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00:00Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous, Guillaume Allais.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes le directeur général d'Alixio, cabinet spécialisé dans le conseil aux entreprises
00:11en matière d'emploi.
00:12On va conclure avec vous une journée consacrée justement à l'emploi sur France Info pour
00:18tenter de comprendre comment ça se passe concrètement après une série de plans sociaux.
00:23On a posé nos micros en Isère, chez Vancorex tout d'abord, 400 emplois menacés dans la
00:27chimie et tout un écosystème qui en pâtit.
00:30On a vu ensuite quelles étaient les solutions possibles en termes de reconversion pour les
00:35salariés.
00:36On va tenter avec vous de dézoomer un peu pour tenter d'avoir une sorte de photo globale,
00:42constat et solution.
00:43Un mot, si vous le voulez bien, sur les chiffres tout d'abord.
00:46La CGT dénombre 300 plans sociaux en préparation, 300 000 emplois menacés.
00:51Est-ce que le syndicat exagère ou est-ce que vous qui avez des relais un peu partout
00:55parmi les chefs d'entreprise dans une foule de secteurs, est-ce que vous constatez effectivement
01:00une multiplication des plans sociaux actuellement ?
01:02Oui, on a une hausse des plans sociaux.
01:04Sans aller sur ces chiffres-là qui sont un petit peu hauts selon nos estimations, on
01:08a une hausse des plans sociaux due à deux choses.
01:10Il y a des secteurs d'activité qui se restructurent de façon structurelle comme l'automobile,
01:16comme la chimie, comme la distribution spécialisée, la grande distribution.
01:20Donc ça c'est un mouvement qui a lieu depuis quelques années et qui continue.
01:22Et à cela est venu s'ajouter depuis mi-2024 des effets conjoncturels dus à l'inflation,
01:28dus à la hausse des taux sur un certain nombre de secteurs d'activité comme l'immobilier
01:31qui est en grande souffrance et le manufacturing, tout ce qui est entreprises de manufacture
01:37qui ont vu d'abord baisser le nombre d'employés en intérim et puis maintenant qui se restructure
01:44progressivement.
01:45Donc on a une réelle hausse et on va avoir une hausse progressive du nombre de demandeurs
01:49d'emploi dans les prochains mois.
01:50Est-ce que vous pensez que l'absence de gouvernement ajoute à l'incertitude des chefs d'entreprise ?
01:58Vous vous occupez, je crois, du dossier de Vancorex.
02:01Est-ce que l'absence de directives politiques au sommet de l'État fait perdre du temps
02:05à tout le monde ?
02:06L'absence de politique réelle actuellement est un problème.
02:12Par chance, en France, on a une administration qui fonctionne très bien.
02:16La DGT, les drits, les préfets qui sont sur le terrain travaillent avec les collectivités
02:21locales pour déjà prendre les choses en main et essayer de trouver un certain nombre
02:23de solutions.
02:24Mais il est très important d'avoir rapidement une vraie politique sur ces sujets-là pour
02:29vraiment avoir une inflexion et redonner confiance aux chefs d'entreprise, redonner confiance
02:35également à tout le monde pour repartir dans une dynamique qui soit positive.
02:38Et donc ça veut dire que l'absence de gouvernement, si elle dure, elle peut ajouter à l'incertitude
02:43On l'a dit, qu'il n'y avait plus d'embauches, qu'il n'y avait plus non plus d'investissements.
02:48Ça, vous le constatez ?
02:49On constate un ralentissement des embauches, on constate un ralentissement des investissements.
02:53Et une chose est très importante, on parle beaucoup du secteur marchand, des entreprises,
02:57des services.
02:58On ne parle pas des collectivités, on ne parle pas de tout un écosystème fait également
03:03d'associations etc. qui sont en train de lever le pied, de se dire attention, à quelle
03:07sauce va-t-on être mangée si je peux me permettre dans le prochain budget ? Et en
03:10attendant, je vais ralentir les embauches, je ne vais peut-être pas renouveler un CDD
03:15etc.
03:16Et ça, vous le voyez, les chefs d'entreprise vous en parlent.
03:18Donc si je comprends bien, l'absence de gouvernement et de politique au niveau, au plus haut sommet
03:24de l'État ajoute à l'incertitude et donc ralentit les embauches.
03:29Mais pour ceux qui ont les mains dans le cambouis, donc dans le cas d'un plan social, ça ne
03:34change pas grand-chose.
03:35Ça ne change pas grand-chose au quotidien.
03:37Mais il ne faut pas que ça dure, parce que ça va réduire le nombre d'offres d'emploi,
03:41donc les opportunités de se reclasser, de retrouver un emploi.
03:44Alors justement, comment retrouver un boulot après un plan social, aider les salariés
03:47licenciés à se remettre sur pied ? C'est le cœur de votre travail, quels sont les
03:52leviers que vous pouvez activer, vous concrètement chez Alexio ?
03:55Alors le premier levier, et le plus important, c'est un accompagnement qui est personnel.
03:59C'est-à-dire, on accompagne chaque personne pour travailler son projet professionnel,
04:04afin qu'il retrouve un emploi qui soit similaire à l'emploi précédent, s'il
04:07le souhaite, et si c'est possible, sur le territoire où il habite, ou alors un emploi
04:11qui soit différent.
04:12Et là, c'est une reconversion ou une création d'activité.
04:15Un changement très important depuis le Covid, nous sommes désormais à 54% des personnes
04:20que nous accompagnons qui sont en reconversion, donc qui vont vraiment changer.
04:25C'est beaucoup plus qu'avant.
04:26Tout à fait, on était autour de 35-37% auparavant.
04:28Et ça, c'est quoi ? C'est un état d'esprit ? C'est de l'argent ? Est-ce qu'aujourd'hui,
04:33les salariés mettent la main à la poche pour les reconversions ? Est-ce que c'est
04:36les entreprises qui licencient ? Est-ce que ce sont les pouvoirs publics ?
04:39Les salariés peuvent mettre la main à la poche, un certain nombre d'entre eux le
04:43font pour compléter des formations, mais généralement, ce sont les entreprises et
04:47les pouvoirs publics qui financent toute cette reconversion.
04:50Et ça, c'est nouveau ?
04:51Non, ce n'est pas ça qui est nouveau.
04:52Ce qui est nouveau, c'est que nous sommes désormais dans un monde où tout le monde
04:55a compris que pour rester à l'endroit où on habite, pour évoluer, il faut faire évoluer
05:00aussi son projet professionnel.
05:01Et ça, c'est nouveau et c'est devenu vraiment quelque chose qui est ancré dans
05:05l'esprit d'absolument tout le monde, alors que ce n'était pas le cas avant.
05:08Alors, j'imagine que vous, dans ce que vous avez à faire, il faut faire une cartographie
05:13un peu de quels sont les emplois potentiels ?
05:15Quelles sont les reconversions potentielles ?
05:17Exactement, il faut faire ça.
05:19Il faut également travailler avec les collectivités pour faire venir des entreprises
05:24qui vont venir créer des emplois et donner des opportunités aux personnes qui perdent
05:28de l'heure.
05:28On a parlé de Vancorex, le repreneur potentiel garderait 25 postes seulement sur 450.
05:34Que vont devenir les autres ?
05:36Quelles reconversions possibles pour eux ?
05:39Guillaume Allais.
05:40Alors ça, c'est ce qui va être compliqué.
05:42On est sur le bassin de Pont-de-Clé, on va être sur le bassin de Jarry également.
05:45On a vu quand même qu'il y avait des emplois.
05:46Il y a des emplois.
05:47Il va falloir que chacun regarde ce qu'il est possible de faire, qu'on travaille avec
05:51eux sur leur projet professionnel et que progressivement, on les amène vers ces emplois
05:55en fonction de ce que chacun a envie de faire pour trouver vraiment un projet professionnel
06:00qui lui corresponde et qui lui permette d'avoir quelque chose de pérenne.
06:03Et c'est-à-dire que ce n'est pas si simple en fait.
06:04Ce n'est pas parce qu'il y a des emplois disponibles.
06:06Ce n'est pas simple.
06:07Ce n'est pas en claquant des doigts, ce n'est pas en traversant la rue.
06:11C'est vraiment quelque chose qu'il faut travailler avec chacun.
06:14Et il y a une première étape et je voudrais revenir là-dessus.
06:16Il y a énormément d'inquiétudes et cette inquiétude, elle est normale.
06:20Elle est normale.
06:20Au moment d'un plan social.
06:21Au moment d'un plan social, c'est normal d'être inquiet.
06:23C'est normal de se poser mille questions.
06:25Ça impacte soi-même, ça impacte sa famille.
06:28Voilà. Et c'est pour ça qu'il faut être accompagné et vraiment prendre le temps
06:31d'aller retrouver un emploi.
06:32Alors, on a évoqué en début d'entretien les emplois qui étaient menacés.
06:35Quelles sont aujourd'hui les filières d'avenir, celles qui recrutent ?
06:40Alors, une interlocutrice précédente parlait des filières d'avenir,
06:44donc tout ce qui est l'énergie verte, toutes ces formes alternatives d'énergie.
06:48Ça, c'est une filière qui se développe énormément.
06:51On a également des entreprises qu'on va appeler plus traditionnelles qui recrutent.
06:55On recrute énormément chez EDF.
06:57On recrute énormément chez Enedis sur tout type de métier.
07:00Donc, toujours dans l'énergie.
07:01Toujours dans l'énergie.
07:02Mais le fait de relancer la filière nucléaire est un atout et développe
07:06énormément d'emplois. Voilà.
07:08Et après, il y a une chose qui est très importante.
07:10C'est dans plein de métiers qui sont des métiers de proximité.
07:14On recrute dans l'hôtellerie, on recrute dans la boulangerie,
07:16on recrute dans le soin à la personne.
07:18Donc, c'est des choses qui sont très différentes, mais il y a du travail.
07:21Alors, dernière question rapide.
07:23Est-ce qu'au final, on peut espérer qu'il y aura davantage de création de postes
07:26que de destruction d'emplois ?
07:28Ce sera ma dernière question.
07:29En 2025, ça va être compliqué.
07:32Je pense qu'on aura peut-être une inflexion mi-2025,
07:35mais il faut que les indicateurs soient alignés et qu'on ait une vraie politique
07:39par rapport à ça.
07:39Merci beaucoup, Guillaume Allais, directeur général d'Alexio, invité Echo,
07:44à l'occasion de cette journée spéciale Emploi sur France Info.
07:47Merci beaucoup.

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