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Pole Emploi en mieux : 4 ans seulement pour réussir dans un système qui dépend à la fois de l'Etat, des collectivités locales, des départements, des régions

Thibaut Guilluy, haut-commissaire à l'emploi est l'Invité du 13h

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Transcription
00:00 France Travail, ce serait Pôle emploi en mieux.
00:03 Plus efficace, plus proche des demandeurs d'emploi, plus tournée vers l'insertion.
00:07 C'est l'outil clé sur lequel compte Emmanuel Macron pour atteindre son objectif, le plein
00:12 emploi, à la fin de son quinquennat.
00:13 Ce qui représente 5% de la population active au chômage.
00:17 On est actuellement au-dessus de 7%.
00:19 France Travail donc, en complément du fameux pacte de la vie au travail que le président
00:24 veut négocier avec les partenaires sociaux, une fois que la période dite de « convalescence
00:29 sur la réforme des retraites » sera passée.
00:31 Le calendrier, c'est une mise en place progressive de ce nouveau système entre janvier 2024
00:37 et 2027.
00:38 On va en parler avec notre invité et on compte sur vos questions, bien sûr, vos remarques
00:42 au standard 01 45 24 7000.
00:45 Bonjour Thibault Guillouy.
00:47 Bonjour.
00:48 Vous êtes haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises et c'est
00:52 vous qui avez planché sur ce projet durant 7 mois.
00:54 Vous avez remis votre rapport et fait 99 propositions au gouvernement la semaine dernière.
01:00 Vous avez 4 ans seulement pour réussir dans un système qui dépend à la fois de l'État,
01:04 des collectivités locales, des départements, des régions.
01:07 Ça crée esprit de synthèse.
01:09 Écoutez, en tout cas, mobilisation collective qui est importante.
01:13 Mais c'est quand même compliqué de faire travailler ensemble autant d'entités différentes.
01:18 C'est une gageure.
01:19 Oui, est-ce que c'est compliqué ? Les premiers qui peuvent s'en apercevoir
01:24 aujourd'hui, c'est les demandeurs d'emploi et c'est les chefs d'entreprise, notamment
01:28 des petites entreprises quand ils cherchent à recruter.
01:31 Et effectivement, les questions d'emploi, c'est pas simple.
01:34 Et on ne peut pas le résumer juste à une offre d'emploi.
01:36 Parfois, il faut aussi une formation.
01:38 Parfois, il faut pouvoir régler un problème de mobilité, de garde d'enfants.
01:41 Et donc, il faut faire appel à tout un tas d'acteurs.
01:43 Et ça, on l'accepte pleinement avec France Travail.
01:46 En revanche, ce qui est important, c'est qu'on organise la coopération parce qu'aujourd'hui,
01:50 en fait, cette complexité, on l'inflige à ceux qu'on est censé servir.
01:54 Alors, France Travail, mode d'emploi, on va faire concret, pédagogique.
01:58 D'abord, ce serait une plateforme Internet, un guichet unique ?
02:02 Non, on ne va pas résoudre les questions d'emploi par une plateforme Internet.
02:07 C'est effectivement, créer les questions de la coopération avec des systèmes qui
02:10 se parlent, c'est un élément.
02:13 Mais il y a un portail unique, concrètement.
02:15 Oui, l'idée, c'est que vous avez Pôle emploi, vous l'avez cité, mais vous avez
02:21 aussi des missions locales.
02:22 Par exemple, pour les jeunes, Cap emploi qui va prendre en compte et spécifier les
02:24 personnes en situation de handicap.
02:26 Les personnes bénéficiaires du RSA, vous en avez parlé ce matin à l'antenne, qui
02:31 vont être accompagnées dans les départements.
02:33 L'important, c'est qu'on puisse accompagner chaque personne, déjà qu'elle soit identifiée,
02:39 qu'elle soit inscrite à France Travail.
02:40 Parce qu'aujourd'hui, ce qu'il y a de dingue, c'est que tout le monde n'est pas
02:44 identifié, n'est pas inscrit à France Travail.
02:46 Mais comment faire en sorte que tout le monde soit inscrit ?
02:48 Comment aller chercher ces gens qui, pour l'instant, ne le sont pas ?
02:52 En quoi ça va être plus performant ?
02:54 Pour pouvoir coopérer, il faut quand même avoir quelques règles du jeu, quelques règles
02:57 pour pouvoir jouer collectif.
02:59 Une des règles qu'on propose avec France Travail, c'est effectivement à la fois
03:02 qu'on soit inscrit tous à France Travail.
03:04 Aujourd'hui, vous n'avez que 40% des bénéficiaires du RSA qui sont inscrits à Pôle emploi,
03:09 par exemple.
03:10 Demain, ça sera 100%.
03:11 Mais justement, comment vous allez les trouver, ces gens-là, qui passent souvent sous les
03:14 radars ?
03:15 En fait, c'est vraiment plus une question d'organisation entre les systèmes.
03:20 Quand vous allez à la CAF pour pouvoir vous inscrire pour votre allocation, vous êtes
03:24 identifié.
03:25 Et l'idée, c'est juste que concomitamment, on vous propose de suite un accompagnement
03:29 et qu'on n'attende pas 150 jours avant de vous proposer éventuellement un premier
03:33 entretien.
03:34 Alors, chaque personne ensuite va devoir signer un contrat d'engagement au début de son
03:40 parcours, c'est ça ?
03:41 Oui.
03:42 Alors d'abord, la première chose qui est importante, c'est que derrière chaque personne,
03:44 vous savez, moi j'ai travaillé pendant 20 ans dans l'insertion, il n'y a pas une
03:47 personne qui ressemble à une autre, qui a les mêmes besoins, qui a les mêmes aspirations,
03:51 les mêmes compétences, le même potentiel.
03:52 Et donc, une des choses qu'il faut qu'on fasse, c'est déjà de prendre le temps de
03:56 bien connaître chacun.
03:57 Et c'est ça qu'on propose aussi, c'est d'investir dans des moyens humains pour faire
04:02 le point de la situation avec chaque personne.
04:05 Pas seulement sur l'emploi, mais aussi parfois sur son besoin de formation, de mobilité,
04:09 de santé, etc.
04:10 Vous avez dit les moyens humains, pardon de vos interrompres, mais c'est vrai que la
04:14 promesse c'est que chaque demandeur d'emploi sera accompagné.
04:17 Aujourd'hui, les conseillers pôle emploi, ils sont absolument débordés, ils doivent
04:23 gérer 150 dossiers et ils n'y arrivent pas.
04:25 C'est bien ça le problème et la proposition de France Travail.
04:29 Et ça, tous les acteurs le disent, non seulement les acteurs le disent sur le terrain, mais
04:34 aussi toutes les études le montrent.
04:36 Une personne a besoin d'être vraiment soutenue et accompagnée pour pouvoir retourner vite
04:40 à l'emploi.
04:41 Ça c'est clair, mais ça veut dire qu'il va falloir un budget pour ça.
04:44 Il va falloir beaucoup d'argent pour embaucher beaucoup de conseillers.
04:47 C'est prévu, mais vous savez, c'est pas là pour le coup.
04:50 On parle toujours de dépense ou de charge.
04:52 Moi, je parle d'investissement social parce que quand vous donnez les moyens à une personne
04:57 de pouvoir retrouver un emploi, c'est un investissement parce qu'il faut bien qu'il
05:00 y ait un conseiller qui s'occupe de vous et qui vous apporte l'information qui est
05:03 nécessaire ou d'essayer de régler le problème de mobilité que vous pouvez rencontrer.
05:10 Donc c'est un coup, mais c'est un bon investissement parce que cette personne-là,
05:14 elle va quitter plus rapidement le chômage et elle va rejoindre une entreprise qui recrute.
05:20 L'année dernière, entre 300 000 et 450 000 recrutements n'ont pas trouvé preneur,
05:25 n'ont pas trouvé de candidat.
05:26 Alors parlons du RSA.
05:28 Emmanuel Macron tient beaucoup à ce que ce contrat d'engagement unique pour les bénéficiaires
05:32 du RSA comporte des activités de 15 à 20 heures par semaine.
05:36 Qu'est-ce qu'on entend par activité ?
05:37 En fait, c'est tout ce qui va concourir à faire en sorte que chaque jour qui passe,
05:43 la personne va pouvoir retrouver son autonomie.
05:46 Vous pouvez me donner un exemple ?
05:48 Plein, vous savez, pour une personne qui sait ce qu'elle veut faire, par exemple,
05:54 et qui cherche un emploi, là, dans ce cas, ça va être plus orienté vraiment sur l'emploi,
05:58 des immersions professionnelles.
05:59 Vous avez d'ailleurs, on a développé avec France Travail déjà et c'est en test,
06:03 on a déjà fait 200 000 sur immersion facilité, comment on vous connecte à une entreprise
06:09 pour pouvoir faire un stage un jour, une semaine, un mois pour valider un projet professionnel
06:13 et être recruté.
06:14 Ça peut être une formation qualifiante pour pouvoir passer un diplôme de, je ne sais
06:20 pas moi, de comique cuisine ou de comptable, bon peu importe, en fonction de votre projet.
06:24 Ça peut être aussi de passer son permis de conduire.
06:27 Vous savez, il n'y a pas très longtemps, en Ille-et-Vilaine, il y avait une dame qui
06:34 avait trouvé un employeur, un restaurateur pour pouvoir la prendre dans les cuisines,
06:39 sauf qu'à une heure du matin, il n'y a pas de bus et donc il faut l'aider à passer
06:42 son permis de conduire.
06:43 C'est toutes ces choses très concrètes qui vont faire en sorte que les personnes
06:47 aient vraiment les chances de pouvoir saisir les opportunités dont elles ont besoin.
06:50 Alors, vous savez, il y a du monde qui appelle au standard parce que l'emploi, c'est
06:53 un sujet qui nous concerne tous.
06:55 On va accueillir Marie.
06:56 Bonjour Marie.
06:57 Bonjour.
06:58 Posez-nous votre question.
07:00 Nous vous écoutons.
07:02 Bonjour à vous tous.
07:04 Je voulais savoir le pourquoi du changement de nom de Pôle emploi en France Travail parce
07:11 que je pense que c'est une chose qui va coûter pas mal par rapport à l'argent public,
07:16 de changer les panneaux, tout ça.
07:17 Donc, quelle était cette décision qui a été prise et le pourquoi ? Voilà.
07:23 Monsieur Guillouy.
07:25 Bonjour Marie et merci pour votre question.
07:29 Moi, je pense que derrière le projet de France Travail, c'est que vous avez Pôle
07:33 emploi, mais vous avez Mission locale, vous avez APEC, vous avez Cap emploi, vous avez
07:37 AFPA, vous avez OPCO et je pourrais continuer comme ça la litanie.
07:41 Et il y a un moment donné, ce que nous disent les personnes qui sont en recherche d'emploi,
07:45 mais aussi les patrons d'entreprises, c'est à qui je m'adresse, vers où je vais.
07:50 Donc ça, je pense que c'est un premier élément de réponse et qu'à un moment donné, il
07:53 faut penser en fonction de ceux qui ont des besoins et pas en fonction du système.
07:57 Donc, vous voulez dire que c'est plus facilement reconnaissable ?
08:00 Oui, d'abord, c'est une bannière.
08:01 Je pense qu'après, ce qui est aussi intéressant, c'est aussi les partenaires sociaux qui l'ont
08:08 souligné, c'est qu'un emploi, ce n'est pas juste une offre d'emploi.
08:12 Maintenant, c'est un travail, c'est un projet, c'est comment on va l'articuler avec sa
08:17 vie professionnelle, avec le territoire dans lequel on habite, avec les questions de mobilité,
08:24 de santé, de logement et que donc, il faut dépasser les questions de l'emploi, le travail.
08:28 C'était une notion qui était importante.
08:30 Finalement, c'est une bannière.
08:32 Ça doit être une bannière pour faire en sorte qu'effectivement, quel que soit l'endroit
08:36 où on vit, quel que soit le besoin qu'on ait, on ait une porte d'entrée identifiée
08:41 par un maquis dans lequel on s'opère.
08:42 Voilà, j'aimerais bien qu'on revienne un instant sur le RSA, cette aide conditionnée.
08:47 C'est vraiment la mesure la plus critiquée de France Travail.
08:50 Ce matin encore, Martin Hirsch, l'initiateur du RSA, estime, je cite, que "transformer
08:55 un allocataire en une main d'œuvre sans droit est une régression sociale".
09:00 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
09:01 Que je suis complètement d'accord et qu'il me semble que le président de la République
09:05 et le ministre du Travail seraient tout à fait d'accord avec lui.
09:08 Oui, mais il ajoute, il ne peut pas y avoir de travail sans salaire.
09:12 Mais il ne peut pas y avoir de travail sans salaire.
09:14 Et donc, je suis d'accord avec lui.
09:16 Vous me posez la question, évidemment, et tout le monde est d'accord avec lui.
09:19 Simplement, ce dont on est en train de parler, c'est d'accompagnement.
09:24 Et parfois...
09:25 Mais là, il n'y a pas de salaire.
09:26 Il y a le RSA.
09:27 Oui, les activités d'insertion.
09:28 Il n'y a pas les activités de préparer les ménagers.
09:31 Par contre, n'importe quelle personne qui travaille, et d'ailleurs, des personnes au
09:36 RSA, ça ne veut pas dire qu'elles ne travaillent pas.
09:37 Il y en a plus d'un quart qui peuvent avoir des activités salariées.
09:41 Et bien là, dans ces cas-là, elles le cumulent.
09:42 C'est d'ailleurs Martin Hirsch qui a mis en place le revenu de solidarité active.
09:46 Le principe, c'est qu'à chaque fois qu'on travaille, qu'on puisse conserver le gain
09:51 de son travail.
09:53 Il vous l'a peut-être dit ce matin, mais à chaque fois que vous travaillez une heure,
09:56 et bien vous gardez ce niveau de revenu jusqu'à 800 euros.
10:00 Et ensuite, vous en gardez une part jusqu'à 1 200 euros.
10:03 Donc, on est complètement d'accord avec lui.
10:05 Et comment allez-vous trouver les entreprises partenaires ? Parce qu'il va falloir en trouver
10:08 beaucoup.
10:09 Ça prend du temps aussi de s'occuper de quelqu'un.
10:11 Vous mettez le doigt sur quelque chose qui est très important pour moi.
10:15 C'est que pour la bataille de l'emploi, on parle toujours des demandeurs d'emploi.
10:18 Mais il y a aussi les entreprises.
10:19 Et donc, le projet de France Travaille, c'est évidemment d'aider les entreprises à recruter.
10:23 Vous savez, cette recrutement…
10:24 Oui, parce que je rappelle que vous êtes haut-commissaire à l'emploi et à l'engagement
10:27 des entreprises.
10:28 Oui, exactement.
10:29 Et puis en plus de ça, un militant depuis 20 ans de la cause.
10:31 Et donc, ce qui est important, c'est évidemment d'abord ne pas oublier que 7 recrutements
10:37 sur 10, c'est dans une entreprise de moins de 10 salariés.
10:39 Vous pensez bien que l'artisan, le commerçant, le chef de cette petite entreprise n'a pas
10:45 le temps de comprendre vers qui il doit s'adresser.
10:48 Donc un, il faut l'aider à recruter.
10:49 Et en l'aidant à recruter, il ne recrutera plus, il recrutera mieux.
10:52 La deuxième chose qu'on dit aux entreprises, c'est trop jeune, trop vieux, trop handicapé,
10:58 trop demandeur d'emploi de trop longue durée.
11:01 Ça, il faut arrêter.
11:02 Il faut s'ouvrir à tous les talents.
11:04 Il faut apprendre à s'ouvrir à tous les talents.
11:06 Et toutes les propositions qu'on fait avec France Travaille, c'est d'aider à avoir
11:09 une approche plus inclusive.
11:10 Vous parlez de France Travaille Jeune, de Cap Emploi, de France Travaille Handicap.
11:13 Et pour les seniors qui risquent d'arriver en masse dans un premier temps au moment
11:17 de l'application de la réforme des retraites, qu'est-ce que vous proposez de particulier ?
11:20 Auront-ils droit à un accompagnement particulier ?
11:23 Bien sûr.
11:25 Ensuite, chaque situation nécessite justement une adaptation.
11:29 C'est justement toute la proposition de France Travaille d'investir dans l'accompagnement.
11:32 Très concrètement, par exemple, sur les personnes seniors.
11:35 Dans le cadre des échanges, j'ai fait 130 déplacements, donc j'en ai rencontré un
11:40 certain nombre.
11:41 Il y a des propositions pour adapter, par exemple, les formations.
11:44 Il faut investir très fortement dans la formation.
11:46 On a 2,5 milliards de budget dans le plan d'investissement dans les compétences.
11:50 Et nous, on dit qu'il faut que ça touche plus les seniors.
11:53 Pourquoi ? Parce que c'est eux qui en ont le plus besoin et les effets sont beaucoup
11:56 plus importants.
11:57 Donc, ça, c'est l'un des objectifs, en tout cas, de France Travaille.
12:00 Exactement.
12:01 Merci beaucoup.
12:02 Merci à Thibaut Guilluy, au commissaire à l'emploi et à l'engagement des entreprises.
12:06 Merci d'avoir été l'invité du 13/14.
12:07 Bonne journée.

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