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Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent à l'attractivité économique de la France.

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Transcription
00:00 5h07, Alexandre Lemaire, on Bline Roche.
00:03 Europe 1, il est 6h42.
00:05 On se penche sur l'attractivité économique de la France.
00:08 Ce matin sur Europe 1, attirer les investisseurs étrangers
00:11 fait partie des objectifs prioritaires d'Emmanuel Macron.
00:14 Le président a officialisé la semaine dernière
00:17 l'investissement très important du reste du géant danois
00:20 de l'industrie pharmaceutique à Chartres.
00:22 Novo Nordisk injecte plus de 2 milliards d'euros.
00:25 Une bonne nouvelle, mais tout n'est pas aussi rose.
00:28 Et pour en parler ce matin sur Europe 1, Alexandre Lemaire,
00:30 vous recevez Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France.
00:33 Bonjour Laurent Saint-Martin. Bonjour à vous.
00:35 Alors on rappelle en deux mots le rôle de Business France,
00:38 l'agence nationale qui accompagne déjà d'une part
00:41 les entreprises françaises dans leur développement à l'étranger
00:44 et les entreprises étrangères pour leurs investissements en France.
00:47 Dernière bonne nouvelle en date, donc, elle nous vient du Nord,
00:50 du Nord de l'Europe, le géant danois du secteur pharmaceutique,
00:53 effectivement, Novo Nordisk investit plus de 2 milliards
00:56 sur son site de Chartres, où s'est donc rendu Emmanuel Macron.
00:59 La France redevient attractive en 2023.
01:03 Cela fait plusieurs années que la France est déjà redevenue attractive.
01:06 Je rappelle que la France est première européenne
01:09 en termes d'investissement direct étranger depuis maintenant 4 ans,
01:11 en nombre de projets d'investissement. C'est la quatrième année consécutive, en effet.
01:14 Absolument, mais c'est un travail qui a commencé dès 2017.
01:17 C'est un travail qui a commencé par la baisse de la fiscalité,
01:19 par les réformes structurelles, par les ordonnances travail.
01:22 Souvenez-vous des réformes qui n'étaient pas toujours faciles à mener
01:25 et pas toujours toutes populaires.
01:27 Eh bien, ça a permis d'attirer des investisseurs internationaux.
01:30 C'est bon pour quoi ? C'est bon, évidemment, pour l'emploi,
01:32 c'est bon pour la revitalisation de ces territoires,
01:34 c'est vrai à Chartres, comme dans plein d'autres endroits en France,
01:37 et puis, surtout, c'est bon pour notre souveraineté.
01:39 Quand on produit, notamment, ces biomédicaments en France,
01:42 eh bien, nous avons, évidemment, une capacité plus souveraine,
01:45 demain, non seulement à produire chez nous, mais aussi à exporter demain.
01:48 D'où le lien entre l'export et l'attractivité.
01:51 Vous avez joué un rôle, Laurence Samartin, avec Business France,
01:54 dans cette affaire, dans cet investissement danois ?
01:56 Dans les projets d'attractivité, le rôle de Business France,
01:59 c'est d'abord d'aller sourcer les projets, comme on dit, à l'étranger.
02:02 Donc là, on les espèce au Danemark.
02:04 - On vous prospectait ? - Exactement, nous prospectons.
02:06 Et puis, nous les accompagnons avec les régions en France,
02:10 parce qu'il y a un aspect territorial très important,
02:12 la réussite de l'implantation de ces projets.
02:14 Donc, avec les conseils régionaux, les agences régionales d'attractivité,
02:18 de développement économique, eh bien, nous travaillons main dans la main
02:20 pour trouver le bon site, d'abord, même si là,
02:22 Nouveau Nordisque était déjà installé, c'est une extension,
02:25 mais nous cherchons les sites, nous cherchons des financements associés,
02:28 et nous cherchons surtout à les insérer dans un bon bassin industriel et d'emploi.
02:32 - Justement, les investissements, même lourds, l'expérience montre
02:35 qu'ils ne se transforment pas toujours en embauche.
02:38 Là, on a 2 milliards d'investissements, mais pour combien d'emplois ?
02:41 Est-ce qu'on le sait ?
02:42 - Alors, cette extension-là devrait représenter à peu près 500 emplois
02:45 supplémentaires par rapport aux 1 500 existants déjà sur le site...
02:48 - 500 emplois pour 2 milliards d'euros d'investissement ?
02:50 - Absolument. Vous savez, le nombre d'emplois est variable
02:53 en fonction du secteur d'activité. Prenez l'exemple de Prologium,
02:56 vous vous souvenez, ce grand projet de Gigafactory
02:59 de l'entreprise taïwanaise à Dunkerque sur les batteries solides
03:02 pour les véhicules électriques ? 3 000 emplois !
03:04 - Là, on pourrait se dire que ce sont des milliers d'emplois à la clé,
03:06 2 milliards d'euros quand même, 500 emplois !
03:08 - Oui, mais encore une fois, qu'ils viennent consolider
03:11 et augmenter l'emploi existant, et puis c'est un marché...
03:14 - Des emplois pérennes, donc.
03:15 - Des emplois pérennes, et puis c'est un marché surtout à très haut potentiel,
03:19 celui de la lutte contre l'obésité. Il y a évidemment
03:22 beaucoup d'opportunités sur le marché français et européen.
03:26 Et encore une fois, ce qui compte, c'est de se fixer des objectifs
03:29 ambitieux en termes de souveraineté et de production.
03:31 Nous nous sommes fixés l'objectif de la production
03:34 de 20 biomédicaments dans le plan France 2030 en France.
03:38 Nous en sommes aujourd'hui à 5, il y en a 25 en essai clinique.
03:41 Nous avons espoir de pouvoir rapatrier ou construire
03:45 de nouvelles usines pour pouvoir produire ces biomédicaments.
03:47 - Voyons la capacité de la France à attirer les entreprises étrangères.
03:50 Je prends ces chiffres de l'INSEE sur les investissements directs étrangers,
03:54 c'est-à-dire les capitaux étrangers investis en France.
03:57 Ils étaient de 40 milliards d'euros en 2015.
04:00 On met de côté la grosse baisse de régime logique des années Covid,
04:03 mais en 2022, l'année dernière, ils baissent à 34 milliards d'euros ces investissements.
04:07 Ce n'est pas un signe d'attractivité croissante de la France, ça, Laurence de Martin ?
04:11 - D'un point de vue statistique, on mélange un peu les choux et les carottes
04:14 quand on le regarde ainsi.
04:15 Ce qui compte pour la France, c'est d'être en capacité à reproduire
04:18 industriellement des usines sur notre territoire.
04:21 Et ça, ça change drastiquement.
04:24 Il faut toujours se souvenir que la part industrielle de notre PIB,
04:28 de notre PIB, elle était tombée en dessous de 10%.
04:31 Nous avons délocalisé pendant 25 ans.
04:33 Nous avons tous une responsabilité collective de ces dernières décennies
04:36 à la délocalisation qui a été un mauvais choix.
04:39 Parce que vous perdez... Et ça, la crise Covid a été un révélateur frappant.
04:42 Vous perdez votre production sur place,
04:45 vous vous rendez impossible et incapable d'exporter.
04:48 Votre balance commerciale s'en retrouve totalement affectée.
04:51 - On est encore dans le rouge.
04:52 - On est encore dans le rouge, mais on rattrape,
04:53 parce qu'il nous faut plus d'entreprises à l'export.
04:55 Ça aussi, c'est extrêmement important.
04:57 Et sur les investissements directs étrangers,
04:59 on peut regarder les flux de capitaux, mais ce qui compte surtout, c'est
05:02 est-ce qu'on recrée de l'emploi industriel dans notre pays ?
05:04 Est-ce qu'on revitalise les territoires en recréant des usines ?
05:06 La réponse est oui.
05:07 On est meilleur que nos voisins allemands, on est meilleur que nos voisins espagnols,
05:10 on est meilleur que nos voisins britanniques là-dessus.
05:12 Et donc ça, il faut s'en féliciter.
05:13 Je ne suis pas venu à votre micro pour faire juste le porteur de bonnes nouvelles un peu béat.
05:17 Il y a vraiment des chiffres à l'appui qui démontrent que la France est redevenue attractive,
05:21 et c'est une bonne nouvelle.
05:22 Et l'emploi français qui s'améliore,
05:25 on est en création nette d'emplois industriels dans notre pays,
05:28 ce n'est pas le cas de nos voisins.
05:29 On a un taux de chômage qui baisse à 7%, ce n'est pas assez, il faut aller à 5%.
05:32 Ça passe aussi par l'effort de réindustrialisation.
05:34 - Laurence Saint-Martin, vous évoquez la balance commerciale.
05:36 Donc on a encore 50 milliards d'euros de déficit,
05:38 je rappelle que c'est le solde entre nos importations et nos exportations.
05:41 Il y a une difficulté encore patante des PME en particulier à exporter.
05:46 C'est votre rôle à l'agence Business France que de les accompagner.
05:49 Alors qu'est-ce qui se passe ?
05:50 Est-ce qu'il y a une frilosité des patrons ?
05:51 Est-ce que ça coûte cher pour une PME qui n'a pas toujours la trésorerie d'aller prospecter à l'étranger ?
05:55 - Alors il y a trois sujets.
05:56 D'abord il y a un sujet énergétique,
05:58 sur lequel effectivement il y a une conjoncture qui joue beaucoup,
06:01 et sur laquelle nous sommes en train effectivement de basculer positivement.
06:04 Il y a la réindustrialisation qui va être la clé de cette bataille pour la balance commerciale.
06:09 Nouveau Nordisque, 90 à 95% de sa production sur les marchés étrangers.
06:14 Donc si vous faites venir des investissements internationaux,
06:17 vous exportez, c'est directement lié.
06:19 Et puis effectivement vous avez raison, culturellement en France il y a un réveil,
06:22 il y a un sursaut à avoir.
06:24 Les PME n'exportent pas assez dans notre pays,
06:26 or elles en ont la capacité.
06:28 Si elles ne le pouvaient pas, après tout,
06:30 eh bien il faudrait attendre qu'elles grandissent pour le faire.
06:32 Il se trouve qu'elles en ont pour la plupart d'entre elles la capacité.
06:34 Nous ce que l'on va faire avec le plan "Osez l'export"
06:37 - Et la légitimité.
06:38 - Et la légitimité, avec des bons produits qui sont réputés dans le monde,
06:41 pour le savoir-faire français, que ça se vend bien,
06:44 il faut que les PME puissent s'associer effectivement à cette grande stratégie-là.
06:48 C'est la nouvelle grande cause économique française, l'export.
06:51 Et là, Business France est à leur côté.
06:52 Nous ce qu'on va faire avec le plan "Osez l'export" porté par Olivier Bech,
06:55 le ministre délégué au commerce extérieur,
06:57 c'est faire du porte-à-porte.
06:58 Aller voir ses patrons de PME et leur dire "L'export, c'est pour vous".
07:00 - Merci Laurence Amartin.
07:01 On termine sur cette bonne nouvelle, effectivement,
07:03 et vous l'avez rappelé, la France, première destination d'Europe
07:05 pour les investissements étrangers, pour la quatrième unaie consécutive.
07:08 Merci Laurence Amartin.
07:09 - Merci à vous, directeur général de Business France.

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