Futur Premier ministre : "Nous revenons aux affaires dans un pays où il n'y a personne aux affaires" alerte le président de la CPME

  • il y a 2 semaines

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00:00Bonsoir à toutes et à tous, ravie de vous retrouver pour l'Invité Éco, et c'est vous qui ouvrez le bal, François Asselin, bonsoir.
00:11Bonsoir Isabelle Raymond.
00:12Vous êtes le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, organisation patronale qui représente les patrons de PME.
00:19Samedi dernier, vous avez décidé d'envoyer une lettre ouverte au ou à la futur Premier ministre. Pourquoi cette initiative ? Est-ce que vous trouvez le temps long ?
00:28Pour deux raisons. Pour deux raisons, c'est que nous, chefs d'entreprise de PME, de TPE, on vit dans la réalité.
00:35Notre réalité, c'est de voir un environnement qui devient de plus en plus hostile. En juillet, les chiffres de la sinistralité des entreprises ne sont pas bons.
00:43Les défaillances d'entreprise ?
00:44Les défaillances d'entreprise ne sont pas bons. Sur un an glissant, on dépasse les 63 000 défaillances d'entreprise. C'est considérable et on ne peut plus l'expliquer par la période post-Covid.
00:53Il faut commencer à rembourser ses dettes. Là, on est sur des statistiques qui prouvent que, globalement, les signaux ne sont pas très positifs pour la santé économique des entreprises.
01:04Nous, nous revenons aux affaires dans un pays où il n'y a personne aux affaires. Donc, il faudrait effectivement se remettre aux affaires, au travail.
01:10On a perdu depuis la dissolution la visibilité, la stabilité. Vous savez, en matière économique, il y a toujours la main visible qui s'appelle la confiance.
01:19Sans confiance, ne prendre pas de décision. Et depuis cette dissolution, les chefs d'entreprise se sont mis en mode pause. Et ça, ce n'est pas bon du tout pour les affaires.
01:29Vous le constatez vraiment un attentisme de la part de vos adhérents, de la part des patrons de PMO ?
01:34D'abord, premier constat, c'est que lorsque vous n'avez pas de Premier ministre, et que d'autre part, les programmes avancés par certains dans l'hémicycle font que vous risquez de voir des dispositifs qui vont à rebrousse-poil par rapport à ce que nous avons besoin.
01:53Bien évidemment, ça nous inquiète. Et là, nous disons, attention, on ne vit pas dans un monde parallèle.
01:59Mais François Asselin, ça se traduit comment cet attentisme de la part des chefs d'entreprise ?
02:04Lorsque vous voulez décider d'investir, vous vous mettez en mode pause. Vous n'investissez pas. Lorsque vous dites, il faudrait que je recrute, vous allez faire attention.
02:13Vous allez peut-être vous poser la question trois fois avant de poser un acte de recrutement. Ce qui fait que tout simplement, ça ne nourrit pas la croissance, ça ne nourrit pas l'économie.
02:21Et derrière, vous voyez votre activité gentiment s'éroder. Et ça, c'est absolument pas bon.
02:27Lorsque vous êtes dans un pays qui fait face à une dette abyssale et que rien ne se passe, vous finissez par être inquiet. Vous dites, attention, il faut se ressaisir.
02:34Mais vous, concrètement, François Asselin, parce que vous êtes aussi chef d'entreprise, vous avez arrêté d'investir ? Vous avez arrêté de recruter ?
02:40Avant d'investir, on se pose bien sûr bien des questions. Et là, pour l'instant, on fait la revue de tout ce qu'il faudrait pour investir.
02:46Mais pour l'instant, sans poser l'acte d'investissement quant au recrutement, vous regardez quelle sera votre activité.
02:51Et si vous sentez que votre activité risque de faiblir, bien évidemment, le premier levier de recrutement, c'est l'activité.
02:57Si vous sentez qu'elle ralentit, vous n'allez pas recruter.
03:00Mais là, justement, l'activité, elle a été bonne cet été avec les Jeux Olympiques. Donc, ce n'est pas une question d'activité.
03:04Pas pour tout le monde. En termes, effectivement, si vous regardez les entreprises qui sont dans la droite ligne des Jeux Olympiques et qui sont concernées par l'activité des Jeux Olympiques,
03:14bien évidemment, l'activité aura été bonne. Mais pour le bâtiment, ce n'est quand même pas bon du tout.
03:19Pour les transports, ce n'est pas bon du tout. Pour les services à la personne, ce n'est pas très bon du tout non plus.
03:24La rentrée s'annonce quand même un petit peu chaotique. Donc, oui, il faut absolument regarder l'avenir tel qu'il est.
03:30Et l'avenir est exigeant. Et si jamais on ne se met pas au boulot, ça risque d'être catastrophique pour l'économie de notre pays.
03:35Alors, dans votre lettre ouverte, vous écrivez qu'il faut un chef de gouvernement pour faire en sorte que notre pays ne sombre pas dans un immobilisme synonyme de chaos.
03:44Vous exagérez un petit peu là, François Asselin.
03:47Dans une entreprise, l'immobilisme, c'est comme en matière économique que quand vous faites du vélo et que vous arrêtez de pédaler et que vous allez dans une côte, vous tombez.
03:55Au niveau d'un pays, c'est exactement pareil. C'est-à-dire que d'ici 15 jours, il va falloir présenter une copie à Bruxelles sur l'évolution des finances du pays.
04:03Et puis, dans un mois et demi, il faudra placer sur les marchés un peu plus de 100 milliards d'euros de dettes françaises.
04:09Eh bien, si on ne donne pas de signaux positifs, si on ne rassure pas nos créanciers, si on ne rassure pas Bruxelles, je peux vous dire que la sanction peut venir de l'extérieur.
04:17Et ça, ce n'est pas glorieux. Quand on n'a plus la moyenne de notre dette qui est détenue par des créanciers étrangers, nous avons quelque part perdu notre souveraineté économique.
04:25Et ça, ça ne rigole pas, ça ne plaisante pas. C'est pour ça que nous sommes dans une situation où nous attendons, bien évidemment, que les choses soient reprises en main.
04:32Demain, vous avez rendez-vous à l'Elysée. Ce sont des rendez-vous de rentrée. Les organisations syndicales, patronales ont rendez-vous à l'Elysée.
04:40Quel sera votre message ? C'est celui que vous délivrez ce soir sur France Info ou vous avez autre chose à dire à Emmanuel Macron et à son équipe ?
04:45Vous savez, demain, le rendez-vous que nous avons à l'Elysée, bien évidemment, c'est pour faire un point sur la rentrée.
04:51Je dirais exactement ce que je viens de vous dire, à savoir que nous avons besoin maintenant de perspectives, de stabilité, en matière fiscale surtout.
04:57Ne commençons pas à détricoter ce qui avait été tricoté pendant cette année. La stabilité est extrêmement importante.
05:02Et on n'est pas gourmand, les chefs d'entreprise. Vous savez, nous sommes les plus ponctionnés d'Europe. Nous, ce qu'on demande, c'est le statu quo.
05:08Pas de hausse d'impôts et de ne pas revenir sur les baisses d'impôts accordées aux chefs d'entreprise, notamment les impôts de production.
05:15Sur les impôts de production, nous voudrions que les promesses soient tenues. Et puis surtout, nous sommes inquiets, nous aussi, comme tous les Français, sur l'évolution de la dette publique.
05:22Parce que si on ne résout pas ce problème, nous risquons tous d'être impactés.
05:26Un sujet important pour les Français, c'est le pouvoir d'achat et c'est la hausse des salaires.
05:32Vous savez aussi que ça fait partie des programmes. Notamment, le Front populaire veut porter le SMIC à 1 600 euros net par mois.
05:38Ce n'est pas ce que veut Emmanuel Macron. Mais il n'abandonne pas l'idée d'augmenter les bas salaires.
05:43Et ça pourrait passer par le fait de revoir les exonérations de cotisations. On ne va pas rentrer dans le détail, mais est-ce que vous y êtes favorable, vous François Asselin ?
05:52Qu'on retravaille sur l'échelle des exonérations, pourquoi pas. On avait commencé ce travail avec une mission diligentée par l'Elysée.
05:59Et donc les concentrer sur les bas salaires.
06:01Les concentrer sur les bas salaires, pourquoi pas. Ce qu'il faut faire très attention, c'est de maîtriser notre coût du travail.
06:06Bien évidemment, commencer avec 1 400 euros net en France, ce n'est pas évident de tenir les deux bouts de la ficelle.
06:12Surtout si on habite dans une grande ville, à Paris par exemple.
06:15Et donc ça veut dire que si les exonérations de cotisations étaient concentrées sur les bas salaires, ça vous inciterait, vous chef d'entreprise, à augmenter les salaires ?
06:23Déjà ça vous permet de rester compétitif. Parce que généralement quand vous avez ces salaires dans votre entreprise, c'est qu'en face vous avez un marché qui ne vous permet pas d'augmenter les salaires.
06:29Oui mais l'objectif c'est d'augmenter les salaires.
06:31L'objectif c'est d'augmenter les salaires. Regardons effectivement comment on peut le faire sur l'échelle des exonérations, comment on peut améliorer les choses.
06:37Par contre le faire à iso-coût, ça sera extrêmement complexe.
06:40Alors vous n'y êtes donc pas défavorable. Il y a un nom qui circule pour Matignon avec insistance depuis ce matin.
06:46C'est celui du président du Conseil économique, social et environnemental Thierry Baudet.
06:51Avant cela il était à la tête de la mutualité française. D'abord est-ce que vous le connaissez ?
06:55Oui je le connais bien Thierry. C'est quelqu'un plutôt de consensuel.
06:59D'ailleurs quand on est à la tête du CESE, il faut savoir pratiquer le consensus.
07:03Maintenant vous savez être à la tête d'un gouvernement, on passe du consensus au dissensus permanent.
07:08C'est une autre mission, une autre fonction, un autre métier si je puis dire.
07:12Est-ce que selon vous François Asselin ce serait un bon choix pour Matignon ?
07:16On aurait pu commenter X candidats potentiels. Il n'est pas nommé.
07:20On va attendre qu'il soit nommé pour pouvoir faire un commentaire.
07:23Toujours est-il que ce soit lui ou quelqu'un d'autre, il aura devant lui une tâche considérable à effectuer.
07:29Il ne pourra pas s'affranchir du principe de réalité, ce que nous connaissons tous les jours dans nos entreprises.
07:33Vous voulez la nomination d'un chef du gouvernement très vite avec cette lettre ouverte que vous avez envoyée en fin de semaine dernière.
07:40Merci beaucoup François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises.
07:45Invité Echo de France Info ce soir.

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