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00:00Bonsoir à toutes et à tous, et bonsoir à vous, Alexandre Sobot, président de France
00:08Industrie.
00:09On va revenir sur les difficultés du secteur de l'industrie, mais tout d'abord, l'actualité,
00:14c'est cet accord conclu la nuit dernière entre partenaires sociaux, le patronat et
00:18une partie des syndicats sur l'assurance chômage et sur l'emploi des seniors avec
00:22deux dispositifs dont le gouvernement attend beaucoup et notamment ce contrat de valorisation
00:28de l'expérience pour faciliter l'embauche des chômeurs les plus âgés.
00:32Le salarié pourra être mis à la retraite d'office dès qu'il aura droit à une retraite
00:37à taux plein.
00:38Est-ce que vous incitez les patrons et notamment ceux de l'industrie à s'en saisir ?
00:41On incite les patrons de l'industrie à se saisir de tous les outils qui leur permettent
00:45de garder les compétences, de faire travailler les seniors dans ce moment où on a de formidables
00:49défis en termes de recrutement, en termes d'évolution des métiers et puis ça va
00:53aussi passer par une évolution des mentalités par rapport à des pratiques qui ont pu avoir
00:57lieu dans le passé.
00:58Mais aujourd'hui, on a une responsabilité collective qui est d'augmenter le taux d'emploi
01:02y compris des seniors.
01:03Il y a eu la réforme des retraites et le report de l'âge qui augmente le champ des
01:06possibles et qui va dans le bon sens.
01:07Il y a la réforme de la filière senior dans l'assurance chômage qui réduit des incitations
01:14à se séparer des gens et tous les outils dont ce contrat doivent nous permettre d'améliorer
01:18encore le taux d'emploi des seniors.
01:19Après, il faut accepter que ça prenne du temps.
01:20C'est-à-dire ?
01:21Tous ces nouveaux outils, il faut que les gens s'en saisissent.
01:23En plus, la conjoncture n'est pas dans un de ses meilleurs moments.
01:26Il ne faut pas se demander dans six mois si ça a changé, mais dans dix-huit.
01:30Mais ça reprend quand même l'idée du CDI senior qui était porté par Medef.
01:34La CGT parle de CDD senior de son côté, dit que ce n'est pas d'une avancée sociale.
01:39Ça s'adresse à des gens qui étaient au chômage.
01:43Donc on va voir, encore une fois, il ne faut pas imaginer des choses dans la rue, comment
01:48réagit le marché.
01:49On s'adresse à des gens qui étaient au chômage et qui, vraisemblablement, sans cet
01:51outil, ne seraient pas au plus difficilement revenus sur le marché du travail.
01:55Donc ça ne peut être qu'un plus.
01:57Après, on verra les quantités, le type de profil, la durée des contrats.
02:01Est-ce que ça emmène bien les gens jusqu'à ce qu'ils puissent faire leur droit à la
02:03retraite ? Tous ces éléments, il faudra les évaluer dans le temps.
02:06Mais face à l'objectif des compétences, de l'augmentation du taux d'emploi des
02:10seniors comme des autres catégories d'âge, mais celui-là est très important, se donner
02:14un outil supplémentaire, accepter de voir comment ça fonctionne, je pense que c'est
02:18d'abord un signe de responsabilité.
02:19Partenaires sociaux, il faut s'en réjouir.
02:21Sachant qu'Alexandre Sobo vous avez été en charge de ces questions au sein du MEDEF.
02:25Après la suppression de 1254 postes chez Michelin, il y a 10 jours, le ministre de
02:32l'Industrie, Marc Ferracci, n'a pas caché son inquiétude pour la suite.
02:35Des annonces, des fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et
02:40dans les mois qui viennent, selon le ministre.
02:42Est-ce que c'est votre sentiment également ? Il y aura d'autres plans sociaux dans l'industrie ?
02:46Il y a deux choses.
02:47D'abord, la conjoncture est moins bonne.
02:49On voit bien que mondialement, ça ralentit.
02:51Deuxièmement, l'Europe fait face à des difficultés importantes en termes de prix
02:55de l'énergie, en termes de surréglementation, en termes de décisions qui ont des très
02:59gros impacts.
03:00Je pense évidemment au secteur de l'automobile et au bannissement du moteur thermique en
03:042035.
03:05Ça fait longtemps que tout le monde sait que ces décisions auront des conséquences
03:08négatives pour l'emploi.
03:09Maintenant, ce qu'il faut regarder, ce n'est pas seulement le mouvement à court terme,
03:12c'est la tendance.
03:13Mais sur quel secteur est-ce que vous avez des inquiétudes, en particulier Alexandre
03:16Sobo ?
03:18On a vu l'automobile, effectivement, la chimie…
03:20L'automobile, c'est très clair.
03:21Au-delà de la chimie, tous les secteurs qui sont impactés par les conséquences de la
03:25crise en Ukraine et du décalage du prix de l'énergie entre l'Europe et le reste
03:29du monde, et puis tous les secteurs aussi qui vont être fortement impactés par le
03:32redoublement de l'intensité concurrentielle chinoise.
03:35Les surcapacités chinoises aujourd'hui, avec les droits de douane qu'il y a aux
03:38Etats-Unis, se déversent massivement en Europe et font peser aussi sur de nombreux
03:42secteurs des risques et des conséquences difficiles.
03:45Le patron de Michelin, Florent Ménégaud, justifie les fermetures de Cholet et de Vannes
03:48en disant que l'Europe n'est plus compétitive, justement, avec une réglementation excessive,
03:54un coup de l'énergie non compétitif.
03:56Vous dites la même chose ?
03:57Je dis qu'il faut écouter Florent Ménégaud qui est un patron engagé, responsable, attaché
04:01à son pays, qui je pense a pris cette décision parce qu'il n'y en avait plus d'autres
04:05possibles après avoir examiné beaucoup d'autres solutions.
04:08Et je pense que nos amis de Bruxelles feraient bien d'écouter un patron compétent, emblématique
04:13et responsable pour prendre des décisions qui donnent une chance à l'Europe de rester
04:17une belle terre d'industrie.
04:18De quel type de décision vous attendez de la part de l'Europe concernant la réglementation ?
04:25À court terme, on a deux sujets très lourds.
04:27C'est la mise en œuvre de la CSRD, qui est la réglementation sur le reporting extra-financier.
04:33C'est un peu complexe, un peu technique ?
04:35C'est des nouvelles obligations de reporting de toutes les entreprises françaises en commençant
04:39par les entreprises côtées et européennes d'ailleurs, qui fait peser une charge administrative
04:44démesurée par rapport à l'objectif qui est de mieux mesurer les émissions de carbone.
04:48On va être la seule région du monde qui est capable de fixer ce niveau d'obligation
04:52pour traiter un sujet que tout le monde reconnaît comme important.
04:55Mais les outils qu'on nous demande de mettre en œuvre sont démesurés, les coûts.
04:58On parle de milliards d'euros qui seront dépensés en cabinet d'audit et de conseil
05:03pour justifier l'ensemble des éléments.
05:05L'argent sera mieux investi dans des vrais projets de décarbonation.
05:10Dans une entreprise comme celle que je dirige, il vaut mieux qu'on investisse dans un projet
05:14pour transformer la propulsion d'une machine que pour faire un reporting que personne ne
05:18liera parce qu'il sert dans 90% de ce qui est prévu à rien.
05:21Dans le même temps, il y a l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, aux États-Unis.
05:26Qu'est-ce que vous craignez le plus avec l'arrivée du Républicain ?
05:29Est-ce que c'est de ne plus pouvoir exporter l'industrie française avec la mise en place
05:34de tarifs douaniers prohibitifs ou est-ce que c'est l'énergie que vous avez commencé
05:38à mentionner ?
05:39Est-ce que vous craignez que l'énergie américaine soit encore plus compétitive
05:44et rende l'industrie en Europe de moins en moins compétitive ?
05:47Je vais peut-être vous surprendre mais je pense que l'arrivée de Donald Trump au pouvoir
05:50est une opportunité pour l'Europe.
05:51C'est une opportunité parce que comme il est très direct, comme il a posé un certain
05:55nombre de sujets sur America First, il va peut-être aider les Européens à se rendre
05:59compte qu'il faut qu'on fasse nous aussi preuve de capacité à se protéger, de détermination,
06:05d'écoute des secteurs économiques pour répondre aux formidables défis qui est finalement
06:08la relance de la guerre économique et la fin de la mondialisation heureuse.
06:11Donc si l'arrivée de Donald Trump et son côté un peu direct permet de réveiller l'Europe,
06:17je pense que ce sera in fine une très bonne nouvelle.
06:19Et comment est-ce que l'Europe peut réagir ? Ça passe par quoi ? Ça passe par une politique
06:26fiscale, par moins de réglementations ? Ça passe d'abord très simplement par le
06:30fait que l'Europe se dote d'une priorité, c'est produire sur le sol européen et qu'on
06:36évalue toutes les obligations, toutes les réglementations, toutes les contraintes qui
06:40sont posées à l'aune de « est-ce que ça va favoriser la production sur le sol européen
06:44ou pas ? ». Parce qu'on veut sauver la planète, et moi le premier, je pense que
06:48vous aussi et tous les gens qui nous écoutent ont la même préoccupation.
06:51Mais si demain on ne peut pas exporter nos produits aux Etats-Unis, sachant que les Etats-Unis
06:55c'est le quatrième client de la France, on exporte notamment de l'aéronautique,
07:00de la pharmacie, des vins espiritueux, tous ces produits, si on ne peut pas les exporter
07:04aux Etats-Unis demain, pourquoi ? À quoi ça sert de les produire ?
07:07On va continuer à les exporter, simplement ils seront peut-être un peu plus taxés que
07:10par le passé.
07:11Il y avait déjà des droits de douane pour beaucoup de choses qui étaient exportées
07:13aux Etats-Unis.
07:14On va avoir une discussion avec l'administration américaine.
07:17Je pense qu'aujourd'hui le sujet ce n'est pas d'abord les droits de douane européens,
07:21c'est la priorité que doit se donner l'Europe autour du produire en Europe.
07:24L'Europe est la zone la plus réglementée, la plus vertueuse en termes d'environnement.
07:28Donc tout ce qui est produit en Europe émet moins de carbone que s'il est produit ailleurs.
07:32Donc la meilleure façon de sauver la planète c'est de produire plus en Europe et au sein
07:36de l'Europe c'est de produire plus en France.
07:38Il faut que nos bureaucrates bruxellois et tous les gens qui prennent des décisions
07:42là-bas se rendent compte que la priorité doit être, créons les conditions pour qu'on
07:47produise plus en Europe.
07:48Et ça sauvera la planète, ça sera bon pour l'activité, ça sera bon pour la souveraineté,
07:52ça sera bon pour l'emploi.
07:53On est en plein débat fiscal avec le projet de loi de finances qui arrive au Sénat.
07:59Comment est-ce que vous regardez ça ? Vous qui êtes à la tête de France Industrie,
08:03Alexandre Sobot, Alexandre Bompard, patron de Carrefour, parle d'une fiscalité confiscatoire
08:09avec la mise en place notamment de cette contribution exceptionnelle.
08:13Qu'est-ce que vous en dites ?
08:15Je pense qu'il faut savoir ce qu'on veut.
08:17Il faut rétablir les finances publiques et il faut préserver l'attractivité du
08:21territoire.
08:23Aujourd'hui, on voit une volonté de rétablir les finances publiques, on ne voit pas trop
08:27la volonté de préserver l'attractivité du territoire.
08:30Les mesures aujourd'hui envisagées sur le rabotage du crédit impôt recherche, sur
08:35l'écrêtement des allaitements de charges avec des mesures très défavorables à l'industrie
08:39sont des signaux qui, à mon avis, vont inquiéter tous les gens qui réfléchissaient à faire
08:43des investissements en France.
08:44Il faut que le gouvernement, le plus vite possible, et le Parlement actent des décisions
08:48qui préservent l'attractivité de la France.
08:50Et donc, notamment, en revoyant cette idée de raboter le crédit impôt recherche ?
08:57Le crédit impôt recherche est une mesure qui profite très fortement à l'industrie.
09:007 milliards d'euros par an ?
09:01Oui, mais c'est 7 milliards d'euros qui permettent de favoriser l'innovation, l'attractivité
09:05du territoire, d'embaucher des chercheurs.
09:07Ce n'est pas une dépense.
09:08Ce qu'il faut, c'est que les gens à Bercy comprennent que le crédit impôt recherche,
09:11ce n'est pas une dépense, c'est un investissement pour permettre à la France d'être plus innovante.
09:15Et c'est notre avenir.
09:16L'industrie a un avenir par l'innovation, la décarbonation a un avenir par l'innovation,
09:21et c'est la même chose sur les allègements de charges.
09:22On ne peut pas cibler l'effort demandé sur l'industrie qui a, tout le monde le sait,
09:27un problème majeur de compétitivité.
09:29On va travailler sur tous les autres sujets.
09:31Je pense à l'attractivité des métiers, on a la semaine de l'industrie qui commence
09:34dès lundi prochain, il y a 7000 événements, ça va être l'occasion de pousser la porte
09:38de l'usine qui est à côté, de se rendre compte de nos formidables métiers.
09:42Il ne faut pas que le gouvernement et le Parlement nous compliquent la vie de façon démesurée.
09:46Sinon, on va tous le regretter dans trois ans ou cinq ans.
09:48Merci beaucoup Alexandre Saubaud, Président de France Industrie, invité Echo de France
09:54Info ce soir.

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