• il y a 5 mois
Axa est l'un des leaders mondiaux du secteur des assurances, avec 7 millions de clients en France. En 2023, le coût des sinistres climatiques a atteint 6,5 milliards d'euros en France, soit une hausse de 40% par rapport aux 10 dernières années. Pour aborder l'avenir, le patron, Thomas Buberl veut développer la prévention et le recours aux technologies qui permettent d'anticiper au mieux les évènements climatiques qui se sont multipliés.

Category

🗞
News
Transcription
00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, c'est un des leaders mondiaux du secteur des assurances.
00:09AXA, dont je reçois ce soir le patron, Thomas Buberle, bonsoir.
00:13Bonsoir Isabelle.
00:14Vous êtes le directeur général d'AXA, merci d'avoir choisi France Info.
00:17Vous êtes suisse, vous êtes allemand, vous êtes français.
00:20Vous vous sentez plutôt de quelle nationalité en ce moment ?
00:23Nationalité européenne.
00:25Mais vous allez voter ?
00:27Bien sûr, je vais voter en France, ça va être la première chose que je vais faire dimanche matin à 8h.
00:32Si vous aviez un message à faire passer comme patron du CAC 40 cette fois-ci ?
00:37C'est le message sur la responsabilité.
00:40Cette vote dépend de nous et j'appelle à tout le monde de voter.
00:45Et quelqu'un qui ne vote pas, c'est un signe de manque de responsabilité civile.
00:51D'accord.
00:52Votre métier, ce sont les assurances.
00:55Aujourd'hui, le risque climatique est l'un des principaux risques pour les assureurs en France.
01:00Vous comptez 7 millions de clients.
01:02Le coût des sinistres climatiques a atteint 6,5 milliards d'euros en France en 2023.
01:07Comment, à votre avis, se profite 2024 ?
01:10Est-ce que ça va vous coûter encore plus cher ?
01:12Alors si on prend le passé, la réponse doit être oui.
01:16Parce que certainement si je regarde l'année 2023, ça a coûté 40% de plus que les derniers 10 ans.
01:24Après, ce n'est pas l'année la plus chère.
01:27C'est ça.
01:28Mais s'il se traîne, se continue, on doit dire oui.
01:31Mais on est un peu tôt dans l'année parce que la deuxième partie de l'année est beaucoup plus intense
01:36en termes des événements climatiques que la première partie.
01:40On a vu la partie la moins grave.
01:43C'est pourquoi c'est difficile à dire.
01:44Parmi les risques, quels sont ceux qui coûtent le plus cher quand on regarde les risques climatiques ?
01:49Est-ce que c'est les tempêtes, les inondations, les maisons fissurées ou tout cela à la fois ?
01:53Tout ça coûte très cher et certainement ça coûte cher parce qu'on ne s'est jamais attendu à ce niveau de risque.
02:02Parce que c'est ce qu'on voit certainement que les grands événements, les grands ouragans,
02:07dans le temps, ça coûte quelquefois moins cher.
02:10Parce que ce n'est pas assuré ?
02:12Non, parce que la prévention que les États, les entreprises, les particuliers ont installées aide et marche.
02:20Néanmoins, on a beaucoup de nouveaux événements.
02:23Les inondations, la sécheresse, les feux, ils apparaissent où on ne pense pas qu'ils apparaissent.
02:30C'est pourquoi la prévention est difficile et c'est ce coup-là qui fait la facture lourde.
02:36Est-ce que c'est propre à la France ou est-ce que finalement vous observez ces phénomènes
02:42et le fait qu'ils soient de plus en plus difficiles à prévoir partout dans le monde ?
02:46Je rappelle que vous êtes présent dans une cinquantaine de pays.
02:49Alors malheureusement, on voit ces phénomènes partout.
02:53Si c'est en Chine, aux États-Unis, en Europe, partout.
02:56Il est clair que le mécanisme pour traiter ces défis est très différent.
03:03Et là, je pense qu'on peut clairement dire que la France a trouvé un mécanisme
03:08qui est un mélange privé-public, qui marche très bien
03:13et qui aide aussi à adoucir cette loudeur des charges par les sinistres.
03:19Avec les primes qu'on appelle 4 Nats, de catastrophe naturelle,
03:23effectivement c'est un système un petit peu particulier, public-privé.
03:27On a vu que l'État avait prévu d'augmenter la prime 4 Nats en 2025.
03:33Avec concrètement quelle répercussion sur les tarifs des assurances, Thomas Buberle ?
03:39Il est clair que si on veut que l'assurance marche
03:43et on veut que l'assurance reste un outil de confiance,
03:47il faut que la facture marche.
03:49Ça veut dire que si les sinistres augmentent, il faut aussi que les primes suivent.
03:53Et c'est ça la réaction que vous décrivez.
03:57Ça va mécaniquement augmenter ?
04:00Oui bien sûr, parce qu'on a une sinistralité qui est beaucoup plus élevée.
04:04Et c'est pourquoi le sujet de prévention est tellement important.
04:08Juste pour terminer sur la question des tarifs,
04:11est-ce qu'on peut avoir un ordre d'idée de la fourchette
04:14de l'augmentation qui est prévue l'année prochaine ?
04:17Ce n'est pas encore clair, parce qu'il faut voir exactement quels sont les coûts.
04:21Si je vous dis que 40% de plus en 2023 vis-à-vis des derniers 10 ans,
04:28ça ne va jamais être de cet ordre-là.
04:31Mais il faut se préparer à une augmentation significative.
04:37Pour les particuliers comme pour les entreprises.
04:40Mais ça ne reflète que le risque augmenté.
04:43Effectivement.
04:44Vous avez commencé à le dire, le plus important c'est la prévention.
04:48Quelle est votre part de responsabilité ?
04:51Qu'est-ce que vous vous mettez en œuvre pour déployer la prévention
04:54et ne pas en arriver à devoir payer des assurances de plus en plus chères ?
04:59La bonne nouvelle, on voit clairement que la prévention marche.
05:03Et prévention ça veut dire quoi ?
05:05Si on veut construire une nouvelle usine, il faut la construire dans un endroit
05:09qui est moins en danger.
05:11Si on reconstruit, il faut reconstruire avec des méthodes plus durables qu'avant.
05:16Il y a plein de sujets qu'on peut faire pour éviter les prochains sinistres.
05:20Et comment est-ce que vous, vous favorisez ?
05:22Alors exactement, c'est ce qu'on va faire.
05:24En gros, vous n'assurez pas si ça ne remplit pas un cahier d'échanges ?
05:27Non, il faut vraiment...
05:29Notre politique est, on veut aider.
05:31Et je pense aussi que la prévention va prendre une partie plus importante
05:35dans la question de la couverture d'assurance.
05:38Alors qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
05:40Et quelle est votre responsabilité à vous ?
05:42Parce que ça peut être aussi le boulot des pouvoirs publics,
05:44pas forcément des assurances.
05:46Non, mais on a un intérêt, parce qu'encore une fois,
05:48nous sommes tous là pour protéger l'assurabilité du risque.
05:52Parce que sinon, vous-même, vous n'êtes pas assuré.
05:54Il y a toute la question des réassureurs.
05:56Personne n'a l'intérêt que un risque n'est plus assurable.
06:00Parce qu'on va tomber quand même dans une fracture sociale que personne ne veut.
06:05Et c'est pourquoi tout le monde, les états, les assureurs,
06:08les particuliers, les entreprises, ont un intérêt à se protéger
06:11et à faire plus de prévention.
06:13Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
06:15Oui, comme je vous l'ai dit, ça veut dire qu'il faut construire différemment.
06:18Pas en zone inondable, pas avec les mêmes matériaux.
06:21Il faut réfléchir, par exemple,
06:23au changement des cycles de plantation pour éviter la sécheresse.
06:27Il faut éviter aussi d'utiliser les opportunités des nouvelles technologies
06:33par les images satellites, par les capteurs,
06:37pour comprendre ce qu'on a, quel type de risque de feu.
06:41Il y a plein de méthodes et on voit aujourd'hui
06:44que les entreprises veulent de plus en plus utiliser ça.
06:48On a créé une entreprise au sein d'AXA qui s'appelle AXA Climate.
06:52Je pense qu'il y a deux ou trois ans,
06:55un collaborateur, aujourd'hui plus de 200 climatistes,
06:59scientifiques de climat, qui consultent et aident les entreprises pour s'adapter.
07:06Donc c'est un nouveau marché pour vous ?
07:08Oui, mais il y en a beaucoup, beaucoup de demandes.
07:11Et donc c'est quelque chose qui marche,
07:13et c'est quelque chose qui n'existait pas il y a quelques années,
07:15qui peut permettre de réduire la facture pour les particuliers
07:18et pour les entreprises.
07:19Et continuer l'assurabilité de ces risques.
07:21Merci beaucoup Thomas Buber, directeur général d'AXA.
07:24Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
07:27Merci.

Recommandations