent intervenir, etc. De donner à chacun en gros les moyens d'adopter
05:04des réflexes optimaux le moment venu et en mettant le plus possible de côté l'aspect
05:10choc émotionnel. Alors adopter des réflexes optimaux, c'est quoi les bons réflexes ? Alors
05:15les bons réflexes, ça va être effectivement d'avoir une préparation des questions qu'il faut
05:23noter avant d'appeler les secours. Ça va être d'avoir une personne identifiée dans l'entreprise
05:28qui va être capable de mettre la victime en sécurité quand elle n'est pas décédée,
05:32évidemment. Ça va être par exemple de prendre immédiatement des photos et de collecter les
05:38premières informations et les premiers témoignages qui vont permettre d'éclairer sur les circonstances
05:43de l'accident et qui peuvent être vitaux pour la victime si son état est vraiment grave. Et puis
05:50ensuite, ça va être des réflexes beaucoup plus administratifs et juridiques. C'est toujours un
05:55peu cynique de parler de ça dans ce genre de situation, mais que doit-on faire légalement ?
05:59Appeler évidemment les secours, mais aussi appeler l'inspection du travail, appeler le cas échéant
06:04la préfecture, appeler la direction départementale du travail, la CPAM, déclarer l'accident. Il y a
06:12tout un tas de formalités auxquelles on ne va pas forcément penser quand on a quelqu'un qui vient
06:17d'avoir un accident très grave et qui sont pourtant essentielles à la fois pour une excellente prise
06:22en charge de la victime et de l'accident, mais aussi pour préserver au mieux les droits de
06:27l'entreprise parce que c'est un des enjeux au-delà des enjeux humains dans ce type de situation.
06:32Alors vous l'avez dit au cours de cette interview, ce qui est important aussi c'est la prévention.
06:38Comment se préparer à ce type d'événement ?
06:42Alors la prévention elle est très documentée dans le code du travail notamment. C'est une
06:48obligation majeure pour l'entreprise, que ce soit la santé physique comme la santé mentale. Alors là
06:54on parle d'accident mortel du travail, il est rare qu'on meurt d'un choc psychologique, donc ça
06:57s'adresse plutôt aux entreprises industrielles ou à risque comme je l'ai dit tout à l'heure. Donc
07:03ça va être naturellement de satisfaire à toutes ces obligations, c'est-à-dire mettre à jour
07:07de manière intelligente et non pas mécanique le document unique d'évaluation des risques
07:12professionnels. Il ne s'agit pas simplement d'une formalité administrative, une case à cocher pour
07:16être ok si l'inspection du travail vient faire un contrôle. Il s'agit de se mettre de bonne foi et
07:23avec l'esprit ouvert dans la situation, d'aller explorer toutes les zones de l'entreprise qui
07:28peuvent être génératrices de risques, de les quadriller et de voir quelles sont les
07:34mesures de protection qu'on peut mettre en face pour s'assurer de la santé et de la sécurité de
07:38nos salariés. Donc c'est vraiment une démarche non pas technique et administrative mais une
07:42démarche d'ouverture et puis même très souvent pour accompagner beaucoup d'entreprises dans ces
07:47situations, les accidents arrivent dans des angles morts, c'est-à-dire jamais personne n'aurait pu
07:52penser que ce type d'accident se produirait. Donc il faut faire preuve de curiosité, une curiosité un
07:57peu morbide mais de curiosité. Et si l'impossible se produisait, comment on peut s'en prémunir ?
08:02D'accord, ça veut dire aussi former le personnel, certains types de personnel qui vont être en
08:06contact justement peut-être avec les secours quand la personne n'est pas décédée ?
08:12Tout à fait, c'est indispensable et ça fait partie des obligations de l'employeur. C'est indispensable de les
08:17former pour les outiller encore une fois de manière objective et que ces éléments tangibles
08:23puissent prendre le dessus sur l'aspect émotionnel en cas d'accident. Et donc la formation au premier
08:29secours, la formation aux procédures de prévention et de sécurité dans l'entreprise, la formation à
08:35l'activation de cette cellule de crise, c'est-à-dire éventuellement faire des mises en situation, des
08:40jeux de rôles au cours par exemple la journée annuelle de la prévention et de la sécurité qui
08:46se tient tous les ans en entreprise. Tout ça ce sont des démarches qui permettent de prévenir
08:50éventuellement les accidents. On va conclure là-dessus. Merci Emely Meridjen, je rappelle que
08:56vous êtes associée au sein du cabinet, s'écrit Valentin Zerouk. Merci Arnaud. Tout de suite votre
09:01émission continue, on va parler parité dans les conseils d'administration.

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