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00:00L'invité éco, Sophie Auvigne.
00:04Louis Quentin, bonjour.
00:06Vous êtes président de la FNIM, la fédération qui représente 45 000 professionnels de l'immobilier.
00:12Alors ces adhérents, vous venez de les quitter, vous sortez de votre congrès qui s'est tenu
00:16après la démission du Premier ministre et avant la formation du nouveau gouvernement.
00:20Et de nombreuses mesures sont sur pose.
00:23D'abord l'ambiance de ce congrès, peut-être les mots qui sont revenus le plus souvent ?
00:28Dans un contexte d'instabilité politique, en l'absence de Valéry Letart, ministre démissionnaire,
00:32qui nous a empêchés, et on a trouvé trois précédents ministres
00:37qui nous ont fait part de leur analyse et de leur vision dans ce climat chaotique.
00:42Je dirais, dans tous les cas, ce congrès s'est finalisé par une note d'optimisme.
00:48Nous restons optimistes et déterminés pour l'avenir du marché de l'immobilier en France.
00:52Et pourtant, vous comptiez sur plusieurs mesures.
00:55Elles sont censées s'appliquer l'an prochain et même au 1er janvier. Qu'en est-il ?
00:59Exemple, le prêt à taux zéro. Le PTZ devait être étendu à tout le territoire pour tout type de biens.
01:05On dit tant pis pour la réforme ?
01:07On l'espérait parce que Valéry Letart avait porté cette proposition
01:10qu'il était important de rétablir le prêt à taux zéro sur la maison individuelle
01:15et que ce soit dans l'ancien ou dans le neuf, permettant d'être un beau fléchage
01:18et un accompagnement pour les primo-excédents qui sont largement délaissés dans ce pays depuis trop longtemps.
01:23Autre mesure au milieu du guet, les passoires thermiques.
01:26L'interdiction devait être assouplie pour l'allocation des logements classés G.
01:31Qu'est-ce qu'il va se passer le 1er janvier ?
01:33Ça fait deux ans que je martèle à l'État et les quatre ministres que j'ai connus
01:37depuis deux ans de modifier cette loi climat-résilience
01:40pour faire en sorte qu'on ne soit pas frappé d'indécence énergétique au 1er janvier.
01:44C'est 646 000 logements qui sont loués classés G
01:48qui sont frappés d'indécence en l'état actuel de la réglementation
01:51qui exposent un propriétaire à une action judiciaire de leur locataire
01:55pour réclamer l'exécution des travaux immédiates et notamment la suspension du paiement du loyer.
01:59Et je vais plus loin, en 2028 c'est 700 000 logements de plus.
02:04Voilà, nous sommes à 800 000 logements de plus et 1 500 000 logements concernés d'ici trois ans.
02:09Mais alors, pour les beaux en cours également ou pas ?
02:13Tous les beaux aujourd'hui qui ont fait l'objet d'une convention antérieure
02:16aujourd'hui sont indécents dès lors qu'ils passent la date fatidique du 1er janvier 2025.
02:21La loi visait à n'appliquer l'indécence qu'à la reconduction du contrat.
02:26Nous on dit qu'il faut appliquer cette indécence pour tous les beaux conclus à compter du 1er janvier 2025.
02:32Un propriétaire qui a conclu il y a 12 ans par l'effet d'état de reconduction
02:35ne peut être responsable d'une disposition qui n'existait pas
02:38et surtout d'un diagnostic de performance énergétique qui n'existait pas au moment où il a contracté.
02:42Pour les candidats à la propriété, les primo-accédants avant tout, vous avez déjà commencé à les citer.
02:48Est-ce qu'aujourd'hui les prix sont descendus au bon niveau ?
02:51Oui, les prix retrouvent un niveau acceptable. Ils n'ont pas encore assez décéléré.
02:55On voit que la baisse diminue régulièrement. Le rythme de la baisse est moins fort.
03:01La baisse était plus importante là où les prix avaient le plus augmenté.
03:05On commence à restaurer une partie de la capacité d'emprunt des ménages
03:09et aussi qui est accompagnée de la baisse des taux d'intérêt qui est extrêmement salutaire dans ce contexte
03:14et qui accompagne les ménages.
03:16Et on peut espérer, et je crois que c'est la vision de la Banque Sodiale Européenne,
03:19d'avoir deux baisses systématiques ou trois jusqu'en fin 2025
03:23nous permettant d'espérer à des taux autour, même en dessous de 3% à la fin de l'année prochaine.
03:27Et d'ailleurs le robinet est ouvert pour tout le monde du côté des banques ?
03:30Oui, il n'y a aucune raison. De toute façon les banques ont toute la capacité à pouvoir prêter.
03:33Elles savent comment se financer.
03:35La question du financement n'est pas une question qui se pose,
03:38c'est une question de prise de risque et d'engagement et d'accompagnement.
03:42Le marché de la location, le marché de la construction neuve,
03:45deux secteurs grippés jusqu'à présent.
03:47Est-ce qu'aujourd'hui il y a des offres en nombre suffisant ?
03:51Alors là c'est le problème, c'est qu'on risque d'aller vers...
03:54On sort d'une crise de l'immobilier, on risque d'avoir une crise du logement.
03:56Quand je parle notamment de la naissance énergétique,
03:58on risque d'avoir des logements qui vont être sous secret de la sphère locative.
04:02On a 7 300 000 logements locatifs en France.
04:04Si on en enlève 1 500 000, vous imaginez la catastrophe.
04:07Donc des logements vides.
04:08Donc des logements qui seront mis en vente.
04:10Mais dans tous les cas, le parcours résidentiel des Français
04:12s'accompagne d'une offre locative en logement social, en logement privé,
04:15qui est un palier intermédiaire à l'accession à la propriété.
04:18Mais il faut jouer sur tous les secteurs.
04:20Et c'est là que la politique du logement n'est plus au rendez-vous
04:22de ce pays depuis plusieurs années.
04:25Vous faites des propositions.
04:27D'abord une proposition en faveur du marché de la location.
04:30Vous dites aux investisseurs, c'est votre phrase,
04:32investissez aujourd'hui, défiscalisez demain.
04:35Ça marcherait comment ?
04:36Il ne vous a pas échappé qu'au 31 décembre 2004, le PINAL c'est fini.
04:39C'est un dispositif qui a permis de porter pendant 40 ans l'investissement locatif
04:43à travers une réduction d'impôts.
04:44Les caisses de l'État sont vides.
04:46Les recettes de l'État sont exemptes pour accompagner le marché.
04:49La Cour des comptes dit qu'il n'a pas forcément été d'une grande efficacité à tout moment.
04:52Absolument. Je vais vous dire pourquoi.
04:54Très simplement parce qu'on a 60 à 80 000 logements
04:58qui deviennent vacants chaque année depuis plus de 15 ans.
05:01Et on construit 60 à 80 000 logements dans le neuf.
05:04Donc finalement on a des logements vacants alors qu'on manque cruellement de logements.
05:08Des logements qui ne sont plus entretenus, pour lesquels les propriétaires n'ont plus les moyens.
05:11Revenons à votre proposition.
05:13Alors la proposition, investissez aujourd'hui, défiscalisez demain.
05:15Comme nous n'avons pas les recettes, on permet à un Français qui achète,
05:18aujourd'hui, un appartement dans le secteur locatif, neuf ou ancien,
05:22de le porter pendant dix ans.
05:24Il le détient pendant dix ans.
05:26Et dix ans après, il a dix années d'exonération d'impôts sur ses revenus locatifs.
05:30Permet à quelqu'un qui arrive proche de la retraite, 55 ans, dix ans après,
05:34il fait l'effort d'épargne pendant les premières années.
05:37Et les dix années après, il a moins de revenus.
05:39Il a un complément de retraite.
05:40Imaginez, cinq, six cents euros de loyer non soumis.
05:42Mais pendant dix ans, il faut avoir les épaules solides.
05:45Absolument.
05:46Mais c'est une capacité d'épargne qui s'accompagne d'un loyer payé par son locataire.
05:50Les Français le savent bien.
05:51Je passe à votre seconde proposition.
05:54Un emprunt qui suivrait le bien plutôt que l'emprunteur.
05:57Alors là, de quoi parle-t-on ?
05:59La portabilité et la transférabilité, vieille mécanique qui existe depuis tout le temps.
06:03Moi, je l'ai pratiquée en tant que professionnel.
06:05La portabilité, ça consiste à quoi ?
06:06Vous avez emprunté à un taux de 1%.
06:09Vous êtes obligé de quitter votre ville.
06:11Vous êtes muté.
06:12Et plutôt que de vendre et de rembourser votre crédit à 1%,
06:15et d'être confronté à un taux de 3,5% ou de 4%,
06:18vous portez, vous conservez cet emprunt pour pouvoir,
06:21et vous continuez à assurer les mêmes mensualités sur le revenu.
06:23Donc là, vous pouvez même acquérir une pièce de plus.
06:25Absolument.
06:26Après, c'est tout dépend de sa capacité d'emprunt.
06:28Et la transférabilité, c'est si un ménage divorce,
06:32eh bien, on n'en a pas besoin, on a emprunté à 1%,
06:34on peut le transférer à un tiers.
06:36Moi, j'ai toujours dit que les banques avaient escompté leurs résultats,
06:38avaient adossé leur prise de risque,
06:40et dans tous les cas, elles pouvaient bien évidemment accompagner
06:43et mettre en œuvre cette méthode.
06:45Mais voilà, je crois qu'il manque de courage politique dans ce pays
06:47pour accompagner ces ménages.
06:49C'est une façon d'aborder l'ingénierie financière de façon moderne.
06:53Je ne lâcherai jamais pendant tout mon mandat,
06:55et je répéterai sans arrêt, et j'en fais un combat principal.
06:57Et vous y croyez-vous, aux bureaux dont on ne veut plus vraiment,
07:01qui pourraient être transformés en logements ?
07:04On dit tout de même que des bureaux,
07:06ce sont des structures bien particulières,
07:09et les logements, c'est autre chose.
07:11Tout à fait, ça fait 20 ans qu'on essaie.
07:13Déjà la crise de l'immobilier d'entreprise de 1992,
07:15on a essayé de transformer des immeubles de bureaux en logements,
07:18on n'y a pas réussi.
07:19La structure même d'un immeuble de bureaux n'est pas du tout adaptable
07:22à une transformation en logement.
07:24Dans tous les cas, c'est un coût trop élevé.
07:26Il vaut mieux carrément démolir et reconstruire
07:28quand on ne peut pas les transformer.
07:30Loïc Quentin, président de la FNIM,
07:32la Fédération Nationale de l'Immobilier,
07:34invité ECHO de France Info.
07:36Merci à vous.
07:37Merci de votre invitation.