Maïtena Biraben : "Avoir 50 ans, c'est vivre une crise d'adolescence équipé d'un cerveau"

  • il y a 3 mois
Récemment, Maïtena Biraben a lancé "Mesdames", un média numérique dédié aux femmes de plus de 45 ans. Grâce à ce nouveau support, l’ancienne animatrice des "Maternelles" et du "Grand Journal” compte bien déconstruire l’image de la femme ménopausée “bonne à jeter” en dézinguant tous les tabous. Pour Yahoo, elle s’est exprimée sur son combat contre l'invisibilisation de ces femmes-là, rappelant l’importance de changer la perception de la société.
En parallèle, Maïtena Biraben a récemment sorti un ouvrage intitulé “La femme invisible” (ed. Grasset), une belle leçon de vie pour toutes les générations de femmes qui, passé 50 ans, se questionnent sur leur place.

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Transcription
00:00La masturbation est une amie gracieuse d'une campagne assurée.
00:02Je pense que qui que ce soit qui écoute cette vidéo a dû expérimenter une fois.
00:06Sinon, je vous enjoins à vous y mettre.
00:08Ça, par exemple, typiquement, c'est le genre de truc qu'on devrait gêner.
00:11Je n'ai jamais compris pourquoi.
00:12En vrai, pourquoi ?
00:13Ce n'est pas comme si tout le monde ne le faisait pas, quoi.
00:18La loi de Lucien Neuwirth a tout changé dans nos vies.
00:21Il a eu une aventure dans un parc et l'anglaise avec qui il se trouvait
00:25avait un préservatif et il a découvert ça et il s'est dit
00:28mais ce n'est pas possible que les femmes n'aient pas accès en France
00:33à leur sexualité de manière libre, c'est à dire sans craindre
00:36et redouter de tomber enceinte.
00:38Et donc, ça a mis quelques années, mais il s'est bien bagarré.
00:42Alors que l'idée même de la contraception et la promotion de la contraception
00:47en France était pénalisée par la loi, cette fameuse loi qui la défaite
00:50et en nous autorisant donc à maîtriser notre contraception
00:56et donc notre sexualité.
00:57Avoir 50 ans, c'est vivre une crise d'adolescence équipée d'un cerveau.
01:01Foresty, elle dit équipée d'une carte bleue.
01:03On est en pleine possession de nos moyens physiques avec une patate de fou,
01:07avec des envies incroyables.
01:09C'est à dire que je ne suis plus une petite fille, je ne suis plus une jeune fille.
01:12Je ne suis pas encore une vieille dame, donc je suis un adulte responsable,
01:16libre et me connaissant vraiment extrêmement bien.
01:19Donc, j'ai un déclencheur aussi qui est l'horloge
01:24qui ne va plus vers la droite, mais qui commence le décompte.
01:27Exactement comme au moment de l'adolescence où la vie est servie sur un plateau.
01:31On dit vas-y, fais ce que tu veux.
01:32Et bien, l'après ménopause, c'est exactement le même moment.
01:36C'est vas-y, fais ce que tu veux.
01:37Ça a commencé à la fin de l'âge de la meuf bonne.
01:40Quand on sort du champ du désir de la reproduction,
01:45la société renvoie cette image-là des femmes qui n'ont plus leurs règles
01:49en disant bon, c'est bon, c'est plié, vous avez fait ce que vous avez à faire.
01:51Des enfants, hop, t'es plus séduisante.
01:54J'ai grandi, moi, dans une famille avec mon père, ma mère, mon frère aîné.
01:58Dans cette famille, il y avait une répartition très claire des tâches.
02:01Mon frère, après avoir fait ses devoirs,
02:05pouvait aller faire ce qu'il avait envie de faire.
02:07Et moi, je devais vider la machine à laver,
02:10mettre le couvert, démettre le couvert, faire le thé de mon père.
02:14Et il était en kiff de l'espace quand je lui apportais son thé.
02:19Non pas parce que sa fille était gentille avec lui, mais parce qu'il l'était servi.
02:23J'évoque dans le livre la sensation de dégoût
02:26parce qu'à lui servir son thé, il lui a amené ses tartines,
02:30parce que je savais qu'il m'assignait.
02:35Et ça me révoltait, en fait.
02:36Ça me révoltait que parce que mon anatomie était ce qu'elle était,
02:42je dois faire quelque chose.
02:44Tous les messages qui m'ont été envoyés, c'est tu n'es pas un individu,
02:47tu es une petite fille, une jeune fille, une jeune femme, une femme.
02:51Mais moi, je suis meitena, je suis quelqu'un et je veux être cette personne.
02:56D'autres ont fait autrement, mais moi, j'ai cru qu'il fallait effacer
03:00la femme que j'étais pour pouvoir être l'individu que je suis.
03:03Et donc, j'ai mis à distance la féminité.
03:06Je voulais être moi-même et pas juste le corps qui me sert de véhicule.
03:09L'argent, c'est un énorme sujet quand ce sont les femmes qui l'ont.
03:14Une femme gagne forcément moins que son mari,
03:17ce qui n'a l'air de choquer absolument personne, alors que c'est complètement dingue.
03:20Mais c'est comme ça.
03:21Moi, le c'est comme ça.
03:22Je n'y arrive pas.
03:23Ça n'existe pas.
03:24La réponse qui va avec, c'est pourquoi?
03:26Moi, je n'ai jamais été avec un homme qui gagne plus d'argent que moi.
03:28Il se trouve que très vite, dès l'âge de 21 ans, j'ai gagné beaucoup d'argent.
03:31J'ai un exemple assez intéressant
03:35et violent autour de l'argent et de la représentation qu'on en a pour les femmes.
03:41Quand on a créé les maternelles,
03:42j'ai été au départ de l'émission avec France 5 qui souhaitait la faire.
03:47Donc, je commence les maternelles avec un tout petit salaire journalier.
03:50C'est quand même une quotidienne qui fait une heure et demie tous les jours.
03:53C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail.
03:55Et ça marche tout de suite assez bien.
03:57Et donc, je vais voir la chaîne et je leur dis maintenant,
04:01on va un peu discuter d'argent puisque ça marche bien.
04:04Et je lui dis ben écoute, je voudrais être payée.
04:06Comme par exemple, Yves Calvi, c'est lui qui débutait dans ses dents l'air.
04:10On avait commencé ensemble.
04:12C'était évidemment pas la même thématique d'émission,
04:15évidemment pas les mêmes choses.
04:16Et elle m'a répondu cette phrase extraordinaire.
04:18Mais tu n'y penses pas, il a fait des études.
04:20Non pas qu'elle connaisse mon CV et qu'elle se soit demandé si j'avais un doctorat ou pas.
04:23Elle ne savait rien de ce que j'avais fait.
04:25Mais pour elle, c'était évident qu'un homme, c'était quelqu'un
04:29qui fallait récompenser financièrement et qu'une femme,
04:33en gros, elle avait la chance d'être là et elle devait dire merci.
04:36Quand on arrive à la ménopause, ce qu'on raconte, c'est assez peu.
04:38Et je suis contente de le dire parce que, en l'écrivant, je me suis dit
04:41ça sautait toute seule, c'est ouf, t'es devenue complètement un infomane,
04:44mais pas du tout.
04:45En fait, avec les variations d'hormones,
04:47tout d'un coup, je me suis retrouvée, pendant ça a duré trois semaines,
04:51mais je pouvais avoir n'importe qui en face de moi, tout chez moi,
04:54mon corps, mon esprit, tout, tout, tout, mon attention est driveée par les hormones.
04:59Il faut que je couche à quelqu'un.
05:01Je crois que j'ai compris ce que c'était d'être un garçon
05:04qui a la testo dans les cheveux, quoi.
05:06C'est un cauchemar.
05:07Ma vie sexuelle est en dessous de mes aspirations, c'est certain.
05:09Je pense que ce n'est pas une phrase très agréable, ni à écrire, ni à dire.
05:13Dans ce pays, comme quasiment partout dans le monde, on nous apprend à conduire.
05:16Par contre, on ne nous apprend pas comment fonctionne notre corps.
05:19C'est quand même sidérant.
05:20La sexualité devrait être un lieu de créativité, de jubilation.
05:25On essaye, on se trompe, on aime, on n'aime pas.
05:27On recommence, on change d'avis.
05:29Or, c'est hyper normé pour nous tous et en particulier pour nous, les femmes.
05:33Si j'étais célibataire aujourd'hui, je pense que j'aurais essayé toutes les applis.
05:37Moi, j'appartiens au XXème siècle, donc tout était hyper codé.
05:41Une fois, peut-être, je me suis assise en face de quelqu'un en disant
05:44ce qu'on veut, c'est avoir éventuellement une relation sexuelle.
05:46J'aurais adoré expérimenter ça, comme j'aurais adoré coucher avec une femme.
05:49J'ai raté le coche, je ne l'ai pas fait.
05:51Ça viendra peut-être si mon mari meurt ou si je décide finalement
05:54de coucher avec une femme parce que ce n'est pas le tromper.
05:55On verra.
05:56Ma position de pouvoir a-t-elle impacté ma sexualité ?
05:58Ma position de pouvoir, de femme de pouvoir, a-t-elle tout impacté dans ma vie ?
06:02Et je pense que le pouvoir vous limite incroyablement.
06:06Le pouvoir, ça change la manière dont on vous appréhende.
06:10Je ne dirige ni ma vie, ni mon foyer.
06:13Je ne dirige pas tout.
06:15J'essaie de prendre ma place, ce qui n'est pas du tout la même chose.
06:18Il y a un qualificatif qui est souvent revenu pour parler de moi qui est ingérable.
06:22On me dit ingérable parce que je dis non, parce que je veux comprendre,
06:27parce que j'exprime mes opinions.
06:29Je ne suis pas ingérable.
06:31Je suis là.
06:31Les femmes ne prennent pas leur place, ne posent pas de questions.
06:34Elles sont élevées à être dociles, à être gentilles, à ne pas questionner
06:38et à ne pas déranger.
06:39Donc, il ne faut pas s'étonner qu'on ne prenne pas nos vies en main.
06:44Il ne faut pas s'étonner qu'on soit des proies pour des prédateurs.
06:48Il ne faut pas s'étonner de tout ça si on nous élève à être docile.
06:50Mesdames, c'est d'abord Mesdames Productions,
06:52la société de production que j'ai montée avec mon associé Alexandre Acruc.
06:56Et on s'appelle Mesdames parce que c'est ce qu'on est.
06:59Puis, Mesdames, c'est un média digital.
07:02Vous tapez Mesdames.media et vous tombez sur notre univers
07:07où il n'y a que des femmes de plus de 45 ans.
07:09Et on parle de la vie de ces femmes après 45 ans.
07:13C'est très important qu'on raconte enfin qui sont ces femmes.
07:16D'abord, parce qu'une femme sur deux en France a plus de 50 ans.
07:19Et ensuite, parce que ces femmes-là, qui sont donc le contraire
07:23de l'aménagère de moins de 50 à qui s'adressent tous les marketeurs.
07:28Ben, on est 9 millions à travailler, 9 millions de femmes entre 45 et 65 ans.
07:34Donc, il serait temps qu'on en parle, non ?
07:36Et si je me fie à la manière dont le média démarre ?
07:41Vous nous attendiez, Mesdames.

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