• il y a 2 mois

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00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous, au lendemain de la présentation du budget, chacun se demande quel sera l'impact pour le sien de budget, pour son portefeuille, les 60 milliards d'euros d'efforts collectifs pour l'an prochain.
00:16Comment vont-ils me concerner, moi ? Et bien déjà, elle va concerner ma facture d'électricité qui va baisser moins que prévu.
00:24On va revenir dans le détail avec vous, Christine Agubé Milot, bonsoir.
00:27Bonsoir.
00:28Vous êtes la présidente de l'Union française de l'électricité. Il y a une taxe sur l'électricité.
00:34Elle a baissé cette taxe pendant la guerre en Ukraine pour limiter la flambée des prix et pour maintenir le pouvoir d'achat des Français.
00:42C'est ce que l'on a appelé le bouclier tarifaire.
00:45Or, aujourd'hui, le gouvernement a prévu de l'augmenter à nouveau cette taxe. Est-ce que vous comprenez cette hausse ?
00:52Alors, tout d'abord, je voudrais revenir sur la facture d'électricité car c'est pas si simple que ça de savoir qu'elle comporte trois briques, trois composantes.
01:01Une partie production, fourniture des électrons. Une deuxième partie sur l'acheminement, les réseaux de distribution jusqu'à la maison, jusque dans l'entreprise.
01:11Et la troisième partie qui est composée par des taxes. C'est de cela dont on va parler.
01:17Et c'est extrêmement clair. Et donc, justement, cette taxe, elle va augmenter. Est-ce que vous le comprenez ?
01:23Est-ce que vous comprenez que cet effort collectif que l'on demande aux Français, et bien les producteurs et les consommateurs d'électricité y participent ?
01:30Alors, cette partie de taxe, d'ores et déjà, aujourd'hui, elle représente près du quart de la facture des Français.
01:37Donc, ce qu'il y a dans le PLF 2025, pour moi, en termes de niveau d'augmentation de la taxe, est encore assez flou sur ce niveau.
01:47On entend entre 25, porter ce niveau de taxe de 25 euros le mégawatt-heure, excusez-moi, à 50 euros le mégawatt-heure.
01:57Ce qui fait une augmentation importante. L'idée, c'est de faire rentrer 3 milliards d'euros supplémentaires dans les caisses de l'État avec cette fameuse taxe.
02:03Ce qui ferait, en fait, finalement, un doublement de cette taxe sur l'électricité décarbonée. J'insiste là, sur ce point aussi.
02:11Alors, voilà. Donc, il y a du flou. Nous attendons...
02:14Il y a du flou, mais il y a un effort.
02:15Il y a du flou, mais nous attendons que le gouvernement précise une forme de transparence sur le niveau de cette augmentation de cette taxe.
02:26Alors, moi, ce que j'ai compris, mais arrêtez-moi si je me trompe, c'est qu'aussi, l'augmentation dépendra de l'augmentation des prix du marché.
02:32Donc, le gouvernement ne peut pas dire, aujourd'hui, à l'instant T, de combien la taxe va augmenter. Ça, on peut le comprendre.
02:38Voilà. Mais, doubler...
02:40Donc, c'est normal qu'on ne le sache pas aujourd'hui.
02:42Doubler cet effort fiscal pour rétablir l'équilibre budgétaire, est-ce normal ?
02:48Et c'est la question que je vous pose. Est-ce que c'est normal, Christine Boumer Milot ?
02:52Nous pensons, en tant que professionnels, que l'augmentation de la taxation, qui est déjà très importante, très lourde, ne doit pas obérer, finalement, le prix du service.
03:04Le service, au fond, c'est la production, la fourniture, et ce sont les réseaux qui font les deux autres parties de la facture que j'expliquais tout à l'heure.
03:13L'association IFC Que Choisir dénonce aujourd'hui un scandale fiscal. Est-ce qu'elle a raison de le faire ?
03:18Alors, c'est une aberration, voire une incohérence, et j'en donnerai une deuxième illustration.
03:26C'est qu'aujourd'hui, l'électricité décarbonée est beaucoup plus taxée que les autres énergies importées fossiles.
03:33C'est-à-dire ?
03:34C'est-à-dire que, d'ores et déjà, aujourd'hui, l'électricité, cette partie taxe dont je parlais, est 11 fois plus importante que le fioul domestique, ou 9 fois plus importante que le gaz naturel.
03:46Alors, vous avez vu que le gaz, il est prévu de l'augmenter aussi, d'augmenter la taxe sur le gaz, même si, effectivement, vous avez raison, pour l'instant, on manque de précisions.
03:55Mais Agnès Pannier-Runacher a précisé qu'il y aurait également une augmentation de la taxe sur le gaz.
04:01Alors, bon, je prends acte de cela, mais il faut encore que ça se traduise dans le projet de loi.
04:05Aujourd'hui, ça n'y est pas. On avait plutôt l'impression qu'il y avait une baisse de la taxation des autres énergies importées.
04:11Or, je le dis à nouveau, il y a une forme...
04:14Vous dites que c'est une aberration. Pourquoi est-ce que c'est une aberration ?
04:18C'est une aberration parce que l'électricité décarbonée, c'est un outil de notre indépendance énergétique.
04:25Il ne faut jamais oublier que la balance commerciale de la France est déficitaire en termes d'importation d'énergie fossile et excédentaire en termes de production d'électricité décarbonée.
04:35Donc, vous pensez que ce n'est pas le moment de taxer l'électricité ?
04:38Si on veut empêcher la décarbonation, alors allons-y, taxons l'électricité décarbonée.
04:43Et là, effectivement, la compétitivité entre ce que l'on importe et ce que l'on produit, elle va être totalement dégradée.
04:48Sachant qu'EDF a aussi participé à l'effort avec un dividende exceptionnel de 2 milliards d'euros.
04:54Vous avez l'impression que l'électricité est particulièrement mise à contribution dans ce budget ?
04:58L'électricité est particulièrement mise à contribution.
05:01Et surtout, nous attendons une forme de cohérence entre la fiscalité relative des différentes énergies pour encourager les Français à finalement changer d'utilisation dans leur consommation.
05:16Donc, il y a bien sûr la sobriété, mais il y a aussi passer à des solutions électriques qui font qu'on va moins émettre de carbone.
05:24Donc, ce n'est pas en adéquation avec nos ambitions environnementales ?
05:29Je passe même sur les économies, sur les mesures d'accompagnement pour l'achat de ces solutions électriques.
05:37Effectivement, l'enveloppe sur la mobilité électrique, sur la rénovation énergétique.
05:43Je passe là-dessus, mais on ne veut pas la double peine.
05:46Si en même temps, on réduit les mesures d'accompagnement des ménages et dans le même temps, on augmente la fiscalité de l'électricité
05:53qui finit par amputer la capacité de moderniser les réseaux, de créer des capacités et d'investir dans l'intérêt national.
06:03Parce que c'est notre intérêt national d'avoir de la production d'électricité décarbonée que nous utilisons dans nos usages énergétiques.
06:10Aujourd'hui, deux tiers de nos usages énergétiques dans le bâtiment, dans la mobilité, dans l'industrie, relèvent encore des énergies fossiles. Deux tiers !
06:18Alors, la facture d'électricité va quand même baisser, promet le gouvernement, de l'ordre de 9%.
06:23Qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui, Christine Goubert-Milot, du débat parlementaire ?
06:27Puisqu'on sait que le budget n'est pas terminé, ça ne fait que commencer.
06:30Alors, l'Union française de l'électricité, nous appelons depuis de nombreuses années à une réforme structurelle de la fiscalité énergétique.
06:38Justement pour favoriser l'électricité décarbonée produite nationalement, qui crée des emplois sur notre territoire, plutôt que d'importer des énergies fossiles.
06:46Alors, ça, c'est un débat de long terme.
06:48C'est un débat de long terme.
06:49Dans les prochaines semaines.
06:50Alors, vous allez me dire, mais bon, là, il y a urgence.
06:52C'est ça.
06:53Donc, finalement, comment on règle cette question ?
06:56Eh bien, peut-être qu'au pied du mur, on va peut-être enfin réussir à ouvrir ce chantier.
07:00Et là, j'appelle toutes les bonnes volontés, et en particulier les parlementaires, à faire preuve de responsabilité sur ce plan.
07:07Le gouvernement à faire preuve de transparence sur le niveau de cette augmentation de taxes qui est mise au débat parlementaire.
07:14Et en attendant, on pourrait peut-être maintenir le niveau de la fiscalité à son niveau actuel.
07:20Et par contre, au pied du mur, ouvrir ce chantier pour rétablir l'attractivité de l'électrification dans une logique de pouvoir d'achat, de maîtriser notre facture.
07:32Parce que finalement, dépendre des énergies fossiles, c'est accepter d'avoir une énergie que l'on consomme, qui est volatile.
07:39Mais donc, en attendant, il va bien y avoir cette taxe qui va augmenter sur l'électricité.
07:44Merci beaucoup Christine Goubert-Millot, présidente de l'Union française de l'électricité.
07:48Vous étiez l'invité Echo de France Info ce soir.
07:51Merci à vous.

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