France Travail : "Derrière un demandeur d'emploi il y a plein de réalités différentes"

  • il y a 7 mois
Depuis le 1er janvier, Pôle emploi est devenu France Travail. "L’objectif, d’ici un an, est que toutes les personnes privées d’emploi, comme les personnes au RSA, soient inscrites à France Travail", affirme Thibaut Guilluy, le directeur général de France Travail. "On doit mieux les connaître", poursuit Thibaut Guilluy, car "derrière un demandeur d’emploi, il y a pleins de réalité différentes". L’objectif de l’Elysée est de réduire le chômage à 5% d'ici la fin du quinquennat.

"Trouver un emploi, ce n’est pas que connecter un demandeur d’emploi à un CV. C’est parfois une question de formation", ajoute Thibaut Guilluy. Avec France Travail, il compte investir beaucoup plus de temps "dans le diagnostic, l’écoute, la formation" également. "C’est aussi une question de mobilité, de garde d’enfants."

Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
Transcript
00:00 (Générique)
00:07 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le grand entretien du 7-10, le directeur général de France Travail.
00:13 Question réaction au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:19 Thibault Guillouis, bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Et bienvenue à ce micro, vous êtes le nouveau et premier directeur de France Travail,
00:27 cet organisme qui vient d'être créé et a remplacé le 1er janvier dernier l'agence Pôle emploi.
00:33 Désormais, Pôle emploi c'est fini, pour trouver un job, un emploi, on se dirigera donc vers chez vous, vers France Travail.
00:40 Vous êtes reconnu comme un spécialiste de ce domaine, vous étiez jusqu'à présent haut-commissaire à l'emploi,
00:46 vous répétez souvent que vous n'avez pas un profil de haut fonctionnaire, que vous venez de la société civile.
00:52 Alors dites-nous, pour commencer, ce profil, que change-t-il quand on s'apprête à gérer un organisme comme France Travail ?
00:59 Quand même, pas n'importe quoi.
01:02 Écoutez, je ne sais pas ce que ça change, je pense que ça c'est l'avenir et l'action qu'on va mener qui nous le dira.
01:07 En tout cas, ce qui est important, c'est que finalement notre mission c'est de permettre à chacun de pouvoir retrouver un emploi.
01:14 Il n'y a pas une seule personne qui ressemble à l'autre.
01:16 Quand on parle des demandeurs d'emploi, les besoins sont extrêmement différents.
01:20 C'est d'abord sur le terrain et sur cette capacité à accompagner les spécificités de chacun que ça se joue.
01:26 Je pense que cette expérience que j'ai pu accumuler pendant 20 ans dans un certain nombre d'associations ou d'entreprises sociales que j'ai pu créer ou développer,
01:37 m'a permis de connaître plus précisément l'action de Feu Pôle Emploi, mais aussi des missions locales,
01:44 de la diversité de tous ces acteurs qui contribuent à cette bataille pour la lutte contre les exclusions et aussi pour l'emploi de tous.
01:51 Alors, ce changement qui est intervenu le 1er janvier, c'est la grande réforme de ce début d'année.
01:56 Il vous a fixé un objectif, Emmanuel Macron, on va en parler, atteindre le plan emploi à la fin du quinquennat.
02:02 Mais d'abord, vous dites, les demandeurs d'emploi, ce n'est pas un tout informe, ce sont des gens et ce sont des cas particuliers.
02:09 Pouvez-vous nous expliquer de manière simple et concrète ce qui va changer pour un demandeur d'emploi ou ce qui a changé depuis le 1er janvier ?
02:15 En quoi France Travail sera plus efficace, plus utile que Pôle Emploi pour trouver du boulot ?
02:22 Écoutez, évidemment, au 1er janvier 2024, à part un changement d'enseigne, un changement de nom, vous n'allez pas avoir une grande révolution
02:31 et puis une transformation comme ça du jour au lendemain.
02:33 En revanche, c'est un projet qu'on a construit d'ailleurs avec l'ensemble des acteurs et qui va se déployer progressivement sur l'année 2024.
02:42 Avec l'objectif quand même, au 1er janvier 2025, que toutes les personnes privées d'emploi, et pas seulement celles qui s'inscrivent,
02:50 mais je pense par exemple aux personnes au RSA, vous savez qu'il n'y en a que 40% aujourd'hui qui sont inscrites et qui ont un accompagnement vers l'emploi.
02:56 C'est vrai aussi des jeunes, c'est vrai aussi des personnes en situation de handicap.
02:59 On en a mis trop de côté, donc inscription de tous à Pôle Emploi et surtout à France Travail, évidemment.
03:05 Vous voyez, je ne suis même pas encore complètement au point, je vais devoir mettre 2 euros dans le cochonnet.
03:09 Et inscrire, mais évidemment, inscrire les gens, ce n'est pas ça qui va changer leur vie.
03:15 Ce qui est important, c'est qu'on les connaisse mieux.
03:17 Parce que comme vous l'avez dit, derrière un demandeur d'emploi, il y a plein de réalités différentes.
03:21 Et comment on va le connaître mieux ?
03:23 Eh bien en investissant beaucoup plus fortement dans le temps pour le diagnostic, pour l'écoute, pour regarder la personne en fonction de ses capacités, de son potentiel,
03:32 sur son retour à l'emploi, certes, mais aussi parfois sur sa situation personnelle et sociale.
03:36 Vous savez, en fait, retrouver un emploi, ce n'est pas que connecter un demandeur d'emploi à un CV.
03:41 C'est parfois une question de formation.
03:43 On va investir et là, dès les semaines qui viennent, on va augmenter assez fortement l'accès encore à la formation aux demandeurs d'emploi.
03:51 Mais c'est parfois aussi des questions de mobilité.
03:53 Vous avez un emploi, mais beaucoup de demandeurs d'emploi refusent ou ne peuvent pas accéder à un emploi parce qu'ils n'ont pas le permis de conduire ou ils n'ont pas le moyen de mobilité qui va avec.
04:01 La garde d'enfants, on oublie trop souvent que par exemple un tiers des bénéficiaires du RSA, mais c'est le cas d'un grand nombre de demandeurs d'emploi,
04:11 c'est des parents isolés, et souvent des mamans.
04:12 C'est des parents isolés, d'ailleurs, dans 95% des cas, c'est des mamans isolées.
04:15 Je peux vous dire que moi, j'en rencontre tous les jours qui ont des capacités, qui ont parfois une expérience, des qualifications, qui aimeraient bien pouvoir retrouver un travail.
04:22 Mais quand vous avez un, deux, voire trois enfants, peut-être un enfant en situation de handicap, si vous ne l'accompagnez pas à résoudre ce problème-là en même temps que l'emploi, ça ne marche pas.
04:31 L'autre grande nouveauté, Thibaut Guillouis, c'est donc l'intégration des allocataires du RSA au statut de demandeurs d'emploi
04:39 et la signature pour eux d'un contrat d'engagement impliquant 15 heures d'activité par semaine pour s'assurer qu'ils recherchent activement un emploi.
04:47 Et s'ils ne le font pas, ils seront suspendus, voire radiés.
04:51 Quelle va être la nature de ces activités, les 15 heures qu'on leur demande ? Qu'est-ce qu'ils devront faire ?
04:58 Déjà, pour ceux qui ont encore des questions sur le sujet, je les invite à se rendre dans les 18 départements dans lesquels on a déjà, depuis quasiment un an, mis en œuvre ce projet de réforme.
05:13 Parce que ça, c'est aussi quelque chose qui est très important dans France Travail, c'est partir du terrain.
05:17 Vous savez, de temps en temps, en France, on pense que c'est à Paris, en se mettant à 5 dans une salle de réunion, qu'on va penser l'action sur le terrain.
05:25 Nous, c'est exactement l'inverse qui va se passer et dans tous les sujets de France Travail, c'est qu'on part de ce qui se passe sur le terrain et ensuite on généralise comment ça marche.
05:31 Vous savez, ceux qui émettent des doutes sur cette réforme qui entre donc en application, c'est notamment la CFDT.
05:39 Marie-Elise Léon, qui était au micro de France Intérieure et qui déclarait à propos de France Travail que l'important, ce n'est pas de changer de nom, c'est de changer de regard sur la société, sur les demandeurs d'emploi et les plus précaires.
05:47 Et elle dénonçait cette conditionnalité du RSA qui, selon elle, doit rester un revenu de solidarité.
05:53 Écoutez, la question de la conditionnalité, ce n'est pas nous qui l'avons inventée, ça existe depuis 1988 et l'invention du RMI par Michel Rocard.
06:01 La conditionnalité, c'est quoi ? C'est qu'en fait, on considère qu'on n'est pas quitte du devoir de solidarité avec le RSA en ayant versé 607 euros par mois.
06:09 Le premier objectif des personnes qui sont au RSA, c'est de pouvoir en sortir, de pouvoir retrouver un travail.
06:15 Et donc c'est d'abord l'accompagnement qui compte. Et en fait, ce qu'on propose, c'est assez simple, c'est de se mettre à faire de l'accompagnement là où on peut considérer quand même qu'on est dans une faillite collective depuis quasiment 30 ans.
06:26 Si vous regardez les chiffres, et c'est ça qui est catastrophique, c'est qu'en fait, quand ça va bien, il n'y a pas moins de bénéficiaires du RSA.
06:33 Et quand le chômage augmente, le nombre de bénéficiaires du RSA explose.
06:37 Total, on était sur un dispositif qui était prévu initialement pour 150 000 personnes. On a 1 900 000 familles en France qui vivent du RSA.
06:45 Et donc, nous on dit, on ne se résout pas à ça. Et qu'est-ce qu'on propose derrière ? C'est un accompagnement. Un accompagnement, c'est quoi ?
06:50 C'est pas un conseiller pour 300 personnes à suivre. C'est un conseiller pour 50 personnes à suivre, pour connaître la personne, pour faire des points réguliers avec elle.
07:01 Ça, ça coûte de l'argent et on va le voir dans un instant. Mais juste, vous n'avez pas précisément répondu à Nicolas Demorand sur la question
07:07 "Qu'est-ce que ça va être ces 15 heures d'activité ou ces 20 heures d'activité ?" Et vous connaissez l'exemple qu'on prend à chaque fois.
07:12 Mais la maman qui élève seule ses 3 enfants et qui touche le RSA, vous lui imposez 20 heures d'activité par semaine. Qu'est-ce qu'elle va faire, sachant qu'elle doit garder ses enfants ?
07:20 Mais on ne lui impose pas 15 heures d'activité, on lui propose un accompagnement qui est adapté.
07:24 - Propose ou impose ? - Mais en fait, derrière le RSA, il y a l'accompagnement. Derrière cet accompagnement, et c'est 15 heures minimum, c'est d'abord une obligation de la société d'être à côté de chacun.
07:38 Et donc très concrètement, pour certaines personnes, elles sont déjà prêtes à l'emploi. Elles savent ce qu'elles veulent faire, elles ont juste des difficultés à capter des offres d'emploi,
07:48 à avoir du réseau, éventuellement à se préparer, se sentir en confiance pour réussir leur entretien de recrutement.
07:52 - Et à gérer la garde d'enfants. - Non mais là, dans ces cas-là, pour ce type de personne, ça va être de l'immersion, ça va être de la formation, ça va parfois être juste de passer un permis de conduire,
08:01 parce que c'est ça qui manque dans la besace de la personne pour pouvoir réussir. Là, vous êtes en train de me parler d'une situation où, évidemment, pour que la personne puisse retrouver cette maman dont vous me parlez,
08:10 j'ai plein d'exemples en tête, parce que j'en ai accompagné un certain nombre. Si vous allez l'accompagner, par exemple, à retrouver une place en crèche.
08:18 C'est pour ça d'ailleurs qu'on en a créé plusieurs dizaines de milliers, ça s'appelle des crèches AVIP, des crèches d'insertion professionnelle, parce que figurez-vous qu'avant,
08:25 c'était compliqué pour cette maman d'avoir une place, parce que c'était ceux qui travaillaient qui étaient prioritaires sur les places.
08:31 Donc on a créé aussi des places supplémentaires pour des personnes qui cherchent un emploi. Et donc, vous allez lui proposer une place en crèche, un travail, et c'est là où vous sortez de la quadrature du cercle.
08:42 On va passer au Standard Inter où nous attend Bruno. Bruno, vous nous appelez du Lot ?
08:48 Oui, bonjour à tous et à toutes.
08:50 Bonjour et bienvenue.
08:52 Je vous appelle du Nord du Lot, où je travaille. En tant que Bac+5, j'ai une carrière un peu augmentée, aujourd'hui je suis ouvrier pour pouvoir me nourrir.
09:03 Je suis ouvrier à un térimaire dans l'industrie.
09:06 Quel âge avez-vous Bruno ?
09:08 Bientôt 59 ans.
09:10 D'accord.
09:12 Voilà, donc je peux témoigner de deux aspects. La relation qui peut être bonne ou délétère entre les employeurs et leurs employés, et d'autre part la problématique des seniors.
09:24 En France, le problème c'est que l'on considère les individus comme une charge, vous n'avez qu'à écouter comment on considère les salariés, et on vous dit toujours "ah oui, mais ça coûte, ça pèse le poids, etc."
09:38 En Europe du Nord, j'ai eu l'occasion de passer dans ma vie une fois dans une entreprise allemande, on m'a dit "mais une personne qui se présente chez nous et qui veut travailler, il n'y a pas de problème, on ne lui demande pas son CV."
09:49 Voilà, c'est tout. Ils ont une autre approche. L'approche c'est un approche investissement. L'être humain est intéressant en soi. En France on dérange.
09:57 Et donc à 59 ans vous travaillez à Bac+5 comme ouvrier intérimaire, c'est ça ce que vous nous dites ?
10:03 Oui, j'ai eu le malheur de rester généraliste. Et quand on est un généraliste, on ne peut être que deux choses, manutentionnaire, ouvrier ou patron, si vous n'arrivez pas à être à votre propre position.
10:13 Et on ne vous a jamais proposé d'autres types d'emplois ?
10:16 Jamais, jamais. Parce qu'en fait, dès qu'on voit votre diplôme, moi j'ai eu des remarques comme "ah oui, mais vu son diplôme, il a trouvé mieux, donc c'est pas la peine de lui donner même un balai."
10:26 Moi j'ai eu une entreprise intérime à Amiens, d'où je viens, où on m'a dit "ah mais un inventaire ? Un inventaire, juste pour travailler quelques heures."
10:38 On m'a dit "ah non, c'est réservé aux étudiants ou aux femmes droits." Je leur ai dit "vous inquiétez pas, on va se revoir."
10:43 Merci Bruno pour ce témoignage très riche consommé à Thibault Guilhuis.
10:49 D'abord, Bruno, il parle d'une situation sur les seniors, et là il ne faut quand même pas se mentir, c'est plus compliqué.
10:57 C'est plus compliqué aujourd'hui, quand vous avez plus de 55 ans, de retrouver un travail.
11:03 Généralement, la durée de chômage est deux fois plus importante pour ces personnes-là.
11:08 Et en partie, ça trouve ses raisons dans le témoignage de Bruno.
11:11 C'est d'abord, on a tendance à enfermer un petit peu les gens dans un CV, une expérience professionnelle, et donc on n'ouvre pas le champ des possibles.
11:20 Et ça, c'est un des sujets de France Travail, c'est de sortir du CV, de la diplomite, moi de temps en temps c'est un petit peu ça que j'appelle,
11:28 pour connecter les gens à leurs habiletés, à leurs envies. Et donc ça, c'est des choses très concrètes.
11:33 Par exemple, je vais vous donner deux outils, ou deux choses qu'on développe, c'est l'immersion professionnelle.
11:39 Vous pouvez même aller taper sur votre smartphone, ça s'appelle maintenant "immersion facile".
11:43 La possibilité, pour Bruno ou pour d'autres, de pouvoir se mettre en situation, un jour, une semaine, un mois grand maximum,
11:51 pour finalement sortir du "trop jeune, trop vieux, trop en situation de handicap" et créer les conditions de la rencontre entre l'employeur et le demandeur d'emploi.
12:00 Ça arrive à faire comment ? C'est-à-dire qu'il y a une des entreprises qui vont l'accueillir Bruno ?
12:03 Exactement ! Et ça d'ailleurs, c'est le deuxième point.
12:06 C'est que France Travail, on a parlé d'accompagner les personnes, de s'adapter, de simplifier leur vie, de personnaliser leur accompagnement.
12:15 Mais le défi de France Travail, il est autant sur les personnes que sur les employeurs.
12:19 D'abord, évidemment, en leur apportant un meilleur service.
12:22 Il ne faut quand même pas oublier que 7 recrutements sur 10, ça se fait dans des entreprises toutes petites.
12:26 Elles n'ont pas de DRH, de directeur des ressources humaines, pour décrypter la complexité de tous nos dispositifs.
12:32 Donc là, on va prendre des engagements pour prospecter, et ça va démarrer dès le mois de janvier dans un certain nombre de territoires,
12:38 d'aller prospecter à la rencontre des entreprises, des petites entreprises, pour mieux les accompagner sur leur recherche d'emploi.
12:47 Vous savez, on parle souvent de France Travail et de son rapport avec les entreprises.
12:53 Mais moi, ce que j'observe, c'est que 86% des entreprises qui utilisent les services en Seine-Mont-de-Pôle-Emploi, maintenant de France Travail, sont satisfaites des services.
13:00 Sauf qu'il n'y en a qu'un quart qui les utilise. Et donc, nous, on va aller à la rencontre de ces entreprises-là.
13:05 La deuxième chose qu'on va leur dire aux entreprises, c'est que nous, on est là pour vous accompagner, financer de la formation s'il faut, vous aider à trouver les bons candidats.
13:13 En revanche, il faut aussi qu'on change un petit peu d'état d'esprit et qu'on s'ouvre un petit peu à la diversité des talents.
13:19 C'est-à-dire ? Emmanuel Macron, avant Noël, avait eu cette phrase à l'attention des chefs d'entreprise en disant "réveillez-vous".
13:26 Écoutez, je ne sais pas, moi, après d'ailleurs, je ne vais pas faire l'exégèse de...
13:30 Non, non, non, mais est-ce que vous dites un peu la même chose ? Vous dites "ouvrez-vous".
13:33 Voilà, ouvrez-vous, ouvrez-vous, vous voyez bien, mais ça s'entend. Enfin, je veux dire, moi j'étais entrepreneur pendant quelques années, mais rien que par le témoignage avec Bruno, on a envie de le recruter, on a envie de faire un bout de chemin avec lui, on a envie de trouver...
13:45 Parce qu'on sent bien qu'il est motivé, il a 59 ans, il est prêt à bouger, à changer de métier, à aller faire un inventaire et vous allez lui dire "non parce que vous n'avez pas le bon CV, vous n'avez pas le bon diplôme".
13:57 C'est absurde ! Dans une entreprise, enfin dans un pays dans lequel il y a autant d'entreprises qui cherchent désespérément des candidats, moi j'ai envie de leur dire "ouvrez vos portes à des gens comme Bruno".
14:09 C'est une spécificité française, cette incapacité de pouvoir s'ouvrir à des profils différents, on aime bien les gens dans les catégories "ah vous avez fait ça, vos diplômes, donc vous faites ça".
14:20 Ce qu'il disait est assez vrai d'ailleurs, vous voyez, il disait "en Allemagne, on n'est pas aussi fermé".
14:27 Ecoutez, moi je n'ai pas une analyse de la capacité d'inclusion des entreprises d'un pays à un autre, mais très franchement, je pense qu'effectivement, et je vois que les entreprises depuis 2-3 ans, vous savez, on a lancé "les entreprises s'engagent".
14:40 Un réseau, et c'est ça qui nous a permis "les entreprises s'engagent", c'est on invite les entreprises justement à s'ouvrir à tous les talents et à se saisir des outils comme l'immersion professionnelle.
14:50 Je pense aussi au recrutement par habileté, c'est-à-dire sortir du CV, et ça on le développe, ça cartonne, ça s'appelle la méthode de recrutement par simulation,
14:59 et où en fait vous mettez face à l'apprentissage des gestes les personnes, vous les testez pendant une demi-journée, et c'est ça qui permet aux entreprises de recruter différemment.
15:09 - Question de Chantal sur l'application d'Inter, combien a coûté ce changement d'enseigne ? Pôle emploi, France Travail, je ne vois pas vraiment ce que ça va changer de plus pour les chômeurs.
15:21 - J'entends souvent ce sujet sur le coût et je comprends tout à fait qu'il soit particulièrement sensible.
15:28 Je vais vous dire, la création du logo, ce qu'on a proposé c'est d'abord de compter sur les 55 000 salariés, je me suis dit qu'il y avait bien des graphistes qui avaient du talent là-dessus.
15:40 Et donc en fait on a fait un concours en interne, ils ont proposé, on a eu 14 logos qui sont revenus, et ensuite on l'a testé, vous savez auprès de qui ?
15:48 Des chefs d'entreprise, que c'est eux qui utilisent les services de France Travail, des demandeurs d'emploi, et des 55 000 collaborateurs.
15:56 Ils nous ont tous dit, on en a choisi un, voilà ça, ça s'est fait, changement de logo, ça s'est fait en interne.
16:01 - Non mais le changement de structure, le passage de Pôle emploi à France Travail, combien ça a coûté ?
16:06 - Ensuite le changement d'une enseigne, si vous allez dans votre agence, c'est environ 2500 euros pour changer l'enseigne, refaire la signalétique.
16:15 - Non mais Olivier Dussopt affirme que cette réforme va coûter plus de 2 milliards d'euros.
16:20 - Ah mais ça c'est pas le sujet, c'est pour ça que là c'est ce que vous m'avez rejeté.
16:23 - C'est la question de Chantal.
16:25 - Ah non, les logos et le changement d'enseigne. En revanche après, par contre, est-ce que France Travail c'est un investissement ?
16:30 C'est ce qu'on a plaidé, c'est ce que vous allez retrouver d'ailleurs dans la feuille de route qu'on a proposée.
16:34 Nous on considère que c'est un investissement social.
16:37 Plus d'accompagnement, en fait ça accélère le retour à l'emploi des personnes, ça permet de répondre aussi à tous les emplois non pourvus dans les entreprises.
16:46 C'est une des priorités d'Olivier Dussopt et d'Elisabeth Borne.
16:50 Et donc ça évidemment, c'est des moyens qu'on met sur France Travail.
16:53 C'est 300 millions en 2024, 500 en 2025, 750 millions en 2026.
17:00 - Retour au standard, bonjour Marine, bienvenue.
17:03 - Oui bonjour, merci pour mon appel et bonjour à toute l'équipe et merci.
17:07 Alors moi je suis intermittente, donc j'ai un statut spécifique de chômeuse.
17:12 Et ces derniers mois, je me suis adressée à Pôle emploi pour faire une demande d'aide au financement pour une formation bien spécifique liée à mon métier.
17:21 Il m'a été répondu que Pôle emploi ne finançait plus que des formations au métier de la sécurité et que cela avait trait aux Jeux Olympiques.
17:31 Donc en tant que chanteuse lyrique et danseuse contemporaine, que pensez-vous de la pertinence de cette proposition par rapport à mon métier actuel ?
17:39 - Merci infiniment Marine pour cette question. Thibaut Guilloui vous répond.
17:43 - Ecoutez, sur la formation des demandeurs d'emploi, sur les six dernières années, on a multiplié par deux et demi le nombre de formations pour les demandeurs d'emploi.
17:54 C'est justement les effets du plan d'investissement dans les compétences.
17:57 D'ailleurs là, en ce moment même, avec les régions, dans les jours et semaines qui viennent, vont se renouveler cet effort-là.
18:03 C'est quand même 3,9 milliards d'euros mis par l'État, aux côtés de l'effort des régions, pour pouvoir augmenter ces réponses.
18:10 - Alors pourquoi on lui propose des formations dans la sécurité ?
18:13 - Alors, je ne pense pas...
18:15 - C'est conjoncturel parce qu'il y a les JO et qu'il y a ce manque, parce qu'il faut le rappeler, il manquerait 25 000 agents privés aujourd'hui pour sécuriser les sites des JO.
18:24 - Oui bien sûr, mais il y a une action résolue qu'on mène en ce moment, France Travail et l'ensemble des acteurs, pour pouvoir effectivement former de l'ordre de 25 000 personnes.
18:35 On a déjà contacté 128 000 demandeurs d'emploi pour pouvoir les accompagner, donc c'est en train de monter en puissance pour être au rendez-vous des JO.
18:41 Mais ce n'est pas parce qu'il faut être au rendez-vous des JO qu'il faut laisser de côté tous les autres besoins dans tous les autres métiers.
18:48 Et donc là, il faudra regarder le cas plus spécifique de cette personne.
18:54 Mais je rassure tous les auditeurs, nous continuons de financer, de soutenir et d'accompagner à la formation des centaines de milliers de demandeurs d'emploi dans tous les domaines.
19:05 - On en vient maintenant à l'objectif que vous avez, Thibaut Guy, fixé par Emmanuel Macron, qui a été très clair.
19:11 Il veut le plein emploi, c'est-à-dire 5% de chômage en 2027.
19:15 Alors c'est vrai que le chômage a sensiblement baissé depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir il y a plus de 6 ans.
19:21 Il était de 7,2% au premier trimestre de 2023.
19:26 On rappelle qu'il a baissé de plus de 2 points par rapport à l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.
19:31 Donc il était au premier trimestre de 7,2%.
19:34 C'est un des plus beaux bateaux enregistrés depuis 2008.
19:37 Mais le dernier trimestre de l'année 2023, il y a une remontée à 7,4% de chômeurs.
19:43 Et on entend les analystes économiques dire que ça va augmenter, que le chômage va augmenter l'année prochaine.
19:49 Enfin cette année, pardon, 2024, on y est déjà.
19:51 Selon le FCE, le chômage pourrait atteindre 8% fin 2024. Est-ce que vous y croyez ?
19:55 Est-ce que vous voyez une augmentation du chômage cette année ?
19:58 Qui irait à l'encontre de l'objectif de plein emploi fixé par Emmanuel Macron ?
20:02 - Écoutez, d'abord, comme vous l'avez dit, on est dans une situation un peu nouvelle où on a vu le chômage fortement baisser.
20:12 On a créé pas loin de 2 millions d'emplois sur les 6 dernières années.
20:17 C'est vrai que là on est dans une période où, avec les effets de l'inflation, la situation géopolitique,
20:21 tout un tas de facteurs font qu'on est sur un marché du travail un peu moins dynamique.
20:27 Mais quand je dis un peu moins dynamique, c'est que le chômage a augmenté un petit peu.
20:30 Et donc pour les gens, on peut se dire que la situation d'emploi s'est dégradée.
20:33 Mais sur les 12 derniers mois, on a encore créé 200 000 emplois.
20:37 C'est-à-dire qu'il y a un peu plus de 200 000 personnes de plus en emploi en France aujourd'hui par rapport à il y a 12 mois.
20:44 Et même dans le dernier trimestre, c'est 36 000 emplois qu'on a créés.
20:48 - Donc vous ne voyez pas, vous, une augmentation ?
20:51 Vous n'êtes pas pessimiste sur l'évolution du marché de l'emploi dans l'année 2024 ?
20:56 Ou si, ça peut augmenter ? Vous pensez que vous allez atteindre le plein emploi en 3 ans ?
21:01 - Non mais en tout cas, la question, c'est pas d'être pessimiste.
21:04 C'est pas une formule ou un slogan, mais c'est clairement d'être absolument volontariste.
21:09 Moi, ce que je constate, c'est que la Darest l'a encore dit, sur le troisième trimestre,
21:14 il y avait 336 000 emplois vacants, juste dans les entreprises de plus de 10 salariés, sans compter toutes les autres.
21:20 Donc nous, avec France Travail, et les équipes de France Travail,
21:24 on est focalisé plutôt sur réduire les délais de recrutement, faire en sorte qu'il y ait moins d'emplois non pourvus.
21:30 Et ça, c'est la demande que nous a fait Emmanuel Macron, et donc d'avoir un système pour l'emploi plus efficace,
21:36 c'est ça qui va permettre de contribuer au retour à l'emploi.
21:39 Maintenant, faut quand même pas croire que c'est juste le service de l'emploi seul qui va atteindre le plein emploi.
21:43 C'est aussi l'investissement dans les métiers d'avenir, c'est France 2030, c'est la transition écologique,
21:48 c'est la réforme des lycées professionnels, c'est la poursuite de ce qu'on a fait sur la frontière de sages.
21:51 - Et vous y croyez-vous ? C'est faisable dans 3 ans, le plein emploi ?
21:53 - En tout cas, je suis absolument résolu avec les équipes de France Travail pour contribuer à atteindre cet objectif-là,
21:59 parce qu'il n'y a rien de plus important pour une société que de permettre à chacun,
22:02 vous l'avez entendu avec les témoignages de vos auditeurs, de pouvoir retrouver sa dignité, son autonomie par un travail.
22:08 - Thibault Guilhuis, dernière question dans la foulée de la loi immigration qui a finalement été adoptée avant Noël.
22:14 On entend deux positions très différentes entre la droite et le MEDEF.
22:18 Le MEDEF dit qu'on a besoin de main-d'oeuvre étrangère d'ici 2050, voire d'ici 2030, pour les métiers d'aide à la personne.
22:28 La droite dit "vous n'avez qu'à augmenter les salaires et les français feront les boulots qu'ils refusent de faire aujourd'hui,
22:34 ils feront la plonge, ils bosseront dans le BTP". Qu'en pensez-vous ?
22:39 - Ecoutez, moi d'abord, je me méfie un petit peu parfois des postures et des positions un petit peu simplistes.
22:46 La question du retour à l'emploi, ce n'est pas qu'une question de salaire, c'est aussi une question de relations dans le travail, d'organisation.
22:52 Maintenant, une fois qu'on a dit ça, moi ce sur quoi on travaille avec France Travail, c'est évidemment sur les métiers en tension,
23:00 les secteurs en tension, je pense à l'hôtellerie-restauration, je pense à la santé, je pense au transport,
23:05 où en fait on a mis en place un plan vivier pour faciliter l'identification des personnes qui sont motivées,
23:12 financer la formation et travailler avec les employeurs pour évidemment, un, améliorer les conditions salariales,
23:17 mais aussi les conditions de travail, par exemple dans l'hôtellerie-restauration, et je m'arrêterai là,
23:22 réduire les pauses, passer à la semaine de 5 jours. Moi j'observe que de plus en plus de restaurateurs ou d'hôteliers le font,
23:28 et que du coup on arrive à remettre plus de gens à l'emploi.
23:31 - Merci Thibault Guilhuis d'avoir été au micro d'Inter ce matin, directeur général de France Travail.

Recommandée