"Nous avons une pénurie en main d'œuvre, il faut rendre l'industrie plus attractive", assure la présidente de Siemens France

  • il y a 5 jours
Alors que le Worldskills 2024 démarre mardi à Lyon, Doris Birkhofer, la présidente de Siemens France est l'invitée éco de franceinfo lundi 9 septembre.

Category

🗞
News
Transcript
00:00Bonsoir à toutes et à tous, le Président de la République y sera demain soir Emmanuel Macron à Lyon pour la cérémonie d'ouverture des WorldSkills, le championnat du monde des métiers.
00:16Bonsoir Doris Birkofer, vous y serez également à Lyon, Présidente de Siemens France.
00:22Siemens, aujourd'hui, ce sont des logiciels, des solutions également pour la gestion des réseaux électriques et pour les opérateurs de transport.
00:306000 personnes salariées en France, 4 sites industriels de la R&D.
00:35Est-ce qu'une entreprise aussi connue, aussi prestigieuse que l'allemande Siemens, dont le nom est connu, qui fait 2,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France, est-ce que cette entreprise a du mal à recruter comme les autres ?
00:49Tout d'abord, vous l'avez dit, je suis ravie aussi d'avoir la chance de participer aux WorldSkills, c'est les Jeux Olympiques des métiers.
00:57Demain, c'est absolument nécessaire que ce genre d'événement ait lieu et nous sommes très heureux que ça ait lieu en France, après les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques,
01:10parce qu'il faut absolument promouvoir les métiers. Nous avons une pénurie en main d'oeuvre, c'est difficile pour l'industrie de recruter, donc il faut rendre l'industrie plus attractive.
01:23Et pour nous, en tant que Siemens, ça fait vraiment partie de notre ADN, la formation des jeunes et l'apprentissage.
01:2960 000 emplois vacants dans l'industrie en France, ça semble incroyable.
01:34Et je le disais, Siemens, tout le monde connaît cette entreprise, vous-même, vous avez aussi du mal. Alors, est-ce que c'est plus du mal à recruter ou à trouver les compétences dont vous avez besoin ?
01:43Alors, peut-être pour rendre les choses un peu plus concrètes, vous avez parlé de la mobilité, ça veut dire quoi ? Siemens est, par exemple, derrière la ligne complètement automatisée de la ligne 14 du métro de Paris.
01:54Nous équipons des milliers de bâtiments avec des solutions de climatisation, de détection incendie. Nous équipons des centaines d'usines en France, de la Gigafactory, de la production de batterie jusqu'à la PME qui produit des baskets en ardent.
02:12L'automatisation de l'industrie.
02:14Et pour cela, il faut deux choses. Il faut les technologies, il faut les compétences. Et sans les compétences, ça ne marche pas. Et c'est pourquoi l'apprentissage est un outil absolument nécessaire.
02:25Vous avez parlé de 60 000. Si nous réussissons la réindustrialisation, on parle de 500 000 postes. Et donc, pour cela, il faut plus de jeunes qui s'intéressent à l'industrie.
02:36Et notamment aussi, parce que c'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, les jeunes femmes. Il n'y a que 30% de femmes qui travaillent dans l'industrie. Donc, c'est aussi une opportunité formidable.
02:46Et c'est en mettant des femmes, justement, à la tête d'entreprises comme la vôtre qu'on crée des vocations parmi les jeunes femmes qui sont encore sous-représentées dans l'étudiation scientifique.
02:54Absolument. Il y a des opportunités formidables pour les jeunes femmes. J'ai par exemple défini comme objectif pour nos campagnes de recrutement de recruter 50% de filles parce que ces filles sont le vivier de notre force future de collaborateurs.
03:10Et ce n'est pas le cas aujourd'hui, Doris Birkofer, dans les recrutements 1 sur 2 ? Ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
03:17Ce n'est pas encore le cas, mais nous avons déjà, grâce à nos efforts, augmenté le pourcentage à 40%. Et c'est grâce à nos collaborateurs sur le terrain qui vont dans les écoles, qui encouragent aussi les jeunes femmes à s'intéresser à nos métiers.
03:30Et les WorldSkills, juste pour le rappeler, on parle de 59 métiers où les jeunes vont en compétition. On parle de la boulangerie, de la pâtisserie, mais il y a beaucoup de métiers industriels qui sont représentés.
03:45Et nous nous soutenons avec d'un côté du matériel et de l'autre côté avec le temps de nos collaborateurs, les compétiteurs. Et là on parle des métiers comme du contrôle industriel, la fabrication additive ou les énergies renouvelables où les jeunes vont en compétition et montrent leurs compétences.
04:03On voit que l'éducation nationale d'ailleurs est partenaire de cet événement. Aujourd'hui, il n'y a pas assez de promotion de ces métiers alors qu'on sait quand même que l'industrie, en règle générale, paie mieux que les services. Notamment en termes de salaire, c'est très compétitif.
04:15C'est très compétitif et il ne faut pas oublier l'industrie. C'est en fait la réponse à plein d'enjeux que nous rencontrons aujourd'hui. C'est dans l'industrie qu'ils sont produits les médicaments dont nous avons besoin, des puces électroniques qui vont dans nos téléphones portables. C'est dans l'industrie où on peut contribuer à créer toutes ces solutions dont on a besoin aussi pour la transition énergétique.
04:41L'industrie, je ne peux que le conseiller à nous ensemble de changer le regard sur l'industrie. On peut y aller, c'est ouvert au public. Je pense que c'est important pour les parents et pour les jeunes en même temps d'aller et de découvrir la richesse de ces métiers.
05:02Le message est passé. Après deux mois d'attente, un nouveau Premier ministre a été nommé la semaine dernière, Michel Barnier. Qu'est-ce que vous en attendez, vous, chef d'entreprise Siemens, en France ? Est-ce que ça commence par de la stabilité fiscale ? On a entendu beaucoup de chefs d'entreprise demander à ce qu'il y ait une stabilité fiscale. Est-ce que c'est votre cas également ?
05:21C'est très important d'avoir une visibilité et une stabilité parce qu'aussi par rapport à nos maisons-mères, ils attendent aussi que les choses ne changent pas tous les jours. C'est la stabilité fiscale. Il faut continuer à soutenir les entreprises. Vous savez, il y a des programmes spécifiques pour l'apprentissage, par exemple, des aides financières.
05:44Il faut maintenir le Crédit Impôt Recherche pour soutenir l'innovation, dont la France a vraiment un avantage compétitif aussi par rapport à d'autres pays. Ce sont des éléments très importants que nous espérons vont être maintenus.
05:58Vous avez senti une sorte de lassitude, d'agacement de votre maison-mère en Allemagne ?
06:04On nous a posé des questions.
06:06Et sur la réforme des retraites, notamment, est-ce qu'on vous a posé des questions ?
06:09On nous pose bien sûr des questions sur comment est-ce que les choses vont évoluer. Je pense maintenant qu'on a un nouveau gouvernement qui va se construire, que ces choses vont continuer à être discutées et nous sommes avec les autres entreprises à disposition pour partager notre expérience et nos attentes.
06:26Avec cette demande de visibilité et de stabilité fiscale. L'ancien patron de la Banque Centrale Européenne, l'Italien Mario Draghi, a remis aujourd'hui un rapport à la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, sur la compétitivité de l'Europe. Un sujet qui vous concerne évidemment chez Siemens.
06:44Mario Draghi dit que l'Europe décroche par rapport à la Chine et aux Etats-Unis. Et parmi ces préconisations, il y en a certaines qui pourraient vous intéresser. Il demande notamment de doubler le budget de l'innovation pour le porter à 200 milliards d'euros sur 7 ans. Est-ce que c'est quelque chose qui vous parle Doris Birkofer ?
07:05C'est vrai que par rapport aux Etats-Unis et à la Chine, le pourcentage du PIB qui est dépensé pour l'innovation est à peu près à la moitié en Europe. Donc on a vraiment un retard à rattraper. C'est très important d'investir dans l'innovation, dans les technologies de pointe. Il faut le faire au niveau européen parce que les investissements sont intenses.
07:25Donc la collaboration entre les différents pays est primordiale. Un certain alignement et ça commence par la création, le renforcement de l'excellence des universités, les profs pour attirer les jeunes. C'est tout un paquet qu'on doit mettre en place et ça ne peut fonctionner qu'en écosystème entre les universités, le public et les entreprises privées qui ont un rôle très important à jouer là-dedans.
07:50Et donc il faut qu'il y ait une aide publique d'importance. On sait que c'est le cas en Chine, on sait que c'est le cas aux Etats-Unis. Les entreprises privées dont vous faites partie chez Siemens, vous ne pouvez pas porter cette innovation toutes seules. Il faut créer un effet de levier en fait ?
08:05Il faut créer des effets de levier sur certaines choses où il faut de l'amorçage, où les choses doivent aller très très rapidement. Et donc il faut trouver des mécanismes qui permettent que l'innovation puisse s'accélérer.
08:18Est-ce que vous, vous fabriquez notamment des puces ?
08:21Non, on ne fabrique pas de puces, ce sont nos clients qui fabriquent des puces. Mais on fait des logiciels par exemple pour créer des jumeaux numériques de sites industriels et aussi on travaille beaucoup avec l'intelligence artificielle. Nous avons plusieurs milliers de collaborateurs, des experts en intelligence artificielle pour accompagner tous ces évolutions technologiques dont on venait de parler tout à l'heure.
08:43Merci beaucoup Doris Birkofer, présidente de Siemens France. Vous serez donc à la cérémonie d'ouverture des WorldSkills qui commence demain à Lyon. Merci beaucoup, vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

Recommandée