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Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Jérémie Gaillard est présent, maire de Caudrot (Gironde) et auteur de "Ne m’empêchez pas d’être maire".
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Et je salue mes camarades de la 2ème heure, bonsoir Raphaël Stainville, directeur adjoint
00:08de la rédaction du journal du dimanche, bonsoir Jean-Michel Salvatore, bonsoir Pierre, communiquant
00:12et chroniqueur politique, bonsoir à vous Jérémy Gaillard, bonsoir Pierre De Villeneuve, merci
00:17d'être avec nous, vous êtes maire de Caudreau en Gironde, vous venez de publier « Ne m'empêchez
00:21pas d'être maire » aux éditions Kern dans la collection Domaine Public dans laquelle vous
00:26expliquez, avant même d'expliquer, on voit la couverture avec ce dessin humoristique d'un
00:33maire qui est muselé par son écharpe tricolore, ça vous donne quand même une opinion de la chose.
00:40En fait aujourd'hui, être maire c'est quoi ? Vous êtes 36 000, vous êtes le premier réceptacle des
00:48habitants, j'allais dire un peu avec les sénateurs, vous me donnerez votre opinion, mais le seigle et
00:53la châtaigne ça compte, les sénateurs sont là, peut-être d'une façon un peu différente des
00:58députés, vous me direz ce que vous en pensez. Mais le maire c'est celui qui, c'est le cahier
01:03de doléances immédiat et en même temps je reprends une phrase de Marie-Hélène Thoraval, la maire de
01:09Roman-sur-Isère, qui disait « à chaque fois qu'il y a un problème, le gouvernement fait un Grenelle
01:15ou un Beauvau et après redonne au maire toute la responsabilité de régler la situation ». Est-ce
01:23que vous avez le même sentiment ? Oui, c'est effectivement le constat qu'on fait, c'est-à-dire
01:29qu'aujourd'hui, une des principales problématiques à mon sens de l'exercice du mandat des maires et
01:34des élus locaux, parce qu'on a effectivement 35 000 maires aujourd'hui, mais aussi 550 000 élus locaux,
01:40c'est que l'État se désengage de plus en plus de ses propres missions, nous les confie indirectement
01:48ou directement, sans les moyens, et c'est ce que j'allais dire, c'est-à-dire qu'aujourd'hui être
01:53maire, c'est faire plus avec moins de moyens, ce qui engendre de la frustration à la fois des maires
01:59qui sont quand même élus avec une logique de libre administration de leur collectivité, c'est
02:04quand même un concept important, et cette frustration elle se matérialise aussi chez nos
02:08habitants qui voient bien effectivement le sentiment de déclin sur certains territoires, moi c'est ce
02:13que je vis en tout cas sur mon territoire rural, et forcément cette frustration elle rebondit sur
02:19les maires qui sont des éponges, qui sont des réceptacles comme vous le dites, et le maire il est
02:24la première porte à laquelle on cogne quand on a un problème, mais elle est aussi la dernière, et ça
02:29devient compliqué de gérer toutes ces situations au quotidien.
02:33Ça veut dire des violences, je pense à Vincent Jeanbrun, il n'est pas le seul, ce sont des violences, ce sont des maires qui sont agressés,
02:40est-ce que vous avez eu, vous, des problèmes de cette sorte-là ?
02:43Alors moi effectivement j'ai eu quelques situations de tension pendant mon mandat avec des administrés qui ne sont pas allés
02:49jusqu'aux situations que vous évoquez, mais j'ai un de mes collègues qui est dans une commune pas très loin,
02:55effectivement il a pris un jour un coup de planche dans la tête, un coup de planche en bois, avec des
03:00personnes qui après sont allées dans la commune crier qu'ils allaient le trouver avec sa femme
03:05pour casser les genoux de toute la famille, et il faut être honnête, la famille ça veut dire les enfants,
03:10il faut être honnête que la réponse judiciaire qui a été apportée à cette situation a été un stage
03:14de citoyenneté.
03:15Encore, mais décidément, il y a eu aussi ça pour l'agresseur, en tout cas celui qui avait menacé le professeur du lycée Maurice Ravel.
03:23Effectivement, ça rejoint ce que vous disiez au début, c'est-à-dire que nous on entend bien les discours, les paroles qui sont formulées,
03:30et effectivement on nous dit qu'on nous écoute, qu'on est là pour travailler dans une nouvelle relation de confiance,
03:34c'est quand même un peu ce qu'a dit Michel Barnier sur son discours de politique général quand il est arrivé,
03:38mais à un moment il y a les paroles et il y a les actes, et aujourd'hui les actes ils ne sont pas en accord avec les paroles.
03:42Je vois que vous avez au poignet un petit bracelet qui vous permet de rentrer dans une salle,
03:48il y a écrit Congrès des maires de France, qu'est-ce qui s'est dit, qu'est-ce qui s'est dit en ouverture,
03:54et qu'attendez-vous de cette grande réunion des 36 000 maires de France ?
03:58Alors, pour aller au Congrès des maires depuis le début de mon mandat, depuis 2020, on sent vraiment une différence cette année,
04:04puisqu'on a démarré le congrès aujourd'hui avec une photo un peu symbolique de milliers de maires au centre du palais des...
04:12Avec une écharpe noire.
04:13Avec une écharpe noire.
04:14Vous êtes en deuil de quoi ?
04:16Eh bien on est en deuil de nos missions, on est en deuil des annonces gouvernementales,
04:21et je pense que c'est la goutte d'eau qui aujourd'hui fait d'abord dès le vase.
04:24Si on nous demande encore plus d'efforts, alors que même si on n'a rien dit depuis de nombreuses années,
04:28on tire sur la corde, on a fait beaucoup d'efforts, on a été présents quand on nous l'a demandé,
04:32quand le Covid était là, les maires ont répondu présents, les collectivités répondent présentes.
04:36Dès qu'on leur demande, on fait preuve d'un devoir de réserve.
04:39On ne fait pas du misérabilisme quand on est maire, on sait où on met les pieds.
04:43Je dis, on n'est pas des pleureurs, on n'est pas des pleureuses, on ne vient pas pour se plaindre inutilement,
04:47mais je pense que là on est arrivé à un point de bascule où si on nous enlève encore des moyens d'agir,
04:51ça va devenir très compliqué de devrer pour notre population.
04:56On vous coupe les cordons de la bourse parce qu'il n'y a plus de taxes d'habitation.
04:59Vous êtes à nouveau la cible des administrés qui vous disent que vous avez augmenté la taxe foncière.
05:05Votre opinion sur ce point de vue stricto sensu économique qui concerne les citoyens ?
05:11Est-ce que tout le monde devrait payer, y compris les locataires ?
05:13C'est une des vraies problématiques que vous évoquez avec les locataires.
05:15C'est vrai que la taxe d'habitation nous a coupé du lien avec nos locataires, du lien financier d'une certaine manière
05:21parce qu'on ne peut pas faire croire en France que la démocratie c'est gratuit,
05:25qu'entretenir une commune, avoir des services publics, on peut ne pas contribuer et bénéficier de tout ça.
05:31Donc oui effectivement, je pense qu'il y a une réflexion à avoir, une refonte.
05:35C'était une annonce d'Emmanuel Macron quand il a été élu en 2017, sauf que derrière ça a eu beaucoup d'impact
05:41et que la levée de l'impôt c'est aussi un élément de la libre administration de chaque commune.
05:48Et moi je suis partisan effectivement qu'au moins qu'on ouvre le débat et qu'il y ait une réflexion
05:52et qu'on arrête de faire croire aux gens que la démocratie c'est gratuit, non ça ne l'est pas.
05:56Et l'impôt n'est pas un mot grossier, excusez-moi, je veux juste dire, l'impôt n'est pas un mot grossier.
06:01Nous en tant qu'élu, notre...
06:02Donc tout le monde doit payer ?
06:04À mon sens oui, après en fonction de certains critères qui sont à définir.
06:07Mais je pense que nous en tant qu'élu, notre rôle c'est de bien dépenser l'argent public.
06:11C'est ça le problème aujourd'hui, c'est que quand l'argent public est mal dépensé, forcément l'impôt devient un gros mot.
06:16L'impôt n'est pas un gros mot si l'argent public est bien dépensé par les élus.
06:19On n'a aucune traçabilité, enfin je parle sous votre contrôle, Jean-Michel Salvatore qui connaît bien l'économie,
06:25on n'a pas de traçabilité de où va l'impôt, vous ne savez pas où va...
06:28C'est un principe des finances publiques, il n'y a pas de traçabilité, sauf l'exception évidemment.
06:32Jean-Michel, vous vouliez interroger...
06:33Je voulais revenir sur l'état d'esprit des maires et sur cette grande déprime républicaine.
06:40Le Parisien a publié un sondage l'autre jour que je trouvais assez effrayant
06:45et qui montrait que 96% des maires déclaraient ne pas arriver à résoudre les problèmes qui se posent à eux.
06:54Et il y en avait 83% qui disaient que leur métier était usant.
07:00Alors vous personnellement, est-ce que vous avez eu la tentation de démissionner ?
07:04Il y a à peu près trois démissions de maires par jour aujourd'hui, est-ce que vous avez eu la tentation de démissionner ?
07:10Et est-ce qu'au jour le jour, est-ce que vous avez peur ?
07:13Pour répondre, je n'ai pas eu le sentiment d'avoir eu vraiment l'envie de mettre ma signature en bas d'une lettre de démission pour l'envoyer au sous-préfet.
07:23Par contre, il est évident qu'on a beaucoup de soirs où on rentre après des journées compliquées,
07:29si on a eu une discussion désagréable avec un administré, une problématique sur un projet,
07:35il est vrai qu'on a des moments de découragement comme tout le monde.
07:38Et j'ai vu aussi cette étude, on n'est pas surpris.
07:41Après, comme je vous dis, on sait que le mandat de maire, il est dur, le mandat d'élu local, il est dur.
07:45On y va en connaissance de cause.
07:47On ne nous a pas mis le coteau sur la gorge pour être élu, pour nous présenter.
07:51Là, ce qu'on dit, c'est qu'à un moment, on est arrivé à un point de bascule où ça devient trop excessif.
07:57Et là, effectivement, on a l'impression...
07:59Moi, mon livre s'appelle « Ne m'empêchez pas d'être un maire », mais ça pourrait...
08:01« Ne m'empêchez pas d'être un maire efficace ».
08:03C'est surtout ça qu'on reproche.
08:05On nous a mis tellement de contraintes qu'on n'est plus à la hauteur de nos missions
08:09et on n'est plus en adéquation avec l'image que les gens ont de la figure du maire.
08:13— Et sur la peur, est-ce que face aux violences, face aux violences physiques, face aux menaces,
08:19est-ce que vous finissez par avoir peur ?
08:21— Alors, moi, j'ai eu deux situations, trois situations où, effectivement, un peu de tension.
08:26Je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas eu un sentiment de peur au quotidien.
08:32Mais je vais vous avouer que dans ma commune, on a investi rapidement, au début du mandat,
08:3540 000 euros pour mettre un système de vidéosurveillance qui a...
08:38— Qui marche.
08:39— Qui marche, qui a permis de réguler un certain nombre d'incivilités, de résoudre des enquêtes,
08:44de remettre un peu de sentiment de sécurité, même si tout n'est pas parfait
08:48et on n'arrive pas à... on n'endiguera pas tous les phénomènes.
08:51Mais sur un sujet qui était complètement absurde il y a dix ans,
08:55de mettre de la vidéosurveillance dans une commune comme la mienne de 1 200 habitants,
08:59c'est la réunion publique où j'ai eu le plus d'habitants
09:01et c'est la réunion publique où, à l'unanimité, tout le monde a voté pour ce projet.
09:05— Jérémy Gaillard, vous restez avec nous, ne m'empêchez pas d'être maire, c'est votre livre
09:10et on va en parler dans un petit instant encore.
09:13Tout ça pour vous dire également que Pascal Praud vous attend deux fois par jour
09:17sur Orpins, 9h, 9h30, l'heure des Prauds, co-diffusée avec CNews.
09:21Et ensuite 11h, 13h, pour vous donner la parole, pour participer à Pascal Praud et vous,
09:27vous appelez le 01 80 20 39 21 demain, parce qu'elle recevra Maude Fontenoy et Michel Drucker
09:34pour les 60 ans de sa première apparition à la télévision, 20h26, à tout de suite sur Orpins.
09:44— Je sais pas si c'est ce qu'on dit sur Orpins, ils n'ont pas sourié la chanson.
09:46Raphaël Stainville est là, Jean-Michel Salvatore également,
09:49Jérémy Gaillard qui publie « Ne m'empêchez pas d'être maire ».
09:55Je disais tout à l'heure que vous êtes, avec les sénateurs, sans doute les meilleurs représentants du peuple,
10:02est-ce que vous êtes d'accord avec moi ?
10:03— Alors, ce qui est sûr, c'est que les sénateurs ont cette casquette qui n'est pas forcément très connue,
10:09mais ce sont nos principales interlocuteurs pour défendre les intérêts de la commune,
10:13et avec une stabilité sans doute plus importante.
10:17— C'est-à-dire qu'ils font remonter au pouvoir central ?
10:21— Exactement, et puis ils sont élus par les élus locaux,
10:25donc c'est vrai qu'il y a toujours eu ce lien fort entre eux et nous,
10:29et ils sont là pour défendre les intérêts de la commune,
10:32mais peut-être dans un contexte moins politisé aussi,
10:34le Sénat est un peu moins touché par des fois ces idéologies qui peuvent être un peu contre-productives.
10:41— Il examine les textes nationaux aussi qui viennent de l'Assemblée,
10:46ou parfois qui commencent par le Sénat, ça a été le cas pour les retraités,
10:50ça va être le cas maintenant pour le budget.
10:53Raphaël, pardon.
10:54— Oui, une petite question, parce que les auditeurs d'Europe 1 ne le savent peut-être pas,
10:58mais Jérémy Gaillard, voilà, un peu plus d'annonce, c'est mis en marche.
11:01— Ah si, je l'ai dit en introduction.
11:03— Il faut le rappeler alors.
11:04— Il faut le rappeler.
11:05— Mais c'est incroyable.
11:06— Moi ce que j'aimerais savoir, c'est que, d'abord,
11:09qu'est-ce que vous avez obtenu au terme de cette marche symbolique ?
11:12— 650 kilomètres.
11:13— De 650 mètres un peu à la manière d'un Jean Dassalle,
11:17et la deuxième chose, c'est qu'est-ce que vous avez appris de la France ?
11:21— Alors, forcément quand je suis parti, 18 jours pour faire 640 kilomètres pour rejoindre Paris,
11:2818 jours parce que c'est les 18 jours qui me restaient en termes de congés professionnels,
11:31donc il a fallu s'ajuster.
11:33— Donc il n'y a pas eu que de la marche.
11:35— Si, il n'y a eu que de la marche, mais il a fallu calculer la moyenne journalière
11:39par rapport au nombre de jours de congés qui me restaient,
11:41puisque j'ai une activité professionnelle à côté.
11:43— Vous avez fait 650 kilomètres en 18 jours.
11:45— C'est ça exactement, 35 à 40 kilomètres par jour pendant 18 jours sans s'arrêter.
11:48Donc effectivement c'était un peu sportif,
11:50mais comme je dis souvent, je n'ai jamais été aussi en forme qu'à la fin de cette marche.
11:54En partant, j'avais plusieurs objectifs et je défendais plusieurs dossiers sur ma commune.
11:58Honnêtement, je n'ai pas eu d'effet sur tout ce que je demandais.
12:02Il y avait des sujets sur la santé, sur le nombre de gendarmes dont on bénéficie sur notre territoire,
12:08des professeurs enseignants spécialisés qu'on n'a pas sur notre école,
12:13il y avait énormément de sujets.
12:15Donc je n'ai pas obtenu un gain de cause sur tout,
12:17mais j'ai obtenu quand même quelques petites avancées
12:19qui m'ont surtout permis, après coup, sur des dossiers,
12:21d'avoir les bons interlocuteurs pour faire avancer,
12:23et peut-être de faire comprendre qu'à Caudreau,
12:25on était quand même déterminés quand on voulait faire bouger les choses,
12:28donc il fallait aussi nous aider.
12:30Et il y avait un élément que je n'avais pas forcément anticipé,
12:33c'était la réaction de la population,
12:35qui finalement, c'est là où j'ai eu le meilleur résultat dans cette marche,
12:38c'est que ça a été très apprécié par ma population,
12:41sur Caudreau, mais même au-delà,
12:43de se dire qu'on pouvait encore avoir des élus qui sont investis,
12:46qui ne sont pas là pour calculer,
12:47qui sont là pour défendre leurs intérêts.
12:50Donc ça m'a beaucoup apporté sur cet aspect-là.
12:53Sur la deuxième question, c'était...
12:55Qu'est-ce que vous avez appris de la France ?
12:56Alors, ce que j'ai appris, c'est que...
12:59Que vous ne saviez déjà ?
13:00En fait, quand on est élu, ce dont je me suis rendu compte,
13:02c'est qu'on peut parfois se construire une vision un peu biaisée
13:06de la population et de la France,
13:08parce qu'en fait, on est, nous, au contact d'habitants
13:12qui ont besoin, qui réclament, qui sont demandeurs,
13:16et que, des fois, ça crée un décalage,
13:18parce que c'est souvent des situations compliquées derrière qu'on vit.
13:22Et en fait, moi, j'ai découvert qu'il y avait toute une majorité silencieuse
13:25dans notre pays qui, effectivement, ne nous dit pas qu'on est des maires formidables,
13:31mais qui nous soutiennent, qui comprennent les constats qu'on a faits.
13:34Donc ça m'a conferté les constats qui m'ont amené à faire cette démarche.
13:38Et j'en suis revenu en me disant qu'il fallait continuer pour ces gens-là,
13:43parce qu'ils étaient majoritaires.
13:44Peut-être qu'on ne les entend pas, qu'on ne les voit pas,
13:46mais ils sont là, en tout cas.
13:47Est-ce que vous avez dans votre bureau de maire, comme je crois que c'est la...
13:51Je ne sais pas si c'est une obligation ou une tradition,
13:53la photo du Président de la République ?
13:54Alors, dans la salle du conseil municipal, on a la photo du Président de la République,
13:57et c'est une obligation, effectivement.
13:58C'est une obligation ?
13:59C'est une obligation.
14:00Alors, écoutez Emmanuel Macron, puisqu'on parle de sa photo,
14:03en conférence de presse à l'issue du G20,
14:06voilà ce qu'il pense sur l'accord sur le Mercosur.
14:11Contrairement à ce qui a été dit, ou parfois écrit,
14:13encore même ce matin d'ailleurs,
14:15on n'a pas l'habitude de parler en l'air.
14:16Et donc, depuis plusieurs mois, plusieurs années, on travaille.
14:19Et donc, on réunit, on rassemble.
14:22Et on aime toujours, nous, écrire que les Français sont isolés.
14:25Mais on n'est pas isolés.
14:26Vous voulez modifier le texte ?
14:28Non, d'abord, je veux travailler avec tous ceux
14:30qui ont les mêmes préoccupations que nous, qui sont légitimes.
14:32Polonais, Autrichiens, Italiens, et plusieurs autres en Europe.
14:36Et donc, la France, simplement, elle exprime une voix
14:39qui est portée par beaucoup d'autres qui ont des agricultures
14:41avec des spécificités qui veulent protéger.
14:44Et donc, nous protégeons nos agriculteurs.
14:46C'est notre droit, parce que nous protégeons notre capacité à nous alimenter.
14:49Alors, il y a plusieurs questions.
14:51La première, c'est, comment est-ce que vous recevez, vous,
14:55aujourd'hui, la parole présidentielle ?
14:58C'est-à-dire, globalement, sur tous les sujets.
15:01Et la deuxième question, qui est plus spécifique, c'est,
15:04est-ce que, pour vous, Emmanuel Macron est le meilleur protecteur,
15:08puisque le mot a été utilisé dans le sonore qu'on vient d'entendre,
15:11des agriculteurs français ?
15:12Alors, sur la première partie, comment on reçoit la parole présidentielle ?
15:16C'est comment je la reçois ?
15:18Avec, aujourd'hui, 7 ans, 8 ans d'expérience,
15:23moi, je redis qu'il y a un décalage, selon moi,
15:27entre la parole et les actes.
15:29Quand j'entends parler...
15:30Non, mais quand vous entendez Emmanuel Macron, pour vous, c'est quoi ?
15:32C'est de la flûte traversière, ou c'est quand même la même parole présidentielle ?
15:34Non, parce que, je ne peux pas demander à mes habitants d'avoir un respect
15:37pour la fonction de maire, sans, en tant que maire, avoir un respect
15:39pour la fonction présidentielle.
15:40Mais là, quand j'entends que les Français ne se sentent pas isolés,
15:43je me dis qu'il y a un décalage.
15:45Moi, mes habitants, quand ils voient qu'ils n'appellent pas les gendarmes,
15:48parce qu'ils savent qu'ils vont mettre trop de temps à venir,
15:50que nous, on défend nos gares, parce que sinon, elles vont être fermées,
15:52que notre bureau de poste, on est obligé de le défendre pour fermer,
15:55que nous, on investit pour mettre des accueils France Service,
15:58qu'il faut se battre pour garder, même pas pour faire,
16:02mais pour conserver le minimum qu'on a dans nos territoires.
16:05Mais non, je pense que là, il y a un décalage.
16:07Vous dites que vous êtes, au contraire, isolés ?
16:10Vous dites que les... Attendez, c'est très important,
16:12vous dites que les habitants de Caudreau n'appellent pas les gendarmes,
16:15parce qu'ils savent qu'ils vont mettre trop de temps à venir ?
16:17Je citais Vincent Jeanbrun tout à l'heure,
16:21ça veut dire quoi ?
16:22Ça veut dire que s'il y a des émeutes,
16:24vous êtes dans une insécurité, aujourd'hui, en France, en 2024 ?
16:29Ce qui est sûr, je sais que c'est un sujet sensible,
16:30mais aujourd'hui, le sentiment d'insécurité,
16:33il n'est pas un fantasme dans nos territoires.
16:37Aujourd'hui, quand vous éloignez les gendarmeries,
16:40comme on l'a fait pour centraliser en certains lieux...
16:43C'est ce que j'allais vous dire, on ne les éloigne pas, on les centralise.
16:45Oui, mais on les éloigne, c'est-à-dire que le temps, aujourd'hui,
16:47quand vous mutualisez avec la patrouille, quand vous l'appelez,
16:49elle peut être à 30 ou 40 kilomètres de votre commune,
16:51ça met forcément du temps à arriver.
16:55On peut dire ce qu'on veut, ce sentiment existe.
16:57On peut être d'accord ou pas d'accord, mais il est là.
17:01Soit on le combat...
17:03Qu'est-ce que vous avez ? Combien d'habitants à Caudreau ?
17:051200.
17:07Quels sont les effectifs de police à Caudreau ?
17:09Nous, on n'a pas d'effectifs de police,
17:11on dépend d'une brigade de gendarmerie,
17:13qui est située à 10 kilomètres.
17:15On a 31 gendarmes pour un territoire de 34 000 habitants.
17:2031 gendarmes pour 34 000 habitants ?
17:25C'est ça, sur la brigade...
17:28Donc un gendarme pour 1000 habitants.
17:30Exactement, sachant que les gendarmes, bien évidemment,
17:32ne sont pas tous ensemble en même temps sur le territoire.
17:34Et c'est ça la réalité de ce qu'on appelle...
17:38J'aime pas ce mot-là, mais...
17:40les territoires.
17:42Oui, c'est vrai que c'est un nouveau mot pour remplacer la province.
17:45Mais effectivement, c'est qu'un aspect parmi tant d'autres.
17:48Le reproche qu'on peut faire, c'est que l'État,
17:50je veux bien qu'on nous donne des leçons en tant que maire,
17:52notamment de gestion budgétaire en ce moment,
17:54mais il serait bien que l'État soit vertueux dans ses propres missions régaliennes.
17:56Si déjà on veut améliorer le quotidien des maires,
17:58que l'État fasse le nécessaire sur ses missions de santé,
18:01d'éducation, de justice,
18:03de...
18:05Voilà, toutes ces missions régaliennes,
18:07si lui joue son rôle, je pense que nous on aura
18:09beaucoup moins de difficultés sur nos territoires, comme ils disent.
18:11Raphaël ou Jean-Michel,
18:13une question pour Jérémy Gaillard.
18:15Moi, je m'interrogeais sur...
18:17Tout à l'heure, Maël nous a fait le rappel de Titre de l'Actualité.
18:20On a parlé de cette nouvelle tragédie humaine
18:25et économique,
18:27qui est sans doute la fermeture de deux sites d'ArcelorMittal,
18:29qui fait suite à Michelin,
18:31qui fait suite à Auchan.
18:33Marc Ferracci, qui était
18:35ce dimanche sur Europe 1 et sur CNews
18:37dans le grand rendez-vous,
18:39nous disait qu'il y aurait sans doute d'autres
18:41fermetures dans les, pardonnez-moi encore une fois pour le terme,
18:43dans les territoires
18:45chez vous. Comment est-ce qu'on ressent ça ?
18:47Est-ce qu'il y a une peur
18:49du lendemain au niveau de l'emploi ?
18:51Exactement, parce que, par exemple,
18:53le département de Gironde a mené une enquête
18:55il y a quelques semaines sur la notion de risque.
18:57Et en fait, le premier risque
18:59qui ressort chez la population,
19:01et très largement, c'est
19:03le pouvoir d'achat, la capacité
19:05à vivre et à finir
19:07le mois d'un point de vue économique.
19:09Là, aujourd'hui, dans les territoires,
19:11dans les communes rurales,
19:13on est aussi, aujourd'hui,
19:15face à un phénomène
19:17de concentration économique
19:19de toutes les forces,
19:21de les forces industrielles
19:23sur des zones un peu plus denses que nos territoires.
19:25Aujourd'hui, vous avez très peu d'entreprises
19:27qui ont la capacité de s'installer
19:29dans nos petites communes, même si on n'aime pas ce terme-là.
19:31Parce que quand on interroge
19:33le ministre de l'Industrie, ce qui a été mon cas
19:35dimanche dernier, il dit, attendez,
19:37vous me parlez de fermeture d'usines, moi je vous parle d'ouverture
19:39d'usines et de création
19:41d'emplois. Et certains chiffres
19:43effectivement indiquent qu'il y a eu
19:45de la création d'emplois pendant le
19:47premier quinquennat
19:49d'Emmanuel Macron et
19:51dans le début du second également.
19:53Mais qu'est-ce qu'on dit
19:55dans les terres, qu'est-ce qu'on dit
19:57dans les communes comme la vôtre ?
19:59Est-ce qu'on les voit, ces usines, sortir de terre
20:01avec des emplois à la clé en disant
20:03venez, on a besoin de monde ?
20:05Non, en tout cas dans le territoire de Géronde où je suis, non.
20:07Parce qu'en plus, quand ces entreprises se créent
20:09ou ces usines se créent, nous
20:11on a la double peine de la mobilité.
20:13C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
20:15ça coûte trop cher de mettre des trains dans nos petites gares,
20:17ça coûte trop cher
20:19d'aider sur les transports en commun.
20:21Et celui qui veut bosser, on lui demande
20:23d'abord s'il a une bagnole.
20:25Pour aller au travail.
20:27Quand vous vous retrouvez suite à la crise de la guerre en Ukraine
20:29avec le prix de l'essence à 2 euros le litre,
20:31vous avez la double peine parce que l'emploi
20:33ne se crée pas dans vos territoires, parce qu'en plus les documents
20:35d'urbanisme vous empêchent presque
20:37d'avoir de l'artificialisation
20:39sur les territoires euros.
20:41Et puis vous n'avez pas la possibilité
20:43de pouvoir aller sur ces zones d'emploi.
20:45En une minute, Jérémy Gaillard,
20:47qu'est-ce que vous demandez aujourd'hui ?
20:49Moi je demande du courage
20:51des gens en politique. C'est-à-dire que je trouve
20:53qu'on a dilué beaucoup trop aujourd'hui
20:55les responsabilités de chacun. Moi ce que je souhaite
20:57en tant que maire, et c'est à titre personnel,
20:59qu'aujourd'hui on soit capable de redire
21:01qui fait quoi, avec quels moyens,
21:03et que chacun assume ses responsabilités
21:05dans ses propres compétences, et qu'on arrête
21:07d'avoir un... C'est plus la faute de personne
21:09aujourd'hui. Quand vous demandez, c'est plus la faute
21:11de personne. Donc moi c'est ce que je demande.
21:13Je veux pouvoir gérer ma commune
21:15de manière libre, avec le courage
21:17d'assumer les décisions que je prendrai
21:19pour mes habitants.
21:21Est-ce que David Lissnard est un bon patron des maires de France ?
21:23Oui, en tout cas,
21:25je pense qu'on voit aussi les bons patrons
21:27quand le combat se fait jour.
21:29Donc je pense que ça va être intéressant
21:31sur les prochaines semaines et les prochains mois, de voir
21:33de quelle manière il va pouvoir soutenir. Mais en tout cas,
21:35aujourd'hui l'association des maires de France
21:37fait clairement le boulot,
21:39et on est derrière notre président
21:41pour qu'on avance dans le bon sens.
21:43Merci beaucoup Jérémy Gaillard d'avoir été sur Europe 1
21:45en direct. J'imagine que vous repartez
21:47pas à pied jusqu'à
21:49Caudreau. Non. Peut-être que ça sera un nouveau
21:51challenge pour montrer à quel point...
21:53Voilà. En tout cas, vous
21:55nous faites honneur, et votre courage
21:57montre à quel point, effectivement, les maires
21:59de France sont mobilisés pour
22:01leurs habitants, et appellent plus
22:03d'aide, d'une certaine
22:05manière. Dans la série, on n'a pas envie de se sentir
22:07totalement seul. 20h44
22:09sur Europe 1. On revient dans un instant.

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