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00:00Bonsoir à toutes et à tous, le chômage en hausse au quatrième trimestre 2024, les
00:09chiffres sont tombés à la mi-journée, plus de 117 000 chômeurs supplémentaires sans
00:14aucune activité sur un trimestre, une hausse de quasiment 4%.
00:19Bonsoir Benoît De Rény, vous êtes à la tête de Manpower France, entreprise spécialisée
00:25dans l'intérim.
00:26Est-ce que ce sont les intérimaires qui viennent aujourd'hui grossir le rang des demandeurs
00:32d'emploi ?
00:33Alors on observe ce phénomène je crois sur l'ensemble des catégories d'emploi,
00:36j'ai bien lu comme vous les chiffres qui ont été communiqués ce matin pour l'Adares,
00:39et nous pour ce qui concerne notre secteur d'activité, on observe cette tendance depuis
00:43maintenant au moins six mois et pratiquement douze mois, c'est-à-dire un marché qui
00:48est légèrement en repli et qui a tendance à s'accélérer sur la fin de l'année
00:532024.
00:54C'est-à-dire que ceux qui d'habitude enchaînaient les contrats, aujourd'hui se retrouvent concrètement
00:59sans rien ?
01:00Alors on essaie nous, c'est notre métier effectivement, de systématiquement les proposer
01:05ailleurs.
01:06C'est l'essentiel, c'est le cœur de notre métier, de nos équipes, d'essayer
01:09de les replacer dans d'autres entreprises parce qu'on a une connaissance et un ancrage
01:12local très fort, il y a plus de 650 agences en France.
01:15Mais quand on observe les éléments, ça ne concerne pas simplement la population ou
01:19les contrats de travail temporaire, ça concerne aussi les CDD et les CDI d'après les informations
01:24que j'ai vues dans les chiffres qui ont été communiqués par l'Adares.
01:26Mais ce sont donc des licenciements sans bruit, des contrats d'intérimaires qui ne sont pas
01:31renouvelés ?
01:32Ce sont des clients qui ont baisse d'activité et qui sont en situation d'inquiétude et
01:36donc qui ont généralement moins d'activité qu'ils n'en avaient par le passé et donc
01:40qui ont tendance à ajuster leurs effectifs par rapport à leurs besoins.
01:43Et donc c'est effectivement l'incertitude dont parlent beaucoup les responsables patronaux
01:48qui font qu'aujourd'hui il n'y a pas d'investissement, il n'y a pas d'embauche, vous, vous le constatez ?
01:52Je le confirme absolument, on a bien vu le mécanisme s'accélérer à partir du mois de juillet.
01:56À partir du mois de juillet ?
01:58Oui, absolument.
01:59On l'a un peu moins vu cet été parce que, certainement l'incertitude politique et les
02:05conséquences en fait d'incertitudes économiques et ce que vous avez rappelé est tout à fait
02:09juste.
02:10En gros, la réaction c'est de dire, en attendant d'y voir clair, on est plus prudent sur les
02:14investissements et on est plus prudent sur les embauches.
02:16On l'a moins vu sur le troisième trimestre parce qu'il y avait le phénomène des Jeux
02:19Olympiques.
02:20Si vous avez lu les chiffres, le PIB du troisième trimestre était de l'ordre de 0,4% dont la
02:25bonne moitié s'expliquait par l'activité des Jeux Olympiques.
02:29On n'a pas encore le produit intérieur brut du dernier trimestre mais il est à craindre
02:33qu'il soit proche de zéro et donc on est véritablement sur la situation et l'incertitude
02:37actuelle qui fait que tout le monde est en position d'attente.
02:39Et alors, je vois aussi que les jeunes font partie des catégories dont le chômage augmente
02:44le plus.
02:45Les moins de 25 ans connaissent une hausse de chômage spectaculaire, 8,5% sur un trimestre.
02:50Est-ce que ça aussi ce sont des populations que vous voyez beaucoup avec votre activité ?
02:55Alors nous, on est extrêmement actifs sur les jeunes.
02:57Il faut savoir que la moitié de nos intérimaires ont moins de 30 ans.
03:01Donc vraiment, c'est une population qu'on connaît et qu'on connaît bien.
03:05Et pourquoi ? Parce qu'en fait, c'est un vecteur d'insertion extrêmement efficace.
03:08En fait, ils viennent généralement vers nous pour deux raisons.
03:10Soit à un moment de leur vie étudiante ou de leur vie professionnelle au démarrage,
03:15ils ont envie d'essayer plusieurs choses et donc le travail temporel est une très
03:18bonne solution.
03:19Soit c'est un facteur d'insertion professionnelle et ça leur permet d'accumuler de l'expérience
03:24pour choisir ensuite l'orientation qui leur convient.
03:26Et donc aujourd'hui, c'est moins le cas que d'habitude ?
03:28Alors aujourd'hui, ils sont particulièrement pénalisés.
03:30Moi, j'ai une vraie pensée pour les jeunes parce que je trouve que c'est compliqué
03:33quand on a fait des études et qu'on a des attentes d'insertion dans la vie professionnelle
03:36de se retrouver dans une situation plus compliquée que les autres.
03:39Je pense que cette situation d'ailleurs de recherche d'emploi telle qu'on le vit,
03:42ce n'est pas une bonne nouvelle.
03:43C'est une mauvaise nouvelle pour les hommes et les femmes qui sont concernés.
03:47D'être privé d'emploi, c'est une difficulté économique d'abord, mais pas simplement.
03:51C'est aussi une difficulté sociale, d'insertion sociale.
03:54Donc je trouve que c'est un sujet sur lequel ça nous préoccupe tous.
03:57On dit souvent que l'intérim est un thermomètre de la situation de l'emploi.
04:02Donc ça m'intéresse de savoir quels sont les secteurs où vous voyez, vous, dans votre
04:07métier, une baisse d'activité.
04:09Est-ce que ce sont seulement ceux qui sont dans l'actualité ?
04:13L'automobile, la chimie, la grande distribution ?
04:16Ou est-ce que vous en voyez d'autres ?
04:17Alors, vous avez raison de rappeler qu'il y a des vraies disparités.
04:19Il y a une disparité d'âge, on vient d'en parler, et il y a une disparité sectorielle.
04:24Les secteurs les plus impactés en ce moment, c'est toute la filière automobile.
04:28Donc, parce qu'il y a le sujet du thermique et de l'électrique.
04:32Et donc, il y a un mouvement structurel derrière qui a des conséquences importantes.
04:35Donc, vous voyez, Benoît Dorény, excusez-moi de vous couper, mais vous voyez de vrais
04:39ajustements dans ce secteur ?
04:41On voit, c'est un des secteurs les plus impactés.
04:43On a aussi l'ensemble du bâtiment et encore de la construction, plus exactement.
04:48À l'intérieur, il y a des variations.
04:49Par exemple, la construction de bâtiments neufs est plus impactée du fait,
04:53on le sait, de la hausse des taux d'intérêt qui a ralenti les programmes de logements neufs.
04:56À l'inverse, dans le bâtiment ou dans la construction, il y a d'autres secteurs qui restent
04:59dynamiques. Et donc, il y a des vraies variations sectorielles.
05:02De l'autre côté, il y a des secteurs, et c'était aussi, je crois, le sens de votre question,
05:04qui sont dynamiques et qui restent dynamiques.
05:06Je crois que c'est ça aussi qu'il faut regarder.
05:08Donc, des secteurs qui embauchent ?
05:09Oui, quand vous prenez l'aéronautique, c'est un secteur sur lequel ils ont une visibilité
05:13dans leur carnet de commandes sur plusieurs années.
05:16Vous pouvez prendre les secteurs du service, les métiers de l'énergie.
05:20Il y a les métiers du transport.
05:22Simplement, souvent, ces métiers-là et d'autres, d'ailleurs, souffrent parfois d'un déficit
05:26d'images ou de connaissances, tout simplement, d'attractivité.
05:30Et puis, d'une manière générale, indépendamment du mouvement qu'on vit actuel et dont
05:34j'espère qu'il ne sera conjoncturel, on sait de toute façon, pour des raisons profondément
05:37démographiques, qu'il y a une pénurie quand même durable de métiers qualifiés.
05:41Et quand je dis métiers qualifiés, c'est des métiers qualifiés, soit dans l'industrie,
05:44soit dans la construction, soit dans le tertiaire.
05:47Et ça, de manière durable, tout simplement parce que la pyramide des âges annonce ça.
05:51Et donc, ça veut dire qu'il y a toujours des embauches à faire dans ces secteurs.
05:56On voit que les perspectives pour 2025 sont carrément pessimistes.
06:00Il y a des économistes qui disent qu'il va y avoir jusqu'à 100 000 emplois détruits
06:05en 2025, un taux de chômage qui va augmenter d'un point pour passer à 8,5%
06:10de la population active.
06:11Est-ce que vous, Benoît Dorigny, de votre fenêtre, celle de l'intérim, vous êtes d'accord ?
06:16Alors, clairement, l'annonce s'était annoncée début 2024,
06:19qu'on allait avoir une remontée du taux de chômage.
06:21Et on n'a pas le quatrième trimestre, mais ça va vraisemblablement se confirmer.
06:24Et c'est encore probablement le cas en 2025.
06:27Maintenant, je pense qu'il faut aussi le regarder dans l'autre sens.
06:29Je pense qu'on est plus sur des variations conjoncturelles liées à des cycles économiques.
06:32Mais structurellement, si vous regardez la décade précédente,
06:36on était, je crois, en 2015, à 10,5% de taux de chômage.
06:40Je pense personnellement que nous ne reviendrons pas sur des taux de chômage
06:44aussi importants. Et je m'en réjouis pour les personnes concernées.
06:47On est plus sur un cycle conjoncturel de variations très accentuées
06:50par le contexte politique et économique.
06:52Mais structurellement, les taux de chômage tels qu'on a connus dans les années 2010
06:56ou dans les années 90, 96, je crois que c'était là aussi 10,6.
07:01Je pense qu'on n'y reviendra pas parce que précisément, on sait que
07:05la population active, il y a une pénurie de talents et de métiers qualifiés
07:09et pas forcément très qualifiés et de manière structurelle.
07:12Donc, c'est plus un défi de formation, d'information et d'accompagnement.
07:18Ou si on a la malchance de se retrouver dans une situation où son emploi s'arrête,
07:21comment je peux être aidé pour rebondir et retrouver une opportunité ailleurs ?
07:25Et donc, juste une hausse du chômage
07:27conjoncturel plus que structurel, avec un taux de chômage qui reste,
07:31selon vous, Benoît de Rigny, en dessous de 10%.
07:34Merci beaucoup, Benoît de Rigny, directeur général de Manpower France.
07:37Invité Echo de France Info ce soir.