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00:00Bonsoir à toutes et à tous, les Etats-Unis ont un nouveau président, il s'agit de Donald Trump avec des conséquences en cascade pour nous, à commencer par des conséquences économiques.
00:14Bonsoir Pierre-André Tchalanda, vous êtes à la tête de l'Institut de l'Entreprise, cercle de réflexion patronale, ancien patron vous-même de Saint-Gobain.
00:23On n'a pas vu les patrons français se presser de réagir à la victoire de Donald Trump, est-ce qu'il faut y voir un signe d'inquiétude de la part des chefs d'entreprise en France ?
00:32Globalement, on ne peut pas dire que ce soit très bon, une très bonne nouvelle pour l'économie européenne, globalement.
00:39Ce qui est probablement le plus inquiétant, c'est l'incertitude, c'est qu'on connaît un petit peu déjà Donald Trump, c'est quelqu'un qui est très imprévisible,
00:47et vous savez, les entreprises, elles n'aiment pas l'incertitude. Donc globalement, ce n'est pas très bon.
00:51Mais je pense que le problème, c'est que les conséquences, ce n'est pas majeur par rapport aux problèmes qu'on a déjà.
00:58Et les problèmes qu'on a déjà, ils sont très graves. Ils ont été mis en évidence il n'y a pas longtemps par le rapport Draghi,
01:03c'est qu'il y a déjà eu un décrochage, dans les 20 dernières années, énorme de l'Europe.
01:07Juste un chiffre, si on était à 100 de richesse il y a 20 ans, aujourd'hui, les États-Unis étaient à 117, maintenant ils sont à 130.
01:18Et ça, c'est la productivité en Europe. Donc il y a un vrai problème de l'Europe.
01:23Et j'allais dire que par rapport à cette situation, l'arrivée de Trump, ça ne va pas aider, mais ce n'est pas majeur.
01:31Alors ça ne va pas aider, notamment parce que Donald Trump nous a habitués à des discours qui peuvent varier au fil du temps.
01:38Alors il y a quand même plusieurs sujets précis qui posent question.
01:42L'énergie, tout d'abord la présidence Biden a été marquée par des centaines de milliards de dollars qui ont favorisé le développement de l'industrie verte.
01:50Trump, deuxième mandat, veut reprendre la fracturation hydraulique, ce qui risque encore de favoriser l'énergie made in USA.
01:59Et ça, c'est mauvais pour l'industrie française et européenne, non ?
02:02Non, en fait, ce n'est pas bon pour le climat. Mais pour l'industrie européenne, on a eu un gros problème, c'est qu'on avait,
02:10beaucoup plus les Allemands que nous d'ailleurs, était basé sur le gaz russe.
02:14Par contre, on n'a plus de gaz russe, il faut bien trouver le gaz quelque part.
02:17Et le fait qu'il y ait plus de gaz liquéfié qui arrive des États-Unis, ça veut dire plutôt du gaz moins cher,
02:23donc c'est plutôt pas une mauvaise nouvelle sur l'énergie.
02:26Donc ça veut dire que c'est pas bon pour le climat, parce qu'on risque d'avoir plus de gaz qui vient des États-Unis.
02:31Mais le gaz, c'est quand même une énergie de transition, donc si les Allemands remplacent du charbon par du gaz, c'est déjà mieux.
02:36Nous, on a du nucléaire, donc on n'est pas très concerné, la France. Mais pour l'Europe, c'est plutôt bon.
02:40Est-ce que ça ne veut pas dire quand même, Pierre-André Tchalandar, qu'on risque d'être encore moins compétitif qu'avant,
02:46en termes des prix, quand on a les prix de l'énergie ?
02:49Non, parce qu'en fait, on n'est déjà pas compétitif du tout.
02:53Parce que si vous voulez, le gaz américain, pour arriver en Europe, pareil pour le gaz du Qatar,
02:59il faut le liquéfier, il faut le transporter, et après il faut le regazéifier.
03:04Et ces trois opérations font qu'on a aujourd'hui un gaz qui est de toute façon beaucoup plus cher en Europe qu'aux États-Unis.
03:10Ce qui peut se passer avec Trump, c'est que s'il y en a plus aux États-Unis, les prix aux États-Unis vont baisser,
03:15mais les prix en Europe, ils vont baisser aussi.
03:18Donc ça, c'est plutôt positif.
03:20C'est positif pour les prix, ça ne change pas le différentiel.
03:23Alors, autre sujet en tout cas d'inquiétude, vous allez nous dire si c'est réel ou pas,
03:28Donald Trump a prévu d'augmenter les droits de douane sur tous les produits importés,
03:32pour favoriser la production et donc l'emploi aux États-Unis.
03:36Qu'est-ce que vous pensez de ce renforcement du protectionnisme américain ?
03:39Ça, c'est pas bon. C'est pas bon. Le protectionnisme généralisé, c'est pas bon.
03:43Alors, il va le faire surtout par rapport à la Chine, il va le faire un peu par rapport à l'Europe,
03:47et le risque aussi par rapport à la Chine, c'est que du coup, les Chinois, ils viennent plus en Europe.
03:51Alors, justement, avant de parler des produits chinois qui risquent d'arriver en Europe,
03:54concernant les produits exportés de France...
03:58Alors, c'est pas forcément bon pour les produits français exportés de France,
04:01mais j'allais dire que dans nos malheurs, si vous voulez,
04:05ça va toucher beaucoup plus les Allemands que les Français,
04:09parce que les Allemands, ils exportent massivement aux États-Unis,
04:12nous, malheureusement, un peu moins.
04:14Alors, on a quand même le vin, le luxe, les robotiques...
04:17Oui, mais ça, le vin, le luxe, le vin, si vous voulez,
04:20ils vont pas tellement le remplacer par du vin américain.
04:23Il y en a du vin américain.
04:25Donc, c'est plus que ça sera plus cher pour le consommateur américain.
04:29Donc, ça, c'est finalement pas si mauvais que ça ?
04:31C'est pas bon. C'est pas bon.
04:33À part, quand on regarde que les produits chinois,
04:35qui ne vont pas aller vers les États-Unis, vont se retrouver en Europe.
04:38Et donc, si vous voulez, l'Europe va devoir revoir sa politique encore plus.
04:43D'abord vis-à-vis de l'États-Unis, mais encore plus vis-à-vis de la Chine.
04:47Le gros sujet, et on peut essayer de regarder les choses positivement,
04:51et même par rapport à ce que je disais du rapport Draghi,
04:54c'est que face à Trump sur le protectionnisme, c'est pour ça qu'il y a une incertitude.
04:58C'est que si l'Europe réagit très fort, peut-être qu'il reviendra en arrière.
05:02Donc, le gros problème, c'est de savoir si l'Europe va être unie
05:05et s'il va y avoir un sursaut européen.
05:07Alors, dernière question.
05:08En France, dans le même temps, on voit que le budget prévoit une hausse des impôts
05:11sur les grandes entreprises qui font des bénéfices et une augmentation du coût du travail
05:15avec une baisse des allègements de cotisations.
05:17Qu'en est-il ? On vient de se dire tout ce qu'on vient de dire
05:19concernant l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.
05:21Est-ce que c'est un mauvais signal ?
05:22Alors, d'abord, le budget 2025, il n'est pas voté.
05:25J'allais dire, pour l'instant, l'inquiétude, c'est tellement la cacophonie à l'Assemblée nationale
05:30qu'il y a une grande incertitude.
05:31L'incertitude, c'est pas bon.
05:33Et aujourd'hui, l'économie française, l'industrie, elle est un peu arrêtée à cause de ça.
05:36Après, on verra quelles sont les mesures effectives sur les impôts.
05:40C'est pas une très bonne chose, mais si on a des impôts de façon temporaire
05:43qui sont le gage qui a des réformes des dépenses publiques, qui est le sujet le plus important,
05:47je pense qu'on peut le comprendre.
05:48Ce qui m'inquiète, c'est que, est-ce qu'on va vraiment faire des réformes sérieuses
05:52sur les dépenses publiques ?
05:53Et ça, c'est ce dont la France a besoin aujourd'hui.
05:56Et donc, ce qu'on comprend bien, Pierre-André Dechalandart,
05:59c'est que c'est l'incertitude avant tout que n'aiment pas les chefs d'entreprises français et européens.
06:04Merci beaucoup, vous êtes le président de l'Institut de l'Entreprise,
06:07ancien patron de Saint-Gobain, invité Echo de France Info ce soir.

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