Yannick Borde, président de Procivis, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent aux Français qui rêvent de devenir propriétaires.
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00:00 - Jusqu'à 7h. - Alexandre Lemaire, Omblin Roche.
00:02 - Europun, il est 6h41. - Vous rêvez d'avoir un toit à vous, une maison, un appartement.
00:08 Alors quels sont vos rêves en matière de logement ? La réponse se trouve dans le dernier baromètre
00:14 Procivis Harris Interactive qu'on vous dévoile ce matin en exclusivité sur Europun.
00:19 - Alexandre Lemaire, vous recevez Yannick Borde, président de Procivis, réseau de 48 sociétés coopératives immobilières.
00:25 - Bonjour Yannick Borde. - Bonjour.
00:26 - Alors d'abord merci d'avoir choisi Europun, pour donner à nos auditeurs l'exclusivité de vos derniers chiffres.
00:31 Vous avez interrogé 10 000 personnes, donc ça veut dire que c'est du solide, ça tient la route.
00:36 Le rêve d'une majorité de français quand on parle de logement, c'est bien toujours de devenir propriétaire.
00:41 - Le rêve c'est de devenir propriétaire, nous on pense que le logement c'est comme...
00:44 Il y a quatre sujets en France où notre vie n'est pas la même si tout se passe bien ou si ça se passe moins bien,
00:49 c'est l'éducation, la santé, l'emploi, c'est assez pris en compte par les gouvernements successifs,
00:54 par contre il y a la question du logement aussi, où la vie de chacun d'entre nous n'est pas la même
00:58 si on a un logement qui est adapté à sa famille, adapté à ses conditions sociales, adapté à sa zone géographique,
01:02 et les français ont aujourd'hui quand même un problème d'accès au logement qui devient croissant de mois en mois depuis quelques semestres.
01:11 - 6 français sur 10, en tout cas 6 locataires sur 10 rêvent de devenir propriétaire de leur résidence principale,
01:16 c'est ce que révèle votre baromètre.
01:19 - Le baromètre en fin de compte, c'est le quatrième baromètre du réseau, Procivis,
01:23 ils révèlent ça, ils révèlent aussi l'appétence toujours pour la maison individuelle,
01:27 et donc quand on met ces deux paramètres, c'est-à-dire je souhaite être propriétaire et si possible je voudrais que ce soit en maison individuelle,
01:32 on a l'impression qu'on est sur une aspiration qui est complètement à contre-courant
01:37 des politiques gouvernementales qui se suivent depuis 7-8 ans,
01:40 qui sont quand même assez destructrices en termes d'accession sociale à la propriété notamment.
01:44 - Alors effectivement, l'immobilier est en crise, on n'en est toujours pas sorti,
01:48 on a eu le conseil national de la refondation, une série de mesures annoncées par le gouvernement,
01:52 et la conclusion de votre baromètre, Yannick Born,
01:57 c'est de dire que ces mesures ne répondent pas, ou plus, aux aspirations des Français.
02:01 - Il y a plusieurs choses, la première c'est qu'on subit depuis un peu le déclenchement notamment de la crise ukrainienne,
02:06 une inflation des coûts, donc mécaniquement il y a un coût de construction du logement neuf qui s'est renchéri, ça c'est la première chose.
02:12 La deuxième chose, c'est qu'on a l'impression qu'un certain nombre d'élus et des gouvernants
02:17 pensent qu'en contrariant la construction neuve, on fera baisser les prix.
02:21 Je ne sais pas moi, mais tout modèle économique c'est plus il y a d'offres.
02:24 - En contrariant la construction neuve, c'est-à-dire que les dispositifs d'aide de l'État justement tournent le dos en partie ?
02:31 - Enfin, on ne fait plus du tout la construction neuve.
02:34 Le seul "produit" qui favorisait la construction neuve, c'était le Préatozéro,
02:38 qui permettait à une grande partie de la population d'accéder à la propriété.
02:41 Il va être énormément raboté au 1er janvier, contrairement à ce que dit le ministre de l'Économie,
02:46 l'accessibilité possible des gens sur le Préatozéro va être complètement réduite.
02:51 - Puisqu'il va être concentré sur des territoires très...
02:53 - Il y aura beaucoup moins de candidats éligibles.
02:55 - Oui, beaucoup moins de candidats éligibles, mais surtout beaucoup moins de territoires éligibles.
02:58 Et donc cette anti-maison individuelle, qui fait qu'on est à la fois sur une fracture territoriale
03:04 et à la fois sur une fracture sociale en matière d'accession à la propriété.
03:07 - Anti-maison individuelle, dites-vous.
03:08 Regardons ce qui est en train de se passer dans le Pas-de-Calais, une crue historique.
03:12 On a des villages entiers sous les eaux.
03:14 On entendait hier le maire de Boulogne, ancien ministre Frédéric Cuvillier, dire
03:19 "on est en partie responsable de ce qui arrive, on a trop artificialisé les sols et maintenant, on le paye".
03:25 Vous entendez ça ?
03:27 - On entend ça.
03:28 La profession est complètement en phase avec la loi Climat Résilience
03:31 qui définit ce qu'on appelle dans le jargon professionnel et des élus, parce qu'ils sont très concernés,
03:36 le zéro artificiation nette, c'est-à-dire arrêter d'étendre nos villes à l'infini,
03:39 à plusieurs conditions quand même.
03:41 Notamment une qui est de dire "il faut accepter la densification en matière de logement".
03:46 Par contre cette densification, elle se traite pas partout pareil, elle se traite pas pareil à Boulogne,
03:50 elle se traite pas pareil en Ile-de-France, quand on est en zone rurale,
03:53 on va pas nécessairement aller faire des immeubles conséquents.
03:55 Donc il faut la graduer, c'est quelque chose qui fait peur aux habitants.
03:58 Le terme est pas très beau, densification, c'est quelque chose qui freine aussi un peu les élus,
04:02 qui ont un peu peur de la réaction de leurs habitants.
04:04 Et donc il faut la travailler de façon beaucoup plus fine, en fin de compte, qu'est-ce qu'on dit quand on dit ça ?
04:07 Et qu'est-ce qu'on dit aussi quand on dit qu'on veut réindustrialiser la France ?
04:10 Ces deux choses sont très très liées aujourd'hui, c'est qu'il faut dans ce pays réinventer une politique d'aménagement du territoire.
04:15 - D'urbanisme.
04:15 - D'urbanisme, d'aménagement du territoire, qui n'existe plus depuis trop longtemps,
04:19 et qui fait qu'on impose des règles et des modes de fonctionnement ou des modes opératoires
04:24 à peu près identiques partout, qui créent ce qu'on a aujourd'hui,
04:26 c'est-à-dire une grosse crise du logement et une absence complète d'offres pour les populations.
04:29 - Bon, c'est intéressant à double titre de vous entendre à ce sujet, Yannick Borde,
04:33 puisque je parle là au patron de Procivis, acteur majeur de l'immobilier,
04:37 mais aussi à l'élu local, puisque vous êtes vous-même le maire de la petite commune de Saint-Berthevin en Mayenne,
04:42 c'est à côté de Laval, est-ce que votre rôle d'élu à un moment, ce n'est pas justement de participer à votre échelon,
04:48 à freiner l'étalement urbain, l'étalement du bâti ?
04:52 - Alors c'est ce qu'on va faire, puisque les élus sont mis à contribution dans la loi Climat et Résilience
04:57 avec cet objectif de rédivision par deux de l'étalement urbain,
05:01 50% de consommé dans les 10 prochaines années, 50% de moins que ce qu'on a consommé sur les dernières.
05:07 Donc toutes les régions sont mises à contribution pour regarder leur territoire,
05:10 puis après on descendra au département, aux communes,
05:13 c'est un exercice très compliqué, puisque chacun a un peu peur de perdre son autonomie,
05:17 chacun voudrait garder la possédé de faire ses zones d'activité, ses zones d'habitat,
05:20 mais j'étais dans la région où je suis lundi matin avec la présidente Christelle Morencet,
05:24 et un certain nombre d'élus, où on travaillait sur le sujet,
05:27 moi je suis assez optimiste sur la prise de conscience, ça va être un peu compliqué de répartir les choses,
05:31 mais de toute façon la tendance est là, la loi est là,
05:34 et contrairement à ce qu'a dit un autre président de région, qui se moquerait de l'obligation à l'étalement urbain,
05:39 je pense qu'il faut y aller et respecter les textes.
05:41 - Je reviens à votre baromètre Yannick Borde,
05:43 le rêve de la maison individuelle c'est vraiment l'idéal du propriétaire,
05:48 enfin du locataire qui se rêve en propriétaire,
05:50 pour la quatrième année consécutive vous nous l'avez dit,
05:52 on remonte quatre ans en arrière, ça nous ramène à 2019,
05:55 le début du Covid, il y a un lien ?
05:57 L'envie de se mettre au vert ?
05:59 - Non il n'y a pas de lien, parce que l'aspiration à la maison individuelle il est historique,
06:02 il a toujours été comme ça,
06:04 après on ne fait plus les maisons individuelles aujourd'hui
06:06 sur des terrains de 3000 m² comme on les faisait il y a 10 ou 15 ans.
06:10 - C'est plus possible, le foncier à bâtir n'est pas illimité.
06:13 - Alors le foncier à bâtir, il faudrait beaucoup plus de temps pour en parler,
06:17 parce que le foncier à bâtir contrairement à ce qu'on pense,
06:19 on peut en trouver beaucoup plus qu'on imagine comme ça,
06:22 sans nécessairement s'étaler, mais en reconfigurant ce qui existe,
06:27 parce qu'on a aussi beaucoup étalé en consommant beaucoup de foncier,
06:30 donc on peut redensifier.
06:32 Ce qu'on appelle du comblement, mais ça c'est un petit peu plus compliqué.
06:35 Mais l'aspiration des français sur la maison individuelle,
06:37 il date d'avant le Covid, il est confirmé par toutes les études successives,
06:40 c'est 86% aujourd'hui des gens quand vous leur demandez comment ils veulent habiter,
06:43 ils veulent habiter dans une maison individuelle.
06:44 Par contre on est plus sur le terrain de 3000 m²,
06:47 à nous promoteurs, à nous, si je prends le nom de casquette d'élu,
06:51 de concentrer tout ça, de réduire tout ça,
06:52 et aujourd'hui la surface moyenne sur des territoires de l'ouest de la France par exemple,
06:56 qui est un territoire très propice en maison individuelle,
06:58 on est autour de 400-450 m²,
07:00 on a divisé par plus de 5 en l'espace de moins de 10 ans la surface consommée.
07:04 - En tout cas c'est un rêve tenace, avoir une maison individuelle
07:07 pour les 6 français locataires sur 10 qui rêvent de devenir propriétaires,
07:11 c'est ce que révèle le baromètre que vous nous avez dévoilé en exclusivité ce matin.
07:14 Merci Yannick Borde, président de Procivis.
07:16 - Merci. - Merci.
07:17 - Robin, décideur 48.